Archive pour le Tag 'L’argent'

La criminalité et blanchiment de l’argent

La criminalité et blanchiment de l’argent

On imagine parfois la criminalité organisée comme une économie parallèle et souterraine qui resurgit au moment de blanchir l’argent issu de son activité. Le rapport d’Europol, publié le 18 décembre dernier, sonne très différemment. Par Charles Cuvelliez, Université libre de Bruxelles et Jean-Jacques Quisquater, Université de Louvain et MIT dans « la Tribune ». 

 

Europol a enquêté sur 821 grands réseaux criminels : 86 % d’entre eux ont besoin de structures légales pour prospérer. Ces dernières sont complices : seules 7 % des réseaux criminels les utilisent à leur insu. 16% infiltrent ces organisations légales en corrompant ou compromettant de simples employés, mais le reste est le fait de structures soit créés par les criminels soit d’une collusion à plus haut niveau entre les dirigeants des deux côtés de la barrière, ou à tout le moins des personnes clés. Les réseaux criminels préfèreront des entreprises actives depuis des années à la réputation bien faite. On n’en fait visiblement pas assez contre l’insider threat !

Il y a des activités criminelles qui ont, par leur nature, besoin de portes d’entrée et de sortie dans la légalité : ce sont les fraudes à TVA, quand elle est déclarée, mais jamais payée à l’Etat. Ces sociétés apparaissent et disparaissent très vite. Elles n’ont pas ou peu d’employés et peuvent tout faire en ligne, sans avoir des bureaux. Des personnes en difficulté financière ou des sociétés proches de la faillite sont ciblées. Elles émettent de fausses factures. S’y prêtent particulièrement bien : la vente d’appareils électroniques, mais aussi l’alimentation, le textile, bref tout ce qui circule vite sont des cibles de ces fraudes, sans compter la seconde main. Les fraudes aux subsides ont besoin de sociétés de façade, surtout lorsqu’ils sont associés à des appels d’offres. Avec l’Europe qui veut promouvoir l’économie circulaire, numérique ou résiliente, ce sont autant de thèmes à subsides.

La fraude alimentaire demande des collusions avec le monde des affaires : recycler des stocks de nourriture avariée déjà stockée pour être détruite ou les fraudes sur les appellations d’origine. La fraude au crédit s’intensifie aussi : c’est se faire passer pour des emprunteurs bien comme il faut, avec des faux, quand ce crédit ne sert pas tout simplement à blanchir de l’argent au moment du remboursement.
Mais c’est le business en ligne qui offre les plus grandes possibilités : il y a peu de tangible à mettre en place (et donc à contrôler). L’écosystème du business en ligne permet de créer des sociétés de toute pièce qui n’ont pas l’air suspectes : logistique, transport, centres d’appel, mais aussi import-export qu’on ne trouvera pas suspect de voir apparaitre tout à coup à partir de rien tant le business est florissant. Les employés de call centers vont même jusqu’à ignorer qu’ils travaillent pour vendre des produits ou des services frauduleux, a découvert Europol. On leur dit cependant de ne pas conseiller des produits à leurs familles ou proches. Les call-centers opèrent dans des entrepôts, des appartements et peuvent être très vite dissous et ensuite remis sur pied ailleurs en un temps record.

Les crimes à l’environnement est un autre débouché qui demande d’infiltrer des sociétés qui y sont déjà actives : gestion des déchets, production industrielle qui en génère, commerce de faune et de flore (sauvages). Là aussi, c’est la longueur et le nombre d’intermédiaires qui aide : des déchets doivent être collectés, traités, transportés, entreposés ou recyclés suivant des prescrits réglementaires à chaque étape dont le contournement peut rapporter gros. Cela aussi fait beaucoup d’acteurs qui peuvent être abusés, compromis, corrompus. On peut aussi tromper des négociants qui ne traitent pas eux-mêmes les déchets, mais les achètent et les revendent sans jamais les voir en vrai.

Même le trafic de drogue a besoin de canaux légaux, depuis la culture de cannabis (il faut bien louer des maisons pour le cultiver et avoir de l’électricité) aux drogues dures. Pour les drogues de synthèse, il faut se procurer des matières premières qui sont souvent en vente libre : créer une PME active dans la chimie est alors une façade inviolable. Viennent les sociétés de transport qui ne peuvent pas se rendre pas compte qu’elles transportent des matières premières certes légales, mais à usage futur illégal. Les compagnies de location de voiture sont aussi facilement abusées pour ce transport. Les sociétés d’import-export ou de reconditionnement ferment la marche.

C’est aussi par containers que les drogues sont transportées en grande quantité. Ces sont les entreprises de manutention des containers qui sont alors complices, via des falsifications de code de référence, infiltration des sociétés qui les transportent d’un continent à l’autre. Les sociétés de maintenance et de réparation de containers sont très prisées des réseaux criminels pour pouvoir cacher la drogue dans les structures internes du container.

Il reste enfin les places de marché qui servent à commercialiser les drogues et les petites entreprises de livraison qui les distribuent.

Même pour le trafic de migrant qu’on croit aux mains de passeurs véreux, il existe toute une filière organisée : le recrutement de migrants se fait par réseaux sociaux. Des agences de voyage organisent le transport avec des billets dûment achetés. Ils s’occupent ou ne se préoccupent pas des papiers contrefaits. Les agences se trouvent dans le pays d’origine, mais dans le pays d’arrivée, une autre agence s’occupe du déplacement vers la destination finale. C’est le petit commerce, dit Europol, qui sert de point de rencontre entre migrant et trafiquant. C’est aussi par eux que se fait le paiement final de la somme due au trafiquant quand le migrant est arrivé à bon port.

Il faut un trafic de faux emplois pour donner lieu à un visa de travail. Des sociétés fictives sont créées ou des sociétés en difficulté sont rachetées : ces sociétés sont dans ces secteurs coutumiers de petits boulots : construction, nettoyage, service à la personne, restauration. Le transport se fait via des camions avec la complicité du chauffeur. Les locations de voiture permettent de rapidement passer d’un pays à l’autre, pour multiplier les intermédiaires : les plateformes de partage de voitures ou les bus internationaux vont aussi être utilisés. Le long des routes de migrants, les hôtels et restaurants s’accommodent de ces travailleurs et leur servent de points de chute au moins provisoires. Les réservations se font même via booking.com, dit Europol.

Pour le trafic de voiture, là aussi des structures légales sont utilisées aux différentes étapes. Acquisition, transfert des véhicules volés et mise en vente. Des sociétés sont créées pour acquérir des voitures via un leasing ou en location (puis elles disparaissent). Les sociétés d’import-export sont infiltrées pour pouvoir disposer de documents falsifiés. Quant à la vente, il faut infiltrer des dealers, des ateliers de réparation ou d’inspection.

Les structures légales sont donc des maillons cruciaux pour déguiser et faciliter l’activité criminelle. Plus celle-ci a d’étapes, certaines légales (se procurer des matières premières pour la confection de drogues de synthèse) d’autres non, plus on peut utiliser des sociétés intermédiaires qui donnent le change d’une étape à l’autre du processus criminel et brouillent les pistes. C’est le recours à ces structures légales qui expliquent, dit Europol, la résilience des réseaux criminels.

La complicité interne est la cause première de ces collusions, ce qui appelle à un meilleur screening du personnel. Trop souvent, celui-ci se réduit à la preuve d’une absence de casier judiciaire au moment de l’engagement et puis plus rien, pendant les années de carrière qui suivent. Et pourtant les aléas de la vie peuvent nous changer, sans que les collègues ne s’en aperçoivent. On dit parfois que le contrôle social de ces derniers est un rempart, mais il suffit de cacher son jeu. Revoir aussi les processus de façon à séparer la prise de décision de l’exécution est aussi une excellente prévention.
Il restera toutefois les nombreuses sociétés qui sont tombées aux mains de réseaux criminels lors de la crise Covid-19 lorsque la faillite les guettait et que ces sauveurs se sont présentés.

Le rôle de l’argent dans la campagne électorale américaine

Le rôle de l’argent dans la campagne électorale américaine

 

Depuis 2004, à l’exception notable de Donald Trump en 2016, le candidat élu à la Maison Blanche a toujours été celui qui bénéficiait du budget de campagne le plus important. Or ces budgets n’ont cessé d’augmenter au cours des dernières années. Cette débauche de moyens, rendue possible par l’octroi de financements privés illimités à certains comités d’action politique (PAC), aboutit à une inquiétante privatisation de la vie politique américaine. La course effrénée aux généreux donateurs finit en effet par influencer le contenu des programmes des candidats.

par ,Professeur des Universités en économie, Conservatoire national des arts et métiers (CNAM) et Professeur de Sciences Economiques, directrice adjointe de la Maison de la Recherche en Sciences Humaines, Université de Caen Normandie dans « The Conversation » 

 

L’évolution de la législation américaine sur le financement des campagnes électorales a conduit au fil du temps à une véritable privatisation de la vie politique. Comment ? En permettant, au nom de la liberté d’expression garantie par le 1er amendement de la Constitution, un financement massif des campagnes présidentielles par des fonds privés.

La campagne la plus chère reste pour l’heure celle de 2020, où près de 2 milliards $ au total ont été dépensés par Joe Biden et Donald Trump. Selon la Federal Election Commission (FEC), Kamala Harris et Donald Trump avaient respectivement collecté pour leurs dépenses 901 et 376 millions de dollars au 30 septembre 2024. Ces montants ne retracent cependant que les dépenses des principaux comités de campagne et excluent les dépenses en publicité effectuées par les nombreux comités non liés aux partis politiques, mais très politiquement orientés.

En théorie, les candidats peuvent bénéficier d’une dotation publique individuelle de l’État fédéral, dont le montant s’élève en 2024 pour les partis « majeurs » à 123,5 millions de dollars, sous réserve de ne pas accepter de contributions privées complémentaires. Les « petits » candidats peuvent recevoir une fraction variable de cette somme s’ils obtiennent au moins 5 % des suffrages, seuil très rarement atteint.

En pratique, Barack Obama en 2008 a été le premier candidat d’un parti majeur à refuser d’emblée cette dotation. D’autres avant lui l’avaient acceptée puis rendue, afin de s’affranchir des contraintes associées. Depuis lors, tous les candidats démocrates et républicains n’ont fait appel qu’aux fonds privés, provenant de donateurs individuels, d’entreprises et de syndicats. Les dons peuvent être versés directement au comité associé au candidat, aux comités associés aux partis politiques mais aussi à différents comités d’action politique (PAC).

Les PAC traditionnels, autorisés à effectuer des transferts aux comités des candidats et des partis, reçoivent des dons d’individus, d’entreprises ou bien d’autres PAC pour un montant plafonné à 5 000 dollars par contributeur et par an. Ce plafond s’applique également aux PAC spéciaux (separate segregated fundSSF) administrés par des entreprises ou des syndicats.

À l’inverse, les Super-PAC, qui agissent sans coordination avec les partis politiques, peuvent recevoir des dons illimités. Leurs dépenses, qualifiées d’indépendantes, portent sur la publicité (favorable ou défavorable) à un ou plusieurs candidats ou partis. Certains PAC dits hybrid (ou « Carey ») disposent de deux budgets séparés pour les dépenses indépendantes d’une part et celles en lien avec les partis politiques d’autre part.

Les Super-PAC sont à l’origine de dépenses de plus en plus massives. Le site AdImpact recense ainsi 9 milliards de dollars dépensés en publicité politique sur le cycle électoral de 2020, toutes sources de financement et toutes élections confondues (incluant gouverneurs, Congrès, etc.), et projette que plus de 10 milliards auront été dépensés pour le cycle de 2024, dont 2,7 milliards de dollars spécifiquement associés à la présidentielle. Les trois quarts de ces 2,7 milliards seraient ciblés sur sept États seulement, les fameux swing states, au point que les électeurs qui y résident sont littéralement inondés de publicités électorales.

Mais les dépenses sont parfois difficiles à attribuer à un candidat spécifique. Certains PAC non traditionnels se déclarent ouvertement favorables à un candidat ou un parti – c’est le cas du PAC démocrate Future Forward ou du PAC républicain MAGA Inc. D’autres peuvent se déclarer favorables à un parti mais opposés au candidat investi, comme c’est le cas du Lincoln Project, républicain mais hostile au candidat Trump. Certains se déclarent politiquement neutres et défendent une cause spécifique. C’est le cas du PAC America qui prône simplement la « liberté », mais dont le fondateur, Elon Musk, affiche son soutien à Donald Trump, ou bien de Fairshake et du PAC associé à la NRA, qui défendent respectivement les cryptoactifs et la détention d’armes.

Cette course de « fonds » a pris une tournure particulière à l’été 2024 lorsque Joe Biden, sous la pression de son propre camp, s’est retiré de la course à la Maison Blanche pour céder sa place à sa vice-présidente et colistière Kamala Harris, laissant 96 millions de dollars non dépensés sur son compte de campagne.

Les Démocrates réallouent alors les fonds à Kamala Harris. Le PAC « Biden for President » informe officiellement la FEC de son changement de nom en « Harris for President » fin juillet 2024.

Immédiatement, les Républicains tentent d’empêcher le reversement des fonds de campagne du camp démocrate en déposant une plainte auprès de la FEC. Ils dénoncent une tromperie en arguant que les donateurs de Joe Biden auraient pu ne pas souhaiter donner à Kamala Harris. La manœuvre est purement politique, puisque les juristes s’accordent pour dire qu’aucune hypothétique action en justice ne pourrait être entamée avant l’élection.

Cette course aux financements confère une influence majeure aux riches et généreux donateurs, qu’il s’agisse de lobbies ou d’individus qualifiés d’« anges gardiens ».

En 2020, les hommes d’affaires Thomas Steyer et Michael Bloomberg, tous deux candidats à la primaire démocrate, faisaient campagne en grande partie sur leurs propres fonds. S’étant ralliés au candidat investi, ils ont contribué à accroître les fonds de campagne de Joe Biden de près de 220 millions de dollars.

Chez les Républicains, le principal donateur de la campagne de Donald Trump en 2020 était le magnat de l’immobilier et des jeux d’argent Sheldon Adelson, pour un montant estimé à près de 90 millions de dollars. Sa veuve Miriam avait annoncé fin mai 2024 son intention de faire don de près de 100 millions de dollars en faveur de Trump pour la campagne 2024 à travers le PAC Preserve America. A deux mois de la présidentielle, les fonds récoltés par ce PAC atteignaient les 100 millions de dollars, dont 80 millions de Miriam Adelson.

À cette échéance, le principal donateur de Donald Trump pour la campagne 2024 était le milliardaire Timothy Mellon, à hauteur de 115 millions de dollars versés au principal Super-PAC MAGA Inc. S’y ajoutent quelques autres très grands donateurs comme la femme d’affaires Linda McMahon (10 millions de dollars via MAGA inc, le fondateur et gérant du hedge fund Citadel Kenneth Griffin (5 million via American Patriots) ou Laura et Isaac Perlmutter (10 million via Right for America). Chez les Démocrates, le plus gros donateur individuel demeurait Michael Bloomberg avec 19 millions versés au PAC Hybride Future Forward en mai.

Le site OpenSecrets qui évalue le coût des campagnes électorales aux États-Unis, indique d’ailleurs qu’à la mi-septembre la campagne de Donald Trump repose davantage sur les très grands donateurs que celle de son adversaire, puisque 67 % de ses fonds proviennent de contributions individuelles supérieures à 200 000 dollars, contre 58 % pour Kamala Harris.

Selon OpenSecrets, l’industrie pétrogazière aurait déjà contribué, à la mi-septembre, à hauteur de 20,8 millions de dollars dans la campagne présidentielle sur le cycle électoral, dont 93 % en faveur de Donald Trump. De même pour l’industrie du tabac, dont 99 % des 8,7 millions ont été attribués aux Républicains. D’autres secteurs sont davantage favorables aux Démocrates, qui bénéficient par exemple de 86,5 % des 13,3 millions de dollars injectés dans la campagne présidentielle par l’industrie télévisuelle, cinématographique et la musique.

Une industrie en expansion s’investit particulièrement dans la campagne de 2024 : celle des cryptoactifs, notamment à travers le Super-PAC Fairshake, déjà évoqué. Début septembre, ce comité avait récolté près de 203 millions de dollars pour défendre ses intérêts dans le cadre des élections de cette année. Parmi les donateurs, on retrouve des grands noms des cryptos comme Ripple (25 millions) et Coinbase (25 millions).

Lorsque l’on compare les fonds récoltés par les candidats et les fonds mensuellement dépensés, on comprend mieux la multiplication des annonces du candidat Trump à l’attention de certaines industries, dont celles des cryptos, voire de personnalités comme Elon Musk. En effet, selon la FEC et le site OpenSecrets, les comptes de beaucoup des principaux PAC républicains (MAGA IncSave AmericaMAGA PACAmerica PAC) étaient à la mi-septembre proches de l’équilibre ou dans le rouge (ils avaient plus dépensé que récolté), alors que les principaux PAC démocrates (essentiellement Future Forward États-Unis et American Bridge) dégageaient de forts excédents leur permettant de poursuivre leurs dépenses en publicité.

Plus généralement, ce mode de financement interroge sur le lien entre certaines des positions défendues par les candidats et les intérêts de leurs donateurs. Donald Trump est clairement soutenu par l’industrie du tabac pour avoir défendu le vapotage pendant son mandat et annoncé sa volonté de ne pas interdire les cigarettes mentholées dénoncées dans les programmes de santé publique promus par les Démocrates. De même, le candidat républicain s’affiche en faveur des cryptoactifs, avec la promesse d’interdire à la Réserve fédérale le développement d’un e-dollar qui pourrait leur nuire.

Le camp démocrate n’est pas en reste. Kamala Harris a donné un certain nombre de gages, comme la promesse de ne pas interdire les cryptoactifs, et a révélé détenir une arme à son domicile dans le but de rassurer sur le fait qu’elle n’envisageait pas d’interdiction dans ce domaine si elle était élue…

Politique de Défense: La Pologne achète des équipements américains avec l’argent de l’Europe

Matériel militaire: La Pologne achète des équipements américains avec l’argent de l’Europe

Depuis 2004, la Pologne a reçu près de 246 milliards d’euros du budget de l’Union européenne. Durant cette période, les cotisations versées au budget de l’UE se sont élevées à plus de 83,8 milliards d’euros. Ce qui n’empêche nullement la Pologne de privilégier l’achat d’équipements militaires américaines des industries européennes évidemment.

 

En effet, Varsovie poursuit, à coup de milliards de dollars, ses acquisitions d’équipements militaires, principalement auprès des Etats-Unis et de la Corée du Sud. Ce lundi, Varsovie a signé un accord d’une valeur de 1,13 milliard d’euros sur la production de 48 lanceurs de missiles antiaériens américains Patriot.

 

Troisième accord militaire en moins d’une semaine pour la Pologne. Varsovie a annoncé ce mardi par la voix de son ministre de la Défense avoir signé un accord définitif avec Boeing pour l’achat de 96 hélicoptères de combat Apache.

« Il s’agit de l’achat historique (…) de 96 hélicoptères d’attaque et de combat ultramodernes, les AH-64E Apache », a déclaré Wladyslaw Kosiniak-Kamysz, ajoutant que la valeur de la transaction s’élevait « à 10 milliards de dollars », soit 9,14 milliards d’euros.

L’accord « change le visage des opérations de l’armée polonaise et complète » les achats précédents, a déclaré Wladyslaw Kosiniak-Kamysz. Fortement armé, AH-64E Apache est notamment destiné à combattre les chars ennemis.

Défense: La Pologne achète des équipements américains avec l’argent de l’Europe

Défense: La Pologne achète des équipements américains avec l’argent de l’Europe

Depuis 2004, la Pologne a reçu près de 246 milliards d’euros du budget de l’Union européenne. Durant cette période, les cotisations versées au budget de l’UE se sont élevées à plus de 83,8 milliards d’euros. Ce qui n’empêche nullement la Pologne de privilégier l’achat d’équipements militaires américaines des industries européennes évidemment.

 

En effet, Varsovie poursuit, à coup de milliards de dollars, ses acquisitions d’équipements militaires, principalement auprès des Etats-Unis et de la Corée du Sud. Ce lundi, Varsovie a signé un accord d’une valeur de 1,13 milliard d’euros sur la production de 48 lanceurs de missiles antiaériens américains Patriot.

 

Troisième accord militaire en moins d’une semaine pour la Pologne. Varsovie a annoncé ce mardi par la voix de son ministre de la Défense avoir signé un accord définitif avec Boeing pour l’achat de 96 hélicoptères de combat Apache.

« Il s’agit de l’achat historique (…) de 96 hélicoptères d’attaque et de combat ultramodernes, les AH-64E Apache », a déclaré Wladyslaw Kosiniak-Kamysz, ajoutant que la valeur de la transaction s’élevait « à 10 milliards de dollars », soit 9,14 milliards d’euros.

L’accord « change le visage des opérations de l’armée polonaise et complète » les achats précédents, a déclaré Wladyslaw Kosiniak-Kamysz. Fortement armé, AH-64E Apache est notamment destiné à combattre les chars ennemis.

Politique et Baisse fiscalité: Le retour de l’argent magique

Politique et Baisse fiscalité: Le retour de l’argent magique


Par Philippe Baillot, membre du Cercle des fiscalistes dans l’Opinion

L’annonce présidentielle de « deux milliards de baisse d’impôts pour les classes moyennes » relève, en l’absence de toute réduction de la dépense publique, de la plus pure novlangue. Elle constitue une nouvelle et parfaite illustration de la définition de l’Etat de Frédéric Bastiat : « cette grande fiction par laquelle tout le monde s’efforce de vivre aux dépens de tout le monde ». La diminution d’un impôt non gagée par la suppression d’une dépense ou de la hausse équivalente d’un autre prélèvement accroît à l’euro près notre déficit public. Ainsi, la promesse présidentielle consiste-t-elle à substituer à un prélèvement aux cibles identifiées, et donc portées à demander des comptes – en l’occurrence « les classes moyennes » – un déficit qui pèsera sur les générations à venir et surtout selon une répartition ignorée de tous. Cette caractéristique exclut de facto toute volonté sérieuse de contrôle.

La clé de voûte de notre système de finances publiques, conçu en opposition à l’arbitraire royal, réside dans l’article 14 de notre Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 : « Tous les citoyens ont le droit de constater, par eux-mêmes ou par leurs représentants, la nécessité de la contribution publique, de la consentir librement, d’en suivre l’emploi, et d’en déterminer la quotité, l’assiette, le recouvrement et la durée ». Or, avec l’« argent magique », nul n’est plus réellement intéressé à suivre l’emploi, la pertinence ou l’efficacité de la dépense publique.

Le montant de notre dette publique (2 950 milliards d’euros) a conduit notre Prix Nobel, Jean Tirole, à observer que « la France était à la merci des marchés financiers ». Un point de hausse des taux représentant un surcoût de 40 milliards d’euros à l’horizon de dix ans, selon la Banque de France. A cet égard, il est remarquable de noter que le programme de stabilité 2023-2027, adressé fin avril à la Commission européenne, prévoit – avec ses lunettes roses – de voir les seules charges d’intérêts de notre dette publique passer de 1,7 % du PIB cette année à 2,4 % à l’horizon 2027 !

Notre tradition démocratique de contrôle renaîtra-t-elle avant que la seule charge de la dette devienne de très loin le premier budget de l’Etat, devant l’Education ou notre Défense, ou faudra-t-il une procédure européenne pour déficits excessifs ?

Pour mettre un terme aux dérives parlementaires observées sous la IVe République, les rédacteurs de notre constitution ont prévu que (sauf à être gagés « à due concurrence ») « les propositions et amendements formulés par les membres du Parlement ne sont pas recevables lorsque leur adoption aurait pour conséquence soit une diminution des ressources publiques, soit la création ou l’aggravation d’une charge publique » (article 40). Selon la même logique, après plus de quatre décennies de déficits publics, ne serait-il pas temps de mettre un terme aux dérives de nos gouvernants et, pour le moins, de leur interdire d’infantiliser les contribuables en masquant la réalité des prélèvements effectués et de nos dépenses.

A l’origine de la démocratie parlementaire se trouve le lien entre « contribution » et « représentation », avec la réunion « des Etats Généraux ». Ce lien républicain est menacé par l’occultation organisée de la réalité – immédiate et à terme – de la contribution de chaque citoyen. Sa mise en lumière s’accompagnerait mécaniquement d’une salutaire exigence renouvelée, en termes de pertinence et d’efficacité, de notre dépense publique. La courbe actuelle des taux longs est clairement de nature à mettre un terme au temps de « l’argent magique ». Le renouvellement de notre conscience citoyenne en hâterait utilement la fin.

Philippe Baillot, membre du Cercle des fiscalistes

Baisse fiscalité: Le retour de l’argent magique

Baisse fiscalité: Le retour de l’argent magique


Par Philippe Baillot, membre du Cercle des fiscalistes dans l’Opinion

L’annonce présidentielle de « deux milliards de baisse d’impôts pour les classes moyennes » relève, en l’absence de toute réduction de la dépense publique, de la plus pure novlangue. Elle constitue une nouvelle et parfaite illustration de la définition de l’Etat de Frédéric Bastiat : « cette grande fiction par laquelle tout le monde s’efforce de vivre aux dépens de tout le monde ». La diminution d’un impôt non gagée par la suppression d’une dépense ou de la hausse équivalente d’un autre prélèvement accroît à l’euro près notre déficit public. Ainsi, la promesse présidentielle consiste-t-elle à substituer à un prélèvement aux cibles identifiées, et donc portées à demander des comptes – en l’occurrence « les classes moyennes » – un déficit qui pèsera sur les générations à venir et surtout selon une répartition ignorée de tous. Cette caractéristique exclut de facto toute volonté sérieuse de contrôle.

La clé de voûte de notre système de finances publiques, conçu en opposition à l’arbitraire royal, réside dans l’article 14 de notre Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 : « Tous les citoyens ont le droit de constater, par eux-mêmes ou par leurs représentants, la nécessité de la contribution publique, de la consentir librement, d’en suivre l’emploi, et d’en déterminer la quotité, l’assiette, le recouvrement et la durée ». Or, avec l’« argent magique », nul n’est plus réellement intéressé à suivre l’emploi, la pertinence ou l’efficacité de la dépense publique.

Le montant de notre dette publique (2 950 milliards d’euros) a conduit notre Prix Nobel, Jean Tirole, à observer que « la France était à la merci des marchés financiers ». Un point de hausse des taux représentant un surcoût de 40 milliards d’euros à l’horizon de dix ans, selon la Banque de France. A cet égard, il est remarquable de noter que le programme de stabilité 2023-2027, adressé fin avril à la Commission européenne, prévoit – avec ses lunettes roses – de voir les seules charges d’intérêts de notre dette publique passer de 1,7 % du PIB cette année à 2,4 % à l’horizon 2027 !

Notre tradition démocratique de contrôle renaîtra-t-elle avant que la seule charge de la dette devienne de très loin le premier budget de l’Etat, devant l’Education ou notre Défense, ou faudra-t-il une procédure européenne pour déficits excessifs ?

Pour mettre un terme aux dérives parlementaires observées sous la IVe République, les rédacteurs de notre constitution ont prévu que (sauf à être gagés « à due concurrence ») « les propositions et amendements formulés par les membres du Parlement ne sont pas recevables lorsque leur adoption aurait pour conséquence soit une diminution des ressources publiques, soit la création ou l’aggravation d’une charge publique » (article 40). Selon la même logique, après plus de quatre décennies de déficits publics, ne serait-il pas temps de mettre un terme aux dérives de nos gouvernants et, pour le moins, de leur interdire d’infantiliser les contribuables en masquant la réalité des prélèvements effectués et de nos dépenses.

A l’origine de la démocratie parlementaire se trouve le lien entre « contribution » et « représentation », avec la réunion « des Etats Généraux ». Ce lien républicain est menacé par l’occultation organisée de la réalité – immédiate et à terme – de la contribution de chaque citoyen. Sa mise en lumière s’accompagnerait mécaniquement d’une salutaire exigence renouvelée, en termes de pertinence et d’efficacité, de notre dépense publique. La courbe actuelle des taux longs est clairement de nature à mettre un terme au temps de « l’argent magique ». Le renouvellement de notre conscience citoyenne en hâterait utilement la fin.

Philippe Baillot, membre du Cercle des fiscalistes

Une réforme des retraites qui va coûter de l’argent

Une réforme des retraites qui va coûter de l’argent !


Paradoxalement, la réforme des retraites pourrait bien coûter de l’argent, en tout cas ne pas réaliser les économies promises.

Le premier facteur à prendre en compte est celui des améliorations consenties ici ou là pour certaines catégories qui représentent de l’ordre de 5 milliards.

La seconde raison tient lieu au taux de chômage des seigneurs dont actuellement un tiers ne sont déjà plus sur le marché du travail à 62 ans. Conclusion, on retrouvera ses anciens salariés soit considéré comme handicapés, soit comme chômeurs soient encore comme malades. L’ensemble de ces conséquences ce chiffrerait à environ 20 milliards ( mais les déficits seraient supportés par les financements affectés à ces situations. En clair on assisterait à un déplacement des dépenses.

La réalité des économies potentielles repose essentiellement sur le taux de croissance et sur la démographie à plus long terme. Un fort taux de croissance mécaniquement provoque une augmentation des ressources pour les caisses de retraite. Sans croissance on ne peut guère espérer la moindre économie au contraire. Par ailleurs il conviendrait d’engager un vaste plan de maintien dans l’emploi . Or le Medef qui approuve la réforme des retraites refuse catégoriquement le moindre concept de quota obligatoire de seniors.
À long terme, l’évolution démographique peut jouer un rôle favorable ou défavorable. Actuellement la démographie française est sur une tendance baissière. Il faudra donc compter sur l’apport de travailleurs étrangers pour rééquilibrer le rapport entre actifs et retraités.

A court terme ,La réforme des retraites, conçue pour combler le déficit du système de retraites d’ici à 2030, va commencer par creuser le déficit de la Sécurité sociale en 2023, avant de produire ses effets sur les comptes grâce à l’allongement des carrières réclamé aux personnes nées à partir de 1961.

C’est la conséquence du choix du gouvernement de revaloriser le minimum de pension à 85 % du smic net dès 2023, y compris pour les retraités actuels qui ont cotisé toute leur vie. C’est ce qu’on apprend dans le projet de loi de financement rectificatif de la Sécurité sociale pour 2023 .

En outre, compte tenu de la très forte contestation de l’opinion publique, il est vraisemblable que le gouvernement va encore modifier son projet est accordé quelques avantages sociaux supplémentaires qui viendront encore affecter les économies potentielles.

Stationnement à Paris : une sélection par l’argent

Stationnement à Paris : une sélection par l’argent

La décision de la mairie de Paris augmentée notoirement le coût du stationnement et des amendes est fortement critiquée notamment par Daniel Quero, dirigeant de l’association 40 millions d’automobilistes qui  dénonce ainsi « une sélection par l’argent » qui opère une distinction entre ceux «qui auront les moyens de payer le stationnement» malgré l’augmentation, et les autres. Selon lui, la hausse des tarifs s’inscrit dans une logique budgétaire qui a pour seul but de «renflouer les caisses de la mairie endettée». L’association craint par ailleurs que la ville ne se transforme «en ville musée et en désert économique» en se privant de la venue des habitants de région parisienne.

La fin de «l’argent magique» ? Non la poursuite

La  fin de «l’argent magique» ? Non la poursuite

 

Certains experts patentés de l’économie changent désormais de discours et pronostiquent  la fin de l’argent magique. Il retrouve ainsi leurs chaussures idéologiques précédentes qui consistaient à alerter systématiquement contre toutes les dérives budgétaires. Surtout les dérives européennes car les mêmes experts ont rarement condamné les errements dans ce domaine des États-Unis. Des errements autrement plus importants.

On objectera que les États-Unis peuvent se permettre cette fantaisie car le dollar est une monnaie de transaction internationale. Certes, mais cela n’empêche pas la valeur du dollar d’évoluer justement en général plutôt à la baisse, ce qui est assez cohérent avec une recherche de compétitivité monétaire.

Les slogans relatifs à la fin de l’argent magique restent des slogans. Il n’y a pas d’affaire de magie dans ce domaine. Les banques centrales notamment européennes rachètent les actifs des Etats afin de les désendetter, parallèlement elles déversent  des liquidités via  les banques pour soutenir l’économie. En gros ,la masse monétaire dépasse et de loin la valeur des actifs sur lesquels elle est supposée reposer notamment la croissance.

Du coup mécaniquement, cela génère un phénomène inflationniste qui va corriger le déséquilibre entre la masse monétaire et la richesse réelle qu’elle est supposée représenter.  La régularisation est d’ailleurs en cours d’abord aux États-Unis qui connaissent une forte inflation depuis le début de l’année. Une augmentation des prix qui a fait en premier les matières premières et l’énergie et qui découle aussi des désordres logistiques liés à la crise sanitaire.

 

Inévitablement l’inflation va aussi contaminer l’Europe qui a besoin des mêmes matières premières que les États-Unis ou la Chine. Déjà par exemple les industries alimentaires réclament une hausse significative des prix du fait de l’envolée des cours des matières premières. alimentaires.

Globalement l’argent dit magique ne va pas augmenter au contraire il va même progresser au rythme de l’inflation.La facture sera payée comme d’habitude par le consommateur et l’épargnant voir le contribuable.

 

Les Français et l’argent : un nouveau sens ?

Les Français et l’argent : un nouveau sens ? 

D’après une étude menée par le Crédit Coopératif et ViaVoice dont rencontre Figaro, plus qu’un marqueur social, l’argent serait aujourd’hui un marqueur de valeurs. En effet, sur les 1030 personnes interrogées, seules 5% perçoivent désormais l’argent comme une illustration de la réussite et de l’atteinte d’un statut social. Une donnée « frappante » pour Claudia Senik, professeur d’économie à la Sorbonne et co-auteur avec Daniel Cohen de Les Français et l’argent (Albin Michel, 2021)

Pour la chercheuse, ce résultat montre en creux « l’importance des dimensions symboliques, politiques et culturelles dans la manière dont les Français se voient » et cette perception peut s’expliquer par une tradition culturelle spécifiquement française « attachée à des valeurs aristocratiques et moins matérialistes ».Ces évolutions trouvent notamment leurs racines dans une nouvelle conviction : 69% des Français estiment que responsabilité et performance de l’économie sont conciliables. Toutefois, même si les Français aspirent à changer leurs comportements pour faire advenir cette économie responsable, 40% d’entre eux ne savent pas comment s’y prendre ou vers qui se tourner. La moitié des personnes interrogées pointent également la nécessité d’un engagement collectif.

Daniel Cohen, professeur à la Paris school of economics (PSE), reste toutefois prudent sur ces affirmations, «il y a une énorme disjonction entre ce que disent les gens et ce qu’on sait de leurs comportements, surtout en France» nuance l’économiste qui veut toutefois croire que ces bonnes intentions seront suivies d’actions .

L’argent magique jusqu’à quand ?

  • L’argent magique jusqu’à quand ?
  • «L’analyse économique standard suggère que la dette publique est comparable au fluor : utile à doses maîtrisées, mais toxique à haute dose».
  • Frédéric Gonand  professeur d’économie à l’Université Paris Dauphine-PSL, revient dans l’Opinion sur les limites de l’endettement public
    • Un discours un peu lénifiant nous assure que le niveau de dette publique en France en 2021, proche de 120% du PIB, ne poserait pas de problèmes économiques. Ce niveau a doublé dans notre pays depuis 2007 alors qu’en Allemagne il n’a que peu progressé sur la même période, malgré les mêmes crises. Difficile de savoir si ce discours est une posture de conseillers du prince qui ne souhaitent pas être contrariant, ou le résultat d’une lecture d’articles académiques récents par d’excellents spécialistes. L’idée globale, selon Olivier Blanchard et sur le cas américain, demeure que si le taux de croissance futur est suffisant, si les taux sans risque restent bas et si la productivité marginale du capital est suffisamment basse, alors une dette publique élevée ne présenterait pas de grand dommage économique. Là où les écrits d’Olivier Blanchard sont prudents, en Europe ses hypothèses sont oubliées mais la conclusion est claironnée.
    • L’analyse économique standard suggère que la dette publique est comparable au fluor : utile à doses maîtrisées, mais toxique à haute dose. Des déficits et dettes publiques sont acceptables, voire souhaitables comme dispositifs contracycliques, notamment en cas de récession profonde avec des taux d’intérêt déjà nuls comme en 2020, ou pour financer des investissements publics. Mais les déficits et dettes publics deviennent coûteux, voire dangereux s’ils évincent l’investissement privé et déclenchent des hausses d’impôts futurs ou de prime de risque, s’ils sont monétisés, s’ils favorisent des fuites de capitaux, s’ils pèsent sur les générations futures…
    • Ces enseignements assez stables et confirmés par les faits sont souvent mis de côté en Europe avec l’argument un peu magique du niveau très bas des taux d’intérêt : la dette, comme aux Etats-Unis, « ne coûterait rien ». C’est oublier que si la croissance est faible comme en Europe, alors le remboursement de la dette n’en sera que plus complexe. C’est oublier que l’euro, contrairement au dollar, n’est pas la monnaie internationale. C’est oublier qu’une dette publique élevée bride la capacité à baisser les impôts sur les entreprises européennes et donc à redresser leur compétitivité. C’est oublier aussi que la Chine émerge au XXIe siècle comme ce qu’était le Royaume-Uni au XIXe siècle : un créancier du monde – grâce notamment au taux d’épargne des ménages chinois supérieur à 40%.
    • D’ores et déjà la Chine est un créancier des pays émergents plus important que la Banque mondiale, le FMI ou le Club de Paris. Voilà un paradoxe de nos débats en sortie de crise : le thème de la souveraineté économique a été évoqué, les problèmes associés au niveau actuel de dettes publiques (surtout en France) sont éludés ; et le lien possible et futur entre les deux n’est presque jamais mentionné. La négligence actuelle pour le niveau de la dette publique française refléterait-elle une étrange défaite, pour reprendre Marc Bloch, dans la lutte pour préserver notre souveraineté économique future ?
    • *Frédéric Gonand est professeur d’économie à l’Université Paris Dauphine-PSL.

L’argent sale des cryptomonnaies

L’argent sale des cryptomonnaies 

 

Trois experts de la gestion des risques et du numérique, Marianne Collin, Charles Cuvelliez et Jean-Jacques Quisquater, analysent, dans une tribune au « Monde », les limites des superviseurs des marchés financiers confrontés à l’usage croissant des cryptomonnaies.

 

Tribune.

Il existe à peu près 8 000 cryptomonnaies, et donc 8 000 manières de blanchir de l’argent ou de financer le terrorisme, diront les détracteurs du bitcoin et de ses variantes. Le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme à grande échelle restent encore du domaine du risque. Mais il vaut mieux prévenir que combattre un tel fléau, pour autant qu’on prenne bien la mesure du risque !

Les cryptomonnaies, c’est comme le cash mais, à la différence du cash, qui passe de la main à la main, les montants et les distances entre contreparties impliquées dans le paiement n’ont pas de limite avec les cryptomonnaies. C’est le premier problème.


Les cadres réglementaires qui visent à limiter le blanchiment d’argent (Anti-Money Laundering, AML) et le financement du terrorisme (Countering the Financing of Terrorism, CFT) se basent sur le repérage par les intermédiaires techniques (banques, prestataires spécialisés) qui acheminent les paiements jusqu’à leurs commanditaires (avocats, notaires) : ils ont l’obligation d’identifier correctement tous les clients et d’enquêter de manière approfondie le cas échéant, d’enregistrer les transactions, de mettre en place des contrôles internes AML/CFT, de rapporter aux autorités les cas suspects.

Mais dans le cas des cryptomonnaies, il n’y a pas d’intermédiaires. C’est le deuxième problème. On ne peut donc récupérer un semblant de contrôle que quand les cryptomonnaies rentrent dans le système financier traditionnel, soumis aux procédures AML/CFT. C’est comme pour le cash, lorsque de grosses quantités de liquide alimentant soudainement un compte bancaire déclenchent des alertes… Sauf que les prestataires actifs dans les cryptomonnaies ne sont pas soumis à ces procédures. On peut les classer en trois catégories.

Il y a les émetteurs de cryptomonnaies (on devrait parler de cryptoactifs car les cryptomonnaies sont bien peu utilisées pour payer) qui les enregistrent, les distribuent sur les marchés, les proposent aux investisseurs… Il y a ceux qui en organisent la vente et l’achat, fixent les prix en fonction de l’offre et la demande, procèdent au transfert de cryptoactifs entre vendeur et acquéreur, ou les conservent comme tiers de confiance. Ils peuvent même fournir les services financiers en support d’une transaction entre contreparties.

Enfin, il y a les acteurs techniques qui fournissent l’infrastructure adéquate. C’est tout cet écosystème bigarré qu’il faut mettre au pas. Le Financial Stability Institute (FSI) de la Banque des règlements internationaux a examiné la façon dont s’organisait dans plusieurs juridictions la prévention du blanchiment d’argent et du financement du terrorisme via les cryptoactifs (« Supervising cryptoassets for anti-money laundering », avril 2021).

L’argent des banques centrales profite-t-il à l’économie ?

L’argent des banques centrales profite-t-il à l’économie ? 

 

 

L’économiste,Jézabel Couppey-Soubeyran doute, dans sa chronique au « Monde », des vertus écologiques et économiques des achats massifs de titres par les banques centrales, qui bénéficient essentiellement à la sphère financière.

 

Chronique.

 

 Les banques centrales du monde entier ont répondu à la pandémie en amplifiant leurs programmes d’achats de titres mis en place depuis la crise financière de 2007-2008. Ces opérations ont pris une place prépondérante dans la politique monétaire. Pour l’Eurosystème – c’est-à-dire la Banque centrale européenne (BCE) et les banques centrales nationales de la zone euro –, les titres détenus à des fins de politique monétaire représentent désormais plus de la moitié du bilan consolidé (53 % à fin avril 2020) contre… rien vingt ans plus tôt ! Les 4 000 milliards d’euros environ correspondants constituent un portefeuille de titres plus épais que celui du plus important fonds de pension du monde, le fonds japonais GPIF.


La BCE peut-elle au moins se targuer, comme le font aujourd’hui de plus en plus de fonds d’investissement, d’appliquer les critères de gestion responsable à la mode, les critères ESG (E pour environnement, S pour social, G pour gouvernance) ? Toujours pas, et les ONG comme Reclaim Finance ou Oxfam et Les Amis de la Terre dénoncent régulièrement le problème : tant que la BCE ne tiendra pas compte du bilan carbone des émetteurs de titres qu’elle achète, elle contribuera au réchauffement de la planète et entravera la transition écologique. En avril, la Banque centrale de Belgique a ainsi été attaquée en justice par l’ONG ClientEarth pour atteinte au climat.

Cela pourrait changer. Dans un rapport récent, le Network for Greening the Financial System (NGFS), réseau de huit banques centrales et de superviseurs créé en 2017 pour travailler au verdissement du secteur financier, le laisse entendre (« Adapting central bank operations to a hotter world. Reviewing some options », mars 2021). Ce sera sans doute le cas pour les banques centrales de l’Eurosystème à l’issue de la révision stratégique de la BCE, dont les résultats devraient être connus d’ici à l’été. C’est bien engagé aussi du côté de la Banque d’Angleterre, la première à avoir communiqué, en 2020, ses expositions au risque climatique. De quoi donner le « la » aux marchés financiers.


Cela étant, on rappellera qu’une banque centrale n’est pas un fonds d’investissement, mais une institution au service du bien commun. Et il ne lui suffira pas de trier les actifs qu’elle achète pour contribuer à la transition écologique. D’une part, la logique de la « responsabilité sociale » et du « développement durable » n’a, pour le moment, pas fait des miracles pour verdir la finance – faute d’adeptes et question de temps, diront les optimistes. D’autre part, les titres privés ne sont qu’une petite fraction du portefeuille des banques centrales, l’essentiel étant des titres publics, et c’est plutôt par ce biais-là qu’elles devraient agir. Mais c’est une autre paire de manches, et le rapport du NGFS ne s’y aventure pas, comme le relève l’Institut Veblen. Faudrait-il en effet que la banque centrale disqualifie les titres des Etats les moins vertueux sur le plan écologique ? C’est peu envisageable, et potentiellement contre-productif pour les pays concernés, qui auraient encore plus de mal à engager leur transition une fois sanctionnés par les marchés. Ou devrait-elle se coordonner en amont avec les Etats pour que les titres de leurs emprunts éligibles aux rachats d’actifs servent à financer un volet suffisant de dépenses écologiques ? Mais de tels accords entailleraient la sacro-sainte indépendance des banques centrales…

Foot-Projet de Super Ligue : le triomphe de l’argent ?

Projet de Super Ligue : le triomphe de  l’argent ? 

Un papier du Monde souligne la tyrannie du fric dans le football. 

Pour augmenter leurs revenus, douze clubs de football européens veulent créer une compétition concurrente de la Ligue des champions, organisée par l’UEFA. Cette intention purement mercantile réduit les amateurs de football à de simples clients.

 

Editorial du « Monde ». En 1990, l’attaquant anglais Gary Lineker définissait ainsi le football : « Un jeu simple : vingt-deux joueurs se disputent un ballon pendant quatre-vingt-dix minutes, et à la fin c’est l’Allemagne qui gagne. » La formule a vieilli et pourrait évoluer avec le projet de création d’une Super Ligue européenne qui menace de dynamiter l’organisation des compétitions sur le Vieux Continent. Le football se jouerait toujours à onze contre onze, mais avec l’argent, désormais, en éternel vainqueur.

 

Que la finance soit au cœur de ce sport n’est pas une nouveauté. Contrats mirifiques, droits de retransmission astronomiques… voilà bien longtemps que le ballon rond est une histoire de gros sous. Néanmoins, un palier est sur le point d’être franchi avec l’initiative annoncée, lundi 19 avril, par douze clubs très puissants. Leur but : faire sécession d’avec l’Union européenne des associations de football (UEFA), le « gouvernement » du football continental, en créant une compétition en lieu et place de la Ligue des champions, une compétition insuffisamment lucrative à leurs yeux.

A ce stade, trois clubs espagnols (Real Madrid, FC Barcelone, Atlético Madrid), six anglais (Manchester United, Arsenal, Chelsea, Liverpool, Manchester City et Tottenham) et trois italiens (Juventus, Milan AC, Inter Milan) entendent devenir à la fois acteurs et organisateurs d’un spectacle censé générer davantage de revenus, que se partageront un plus petit nombre de bénéficiaires. Les Français et les Allemands manquent à l’appel, le Paris – Saint-Germain et le Bayern Munich ayant refusé de participer à la fronde.

Elite autodésignée

En restreignant encore davantage l’accès à l’élite continentale, la Super Ligue donnerait naissance à un entre-soi qui ferait perdre à la compétition l’un de ses attraits : la possibilité qu’un faible puisse se mesurer à un puissant. Elle signifierait la fin de la qualification au mérite, en excluant 99 % des clubs européens au profit d’une élite autodésignée sur le seul critère de l’argent. L’organisation pyramidale du football, qui garantit un certain degré de solidarité entre le sommet et la base, serait déstabilisée.

Dès lors, quel intérêt auraient les clubs d’une seconde zone qui ne dit pas son nom à continuer de financer un centre de formation, à recruter de nouveaux joueurs, à faire appel à des investisseurs pour les aider à rêver d’une ascension désormais impossible ?


Les promoteurs de ce barnum élitiste se sont visiblement inspirés des Etats-Unis. Ce n’est pas un hasard si quatre frondeurs (Manchester United, Arsenal, Liverpool et Milan AC) ont des propriétaires américains et si c’est une banque de Wall Street, JPMorgan, qui assurera le financement. Leur Super Ligue serait un calque des franchises de basket ou de football américain, des équipes richissimes qui s’affrontent sans risque de relégation. Contrairement au sport, le business déteste le suspense et l’imprévisibilité, et préfère les revenus récurrents.

Alors qu’une négociation demeure possible dans les mois à venir, un espoir subsiste, tant ce projet est contesté par certains joueurs, de nombreux clubs et bien des responsables politiques. Surtout, il est rejeté par une large majorité des supporteurs, y compris dans les clubs concernés, par exemple à Liverpool. En Angleterre comme partout, ceux qui vont au stade de génération en génération aiment ce sport pour sa part d’incertitude et de rêve. Ce projet, ils le savent mieux que personne, se fait au mépris du public, plus que jamais réduit au simple rôle de « client », et ne doit donc pas voir le jour.

Veolia: le capitalisme sauvage avec l’argent du contribuable

Veolia: le capitalisme sauvage avec l’argent du contribuable

Veolia qui veut dépecer Suez, vendre par appartements en même temps que liquider un concurrent se comporte en capitaliste sauvage en oubliant que les sociétés de gestion de l’eau ou des déchets vivent sur le dos des contribuables. Il n’y a en effet rien de plus juteux que cette activité qui passe des contrats sulfureux avec les collectivités locales mais dont  les véritables payeurs les résidents. L’eau comme les services sont en effet devenus des prestations hors de prix tout simplement parce qu’en réalité il n’y a aucune vraie concurrence mais un partage du marché à peine régulée par quelques alternances des deux principaux groupes lors des appels d’offres. Bref Veolia joue aux capitalistes avec l’argent du contribuable.

Le client, c’est-à-dire le résident ne peut, lui, faire jouer la concurrence, il doit se soumettre et payer les conséquences de contrat de type quasi léonin. Pourtant l’eau constitue l’un des biens les plus précieux, les plus rares parfois, les plus fragiles surtout avec l’évolution climatique mais aussi en raison des perturbations environnementales  et notamment de la pollution des sols. L’eau appartient à la catégorie des biens essentiels d’intérêt collectif, comme l’air ou l’espace.

On objectera évidemment que Veolia détient une légitimité capitalistique vis-à-vis de Suez. Mais une légitimité capitalistique qui doit surtout à des tarifs de l’eau et autre services excessifs imposés aux usagers. Une légitimité capitalistique qui doit aux graves erreurs d’Engie qui a dû se débarrasser en vitesse de ses participations dans Suez pour refaire sa trésorerie.

Une légitimité capitalistique dirigée par un ancien fonctionnaire qui fait joujou avec l’argent des autres. Bref il serait temps de reposer la problématique de gestion de l’eau au lieu de laisser l’avenir du secteur dans les seules mains capricieuses d’apprentis sorciers capitalistes. En clair , un débat sur le statut de l’eau (et autres services )et ses modes de régulation devient urgent notamment pour sortir du jeu dangereux entre Veolia et Suez.

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