Conseil national de la Refondation : le journal « le Monde déraille »!
De temps en temps le journal « Le Monde » qui se voudrait la conscience de la gauche entretient des liens plus qu’ambigus avec le pouvoir en place sans doute pour rééquilibrer sa posture. C’est le cas avec cet édito du journal consacré aux bienfaits du conseil national de la Refondation qui doit résoudre avec des amateurs tirés au hasard et en quelques semaines des problèmes comme l’emploi, l’école, la santé, le vieillissement et la transition écologique alors que des milliers et des milliers de représentants d’institutions et d’organisations n’ont pas trouvé la martingale. L’édito affirme que ce conseil national qui ne fonctionnera que quelques mois à peine pourra associer la France des profondeurs. Et de comparer au final l’initiative avec la cogestion allemande qui elle a su mettre en place les institutions permanentes associées dans l’économie les partenaires concernés.Un édito qui sent les parfums des salons parisiens. En tout cas, un conseil national de la Refondation critiqué par une majorité des Français qui décèlent évidemment l’opération politicienne. NDLR
Edito du Monde
L’instance lancée par Emmanuel Macron est boycottée par ses opposants et suscite le doute jusque dans son camp. Pourtant, cet outil de démocratie participative permettrait d’associer un maximum d’acteurs de terrain pour tenter de faire face à la grande bascule à laquelle est confronté le pays.
Le boycott par tous les partis d’opposition et une partie des syndicats de la réunion du Conseil national de la refondation, jeudi 8 septembre, à Marcoussis (Essonne), reflète l’état d’extrême crispation dans lequel se trouve le pays après la double séquence électorale du printemps. Sanctuarisation des droits retrouvés du Parlement, refus d’avaliser la création d’un nouveau « machin » considéré comme superfétatoire au regard des nombreuses instances existantes, la droite et la gauche rivalisent d’arguments pour refuser d’entrer dans la démarche entreprise par le président de la République au lendemain du scrutin présidentiel.
L’objectif affiché par le chef de l’Etat était de réunir les représentants des partis politiques, des élus locaux, des syndicats, des organisations associatives et environnementales pour tenter de partager un diagnostic sur la grande bascule qu’est en train de vivre le pays et tenter d’innover sur cinq sujets qui influent sur la vie des Français : l’emploi, l’école, la santé, le vieillissement et la transition écologique. Le flou du cadrage n’a fait que renforcer les préventions.
L’opposition est faite pour s’opposer, et l’on peut comprendre que, après le résultat des élections législatives, qui a privé le président de la République d’une majorité absolue à l’Assemblée nationale, elle cherche encore à pousser son avantage. La verticalité du précédent quinquennat est dans toutes les têtes, si bien que toute initiative venue du chef de l’Etat est entachée de soupçon. La référence au prestigieux Conseil national de la Résistance, qui était parvenu à accoucher des grandes réformes de l’après-guerre sous l’égide du général de Gaulle, n’est pas faite pour calmer les esprits.
La politique de la chaise vide est cependant risquée pour les partis de gouvernement qui ont été aux commandes ces trente dernières années et ne peuvent s’exonérer de l’état dans lequel se trouvent l’école et l’hôpital public, deux grands services publics confrontés l’un et l’autre à une crise de moyens et de vocations sans précédent. Tant de plans nationaux considérés sur le moment comme salvateurs et pourtant insuffisants se sont succédé ces dernières années que la promotion d’une méthode nouvelle pour tenter de faire reculer les inégalités sociales et territoriales ne peut être balayée d’un revers de la main.
Affirmer quelques grands principes au niveau national puis rechercher des solutions différenciées sur les territoires en associant un maximum d’acteurs de terrain est une piste à explorer, d’autant que le monde associatif, beaucoup moins dévitalisé que les partis et les syndicats, est prêt à s’engager.
Que chaque parti prépare dès à présent l’alternance, notamment parce que le président de la République ne pourra pas se représenter en 2027, est un réflexe sain et normal. Mais que cette anticipation conduise l’opposition à se crisper chaque jour un peu plus dans un refus quasi pavlovien de toute évolution, y compris démocratique, au prétexte que celle-ci serait lancée d’en haut, est préoccupant. Une telle attitude revient à nier la gravité de la crise démocratique. Elle conduit aussi à donner le sentiment que l’ampleur et la rapidité des changements induits par le réchauffement climatique sont minimisées.
Ce qui se passe outre-Rhin devrait nous inspirer. L’Allemagne, qui a longtemps dominé la zone euro de toute sa puissance économique, est obligée de revoir de fond en comble son modèle de développement. Le choc est rude, mais elle dispose de deux atouts pour le surmonter : la culture du compromis, d’une part, l’idée que le pays a tous les atouts pour s’en sortir, de l’autre. Ces deux ingrédients font cruellement défaut en France. Il faut collectivement apprendre à les apprivoiser.