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Ne pas plomber la compétitivité de l’ industrie avec une énergie trop chère

Ne pas plomber la compétitivité de l’ industrie avec une énergie trop chère 

Nicolas de Warren, président de l’Uniden, attire la tension sur le fait qu »une énergie trop chère risque de se traduire par des fermetures de sites productifs (Interview dans l’Opinion)

 

 

L’Uniden est une association qui représente 55 industriels gros consommateurs d’énergie. Installés sur quelque 300 sites en France, ces « énergivores » sont présents dans tous les secteurs de l’économie, des métaux à la chimie, en passant par les transports, le ciment, le raffinage, le verre, le papier, l’agroalimentaire… Les membres de l’Uniden pèsent 70 % de la consommation de gaz et d’électricité de toute l’industrie française, soit environ 70 térawattheures d’électricité et 75 térawattheures de gaz.

Les industriels que vous représentez ont-ils déjà vécu une crise énergétique de cette ampleur ?

Non jamais, y compris lors des grandes crises pétrolières, lorsque l’industrie était très dépendante du fioul. Aujourd’hui, la grande industrie ne consomme plus ni fioul, ni charbon : toutes nos chaudières et nos fours sont à gaz. Son prix a quintuplé depuis janvier, entraînant celui de l’électricité. C’est un mouvement d’une violence inédite. Il faut ajouter à cela l’explosion du prix des quotas de CO2 en Europe. Il a triplé cette année, passant d’environ 20-22 euros à 65 euros la tonne récemment. Il ne baissera pas pour les raisons politiques et de transition énergétique que l’on connaît. Le système ETS tel qu’il fonctionne oblige les producteurs d’énergie à acheter des quotas d’émission de CO2 aux enchères sur le marché, en fonction de la quantité de charbon ou de mètres cubes de gaz qu’ils brûlent dans une centrale thermique. Or, ces producteurs transfèrent la totalité de ce surcoût à leurs clients, c’est-à-dire aux industriels. L’industrie consomme énormément de chaleur, indispensable dans beaucoup de procédés. Et cette chaleur est essentiellement produite à partir de gaz.

Vous n’avez pas obtenu de solutions à court terme lors de la réunion qui s’est tenue à Bercy mardi…

Beaucoup d’options ont été mises sur la table. Ces grands sites industriels bénéficient déjà d’une fiscalité et de tarifs de transports réduits, il y a peu de marges de manœuvre sur ce point. En revanche, il y en a sur le dispositif de la compensation carbone : on devrait avoir des réponses dans le budget 2022, mais cela ne touche que 20 % des sites concernés. A court terme, nous demandons que la France porte, lors de la réunion européenne d’urgence du 26 octobre sur les prix de l’énergie, un package communautaire comme cela a été le cas pour les particuliers. Bruxelles a validé des dispositifs d’aide à leur intention, il faut faire autant pour les entreprises. L’arrêt d’unités de production que l’on constate déjà dans certaines industries, va entraîner des pertes de parts de marché au profit de concurrents extra-européens. Or, on sait d’expérience que les effets de cliquet font qu’il est très difficile de récupérer le terrain perdu.

« Aujourd’hui, 40 % des usines d’ammoniac en Europe sont à l’arrêt. Les problèmes sont en train de gagner la filière métal »

Quelle est la position des fournisseurs dans ce dossier ?

Nous comptons beaucoup sur les travaux du groupe de travail avec les grands fournisseurs (EDF, Engie), annoncé mardi. Il doit proposer des pistes d’ici à six mois visant à (re)construire le système des contrats à long terme. Nous souhaitons que ce groupe soit piloté par une personnalité neutre, un grand industriel fraîchement retraité par exemple. Notre industrie s’est construite depuis quarante ans en se reposant sur des contrats de fourniture d’électricité à dix ou quinze ans qui lui permettaient d’avoir accès au coût du nucléaire historique. Déconnectés des prix du marché, ils offraient prévisibilité et stabilité, et ils ont permis de construire les sites de Dunkerque ou de Fos-sur-Mer dans la chimie. Nous demandons depuis des années que ces contrats échus soient renégociés avec EDF, qui défend évidemment ses intérêts. Attention à ne pas tuer notre industrie avec une énergie trop chère !

Faut-il, comme le demande Bruno Le Maire, revoir le mécanisme de fixation du prix de l’énergie en Europe ?

Bruno Le Maire a raison de pointer un problème structurel et systémique. Mais organiser une nouvelle forme de marché relève d’une réflexion fondamentale, c’est un sujet de long terme. Le mode actuel de formation des prix résulte non pas d’une loi politique, mais d’une loi économique qui a été théorisée par Marcel Boiteux, grand économiste et l’un des pères du nucléaire français. C’est la théorie du coût marginal. C’est une chance, il existe un marché européen de l’électricité grâce au développement des interconnexions. Les prix sur le marché de gros sont rigoureusement les mêmes entre la France, l’Allemagne, le Benelux et l’Autriche, on parle de « plaque centre-ouest Europe ». Il existe une plaque ibérique, une plaque balkanique, une plaque nordique, qui fonctionne essentiellement à base d’hydroélectricité… Mais la spécificité du marché de l’électricité, c’est que vous ne pouvez pas la stocker. Ce marché ne fonctionne donc pas comme les autres, vous ne pouvez pas influer sur le niveau des prix en maniant les stocks. L’électricité est appelée en fonction de la demande, les unités de production les moins compétitives arrivent en dernier, c’est logique. Ce « merit order » fait que, de facto, ce sont les centrales au lignite et au charbon allemandes qui font aujourd’hui le prix marginal d’électricité. C’est une loi économique très difficile à contredire, sauf à revenir à des prix administrés, ce que nous ne voulons absolument pas.

Dans quelle mesure l’industrie est-elle impactée par la flambée des prix de l’énergie ?

Il faut bien comprendre que l’énergie n’est pas simplement une force motrice. Le gaz, par exemple, est une matière première qui peut peser 40 %, voire 50 %, du coût de production d’une tonne d’ammoniac, qui est la matière première des engrais azotés. L’électricité est, quant à elle, la matière première de l’aluminium, qui est une association d’alumine et d’électricité. Autre exemple : le chlore, issu de sel et d’électricité, permet de produire du PVC. Quand le tarif de l’électricité ou du gaz est multiplié par cinq et qu’il est impossible de répercuter ces coûts, on produit à marge négative. Mieux vaut ne pas le faire. Aujourd’hui, 40 % des usines d’ammoniac en Europe sont à l’arrêt. Les problèmes sont en train de gagner la filière métal, des aciéries électriques ont cessé leur activité ou adapté leur production en travaillant uniquement de nuit pour bénéficier d’une électricité moins chère. Des électrolyses de chlore sont aussi à l’arrêt dans le sud de la France. Cela va se propager, avec des effets en chaîne car le prix du gaz ne baissera pas avant la fin de l’hiver gazier, c’est-à-dire au printemps. Et l’on a vu cette année que le printemps pouvait être très froid.

« Transformer l’ industrie automobile européenne »

« Transformer l’ industrie automobile européenne »

 

Le cabinet Deloitte vient de publier une note où il recommande aux Etats et à l’Europe de redéfinir une doctrine afin de piloter la transformation de l’industrie automobile européenne. Pour Guillaume Crunelle, associé responsable du secteur automobile du cabinet d’audit, et Jean-Michel Pinto, directeur spécialisé en stratégie industrielle, le contexte de crise du coronavirus doit être une opportunité pour établir des nouvelles règles de gouvernance. Entretien. la Tribune)

 

Vous venez de publier une étude où, dans un contexte de crise et de transformation de l’industrie automobile, vous remettez au centre des enjeux le rôle de la puissance publique…

GUILLAUME CRUNELLE -  Il y a deux phénomènes qui se téléscopent: le premier, c’est un choc économique et industriel majeur induit par la crise du coronavirus; le second, c’est une transformation comportementale et technologique profonde de l’industrie automobile. C’est dans ce contexte que nous avons réfléchi aux pratiques de gouvernance qui vont être amenées à évoluer. Nous avons ainsi émis l’idée que le rapport à la mobilité était devenu majeur au point d’être élevé au rang de droit pour les citoyens. Le phénomène des Gilets Jaunes nous l’a rappelé. Il y a donc véritablement un aspect stratégique, au même titre que pour la Défense, à construire une vision d’avenir avec les pouvoirs publics sur ce que sera la mobilité de demain.

JEAN-MICHEL PINTO - Dans toutes les industries, il y a différentes phases. Dans les phases d’évolution, les États ne sont pas de bons conseillers, ils ne sont pas assez sensibles et réactifs aux microévolutions de la chaîne de valeur. Tandis que, dans les périodes de transformation, l’État peut avoir un rôle de catalyseur qui définit et structure une stratégie. Mais le rôle de l’État ne doit pas être celui qu’on imagine en France. Ici, on pense plutôt à un deus ex machina qui aide la filière à se structurer.

Selon vous, la crise du coronavirus met un point d’arrêt à cette évolution historique de globalisation et de retrait de l’État ?

GUILLAUME CRUNELLE – Il y a une séquence historique qui se clôt. Imaginer un léger retour de balancier de la localisation de la chaîne de valeur pour répondre à une problématique de résilience industrielle, n’est pas choquant. Mais il faut une vision qui doit être portée par le pouvoir public. Toute la difficulté réside dans le fait qu’on ne s’improvise pas industriel. Il faut donc trouver un bon équilibre, avec un degré de liberté suffisant pour les industriels.

JEAN-MICHEL PINTO - Il ne s’agit pas d’élever de nouvelles barrières aux frontières, mais d’établir des conditions en Europe qui favorisent l’innovation et la recherche, à la fois dans les technologies et dans les processus de production, qui sont les vrais leviers de compétitivité de demain.

Croissance Japon: l’ industrie manufacturière plonge encore

Croissance Japon: l’ industrie manufacturière plonge encore

 

C’est le huitième mois consécutif que le secteur de l’industrie japonais plonge ,victime tout autant du ralentissement chinois que de la crise interne dans laquelle s’englue le pays du faite notamment de son endettement. L’activité du secteur manufacturier au Japon s’est en effet contractée en décembre pour un huitième mois consécutif, montrent les résultats publiés lundi de l’enquête réalisée par Markit/Jibun Bank auprès des directeurs d’achats.

L’indice PMI manufacturier calculé par Markit/Jibun Bank a chuté à 48,4 en décembre en données corrigées des variations saisonnières, ce qui correspond au niveau enregistré en octobre, lorsque l’indice avait atteint un plus bas de trois ans.

Il reste pour le huitième mois d’affilée sous le seuil de 50 qui sépare contraction et expansion de l’activité. Il s’agit de la plus longue période de contraction du secteur manufacturier depuis celle de neuf mois entre juin 2012 et février 2013.

D’après les résultats de l’enquête, les nouvelles commandes et la production industrielle dans leur ensemble ont ralenti pour un 12e mois de rang.




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