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Sondage laïcité : une conception revue en baisse chez les lycéens (étude de l’Ifop)

Sondage laïcité : une conception revue en baisse  chez les lycéens (étude de l’Ifop)

Une étude de l’IFOP pour la LICRA qui remet en fait en cause le concept français de laïcité.

 

 ENQUÊTE AUPRÈS DES LYCÉENS SUR LA LAÏCITÉ ET LA PLACE DES RELIGIONS À L’ÉCOLE ET DANS LA SOCIÉTÉ

 

A l’occasion d’un numéro spécial consacré à la laïcité, le magazine de la LICRA « Droit de Vivre » a commandé à l’Ifop une enquête permettant de mieux cerner la place que les lycéens accordent aujourd’hui à la religion, le sens qu’ils donnent à la laïcité dans l’enceinte scolaire mais aussi leur point de vue sur le droit de « blasphémer » à la manière d’un journal satirique comme Charlie Hebdo.

 

Pour cela, l’Ifop a mis en place un dispositif d’étude d’envergure permettant de mesurer la spécificité de la population lycéenne sur ces sujets – à travers des indicateurs offrant des comparaisons avec le point de vue de l’ensemble des Français majeurs – mais aussi d’analyser certaines variables pouvant influencer leur rapport à la laïcité comme leur affiliation religieuse, leur degré de religiosité ou leur évolution dans certains contextes scolaires (ex : éducation prioritaire, enseignement professionnel). Au regard de cette enquête menée auprès d’un échantillon représentatif d’un millier de lycéens – constitué à partir des dernières données ministérielles (RERS 2020) –, la population scolarisée dans le second cycle du second degré apparaît imprégnée d’une vision très « inclusive » de la laïcité dans laquelle celle-ci est réduite au principe de neutralité de l’État tout en étant associée à une grande tolérance à l’égard des manifestations de religiosité dans l’espace scolaire (ex : voile).

 

Ces jeunes, et tout particulièrement les lycéens musulmans et/ou scolarisés dans les zones d’éducation prioritaire (REP), se distinguent aussi par leur hostilité à toute critique susceptible de heurter la susceptibilité des minorités.

 

 

1 – Des jeunes majoritairement favorables au port du voile dans les lycées

 

Si on observe depuis longtemps une plus grande réticence de la jeunesse à la prohibition des signes religieux, c’est la première fois qu’une enquête montre que les lycéens sont majoritairement favorables au port de tenues religieuses dans les lycées publics. Le port de signes religieux ostensibles (voile, kippa…) par les élèves dans les lycées publics s’avère ainsi soutenu par plus d’un lycéen sur deux (52 %), soit une proportion deux fois plus grande que dans la population adulte (25 %).

 

Cette adhésion à l’expression religieuse des élèves dans l’espace scolaire semble en hausse si on se fie aux données de l’enquête REDCo[1] (2006-2009) qui montrait qu’il y a une quinzaine d’années, cette idée était majoritairement rejetée (à 58 %) par les élèves de 14-16 ans. Ce hiatus entre les lycéens et le reste de la population se retrouve dans leur net soutien au port de tenues religieuses par des parents accompagnateurs (à 57 %, contre 26 % chez l’ensemble des Français), mais aussi dans leur adhésion beaucoup plus forte à leur port par les agents du service public : 49 % des lycéens y étant favorables pour des policiers ou des enseignants (contre 21 % chez l’ensemble des Français), signe d’une faible imprégnation des principes de neutralité fixés à la fonction publique depuis 1905.

 

Mettant plus directement le doigt sur la question de l’islam et des injonctions à la pudeur pesant sur les femmes, le port du « burkini » lors des cours de natation n’est, lui, soutenu que par une minorité de lycéens mais avec, là aussi, un degré d’acception nettement plus élevé (38 %) que dans la population adulte (24 %). Dans tous les cas, ces indicateurs mettent tous bien en exergue un très net clivage générationnel sur la question des tenues religieuses dans l’espace scolaire, mais aussi un clivage entre les lycéens musulmans et les autres.

 

2 – Une vision très « ouverte » et dépolitisée de la laïcité

 

Pour les lycéens, la laïcité constitue avant tout un cadre juridique destiné à assurer la séparation du religieux du politique, la liberté de conscience et l’égalité entre les religions. Contrairement à leurs aînés, ils ne l’associent pas à une forme d’anticléricalisme.

 

En effet, les lycéens se distinguent par leur rejet de l’idée selon laquelle la laïcité consisterait à « faire reculer l’influence des religions dans la société » : seuls 11 % d’entre eux partagent ce point de vue, soit deux fois moins que chez l’ensemble des Français âgés de 18 ans et plus (26 %). À l’inverse, ils affichent leur préférence pour une vision assez minimaliste de la laïcité en l’associant en priorité à un traitement égal des différentes religions (à 29 %, soit 10 points de plus que chez l’ensemble des Français). II est intéressant de noter que cette association de la laïcité à l’absence de discrimination entre les croyants est particulièrement forte dans les rangs des adeptes des religions minoritaires (38 %) – notamment les élèves de confession musulmane (37 %) –  mais aussi d’autres catégories souvent plus exposées aux discriminations telles que les personnes perçues comme « non blanches » (42 %) ou résidant dans des banlieues populaires (37 %).

 

Cette lecture littérale de la laïcité fixée par la loi de 1905 va de pair avec une faible politisation du concept : les deux tiers des jeunes interrogés (68 %) estiment que la laïcité ne se rattache à « aucun courant » idéologique particulier, contre 16 % qui l’associent à la gauche, 8 % au centre et 8 % à la droite. Ainsi, son association à l’extrême droite – de l’ordre du possible depuis que le RN s’est emparé du sujet dans une logique « musulmanophobe » – reste donc marginale, y compris chez les musulmans (4 %).

 

3 – Des lois « laïques » perçues par beaucoup comme discriminatoires envers les musulmans

 

Les accusations de « musulmanophobie » portées depuis des années envers les lois associées (1905, 2004) ou apparentées (2010) à la laïcité n’en imprègnent pas moins fortement les représentations que se font les jeunes de ces dispositifs législatifs. Dans un contexte marqué par un renforcement de la laïcité au sein de l’institution scolaire – via des initiatives comme la Charte de la laïcité (2013), le Vade-mecum pour la laïcité (2018), le Conseil des sages (2018) ou les équipes Valeurs de la République –, on ne peut que constater l’impact des discours décrivant par exemple la loi de 2004 comme une loi de « ségrégation » antimusulmans (Edwy Plenel, janvier 2015) et, depuis son vote, un « durcissement des mesures discriminatoires contre la population musulmane[2] ».

 

Sans être encore majoritaire, l’étiquette diffamante d’« islamophobie » colle ainsi à ces grandes lois au point qu’un nombre élevé de lycéens (37 %) les jugent désormais discriminatoires envers les musulmans. Et ce sentiment n’est pas l’apanage des musulmans (81 %) : il est également partagé par beaucoup d’élèves scolarisés en zone d’éducation prioritaire (55 %), en lycée professionnel (43 % en bac pro) ou se percevant par les autres comme « non blancs » (64 %). Déjà observée par Olivier Galland et Anne Muxel dans leur enquête auprès des lycéens en 2016[3]  – tout particulièrement dans les lycées très populaires et à forte proportion de jeunes d’origine étrangère – cette « solidarité » de segments non musulmans de la population lycéenne serait d’après Olivier Galland le produit d’un « phénomène d’acculturation leur faisant rejoindre les opinions de leurs camarades musulmans lorsque ceux-ci sont très représentés dans l’espace scolaire [4] ».

 

4 – Un « droit au blasphème » rejeté par une (courte) majorité de lycéens

 

Récemment remise sur le devant de la scène par l’affaire Mila (2020), le « droit au blasphème » clive profondément une opinion lycéenne qui penche contre ce droit pourtant acquis depuis plus d’un siècle (1881) : 52 % des lycéens contestent la liberté de se montrer irrespectueux vis-à-vis une religion et ses dogmes, soit une proportion quasi identique à celle observée chez l’ensemble des Français (50 %).

 

Cette question du « droit au blasphème » met surtout en lumière le clivage existant sur ce sujet entre les musulmans et le reste de cette jeunesse scolarisée dans le second degré. En effet, si les jeunes musulmans s’opposent massivement (à 78 %) au droit d’outrager une religion – tout comme les personnes perçues comme « non blanches » (à 65 %) ou habitant dans les banlieues populaires (à 60 %) –, ce n’est le cas que d’une minorité de catholiques (45 %), d’élèves sans religion (47 %) ou non scolarisés en REP (44 %).

 

D’après Jean-François Mignot, qui observait la même tendance dans l’enquête auprès des lycéens dirigée par Olivier Galland et Anne Muxel (2016), cette réaction s’expliquerait par « une conception de l’islam selon laquelle la critique de la religion, de ses croyances, de ses pratiques témoigne d’un manque de respect envers les croyants eux-mêmes, comme si l’irrévérence envers la religion agressait l’estime de soi des croyants[5] ».

 

Dans ce cadre, il n’est pas étonnant que les lycéens soutiennent moins que la moyenne (à 49 %, contre 59 % chez l’ensemble des Français) le droit des journaux à caricaturer les personnages religieux, sachant que là aussi, l’opposition à cette publication – partagée en moyenne par un lycéen sur quatre (27 %) – est très forte dans les rangs des musulmans (61 %) et, plus largement, chez les élèves se disant « religieux » : à 45 %, contre 22 % chez les élèves non religieux mais pas athées et 15 % chez les athées convaincus.

 

Enfin, les lycéens se distinguent par un soutien moins ferme au choix, fait par Samuel Paty, de présenter en cours ces caricatures pour illustrer la liberté d’expression : 61 % d’entre eux estiment qu’il a eu raison de le faire, contre 71 % chez les enseignants du second degré. La proportion de lycéens estimant qu’il a eu tort n’en reste pas moins faible (17 %), sauf dans les rangs des musulmans (48 %), des élèves en REP (27 %) ou de ceux se disant religieux (31 %).

 

5 – Retour en 2015 : une condamnation des attentats faisant moins l’unanimité

 

En 2015, la perturbation des minutes de silence organisées en l’honneur des victimes de Charlie Hebdo a suscité débats et polémiques sur l’attitude ambiguë de certains élèves à l’égard des attaques terroristes sans que beaucoup de données représentatives n’appuient ces assertions.

 

À la suite des travaux pionniers d’Anne Muxel et d’Olivier Galland sur l’ampleur des formes de désolidarisation exprimées à l’égard des victimes, cette étude a donc le mérite donner un aperçu de l’opinion des lycéens sur ce sujet à partir d’un échantillon national représentatif de la jeunesse scolarisée dans un second cycle du second degré. Or, il en ressort une condamnation des terroristes moins forte que chez l’ensemble des Français mais aussi moins consensuelle que dans le passé. En effet, si la proportion de lycéens ne condamnant pas fermement ces attentats reste une minorité (16 %), leur nombre semble avoir augmenté par rapport à une enquête de 2016 où elle s’élevait à 7 % [6] chez l’ensemble des jeunes âgés de 15 à 17 ans.

 

Toutefois, les différences de cibles entre les deux enquêtes – l’une portant sur tous les jeunes de 15 à 17 ans, l’autre sur les lycéens de 15 ans et plus – incitent à rester prudent sur ces évolutions et à approfondir plutôt certaines variables d’analyse. Cette analyse montre que la désapprobation radicale du terrorisme fait moins l’unanimité chez élèves musulmans : 9 % « condamnent les terroristes mais partagent certaines de leurs motivations », 2 % déclarent qu’ils « ne les condamnent pas » et 11 % se disent indifférents à l’égard des terroristes ayant assassiné tous ces personnes.

 

Au total, la proportion d’élèves musulmans n’exprimant pas de condamnation totale à l’égard des terroristes est donc presque deux fois supérieure (22 %) à celle observée chez les non-musulmans (14 %). Cependant, cette tendance à se montrer émotionnellement indifférent à l’égard des attentats touche encore plus fortement les élèves en REP – 30 % ne condamnent pas explicitement les auteurs des attentats –, sans doute parce qu’ils voient dans l’irrévérence envers l’islam une forme d’irrespect tellement inacceptable qu’elle légitime la violence. Il faut sans doute y voir l’influence de l’importance donnée à la notion de « respect » dans une jeunesse populaire qui condamne par principe tout contenu potentiellement offensant pour des minorités perçues comme « dominées ».

 

LE POINT DE VUE DE FRANÇOIS KRAUS SUR L’ENQUÊTE

 

Au regard du double clivage mis en exergue par cette enquête – celui entre les jeunes et le reste des Français d’une part, celui entre les jeunes musulmans et le reste de la jeunesse d’autre part  –, il est difficile de ne pas avoir des doutes sur la pérennité de la loi de 2004 : son assise politique ne pouvant que s’effriter au fil des années en raison du poids croissant des musulmans en France (18% chez les nouveau-nés masculins en 2016, contre 8% en 1997*) mais aussi d’une évolution des mentalités qui fait de l’acceptation des expressions religieuses dans l’espace scolaire un marqueur générationnel affectant l’ensemble des jeunes de moins de 25 ans (53%) et pas seulement les minorités religieuses et/ou ethniques. L’intériorisation des notions de droit à la différence et la primauté donnée au respect de la liberté de choix de chacun y sont sans doute pour beaucoup dans une génération qui se distingue par un certain relativisme des valeurs et un grand respect pour les minorités. Ainsi, la question du frein à la liberté de « blasphémer » se posera également sans doute à terme pour une « génération offensée » (Fourest, 2020) qui tend plus toute autre à interpréter la critique à l’égard d’un dogme ou d’un personnage religieux comme une forme d’irrespect envers les croyants eux-mêmes..

 

François Kraus, directeur du pôle « politique / actualités » au Département Opinion de l’Ifop

 

* cf Jérôme Fourquet L’Archipel français, Points, septembre 2020. p 190

 

[1] Enquête européenne sur « la religion dans l’enseignement. Contribution au dialogue ou facteur de conflit dans des sociétés européennes en mutation ? » réalisée entre 2006 et 2009.

[2] Joan W. Scott, La politique du voile, Paris, Éditions Amsterdam, 2017.

[3] Olivier Galland, Anne Muxel (dir.), La Tentation radicale. Enquête auprès des lycées, Puf, 2018.

[4] Olivier Galland, La laïcité au prisme du regard des jeunes, Telos, 1er décembre 2019.

[5] Olivier Galland, Anne Muxel (dir.), La Tentation radicale, op. cit., p. 174.

[6] Olivier Galland, Anne Muxel (dir.), La Tentation radicale, op. cit., p. 170.

Le maire PS de Montpellier conditionner les aides aux associations au respect de la laïcité

Le maire PS de Montpellier conditionner les aides aux associations au respect de la laïcité

Le maire de Montpellier, pourtant proche de Hamon, met les pieds dans le plat de la laïcité, un terrain où la gauche en général est plus qu’ambigüe. Raide sur les principes, la gauche est plus sulfureuse quant aux conditions de son application. En particulier pour ne pas heurter les sensibilités islamistes. Le maire de Montpellier a donc décidé d’imposer les règles de la laïcité aux associations qui sont financièrement soutenues par les pouvoirs publics.

: « Je mets de l’ordre là-dedans. Il y a eu par le passé trop de complaisance. Des équipements municipaux étaient utilisés pour des prières. » Dans la presse locale, il se félicite d’avoir obtenu des renforts policiers après un rendez-vous avec Gérald Darmanin. Sur les réseaux sociaux, il s’affiche en tournée de nuit avec les forces de l’ordre.

« Il s’éloigne d’une gauche qui promettait la tranquillité aux intégristes en échange de leur vote. Il s’est décalé du dogme PS. Il est jeune, il finira ministre »

Ses collègues socialistes, jeunes responsables locaux comme lui, ne sont pas surpris d’un tel discours. Maire de Nancy depuis juin dernier, Mathieu Klein le connaît depuis 25 ans : « Il incarne une gauche du réel, qui défend un espace public ouvert à tous, sans tabou. » « Il assume ce sujet de la sécurité du quotidien », se félicite la maire de Nantes, Johanna Rolland. « Nos grands anciens ont vécu une période dans laquelle l’idéologie était très forte avec Mai-68 ou la deuxième gauche. Michaël, comme nous, s’est formé au contact du terrain. Il est plus un élu d’action qu’un idéologue », analyse Olivier Bianchi, maire de Clermont-Ferrand. « Les grandes théories se confrontent au réel. Associée à un gros travail de prévention, la répression est nécessaire », complète la présidente de la région Occitanie, Carole Delga.

« Il s’éloigne d’une gauche qui promettait la tranquillité aux intégristes en échange de leur vote. Il s’est décalé du dogme PS. Il est jeune, il finira ministre, s’enthousiasme le député LREM (ex-PS), Patrick Vignal. Mais il vient de l’écurie Hamon. Va-t-il être capable de bosser avec nous, macronistes ? » Dans la préparation des élections municipales, les marcheurs qui le connaissent, dont la députée de l’Hérault Coralie Dubost, avaient passé le message à l’état-major de la majorité : « C’est quelqu’un d’intéressant. » Mais pour l’intéressé pas question d’être débauché surtout si c’est pour rejoindre le Titanic d’Emmanuel Macron », écarte le député de la Loire, Régis Juanico, membre de Génération.s, qui le connaît depuis 1994. Elle-même approchée à plusieurs reprises par En Marche, Carole Delga est catégorique : « C’est peine perdue pour un ralliement. » « Même à 8 % dans les sondages, j’ai gardé le logo du PS sur mes affiches. Je ne me laisserai pas débaucher », confirme Michaël Delafosse.

Islam et laïcité : «charte des principes» du CFCM, une avancée ?

Islam et laïcité : «charte des principes» du CFCM, une avancée ?

 

Il faut noter une avancée de la part du très contesté conseil français du culte musulman en matière de laïcité. Il est clair que l’absence d’accord sur les grands principes aurait pu par ailleurs mettre en cause l’existence de cette institution.

 

Il restera cependant à préciser ces principes et à les faire accepter par l’ensemble des institutions musulmanes. Les dirigeants du Conseil français du culte musulman (CFCM) ont en effet annoncé samedi 16 janvier avoir trouvé un accord sur une «charte des principes» de l’islam de France qui réaffirme notamment l’égalité hommes-femmes et la «compatibilité» de la foi musulmane avec la République.

 

Cette charte, à l’origine d’une crise au sein du CFCM, a été présentée samedi au ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin qui a salué une «avancée très significative». Elle doit maintenant être approuvée par l’ensemble des fédérations du CFCM avant d’être transmise au président Emmanuel Macron, indique l’instance dans un communiqué.

Fin décembre, le recteur de la grande Mosquée de Paris, Chems-Eddine Hafiz, avait claqué la porte des discussions sur la charte et le futur CNI en pointant du doigt l’influence d’une «composante islamiste» au sein du CFCM.

 

Selon le communiqué du CFCM publié samedi, le texte scelle un accord «sur la compatibilité de la foi musulmane avec les principes de la République, sur le rejet de l’instrumentalisation de l’islam à des fins politiques, sur la non-ingérence des Etats dans l’exercice du culte musulman en France, sur le principe de l’Egalité Homme-Femme et sur le rejet de certaines pratiques coutumières prétendument musulmanes».

« La laïcité: un totem fragile « 

« La laïcité: un totem fragile « 

La neutralité de l’Etat qui « ne reconnaît, ne salarie, ni ne subventionne aucun culte » et la « liberté de conscience » sont les deux grandes traductions juridiques d’une laïcité française qui ne cantonne pas la religion à la sphère privée, analyse dans une tribune au « Monde » Fabien Fortoul, enseignant-chercheur en droit public

Tribune.

 

Elle n’est plus seulement un mot, mais une incantation naviguant au beau milieu de débats enfiévrés. Pilier de la République, la laïcité n’en est pas moins gravement dénaturée, bien loin d’une clarté juridique, semble-t-il,tombée aux oubliettes. « Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde », disait Albert Camus. L’exigence de laïcité se fait jour dans la torpeur.

Effrayés par l’horreur d’un attentat, se perdant en conjectures, nombreux sont les commentateurs à évoquer une laïcité piétinée par les ennemis de la République. Voici pourtant une bien funeste confusion, qui place la laïcité là où elle n’est pas ! Consécutivement au drame de Conflans-Sainte-Honorine, quelle est donc cette soudaine célérité dont firent preuve de nombreux parlementaires à demander une nouvelle législation sur le port du voile ?

 

Quel lien peut-il bien y avoir entre un tel attentat, dont l’enquête n’en est qu’à ses débuts, la laïcité et l’idée que se fait un ministre de l’intérieur des rayons de supermarchés dits « communautaires » ? A ses dépens, la laïcité est emportée par tous les vents et conjuguée à tous les temps. Trouvant refuge dans le confort d’une pensée étriquée, ceux qui se prétendent être serviteurs d’une laïcité de combat en deviennent ses détracteurs. 

Une pseudo-laïcité anti-islam, qui n’a de laïque que le nom

Il faut le reconnaître, la question de la manifestation publique des religions est intimement liée aux controverses historiques de la laïcité en France. Rappelant le contexte, au combien tumultueux, du début du XXe siècle, la laïcité est encore aujourd’hui assimilée à ce qu’elle n’a jamais été.

En aucun cas, elle n’impose que les religions ne soient cantonnées qu’aux seuls espaces familiaux ou cultuels. Pourtant la perception sociale révèle tout autre chose. Près d’un Français sur deux (« Etat des lieux de la laïcité en France », une étude d’opinion réalisée par Viavoice pour l’Observatoire de la laïcité, en janvier 2020) pense que « la laïcité interdit d’exprimer sa religion en public », que « l’obligation de neutralité s’impose au sein des entreprises privées », ou bien encore que « les manifestations religieuses dans la rue ne peuvent être autorisées ».

 

 

« Non à une laïcité soft « 

« Non à une  laïcité soft « 

Pour Françoise Longy, maîtresse de conférences en philosophie à l’Université de Strasbourg, ni la dénonciation d’un éventuel colonialisme culturel français ni l’idée d’une solution morale ne nous font avancer sur la question de savoir s’il y a une façon plus tempérante d’être laïque sans mettre à mal nos libertés, relève la philosophe Françoise Longy.

 

Tribune.

 

De nombreuses voix s’élèvent actuellement pour défendre la tempérance en matière de laïcité : soyons laïques oui, mais raisonnablement, avec modération, afin d’éviter de heurter les sentiments des croyants. Olivier Mongin et Jean-Louis Schlegel se sont joints à ce chœur dans une tribune du Monde du 4 novembre 2020 « Les défenseurs de la caricature à tous vents sont aveugles aux conséquences de la mondialisation ». Or cette tribune, qui séduit beaucoup si j’en juge par le nombre de ceux qui m’en ont recommandé la lecture, mérite d’être analysée car la façon dont ses auteurs argumentent en faveur d’une laïcité soft est à la fois typique et problématique.

La réflexion de Mongin et Schlegel prend appui sur deux considérations. La première, incontestable, est qu’il est dangereux de heurter les sentiments religieux d’une partie des musulmans dans un monde où Internet permet une diffusion immédiate et mondiale de n’importe quel contenu, et où il y a des islamistes prêts à tuer au nom de Dieu.

La deuxième, parfaitement recevable, est qu’il y a des actions ou des demandes, faites au nom de la laïcité, qui sont inutilement provocantes. Ils en donnent trois exemples : la demande de publier sur les murs les caricatures de Charlie Hebdo, leur projection sur les façades de deux hôtels de région et la proposition de les diffuser sous forme de livre dans les lycées.

Au lieu de chercher à définir les contours de la laïcité

Le début de leur réflexion sur les trois exemples augure bien. Ne faut-il pas, se demandent-ils, faire une différence entre ce qui doit pouvoir exister et être visible dans un kiosque ou une librairie et ce que l’on peut imposer à la vue de tous en l’étalant sur de grands panneaux dans l’espace public ou en l’exposant dans ou sur des édifices publics ?

Malheureusement, au lieu de poursuivre dans cette voie en cherchant à définir les contours de cette laïcité qu’ils préconisent et les moyens de lui donner corps, ils préfèrent se lancer dans des considérations générales sur la tendance française à vouloir imposer aux autres ses principes.

Il est vrai que poursuivre cette réflexion les obligerait à affronter des questions difficiles : Comment concevoir une restriction du droit d’exhibition ? De façon purement tactique et circonstancielle, en la limitant à ce qui peut offenser les sentiments religieux des croyants relativement intégristes ? Ou à l’inverse, de façon large, en considérant ce qui peut offenser les sentiments religieux, de décence et d’identité des individus ? Et dans ce cas, quid de la publicité qui aime jouer de la provocation ? Et sous quelle forme faudrait-il établir ces limitations ? Plutôt sous celle d’une directive transmise aux préfets, sous celle d’une loi, ou d’une autre façon encore ?

« La laïcité implique la séparation du politique et du religieux »

« La laïcité implique la séparation du politique et du religieux »

La loi du 9 décembre 1905, qui a organisé le refoulement de l’Eglise catholique hors de la sphère publique et de ses grandes institutions, est un acquis majeur, opposable à toutes les religions, estime, dans un entretien au « Monde », Gwénaële Calvès, professeure de droit public.

Après la présentation, le 9 décembre en conseil des ministres, du projet de loi « confortant le respect des principes républicains », la juriste, autrice notamment des Territoires disputés de la laïcité. 44 questions (plus ou moins) épineuses (PUF, 2018), éclaire certaines évolutions que ce texte est susceptible d’apporter et revient sur les différentes interprétations de la laïcité.

Le prosélytisme religieux est une des cibles du projet de loi « confortant les principes républicains ». Faut-il vraiment en faire un délit ?

Le prosélytisme n’est pas un délit, et ne peut pas l’être. Que resterait-il du droit de choisir sa religion, d’en changer ou de renoncer à toute religion, si les activités prosélytes étaient interdites ? Nul n’est tenu d’engager la discussion avec les missionnaires qui distribuent des bibles sur les marchés, mais il est heureux qu’ils aient le droit de le faire.

Ce que propose le gouvernement, c’est de remuscler l’article 31 de la loi de 1905, qui réprime les « violences ou menaces » destinées à contraindre une personne « à exercer ou à s’abstenir d’exercer un culte ». Politiquement, je trouve bienvenu de rappeler ainsi que la protection de la liberté de conscience est au cœur du régime laïque. Et en pratique, dès lors que la notion d’exercice du culte s’entend très largement en droit français, il sera possible, par exemple, de sanctionner efficacement les gros bras qui dissuadent les restaurateurs de servir de l’alcool, ou d’ouvrir leur établissement avant la fin du ramadan.

Contre le conformisme religieux imposé par la pression sociale, le recours à la contrainte étatique me semble en revanche une impasse. Ce sont les voies de l’émancipation individuelle qu’il faut conforter et ouvrir à double battant : l’école, la bibliothèque, le centre social et culturel, etc.

D’autres aspects du projet de loi vous semblent-ils modifier l’équilibre de la loi de 1905 ?

Le projet de loi ne porte pas principalement sur la loi de 1905, mais il envisage d’en rénover deux pans. D’abord le pan relatif à la police des cultes, en un sens qui me semble conforme à l’esprit de la loi, dont il faut bien reconnaître qu’elle est animée sur ce point par une forme de méfiance à l’égard des organisations religieuses. Ensuite le pan relatif aux associations dont l’« objet exclusif » est l’exercice d’un culte. Il s’agit d’élargir leurs sources de financement, ce qui fait tiquer certains milieux laïques, et de renforcer le contrôle, notamment fiscal, dont elles font l’objet.

 

«Une laïcité sans concession»

 

 «Une  laïcité sans concession»

 

 

Les  Radicaux, à l’origine de la loi de 1905, lancent dans l’Opinion, des propositions « pour une laïcité sans concession »

( Laurent Hénart et 70 élus du Mouvement radical ),

 

La laïcité est un pilier fondamental de notre République. C’est la liberté de croire ou de ne pas croire, la liberté de conscience et d’expression, la liberté de pratiquer son culte, quel qu’il soit.

On oublie souvent que notre modèle laïque, unique au monde, a pour fondateur le Parti radical avec la loi du 9 décembre 1905, dans le prolongement des travaux d’Emile Combes. Oui, ce sont bien les Radicaux qui ont permis l’institutionnalisation de la laïcité avec la loi de séparation des Eglises et de l’Etat, face à une religion majoritaire imposant sa vision de la société et influençant l’éducation des enfants.

Dès le XVIIIe siècle, les philosophes des Lumières initient le débat. En 1794, la Convention nationale supprime le budget de l’Eglise constitutionnelle. Après plus d’un siècle d’affrontement entre des citoyens ayant deux visions différentes de la place de la religion dans notre société, les Radicaux, fervents défenseurs de la République, ont souhaité acter par cette loi la primauté des lois de la République sur toutes les religions.

Aujourd’hui, notre principe laïque est fragilisé. L’islam politique et idéologique ne cesse de gagner du terrain dans notre pays. La barbarie terroriste a fait plusieurs centaines de morts sur notre territoire et résulte d’une radicalisation qui va au-delà du fait religieux. Elle s’est érigée en projet politique. Un projet politique qui vise à disloquer la société française. Un récent sondage de l’Ifop montre que 57 % des jeunes musulmans placent la charia au-dessus des lois de la République. Un chiffre particulièrement inquiétant pour une jeunesse qui est l’avenir de notre pays.

D’autres dérives sont constatées, certes différentes mais réelles, de religions chrétiennes ou juives ou encore de mouvements sectaires ou associations communautaristes. Il nous faut les traiter avec la même fermeté. Tout comme en 1905, les Radicaux sont déterminés. Nous sommes convaincus que la laïcité et son respect ne passent pas par une réforme de la loi de 1905 mais par son application sans concession dans toutes ses dimensions.

Les Radicaux ont, dès 2019, proposé de réformer la loi de 1901 sur l’exercice associatif. En effet, la gestion de lieux de culte, le prosélytisme religieux, le communautarisme, les dérives de la liberté associative sont multiples. Toute association prétendant à un financement public devra signer une Charte de la laïcité et s’engager à la respecter.

Formation obligatoire. Nous devons mener une action volontariste auprès de la jeunesse pour donner sens aux principes républicains et à la laïcité. Dans le domaine de l’éducation, nous souhaitons voir le principe de laïcité enseigné dès l’école primaire, et prohiber le port de signes ostentatoires par les accompagnants des sorties scolaires.

La citoyenneté doit être renforcée avec la reconnaissance et la célébration de la laïcité par la création d’un prix de la laïcité, remis par le président de la République, par l’installation généralisée de monuments ou d’arbres de la laïcité dans les communes, ou encore par la mise en place de cérémonies laïques à la majorité de chaque citoyen en mairie.

Notre principe laïque doit également irriguer nos administrations. Nous proposons qu’un référent laïcité soit nommé dans chaque administration et qu’une formation obligatoire à la laïcité soit imposée à tous les fonctionnaires et élus.

Alors que le projet de loi « confortant les principes républicains » est présenté en Conseil des ministres, les Radicaux feront preuve d’exigence pour que prévale l’ordre laïque, permettant un vivre ensemble apaisé, respectueux de chacun et des valeurs républicaines et démocratiques.

Pour un référendum sur la laïcité, la protection des Français et l’immigration» (Xavier Bertrand)

Pour un référendum sur la laïcité, la protection des Français et l’immigration» (Xavier Bertrand)

 

Xavier Bertrand, candidat à la présidentielle, propose un référendum visant à définir une stratégie globale. (Déclaration dans le Figaro )

Xavier Bertrand, mercredi à Paris. «À force de vouloir ménager tout le monde, le ” en même temps ” est une impasse», assure le président des Hauts-de-France. 

 

 

La majorité présidentielle souhaite «réécrire» l’article 24 du projet sur la sécurité globale, aujourd’hui en discussion au Sénat. Comment sort-on de cet imbroglio?

 

Xavier BERTRAND. -Le sommet de l’État, aux abois, essaye de sortir d’une crise politique et institutionnelle dans laquelle il s’est mis tout seul. Vu la situation du pays, on aurait pu s’en passer! On ne peut pas faire de l’Assemblée nationale et du Sénat des chambres d’enregistrement! L’esprit de l’article 24 est nécessaire et répond à un impératif: protéger les forces de l’ordre. Mais pourquoi une telle précipitation et impréparation du gouvernement et une telle fragilité juridique? Cet amateurisme révèle aussi les fractures idéologiques dans la majorité présidentielle.

N’y a-t-il pas eu d’erreur commise par le ministre de l’Intérieur?

Depuis 2017, rien ne se décide sans que cela ne passe par Emmanuel Macron. Son mode de fonctionnement crée des crises: vouloir tout centraliser, ne pas faire confiance, ne pas trancher.

MÉLENCHON instrumentalise l’islamhomophobie et déclare qu’il IL Y A EN FRANCE « UNE HAINE DES MUSULMANS DÉGUISÉE EN LAÏCITÉ »

MÉLENCHON instrumentalise l’islamhomophobie et déclare qu’il IL Y A EN FRANCE « UNE HAINE DES MUSULMANS DÉGUISÉE EN LAÏCITÉ »

 

Il est évident que la dernière déclaration de Mélenchon considérant que la laïcité cache en faite une haine des musulmans n’est pas de nature à renforcer la crédibilité de l’intéressé auprès de l’opinion publique. Disons le clairement Mélenchon est toujours animé de cet islamo- gauchiste qui justifiet tout même l’impensable au nom de l’égalité des droits.

 

D’une certaine manière, Mélenchon remet même en cause le concept de laïcité française en tout cas la manière dont il est mis en œuvre. De quoi évidemment déstabiliser une population déjà sous pression de l’islamisme. De quoi justifier les actes délictuels de toutes natures voire même criminels de certains candidats djihadistes .

 

Il faut noter que sur ce terrain Jean-Luc Mélenchon n’a cessé d’alterner les positions contradictoires. Souvenons-nous que récemment il avait déclaré que la population tchétchéne était un problème.

 

Cette dernière déclaration de Mélenchon est particulièrement irresponsable dans un climat aussi tendu qui incite les plus endoctrinés et les plus abrutis à commettre l’irréparable: « Je parle de haine des musulmans, parce que c’est bien de cela dont il est question. Il y a dans ce pays, fabriquée, alimentée par tout un courant d’idées, une haine des musulmans déguisée en laïcité. La laïcité, ce n’est pas la haine d’une religion. L’État laïc, ce n’est pas un athéisme d’État », a développé le député des Bouches-du-Rhône.

 

Rappelant que la France avait derrière elle « une longue histoire des guerres de religions », Jean-Luc Mélenchon dit vouloir conjurer cet avenir que préparent, selon lui, ceux qui stigmatiseraient les Français de confession musulmane. « Il faut faire France de tout bois

 

Laïcité : « pour une conception unique  » (Jean Glavany)

Laïcité : « pour une  conception unique  » (Jean Glavany)

Jean Glavany, ancien ministre, ardent défenseur de la laïcité, refuse de cautionner le débat actuel entre plusieurs conceptions de la laïcité, qui divise la sphère politique.  »Il faut rétablir une conception unique, celle de la République », dit-il sur Europe 1

INTERVIEW

Avec 48 autres personnalités, il signe une tribune dans le Journal du dimanche, dans laquelle il appelle à « porter haut l’idéal laïc ». L’ancien ministre socialiste Jean Glavany, auteur de La laïcité, un combat pour la paix, est revenu, dimanche sur Europe 1, sur la controverse, ancienne, mais remise au centre du débat depuis l’attentat de Conflans-Sainte-Honorine, sur les différentes conceptions de la laïcité qui divisent la sphère politique.

« La laïcité est une valeur complexe et subtile », explique Jean Glavany. La loi de 1905, rappelle-t-il, « est une loi de caractère libéral, mais qui dit bien que ces libertés s’exercent dans les limites de l’ordre public ». La laïcité est donc un « subtil équilibre entre deux jambes : une jambe libérale et une jambe d’ordre public ».

Pour Jean Glavany, les deux conceptions antagonistes qui s’affrontent régulièrement dans le débat intellectuel, sont des conceptions « qu’ont ces hémiplégiques, ceux qui retiennent uniquement le volet libéral et oublient l’ordre public, c’est une grande partie de la gauche et de l’extrême-gauche, et ceux qui oublient le volet liberté et le respect des différences ».

« Il y a ceux qui parlent des droits et jamais des devoirs, d’autres qui parlent des devoirs et jamais des droits », résume l’invité d’Europe 1.

Or, dit encore Jean Glavany, « ces deux conceptions sont erronées », car la laïcité « fait marcher en même temps les deux jambes, sinon on est hémiplégique ».  »Non, il n’y a pas deux conceptions de la laïcité », martèle l’ancien ministre. Et de conclure : « Il faut rétablir une conception unique de la laïcité, celle de la République ».

« Pour une laïcité pleine et entière »

« Pour une laïcité pleine et entière »

48 personnalités, dont les philosophes Elisabeth Badinter et Marcel Gauchet, l’essayiste Caroline Fourest, l’ex-ministre Jean Glavany ou l’avocat de Charlie Hebdo Richard Malka, appellent les responsables politiques, dans une tribune du JDD , à « insuffler une nouvelle dynamique » en créant des « organismes publics adaptés à cet horizon politique transformé ».

 

tribune :

 

« On a tué un homme. De la manière la plus barbare et la plus expressive qui soit, dans le rituel codifié d’exécution religieuse de l’islam radical. On a assassiné un homme pour avoir accompli sa tâche avec modestie et sans frémir. On a exécuté un professeur qui remplissait la mission la plus noble, celle de contribuer à l’émancipation et à la construction de la conscience des jeunes élèves dont il avait la charge pédagogique et morale. On s’est attaqué au creuset de la République, son école.

Avec près de 300 morts dont le souvenir pèse sur nos cœurs depuis 2012, ce mort-là est l’électrochoc qui donne aux Français la force de ne plus accepter l’inacceptable. Et comme dans ces sursauts que peuvent accomplir les peuples souverains lorsqu’ils prennent conscience de leur unité, en quelques jours ce qui semblait impossible devient possible et s’accomplit même déjà… »

La laïcité faussement réduite à l’athéisme.

La laïcité faussement réduite à l’athéisme.

 

Delphine Horvilleur, rabbin et écrivaine, estime que la laïcité est faussement réduite à l’athéisme

AFP

Entretien dans le Figaro avec l’auteure de Comprendre le monde, au lendemain de l’assassinat de Samuel Paty.

- Dans une tribune publiée hier sur votre site Tenou’a, vous défendez, au nom de la liberté d’expression, l’idée de «penser contre soi». Qu’est-ce que ça veut dire ?
Delphine Horvilleur. - Ce post est né après que j’ai publié une caricature de Charlie Hebdo pour réagir à l’assassinat de Samuel Paty. Il s’agit d’une vieille couverture sur laquelle on voit les trois religions (catholique, musulmane et juive, NDLR) inscrites sur du papier toilette déroulé, et titrée «Aux chiottes toutes les religions !». J’ai volontairement choisi cette caricature où il était question d’une critique des trois religions, parce que je crois qu’on est dans un moment où les leaders religieux doivent être capables d’incarner une auto-critique. Et j’ai été très étonnée de voir que beaucoup de gens l’ont pris au premier degré. Quand certains, athées convaincus, m’ont dit «vous avez enfin compris, les religions sont toutes à jeter», d’autres ont été choqués que, en tant que rabbin, j’attaque les religions. Ce qui m’a le plus troublée, c’est de m’apercevoir que beaucoup pensent qu’on est ce que l’on poste ; c’est de voir que beaucoup ne sont pas capables de faire preuve de deuxième degré à un moment où on devrait tous publier ces caricatures, pas pour dire qu’on est d’accord avec leur message littéral, ni d’ailleurs nécessairement avec leur message caché, mais pour dire à quel point on luttera, et on luttera jusqu’au bout, pour qu’elles aient le droit d’exister sur la place publique, et pour qu’elles continuent de raconter quelque chose de notre société et de notre histoire.

Dans votre post, vous affirmez qu’«une société libre passe par la distance critique et par l’autodérision». Cette autodérision et cette prise de distance dont vous parlez, qu’en a-t-on fait ?
Le propre des moments de crise est qu’on les vit comme des citadelles assiégées, sur un mode de défiance. On devient suspicieux à l’égard de tous ceux qui expriment des critiques, jusqu’à devenir nous-mêmes incapables d’autocritique. On voit bien ce qu’il s’est passé vis-à-vis de l’humour ces dernières années. On fait partie d’une génération où l’on pouvait regarder, ados, des sketches qu’on ne pourrait plus voir aujourd’hui. Pas parce qu’on a moins d’humour mais parce qu’on a pris conscience que dans un contexte de crise et de tension identitaires, on peut continuer à rire de tout, mais plus avec tout le monde. Et cela a un impact sur notre capacité de mise à distance des événements.

Il n’y a rien qui nous fasse plus grandir que d’être contredit, que de penser contre soi

C’est-à-dire ?
Désormais, on hésite à rire, on ne sait plus de quoi on peut rire, qui va se vexer, qui va être offensé, offusqué. Caroline Fourest est très juste quand elle parle de cette génération offensée, on vit dans un monde dans lequel les gens ne tendent plus l’oreille qu’à l’offense qu’on leur impose, pas à la contradiction. Alors qu’il n’y a rien qui nous fasse plus grandir que d’être contredit, que de penser contre soi. C’est là où le symbole de l’assassinat d’un enseignant de la République est si fort et bouleversant pour tant d’entre nous. On sait au fond de nous que c’est ce que l’école nous promettait qu’elle allait nous apprendre : penser contre nous-mêmes. On arrive enfant avec un bagage, culturel, identitaire, religieux, et l’école nous aide à l’interroger.

Il faudrait donc réapprivoiser, ou réaffirmer, cet esprit critique…
Il faut surtout s’assurer de ne pas y renoncer, et ce dans tous les domaines de nos vies. C’est très difficile à enseigner. À l’école, cela passe avant tout par l’histoire, cette matière qu’enseignait justement Samuel Paty. Rien ne nous apprend mieux la théologie que l’histoire ; on ne peut tout simplement pas comprendre sa religion si on ne comprend pas par quoi et par qui elle a été influencée, et pourquoi elle est le produit des temps et des espaces qu’elle a traversés. Quand on sera capables de raconter nos histoires religieuses à travers les influences qu’elles ont subies, on aura un outil formidable pour lutter contre le fondamentalisme religieux. Parce que ce qui colle à la peau de tous les fondamentalistes quels qu’ils soient, c’est qu’ils sont tous allergiques à l’histoire. Ils sont tous chronophobes, détestent tous l’idée que leur religion a pu évoluer, qu’elle a pu être influencée par d’autres, parce que cela va à l’encontre de leur obsession pour la pureté, la pureté des corps, la pureté des femmes, la pureté des pratiques, la pureté de leur histoire. Si vous commencez à leur expliquer à quel point leur religion est emprunte d’influences extérieures et conditionnée par un contexte, alors vous avez avec vous un outil extrêmement puissant de destruction de leur discours.

 

Une proposition de loi constitutionnelle sur la laïcité avec référendum ?

Une proposition de loi constitutionnelle sur la laïcité avec référendum ?

Plusieurs propositions de loi risquent d’être discutées sur la question de la laïcité. Toutefois, la proposition du Sénat se singularise par le fait que sa nature constitutionnelle nécessite un référendum. Il n’est pas certain que la majorité actuelle à l’Assemblée nationale soutienne un type de proposition dont on peut difficilement prévoir les conséquences politiques. Jusque-là le chef de l’État a surtout privilégié-le en même temps pour ne pas mécontenter une partie de la population dont il espère le soutien.

Trois élus de la majorité sénatoriale ont préparé une  proposition de loi constitutionnelle, qui a été déposée en février dernier : Philippe Bas, sénateur Les Républicains (LR) de la commission des lois, Bruno Retailleau, chef de file du groupe LR, et Hervé Marseille, président du groupe centriste. La commission des lois a adopté mercredi 14 octobre le rapport de Christophe-André Frassa.

Cette proposition de loi est constituée de deux articles afin de renforcer « la laïcité au quotidien », indique le sénateur Christophe-André Frassa auprès de Public Sénat. L’article 1 vise à compléter le premier article de la Constitution pour affirmer que « nul individu ou nul groupe ne peut se prévaloir de son origine ou de sa religion pour s’exonérer du respect de la règle commune ».

L’article 2 de la proposition de loi obligerait les partis politiques à respecter le principe de laïcité, afin d’empêcher les partis communautaristes d’accéder à des financements publics pour présenter des candidats aux élections.

, une proposition de loi constitutionnelle est soumise à une procédure très particulière, puisqu’elle doit être soumise à un référendum après avoir été votée par les deux assemblées.

Séparatisme ou laïcité: glissement sémantique ou recul

  • Séparatisme ou laïcité: glissement sémantique ou recul

 

  • Personne ne connaît encore le contenu de la loi annoncée par le président de la république à propos du séparatisme islamique. Même le titre pourrait être changé si l’on en croit les déclarations hier de Gérald Darmanin  à l’assemblée nationale. On pourrait passer du mot séparatisme à celui de laïcité. Certains pourront considérer qu’il s’agit d’un glissement sémantique sans grande conséquence sur le contenu mais d’autres estiment déjà le changement d’appellation comme un recul dans la mesure où le concept de laïcité se réfère essentiellement aux principes républicains et ne couvre pas la totalité de la problématique posée même par le président de la république. Cela pourrait constituer une sorte d’acceptation tacite d’un certain communautarisme qui refuse l’assimilation voir l’intégration. On peut en effet respecter la loi sans pour autant accepter le mode de civilisation et ses valeurs. Le choix du nom du texte législatif fait  donc déjà débat depuis que le mot séparatisme paraît abandonné .
  •  «Ce ne sera sans doute pas son nom, puisque le président de la République a évoqué dans son discours quelque chose qui ressemblerait à un projet de loi renforçant la laïcité et les principes républicains, a expliqué le numéro un de Beauvau. Mais l’idée est bien de lutter contre le séparatisme principal qui est l’islam radical, mais ce n’est pas le seul objet du texte.» Devant l’emballement médiatique, le ministère a dû rectifier le tir, rappelant que le titre exact du texte de loi n’était pas arbitré. «Nous avons du temps pour le choisir. L’important, c’est que la menace soit clairement désignée», insiste l’entourage de Darmanin. L’explication donnée par certains membres du gouvernement peine à convaincre de la pertinence du choix du mot laïcité. Il s’agirait en fait de donner un caractère plus positif au texte de loi mais qui en fait évacuerez la question du communautarisme

Laïcité: Macron patauge

Laïcité: Macron patauge

Depuis déjà des mois, Macron fait  du slalom pour éviter de traiter la question de la laïcité. Dernièrement, il s’en est tiré avec une pirouette surprenante à propos du voile en indiquant que ce n’était pas son problème ! Certes il a sans doute raison de ne pas tomber dans le simplisme qui assimilerait tous les musulmans au communautarisme voire au radicalisme. Reste que de sérieux problèmes se posent dans la société quand ce communautarisme prend le pas sur les valeurs démocratiques et laïques notamment dans certains quartiers difficiles où la république n’ose même plus pénétrer par peur des agressions. Sans parler du climat général où la vie sociale, économique et culturel est régulée par un communautarisme en plus sur fond de trafic de drogue. Or Macron a toujours voulu ignorer ces réalités. Il est vrai que ce n’est pas son monde. Pire, il compte même récupérer des voix en se montrant laxiste sur le sujet. Il faut se souvenir qu’il a écarté d’un revers de main la question des quartiers difficiles notamment des banlieues quand Borloo lui a remis un rapport particulièrement complet sur cette problématique. Il s’est même permis d’humilier Borloo en public lors de la présentation de ce rapport. Aujourd’hui , on compte environ officiellement 750 quartiers sensibles identifiés comme tels. On pourrait sans doute en compter davantage car il est existe bien au moins une dizaine de quartiers difficiles dans chaque département. Le président très discret sur ces questions revendique «un travail à bas bruit» sur l’islam, dans un entretien à RTL.

Pressé par plusieurs de ses proches de s’exprimer sur la laïcité, alors que la classe politique et la majorité étalent leurs divisions sur le port du voile islamique dans l’espace public, le chef de l’État assume de retarder une éventuelle prise de parole. «On confond les sujets. On ne me demande pas de parler de laïcité, on veut que je parle d’islam», a-t-il confié au micro de RTL dans l’avion présidentiel, vendredi, au terme de sa tournée de quatre jours à Mayotte et à La Réunion. Et macro de citer des évidences : «Pourquoi je ne veux pas céder à la précipitation ou aux injonctions de parole dans ces moments? Parce que je serais moi-même complice d’une espèce de confusion collective», avance-t-il. Face à cette «confusion», une distinction s’impose dans l’esprit du chef de l’État.

Sur la structuration de l’islam de France, d’une part, il revendique un «travail à bas bruit», «parce qu’on a souvent échoué». Objectif, selon lui: permettre aux musulmans de «vivre tranquillement leur religion en respectant absolument toutes les lois de la République». À cet égard, le président indique recevoir lundi matin, à l’Élysée, les représentants du Conseil français du culte musulman (CFCM).

Dans la lutte «contre le communautarisme»,, le président prévoit cependant des annonces «dans les prochaines semaines», notamment des «mesures d’interdiction». «Ce qui veut dire dissoudre parfois certaines associations encore davantage, ce qui veut dire interdire certaines pratiques qui se sont installées et qui ne sont pas conformes aux lois de la République», indique-t-il. «Dans l’éducation, la santé, le travail, les différents services au public», il faut selon lui «tout mettre en place pour lutter contre ce communautarisme». «Ça veut dire là être intraitable avec les lois de la République», conclut-il. Un air de déjà entendu et pas seulement sous la présidence de Macron.

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