L’euro surévalué de presque 12%
Deux raisons expliquent le succès des emprunts obligataires européens, d’une part la surévaluation de l’euro, d’autre part le refus de la BCE de s’engager dans la guerre des monnaies. Le désormais célèbre «Big Mac Index», que publie deux fois par an The Economist depuis 1986, arrive à point nommé. Il tombe au moment où la «guerre des changes» redouble d’intensité. Alors que le yen a perdu près de 20% de sa valeur face au dollar, l’euro bat de nouveau record à 1,37 dollar, son plus haut niveau depuis mi-2011. L’indicateur Big Mac, qui compare le prix d’un hamburger dans différents pays, rapporté au dollar révèle une surévaluation de l’euro de 11,7% en début d’année. À l’inverse le yuan est sous-évalué de 41% face au billet vert. Pour analyser les déséquilibres entre les devises, l’hebdomadaire britannique utilise la notion de parité de pouvoir d’achat (PPA), qui compare le prix d’un même panier de biens et services, dans différents pays. The Economist prend comme référence, un Big Mac, produit de grande consommation, dont le coût de production, calculé au plus juste partout dans le monde par Mac Donald, facilite la comparaison. Seule limite à l’exercice: le coût du travail local n’est pas pris en compte, alors qu’il peut expliquer la différence de prix entre un Big Mac vendu à Shanghaï (2,57 dollars) et à New York (4,37 dollars). Le prix moyen du Big Mac dans la zone euro est à 3,59 euros, ou 4,88 dollars, soit 11,7 % plus cher qu’aux États-Unis. Un prix qui ne cesse de monter depuis juin 2011. Si l’on suit la logique du Big Mac Index, la «juste valeur» de l’euro serait de 1,20 dollar, le cours de change qui égaliserait le prix du hamburger de part et d’autre de l’Atlantique. L’euro n’est pas la seule monnaie surévaluée. Dix devises sont trop chères, d’après le Big Mac Index, qui passe au crible 148 pays. Le pire étant le peso vénézuélien surévalué de 107,9 face au dollar, en raison d’une très forte inflation. Viennent ensuite les devises de trois petits États européens: les couronnes norvégiennes et suédoises ainsi que le franc suisse, devenus des valeurs refuges face à la crise en zone euro. Au Brésil, au premier rang des pays émergents dénonçant la guerre des changes – visant en premier les États-Unis et la politique de la Réserve fédérale américaine – le real est surévalué de 29,2% vis-à-vis du dollar. Le dollar canadien apparaît aussi surévalué de 21% face au dollar, en raison d’une politique monétaire plus stricte qu’aux États-Unis. Parmi les monnaies les plus sous-évaluées, figure bien sûr le yuan, mais aussi le yen, le rouble, le rand sud-africain. La palme de la sous-évaluation revient à la roupie indienne (-61,8%). La livre sterling, en revanche, est presque à sa juste valeur face au billet vert. Le Big Mac Index juge la monnaie de Sa Majesté sous-évaluée de 2,7%.