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Taxes Trump: La Chine gagnante ?

Taxes Trump: La Chine gagnante ?

Déjà préparé à l’offensive d’ampleur de Donald Trump et ayant bien intégré la brutale mutation de l’Oncle Sam, l’empire du Milieu va pouvoir montrer son vrai poids industriel, économique et géopolitique

Par David Baverez dans l’Opinion

La date du 2 avril 2025 restera dans l’histoire, au même titre que les accords de Bretton Woods de 1944 ou l’abandon de l’étalon-or en 1971. La réaction immédiate des marchés financiers a été de sanctionner plus fortement les indices américains et de pénaliser le dollar, pourtant censé jouer le rôle de monnaie-refuge dans les grandes crises. La Chine, de manière contre-intuitive, pourrait se révéler gagnante de l’offensive du Président Trump, à laquelle elle s’est déjà préparée.

D’abord, sur le plan économique : certes, Pékin va souffrir du ralentissement mécanique de ses exportations vers les Etats-Unis, mais elle va également pouvoir tester son rapport de force dans les chaînes de production mondiales, notamment par sa maîtrise croissante des produits semi-finis. Il est illusoire de la part des Etats-Unis de penser facturer 600 milliards de dollars de « tarifs » au reste du monde sans réaction de sa part. La stagflation qui nous attend en Occident, miroir de celle de la décennie 1970, va permettre à la Chine de continuer à exporter efficacement sa déflation meurtrière, quitte à en prolonger le coût pour sa propre population.

Ensuite, sur le plan géopolitique, le président Trump offre sur un plateau à Pékin le leadership mondial du « libre échange ». Loin d’isoler la rivalité systémique du capitalisme d’Etat chinois, Washington allie l’ensemble de la planète contre elle. Elle invite même le Japon, la Corée du Sud et la Chine à se rapprocher pour commercer librement !

Ce qui est en jeu est bien la redéfinition d’un « Nouvel ordre mondial », qui va passer par une période de fort chaos, à laquelle la Chine, et plus largement l’Asie, sont par tradition mieux préparées que l’Occident

Rupture. Une rupture historique s’opère en Asie du Sud-Est, où Washington troque l’apport d’une « sécurité hégémonique » pour une « insécurité hégémonique », qui va favoriser la dédollarisation accélérée des échanges intra-asiatiques. Pékin va pouvoir fédérer à son avantage l’ensemble du Sud Global, en commençant dans les instances multinationales.

Enfin, ce qui est en jeu est bien la redéfinition d’un « Nouvel ordre mondial », qui va passer par une période de fort chaos, à laquelle la Chine, et plus largement l’Asie, sont par tradition mieux préparées que l’Occident. « Le concept de traité appartient désormais à l’ancien monde », confiait récemment au Financial Times le ministre des Affaires étrangères indien Jaishankar.

En ce sens, Robert Habeck, le ministre allemand de l’Economie, a raison de déclarer que ce « Jour de la Libération » est pour l’Europe un choc comparable à celui de la guerre d’Ukraine. Le vrai sujet est celui de la guerre monétaire : celui du financement du déficit budgétaire américain de 6 % du PNB, intenable dans la durée. Les Etats-Unis sont bien décidés à imputer sa réduction au reste de la planète, y compris l’Europe, enterrant ainsi la relation atlantique. La dévaluation attendue du dollar vise à anéantir par l’inflation les quelques restes de compétitivité industrielle européenne, que la déflation chinoise achèvera par derrière.

Fin du libre-échange, fin de l’Etat de droit, fin de la relation atlantique : la Chine a déjà bien intégré la brutale mutation de l’Oncle Sam, alors que les élites européennes veulent encore croire au monde d’hier. Pourtant, la réaction initiale des marchés semble vouloir indiquer que Donald Trump, si l’Europe se ressaisissait enfin en fédérant le reste de la planète, pourrait bien finir en arroseur arrosé.

David Baverez est investisseur, installé à Hong Kong depuis 2011. Son nouvel essai, Bienvenue en économie de guerre !, est paru en mai 2024 chez Novice.

Finances: Le Bitcoin aussi dans la tourmente

Finances: Le Bitcoin aussi dans la tourmente

Le bitcoin est retombé brièvement sous la barre des 75.000 dollars lundi, emporté, comme d’autres actifs financiers, par le vent mauvais qui souffle sur les marchés. Risqués et volatils, le bitcoin et d’autres cryptomonnaies ont été boudés lundi par les investisseurs.

Si le bitcoin a décroché de plus de 8 . D’autres cryptomonnaies ont également plongé, l’ethereum baissait dévissait de 14 %, à 1560 dollars.

La fusion de « Renaissance » et du MoDem

La fusion de « Renaissance » et du MoDem


Dans le « Parisien », François Bayrou s’est dit favorable à une fusion de son parti, le MoDem, avec Renaissance, la formation fondée par Emmanuel Macron, issue de La République en marche et dirigée depuis décembre par Gabriel Attal.

« Pendant toute ma vie politique, j’ai toujours défendu l’unité du centre. La division, c’est la faiblesse. En plus, ces divisions sont de simples divisions d’appareil. Je suis pour l’unité et je crois que l’unité se fera », explique le Premier ministre. « Chacun doit être assuré que ses valeurs, son histoire, ses convictions, sa sensibilité, ses intérêts matériels et moraux seront garantis quand nous aurons construit la nouvelle et si nécessaire organisation », ajoute-t-il.

L’idée d’une fusion entre le MoDem, créé en 2007 par François Bayrou pour transformer l’UDF, et Renaissance, créé en 2016 par Emmanuel Macron dans son ascension vers le pouvoir, avait été évoquée avant d’être abandonnée, avant la réélection du chef de l’État en 2022. Alliés depuis le soutien apporté par François Bayrou à Emmanuel Macron lors de la présidentielle de 2017, les deux partis sont liés au sein d’Ensemble, mouvement découlant de l’accord pour les élections législatives, auquel ne participe plus Horizons, le parti d’Edouard Philippe, depuis la dissolution de l’Assemblée.

Des manifestations concurrentes dimanche à la participation très moyenne

Des manifestations concurrentes dimanche à la participation très moyenne

Trois manifestations concurrentes auront lieu dimanche celle du rassemblement national pour protester contre les décisions de justice qui visent pratiquement à interdire à Marine Le Pen de se présenter aux élections présidentielles de 2027. L’autre en réplique en quelque sorte, celle de l’extrême gauche notamment des Insoumis et des Ecolos précisément contre l’extrême droite. Il y aura aussi le rassemblement de » Renaissance » prévue depuis longtemps et qui va se retrouve marginalisée entre les deux extrêmes

Si ces manifestations entrent dans le cadre normal de la démocratie, leur ampleur n’a pas à la hauteur de ce qu’espèrent leurs organisateurs. On pourrait même sans doute admettre que les participations ont été relativement faibles au regard des troupes que la rue rassemble assez régulièrement en France .

Si le trouble est certain du côté de militants du rassemblement national après la décision de justice négative concernant Marine Le Pen, il en va différemment de l’opinion qui ne s’est pas trop offusquée de la décision judiciaire brutale en première instance.

De la même manière et presque par résonance, il n’est pas certain que l’opinion publique se passionne pour manifester son opposition à l’extrême droite dans la rue.

D’autres sujets viennent sans doute en priorité chez les Français comme la question du pouvoir d’achat, de la sécurité, de l’Ukraine et des retraites.

La manifestation place de la République de l’extrême gauche se veut une réplique au «meeting de soutien à Marine Le Pen» organisé par le RN à partir de 15H00 de l’autre côté de la Seine, place Vauban, derrière les Invalides.

Enfin la manifestation de  » Renaissance » vise à relancer ce parti et en particulier la candidature de Gabriel Attal aux présidentielles

Effet Trump : la baisse se poursuit sur les marchés financiers

Effet Trump : la baisse se poursuit sur les marchés financiers


La panique caractérise les marchés financiers avec des baisses importants depuis trois jours. Ce matin même à l’ouverture lundi 7 avril la bourse de Tokyo affichait une baisse de 7 % et Séoul une baisse de près de 5 %.C’est la conséquence directe des augmentations de tarifs douaniers par le président américain. Des tarifs exorbitants dont certains vont être sans doute renégociés mais cela va demander des semaines voire des mois et un attendant les vrais niveaux des taxes douanières l’inquiétude va gagner encore davantage les acteurs économiques.

Les contrats à terme sur les principaux indices de la Bourse de New York s’affichaient en nette baisse, dimanche, laissant présager d’une nouvelle chute, lundi, de Wall Street, toujours secouée par la vague de droits de douane annoncée par Donald Trump. Les cours du pétrole s’enfonçaient, eux aussi, sensiblement dans le rouge. Vers 23H05 GMT, peu après la reprise de cotation de ces contrats, à 22H00 GMT, celui portant sur le Dow Jones reculait de 3,89%, tandis que celui de l’indice élargi S&P 500 flanchait de 4,39%.

. Quant au baril de pétrole West Texas Intermediate (WTI), principale variété américaine, pour livraison en mai, échéance de référence, il lâchait 3,31% à 59,94 dollars. Il est descendu dimanche sous 60 dollars, pour la première fois depuis avril 2021.

L’or noir américain a perdu plus de 16% depuis mercredi.

Des manifestations concurrentes dimanche à la participation indécise

Des manifestations concurrentes dimanche à la participation indécise

Deux manifestations concurrentes auront lieu dimanche celle du rassemblement national pour protester contre les décisions de justice qui visent pratiquement à interdire à Marine Le Pen de se présenter aux élections présidentielles de 2027. L’autre en réplique en quelque sorte, celle de l’extrême gauche notamment des Insoumis et des Ecolos précisément contre l’extrême droite.Il y aura aussi le rassemblement de » Renaissance » prévue depuis longtemps et qui va se retrouver marginalisée entre les deux extrêmes

Si ces manifestations entrent dans le cadre normal de la démocratie- à condition d’éviter- la violence- par contre il n’est pas certain que leur ampleur soit à la hauteur de ce qu’espèrent leurs organisateurs. On pourrait même sans doute enregistrer des participations relativement faibles au regard des troupes que la rue rassemble assez régulièrement en France .

Si le trouble est certain du côté de militants du rassemblement national après la décision de justice négative concernant Marine Le Pen, il en va différemment de l’opinion qui ne s’est pas trop offusquée de la décision judiciaire brutale en première instance.

De la même manière et presque par résonance, il n’est pas certain que l’opinion publique se passionne pour manifester son opposition à l’extrême droite dans la rue.

D’autres sujets viennent sans doute en priorité chez les Français comme la question du pouvoir d’achat, de la sécurité, de l’Ukraine et des retraites.

L’échec de ces manifestations pourrait être bien plus négatif qu’espéré par les organisations qui les ont inspiré.

La manifestation place de la République de l’extrême gauche se veut une réplique au «meeting de soutien à Marine Le Pen» organisé par le RN à partir de 15H00 de l’autre côté de la Seine, place Vauban, derrière les Invalides.

Politique- Trump : vers la crise économique et la guerre

Politique- Trump : vers la crise économique et la guerre

Trump et sa bande de tarés conduisent directement le monde vers une crise économique mondiale qui pourrait apparaître dès le second semestre de cette année. En cause le ralentissement des échanges internationaux qui s’alimentent surtout les inquiétudes des acteurs économiques sur la compétitivité et l’accessibilité des produits.

La conséquence directe de l’augmentation massive des taxes douanières se traduira inévitablement par une baisse de pouvoir d’achat se répercutant sur le niveau de croissance et l’emploi. La bande de tarés du président américain semble ignorer les mécanismes complexes des processus de production aujourd’hui à dimension souvent internationale. Pour preuve l’écroulement de Tesla dans les voitures sont fabriqués en totalité ou en partie en Chine. Le consommateur américain sera la première victime de cette politique aventureuse.

Il y a aussi le danger de la reprise des logiques impérialistes avec ses folles perspectives de rattacher des territoires de force aux États-Unis. Tout cela ne pourra pas se faire dans la douceur et il y aura des conflits y compris armés dans plusieurs régions du monde visées d’autant que chinois et russes trouvent là un encouragement à leur politique d’expansion géographique et politique.

Enfin le pire danger c’est sans doute celui qui vise à détruire les fondements de la démocratie pour lui substituer des régimes autocratiques et illibéraux fondés sur des valeurs réactionnaires voire dictatoriales. De quoi encore encourager tous les dictateurs en place comme en Russie ou en Chine et ceux qu’il souhaite le devenir comme en Turquie pour piller les richesses de leur pays d’une part et réguler leur population par la terreur. Il y a des soubassements idéologiques et religieux à toutes ces folies d’une véritable bande de tarés qui par ailleurs n’oublient pas de s’en mettre plein les poches ( voir à cet égard les centaines de contrats passés par Musk) avec l’État fédéral.

Wokisme : la Belgique propose des cartes d’identité… sans mention de sexe

Wokisme : la Belgique propose des cartes d’identité… sans mention de sexe

La Belgique a décidé de permettre aux personnes se définissant comme « non-binaires » de faire disparaître la mention de leur sexe sur leur carte d’identité !

, devenant ainsi le premier pays à proposer deux sortes de document officiel. Mais cette mesure ne satisfait toujours pas les associations LGBT.

il va donc être possible de faire disparaître la mention du sexe sur les cartes d’identité des Belges qui le demandent. Le ministre précise qu’il faudra formuler une « demande expresse et formelle » pour ne pas le voir apparaître sur sa carte d’identité.

La Belgique devient ainsi le premier pays du monde à mettre en place une telle mesure !

Politique- Trump : vers la crise économique et la guerre

Politique- Trump : vers la crise économique et la guerre

Trump et sa bande de tarés conduisent directement le monde vers une crise économique mondiale qui pourrait apparaître dès le second semestre de cette année. En cause le ralentissement des échanges internationaux qui s’alimentent surtout les inquiétudes des acteurs économiques sur la compétitivité et l’accessibilité des produits.

La conséquence directe de l’augmentation massive des taxes douanières se traduira inévitablement par une baisse de pouvoir d’achat se répercutant sur le niveau de croissance et l’emploi. La bande de tarés du président américain semble ignorer les mécanismes complexes des processus de production aujourd’hui à dimension souvent internationale. Pour preuve l’écroulement de Tesla dans les voitures sont fabriqués en totalité ou en partie en Chine. Le consommateur américain sera la première victime de cette politique aventureuse.

Il y a aussi le danger de la reprise des logiques impérialistes avec ses folles perspectives de rattacher des territoires de force aux États-Unis. Tout cela ne pourra pas se faire dans la douceur et il y aura des conflits y compris armés dans plusieurs régions du monde visées d’autant que chinois et russes trouvent là un encouragement à leur politique d’expansion géographique et politique.

Enfin le pire danger c’est sans doute celui qui vise à détruire les fondements de la démocratie pour lui substituer des régimes autocratiques et illibéraux fondés sur des valeurs réactionnaires voire dictatoriales. De quoi encore encourager tous les dictateurs en place comme en Russie ou en Chine et ceux qu’il souhaite le devenir comme en Turquie pour piller les richesses de leur pays d’une part et réguler leur population par la terreur. Il y a des soubassements idéologiques et religieux à toutes ces folies d’une véritable bande de tarés qui par ailleurs n’oublient pas de s’en mettre plein les poches ( voir à cet égard les centaines de contrats passés par Musk) avec l’État fédéral.

Politique énergétique : un débat au Parlement mais après la décision du gouvernement

Politique énergétique : un débat au Parlement mais après la décision du gouvernement


Le premier ministre pratique une curieuse conception de la démocratie en particulier à propos de la politique énergétique. Ainsi le gouvernement vient-il de rendre public par décret la planification de l’énergie dans les PPE. Toutefois devant les réactions hostiles de parlementaires et notamment de ceux du rassemblement national, le premier ministre se résout à prévoir un débat au Parlement.

«Il est normal que le Parlement s’exprime sur un sujet aussi important», considère le premier ministre, qui souhaite également que l’Assemblée nationale examine une proposition de loi du Sénat sur le sujet.Tout cela alors que la programmation a été décidée et publiée dans les PPE !

Ce mercredi, François Bayrou annonce au Figaro que le gouvernement va inscrire à l’ordre du jour des assemblées un débat sur le sujet, une possibilité prévue par l’article 50-1 de la Constitution.

«Je considère qu’il est normal que le Parlement s’exprime sur un sujet aussi important», explique le chef du gouvernement. Il n’y aura en revanche pas de vote à l’issue du débat, dont la date n’est pas encore fixée.

Ce qui est en cause dans la critique, c’est la place exorbitante et surtout le coût des énergies dites alternatives alors que les moyens financiers manquent cruellement pour développer l’énergie nucléaire principal atout de l’économie française.

La perspective d’une crise de régime aux USA

La perspective d’une crise de régime aux USA

L’énergie déployée par Donald Trump et son administration pour mettre en œuvre un programme consistant, pour une large partie, à défaire profondément l’État fédéral et certaines mesures prises en contournement des lois existantes ont provoqué l’ire de plusieurs juges fédéraux et des remontrances de la Cour suprême. Si cette confrontation entre l’exécutif et le judiciaire venait à se durcir, le pays pourrait entrer dans une période extrêmement troublée, et il reviendrait peut-être à l’armée de jouer un rôle déterminant.


par Blandine Chelini-Pont
Professeur des Universités en histoire contemporaine et relations internationales, Aix-Marseille Université (AMU) dans The Conversation

Face aux recours de toutes parts et aux injonctions judiciaires que provoquent les décrets/ordres exécutifs du président des États-Unis ainsi que les multiples atteintes administratives ou de confidentialité commises par le bureau de la gestion et du budget (OMB) ou le département de l’efficacité gouvernementale (DOGE), les deux principaux outils à travers lesquels Donald Trump cherche à démanteler l’administration et une bonne partie des agences fédérales, peut-on envisager la possibilité d’une crise constitutionnelle prochaine ?

Si la Cour suprême des États-Unis désavouait le président ou les organes placés sous sa responsabilité exécutive et si ces derniers passaient outre les décisions de la Cour, en l’accablant d’opprobre, jusqu’où une telle confrontation pourrait-elle aller ?

Le moment semble se rapprocher où la Cour suprême devra se prononcer en ultime recours soit sur différentes plaintes collectives, soit sur les multiples injonctions émises par des juges fédéraux contre le gouvernement, comme elle l’a fait le 5 mars dernier, en donnant raison (en résumé) aux deux injonctions d’un juge de district du Rhode Island qui avait exigé, sans succès, la reprise des versements de fonds votés par le Congrès, provisionnés mais suspendus à l’Agence USAid.

Le 18 mars 2025, le président de la Cour suprême John Roberts Jr est intervenu, fait rarissime, pour rappeler mais sans le nommer à Donald Trump que la bonne procédure quand on voulait contester une décision judiciaire fédérale était de faire appel plutôt que de réclamer la destitution (« impeachment ») du juge, une procédure exceptionnelle.

Le gouvernement a donc fait appel, le 20 mars, de l’ordre par lequel le juge de Washington James Boasberg (nommé successivement par Bush fils et Barack Obama, puis confirmé chaque fois par le Congrès) avait suspendu l’expulsion sans vérification scrupuleuse de 200 membres présumés d’un gang vénézuélien vers une prison du Salvador, sur la base contestable d’une loi d’exception du XVIIIe siècle.

Cet ordre a été émis avant le décollage de l’appareil qui emmenait ces expulsés vers le Salvador, ce qui peut signifier qu’il a été délibérément ignoré par les autorités, même si l’administration Trump affirme que l’injonction a été portée à sa connaissance alors que l’avion volait déjà au-dessus des eaux internationales.

Trump a publiquement taxé le juge Boasberg de « dingue d’extrême gauche » et son secrétaire d’État, Marco Rubio, a reposté le message moqueur du président du Salvador Nayiub Bukele, allié de Trump ravi de l’assister dans ses procédures d’expulsion : « Oups… trop tard ! »

Si la Cour suprême reconnaissait, à l’occasion de cette affaire très symbolique, ou à l’occasion d’autres décisions à venir, que le président du pays ou des membres de son cabinet s’étaient rendus coupables d’un abus de pouvoir exécutif et/ou de la violation des lois et de la Constitution fédérale, il y a fort à parier que l’exécutif fédéral refuserait catégoriquement une telle interprétation.

Beaucoup d’observateurs s’attendaient à voir une Cour aux ordres de Trump, étant donné que les conservateurs y sont majoritaires et que trois juges particulièrement radicaux ont été nommés durant le premier mandat Trump. Mais sa décision du 5 mars et le rappel à l’ordre du juge Roberts montrent qu’elle est prête à faire front, contrairement à ce qu’on pensait.

Or, la Cour est souveraine. Depuis 1803, elle s’est attribué, avec l’arrêt Marbury v. Madison, le droit de juger de la constitutionnalité des décisions de l’exécutif, selon le texte de la Constitution, mais aussi selon ses principes et ses valeurs, lesquelles ont évolué au fil des décennies. La Cour est également garante de l’équilibre constitutionnel entre les pouvoirs, de leurs compétences respectives et de l’équilibre des compétences entre l’État fédéral et les États fédérés.

Que se passerait-il si le président des États-Unis et son entourage continuaient d’agir en ignorant délibérément les décisions défavorables à leurs actions et jetaient la Cour suprême en pâture à la vindicte populaire, en l’accusant d’aller à l’encontre des attentes du peuple souverain ?

Sous l’effet de l’indignation, un tel développement pourrait pousser inexorablement une partie de la population à se mobiliser massivement pour défendre la position d’un président qui apparaîtrait une fois de plus comme entravé dans son action par cet « État profond » qu’il ne cesse de pourfendre, tandis que l’autre partie s’alarmerait au contraire d’un basculement dans la « dictature ».

Devant la virulence des manifestants hostiles à ses projets, Donald Trump pourrait en appeler à ses partisans et aux « milices patriotes », resurgies comme un spectre de la marche sur le Capitole, le 6 janvier 2021. Il pourrait aussi chercher à utiliser les services les plus opérationnels de la police fédérale voire faire appel à la Garde nationale et à l’armée elle-même, en activant l’Insurrection Act de 1807, au nom de la protection du territoire national, enclenchant au passage la loi martiale. Les affrontements violents pourraient dégénérer dans les villes et les gouverneurs des États fédérés, selon leur bord politique, pourraient ordonner à leurs forces de sécurité de contenir l’un ou l’autre des camps.

Que ferait l’armée ?

Le pire n’est jamais sûr. Mais dans ce scénario catastrophe, la seule force institutionnelle capable de s’opposer frontalement à un tel engrenage serait paradoxalement celle qui a tous les moyens d’agir derrière le président : l’armée des États-Unis.

Cette dernière pourrait déclarer, à l’occasion même de son déploiement, qu’elle ne reconnaît plus le président comme son commandant en chef, parce qu’il outrepasse la Constitution. Toutefois, la probabilité d’une telle attitude paraît très faible, et ce, pour deux raisons.

Selon la Constitution, le président est le commandant en chef des armées. Si les généraux américains lui désobéissaient, ils seraient des factieux. Or le droit militaire en matière de felony est impitoyable.

De plus, quand dans le passé l’armée a pris parti dans un conflit constitutionnel, sa partie factieuse a directement contribué au déclenchement de la guerre civile (1861-1865) où un bon tiers des généraux et des officiers supérieurs étaient passés à la Confédération. Depuis, elle a interdiction formelle, à travers le Posse Comitatus Act de 1878, de se mêler des affaires du gouvernement civil, de la justice et des procédures judiciaires.

Cependant, le chef d’état-major interarmées (chairman of the Joint Chiefs of Staff), entouré des plus hauts gradés, pourrait décider en conscience que les corps militaires cessent d’obéir temporairement aux ordres d’un président qui se place au-dessus de la Constitution fédérale et qui ne se conforme pas aux décisions souveraines de la Cour suprême.

Déjà en juin 2020, au cours de son premier mandat, quand Trump avait avancé l’idée d’envoyer l’armée d’active pour disperser les manifestations consécutives à la mort de George Floyd, sa menace avait provoqué une levée de boucliers militaires de la part d’anciens hauts gradés, parmi lesquels deux anciens chefs d’état-major d’une des trois armées, l’amiral Michael Mullen (2007-2011) et le général Martin Dempsey (2011-2015), mais aussi James Miller, ancien sous-secrétaire à la défense chargé de la politique, le général John Allen, ancien envoyé spécial du président dans la coalition contre Daech, l’amiral James Stavridis, ancien commandant suprême des forces alliées en Europe, ou encore le général John Kelly, directeur de cabinet de la Maison Blanche de 2017 à 2019.

Le 5 juin de la même année, le Washington Post publiait une lettre de 89 anciens officiels de la défense – dont plusieurs anciens secrétaires à la défense comme Ashton Carter ou Leon Panetta – exprimant leur inquiétude face à la perspective que l’armée soit utilisée pour s’en prendre à des manifestants. Enfin, Jim Mattis, véritable légende du corps des Marines, premier secrétaire à la défense du premier mandat de Donald Trump, mais démissionnaire en décembre 2018, était sorti de son silence en juin 2020 pour condamner les divisions créées par ce dernier dans la société américaine et son instrumentalisation de l’armée.

Les dispositions du Titre 10 de l’US Code obligent les forces armées à être loyales envers la Constitution des États-Unis, pas envers le président de l’exécutif. Rappelons au passage que le président a la même obligation envers la Constitution.

De même, les forces armées sont censées obéir à des ordres légaux (vaste débat) et à refuser des ordres illégaux, une attitude qui est rappelée dans le cadre du Code of Conduct militaire. Ce document dresse la liste détaillée des situations où le corps militaire doit refuser des ordres contraires à l’éthique et au droit international des conflits armés.

L’armée peut bloquer toute tentative d’insurrection avec armes sur le territoire. Elle pourrait s’arroger de facto le pouvoir de maintien de l’ordre territorial jusqu’à ce que l’exécutif se plie aux décisions judiciaires fédérales et reconnaisse ses limites dans l’exercice de son autorité. Dans l’attente de cette résolution de crise, l’armée pourrait collaborer avec la justice des États, dans une sorte de qualified martial law, où la force armée maintient l’ordre, arrête les perturbateurs mais les remet au juge civil.

En un mot, l’armée pourrait devenir un dernier recours pour protéger les mécanismes et les rouages abîmés de la démocratie américaine, si jamais la souveraineté de l’appareil judiciaire fédéral était contestée et si le pays versait ouvertement, outre l’affrontement entre citoyens, dans l’arbitraire et la dictature larvée.

Après des calculs de coins de table, Trump la guerre économique mondiale

Après des calculs de coins de table, Trump la guerre économique mondiale


Conférence de presse surréaliste du président américain sur la forme comme sur le fond. Sur la forme car on a assisté à une nouvelle intervention du style télé réalité avec des commentaires du président du niveau de la maternelle économique et de l’humour de bistrot. Sur le fond les orientations de taxe douanière ne reposent sur aucun fondement sérieux.

Il est d’ailleurs vraisemblable que s’ils étaient appliqués intégralement ils provoqueraient assez rapidement une guerre économique mondiale dans les effets négatifs se feraient d’abord sentir aux États-Unis avec en particulier une montée de l’inflation et une détérioration du pouvoir d’achat des Américains.

Du coup dans la presse mondiale les éditorialistes se montrent même parfois ironiques.

«L’événement avait des allures de jeu télévisé», commente le quotidien britannique The Times, qui croyait voir le président américain actionner une roue de la fortune en hurlant «Inde ! Voyons voir ce que vous avez gagné ! Vingt-cinq pour cent ! Indonésie ? Ne vous inquiétez pas, vous ne rentrerez pas les mains vides. Vous aurez un peu moins.» Pour son confrère d’outre-Manche, The Guardian , «on se serait cru sur un plateau du juste prix», où la récompense serait «une guerre commerciale mondiale». Le gagnant : «Trump bien sûr». Les perdants : «Tout le monde.» Plus que comme un joueur, le président agit, selon le quotidien allemand Suddeutschezeitung «comme un artiste solo, mêlé à un autocrate».

Toute la presse internationale prévoit des jours sombres pour l’économie américaine et envisage aussi une nette détérioration de la popularité du président américain qui fait plonger le monde entier dans la crise économique générale.

Deux manifestations concurrentes dimanche à la participation indécise

Deux manifestations concurrentes dimanche à la participation indécise

Deux manifestations concurrentes auront lieu dimanche celle du rassemblement national pour protestef contre les décisions de justice qui visent pratiquement à interdire à Marine Le Pen de se présenter aux élections présidentielles de 2027. L’autre en réplique en quelque sorte, celle de l’extrême gauche notamment des Insoumis et des écolos précisément contre l’extrême droite.

Si ces manifestations entrent dans le cadre normal de la démocratie- à condition d’éviter- la violence- par contre il n’est pas certain que leur ampleur soit à la hauteur de ce qu’espèrent leurs organisateurs. On pourrait même sans doute enregistrer des participations relativement faibles au regard des troupes que la rue rassemble assez régulièrement en France .

Si le trouble est certain du côté de militants du rassemblement national après la décision de justice négative concernant Marine Le Pen, il en va différemment de l’opinion qui ne s’est pas trop offusquée de la décision judiciaire brutale en première instance.
De la même manière et presque par résonance, il n’est pas certain que l’opinion publique se passionne pour manifester son opposition à l’extrême droite dans la rue.

D’autres sujets viennent sans doute en priorité chez les Français comme la question du pouvoir d’achat, de la sécurité, de l’Ukraine et des retraites.

L’échec de ces manifestations pourrait être bien plus négatif qu’espéré par les organisations qui les ont inspiré.

La manifestation place de la République de l’extrême gauche se veut une réplique au «meeting de soutien à Marine Le Pen» organisé par le RN à partir de 15H00 de l’autre côté de la Seine, place Vauban, derrière les Invalides.

Politique énergétique : un débat au Parlement mais après la décision du gouvernement

Politique énergétique : un débat au Parlement mais après la décision du gouvernement


Le premier ministre pratique une curieuse conception de la démocratie en particulier à propos de la politique énergétique. Ainsi le gouvernement vient-il de rendre public par décret la planification de l’énergie dans les PPE. Toutefois devant les réactions hostiles de parlementaires et notamment de ceux du rassemblement national, le premier ministre se résout à prévoir un débat au Parlement.

«Il est normal que le Parlement s’exprime sur un sujet aussi important», considère le premier ministre, qui souhaite également que l’Assemblée nationale examine une proposition de loi du Sénat sur le sujet.Tout cela alors que la programmation a été décidée et publiée dans les PPE !

Ce mercredi, François Bayrou annonce au Figaro que le gouvernement va inscrire à l’ordre du jour des assemblées un débat sur le sujet, une possibilité prévue par l’article 50-1 de la Constitution.

«Je considère qu’il est normal que le Parlement s’exprime sur un sujet aussi important», explique le chef du gouvernement. Il n’y aura en revanche pas de vote à l’issue du débat, dont la date n’est pas encore fixée.

Ce qui est en cause dans la critique, c’est la place exorbitante et surtout le coût des énergies dites alternatives alors que les moyens financiers manquent cruellement pour développer l’énergie nucléaire principal atout de l’économie française.

L’hubris de Musk qui menace la démocratie

L’hubris de Musk qui menace la démocratie

L’hubris des dirigeants est souvent mis en cause quand des dysfonctionnements surviennent. Mais de quoi parle-t-on précisément ? Comment s’en prémunir individuellement, et protéger les entreprises mais aussi la démocratie ?

par Valérie Petit
Full Professor in Management, ESSCA School of Management dans The Conversation

Huit cents milliards de capitalisation boursière à Wall Street perdus et un recul de 50 % à 80 % des ventes de véhicules : c’est le bilan catastrophique de Tesla ces trois derniers mois. C’est aussi, possiblement, le chiffrage le plus précis de l’hubris d’Elon Musk depuis que ce dernier a pris ses quartiers au cœur du pouvoir politique américain. Si cet effondrement surprend les commentateurs et les investisseurs, en revanche, il n’étonne guère les chercheurs en gestion qui, depuis près de trente ans, se sont attachés à mesurer le coût de l’hubris du dirigeant pour son entreprise.

C’est en 1986 que Richard Roll, professeur de finance à Caltech, au cœur de la Silicon Valley, publie les premiers travaux sur l’hubris du dirigeant. À l’époque, il tente d’expliquer pourquoi certains CEO paient trop cher certaines acquisitions. Après avoir épuisé toutes les explications habituelles, il finit par conclure qu’une partie du surcoût peut être imputée à l’égo du dirigeant et à la perte, par celui-ci, du sens de la mesure : c’est ce que Roll nomme l’hypothèse d’hubris. À sa suite, de nombreux travaux en gestion souligneront l’impact négatif de l’hubris du dirigeant sur les choix stratégiques et la performance financière de leurs entreprises. Dans les années 2000, la révélation de scandales tels qu’Enron, Lehman Brothers ou encore Vivendi Universal, donnant à voir la combinaison dramatique de l’égo, de la mauvaise gestion voire de la corruption placera définitivement le risque d’hubris du dirigeant à l’agenda des scientifiques et des parties prenantes. Mais comment mesurer et prévenir ce risque ?

La chose est compliquée, car il faut d’abord définir ce qu’est l’hubris ; or, le terme fait moins référence à un concept qu’à un ensemble de mythes mettant en scène l’arrogance et l’insolence funestes de l’homme face aux dieux. On pense au mythe d’Icare qui, méprisant les conseils de son père, vole trop près du soleil pour finir dans la mer, mais aussi à celui de Phaéton, qui, tenant à conduire le char du dieu Soleil à la place de son père Apollon, met le feu aux nuages.

Dans l’Antiquité, l’hubris est considérée comme un crime. Pour Platon : « Quand déraisonnablement, un désir nous entraîne vers les plaisirs et nous gouverne, ce gouvernement reçoit le nom d’hybris ». Et Aristote de préciser le plaisir qu’y trouve celui qui en souffre :

« La cause du plaisir ainsi ressenti par l’individu faisant preuve d’hybris est qu’il se considère lui-même très supérieur aux autres lorsqu’il les maltraite. »

À Rome, Suétone brosse le portrait des 12 césars, ces hommes qui disposent d’un pouvoir tellement grand que leur psyché s’en trouve altérée. L’histoire retiendra plutôt la folie de Néron que la modération de Marc Aurèle. Deux mille ans plus tard, les historiens parleront de « césarite », la maladie des césars, pour désigner cette maladie du pouvoir absolu, souvent résumée par la phrase de Lord Acton : « Le pouvoir corrompt, et le pouvoir absolu corrompt absolument. » L’idée que le pouvoir rend fou s’ancre définitivement dans la croyance populaire.

Mais comment scientifiquement mesurer cela ? Et surtout comment distinguer dans cette « folie » ce qui appartient à l’individu en propre (par exemple, un trouble de la personnalité narcissique) et ce qui relève des effets du pouvoir auquel il est exposé ?

Les premières tentatives de mesure de l’hubris du dirigeant peuvent prêter à sourire : occurrence du pronom « je » dans les discours du dirigeant, taille de sa photo dans le rapport annuel… les chercheurs mobilisent des mesures très approximatives. Par ailleurs, la clarté conceptuelle n’est pas toujours au rendez-vous : sous le label « hubris » se retrouvent des notions pourtant distinctes telles que le narcissisme (un trouble de la personnalité), la surconfiance (un biais cognitif) ou l’orgueil (un vice). En 2009, la recherche connaît un tournant. Lord David Owen, médecin psychiatre et ancien ministre des affaires étrangères britannique, propose un tableau clinique du syndrome d’hubris, regroupant 14 items diagnostiques. Parmi ceux-ci, on retrouve :

des aspects du narcissisme (il affiche une confiance excessive dans son propre jugement et le mépris pour les conseils ou les critiques des autres),

de l’asocialité (il perd le contact avec la réalité, souvent associée à une isolation progressive),

de l’histrionisme (quand les choses tournent mal, il continue d’afficher une grande confiance en soi et ignore les « détails » ou « l’intendance » qui ne suit pas),

enrichie de quelques items originaux (il utilise le « nous » en lieu et place du « je », il se croit le seul qualifié éternellement pour son poste).

En 2012, nous avons transposé ce tableau au contexte de la direction d’entreprise et de l’hubris du dirigeant en décrivant les comportements d’hubris des dirigeants à trois niveaux :

le rapport à soi (style communicationnel théâtral et égocentré, décisions stratégiques hasardeuses, stratégie irréaliste et ambition démesurée, enracinement au pouvoir et incapacité à transmettre le pouvoir),

le rapport aux autres (management destructeur incluant agression, harcèlement, menace, intimidation, refus de toute critique, absence d’empathie pour les salariés)

et le rapport au monde (manquement à l’éthique, contestation de l’autorité de la loi, du marché, de la justice, refus de prendre la responsabilité).

Comment contenir l’hubris ?

Ces travaux recensaient les principaux symptômes de l’hubris (en termes de comportements). Restait la question que tout le monde se pose : quelle est l’origine de cette maladie du pouvoir ? Pourquoi certains leaders tombent-ils malades et d’autres pas ? Comment éviter la contagion et surtout quels gestes barrières mettre en place pour prévenir les ravages individuels, économiques et politiques de l’hubris des leaders ?

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Récemment, nous avons commencé à formuler des hypothèses radicalement nouvelles sur ce qu’est réellement l’hubris, cette maladie du pouvoir. Pour ce faire, partant de la citation de Lord John Acton (« Le pouvoir corrompt, et le pouvoir absolu corrompt absolument »), nous nous sommes concentrés non pas sur les comportements associés à l’hubris (les symptômes), mais sur la nature même de l’intoxication par le pouvoir de la psyché et des comportements du dirigeant (la maladie). Qu’est-ce qui dans le pouvoir nous corrompt ?

Le pouvoir, une maladie ?

Notre hypothèse s’appuie y compris sur l’expérience politique de l’auteure qui, lors d’un mandat parlementaire de 5 ans, a pu observer et ressentir les effets du pouvoir sur la psyché des leaders. Partant de ce récit auto-ethnographique, nos travaux récents formulent plusieurs propositions pour mieux comprendre et prévenir le risque d’hubris.

Premièrement, l’hubris est bien un syndrome (comme le burn-out), lié aux conditions de travail particulières (l’exercice du pouvoir), qui débute et qui cesse avec l’exposition du dirigeant au pouvoir. En conséquence, la meilleure solution pour prévenir et guérir l’hubris est d’éloigner le dirigeant du pouvoir ou de disperser, encadrer ou partager celui-ci.

Deuxièmement, l’hubris n’est pas la combinaison d’autres troubles (narcissique, asocial, paranoïaque, histrionique, schizotypique), de traits psychologiques (égocentrisme, manque d’empathie, surconfiance) ou encore de comportements dysfonctionnels (violence, agressivité, théâtralité, harcèlement), mais l’intoxication de ceux-ci par le pouvoir. Ainsi, un dirigeant narcissique pourra dire : « Je suis le plus génial entrepreneur que la tech a jamais connu. » S’il souffre d’hubris, il dira plutôt : « Mon entreprise est la meilleure car j’en suis le dirigeant ; sans moi aux manettes, elle n’est rien. »

L’intoxication par le pouvoir résulte d’une relation dysfonctionnelle du leader au pouvoir : lui et le pouvoir ne font plus qu’un, ils fusionnent. Mais là où, par arrogance, le dirigeant croit posséder le pouvoir, c’est en réalité celui-ci qui le possède, faisant de lui son agent, sa créature entièrement dédiée à son culte qu’il confond avec le culte de lui-même. Celui qui prend alors volontiers des postures de dominant dans ses relations avec autrui et le monde vit en réalité, au plus profond de lui, une soumission et une aliénation complète au pouvoir. En conséquence, on ne luttera pas contre l’hubris en se focalisant sur la personnalité ou les comportements du dirigeant, mais en questionnant sa relation (et la nôtre) avec le pouvoir et sa nature addictive et aliénante.

Troisièmement, pour expliquer l’emprise du pouvoir sur l’individu, il faut comprendre la nature particulière de ses effets corrupteurs. Nous faisons l’hypothèse que la relation du dirigeant au pouvoir relève de la sacralisation, et que la nature de sa relation intime avec celui-ci peut être qualifiée de numineuse. Pris dans les filets du pouvoir, sidérée et émotionnellement débordé, le dirigeant est tel un mystique. Ainsi, dans cet univers soi-disant profane de l’entreprise, le sacré et l’irrationnel ressurgissent dans la relation intime, souvent tue, du dirigeant au pouvoir. Continuer à ignorer l’importance de la relation au pouvoir ou en refouler la dimension irrationnelle et spirituelle est l’un des facteurs les plus évidents du risque d’hubris.

Peut-on guérir de l’hubris ?
Alors que faire pour éviter aux dirigeants et aux entreprises de succomber à l’hubris ?
Une voie individuelle consisterait pour le dirigeant à méditer chaque jour sur le pouvoir et sa relation, sa place, ses effets. C’est ce que fit l’empereur Marc-Aurèle dans ses méditations et qui lui permit d’échapper à la césarite

Une voie institutionnelle consisterait à renforcer les mécanismes de gouvernance d’entreprise favorisant le turnover et le partage des fonctions au sommet des entreprises.

Une voie collective enfin questionnerait notre responsabilité dans cette culture idolâtre du pouvoir qui rend possible la sacralisation et, in fine, l’intoxication par le pouvoir. Ceci supposerait notamment d’en finir avec le mythe du charisme (il nous faut un individu exceptionnel, hors norme, quitte à hériter d’un hors la loi), le mythe de l’incarnation nécessaire (il est l’âme/l’incarnation de l’entreprise, vous comprenez) ou encore l’essentialisation de la direction (les dirigeants, vous savez, ils sont différents, plus agressifs, narcissiques, il faut faire avec).

Ajoutés à une saine obsession de la dispersion du pouvoir, ces quelques gestes barrières contre une culture toxique du pouvoir sont plus que jamais nécessaires face à ce nouveau risque systémique pour les entreprises et les démocraties.

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