Kerviel : le témoin surprise qui jette le trouble
Il s’appelle Philippe Houbé, cela va bientôt faire 13 ans qu’il travaille pour la société de courtage de la Société générale. « La Société générale c’est une belle entreprise. Mais les dirigeants font tout pour la salir, pour sauver leur poste et les privilèges qui vont avec en faisant passer l’entreprise pour une espèce de bazar, un bateau ivre. Dans ce dossier on insulte le bon sens et la justice ». Philippe Houbé n’a pas l’air impressionné. Il a fait ses comptes. Il sort un petit calepin noir aux feuilles à petits carreaux, un bloc note. « 11 milliards d’euros c’est beaucoup. Nous sommes sur terre quand même. Dire que l’on n’avait pas vu c’est techniquement impossible et réglementairement interdit ». Quant aux opérations fictives de Jérôme Kerviel censées avoir masqué ses prises de positions massives (jusqu’à 50 milliards en 2008) ce ne sont guère que « de petites bidouilles ». Quand même convient-t-il, « à la Fimat on avait connaissance d’un compte qui faisait de grosses opérations. Chez nous on appelle ça tourner comme un avion ». « Oui mais quand même, monsieur, quelles preuves ? » intervient la présidente. C’est la bonne question parce que pour l’instant, il n’en a pas. Mais l’air de rien, l’employé de banque modèle est en train de réussir ce que tout avocat rêve dans un dossier difficile : semer le doute