La justice aussi dans la tourmente
La justice ne saurait évidemment être épargnée par la crise globale qui secoue nos sociétés et en particulier réinterroge presque tous les champs régaliens. De ce point de vue la crise est systémique. Elle affecte globalement la démocratie aussi la justice. Dans les affaires politiques ou financières par exemple on est passé de la tolérance totale à la tolérance zéro comme en témoignent les procès très médiatisés concernant le rassemblement national ou encore Sarkozy. Et il y a évidemment des excès dans ce grand basculement.
La justice jusque-là complètement engluée dans des procédures désuètes a du mal à se confronter aux réalités sociétales. On a du mal à comprendre une telle complexité, une telle contradiction et surtout les délais invraisemblables pour traiter en temps voulu les affaires. Une manière par parenthèse d’enterrer un certain nombre de dossiers par simple prescription. Ainsi l’affaire de détournement de fonds de la mutuelle de Bretagne par Ferrand, nouveau président du conseil constitutionnel ! De quoi quand même s’interroger sur les compétences et les partis pris.
Dans le même temps où on questionne les conditions de financement de la campagne de Sarkozy, la justice passe l’éponge sur le financement de la campagne de Macron capable en quelques mois de revenir une douzaine de millions pour sa campagne de 2017 alors qu’il n’a jamais exercé la moindre responsabilité politique nationale ou locale précédemment.
L’image de la justice est d’autant plus archaïque et contradictoire qu’elle s’est aussi encombrée d’institutions d’exception comme la très molle Cour de justice de la république qui passe un coup d’éponge sur les 400 millions accordés par erreur par l’ancienne ministre des finances Christine Lagarde à Tapie. Ou comme le Parquet national financier à l’inverse qui fusille des candidatures à la présidence de la république. On ne peut cependant se passer d’une justice la plus indépendante possible pour faire exister l’État de droit qui garantit une démocratie durable.
Pour autant de nombreuses pendules doivent être remises à l’heure car les dysfonctionnements montrent que notre démocratie est à bout de souffle dans le cadre institutionnel actuel. En cause notamment un entre soi qui reproduit et développe un corporatisme qui a du mal à prendre en compte les réalités socio-économiques et sociétales. Au-delà des affaires très médiatisées il y a surtout l’incapacité de la justice a traiter de manière efficace et pertinente les délits qui pourrissent la société en matière d’insécurité par exemple ou encore de drogue.
La justice ne fait pas exception. Elle est en crise, comme la démocratie.