Archive pour le Tag 'l’avenir'

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L’avenir de l’Afrique dépend de l’investissement dans la jeunesse

L’avenir de l’Afrique dépend de l’investissement dans la jeunesse 

Pour l’économiste Hippolyte Fofack, « faire de la population un atout est la voie la plus efficace » pour placer les pays « sur une longue trajectoire de croissance ».

 

Des propos relativement évidents mais un peu intemporels et surtout qui ne sont guère éclairants quant aux perspectives de développement.Il ne suffit pas de constater que la jeunesse peut être un atout, il faut aussi décrire les conditions économiques, techniques voire politiques et sociétales permettant à cette jeunesse de participer au développement. Là comme ailleurs l’incantation ne suffit pas.NDLR

 

Tribune dans le Monde .

 Depuis plusieurs années, les débats sur les enjeux de développement en Afrique sont obscurcis par l’emphase sur le contrôle des naissances et la réduction des taux de fécondité. Les projections des Nations unies qui suggèrent que la population africaine doublera d’ici à 2050 sont devenues un cliché, alors même que les niveaux de fécondité sur le continent sont en baisse : ils ont déjà chuté de plus de 36 % depuis 1970 et le taux moyen de fécondité devrait passer de 4,2 naissances par femme à 2,1 plus tard dans le siècle.

Il est tout aussi troublant que des experts s’empressent d’utiliser de tels clichés pour décrire une région encore ébranlée par les effets de plusieurs siècles d’esclavage et de colonisation qui ont décimé sa population. Selon les estimations les plus récentes, l’Afrique a la plus faible densité de population au monde, avec 46 habitants/km2, contre 150 en Asie et 112 en Europe.

Dans le même temps, de nombreux pays européens mettent en œuvre des politiques de promotion des naissances, à coups d’incitations financières, inspirées par le modèle conçu par le Prix Nobel d’économie Gary Becker. Selon ce modèle, la volonté des parents d’avoir des enfants « dépend du coût d’un enfant supplémentaire ».

Des risques et des opportunités

En 2021, l’Africa Progress Group, présidé par Olusegun Obasanjo, ancien chef d’Etat du Nigeria, a publié son rapport annuel, intitulé « Faire de la population africaine un atout ». L’étude est une contribution bienvenue aux discussions sur la relation entre la démographie et le développement en Afrique. En matière de croissance économique, elle souligne que l’incapacité d’investir durablement dans la jeunesse africaine et de la former pour relever les principaux défis du développement, de la santé, de la sécurité, du commerce et des infrastructures se révèle très coûteuse.

Par exemple, au lieu d’utiliser des programmes de grands travaux publics pour élargir les opportunités d’emploi pour les jeunes sur un continent où les taux de chômage sont au niveau de ceux enregistrés pendant la Grande Dépression dans les années 1930, les gouvernements africains s’appuient depuis des décennies sur des partenaires internationaux pour construire des infrastructures. L’une des conséquences de cette politique a été l’affaiblissement du processus d’apprentissage par la pratique, qui à la fois marginalise les jeunes Africains et exacerbe les risques de piège de la dette associés aux modèles de croissance extravertis.

 

COP26 : L’avenir dépend de la santé de l’océan

COP26 : L’avenir dépend de la santé de l’océan 

 

Connectant les écosystèmes marins et reliant les populations, l’océan n’occupe pas la place qu’il mérite dans les négociations sur le climat, regrette, dans une tribune au « Monde », un collectif de scientifiques, alors que trente-sept organismes de recherche du monde entier se mobilisent en amont de la COP26 et du One Ocean Summit. ( extrait)

 

Tribune. Il couvre 70 % de la surface du globe et joue un rôle crucial dans la réponse au changement global. Pourtant, l’océan n’occupe pas, en proportion, la place qu’il mérite dans les négociations sur le climat. Une vague de scientifiques du monde entier se lève aujourd’hui, après le lancement de la COP26, pour rappeler l’influence prépondérante de l’océan sur la régulation du climat et l’urgence de prendre soin de ce grand bien commun de l’humanité dont notre avenir dépend.

Par le prisme de la science, notre regard a changé. De la côte au grand large, de la surface aux abysses, d’un pôle à l’autre, les chercheurs ont compris qu’il fonctionne comme une entité unique qui vit, respire, évolue et souffre en interdépendance avec les actions humaines. On ne parle plus d’ailleurs des océans mais bien de l’océan au singulier, comme un tout qui connecte les écosystèmes marins et relie les populations du monde par-delà les frontières.

Ce n’est pas un abus de langage que de dire que la vie de chaque être humain dépend de l’océan. Il nous nourrit, nous transporte, nous fournit de l’énergie tout autant qu’il nous émerveille. Pourtant, les menaces que le changement climatique fait peser sur lui restent souvent négligées alors que la dégradation rapide des écosystèmes marins provoque des atteintes majeures à la biodiversité et compromet la sécurité de 40 % de la population mondiale.

Jusqu’à présent l’océan a contribué à amortir la violence du choc en absorbant 93 % de l’excès de chaleur induit par les activités humaines depuis le début de l’ère industrielle. Mais combien de temps encore ce puissant régulateur de la température de notre planète pourra-t-il éponger nos abus ?

Toute cette chaleur emmagasinée n’est pas sans conséquence pour l’océan lui-même et pour nos sociétés. En se réchauffant, il « gonfle ». Ce phénomène de dilatation thermique est responsable de 40 % de l’élévation du niveau de la mer. L’autre part étant à attribuer à la fonte des glaces, toujours en lien avec le changement climatique. Le dernier rapport du GIEC alerte d’ailleurs sur l’accélération du rythme de leur fonte : d’après ses prévisions, la mer pourrait gagner 1 mètre, voire plus, d’ici 2100. Selon les experts, la fonte des calottes glaciaires constitue un « point de rupture » qui pourrait avoir des conséquences dévastatrices et irréversibles pour la planète et l’humanité.

Le climat pourrait aussi être affecté par la perte de puissance récemment observée d’un des plus grands courants océaniques, la Circulation méridienne de retournement atlantique – l’AMOC –, qui transporte de gigantesques masses d’eau entre les deux hémisphères. L’excès de chaleur n’est pas le seul fléau à craindre. L’océan est aujourd’hui 30 % plus acide qu’il y a deux cent cinquante ans. Cette fois encore, nos émissions croissantes en dioxyde de carbone (CO2) en sont responsables. L’océan absorbe en effet 30 % du CO2 généré par les activités humaines. Son acidification a des conséquences dramatiques pour toutes les espèces qui fabriquent des coquilles ou des squelettes en carbonate de calcium comme les coraux, les foraminifères, certaines espèces de planctons, les huîtres et les moules.

I

Technologie nucléaire : l’avenir via la fusion ?

 

 

Technologie nucléaire : l’avenir via la fusion ?

 

 

Récemment les États-Unis ont réalisé des expérimentations significatives en matière de fusion. Une technologie sur laquelle on fonde beaucoup d’espérance car elle ne produit pratiquement pas de déchets. La France est dans une phase d’expérimentation pour un réacteur à fusion dans le cadre du projet international ITER, la Chine a déjà mis au point un réacteur à fusion . Les réacteurs en service actuellement sont à fission nucléaire et ont surtout le désavantage de générer des déchets très toxiques. La fusion nucléaire est considérée par ses défenseurs comme l’énergie de demain car elle est infinie, tout comme celle du soleil, et ne produit ni déchets ni gaz à effet de serre.

La Chine dispose à cet effet d’un réacteur Tokamak HL-2M, le plus performant du pays, dans la province du Sichuan (sud-ouest). Il s’agit d’une chambre de confinement magnétique qui génère une chaleur phénoménale dans le but de fondre des noyaux atomiques.

Ce tokamak est surnommé « soleil artificiel » en raison de la température qui peut y dépasser les 150 millions de degrés, selon Chine nouvelle – soit dix fois la chaleur produite au cœur même du soleil.

La France a lancé en juillet à Saint-Paul-lès-Durance (Bouches-du-Rhône) l’assemblage d’un gigantesque réacteur à fusion dans le cadre du projet Iter. Il vise les 150 millions de degrés mais les premiers tests ne sont pas attendus avant 2025.

L’assemblage du réacteur expérimental ITER, dont l’ambition est d’apprendre à maîtriser la fusion nucléaire, a débuté mardi 28 juillet dans le sud de la France. Mais les connaissances scientifiques en la matière progressent trop lentement au vu de l’urgence climatique.

Le projet a débuté en 2006, avec la signature d’un accord international réunissant 35 pays, dont les membres de l’Union Européenne (avec, à l’époque, le Royaume-Uni), la Suisse, l’Inde, le Japon, la Corée du Sud et les États-Unis. Depuis environ 15 ans, le site ITER (réacteur thermonucléaire expérimental international) s’édifie lentement dans le sud de la France, à Cadarache, dans les Bouches-du-Rhône.
Après plusieurs contretemps, sa construction  a franchi ce mardi 28 juillet une étape symbolique : le lancement de l’assemblage du réacteur, qui devrait encore durer près de cinq ans. Un événement salué par Emmanuel Macron, en visioconférence, ainsi que par les dirigeants de sept des États partenaires du projet.
“Avec la fusion, le nucléaire peut être une promesse d’avenir”, en offrant “une énergie non polluante, décarbonée, sûre et pratiquement sans déchets”d’ici à 2050”.
Théoriquement, la fusion nucléaire permet effectivement d’accéder à une source d’énergie décarbonée, aux déchets radioactifs peu nombreux et à courte durée de vie. Une technologie bien plus propre que la fission nucléaire employée dans les centrales actuelles, et quasiment infinie : la fusion ne nécessite en effet pas d’uranium, minerai dont les réserves tendent à s’épuiser. Elle reproduit, à peu de choses près, les réactions observées au cœur des étoiles, d’où l’expression “mettre le soleil en boîte” pour décrire son mode de fonctionnement.

La fusion est largement plus complexe que la fission nucléaire et les expérimentations nécessitent la construction de tokamaks de plus en plus grands et performants. En effet, chaque changement d’échelle provoque l’apparition de nouveaux phénomènes, qu’il faut apprendre à maîtriser. D’où la naissance d’ITER, tokamak encore plus vaste que Jet et qui aura lui même un successeur.

Hydrogène, l’avenir ?

Hydrogène, l’avenir ?

 

 

Douze pays, dont la France, ont élaboré une « stratégie nationale » pour l’hydrogène et une vingtaine d’autres préparent la leur. Mais pour le substituer aux énergies fossiles avant 2050 dans l’industrie lourde et les transports, le temps presse, observe Jean-Michel Bezat, journaliste au « Monde », dans sa chronique.

A peine les présentations faites, Marco Alvera ouvre son livre fraîchement publié (The Hydrogen Revolution, Hodder Studio, non traduit) et vous renvoie à la page 229. Son visage s’éclaire : un tableau montre qu’en 2030, le coût du kilogramme d’hydrogène « vert » produit par électrolyse de l’eau tombera à 2 dollars (1,72 euro) si le prix des énergies renouvelables et des électrolyseurs servant à le produire baisse encore. Et à 1 dollar quand il le sera à très grande échelle. Aujourd’hui, le H2 est « noir » ou « gris » puisqu’il est produit en brûlant du charbon ou du gaz, et non compétitif avec d’autres sources d’énergie. Mais il valait 25 dollars le kilo il y a dix ans. Alors…

A-t-on enfin conquis le Graal de l’énergie, cette ressource inépuisable et décarbonée qui sauvera la planète ? Patron de SNAM, le géant italien des infrastructures gazières, M. Alvera veut y croire. S’il n’use pas des accents de gourou pour prophétiser l’avènement d’une « économie hydrogène » bouleversant notre civilisation occidentale, comme l’Américain Jeremy Rifkin, il assure qu’on est à l’aube d’un développement mondial. Il n’a pas oublié sa lecture, à l’adolescence, de L’Ile mystérieuse de Jules Verne (1874), cité dans son ouvrage : « Oui, mes amis, s’enflamme le savant Cyrus Smith, je crois que l’eau sera un jour utilisée comme combustible, que l’hydrogène et l’oxygène qui la constituent fourniront une source de lumière et de chaleur inépuisables et d’une intensité que la houille ne saurait avoir. »

Une si longue attente ! Le réchauffement climatique a accéléré la réflexion sur le meilleur « mix » énergétique sans CO2. L’hydrogène y aura une place importante. Dans la perspective d’une économie neutre en carbone au milieu du siècle, les experts s’accordent peu ou prou sur le dosage : la part de l’électricité passera de 20 % à 50 % ou 60 % ; les activités plus difficiles à électrifier, comme les industries lourdes et le transport de masse, devront recourir aux énergies fossiles avec captage-stockage du CO2. Et à l’hydrogène « vert », qui pourrait représenter 10 % de la demande globale.

Enthousiasme de néophyte

En quelques années, la situation a changé du tout au tout. Douze pays, dont la France, ont élaboré une « stratégie nationale » pour l’hydrogène et une vingtaine d’autres préparent la leur. Bruxelles a inscrit son développement dans les « projets importants d’intérêt européen commun », comme les batteries.

Des gigafactories d’électrolyseurs émergent sur plusieurs continents, les géants du pétrole et du gaz veulent en produire, l’Australie et le Chili se préparent à devenir exportateurs. Au total, 359 grands projets sont développés ou annoncés pour un investissement de 500 milliards de dollars (431 milliards d’euros), avec une avance de l’Europe, indique l’Hydrogen Council regroupant industriels et financiers

Véhicules électriques: L’avenir passe par les batteries solides

Véhicules électriques: L’avenir passe par les batteries solides 

Ce que suggère William Boston dans un article du Wall Street Journal

Selon les dirigeants et les analystes du secteur automobile, la forme solide pourrait permettre de réduire les temps de charge et de rendre les batteries plus sûres en éliminant la solution électrolyte inflammable utilisée dans la technologie lithium-ion.

Cependant, cette nouvelle solution reste coûteuse et relativement peu éprouvée dans des situations réelles, un obstacle qui devrait prendre des années à être surmonté avant de la commercialiser pour le grand public.

Toyota poursuit le développement, en interne, des cellules de batteries solides. Au début du mois, le constructeur japonais a annoncé avoir encore besoin de temps pour implanter cette technologie dans des voitures entièrement électriques, mais il a affirmé vouloir commencer par utiliser des batteries solides de plus petites tailles dans des véhicules hybrides.

D’autres grands constructeurs automobiles, tels que Volkswagen, Ford et BMW, ont investi dans des start-up spécialisées dans les batteries solides afin de les aider à perfectionner cette technologie et à la rendre opérationnelle pour la production de masse. L’un des problèmes majeurs rencontrés avec les batteries lithium-ion est lié au fait que plus la densité d’énergie augmente, plus le risque d’incendie grandit

Selon le cabinet de conseil AlixPartners, environ 2 milliards de dollars ont été, jusqu’à présent, investis de la part des constructeurs automobiles et de financiers dans des start-up en pointe dans ce domaine. La moitié de cette somme a été perçue par QuantumScape, qui compte Bill Gates et Volkswagen parmi ses investisseurs.

La recherche sur les batteries solides reste un projet qui s’inscrit dans le long terme. M. Loehr indique que leur production en masse pourrait ne pas intervenir avant presque dix ans, mais les constructeurs automobiles investissent dès maintenant pour acquérir une expertise et adapter leurs processus de fabrication, ajoute-t-il.

 

Les progrès réalisés dans les batteries lithium-ion au cours des années 1980 et 1990 ont débouché sur la création de Tesla, le premier constructeur de voitures électriques à connaître le succès commercial. Ces batteries, qui utilisent un électrolyte liquide, ont aujourd’hui amélioré leur autonomie entre deux charges et sont nettement moins chères qu’à leurs débuts.

Mais elles présentent également des inconvénients. General Motors a récemment rappelé environ 142 000 Chevrolet Bolt électriques pour corriger un défaut de fabrication pouvant entraîner l’incendie des batteries.

L’un des problèmes majeurs rencontrés avec les batteries lithium-ion est lié au fait que plus la densité d’énergie augmente, plus le risque d’incendie grandit, observe Tim Bush, analyste de spécialiste de la technologie des batteries chez UBS Research.

« Si nous nous débarrassons de l’électrolyte et que nous le remplaçons par un matériau solide, nous éliminerons cette question de sécurité tout en ayant la possibilité de doubler la densité énergétique par rapport à la technologie actuelle », précise M. Bush.

Personne n’a encore réussi à fabriquer des batteries solides pouvant être produites en masse et installées sur des millions de voitures. Mais certaines start-up espèrent pouvoir atteindre cet objectif en s’associant à des constructeurs automobiles qui ont plus d’un siècle d’expérience dans la production en grande série.

En décembre, QuantumScape, jeune pousse de la Silicon Valley, a annoncé avoir réussi une avancée importante après avoir testé avec succès des batteries utilisant son matériau solide.

En mars, Volkswagen a déclaré que ses scientifiques spécialisés dans les batteries avaient vérifié de manière indépendante les tests de QuantumScape dans leur propre laboratoire. L’entreprise a alors accepté de remettre 100 millions de dollars dans la start-up, portant ainsi son investissement total à 300 millions de dollars. QuantumScape est aujourd’hui valorisé à environ 10,5 milliards de dollars.

 

On  sceptique sur la possibilité de l’utiliser rapidement pour une production de masse, en raison d’inconnues sur les coûts de fabrication et sur sa capacité à fonctionner en toute sécurité sous des climats extrêmement chauds ou froids.

« Ce qui n’est pas encore résolu, c’est le coût, a-t-il prévenu. Une voiture électrique et sa batterie doivent pouvoir marcher sur un très large éventail de températures. »

L’année dernière, Toyota a construit un prototype de véhicule utilisant des batteries solides et l’a soumis à une série de tests. Masahiko Maeda, directeur de la technologie du constructeur japonais, a déclaré ce mois-ci que les résultats montrent que ces batteries ont un rendement plus élevé que celles à lithium-ion classiques, mais aussi que leur durée de vie est plus courte.

« Pour résoudre ce problème et d’autres, nous devons poursuivre le travail sur cette technologie, et en particulier sur les matériaux d’électrolyte solide », a fait savoir M. Maeda aux journalistes lors du grand raout de l’entreprise consacré à la technologie.

 

Énergie–Fusion nucléaire : l’avenir ?

Énergie–Fusion nucléaire : l’avenir ?

 

 

Récemment les États-Unis ont réalisé des expérimentations significatives en matière de fusion. Une technologie sur laquelle on fonde beaucoup d’espérance car elle ne produit pratiquement pas de déchets. La France est dans une phase d’expérimentation pour un réacteur à fusion dans le cadre du projet international ITER, la Chine a déjà mis au point un réacteur à fusion . Les réacteurs en service actuellement sont à fission nucléaire et ont surtout le désavantage de générer des déchets très toxiques. La fusion nucléaire est considérée par ses défenseurs comme l’énergie de demain car elle est infinie, tout comme celle du soleil, et ne produit ni déchets ni gaz à effet de serre.

La Chine dispose à cet effet d’un réacteur Tokamak HL-2M, le plus performant du pays, dans la province du Sichuan (sud-ouest). Il s’agit d’une chambre de confinement magnétique qui génère une chaleur phénoménale dans le but de fondre des noyaux atomiques.

Ce tokamak est surnommé « soleil artificiel » en raison de la température qui peut y dépasser les 150 millions de degrés, selon Chine nouvelle – soit dix fois la chaleur produite au cœur même du soleil.

La France a lancé en juillet à Saint-Paul-lès-Durance (Bouches-du-Rhône) l’assemblage d’un gigantesque réacteur à fusion dans le cadre du projet Iter. Il vise les 150 millions de degrés mais les premiers tests ne sont pas attendus avant 2025.

L’assemblage du réacteur expérimental ITER, dont l’ambition est d’apprendre à maîtriser la fusion nucléaire, a débuté mardi 28 juillet dans le sud de la France. Mais les connaissances scientifiques en la matière progressent trop lentement au vu de l’urgence climatique.

Le projet a débuté en 2006, avec la signature d’un accord international réunissant 35 pays, dont les membres de l’Union Européenne (avec, à l’époque, le Royaume-Uni), la Suisse, l’Inde, le Japon, la Corée du Sud et les États-Unis. Depuis environ 15 ans, le site ITER (réacteur thermonucléaire expérimental international) s’édifie lentement dans le sud de la France, à Cadarache, dans les Bouches-du-Rhône.
Après plusieurs contretemps, sa construction  a franchi ce mardi 28 juillet une étape symbolique : le lancement de l’assemblage du réacteur, qui devrait encore durer près de cinq ans. Un événement salué par Emmanuel Macron, en visioconférence, ainsi que par les dirigeants de sept des États partenaires du projet.
“Avec la fusion, le nucléaire peut être une promesse d’avenir”, en offrant “une énergie non polluante, décarbonée, sûre et pratiquement sans déchets”d’ici à 2050”.
Théoriquement, la fusion nucléaire permet effectivement d’accéder à une source d’énergie décarbonée, aux déchets radioactifs peu nombreux et à courte durée de vie. Une technologie bien plus propre que la fission nucléaire employée dans les centrales actuelles, et quasiment infinie : la fusion ne nécessite en effet pas d’uranium, minerai dont les réserves tendent à s’épuiser. Elle reproduit, à peu de choses près, les réactions observées au cœur des étoiles, d’où l’expression “mettre le soleil en boîte” pour décrire son mode de fonctionnement.

La fusion est largement plus complexe que la fission nucléaire et les expérimentations nécessitent la construction de tokamaks de plus en plus grands et performants. En effet, chaque changement d’échelle provoque l’apparition de nouveaux phénomènes, qu’il faut apprendre à maîtriser. D’où la naissance d’ITER, tokamak encore plus vaste que Jet et qui aura lui même un successeur.

Fusion nucléaire : l’avenir ?

 

Fusion nucléaire : l’avenir ?

 

 

Récemment les États-Unis ont réalisé des expérimentations significatives en matière de fusion. Une technologie sur laquelle on fonde beaucoup d’espérance car elle ne produit pratiquement pas de déchets. La France est dans une phase d’expérimentation pour un réacteur à fusion dans le cadre du projet international ITER, la Chine a déjà mis au point un réacteur à fusion . Les réacteurs en service actuellement sont à fission nucléaire et ont surtout le désavantage de générer des déchets très toxiques. La fusion nucléaire est considérée par ses défenseurs comme l’énergie de demain car elle est infinie, tout comme celle du soleil, et ne produit ni déchets ni gaz à effet de serre.

La Chine dispose à cet effet d’un réacteur Tokamak HL-2M, le plus performant du pays, dans la province du Sichuan (sud-ouest). Il s’agit d’une chambre de confinement magnétique qui génère une chaleur phénoménale dans le but de fondre des noyaux atomiques.

Ce tokamak est surnommé « soleil artificiel » en raison de la température qui peut y dépasser les 150 millions de degrés, selon Chine nouvelle – soit dix fois la chaleur produite au cœur même du soleil.

La France a lancé en juillet à Saint-Paul-lès-Durance (Bouches-du-Rhône) l’assemblage d’un gigantesque réacteur à fusion dans le cadre du projet Iter. Il vise les 150 millions de degrés mais les premiers tests ne sont pas attendus avant 2025.

L’assemblage du réacteur expérimental ITER, dont l’ambition est d’apprendre à maîtriser la fusion nucléaire, a débuté mardi 28 juillet dans le sud de la France. Mais les connaissances scientifiques en la matière progressent trop lentement au vu de l’urgence climatique.

Le projet a débuté en 2006, avec la signature d’un accord international réunissant 35 pays, dont les membres de l’Union Européenne (avec, à l’époque, le Royaume-Uni), la Suisse, l’Inde, le Japon, la Corée du Sud et les États-Unis. Depuis environ 15 ans, le site ITER (réacteur thermonucléaire expérimental international) s’édifie lentement dans le sud de la France, à Cadarache, dans les Bouches-du-Rhône.
Après plusieurs contretemps, sa construction  a franchi ce mardi 28 juillet une étape symbolique : le lancement de l’assemblage du réacteur, qui devrait encore durer près de cinq ans. Un événement salué par Emmanuel Macron, en visioconférence, ainsi que par les dirigeants de sept des États partenaires du projet.
“Avec la fusion, le nucléaire peut être une promesse d’avenir”, en offrant “une énergie non polluante, décarbonée, sûre et pratiquement sans déchets”, d’ici à 2050”.
Théoriquement, la fusion nucléaire permet effectivement d’accéder à une source d’énergie décarbonée, aux déchets radioactifs peu nombreux et à courte durée de vie. Une technologie bien plus propre que la fission nucléaire employée dans les centrales actuelles, et quasiment infinie : la fusion ne nécessite en effet pas d’uranium, minerai dont les réserves tendent à s’épuiser. Elle reproduit, à peu de choses près, les réactions observées au cœur des étoiles, d’où l’expression “mettre le soleil en boîte” pour décrire son mode de fonctionnement.

La fusion est largement plus complexe que la fission nucléaire et les expérimentations nécessitent la construction de tokamaks de plus en plus grands et performants. En effet, chaque changement d’échelle provoque l’apparition de nouveaux phénomènes, qu’il faut apprendre à maîtriser. D’où la naissance d’ITER, tokamak encore plus vaste que Jet et qui aura lui même un successeur.

Cryptomonnaie : l’avenir de la monnaie ?

Cryptomonnaie : l’avenir de la monnaie ?

Les banques centrales doivent dès aujourd’hui réfléchir à la manière d’assurer un équilibre juste entre concurrence, innovation et stabilité financière pour la prochaine génération de monnaie, prévient l’économiste Benoît Cœuré dans une tribune au « Monde ».(Extrait)

 

Tribune.

Les paiements mobiles et sans contact font partie intégrante de notre vie quotidienne, mais le Covid-19 a donné un coup d’accélérateur à la numérisation. Les QR codes et les options de paiement en différé gagnent en popularité, et, pour les Jeux olympiques d’hiver à Pékin, en février 2022, des uniformes et autres accessoires seront dotés de fonctions de paiement. De leur côté, les banques centrales préparent la prochaine génération de monnaie : la monnaie numérique de banque centrale (MNBC).

Aujourd’hui, la plupart des paiements sont réglés à partir d’un compte bancaire – on parle de « monnaie commerciale ». La monnaie de banque centrale est constituée des billets que manipulent les commerçants et les particuliers et des comptes que les banques commerciales ouvrent directement auprès de la banque centrale. Cette monnaie est au cœur de tout système financier et présente des avantages uniques : sécurité (la banque centrale ne peut pas faire faillite), liquidité (la monnaie qu’elle émet est acceptée partout), neutralité (la banque centrale est une institution publique, sans intérêt commercial) et finalité (un virement entre deux comptes auprès de la banque centrale est irrévocable).

 

Pour que l’économie numérique puisse bénéficier de ces atouts essentiels, la monnaie de banque centrale doit évoluer. Comme l’a dit l’ancien secrétaire général des Nations unies Dag Hammarskjöld (1905-1961), « on ne trouve la bonne route que les yeux fixés sur l’horizon lointain ». Pourquoi fixer l’horizon ? Parce que le système financier est en pleine mutation. Les géants du numérique investissent le monde des paiements. De nouveaux instruments de paiement, les « cryptomonnaies stables » (stablecoins), frappent à la porte. Les plates-formes de finance décentralisée bousculent l’intermédiation financière traditionnelle. Autant de nouvelles questions pour les régulateurs, qui appellent des réponses rapides, claires et cohérentes.

Les banques s’inquiètent de l’impact des MNBC sur les dépôts des particuliers et sur leur modèle de financement. Les banquiers centraux sont conscients de ces craintes et ne doutent pas que les banques feront partie intégrante des futurs systèmes de MNBC. Ne nous leurrons pas : pour les banques, les cryptomonnaies stables, la finance décentralisée et les géants du numérique sont une menace bien plus réelle ! Les cryptomonnaies stables risquent d’émerger sous forme d’écosystèmes fermés, de jardins clos, qui contrôleront l’accès aux paiements et à la liquidité. L’emprise croissante des géants du numérique dans les services financiers pose des questions de pouvoir de marché et de respect de la vie privée et remet en question les approches réglementaires actuelles.

« L’avenir du catholicisme en France ? »

« L’avenir du catholicisme France ? »

 

 

« Le catholicisme a-t-il encore de l’avenir en France ? », de Guillaume Cuchet, Seuil, « La couleur des idées », 250 p., 21 €, numérique 15 €.

 

Chronique du Monde

Les années qui viennent seront marquées, en France, par une accumulation de morts inédite en temps de paix. En cause, les fameux baby-boomers, et le spectaculaire allongement de l’espérance de vie dont ils ont bénéficié. Ainsi que l’écrit Guillaume Cuchet au début de son nouvel essai, Le catholicisme a-t-il encore de l’avenir en France ?, « tout le monde va devoir disparaître en vingt ou trente ans faute d’avoir étalé les départs ».

La tâche se révèle d’autant plus ardue qu’un acteur de ce théâtre tragique est en passe de faire défaut : la religion, et d’abord le catholicisme, pourvoyeur longtemps majoritaire de sens et de consolation, que, précisément, la génération du baby-boom a contribué à balayer à la faveur d’un immense « décrochage religieux ». Quelles ressources lui reste-t-il donc pour affronter l’issue fatale ? se demande l’historien, auteur de Comment notre monde a cessé d’être chrétien (Seuil, 2018), dont ce livre peut être lu comme une suite.

Il creuse en effet, au-delà des inquiétudes mortuaires sur lesquelles il s’ouvre, un enjeu peu traité : savoir ce qui subsiste et pourra subsister d’une religion en train de s’effacer, du moins comme norme morale et ensemble de rituels sociaux massivement partagés. Recueil d’articles en partie remaniés – ils auraient pu l’être davantage, pour éviter certaines redites –, Le catholicisme a-t-il encore de l’avenir en France ? ouvre un vaste et stimulant chantier autour de cette question, en balayant large à travers les champs d’investigation qu’elle peut impliquer.

Guillaume Cuchet traque en tous sens les phénomènes significatifs pour deviner les pentes sur lesquelles nous nous apprêterions à glisser, et les remontées possibles.

Il insiste en particulier sur « cette révolution silencieuse » que représentent ceux que la sociologie anglo-saxonne désigne comme « nones » (« sans-religion ») – les « désaffiliés » de tout culte institué. Une étude de 2018 en comptait 64 % parmi les Français de 16 à 29 ans. Leur « radicale nouveauté » tient au fait que, pour la plupart, ils ne sont pas nés dans le catholicisme, ce qui fait d’eux non des « décrocheurs », mais des « décrochés de deuxième, voire de troisième génération ».

L’avenir des taxis volants ?

L’avenir des taxis volants ?

 

par Sindreu du Wall Street Journal (extrait)

Les start-up sont nombreuses à essayer de créer des taxis volants qui circuleraient en agglomération. Mais c’est peut-être pour relier les villes entre elles qu’ils seront utiles

 

 

Ces derniers mois, quatre start-up spécialistes des eVTOL (pour « electric vertical-takeoff-and-landing vehicles », c’est-à-dire aéronef électrique à décollage et atterrissage vertical) sont entrées en Bourse après leur fusion avec une Spac. Deux californiennes, Joby Aviation et Archer, ont été les premières à se lancer, suivies par l’allemande Lilium et, quelques semaines plus tard, la britannique Vertical Aerospace. Visant toutes un lancement en 2024, elles veulent à la fois fabriquer et opérer leur flotte, un modèle économique très inhabituel dans le secteur aérien.

Devenir le Boeing ou l’Airbus des taxis volants ne sera pas chose aisée. Comme le soulignent les analystes de Cowen dans une nouvelle étude, les quatre jeunes pousses veulent fabriquer près de 4 000 véhicules en 2027, soit plus que le nombre d’avions commerciaux, jets privés et hélicoptères produits en 2018, année record dans ce domaine. Il leur faudra aussi franchir le terrible obstacle de la certification.

Pourtant, c’est peut-être le deuxième volet de leur projet (devancer Uber et Lyft) qui s’annonce le plus périlleux.

En général, on prend un taxi pour deux raisons : la praticité et la rapidité. Mais, contrairement à une voiture, un eVTOL a besoin d’un « vertiport » adapté pour décoller et atterrir. Les compagnies de taxis volants sont donc en train de s’associer à des entreprises comme le spécialiste des parkings REE ou le géant du BTP Ferrovial pour en bâtir. Mais si l’on se fie à l’exemple des héliports, un certain nombre de villes n’auront pas les moyens (ou l’envie) d’accueillir un vertiport de taille suffisante pour que l’activité soit financièrement viable.

En outre, pour aller d’un vertiport à un autre, il faut souvent un autre moyen de transport : si la distance à parcourir est inférieure à 50 kilomètres (le rayon d’action d’Uber), le taxi volant est inutile. Les banquiers de Wall Street qui doivent aller prendre l’avion à l’aéroport JFK de New York pourront peut-être profiter d’un vertiport bien situé, mais pour l’humain moyen, les eVTOL n’auront jamais d’intérêt, quels que soient les tarifs.

L’exemple de Blade Urban Air Mobility, une application de réservation d’hélicoptères et de jets privés, raconte cependant une autre histoire. Même si son nom évoque plus la ville que la campagne, l’entreprise transporte ses clients, parfois sur plus de 150 kilomètres, pour les amener de New York aux très chics Hamptons ou de Los Angeles à la station de ski d’Aspen, dans le Colorado.

Si le service est moins évocateur du film de Robert Zemeckis, il semble beaucoup plus adapté à la technologie des eVTOL. En se lançant dans les taxis volants, les compagnies aériennes pourraient proposer de nouvelles liaisons premium entre des agglomérations situées à cinq heures de route les unes des autres. United Airlines et American Airlines ont d’ailleurs passé des précommandes chez Archer et Vertical respectivement.

Lilium, elle, est la seule start-up spécialiste des eVTOL à se focaliser sur ce marché. Propulsé par 36 petits moteurs électriques, son Lilium Jet est conçu pour transporter six passagers à environ 200 kilomètres (et plus au fur et à mesure des progrès des batteries). La jeune pousse veut d’abord relier les villes entre elles – en Floride et en Allemagne – et envisage aussi d’acheminer des colis, un marché estimé à 2 500 milliards de dollars d’ici cinq ans par Cowen.

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La propulsion électrique pourrait révolutionner le marché des vols régionaux. Mais pour aller dîner au restaurant, la voiture risque de rester indispensable.

 

Syndicalisme : L’avenir passe par une dimension davantage interprofessionnelle

Syndicalisme : L’avenir passe par une dimension davantage interprofessionnelle

 

Affaibli par les nouvelles formes d’organisation du travail et par ses divisions, le syndicalisme doit en finir avec le repli identitaire et faire prévaloir la dimension interprofessionnelle, plaident Patrick Brody et Jean-Claude Mamet, coanimateurs d’un blog sur ce sujet, et le politiste Jean-Marie Pernot.

 

Le résultat des élections professionnelles sur la période 2017-2020, publié le 26 mai par la direction générale du travail, révèle une fragmentation croissante de la représentation syndicale. Sur fond de participation déclinante, la CGT perd 150 000 suffrages et la CFDT, 38 000. Cette dernière ne consolide sa « première place » que du recul de la CGT. La présence syndicale s’étiole, une « a-syndicalisation » rampante poursuit son cours.

Ce ne sont pourtant pas les mobilisations qui manquent : là où ils sont actifs, les syndicats continuent de jouer un rôle important, par exemple dans la défense de l’emploi dans les nombreuses entreprises industrielles mises à l’encan. Ils sont actifs aussi dans les mobilisations sectorielles, celles récentes du monde de la culture, ou dans la santé, même si d’autres modes d’action, à travers des coordinations, ont également trouvé leur place. Mais d’autres formes de contestation aussi le supplantent : « gilets jaunes », mobilisations pour le climat ou féministes…

Cette perte de rayonnement dans la société est un processus ancien, il est contemporain d’une certaine régression de l’Etat social, que le syndicalisme ne parvient pas à enrayer depuis une trentaine d’années. Les victoires locales existent toujours, mais sont de plus en plus limitées en nombre, du fait même du rétrécissement de la présence syndicale sur les lieux de travail et de leur caractère très défensif.

Cette perte d’emprise sur le social a des raisons profondes et multiples. Il ne faut pas oublier les effets d’un chômage de masse qui, en France, persiste depuis plus de quarante-cinq ans. Un syndicalisme florissant dans un tel contexte serait étonnant. Les transformations du travail ont également profondément ébranlé ses modes de structuration et d’action. L’éclatement des collectifs de travail pèse de manière très lourde : les métiers de service ont massivement remplacé ceux de l’industrie.

Or, dans ces métiers, les lieux de l’activité sont généralement très éclatés. Le numérique recompose les métiers et les façons de travailler remodèlent les collectifs. A côté de cela, les chaînes de production sont constituées de personnels dont les statuts et les employeurs sont également très divers (sous-traitance, intérim, autoentreprenariat, contrats précaires…). L’externalisation systématique a atteint tous les secteurs jusqu’aux fonctions publiques.

La négociation collective, née d’une revendication ouvrière imposée au patronat pour combattre les effets de la concurrence au sein du salariat, se transforme en outil managérial de gestion. Et les lieux principaux de cette négociation se sont déconnectés des réalités : ce sont moins les branches ou les entreprises (où se situent les principaux niveaux de négociation) qui produisent les normes sociales, mais la place tenue dans la chaîne de production de la valeur.

Énergie : l’avenir passe aussi par les batteries de stockage

 

Énergie : l’avenir passe aussi par les batteries de stockage

Dix ans après l’explosion de la fracturation hydraulique aux Etats-Unis, le marché énergétique fait face à un nouveau bouleversement dû à l’association des énergies renouvelables et des batteries de stockage (Un article du Wall Street Journal)

 

 

Avec 36 centrales thermiques à gaz naturel, Vistra possède un des plus vastes parcs des Etats-Unis. Il n’envisage pas d’en acheter ou d’en construire davantage.

En revanche, l’entreprise a bien l’intention d’investir plus d’un milliard de dollars dans des centrales solaires photovoltaïques et dans des batteries de stockage au Texas et en Californie. Cette transformation de son activité dans un secteur énergétique que de nouvelles technologies sont en train de refaçonner est une question de survie.

« Je n’ai aucune intention de devenir le prochain Blockbuster Video, affirme Curt Morgan, directeur exécutif de Vistra. Hors de question que je regarde sans rien faire cette entreprise ancestrale décliner et se faire évincer. »

Il y a une dizaine d’années, lorsque la fracturation hydraulique (fracking) a permis l’accès à des quantités de cette matière première bon marché, le gaz a supplanté le charbon en tant que première source d’énergie électrique aux Etats-Unis. Aujourd’hui, déjà, le gaz naturel se retrouve lui-même confronté au même type de concurrence, représenté cette fois par des batteries rentables, chargées à l’énergie solaire et éolienne.

L’électricité produite grâce au gaz naturel représentait 38 % du total en 2019, selon l’EIA, l’Agence d’information sur l’énergie américaine. Le gaz est capable de fournir de l’énergie 24h/24 ainsi que d’intensifier sa production pendant les pics de consommation. De leur côté, éoliennes et panneaux solaires ont gagné des parts de marché conséquentes. Or, à mesure que le prix des batteries de stockage baisse, celles-ci sont couplées à cette énergie verte et s’imposent en stockant une énergie renouvelable peu chère qu’elles libèrent lorsque le soleil se couche ou que le vent tombe.

Le stockage d’énergie constitue moins de 1 % du marché de l’électricité américain et, pour l’instant, il concerne principalement les générateurs solaires, dont la production est relativement prévisible et facile à augmenter avec le stockage. Mais l’association des batteries de stockage et des énergies renouvelables menace de gâcher les milliards de dollars d’investissement dans le gaz naturel et fait naître des inquiétudes face à l’idée que les centrales thermiques bâties ces dix dernières années, et financées dans la perspective qu’elles seraient en service pendant plusieurs décennies, ne deviennent des « actifs irrécupérables », c’est-à-dire des équipements abandonnés avant d’avoir été amortis.

Dans tout le pays, une grande part de la croissance des énergies renouvelables est conduite par des réglementations des Etats exigeant des fournisseurs de livrer certaines quantités d’énergie verte, et par des incitations fiscales au niveau fédéral qui rendent les énergies éolienne et solaire plus compétitives d’un point de vue économique.

Mais ces dernières années, les prix des énergies renouvelables sont devenus de plus en plus compétitifs même sans subventions, poussant toujours plus d’entreprises à réduire volontairement leurs émissions de carbone en investissant dans l’énergie solaire et éolienne au détriment de celle produite par les énergies fossiles. Et le spectre de nouvelles régulations fédérales et au niveau des Etats dans le cadre de la gestion du changement climatique pousse à accélérer la tendance.

Le président Biden propose d’étendre les crédits d’impôts sur les énergies renouvelables aux projets d’installations énergétiques autonomes — des systèmes qui ne font pas partie d’un réseau—dans le cadre de son plan de financement d’infrastructures de 2 300 milliards de dollars, ce qui pourrait alimenter encore davantage le marché déjà florissant du stockage d’énergie.

Quoi qu’il en soit, tandis que les batteries de stockage aident le solaire et l’éolien à supplanter les sources d’énergie traditionnelles, certains investisseurs prennent ce projet avec des pincettes en se disant qu’eux aussi pourraient à leur tour se retrouver en mauvaise posture au cours des prochaines années si d’autres avancées technologiques s’avéraient trouver des moyens plus efficaces encore de stocker l’énergie.

Et si les batteries peuvent fournir de l’électricité lorsque les autres sources ne fonctionnent plus, la plupart des batteries actuelles n’en sont capables que pendant quelques heures avant d’avoir besoin d’être rechargées, ce qui les rend pratiquement inutiles lors de coupures prolongées.

Les centrales thermiques à gaz luttent déjà contre la concurrence des parcs éoliens et des centrales solaires. Duke Energy, fournisseur d’énergie basé à Charlotte, en Caroline du Nord, qui livre de l’électricité et du gaz naturel dans certaines régions de sept Etats, envisage encore de construire de nouvelles centrales à gaz. En revanche, il a refait ses calculs financiers afin de répercuter un amortissement plus rapide de ces centrales, dans la mesure où il se pourrait qu’elles ne soient pas opérationnelles aussi longtemps que prévu.

Duke propose de construire rien de moins qu’une capacité de 9 600 mégawatts de nouvelles installations à gaz en Caroline du Nord et du Sud afin de contribuer à répondre à la demande, tout en arrêtant les centrales à charbon et en investissant plus largement dans les énergies solaire et éolienne. Mais dans ses documents officiels, l’entreprise reconnaît que face aux nouveaux progrès technologiques, toute nouvelle centrale à gaz est susceptible de devenir un actif irrécupérable et d’échouer à financer son propre amortissement. Un mégawatt d’électricité peut alimenter environ 200 foyers, selon l’Electric Reliability Council of Texas qui gère le réseau électrique de l’Etat. Certaines estimations placent ce chiffre plus haut encore.

Pour pallier le problème, Duke envisage de ramener la durée de vie attendue de la centrale d’une quarantaine d’années à 25 ans et de récupérer l’argent perdu grâce à un amortissement accéléré, mesure comptable qui permettrait à l’entreprise de sortir davantage de dépenses du bilan plus rapidement que d’ordinaire. Il pourrait également envisager de convertir la centrale pour la faire fonctionner à l’hydrogène, dont la combustion n’émet pas de carbone.

« C’est un risque sur lequel nous gardons un œil, mais c’est un risque qu’il nous faut envisager pour toutes les décisions technologiques que nous prenons », explique Glen Snider, directeur de la gestion intégrée des ressources de Duke, en soulignant que tous les investissements énergétiques sont susceptibles, tôt ou tard, d’être mis en concurrence.

Aux Etats-Unis, plus de 60 000 mégawatts d’énergie à base de gaz ont été livrés depuis 2014, selon l’EIA. A l’instar des centrales à charbon, dont beaucoup ont été forcées de fermer plus tôt que prévu, les centrales à gaz ont été financées dans l’optique d’un fonctionnement sur plusieurs décennies.

Les coûts non amortis résultant de l’arrêt précoce des centrales à charbon sont généralement faibles car nombre d’entre elles ont été construites il y a plusieurs dizaines d’années et approchent de la fin de leur durée de vie utile, estime la société d’analyse financière Moody’s Investors Service. En revanche, une grande partie du parc des centrales à gaz du pays est plutôt récente, ce qui augmente le potentiel de coûts non-amortis dans l’éventualité de fermetures à grande échelle au cours des vingt prochaines années.

Ce sont les centrales à gaz fournissant de l’énergie toute la journée qui courent le plus de risque d’être évincées. Ce genre de centrale « de base » doit généralement fonctionner entre 60 % et 80 % de ses capacités pour être viable économiquement, ce qui les rend vulnérables lorsque les batteries de stockage pallient les manques causés par les centrales solaires et les parcs à éoliennes.

Aujourd’hui, ce type de centrale tourne autour de 60 % de ses capacités aux Etats-Unis, selon la société d’analyse de données IHS Markit. D’ici la fin de la décennie, celle-ci estime que cette moyenne devrait tomber à 50 %, ce qui suscite des perspectives de faillite et de restructuration pour les moins performantes.

« Elles sont menacées par des tonnes d’acteurs du renouvelable, explique Sam Huntington, directeur associé pour le gaz, l’électricité et les marchés de l’énergie à IHS Markit. Comme ce qui est arrivé au charbon. »

Il n’a fallu que quelques années pour que le gaz peu onéreux obtenu par la fracturation hydraulique ne supplante le charbon dans la production d’électricité. Entre 2011, peu de temps après le début de la flambée du fracking, et 2020, plus de 100 centrales à charbon d’une capacité de plus de 95 000 mégawatts ont été fermées ou reconverties pour fonctionner au gaz, selon les chiffres de l’EIA. Et 25 000 mégawatts de plus devraient fermer d’ici 2025.

La plupart des batteries de stockage utilisent du lithium-ion, le type de technologie utilisée dans les véhicules électriques. Elles ressemblent à de grands conteneurs et sont le plus souvent regroupées afin de créer des sites capables de fournir de grandes quantités d’électricité. Certaines sont reliées à des sources d’énergie renouvelable, tandis que d’autres sont indépendantes et utilisent l’énergie du réseau.

Les batteries de stockage sont le plus souvent associées à des centrales solaires plutôt qu’à des parcs d’éoliennes à cause de la prévisibilité de l’énergie fournie et parce qu’il est plus simple d’obtenir des crédits d’impôts fédéraux pour ce genre de dispositifs. Certaines entreprises développent cependant des parcs d’éoliennes couplées avec des batteries, marché qui devrait croître à mesure que les coûts technologiques baissent.

Même au Texas, un Etat qui comporte un marché énergétique à la concurrence féroce et qui n’impose aucune restriction d’émissions de carbone, il n’y a quasiment aucune centrale à gaz en construction alors que le nombre de centrales solaires et de batteries progresse rapidement

Déjà, le coût de décharge d’une batterie de 100 mégawatts fournissant deux heures d’électricité est à peu près équivalent à celui de la production d’électricité par les centrales électriques spéciales qui fonctionnent pendant les pics de demande. Ce type de batterie peut se décharger pour la modique somme de 140 dollars le mégawattheure, tandis que les centrales « d’urgence » les moins chères — qui compensent sur demande quand la fourniture d’énergie vient à manquer — produisent pour 151 dollars le mégawattheure, selon la banque d’investissements Lazard.

Les centrales solaires couplées à des batteries sont en train de rivaliser avec les centrales à gaz constamment opérationnelles. Ces types de systèmes sont capables de produire de l’énergie pour 81 dollars le mégawattheure seulement, selon Lazard, tandis que les centrales à gaz les plus coûteuses tournent en moyenne autour de 73 dollars. Les grands projets de batterie en cours dans les Etats de New York et de Californie sont en partie motivés par des obligations imposées par les Etats de réduire les émissions de carbone et ne visent pas seulement à améliorer l’aspect économique des batteries.

Même au Texas, un Etat qui comporte un marché énergétique à la concurrence féroce et qui n’impose aucune restriction d’émissions de carbone, il n’y a quasiment aucune centrale à gaz en construction alors que le nombre de centrales solaires et de batteries progresse rapidement. Selon l’Electric Reliability Council of Texas, dans l’Etat les entreprises visent près de 88 900 mégawatts d’énergie solaire, 23 860 mégawatts d’éolienne et 30 300 mégawatts de capacité de stockage. En comparaison, seulement 7 900 mégawatts de capacité supplémentaire fournie par des centrales à gaz sont envisagés.

Les fournisseurs d’énergie et les gestionnaires du réseau doivent prendre en compte la perspective que les nouvelles sources ne soient pas aussi fiables que les centrales électriques qu’elles remplacent, en tout cas au départ, et les pannes d’électricité du Texas de février dernier en sont une bonne illustration.

Cet Etat a connu des jours entiers de pannes électriques dévastatrices lorsqu’une violente tempête hivernale a gelé de nombreuses sources d’approvisionnement énergétique : éoliennes, centrales à gaz et nucléaires, alors même que la demande connaissait un pic dû à la chute des températures en dessous de zéro.

Selon les dirigeants d’entreprises et les analystes, même si le Texas avait eu davantage de réserves, cela n’aurait probablement pas fait une grande différence pour pallier la pénurie, advenue à une saison où centrales solaires et parcs éoliens ne sont pas très productifs. La plupart des batteries de stockage actuelles peuvent fournir de l’électricité pendant quatre heures maximum avant d’avoir besoin d’être rechargées.

L’été dernier, la Californie a pâti de sa décision de réduire rapidement sa dépendance aux centrales à gaz. En août, pendant une vague de chaleur intense qui a balayé l’ouest du pays, les gestionnaires de réseau californiens ont dû imposer des blackouts afin de remédier à une pénurie d’offre à un moment où la demande flambait. Dans une analyse a posteriori co-publiée par la California Public Utilities Commission et la California Energy Commission, l’opérateur identifie le passage rapide à l’énergie solaire et éolienne comme un des facteurs ayant contribué au problème.

Comme de nombreux fournisseurs d’énergie, Vistra ne s’attend pas à voir les centrales à gaz évincées dans l’immédiat. M. Morgan, qui a fermé un certain nombre de centrales à charbon et à gaz de Vistra depuis qu’il en est devenu CEO en 2016, estime que la plupart des centrales à gaz que l’entreprise possède encore resteront en fonction pendant les vingt prochaines années.

Après 2030, il anticipe qu’elles seront moins fréquemment utilisées à mesure que les batteries fourniront l’électricité produite par les centrales solaires et éoliennes. Vistra est en train de mettre au point ce qui devrait être le plus gros projet de stockage d’énergie du monde à Moss Landing, juste au nord de Monterey, en Californie. Les batteries sont installées à l’endroit où étaient autrefois les turbines dans l’enceinte d’une centrale à gaz désaffectée de la taille de presque trois terrains de foot. Lorsque le complexe sera achevé, les batteries fourniront 400 mégawatts d’électricité pendant quatre heures, suffisamment pour alimenter plus de 225 000 foyers.

Au Texas, lieu de naissance de la fracturation hydraulique moderne, les entreprises utilisent depuis des années la manne de la flambée du gaz pour alimenter les centrales utilisées en cas de pics de demande, et qui ont pu gagner beaucoup d’argent sur le marché énergétique de gros lorsque celle-ci a explosé

D’énormes batteries sont en train d’évincer des centrales à gaz plus anciennes ailleurs dans le pays. En début d’année, Florida Power & Light, fournisseur propriété de NextEra Energy, a lancé la construction de ce qui devrait être le plus grand système de batterie solaire du monde, destiné à remplacer deux turbines à gaz d’une centrale voisine. Le Manatee Energy Storage Center aura une capacité de 409 mégawatts, suffisamment pour alimenter Disney World en électricité pendant environ sept heures.

Au Texas, lieu de naissance de la fracturation hydraulique moderne, les entreprises utilisent depuis des années la manne de la flambée du gaz pour alimenter les centrales utilisées en cas de pics de demande, et qui ont pu gagner beaucoup d’argent sur le marché énergétique de gros lorsque celle-ci a explosé.

Certaines sont en train de se poser des questions depuis que des investissements massifs dans la construction de centrales solaires et éoliennes ont rendu la concurrence difficile pour les centrales à gaz et que les batteries de stockage menacent de constituer de nouveaux obstacles.

Quantum Energy Partners, une société de capital-investissement basée à Houston, a vendu ces dernières années un portefeuille de six centrales à gaz au Texas et dans trois autres Etats juste en voyant à quel point les énergies renouvelables devenaient concurrentielles. Elle travaille aujourd’hui à développer plus de 8 000 mégawatts de projets solaires, éoliens et de batteries dans dix Etats.

« Nous avons changé notre fusil d’épaule » explique Sean O’Donnell, partenaire qui contribue à la surveillance des investissements de la société. « Tout ce que nous avions en termes d’énergie traditionnelle, nous avons décidé de le vendre, compte tenu des perspectives d’intensification de la concurrence et de baisse des revenus. »

(Traduit à partir de la version originale en anglais par Bérengère Viennot)

L’avenir agricole en question (Sébastien Abis)

L’avenir agricole en question (Sébastien Abis)

 

 

Sébastien Abis est directeur du Club Déméter et chercheur associé à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris). Il est aussi codirecteur de l’ouvrage annuel Le Déméter, qui explore les grandes thématiques agroalimentaires mondiales, dont la prochaine édition est prévue en février. Il propose, avec la série Le dessous des tables​, une prise de hauteur sur les défis agricoles et alimentaires. Il vient de publier une Géopolitique de l’Agriculture (Ed. Eyrolles). Chronique dans l’Opinion.

L’année 2020, pourtant si exceptionnelle, n’a pas eu d’impact sur la performance structurelle que la France réalise en matière d’exportations agricoles et agroalimentaires. A 62 milliards d’euros, elles représentent 15% du total des exportations nationales.

Ce résultat agricole et alimentaire ne cesse de progresser depuis vingt ans. En 2000, les exportations du secteur représentaient 10 % de notre commerce extérieur. C’était 12 % en 2010, année où le montant dépassait pour la première fois la barre des 50 milliards d’euros. Il n’a plus jamais été en dessous depuis. La dynamique s’explique par la hausse des volumes, mais aussi par le renchérissement du prix de certains produits depuis le début de ce siècle.

Le marché mondial a faim : la planète compte deux milliards d’habitants de plus qu’au début de ce nouveau millénaire. Avec au passage une croissance significative de la taille des classes moyennes mondiales, notamment asiatiques, qui réclament des quantités, mais aussi de la qualité pour leur consommation alimentaire. Des vents porteurs pour la France agricole et agroalimentaire qui bénéficie d’une image d’excellence à l’étranger.

« Au niveau géographique, l’année 2020 ressemble aussi aux tendances lourdes de ces dernières années : 53 % des exportations se font à destination d’Etats membres de l’Union européenne »

Vins et spiritueux. En 2020, le montant des exportations agricoles et agroalimentaires, 62 milliards, dépasse de loin celui enregistré par l’automobile (40 milliards), l’aéronautique ou la pharmacie (35 milliards d’euros chacun). La ventilation est assez fidèlement polarisée sur les produits et pays clefs du commerce agricole et agroalimentaire de la France. Les boissons (vins et spiritueux) assurent le quart de ces exportations. Arrivent ensuite les céréales, brutes et transformées, qui représentent 17 %. Le lait et les produits laitiers pèsent 10 %, suivis du segment fruits et légumes qui compte pour 9 % (en intégrant les produits transformés). Parmi les autres principaux secteurs, les viandes et abats (5 %), les huiles et oléagineux (3 %) et le sucre (3 %). Nous pourrions aussi mentionner le cas spécifique de filières moins dominantes, comme les semences (1,5%) qui confèrent un poids stratégique à la France, leader mondial à l’export sur ce segment. Tous ces produits tirent depuis deux décennies la performance agricole et agroalimentaire du pays à l’international.

Au niveau géographique, l’année 2020 ressemble aussi aux tendances lourdes de ces dernières années : 53 % des exportations se font à destination d’Etats membres de l’Union européenne (UE). Cinq d’entre eux assurent la moitié de ces flux : Allemagne (11 %), Belgique (10 %), Italie (8 %), Espagne (8 %) et Pays-Bas (6 %). Hors UE, la France exporte principalement au Royaume-Uni (9 %), aux Etats-Unis (7 %), en Chine (5 %). Dans le top 15 des destinations françaises figurent sept Etats membres de l’UE et neuf pays européens, ce qui révèle l’importance des marchés extra-communautaires. Il faut également noter les éléments suivants : l’Afrique dans son ensemble pèse 6 % (plus que la Chine…), le Moyen-Orient 3% et la Russie 0,5% seulement.

«I l faut souligner que la France, au niveau mondial, est passé du deuxième au septième rang des pays exportateurs agricoles et agroalimentaires entre le début des années 1990 et 2020. Notre part de marché, sur cette période, s’est affaissée, passant de 9 % à 3 % »

Pénurie de main-d’œuvre. Revenons sur ce chiffre de 62 milliards d’exportations pour 2020. Un quart provient des produits agricoles. Avec près de 47 milliards d’euros, l’agroalimentaire domine largement. C’est le premier secteur industriel de France : il représente 20% de son tissu économique et emploie directement un demi-million de personnes. A l’heure où l’on parle de réindustrialisation du pays, il serait opportun de maintenir les secteurs déjà dynamiques. Or, l’agroi-ndustrie est menacée de pénurie de main-d’œuvre : 30 000 emplois seraient actuellement non pourvus. Le travail en usine, en milieu rural et dans l’industrie agroalimentaire n’attire que très peu. Et pourtant les conditions s’y améliorent et l’on devrait revaloriser tous ces métiers productifs dès le plus jeune âge. Si la France entend créer de l’emploi dans des zones rurales et dans l’industrie, elle aura besoin de compétences et de nouveaux talents au service de cette souveraineté productive et de circuits courts solides dans la durée.

Si ces chiffres doivent être appréciés à la hauteur de ce qu’ils génèrent en termes d’économie, d’emploi et de rayonnement, il faut les remettre en perspective. D’abord, la France importe aussi des produits agricoles et agroalimentaires. Le montant a doublé en deux décennies, atteignant 56 milliards en 2020, soit 11 % du total des importations françaises. Dans ces achats, 80% sont de l’agroalimentaire (produits de la mer, produits à base de viande ou de fruits et légumes, chocolats et confiseries, etc.) et 85% des protéines aquatiques consommées proviennent de l’importation. Le développement de l’aquaculture peut être l’un des axes phares dans la stratégie de reconquête de souveraineté alimentaire pour les secteurs où la France est réellement fragile.

Certes, la France dispose d’une balance commerciale excédentaire en agriculture et dans l’agroalimentaire, mais ce solde de 6 milliards d’euros en 2020 est le plus faible enregistré depuis le début du millénaire. La plupart des années ont connu un excédent supérieur à 10 milliards, avec même en 2012 un pic à 13 milliards. Nous observons une érosion de cette balance commerciale depuis 2016. La France perd surtout en compétitivité sur les marchés communautaires alors qu’elle progresse sur le grand large. Nous sommes le premier exportateur agricole et agroalimentaire européen vers les pays tiers, mais le troisième vers les pays membres de l’UE. Néanmoins, il faut souligner que la France, au niveau mondial, est passé du deuxième au septième rang des pays exportateurs agricoles et agroalimentaires entre le début des années 1990 et 2020. Notre part de marché, sur cette période, s’est affaissée, passant de 9 % à 3 %.

« Comment éviter que la mise en place de mécanismes d’ajustement carbone aux frontières, prévus par l’UE, ne provoque des mesures en miroir de la part de pays qui feraient alors le choix de ne plus s’approvisionner en Europe? »

Filières vulnérables. A l’heure où la crise Covid recentralise l’agriculture et l’alimentation parmi les secteurs stratégiques à soutenir, pour qu’ils puissent être performants avec constance tant ils déterminent la sécurité collective d’une nation, il apparaît sans doute nécessaire de réfléchir à ces chiffres du commerce. La France peut-elle réduire certaines importations, relocaliser quelques productions, agricole ou de transformation, et si oui comment faire en sorte qu’une ardeur joyeuse s’en dégage ? Autrement dit, comment garantir des revenus aux agriculteurs de certaines filières vulnérables vis-à-vis de concurrence étrangère et comment faire en sorte que les consommateurs consentent (ou puissent) à payer plus cher leur nourriture ?

Cela pose aussi la question des ressources : financières pour investir dans l’innovation, le développement industriel et les transitions de pratiques ; humaines pour avoir des personnes qui travaillent dans un secteur aujourd’hui peu attractif. En outre, comment éviter que la mise en place de mécanismes d’ajustement carbone aux frontières, prévus par l’UE, ne provoque des mesures en miroir de la part de pays qui feraient alors le choix de ne plus s’approvisionner en Europe ? Un débat difficile, dans lequel il semble toutefois indispensable d’inclure une réflexion économique et géopolitique, puisque l’exportation agricole et agroalimentaire fait aussi partie des atouts de l’Europe et de la France pour créer de la valeur sur le continent, exister dans la mondialisation et contribuer aux besoins de certaines régions. A moins que l’on décrète que notre seul horizon doive être celui du marché communautaire ? Espérons alors que l’UE ne se délite pas à son tour et préparons-nous à un monde encore plus instable et moins solidaire.

Algérie : l’avenir politique du Hirak

Algérie : l’avenir politique du Hirak

 

Deux ans après son surgissement, le grand mouvement de protestation de la société civile doit repenser sa stratégie et devenir une force de proposition politique, analyse la sociologue Amel Boubekeur dans une tribune au « Monde ».

Tribune.

 

Deux ans après l’émergence du Hirak, l’Algérie serait-elle revenue à la case départ ? Comme elle l’avait fait avec Bouteflika pour sortir de la guerre civile, l’armée a choisi d’installer un président « civil », Abdelmadjid Tebboune, dont l’inefficience lui importe peu tant que cette façade la dispense de négocier une sortie de crise avec des civils.

Face à cet insaisissable « pouvoir », l’opposition, elle, semble toujours exclusivement n’envisager une sortie de crise que par les deux voies – peu probables – d’un soulèvement révolutionnaire total, ou d’une subite et miraculeuse démocratisation impulsée par une nouvelle génération éclairée de militaires.

Cet évitement du politique a certes jusqu’ici permis aux deux parties de continuer à coexister tout en évitant d’entrer à nouveau frontalement en conflit. Mais cela a simultanément affaibli la capacité des institutions de l’Etat à répondre aux attentes réelles des Algériens. Dans un contexte de crise économique et sanitaire sans précédent, cette disparition graduelle de l’Etat pourrait remettre en question la centralité de la figure présidentielle comme pilier du régime militaire, mais aussi la volonté d’une normalisation institutionnelle de la contestation par le Hirak.

En 1999, Bouteflika avait pu se substituer à un Etat de droit simplement par la promesse de mettre fin à des années de violence. Sa « réconciliation nationale » s’était faite sans justice transitionnelle, sa redistribution de la rente pétrolière sans justice sociale, ses décrets présidentiels avaient remplacé le Parlement et la participation politique était circonscrite à la cooptation de certains partis.

Après deux décennies de décrédibilisation de l’Etat comme outil de réforme, personne ne croit aux promesses d’une Algérie nouvelle par le président Tebboune. Son élection et son référendum constitutionnel n’ont pas réactivé une participation populaire pro-régime qui devait contrebalancer celle de la rue. Le médiateur de la République qu’il a nommé afin d’aider les citoyens dans leurs « différends » avec l’administration s’est déclaré impuissant face à la corruption de la petite bureaucratie. Si un quart du budget de l’Etat est toujours consacré aux transferts sociaux, cela est sans effet faute de plan de relance post-Covid et de mesures pour lutter contre l’inflation et l’économie informelle.

La dissolution de l’Assemblée nationale et la promesse de nouvelles élections se heurtent à l’absence de partis fonctionnels. Même la grâce présidentielle octroyée à une partie des prisonniers d’opinion afin de dissuader la reprise des marches est affaiblie par l’illogisme d’un pardon accordé à des individus qui n’ont parfois pas encore été jugés ou dont les chefs d’accusation étaient arbitraires.

Algérie : l’avenir politique du Hirak

Algérie : l’avenir politique du Hirak

 

Deux ans après son surgissement, le grand mouvement de protestation de la société civile doit repenser sa stratégie et devenir une force de proposition politique, analyse la sociologue Amel Boubekeur dans une tribune au « Monde ».

Tribune.

 

Deux ans après l’émergence du Hirak, l’Algérie serait-elle revenue à la case départ ? Comme elle l’avait fait avec Bouteflika pour sortir de la guerre civile, l’armée a choisi d’installer un président « civil », Abdelmadjid Tebboune, dont l’inefficience lui importe peu tant que cette façade la dispense de négocier une sortie de crise avec des civils.

Face à cet insaisissable « pouvoir », l’opposition, elle, semble toujours exclusivement n’envisager une sortie de crise que par les deux voies – peu probables – d’un soulèvement révolutionnaire total, ou d’une subite et miraculeuse démocratisation impulsée par une nouvelle génération éclairée de militaires.

Cet évitement du politique a certes jusqu’ici permis aux deux parties de continuer à coexister tout en évitant d’entrer à nouveau frontalement en conflit. Mais cela a simultanément affaibli la capacité des institutions de l’Etat à répondre aux attentes réelles des Algériens. Dans un contexte de crise économique et sanitaire sans précédent, cette disparition graduelle de l’Etat pourrait remettre en question la centralité de la figure présidentielle comme pilier du régime militaire, mais aussi la volonté d’une normalisation institutionnelle de la contestation par le Hirak.

En 1999, Bouteflika avait pu se substituer à un Etat de droit simplement par la promesse de mettre fin à des années de violence. Sa « réconciliation nationale » s’était faite sans justice transitionnelle, sa redistribution de la rente pétrolière sans justice sociale, ses décrets présidentiels avaient remplacé le Parlement et la participation politique était circonscrite à la cooptation de certains partis.

Après deux décennies de décrédibilisation de l’Etat comme outil de réforme, personne ne croit aux promesses d’une Algérie nouvelle par le président Tebboune. Son élection et son référendum constitutionnel n’ont pas réactivé une participation populaire pro-régime qui devait contrebalancer celle de la rue. Le médiateur de la République qu’il a nommé afin d’aider les citoyens dans leurs « différends » avec l’administration s’est déclaré impuissant face à la corruption de la petite bureaucratie. Si un quart du budget de l’Etat est toujours consacré aux transferts sociaux, cela est sans effet faute de plan de relance post-Covid et de mesures pour lutter contre l’inflation et l’économie informelle.

La dissolution de l’Assemblée nationale et la promesse de nouvelles élections se heurtent à l’absence de partis fonctionnels. Même la grâce présidentielle octroyée à une partie des prisonniers d’opinion afin de dissuader la reprise des marches est affaiblie par l’illogisme d’un pardon accordé à des individus qui n’ont parfois pas encore été jugés ou dont les chefs d’accusation étaient arbitraires.

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