Explosion des violences en 2022: la manifestation de l’impuissance de Darmanin
Comme nombre de ses prédécesseurs, à commencer par Sarkozy mais aussi bien d’autres, le ministre de l’intérieur se caractérise surtout par des déclarations tapageuses mais par une action molle qui en quelque sorte favorise encore davantage la délinquance. La quasi-totalité des crimes et délits ont en effet augmenté en 2022, selon un rapport publié par le service statistique du ministère de l’Intérieur. Pour l’essayiste et juriste Amine Elbahi, ces chiffres montrent que des pans entiers du territoire sont hors de contrôle.
Amine Elbahi est juriste en droit public, chargé d’enseignement en droit à l’université de Lille, et auteur du livre Je ne me tairai pas ! (Robert Laffont 2022). Il a été candidat LR dans le Nord lors des dernières législatives.
Le ministère de l’Intérieur a publié les chiffres sur la montée de l’insécurité et de la délinquance en 2022. Selon un bilan du service statistique du ministère de l’Intérieur publié le mardi 31 janvier 2023, en France, la quasi-totalité des crimes et délits ont augmenté en 2022. Une lecture juste et responsable de ces chiffres doit nous amener à rester lucide, en pensant d’ores et déjà à toutes les victimes qui, par peur de représailles, par sentiment d’abandon, renoncent à poursuivre leurs bourreaux. En principe, le bilan annuel du ministère de l’Intérieur est établi à partir de deux types de données : les plaintes et les signalements enregistrés par les policiers et gendarmes, ainsi que les enquêtes de victimation, qui permettent d’enrichir les faits comptabilisés par les forces de l’ordre, étant donné que toutes les victimes ne déposent pas toujours plainte.
En 2022, pourtant, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin s’en est donné à cœur joie pour se satisfaire de la baisse des faits de délinquance observés en 2021, en omettant de préciser que la crise sanitaire était passée par là et que le travail des policiers et des gendarmes avait considérablement changé. Les chiffres parlent d’eux-mêmes et la réalité refait surface : le rapport démontre l’explosion du nombre de victimes de coups et blessures volontaires (+15%), des violences intrafamiliales (+17 %) et sexuelles (+11 %). Les hausses s’observent dans la continuité de celles observées avant la crise sanitaire pour les homicides, les coups et blessures volontaires, les vols de véhicules et les escroqueries enregistrés par la police et la gendarmerie.
Une lecture plus profonde des chiffres démontre que des pans entiers du territoire sont passés hors du contrôle de l’État.
Personne ne peut oublier la volonté délibérée du gouvernement de masquer les chiffres et les faits. Le ministère de l’Intérieur ne produit plus de chiffres globaux depuis 2016. En supprimant l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales, le gouvernement a scindé les résultats en deux. Ce ne sont que des échantillons focalisés sur certains crimes et délits, triés sur le volet, qui sont communiqués aux Français. Chacun pourra interpréter ces chiffres et leur faire dire ce que l’on a envie de dire.
Il faut aussi regarder ce que ces chiffres ne disent pas. Plusieurs questions relevant du ministère de l’Intérieur sont d’ores et déjà exclues. Le lien entre l’explosion de la violence et la montée de l’immigration incontrôlée y est soigneusement écarté dans la mesure où la situation administrative des auteurs de ces crimes et délits n’est pas communiquée, pas plus que la part d’auteur d’une infraction pénale faisant l’objet d’une OQTF.
Aujourd’hui, c’est l’indifférenciation de ceux qui nous dirigent qui ne manquent pas de surprendre. Une lecture plus profonde des chiffres démontre que des pans entiers du territoire sont passés hors du contrôle de l’État : les départements du Nord, de Seine-Saint-Denis, de Paris, des Bouches-du-Rhône sans oublier les Outre-mer.
Certains de ces territoires que l’on surnomme «perdus de la République» échappent à l’autorité de l’État. Or, ils sont acteurs plus que d’autres territoires de la hausse de ces chiffres. De ce constat découle la stratégie que l’État doit mettre en place pour remettre la France en ordre. Une stratégie segmentée et territorialisée, fondée sur la confiance avec les maires et les préfets. Sans oublier les actes de délinquance constatés par les 20.000 agents de police municipale qui assurent dans nombre de villes, la quasi-totalité de la police de la voie publique, en faisant payer aux Français deux fois le même service. Nous pouvons y parvenir si nous acceptons collectivement que les policiers et les gendarmes deviennent ce trait d’union entre les villes et l’État, en leur témoignant la considération de la Nation.
Nos voisins européens nous regardent et se demandent comment une grande démocratie comme la nôtre a-t-elle pu sombrer, en si peu de temps, dans le chaos.
Aux forces de l’ordre, nous leur devons respect et reconnaissance. Respect, en faisant en sorte que le fruit de leurs efforts aboutisse à la condamnation pénale des auteurs de crimes et de délits. Reconnaissance, en revalorisant les carrières des services accomplis en zones difficiles. Il y a cependant un maillon abîmé dans la chaîne pénale qui nécessite d’être réparée. Le nombre de condamnations pénales auxquelles ont débouché les infractions constatées par les forces de l’ordre doit être communiqué aux Français. Parmi ces infractions, combien d’affaires ont été réellement poursuivies par l’autorité judiciaire et combien d’auteurs de ces crimes et délits sont restés impunis ? Combien de Français ont renoncé à déposer plainte, découragés par la réponse de l’État face aux crimes et aux délits, découragés face à un service public du dépôt des plaintes surchargé ?
Preuve en est sur les chiffres, l’échec d’Emmanuel Macron à bâtir une société fondée sur la confiance avec les Français, c’est d’abord l’échec du gouvernement qui dispose de l’administration, bras armé de l’État, et qui n’a pas atteint son obligation de résultat. Nos voisins européens nous regardent et se demandent comment une grande démocratie comme la nôtre a-t-elle pu sombrer, en si peu de temps, dans le chaos. De la sécurité de tout un peuple dépend le rayonnement de la France dans le monde, notre art de vivre, notre culture et, plus généralement, la pérennité de notre civilisation.
Il faudra bien, un jour, soumettre la question politique au choix souverain des Français. Acceptons-nous de faire de la sécurité des Français une priorité nationale pour le pays ? Parce que les idées des électeurs de droite sont les mêmes. Parce que nous surmontons, avec les Français, les mêmes crises. Que nos politiques entendent les cris des citoyens et brisent les barrières du politiquement correct en se stigmatisant l’un et l’autre.