Zone euro : la récession pourquoi ?
La crise présente de multiples dimensions, financière, économique, sociale, culturelle aux interactions multiples et complexes ; d’une certaine manière, c’est un changement de monde. Il faudra du temps pour s’y adapter ; un seul exemple la crise financière ; l’endettement de l’Europe a commencé il ya 20 ou 30 ans, une dette colossale qui représentera près de 90% du PIB en 2012. On ne peut évidemment résorber cette dette en quelques années (comme le prévoient les objectifs Maastricht ou pire ceux du pacte budgétaire). Pour apurer cette dette sans tuer la croissance, 10 à 20 ans seront nécessaires. C’est tout le drame et l’incohérence de la politique européenne qui a choisi l’austérité brutale. Paradoxe, plus les pays font d’efforts et plus l’économie se détériore, exemple la Grèce ou l’Espagne. Une raison simple, les équilibres budgétaires dépendent des recettes fiscales qui elles sont fonction de la croissance. En tuant la croissance, on tue la recette et on détériore encore davantage les équilibres financiers. Finalemenet un résultat catastrophique. Les derniers chiffres de la croissance européenne sont accablants. Le produit intérieur brut (PIB) des Dix-Sept, qui avoisine 9.400 milliards d’euros par an au total, a reculé de 0,1% sur juillet-septembre par rapport aux trois mois précédents, après une baisse de 0,4% au deuxième trimestre. La récession est définie par deux trimestres consécutifs de baisse de l’activité. Les économistes interrogés par Reuters prévoyaient en moyenne une baisse de 0,2% du PIB sur juillet-septembre. L’Allemagne et la France, les deux premières économies du continent, affichent l’une comme l’autre une croissance de 0,2% au troisième trimestre. Un chiffre qui marque un net ralentissement pour Berlin alors qu’il traduit une résistance inattendue pour Paris. Mais ces deux poids lourds ne sont pas parvenus à empêcher la rechute en récession (« double dip ») à laquelle la région semblait condamnée par l’impact de la crise de la dette qui plombe l’activité depuis bientôt trois ans. Car parallèlement, l’Italie (-0,2%) et l’Espagne (-0,3%) sont restées en récession au troisième trimestre tandis que d’autres pays, comme les Pays-Bas (-1,1%) et l’Autriche (-0,1%), voyaient leur économie se contracter de nouveau. La Belgique, dépendante de ses exportations, a quant à elle stagné. Mercredi le Portugal et la Grèce, deux des pays contraints ces dernières années de faire appel à l’aide financière internationale pour éviter la faillite, avaient confirmé l’aggravation de la chute de leur économie cet été. Aucun pays européen même l’Allemagne ne pourra sortir par le haut de cette cure d’austérité ; désendetter est une nécessité bien entendu mais il faut accorder du temps au rétablissement des équilibres, le temps de retrouver un cercle vertueux : croissance économique, croissance des recettes fiscales et désendettement progressif.