Valérie Pécresse: pour Juppé s’explique
Valérie Pécresse en se prononçant pour Juppé constitue un apport de choix pour ce dernier puisque certains émettent même l’hypothèse qu’elle pourrait être Première ministre. Valérie Pécresse s’explique dans le Figaro sur sa décision. –
J’ai longuement réfléchi à ce qui, pour moi, est le meilleur choix pour le pays aujourd’hui et j’ai décidé de soutenir dès le premier tour Alain Juppé. Il sera un président fort, qui saura réformer et restaurer l’autorité de l’État. Après cinq ans de mandat de François Hollande, il est impératif de relever la fonction présidentielle qui a été abaissée. Il est l’homme qu’il faut pour cela. Et si je fais ce choix, c’est pour donner à Alain Juppé la force, la légitimité, l’élan. Il faut se réunir derrière lui au premier tour. Je le fais parce qu’il a l’autorité sereine pour diriger la France et mener à bien les réformes très profondes dont elle a besoin. À travers les épreuves qu’il a traversées, il a prouvé son courage, sa constance et sa détermination.
Donc vous ne soutiendrez pas François Fillon, dont vous étiez proche lors de la bataille qui l’a opposée à Jean-François Copé pour la présidence de l’UMP…
C’est un choix qui a été difficile à faire. J’ai des liens avec beaucoup de candidats. J’ai été la ministre de Nicolas Sarkozy et de François Fillon. Je sais que François Fillon a l’étoffe d’un homme d’État. Mais je pense que le score entre les deux favoris va être serré et qu’il faut faire un choix clair dès le premier tour de la primaire. L’enjeu est maximum.
Êtes-vous inquiète du durcissement du climat entre Alain Juppé et Nicolas Sarkozy, à travers ses attaques contre François Bayrou?
Ne soyons pas hypocrites et disons la vérité! Sans les voix de l’UDI et du MoDem, ni Laurent Wauquiez, ni Christian Estrosi, ni moi n’aurions été élus présidents de région. Et cela ne m’empêche pas, je vous le garantis, de mener une politique de franche rupture avec dix-sept ans de gestion socialiste en Île-de-France. Ce sont des partenaires loyaux. Ils se sont engagés à soutenir un programme de réformes et ils s’y tiennent. En 2007, alliés au MoDem, nous avons gagné. En 2012, sans le MoDem, nous avons perdu. Ne faut-il pas en tirer les leçons? J’ajoute que pour réussir, il ne suffit pas de conquérir le pouvoir mais il faut savoir l’exercer. On ne peut pas réformer en profondeur sans entraîner une majorité du pays derrière nos idées. Rétrécir notre majorité, c’est se condamner à l’immobilisme.
Les sarkozystes jugent le programme de Juppé trop à gauche…
Sur le plan économique, ses réformes sont clairement plus audacieuses. Sur le plan de l’autorité, il prône un État fort. Mais, pour moi, il n’y a pas que le programme, il y a aussi la capacité à le mettre en œuvre. Alain Juppé a deux atouts maîtres: d’abord, il ne fera qu’un seul mandat. Il va être libéré de la contrainte de plaire, de séduire pour être réélu. Il sera préservé de l’impuissance qui guette tous les présidents obsédés par leur réélection. Par ailleurs, il a choisi la bonne méthode, celle des ordonnances, il a compris que c’est dans les cent premiers jours que l’on fait les réformes. C’est en allant très vite, très fort que l’on va débloquer la France. Il faut faire repartir l’économie et créer un état de sécurité renforcée qui remplace l’état d’urgence dans le cadre de l’état de droit. Je défends aussi l’idée d’une «société libérée» de la bureaucratie et du matraquage fiscal. Juppé y adhère complètement. Il est le plus décentralisateur, comme il l’a prouvé à Bordeaux.
«Pourquoi pas une femme à Matignon?», a dit Juppé. Vous êtes-vous sentie concernée?
La question ne se pose pas. Je suis parfaitement heureuse à la présidence de l’Île-de-France et je m’y donne à 150 %! Mon objectif est d’en faire la première région d’Europe. Je réclame en 2017 une nouvelle étape de décentralisation responsable, qui libère les énergies des territoires. Mais pour moi, je ne demande rien, je n’attends rien, je suis une femme totalement libre.
Après une campagne dure, est-il possible que les candidats se rassemblent après le 27 novembre?
Oui, c’est la règle du jeu. C’est un devoir pour chaque candidat et pour chacun d’entre nous.
Faut-il renégocier les investitures aux législatives?
Jamais par le passé on n’a donné les investitures finales sans faire une place à nos partenaires du centre, que ce soit au plan local ou au plan national. C’est une fausse polémique. Il faut défendre les meilleurs candidats, sans oublier les femmes!
Que pensez-vous du «ni-ni», ni PS ni FN?
L’honneur de François Hollande serait de ne pas se représenter en 2017. Il a discrédité sa fonction et le pays. Il est urgent qu’il renonce. La gauche aura beaucoup de mal à se remettre de ce quinquennat cataclysmique. Dans ce contexte, Alain Juppé est le mieux placé pour battre à plates coutures Marine Le Pen.
Craignez-vous que des électeurs de gauche viennent perturber la primaire?
Je souhaite que tous les électeurs de la droite et du centre se mobilisent, car la primaire, c’est le premier tour de la présidentielle. Certains se disent: on votera plus tard. C’est cela le danger. S’ils s’abstiennent, ils peuvent être privés de leur choix. Certes, il peut y avoir des électeurs du FN ou de la gauche qui viennent voter, mais ce sera extrêmement marginal.