Organisation Grand débat: Les garants dénoncent l’arnaque
Les « garants » désignés par le gouvernement se réveillent pour critiquer le caractère orienté de la synthèse et la surmédiatisation des responsables du pouvoir.
Nommés en février passé afin de veiller au bon déroulement de la consultation, ils avaient, déjà début mars, pointé du doigt les « interférences » et « l’influence » de l’exécutif dans les débats.
La principale critique des garants concernaient les modalités d’organisation. Pour les garants il s’agit de privilégier un vrai débat et non de se limiter à une simple consultation. Par ailleurs les garants critiquent le formalisme du questionnaire officiel qui privilégie les questions fermées par rapport aux questions ouvertes. Des questions fermées d’ailleurs trop orientées. Les garants à savoir Jean-Paul Bailly, Nadia Bellaoui, Guy Canivet, Isabelle Falque-Pierrotin et Pascal Perrineau critiquent certaines conditions du débat national. Leur mission est en effet de veiller à l’indépendance du dispositif et à la régularité des méthodes.
Les garants, qui pointaient notamment trois biais :
- Ces questions sont fermées : elles ne permettent donc pas au participant d’émettre des suggestions, de faire émerger de nouvelles problématiques ou idées ;
- Ces questions sont orientées : »Quels sont selon vous les impôts qu’il faut baisser en priorité? » demande, par exemple, le formulaire, sous-entendant que l’idée qu’il faille diminuer les prélèvements obligatoires est partagée par tous ;
- Les répondants ne constituent pas un panel représentatif de la population française. Dès lors, les résultats sont « inexploitables », conclut le politologue Pascal Perrineau.
« Dès le début, nous avons dit que les questions fermées sont le plus mauvais moyen de susciter le débat, indique Pascal Perrineau. Par ailleurs, elles étaient excessivement orientées. » « Les questions doivent faciliter les réponses, et non les diriger », estime pour sa part l’ancien membre du Conseil constitutionnel Guy Canivet.
Des propos renouvelés ce lundi, après que Nadia Bellaoui, secrétaire générale de la Ligue de l’enseignement, a émis deux réserves.
En détail, elle estime que les questions posées aux Français étaient « problématiques », leur « formulation binaire » et qu’elles étaient « orientées. » De plus, cette dernière souligne également que la figure d’Emmanuel Macron, omniprésent ces dernières semaines, a pu « nourrir le doute sur la nature du grand débat. »
Nadia Bellaoui, garante du grand débat, émet 2 réserves:
1) Les questions étaient «problématiques», leur «formulation binaire» et elles étaient «orientées».
2) «L’hypermédiatisation du président de la République» qui a pu «nourrir le doute sur la nature du grand débat».
Ces interrogations ne sont pas nouvelles. Déjà, il y a plusieurs semaines, Public Sénat avait rapporté les exaspérations des garants, qui avaient demandé « aux membres de l’exécutif de se mettre en retrait ».
« Le collège des garants, depuis le début du processus, depuis le 15 janvier, a noté qu’il était certes peut-être utile d’avoir une communication gouvernementale importante au début du processus pour faire rentrer (les Français) dans le processus », expliquait Pascal Perrineau, politologue.
Seulement, cette présence de l’exécutif s’est faite de plus en plus présente au fil des réunions, souvent surmédiatisées, au point de créer « un impact. Celui d’introduire un doute chez les citoyens, (…) en disant au fond, le processus du grand débat n’est pas suffisamment neutre », avait-il poursuivi.