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Contre la haine sur internet (Laetitia Avia)

Contre la haine sur internet  (Laetitia Avia)

La député Laetitia Avia  rend compte dans une  interview du JDD de son rapport sur la lutte contre la haine sur internet.

Le secrétaire d’Etat au Numérique, Mounir Mahjoubi, a dit à propos de votre rapport : c’est « plus de transparence, des sanctions plus élevées et plus de condamnations ». Un bon résumé?
Oui. Il faut mettre fin au sentiment d’impunité qu’on a aujourd’hui sur Internet. Le point de départ de la réflexion a été d’en finir avec ce mythe selon lequel Internet, et en particulier les réseaux sociaux, n’est pas la vraie vie. En réalité, on y passe plus de temps qu’en interaction dite « réelle ». L’objectif est d’y rétablir l’état de droit et du civisme sur Internet.

Dans ce rapport, plusieurs mesures concernent directement les plateformes?
Plusieurs éléments concernent les « grosses plateformes », à savoir celles qui ont une capacité à créer de la viralité. Ce qu’on appelle dans le rapport les « accélérateurs de contenus » : ce sont les gros réseaux sociaux comme Facebook, Twitter, Instagram… Notre approche est bien sûr de viser ces sites, mais cette nouvelle réglementation doit aussi pouvoir concerner des outils qui n’existent pas encore. Ce rapport doit encore pouvoir s’appliquer dans vingt ans. Aujourd’hui, la directive e-commerce a été créée [en 2004, NDLR] à une époque où Facebook n’existait pas encore en France, c’est pour ça qu’elle peut parfois être inadaptée.

Ces « accélérateurs » devront retirer un contenu illicite sous 24 heures…
Nous préconisons une obligation de retrait [d'un contenu raciste] sous 24 heures. Deux possibilités : soit ils suppriment car c’est manifestement illicite ; soit il y a un doute et ils mettent ce contenu dit « gris » sous quarantaine – la publication disparaît et arrête de nuire – dans ce délai de 24 heures. Il revient ensuite à une autorité administrative dédiée d’arbitrer le caractère raciste ou non de ce contenu. Elle devra juger rapidement, en quelques jours. Car si jamais cette publication n’est pas illicite, il ne faut pas non plus qu’elle devienne obsolète.

Et en cas de non-respect, les amendes seront-elles augmentées?
Nous sommes actuellement sur des sommes dérisoires. Nous prônons dans le rapport de les multiplier par 100. Elles s’appliquent à chaque fois que les obligations des plateformes ne sont pas respectées. Et ce, dans deux cas de figure :

  • quand les contenus illicites ne sont pas retirés ;
  • quand les plateformes ne répondent pas à certaines obligations, notamment relatives aux réquisitions judiciaires.

Aujourd’hui, lorsqu’on a des auteurs anonymes, on demande des informations à Facebook, Twitter… pour les identifier ; mais ils ne répondent pas car ils risquent éventuellement 370.000 euros d’amende. Ça coute en réalité bien plus à la justice française d’engager cette procédure que d’obtenir gain de cause. En multipliant par 100 ces amendes, les portant ainsi à 37,5 millions d’euros, nous ne sommes toujours pas au seuil de la loi allemande qui prévoit une amende de 50 millions d’euros.

Que prévoit votre rapport côté utilisateur?
Les plateformes affirment leurs bonnes intentions. Mais il faut voir si elles sont réellement prêtes à évoluer, notamment avec la mise en place d’un mécanisme de signalement uniformisé via un bouton unique. C’est une simplification de l’expérience utilisateur qui pourra se dire : « Je vois ce bouton sur tous les sites Internet et je sais que c’est là qu’on va pouvoir traiter ma demande. » Les mécanismes de signalement actuels parfois décourageants ; il faut parfois aller jusqu’à faire un recommandé… Ce bouton sera contraignant pour les plateformes puisque cela touche à leur architecture, mais c’est mettre des actes sur la bonne volonté affichée.

 

Il ne faut pas non plus qu’il soit pénible lorsqu’on est victime de contenus racistes ou antisémites d’engager des poursuites. Actuellement, le mécanisme de signalement est très lourd et il faut se rendre au commissariat pour déposer plainte. Il faut que les victimes puissent déposer plainte en ligne. Si les choses fonctionnent comme nous le souhaitons, il va y avoir beaucoup plus de plaintes qu’aujourd’hui. Il faudra les traiter avec le recours à l’ordonnance pénale : un juge – sans audience – va traiter plus rapidement les affaires, sachant qu’elles restent bien sûr susceptibles de recours.

On a des mesures. Maintenant, cela reste un rapport. Concrètement, comment fait-on et à partir de quand cela change?
Le Premier ministre a indiqué qu’il souhaitait mettre en œuvre les préconisations du rapport au début de l’année 2019. Le véhicule législatif n’a pas encore été décidé. Mais en tant que parlementaire, j’aimerais beaucoup que ce soit une proposition de loi portée par la majorité. D’ici là, il y a en novembre les Etats généraux du numérique. On a laissé deux éléments sur lesquels il faudra préciser les choses : la définition de « l’accélérateur de contenu » et le montant de l’amende. Nous avons tapé fort avec le x100. C’est un choix que nous assumons. Il faudra voir comment cela sera perçu par les acteurs. En France, il faut que cela change en 2019. A l’échelle européenne, cela sera plus long, mais les positions allemande et française enclencheront des discussions sur ces sujets.

Londres a préféré le fils de pauvre (Laetitia Strauch-Bonart)

Londres a préféré le fils de pauvre (Laetitia Strauch-Bonart)

 

Laetitia Strauch-Bonart chercheuse auteure de. Vous avez dit conservateur?  analyse dans une interview au Figaro que finalement Sadiq Khan a surtout été élu en raison de son passé de pauvre et parce qu’il représente la diversité culturelle et sociale. (Extraits)


Sadiq Khan, candidat travailliste à la mairie de Londres est devenu le premier maire musulman d’une grande capitale occidental. Cela est-il un symbole important en Grande-Bretagne?

 

 

Laetitia Strauch Bonnart:

Cette victoire reflète le profond changement démographique qui s’est opéré en Grande-Bretagne et surtout à Londres depuis les dernières décennies, puisque les musulmans représentent aujourd’hui 12,4% de la population de la capitale, une proportion qui croît d’ailleurs bien plus vite que celle des autres communautés.

Cependant, le fait même de se concentrer sur l’identité religieuse de Khan pose problème: c’est réduire la politique à une «politique d’identités», où l’origine et l’appartenance comptent davantage que les programmes politiques. C’est aussi penser que les électeurs se déterminent en fonction de ces identités, alors que la victoire de Khan a certainement d’autres facteurs, à commencer par la faiblesse de son principal opposant conservateur, Zac Goldsmith. En réalité, dans les derniers mois, la focalisation du débat électoral sur les questions d’origine, voulue ou non, a empêché d’évoquer les vraies questions importantes pour la ville, à commencer par l’immobilier et le manque criant de logements pour une population en constante croissante. Aucun des candidats principaux, que ce soit Khan ou Goldsmith, n’a proposé le semblant d’une solution crédible à ce sujet!

 

 

Sadiq Khan est le fils d’un conducteur de bus pakistanais. Ses origines culturelles et sa religion ont-elles joué un rôle dans cette élection? Lequel?

En effet, elles ont joué un rôle, même s’il reste difficile à quantifier. Il est impossible de ne pas être sensible à l’histoire de Khan, qu’on partage ou non ses idées: fils d’un conducteur de bus pakistanais, il a grandi dans une council house (un HLM) et fait son chemin dans l’école d’Etat, gratuite, jusqu’à devenir avocat spécialiste des droits de l’homme. Sa «success story» est exemplaire.

 

La politique identitaire est toujours à double tranchant.

Sauf qu’on ne peut pas fonder son choix politique, à mon sens, sur ces seuls éléments. Or curieusement, l’origine semble avoir aujourd’hui un effet important sur les opinions des électeurs, et un effet en ciseaux: catalyseur de sympathie quand elle est modeste, elle est de plus en plus critiquée quand elle est aisée. Autrefois, l’appartenance à l’establishment aurait suffi pour faire élire Golsmith, et c’est une bonne chose que ce ne soit plus le cas, car en l’occurrence son programme n’était pas suffisamment solide. Cependant, ses origines ont clairement joué en sa défaveur, beaucoup lui reprochant simplement d’être fils de milliardaire. Pour plaire aujourd’hui, il vaut mieux un héritage de déshérité, une histoire personnelle faite de difficultés et d’ascension sociale. Qu’on trouve cela ridicule ou non, c’est l’esprit du temps, et Goldsmith n’est pas du bon côté!

 

Sadiq Khan a été accusé d’affinité avec les islamistes. Est-ce le cas? Ce soupçon a-t-il pu jouer en sa défaveur?

Cependant, pendant la campagne électorale, Khan n’a cessé de condamner l’extrémisme, et demandé la suspension de Livingstone après ses remarques antisémites. Il est aussi haï par certains radicaux car il soutient le mariage gay. Ce changement d’attitude est-il pure tactique ou est-il sincère? Inversement, sa supposée proximité ancienne avec certains radicaux était-elle sincère, où là encore tactique? Dans tous les cas, je ne crois pas que Khan cautionne l’extrémisme. En revanche, il représente une voix assez commune à gauche – surtout dans ce que j’appelle «la gauche du ressentiment» représentée par Corbyn, que Khan a d’ailleurs soutenu en septembre dernier pour son élection à la tête du Labour: celle qui consiste à expliquer les attitudes des extrémistes et des terroristes par la seule et unique faute de l’Occident. Ainsi en 2006, élu député, Khan était l’un des signataires d’une lettre au Guardian qui attribuait la responsabilité des attentats terroristes – comme celui du 7 juillet 2005 à Londres – à la politique étrangère britannique, notamment son soutient à Israël. Cette position et l’ambiguïté passée de Khan ont forcément créé un soupçon en sa défaveur.

 

Londres est-elle la ville du multiculturalisme heureux?

Oui et non! Tout dépend ce que vous entendez par multiculturalisme. Si vous pensez à la diversité des nationalités représentées à Londres, il y a en effet quelque chose d’admirable dans cette ville et sa capacité à faire vivre ensemble des personnes d’origines différentes.

Mais quand on parle multiculturalisme en Europe aujourd’hui, on le prend dans un sens plus politisé, celui de la complexe relation entre la population d’origine, chrétienne ou athée à coloration chrétienne, et les populations plus ou moins récentes de confession musulmane. En Grande-Bretagne, en apparence, tout se passe bien. Les musulmans modérés sont tout à fait intégrés. Ce qui est assez problématique – comme dans d’autres villes européennes -, c’est l’existence de quartiers entiers où le séparatisme identitaire est visible. C’est le cas dans l’Est de London, notamment dans le borough de Tower Hamlets. 30% de la population y est musulmane, concentrée dans des council houses.




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