Archive pour le Tag 'L’antisémitisme'

La pieuvre de l’antisémitisme

La pieuvre de l’antisémitisme

 

Après les actes antisémites organisés contre les supporters israéliens lors d’un match de football aux Pays-Bas la question se pose de savoir jusqu’où ira la pieuvre antisémite et islamiste puisque même les médias ne traitent cette question que de manière assez anecdotique.

L’enjeu n’est évidemment pas sportif mais politique; il s’agit de faire accepter par la société la progression partout de la pieuvre islamiste qui prône en fait le soutien aux dictatures en remplacement des valeurs démocratiques. Les pays démocratiques sont visés précisément en raison de leur fragilité et des valeurs républicaines et humaines qui les gouvernent.

Le pire c’est que certaines tendances politiques radicales de gauche soutiennent ouvertement cet islamisme y compris en France au sein de l’Assemblée nationale. Des tendances politiques qui conduiraient le pays à un système illibéral et autoritaire voire à la dictature. Rien d’étonnant à cela car la philosophie de fond de la plupart des radicaux de gauche ( chez les Insoumis et autres écolos-bobos) est celle du communisme qui a partout écrasé la démocratie.

L’islamisme constitue évidemment une régression politique, économique et sociétale. On se demande comment des forces politiques radicales peuvent militer ce qui conduit un jour ou l’autre à la dictature.

Il s’agit en même temps d’une question plus vaste de civilisations où sont posés les fondements des libertés individuelles et collectives. Ce qui ne semble nullement gêné les organisations radicales dont le projet communiste est consubstantiel à la suppression de la démocratie.

Pour le moins , un débat national s’impose rapidement sur le cancer de l’islamisme et ses manifestations antirépublicaines dans l’espace public. La responsabilité des gauchistes doit aussi être clairement mise en cause dans cette montée notamment de l’antisémitisme. Le Sénat pourrait par exemple se charger de manière urgente d’un rapport sur la question pour alimenter le grand débat national.

L’évolution de l’antisémitisme en France depuis le 7 octobre

 

 

Un an après le massacre du 7 octobre, la France a connu une forte augmentation des violences antisémites. Plusieurs enquêtes montrent que l’antisémitisme se concentre dans certains groupes sociaux spécifiques au sein d’une société française globalement plus tolérante. En juin 2024, le rapport annuel « La lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie » de la CNCDH (Commission nationale consultative des droits de l’homme) déplorait une augmentation spectaculaire des actes antisémites sur le dernier trimestre de l’année 2023. En comparaison avec la même période de l’année précédente, le nombre de ces actes avait décuplé, faisant porter le total sur 2023 à 1676 actes recensés par le ministère de l’Intérieur et le Service de protection de la communauté juive (SPCJ), dont les ¾ entre octobre et décembre. Les chiffres du premier semestre 2024 confirment cette tendance (887 faits antisémites pour le premier semestre).

 

par Sébastien Mosbah-Natanson dans The conversation 
Maître de conférences en sociologie, Sorbonne Université

Fait remarquable, cet accroissement des actes antisémites débute dès le lendemain du 7, et n’attend pas le déclenchement de la réplique, très meurtrière et destructrice, de l’armée israélienne à Gaza. Ce phénomène a d’ailleurs aussi été constaté dans d’autres pays occidentaux abritant de fortes communautés juives, comme les États-Unis ou le Royaume-Uni qui ont vu, ces derniers mois, une augmentation sans précédent des violences antisémites de tout type.

 

Si un certain nombre d’incidents et d’agressions ont retenu ces derniers mois l’attention des médias (l’explosion devant la synagogue de la Grande-Motte, l’incendie de celle de Rouen, ou encore le viol d’une collégienne en banlieue parisienne), une première analyse peut porter sur une description plus fine de cette masse d’actes antisémites.

Selon le SPCJ, et à partir des chiffres de l’année 2023, « les actes antisémites portent atteinte principalement (près de 60 %) aux personnes (violences physiques, propos ou gestes menaçants, tracts et courriers) et non aux biens ». De plus, 40 % de ces actes sont des propos et des gestes menaçants.

Une autre manière d’aborder la question consiste à se tourner vers les victimes. Une enquête publiée en avril 2024, intitulée « Radiographie de l’antisémitisme » commanditée par la Fondapol et l’AJC-Paris (American Jewish Committee) et réalisée par l’IFOP, établit qu’un quart des Français juifs affirment avoir subi un acte antisémite depuis le 7 octobre. Ces chiffres montent plus haut lorsqu’on considère les personnes juives portant des signes distinctifs (36 %) ou les jeunes de moins de 25 ans (37 %).

Comprendre cette croissance des actes antisémites nécessite toutefois de replacer celle-ci dans une séquence plus longue. Ainsi, à la suite du déclenchement de la seconde intifada à l’automne 2000, le constat fut aussi celui d’un accroissement substantiel de ces actes. Contre moins d’une centaine d’actes par an dans les années 1990, on passe à plusieurs centaines à partir des années 2000. Les années qui suivent, malgré des oscillations, confirment cette augmentation tendancielle de la violence antisémite, prenant à plusieurs reprises la forme de meurtres.
La société française entre tolérance et préjugés
La société française serait-elle, après une période d’après-guerre pendant laquelle l’antisémitisme était fortement en régression, de nouveau gangrénée par cette haine séculaire ?

Pour éclairer cette question, qui ne se réduit pas à celle des actes antisémites, des enquêtes quantitatives (celle de la CNDCH et l’enquête « Radiographie de l’antisémitisme ») étudient opinions et préjugés sur les Juifs (les Juifs et l’argent, les Juifs et le pouvoir, les Juifs et les médias, etc.), mais aussi l’hostilité à l’égard de l’État d’Israël.

Le premier constat est que l’opinion rejette massivement l’antisémitisme. La minorité juive est considérée comme la minorité la mieux intégrée dans la société française selon les résultats de l’enquête de la CNCDH, après la minorité noire. Ainsi, 89 % des Français pensent que « les Français juifs sont des Français comme les autres », des chiffres stables d’une année sur l’autre. Ce rejet de l’antisémitisme et cette acceptation des juifs s’inscrit dans une tendance longue caractérisant une société française globalement plus tolérante.

Pour autant, ces enquêtes montrent la permanence et la diffusion de préjugés antisémites. Selon les deux enquêtes, plus de la moitié des Français adhèrent à au moins un préjugé antisémite. Elles indiquent aussi qu’un groupe, qui comprend entre 20 % et un tiers de l’opinion, est très perméable aux préjugés antisémites. Fait notable et inquiétant, selon l’enquête de la CNCDH, ce groupe est en croissance ces dernières années.

Des groupes imprégnés par l’antisémitisme
La question se pose des caractéristiques sociales de cette fraction de la population française la plus imprégnée par l’antisémitisme.

Les deux enquêtes convergent pour constater le poids des préjugés antisémites traditionnels comme des formes d’hostilité centrées sur Israël dans les populations d’origine étrangère non européenne et de confession musulmane, confirmant ainsi des résultats établis sur une base plus qualitative par les sociologues Didier Lapeyronnie ou Günther Jikeli. Selon la Radiographie de l’antisémitisme, 2/3 des personnes de confession musulmane adhèrent à un nombre significatif de préjugés antisémites.

Ces données semblent confirmer, au moins partiellement, la thèse de la « nouvelle judéophobie » défendue depuis le début des années 2000 par P.-A. Taguieff. Ce dernier voit comme source principale de l’antisémitisme contemporain l’antisionisme radical ou la haine d’Israël portée par une fraction des milieux sociaux d’origine immigrée ou musulmane et soutenue par une extrême gauche historiquement antisioniste.

En revanche, le rapport de la CNCDH, suivant les analyses de la politiste Nonna Mayer, nuance la thèse de Taguieff, insistant sur la permanence de l’antisémitisme traditionnel dans la population française la plus droitière.

La Radiographie de l’antisémitisme souligne, pour sa part, la surreprésentation des « sympathisants » d’extrême gauche dans les « groupes à tendance antisémite » : 46 % des sympathisants LFI y seraient comptabilisés.

Il serait utile d’évaluer le poids des discours anti-israéliens tenus par l’extrême gauche depuis plusieurs mois, dans l’espace public ou sur les réseaux sociaux, dans la production d’un « antisémitisme d’atmosphère », selon l’expression de l’historien Marc Knobel.

Par ailleurs, l’une des enquêtes signale la surreprésentation des jeunes (moins de 35 ans) dans la fraction de la population la plus imprégnée par les préjugés antisémites.

Ces différents éléments donnent à voir la structuration contemporaine de l’opinion française en matière d’antisémitisme, avec ce paradoxe d’une société globalement plus tolérante et des préjugés antisémites particulièrement forts dans certaines fractions de la population.

Au regard de ces éléments, se révèle une sociologie de l’antisémitisme complexe, et pourtant indispensable pour éclairer des débats souvent confus et passionnels.

L’antisémitisme d’Elon Musk coule le réseau X (Twitter)

L’antisémitisme d’Elon Musk coule le réseau X (Twitter)

À titre personnel le nouveau patron du réseau X a déjà émis des propos de vis-à-vis des juifs mais surtout devant la chute de fréquentation, il a largement encouragé la diffusion de postures antisémites pour faire du chiffre.

Malheureusement pour lui, les annonceurs n’ont pas apprécié cette image de plus en plus troubls du réseau et beaucoup ont décidé de suspendre leur campagne de publicité. Ainsi IBM, Apple, Disney, Warner Bros. Discovery, Comcast ou Paramount ont suspendu leurs campagnes publicitaires.

Mercredi dernier, Elon Musk, qui compte près de 164 millions de followers, a répondu à un utilisateur de X qui affirmait que les personnes juives encourageaient la « haine contre les Blancs », par ce commentaire : « Tu as dit l’exacte vérité ».

Bronca générale face à ce message aux relents antisémites et conspirationnistes. Un jour plus tard, nouvelle controverse.. D’autres faits du même type à la fois condamnables et provocateur ont encouragé les fournisseurs de publicité à se retirer d’un réseau de plus en plus contesté.

On sait aussi qu’Elon Musk est proche de Trump. Il pourrait être tenté une nouvelle fois d’utiliser le réseau au service de ce candidat très controversé. Ce serait alors sans doute la condamnation du milliardaire fou qui ne parvient pas à distinguer gestion des affaires et politique…..comme Trump!.

Manif contre l’antisémitisme : le bon sens de la marche

Manif contre l’antisémitisme : le bon sens de la marche

Bruno Jeudy, directeur de la rédaction de la Tribune souligne la cohérence et la recherche d’unité de la marche initiée par la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, et son homologue du Sénat, Gérard Larcher.

C’est donc grâce à ce tandem d’élus des Yvelines que tout sépare (l’une est macroniste issue de la gauche, l’autre gaullo-chiraquien) que la classe politique semble avoir retrouvé sa boussole.

Leur salutaire appel solennel à marcher « pour la République et contre l’antisémitisme » relève à la fois de l’évidence et de l’urgence. Depuis trois semaines, les Français voient exploser avec effroi les actes antijuifs. L’invitation à se rassembler à titre « individuel, civique et républicain » aurait dû déclencher un vaste élan national. Un peu comme en janvier 2015 lorsque le couple Hollande-Valls organisa le rassemblement en réaction aux tueries de l’Hyper Cacher et de Charlie. Au lieu de ça, la classe politique a sombré. Bien sûr, la présence du Rassemblement national, parti héritier du FN fondé par l’antisémite notoire Jean-Marie Le Pen, embarrasse tout le monde. Mais que de temps perdu à savoir s’il faut ou non marcher alors que la communauté juive a peur. L’absence du chef de l’État, même représenté par Élisabeth Borne et de la quasi-totalité du gouvernement, interroge aussi. Emmanuel Macron est devenu au fil des semaines illisible tant est discordante sa parole sur le conflit israélo-palestinien et ses conséquences dans le pays.

Il y a quelques jours, le comédien Philippe Torreton s’interrogeait sur l’absence de grandes voix depuis les massacres commis par le Hamas contre Israël et l’enlèvement de 239 personnes. « Je cherche, je cherche et je ne vois rien [...]. Je vois le cynisme et le clientélisme politique. » Dans La Tribune Dimanche, dix personnalités – écrivains, humoristes, sportif, médecin ou acteur – brisent le silence. Tous ne sont pas juifs mais comprennent que l’enjeu dépasse cette question. Leurs messages peuvent sembler une goutte d’eau dans l’océan de haine qui nous entoure. Ils ne gomment pas les étoiles pochées sur les murs de Paris. Ils ne font pas oublier les « Allah akbar » entendus dans les rassemblements pro-Hamas à Paris. Et n’effacent pas les horreurs proférées par les élus Insoumis Obono, Portes, Guiraud dans la foulée des intolérables tweets de Mélenchon. Mais ces messages indiquent le bon sens de la marche « pour la République et contre l’antisémitisme

Manif dimanche contre l’antisémitisme : la CFDT présente mais pas la CGT

Manif dimanche contre l’antisémitisme : la CFDT présente mais pas la CGT


Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT, appelle à la marche citoyenne du 12 novembre, contrairement à Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT.

Dans une tribune parue dans Le Figaro le 7 novembre, Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher appellent à une « grande marche civique » contre l’antisémitisme reliant le Palais Bourbon au Palais du Luxembourg ce dimanche. Les chefs de file de l’extrême droite, dont Marine Le Pen, Jordan Bardella et Eric Zemmour, n’ont pas tardé à annoncer leur participation, tandis que Jean-Luc Mélenchon refuse de défiler à leurs côtés.

Participera, participera pas ? Pris dans le tourbillon de la controverse liée à la marche contre l’antisémitisme prévue ce dimanche, les syndicats ont diffusé au compte-gouttes, ce mercredi, leurs mots d’ordre. Sans concertation préalable en intersyndicale, ce bloc soudé contre la réforme des retraites au début de l’année ne l’est plus : la CFDT et l’Unsa ont annoncé y participer, mais pas la CGT ni Force ouvrière.

Contrairement à Mélenchon, Ruffin participera à la marche contre l’antisémitisme

Contrairement à Mélenchon, Ruffin participera à la marche contre l’antisémitisme

Alors que la France insoumise a annoncé mercredi qu’elle ne participera pas à la marche contre l’antisémitisme de ce dimanche, le député insoumis François Ruffin a affirmé ce jeudi 9 novembre qu’il prendra part à celle de Strasbourg.

« Dimanche, je marcherai contre l’antisémitisme, contre tous les racismes à Strasbourg, ville de naissance de mon ‘héros’ Maurice Kriegel-Valrimont, résistant communiste face au nazisme », a-t-il écrit sur X (ex-Twitter). Le député LFI Alexis Corbière se rendra aussi à la marche de Strasbourg.

Cette dernière est organisée par la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) du Bas-Rhin.

Au niveau national, la Licra a appelé à participer aux marches organisées à travers la France.

Face à la recrudescence des actes hostiles aux juifs en France, le président du Sénat Gérard Larcher et la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet ont appelé mardi « tous ceux qui se reconnaissent dans les valeurs de notre République » à participer dimanche à une « grande marche civique » contre l’antisémitisme. L’initiative a été immédiatement saluée par la majorité, mais aussi par la droite et l’extrême droite.

La Russie derrière l’amplification artificielle de l’antisémitisme des réseaux sociaux

La Russie derrière l’amplification artificielle de l’antisémitisme des réseaux sociaux

La justice française envisage qu’un commanditaire « à l’étranger », potentiellement russe selon les enquêteurs, soit derrière l’affaire des étoiles de David taguées à Paris . Désormais, le quai d’Orsay déplore une « opération d’ingérence numérique russe » contre le pays.

Viginum, le service technique et opérationnel de l’État chargé de la vigilance et de la protection contre les ingérences numériques étrangères, a en effet détecté, ce lundi, « l’implication d’un réseau de 1.095 bots sur la plateforme X (anciennement Twitter), ayant publié 2.589 posts contribuant à la polémique liée aux étoiles de David taguées au pochoir dans le 10e arrondissement de Paris », d’après un communiqué du quai d’Orsay publié ce jeudi 9 novembre.

Derrière cette « amplification artificielle », Viginum soupçonne « avec un haut degré de confiance » que se cache le réseau russe Recent Reliable News (RRN), pour « informations récentes et fiables ».

Ce réseau est affilié à un site pro-russe, RRN.world, créé le 10 mars 2022, quelques jours après le déclenchement de « l’opération militaire spéciale » russe en Ukraine, qui diffuse des informations en continu via des bureaux en Allemagne, en Italie, en Espagne et en Serbie. Selon leur page d’information, le site aurait publié plus de 3.000 articles depuis mars 2022 et dans sept langues différentes, dont le français.

Marche contre l’antisémitisme: Mélenchon dérape encore

Marche contre l’antisémitisme: Mélenchon dérape encore

À propos de la marche contre l’antisémitisme dimanche, Mélenchon dérape encore complètement considérant qu’il s’agit d’un « rendez-vous » des « amis du soutien inconditionnel au massacre » à Gaza.

Face à la recrudescence des actes hostiles aux Juifs en France, le président du Sénat, Gérard Larcher, et la présidente de l’Assemblée, Yaël Braun-Pivet, ont appelé mardi « tous ceux qui se reconnaissent dans les valeurs de notre République » à participer dimanche à une « grande marche civique » contre l’antisémitisme.

L’initiative a été immédiatement saluée par la majorité, mais aussi par la droite et l’extrême droite. Le parti socialiste soutient également cette initiative.

Après l’annonce d’une « grande marche » contre l’antisémitisme, Jean-Luc Mélenchon a dénoncé un « rendez-vous » des « amis du soutien inconditionnel au massacre » à Gaza.

Manif contre l’antisémitisme dimanche

Manif contre l’antisémitisme

Le Parti socialiste appelle aussi à participer dimanche à la marche contre l’antisémitisme lancée par le président du Sénat Gérard Larcher et la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet.

« Nous appelons tous les Français, quelle que soit leur position sur la guerre au Proche-Orient, à se joindre à la manifestation organisée le 12 novembre », explique le PS dans un communiqué, à l’issue d’un bureau national mardi soir.

Le président du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France), Yonathan Arfi, a apporté son « plein soutien à l’appel ».

« La République est en danger; ses fondements mêmes sont attaqués », s’alarment les présidents des deux chambres du Parlement, respectivement deuxième et quatrième personnages de l’Etat, dans une tribune publiée par Le Figaro.

« Depuis l’attaque terroriste perpétrée en Israël par le Hamas, le 7 octobre, un massacre d’une ignominie jamais égalée depuis la Shoah, qui a causé la mort de 40 de nos compatriotes, les actes antisémites se multiplient dangereusement dans notre pays. En quatre semaines à peine, plus de 1.000 faits ont été enregistrés, soit deux fois plus qu’au cours de toute l’année 2022″, poursuivent-ils.

Ils évoquent une marche « entre le Palais Bourbon et le Palais du Luxembourg », sièges de leurs assemblées, « unissant tous ceux qui se reconnaissent dans les valeurs de notre République ».

L’antisémitisme : la névrose de l’ultra gauche

L’antisémitisme : la névrose de l’ultra gauche

La barbarie de l’attaque menée en Israël par le Hamas le 7 octobre 2023 a suscité des commentaires qui réactivent un débat déjà ancien au vu des propos tenus par certains membres de la classe politique et des indignations qu’ils ont suscités. Les positions récentes sur le Hamas ou les prises de paroles clivées sur le conflit israélo-palestinien soulignent-elles un antisémitisme latent à gauche, et plus précisément à gauche de la gauche ?

Michel Wieviorka
Sociologue, membre Centre d’analyse et d’intervention sociologiques (CADIS, EHSS-CNRS), Adans The Conversation France

La question est rémanente, même si dans l’histoire, la haine des Juifs se situe plus à droite et à l’extrême droite, d’abord du côté du christianisme, puis de courants proprement racistes, avec le sommet qu’a constitué le nazisme.

À peine forgé en Allemagne par Wilhelm Marr en 1879, le terme « antisémitisme » a connu un succès mondial, dans un contexte qui précédait de peu l’affaire Dreyfus (1894) et relevait déjà de la « guerre des deux France », opposant une droite antisémite, nationaliste, antirépublicaine et catholique, à une gauche républicaine, souvent laïcarde.

L’antijudaïsme, puis l’antisémitisme avaient cependant déjà trouvé de longue date un espace à gauche.

Voltaire, Marx, Proudhon aussi, portés par de profonds sentiments anti-religieux, et sans que l’on puisse alors parler d’antisémitisme ce qui serait anachronique, ont eu des mots lourds de préjugés haineux vis-à-vis des juifs et du judaïsme .

Karl Marx, 1875, né dans une famille juive, a eu des mots très durs vis-à-vis du judaïsme.
À la toute fin du XIXe, Jean Jaurès, avant de se rallier à Zola et aux dreyfusards, a pris à partie la « race juive, concentrée, passionnée, subtile, toujours dévorée par une sorte de fièvre du gain » (1898, discours au Tivoli. Une histoire notamment bien documentée par Léon Poliakov dans son Histoire de l’antisémitisme.

Après la destruction des juifs d’Europe par les nazis, la haine des juifs, jusque-là de l’ordre de l’opinion, relevait désormais du crime, et on aurait pu s’attendre à ce qu’elle décline, en général, et plus particulièrement à gauche. Ç’aurait été une erreur.

C’est d’abord que certains communistes français de la moitié du XXe siècle y étaient perméables, ne serait-ce que pour combattre Léon Blum ou Pierre Mendès-France ou en conformité plus ou moins aveugle au « Parti » lui-même à la botte de Moscou.

L’homme politique de gauche Pierre Mendès France faisait l’objet de campagnes antisémites de la part de ses adversaires politiques, y compris à gauche. Picryl
Staline vouait ainsi aux juifs une haine ancienne. Le dictateur avait d’ailleurs a terminé sa vie en délirant, accusant ses médecins juifs de comploter contre lui – les « blouses blanches » n’ont dû leur survie qu’à sa mort en mars 1953.

Et en 1968, le dirigeant polonais Władysław Gomulka avait obligé la plupart des derniers juifs de Pologne à partir au fil d’une campagne antisémite.

À des expressions spectaculaires s’est ajoutée, plus subtile, la minimisation de la spécificité juive du camp d’Auschwitz, patente sur place dans plusieurs pavillons de pays de l’empire soviétique lorsqu’on le visitait, jusque dans les années 80, comme si la destruction des personnes ne les avait pas visées comme juives.

Comme le rappelle Valérie Igounet, le négationnisme n’a pas été le monopole de l’extrême droite.

L’antisémitisme de la gauche de la gauche en France, lourd de préjugés associant les Juifs à l’argent et au capital, ainsi qu’au pouvoir médiatique, n’a revêtu après-guerre une réelle importance qu’à partir de la fin des années 60.

Le phénomène est d’autant plus marqué avec la question israélo-palestinienne qui prend alors un essor particulier.

C’est d’abord à l’extrême-gauche que la tentation antisémite a cheminé, par identification au mouvement palestinien.

Mais l’attentat terroriste de Münich, en 1972, au cours duquel le commando « Septembre noir » a tué plusieurs athlètes israéliens participant aux Jeux Olympiques a douché les ardeurs gauchistes les plus haineuses.

Les JO de Munich 1972 sont les premiers organisés en Allemagne depuis la seconde guerre mondiale. La RFA veut effacer le souvenir des JO de Berlin de 1936. Mais les 5 et 6 septembre huit terroristes du groupe armé pro-palestinien « Septembre noir » prennent en otage neuf athlètes de la délégation israélienne, deux autres sont tués en tentant d’empêcher l’assaut.
L’événement a notamment généré au sein de la gauche prolétarienne une prise de conscience ayant certainement contribué au rejet du terrorisme par ce mouvement, puis à son auto-dissolution, même si Sartre avait déclaré un mois après l’attentat, dans J’accuse. La Cause du Peuple, (15 octobre 1972) :

« Dans cette guerre, la seule arme dont disposent les Palestiniens est le terrorisme, c’est une arme terrible mais les opprimés pauvres n’en ont pas d’autres. »

Sartre, comme certains militants à l’époque, reviendra ensuite sur ce positionnement.

Puis plusieurs évolutions ont déplacé la donne. L’immigration de travail récente, en provenance d’Afrique du Nord, avait muté pour devenir « immigration de peuplement », fortement impactée par le chômage et la précarité.

Cette dernière est en butte avec un racisme lui-même en cours de transformation, différencialiste, lui déniant toute capacité d’intégration. En même temps, au sein des populations qui en étaient issues, une double identification s’est ébauchée : nationale, avec la cause palestinienne, et religieuse, avec l’islam.

À gauche, l’antiracisme n’en est alors pas moins pleinement compatible avec la lutte contre l’antisémitisme, ce qu’incarne le Président François Mitterrand ; aussi bien la Marche de 1983 contre le racisme que la naissance de SOS-Racisme l’installent du côté de valeurs universelles qui ne laissent aucune place à la haine des juifs.

1985, la naissance de SOS Racisme (INA).
Le traumatisme de Sabra et Chatila
L’image d’Israël va se dégrader aux yeux de l’opinion française en général à partir de 1982 et plus précisément de l’invasion du Liban et du siège de Beyrouth par l’armée israélienne. Les massacres commis par les milices chrétiennes dans les camps palestiniens de Sabra et Chatila ont révulsé le monde entier.

L’opinion, y compris au sein de la gauche en Israël, y voit en effet, non sans raison, la main israélienne, une passivité délibérée, une autorisation d’agir qui a rendu possibles ces crimes. Le discrédit vis-à-vis de l’État hébreu fait son chemin à gauche, et pas seulement dans la gauche de la gauche.

Cependant, la sensibilité favorable aux Palestiniens n’a pas encore pris de forte coloration antisémite. L’attentat du 3 octobre 1980 visant la synagogue de la rue Copernic n’est d’ailleurs pas associé à la cause palestinienne. La gauche dans son ensemble participe alors d’une opinion presque unanime pour y voir une action d’extrême droite – il faudra du temps avant que l’hypothèse d’un groupe terroriste venu du Proche-Orient puisse s’imposer. Plus tard, François Mitterrand, alors candidat à l’élection présidentielle, fera partie des manifestants en 1990 venus signifier leur refus de l’antisémitisme après la profanation d’un cimetière juif.

Le début des années 2000, le 11 septembre 2001 en particulier, marquent un tournant droitier lourd d’une forte hostilité à l’islam dans de nombreuses démocraties occidentales : gouvernement Bush, montée de l’extrême droite en Europe.

Dans la France de la cohabitation, celle de Chirac et Jospin, les socialistes sont plus lents que la droite à percevoir la montée d’un antisémitisme actif et virulent, souvent le fait de personnes issues de l’immigration récente, projection en hexagone des tensions proche-orientales. Aux marges de la gauche française et de ses partis, lors de manifestations pro-palestiniennes notamment en 2014, des voix se font entendre non seulement visant Israël pour sa politique, mais s’en prenant jusqu’à son existence même. Les Juifs n’auraient pas droit à cet État, pourtant entériné à la naissance par la communauté internationale, y compris par l’Union soviétique.

Une équation élémentaire se confirme alors, héritière du soviétisme : sionisme = Juifs, et symétriquement, antisionisme =antisémitisme, oublieuse qu’il est possible d’être critique voire hostile à Israël sans être antisémite, et qu’il existe des antisémites favorables à son existence.

L’association de l’antisionisme et de l’antisémitisme fonctionne y compris à l’échelle internationale, comme lors de la conférence mondiale de Durban contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance, en 2001. Israël, pourtant seule démocratie au Proche-Orient, serait raciste, pratiquerait l’apartheid, ce qui justifierait un boycott.

La montée de l’islamisme a remis la haine des Juifs au cœur du débat. Le chercheur Marc Sageman en rend compte, en montrant qu’il constitue un ressort puissant pour les auteurs d’attentats djihadistes au début des années 2000. Elle n’a guère de relais politique dans l’opinion et à gauche notamment, mais cela n’empêche pas une critique droitière de se développer, accusant la gauche d’aveuglement, de naïveté ou de complaisance.

Pour rendre compte d’orientations qui conjugueraient soutien à l’islamisme radical et appartenance à la gauche, certains ont trouvé utile de parler d’islamo-gauchisme, une expression en fait doublement malheureuse. Elle confond en effet islam et islamisme (islamo n’est pas islamismo), et gauche et gauchisme, alors que ceux qui y recourent sont eux-mêmes vite dans la dénonciation de toute la gauche, et dans la hantise de l’islam en général.

La gauche de la gauche française, et l’écologie politique n’en sont pas moins parfois pénétrées par un antisémitisme qui ne distingue ni l’existence de l’État d’Israël d’avec la politique de son gouvernement, ni cet État d’avec les juifs de la diaspora.

La guerre en Irak, le conflit au Proche-Orient, ont suscité à plusieurs reprises, outre des attaques et menaces sur des membres de la communauté juive en France, des « dérapages » parmi certaines formations politiques. C’était le cas notamment en 2003 lorsqu’Aurélie Filippetti, alors porte-parole des Verts, décide de prendre ses distances avec son parti à la suite de propos antisémites lors de manifestations.

De là à leur imputer un antisémitisme flagrant et partagé par tous les sympathisants de ces formations, à l’instar aujourd’hui de La France insoumise (LFI), il y a un pas qu’il ne faut pas franchir. Cela ne vaut en effet que dans des cas limités, et en tous cas rarement explicites.

Le phénomène existe, pointe extrême de logiques qui, sans témoigner nécessairement d’une haine proprement antisémite, mais n’en étant pas toujours très éloignées, mettent aujourd’hui sur une même balance la barbarie et les crimes de guerre du Hamas, et la politique du gouvernement israélien, que d’ailleurs critique en Israël même une opposition démocratique.

Il ne doit pas faire oublier l’antisémitisme d’extrême droite, malgré les efforts de dirigeants du Rassemblement national pour s’en démarquer, ni celui qui pénètre certains musulmans avec éventuellement des soutiens idéologiques confusionnistes, d’extrême-gauche comme d’extrême-droite.

Ce « nouvel antisémitisme », dont la dénomination appartient d’ailleurs plutôt au vocabulaire de la droite, est aussi diffus, poreux, flou, et, ainsi que le reflétait une enquête récente parmi les étudiants, il taraude toute la société.




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