Archive pour le Tag 'Jérôme'

Législatives : Jérôme Guedj (PS) refuse l’étiquette du «Nouveau front populaire»

Législatives : Jérôme Guedj (PS) refuse l’étiquette du «Nouveau front populaire»

Au lendemain de l’accord trouvé entre les principales formations de gauche en vue des législatives anticipées du 30 juin et 7 juillet, le député PS a annoncé vendredi soir se présenter sous les couleurs socialistes… mais sans l’étiquette de la coalition «Nouveau front populaire» dans sa sixième circonscription de l’Essonne.

Dans un communiqué, le socialiste, qui entend plus que jamais «battre l’extrême-droite», refuse, «en dehors de la beauté des mots», de «s’associer à l’investiture de LFI liée à cet accord». Et ce, «en raison des divergences profondes avec la direction de cette formation relatives à la brutalisation du débat public.»

Après les législatives, un pays impossible à gouverner ( Jérôme Fourquet)

Après les législatives, un pays impossible à gouverner ( Jérôme Fourquet)

 Poussée de l’extrême gauche, anti-macronisme, hausse des prix… Quand il ne choisit pas l’abstention, l’électeur vote majoritairement pour les partis qui garantissent une dépense publique élevée et transforment l’État en guichet d’aides en tout genre, décrypte l’essayiste.

Avec L’Archipel français. Naissance d’une nation multiple et divisée (Seuil), publié en 2019, puis La France sous nos yeux. Économie, paysages, nouveaux modes de vie (Le Seuil), coécrit avec Jean-Laurent Cassely et publié l’année dernière, Jérôme Fourquet est devenu le plus lu des analystes contemporains de la dissolution du lien politique. Le directeur du département Opinion de l’Ifop regarde la carte de France des élections, scrutin après scrutin. Elle confirme à chaque fois la fragmentation des forces politiques et la montée de l’abstention. Même les blocs auxquels chacun se réfère par commodité ne sont que des coalitions fragiles autour d’un chef plus que d’un parti.

 

 

Inflation : augmenter plus rapidement les taux intérêt (Jérôme Powell)

Inflation : augmenter plus rapidement les taux intérêt (Jérôme Powell)

 

Pour Jerome Powell, il serait  « approprié de bouger un peu plus rapidement en matière de taux d’intérêt. » Le président de la Réserve fédérale, qui s’exprimait aux côtés de Christine Lagarde lors d’un débat au Fonds Monétaire International, a confié qu’« une hausse d’un demi-point est sur la table pour la prochaine réunion du comité de politique monétaire, en mai. »

Il s’agissait là de sa dernière intervention publique avant cette réunion de la Fed, prévue dans moins de deux semaines, les 3 et 4 mai. Et le dernier signe en date que la Réserve fédérale est prête à accélérer sur le front de l’inflation. « Notre priorité absolue, aujourd’hui, est de restaurer la stabilité des prix. Nous en avons besoin pour assurer la stabilité des marchés, pour la santé de notre économie. Donc nous allons le faire », a ajouté Jerome Powell, qui a précisé que lors du dernier cycle de resserrement de la politique monétaire américaine, l’inflation n’était pas aussi élevée. « Ce ne sera pas facile, ce sera un défi, mais nous ferons tout pour y arriver. »

Un peu plus tôt, ce jeudi, le président de la Fed avait souligné la nécessité pour la politique monétaire d’être complètement indépendante des pressions politiques. Rendant hommage à l’ancien président de la Fed Paul Volcker devant l’ONG qui porte son nom, il avait décrit combien son prédécesseur avait su « refuser les oscillations politiques » pour tenir le cap de ses objectifs : la lutte contre l’inflation. Une manière de rappeler, pour certains, qu’il ne cèdera pas à la tentation de sacrifier la lutte contre l’inflation sur l’autel la croissance.

Lors de la dernière réunion du comité de politique monétaire, la Fed avait choisi la prudence en augmentant ses taux d’un quart de point . Jerome Powell avait alors évoqué les incertitudes du contexte international, affirmant néanmoins : « Si l’inflation montre qu’il est nécessaire de relever plus rapidement les taux, nous le ferons. »

Depuis, l’inflation a persisté, atteignant même 8,5% en rythme annuel en mars, un nouveau record depuis plus de 40 ans. Les ménages américains commencent à ressentir la hausse des prix sur leur pouvoir d’achat, notamment sur les prix à la pompe et sur l’alimentation. Et les voix se sont multipliées pour appeler la Fed à agir vite et fort. La dernière en date est celle de John Williams, qui fait partie du cercle rapproché de Jerome Powell. Une hausse des taux d’un demi-point est « une option très raisonnable » pour la prochaine réunion, a affirmé la semaine dernière le président de la Fed de New York et vice-président du comité de politique monétaire de la Fed.

Plusieurs autres membres du comité avaient déjà pris position pour une hausse substantielle d’un demi-point, qui serait la première du genre depuis 2000. C’était le cas notamment du président de la Fed de Saint Louis, James Bullard, qui avait déjà voté pour une hausse d’un demi-point en mars – il était alors le seul. La situation a changé depuis et la Fed ne semble plus vouloir perdre de temps.

Mercato politique : Jérôme Rivière (RN) rejoint Éric Zemmour

Mercato politique : Jérôme Rivière (RN)  rejoint Éric Zemmour

Encore un qui a fréquenté pas mal de partis politiques à droite et à l’extrême droite et un dernier ressort le rassemblement national. Cette fois il va signer chez Éric Zemmour.

 

le parlementaire, responsable du groupe Rassemblement national au Parlement européen rejoint le mouvement d’Éric Zemmour ; il  avait déjà quitté, en 2007, l’UMP pour le MPF de Philippe de Villiers, avant de rejoindre le Front national en 2015.

 

Jérôme Rivière, le président de la délégation Rassemblement national (RN) au Parlement européen, estime que : «Marine Le Pen n’est pas en situation de gagner l’élection présidentielle. La situation de la France est trop inquiétante pour participer à une campagne présidentielle en étant résigné à un échec.

PSG: une équipe sans entraîneur (Jérôme Rothen)

PSG: une équipe sans entraîneur (Jérôme Rothen)

Jérôme Rothen  estime que le PSG propose un spectacle décevant depuis plusieurs semaines. La faute en revient essentiellement à un entraîneur complètement absent.

« J’en veux à Pochettino à cause de la structure de l’équipe, et on peut lui reprocher de ne pas être clair. Je pense que par rapport à ce qu’il met en place, les joueurs n’y comprennent plus rien. Je vois des joueurs livrés à eux-mêmes », assène l’ex-joueur du PSG (2004-2010), alors que Pochettino jongle entre 4-2-3-1 et 4-3-3 ces dernières semaines.

Jérôme Powell : d’une inflation  » transitoire  » à une inflation structurelle

Jérôme Powell : d’une inflation  » transitoire  » à une inflation structurelle

Le patron de la banque centrale américaine contredit nombre des experts qui tentaient  de faire croire que l’inflation actuelle ne pouvait avoir qu’un rôle transitoire. Jerome Powell a arrêté de parler d’une inflation « transitoire ». A force de repousser l’horizon d’une accalmie de la hausse des prix, le président de la Réserve fédérale a convenu mardi, lors d’une audition au Sénat, qu’il était temps de remiser l’expression. « Clairement, le risque d’une inflation persistante a grandi », a reconnu le banquier central, faisant chuter les indices boursiers à New York, dans des marchés financiers déjà inquiets du variant Omicron.

Les prix à la consommation affichent une hausse de 6,2 % sur un an, et si la Réserve fédérale privilégie un autre indicateur (PCE), il suit la même tendance, avec un bond de 5 % sur douze mois (+4,1 % hors alimentation et énergie). « Les facteurs poussant l’inflation à la hausse se maintiendront pendant une bonne partie de l’année prochaine », avait indiqué en préambule de son audition Jerome Powell – le premier semestre 2022, a-t-il précisé devant les sénateurs.

Fed : la continuité monétaire avec le renouvellement de Jérôme Powel

Fed : la continuité monétaire avec le renouvellement de Jérôme Powel

 

Le renouvellement de Jérôme powel envisagée par le président américain à la tête de la Fed ne provoquera pas de remous significatifs dans les milieux financiers. C’est en effet un gage de continuité même si vraisemblablement la politique accommodante doit d’abord se réduire avec d’abord un moindre rachat d’actifs st sans doute courant 2022 à un relèvement progressif des taux d’intérêt.

Une politique moins accommodante mais qu’il faut mettre en face du phénomène inflationniste qui menace et est en passe d’être pris en compte par les marchés. Pour l’instant les taux d’intérêt voisin de zéro tiennent encore. Et la Fed donne le ton à toutes les banques centrales. Une attitude qui devrait rassurer face à la nouvelle menace du covidqui pourrait bien plomber la croissance en 2022.

Sur les marchés financiers, le dollar et les rendements obligataires américains ont progressé après l’annonce de la désignation de Jerome Powell pour un nouveau mandat.

L’indice dollar, mesurant l’évolution du billet vert face à un panier de devises de référence, progressait de 0,39% à 14h30 GMT, au plus haut depuis juillet 2020.

Le rendement des emprunts d’Etat américains à deux ans gagnait plus de six points de base, à 0,5659%, à son plus haut niveau depuis mars 2020.

A Wall Street, les principaux indices actions ont ouvert en hausse de 0,3% à 0,5%.

« La nomination par Biden de Powell pour un second mandat à la présidence de la Fed est une nouvelle qui favorise les acteurs du marché car ils aiment l’idée de continuité », commente Naeem Aslam, responsable de l’analyse marchés chez Avatrade.

2022 : bloc élitaire contre bloc populaire ? ( Jérôme Sainte-Marie)

2022 : bloc  élitaire contre bloc populaire ? ( Jérôme Sainte-Marie)

 

Jérôme Sainte-Marie, président de la société d’études et de conseil Polling Vox : « Est-ce que Zemmour peut attirer durablement le vote populaire ? Il s’intéresse à l’économie pour les catégories bourgeoises, il leur promet beaucoup, et il ne promet rien aux catégories populaires, sauf d’arrêter l’immigration. »(L’opinion , extrait)

 

Marine Le Pen est passée en dessous de la barre des 20 % ces derniers jours dans les sondages, tandis qu’Eric Zemmour s’est hissé entre 10 % et 13 %. Est-ce le début du délitement du « bloc contre bloc » que vous avez théorisé, bloc élitaire contre bloc populaire ?

Dans les derniers sondages, Marine Le Pen conserve un soutien très fort parmi les classes populaires, et notamment chez les ouvriers : plus de 40 % d’entre eux votent Le Pen au premier tour, contre seulement 3 % des cadres. Cette baisse très sensible de Marine Le Pen chez les cadres, correspond à leur départ chez Eric Zemmour. L’initiative de ce dernier vise à ressusciter le clivage gauche-droite à la place du clivage bloc élitaire/bloc populaire qui a structuré le quinquennat jusqu’à présent. Cette tentative peut-elle réussir ? On n’a pas encore abordé les thèmes économiques et sociaux, Eric Zemmour s’en tient à grande distance. Par ailleurs, les classes populaires se politisent plus tard que les autres, généralement en février. On est donc dans un moment où on a l’impression que ces lignes-là sont troublées et que la gauche et la droite retrouvent droit de cité. Je ne suis pas sûr du tout que cela se confirme.

Eric Zemmour prend aussi des voix chez LR, parmi l’électorat de François Fillon en 2017…

Bien sûr. Il emprunte au lepénisme père et fille sur l’immigration, et il emprunte beaucoup, pour ce qui est de la vision de la société, à François Fillon. Il parle à une droite patrimoniale. A terme, on ne sait pas très bien à qui il va prendre. Une poussée dans les sondages durant une période d’exposition médiatique extraordinaire ne signifie pas forcément un renversement culturel ou politique durable. Eric Zemmour bénéficie d’une exposition médiatique inouïe et massive, qui ne s’est jamais vue, même à l’époque de Nicolas Sarkozy. Donc, vous avez un phénomène de saturation médiatique, dont les effets sont impressionnants, mais nul ne sait s’ils sont durables. A terme, je pense que le destin d’Eric Zemmour sera de contenir le score de la droite classique, puisqu’il a un programme économique, social et identitaire qui correspond à la frange de la droite qui a voté Villiers ou Fillon.

Peut-il séduire une partie de l’électorat populaire de Marine Le Pen ?

A part celle d’Emmanuel Macron, les grandes victoires électorales ont eu lieu grâce à des promesses très fortes aux catégories populaires, qui n’étaient pas uniquement des promesses culturelles ou identitaires. Est-ce que Zemmour peut attirer durablement le vote populaire ? Il s’intéresse à l’économie pour les catégories bourgeoises, il leur promet beaucoup, et il ne promet rien aux catégories populaires, sauf d’arrêter l’immigration. Il y a une vraie dissymétrie dans son offre économique et sociale. Comme si on devait payer d’argent les catégories supérieures et payer de valeurs ou de symboles les catégories populaires…

Peut-il gagner davantage encore sur l’électorat de droite ?

Pour l’instant, comme LR n’est pas en position de combat, la droite a libéré un espace. Les choses changeront quand elle aura un candidat. L’essentiel du parti sera derrière ce candidat, cela va immédiatement comprimer l’espace politique et médiatique d’Eric Zemmour. Mécaniquement, le débat sera plus difficile pour lui. Sa dimension très fortement transgressive plaît à la droite « hors les murs », mais pourra-t-elle plaire à l’électorat classique de LR ? Je n’en suis pas sûr du tout. L’épreuve du feu pour lui, ce sera les propositions hors immigration, car tout n’est pas réductible à l’immigration.

S’il va au bout, sa candidature serait donc une bonne nouvelle pour Emmanuel Macron ?

Oui, car elle renforce mécaniquement Emmanuel Macron. Elle contribue à réduire le bloc populaire et a priori ne touche pas au bloc élitaire, dont l’idéologie est le progressisme, c’est-à-dire exactement l’opposé de la pensée d’Eric Zemmour. Par ailleurs, Zemmour rend Macron plus sympathique aux yeux de la gauche, car il est un repoussoir absolu pour la gauche. De plus, comme il a des propositions assez proches de celles de Marine Le Pen, il ne peut faire campagne que sur le dénigrement de la candidate qui était pour l’instant la mieux placée face à Macron. C’est tout bénéfice pour Macron pour le second tour : pendant qu’ils se taperont les uns sur les autres, il pourra se livrer à un travail de rassemblement de ses électeurs.

Je ne le lui conseille pas. C’est toujours dangereux, parce qu’il y a une dimension passionnelle dans le choix politique. A travers le vote, les gens expriment aussi des peurs, des espérances, et donc des émotions. Se mettre en surplomb, comme un instituteur par rapport à ses élèves, ce serait suicidaire. En revanche, il peut être le candidat des solutions, et surtout des garanties. Il a réussi à garantir le versement des retraites, de la plupart des salaires, et la survie économique du pays pendant la crise de la Covid. Il y avait une promesse de changement très forte chez Macron en 2017, il devrait plutôt être le candidat des garanties en 2022.

Eric Zemmour est donc l’allié objectif d’Emmanuel Macron aujourd’hui ?

Oui, c’est évident. Il a des traits d’image qui correspondent à une niche de 20-25 % au premier tour, ce qui est déjà énorme. Mais il clive énormément : 47 % des Français ont une très mauvaise opinion de lui. Donc la marche pour l’emporter au second tour est très élevée, au moins autant que pour Marine Le Pen. Cela va être un obstacle, car à un moment, on va commencer à parler second tour. Aujourd’hui, tout est fondé sur l’idée que Marine Le Pen n’a aucune chance de gagner la présidentielle. Il y a un grand silence sur les chances qu’aurait Zemmour de l’emporter, mais elles sont très faibles. Pour l’instant on s’amuse, on se fait plaisir, mais au moment du choix réel, mais quand le téléspectateur va se transformer en électeur, on raisonnera beaucoup moins selon le principe de plaisir et davantage selon le principe de responsabilité ou de rationalité. On est tous en train de suivre les courbes, mais les courbes ne montent pas jusqu’au ciel

Présidentielles : Zemmour trop limité (le politologue Jérôme Sainte-Marie)

Présidentielles : Zemmour trop limité (le politologue Jérôme Sainte-Marie)

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Jérôme Sainte-Marie est politologue, président de l’institut PollingVox, et auteur de l’essai Bloc contre bloc  analyse des hypothèses sur les présidentielles de 2022.

Marine Le Pen est-elle la grande perdante des régionales ?

Il faut distinguer les faits et leurs conséquences. Si on prend en compte les faits, c’est-à-dire les scores, c’est La République en marche qui essuie la plus lourde défaite car la fraction de l’électorat qui s’est déplacée avait un profil tout à fait en correspondance avec le parti d’Emmanuel Macron, alors que la sociologie de l’abstention handicapait, elle, naturellement Marine Le Pen. Si on prend en compte les conséquences, c’est-à-dire la dynamique politique dans la perspective de la présidentielle, on peut, oui, considérer que la présidente du RN a connu un échec plus grave. Il est cependant probable qu’au premier tour de la présidentielle, elle retrouvera les électeurs qui votent habituellement pour elle et ne se sont pas déplacés lors des régionales : l’électorat ouvrier, les jeunes…, bref, ceux qui sont en attente de protection, voire de changement politique important pour le pays et pour eux-mêmes et qui ont considéré qu’un scrutin local ne l’apporterait pas. Au fond, leur abstention a été très rationnelle. En revanche, Marine Le Pen a besoin pour crédibiliser sa capacité présidentielle d’attirer à elle des compétences, des cadres, des fractions de l’élite. Plus que le prétendu plafond de verre ou ses valeurs, sa crédibilité comme force de gouvernement est son principal handicap. C’est en le comblant qu’elle pourra se désenclaver. Or, le mauvais score du RN aux régionales ne va pas inciter ceux parmi les élites qui auraient pu la rejoindre à le faire. Même si, dans le futur, des sondages la placent toujours en tête en vue de 2022, ces enquêtes vont susciter de la méfiance et Marine Le Pen ne retrouvera pas tout de suite la dynamique nécessaire pour attirer des compétences.

Quelles conclusions doit-elle en tirer ?

Cela rappelle que mobiliser avant tout son propre électorat constitue une priorité pour tout candidat. Dans le contexte actuel, il n’y a plus d’électorat acquis, l’acte de voter a perdu de sa solennité et la déstructuration du système partisan permet de varier son choix suivant les scrutins. Jean-Luc Mélenchon l’a déjà expérimenté à son détriment, une bonne moitié de ses électeurs de 2017 l’ayant abandonné. Marine Le Pen peut mobiliser les catégories populaires, c’est-à-dire s’adresser aux Français qui ont voté non en 2005, soutenu les Gilets jaunes en 2018. Dans certains sondages, son score parmi les ouvriers et les employés tangentait ces derniers mois les 50 % dès le premier tour. Certes, ce n’est pas suffisant pour elle pour conquérir le pouvoir, mais c’est indispensable pour atteindre une masse critique dans les sondages puis dans les urnes. Telle est la condition de sa qualification pour le second tour. Son crédit dans les milieux populaires a été sa garantie principale de succès depuis son élection à la tête du FN en 2011. Or, il a manqué à la présidente du RN durant cette campagne, des messages s’adressant à l’identité sociale de son électorat. Le contraste est puissant avec les européennes de 2019. Marine Le Pen et Jordan Bardella avaient réussi à détourner le sens de ces élections en les transformant en référendum anti-Macron. Etait-ce possible aux régionales ? Ce n’est pas certain, le contexte social est atone et l’on ne parlait guère des réformes envisagées. Du coup l’accent a été mis sur les compétences des régions et sur la bonne gestion de celles-ci, débat dans lequel le RN est naturellement handicapé et qui visiblement n’intéresse guère les électeurs.

Le Rassemblement national exerce parfois la fonction tribunitienne attribuée autrefois au Parti communiste, mais il manque de relais syndicaux ou associatifs pour pleinement représenter les catégories populaires

Où est passé le bloc populaire ?

Un bloc, notion dérivée du bloc historique théorisé par Antonio Gramsci, se constitue par la rencontre d’un projet et d’une sociologie. Le bloc élitaire existe indubitablement, car le projet d’Emmanuel Macron est idéologiquement cohérent, bien adapté à nos institutions et a trouvé son public. Le bloc populaire est lui bien plus problématique. Le Rassemblement national exerce parfois la fonction tribunitienne attribuée autrefois au Parti communiste, mais il manque de relais syndicaux ou associatifs pour pleinement représenter les catégories populaires. Reste qu’aujourd’hui les clivages sociaux sont présents comme jamais. Lors de la présidentielle, on peut donc penser qu’une polarisation aura lieu, avec un effet de miroir idéologique entre Macron et Le Pen qui a son pendant sociologique.

Ces élections ont-elles vraiment signifié le retour de la droite ?

La victoire de la droite est en trompe-l’œil. Dans le cadre d’une élection, où seul s’est déplacé un tiers des inscrits, la composition de sa sociologie électorale constitue un avantage décisif. Dans cette élection, ce sont d’abord les retraités, les « bien installés » qui sont allés voter. Ils sont surreprésentés chez Les Républicains, même si Emmanuel Macron a récupéré les cadres supérieurs. Il y a donc eu un formidable effet d’aubaine pour la droite. Mais elle ne doit pas en tirer pour autant des conclusions pour la suite. La gauche, malgré son état au niveau national, a vu également tous ses sortants reconduits. La prudence devrait être de mise.

Xavier Bertrand est-il bien parti pour s’imposer comme le candidat de LR ?

Il est incontestablement sorti très conforté des régionales. Il a des atouts réels pour la suite. Il a été réélu à la tête de la région la plus pauvre de France, ce qui est un symbole utile. Il l’a emportée à deux reprises, et la deuxième très franchement, sur le RN. Il incarne le Français moyen, ce n’est pas ici péjoratif, et contrairement à d’autres leaders de la droite, il n’apparaît pas comme une simple solution de substitution à Emmanuel Macron, mais représente une formule originale. Une des expressions fétiches de Xavier Bertrand est « Je sais où se trouve le point d’équilibre de la société français ». S’il parvient à l’incarner, son offre électorale aura du potentiel.

Même si dans les sondages actuels, Eric Zemmour semble prendre pour l’instant à Nicolas Dupont-Aignan et au candidat LR, il n’apportera pas de nouvelles fractions d’électorat à la candidate du RN lors d’un second tour. En revanche, il facilitera la tâche d’Emmanuel Macron

Que peut changer une candidature d’Eric Zemmour en 2022 ?

Elle ne peut faire qu’un seul gagnant : Emmanuel Macron. Eric Zemmour manifeste un grand talent mais est devenu une figure extraordinairement clivante dont la capacité à rallier une majorité paraît illusoire au vu des sondages. Lorsque l’on parle de son potentiel électoral qu’il soit de 13 % ou 18 %, il faut rappeler qu’il est mesuré sans que soient mentionnés ses concurrents ni précisé s’il s’agit du premier ou du second tour de la présidentielle. A ce jeu-là, la plupart des personnalités politiques un peu connues obtiennent un résultat supérieur. Sur l’immigration, la sécurité, l’indépendance nationale, Marine Le Pen et Eric Zemmour sont très proches (l’Islam est une revanche une différence). Celui-ci ne pourra se distinguer qu’en faisant une campagne disqualifiant la personne de Marine Le Pen. Et même si dans les sondages actuels, il semble prendre pour l’instant à Nicolas Dupont-Aignan et au candidat LR, il n’apportera pas de nouvelles fractions d’électorat à la candidate du RN lors d’un second tour. En revanche, il facilitera la tâche d’Emmanuel Macron.

Parle-t-il au bloc populaire ?

Pour l’instant, pas du tout. Ce n’est pas son projet, d’ailleurs. Son emprise sur les milieux populaires est très faible. Il ne peut intéresser que des gens qui votent d’abord en fonction des questions migratoires, identitaires et sécuritaires. Lui-même ne prend jamais en compte les demandes sociales de l’électorat populaire, qu’il assimile curieusement aux programmes de gauche. On devine qu’il proposerait une solution libérale-identitaire qui ne peut parler qu’à des gens très motivés. En revanche, il se heurte au scepticisme, voire à l’inquiétude d’une bonne partie de l’opinion. Si l’on raisonne sur un plan strictement électoral, il a les handicaps de Marine Le Pen sans les atouts. La ferveur que cette hypothèse rencontre dans certains milieux aisés dit beaucoup de choses sur leurs conceptions de la nation et du peuple, mais pas forcément ce qu’ils aimeraient entendre.

Présidentielle-2022 : l’éventualité d’une victoire de Marine Lepen existe (Jerôme Sainte-Marie, politiste)

Présidentielle-2022 : l’éventualité d’une victoire de Marine Lepen existe (Jerôme Sainte-Marie, politiste)

 

 

Le politiste  Jerôme Sainte-Marie estime que jusque-là le rejet de Marine peine était suffisamment fort pour exclure toute perspective de victoire du front national. Cependant on ne peut plus exclure une hypothèse de victoire de l’intéressé en 2022. (Interview Le Figaro)

 

 

Il n’est donc pas évident de dessiner ce que pourrait être un «front républicain» dans l’hypothèse d’un second tour Macron – Le Pen. Il semblerait qu’un tiers des électeurs de François Fillon, très sensibles aux thématiques de la sécurité et l’identité culturelle, choisissent désormais Marine Le Pen au second tour. Ce thème si souvent entonné risque d’être frappé d’obsolescence pour de nombreux électeurs.

La présidente du RN serait-t-elle désormais en mesure de l’emporter en 2022?

Cela fait assez longtemps, depuis au moins l’automne 2018, qu’il m’apparaît que si Marine Le Pen avait lors de la dernière élection présidentielle très peu de chances de l’emporter, désormais cette éventualité existe. Non seulement le chef de l’État pâtit de l’inévitable usure du pouvoir, mais en outre il a suscité par certains de ses propos et de ses réformes une détestation sociale immense, que cela soit justifié ou non.

C’est pourquoi, et sans même évoquer les effets incertains de la crise sanitaire, le scrutin de 2022 sera atypique, car même si le duel de second tour opposait les deux concurrents de 2017, ses conditions seraient bien différentes. Emmanuel Macron comme Marine Le Pen dispose chacun d’une base sociale importante, aux propriétés symétriquement opposées, consolidée au fil des ans.

Le chef de l’Etat bénéficie d’une position en tous points dominante mais les aléas de l’abstention, surtout du côté de la gauche, et des transferts de voix, plutôt du côté de la droite, crée, en gardant toujours à l’esprit que nous sommes encore à plus d’un an du scrutin, une réelle incertitude sur l’issue de l’élection présidentielle.

 


FIGAROVOX.-Une enquête Harris interactive attribue une intention de vote record à la présidente du RN, 48% contre 52% à l’actuel président au second tour de la présidentielle 2022. Le match Macron-Le Pen est-il inéluctable ou un autre candidat peut-il encore tirer son épingle du jeu?

Jerôme SAINTE-MARIE.- L’ensemble des sondages d’intentions de vote réalisés depuis deux ans indiquent un second tour opposant Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Pourtant, on a beaucoup glosé sur un chiffre publié en septembre dernier par l’IFOP, indiquant que seuls 32% des Français souhaitaient une telle perspective. A y regarder de près, ce pourcentage ne signifiait pas ce que d’aucun souhaitait lui faire dire.

Tout d’abord, très logiquement, tous les sympathisants des courants politiques autres que le RN ou LREM préfèreraient une autre issue. Cela fait déjà près de la moitié des électeurs de premier tour. Ensuite, Marine Le Pen incarnant tout ce que détestent les partisans d’Emmanuel Macron, la majorité d’entre eux ne souhaient pas qu’elle soit présente au second tour. Enfin, l’essentiel est qu’au même moment où 68% des Français déclaraient ne pas vouloir un duel Macron-Le Pen, leur choix de premier tour empêchait que soit publiée une autre hypothèse.

2022 : l’éventualité d’une victoire de Marine Lepen existe (Jerôme Sainte-Marie, politiste)

2022 : l’éventualité d’une victoire de Marine Lepen existe (Jerôme Sainte-Marie, politiste)

 

 

Le politiste  Jerôme Sainte-Marie estime que jusque-là le rejet de Marine peine était suffisamment fort pour exclure toute perspective de victoire du front national. Cependant on ne peut plus exclure une hypothèse de victoire de l’intéressé en 2022. (Interview Le Figaro)

 

 

Il n’est donc pas évident de dessiner ce que pourrait être un «front républicain» dans l’hypothèse d’un second tour Macron – Le Pen. Il semblerait qu’un tiers des électeurs de François Fillon, très sensibles aux thématiques de la sécurité et l’identité culturelle, choisissent désormais Marine Le Pen au second tour. Ce thème si souvent entonné risque d’être frappé d’obsolescence pour de nombreux électeurs.

La présidente du RN serait-t-elle désormais en mesure de l’emporter en 2022?

Cela fait assez longtemps, depuis au moins l’automne 2018, qu’il m’apparaît que si Marine Le Pen avait lors de la dernière élection présidentielle très peu de chances de l’emporter, désormais cette éventualité existe. Non seulement le chef de l’État pâtit de l’inévitable usure du pouvoir, mais en outre il a suscité par certains de ses propos et de ses réformes une détestation sociale immense, que cela soit justifié ou non.

C’est pourquoi, et sans même évoquer les effets incertains de la crise sanitaire, le scrutin de 2022 sera atypique, car même si le duel de second tour opposait les deux concurrents de 2017, ses conditions seraient bien différentes. Emmanuel Macron comme Marine Le Pen dispose chacun d’une base sociale importante, aux propriétés symétriquement opposées, consolidée au fil des ans.

Le chef de l’Etat bénéficie d’une position en tous points dominante mais les aléas de l’abstention, surtout du côté de la gauche, et des transferts de voix, plutôt du côté de la droite, crée, en gardant toujours à l’esprit que nous sommes encore à plus d’un an du scrutin, une réelle incertitude sur l’issue de l’élection présidentielle.

 


FIGAROVOX.-Une enquête Harris interactive attribue une intention de vote record à la présidente du RN, 48% contre 52% à l’actuel président au second tour de la présidentielle 2022. Le match Macron-Le Pen est-il inéluctable ou un autre candidat peut-il encore tirer son épingle du jeu?

Jerôme SAINTE-MARIE.- L’ensemble des sondages d’intentions de vote réalisés depuis deux ans indiquent un second tour opposant Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Pourtant, on a beaucoup glosé sur un chiffre publié en septembre dernier par l’IFOP, indiquant que seuls 32% des Français souhaitaient une telle perspective. A y regarder de près, ce pourcentage ne signifiait pas ce que d’aucun souhaitait lui faire dire.

Tout d’abord, très logiquement, tous les sympathisants des courants politiques autres que le RN ou LREM préfèreraient une autre issue. Cela fait déjà près de la moitié des électeurs de premier tour. Ensuite, Marine Le Pen incarnant tout ce que détestent les partisans d’Emmanuel Macron, la majorité d’entre eux ne souhaient pas qu’elle soit présente au second tour. Enfin, l’essentiel est qu’au même moment où 68% des Français déclaraient ne pas vouloir un duel Macron-Le Pen, leur choix de premier tour empêchait que soit publiée une autre hypothèse.

«Une majorité de Français pour une régulation rigoureuse de l’immigration » ( Jérôme Fourquet, IFOP)

 «Une majorité de Français pour une régulation rigoureuse de l’immigration » ( Jérôme Fourquet, IFOP)

 

Il est clair que les récents attentats ont sans doute constitué la goutte qui a fait déborder le vase de la tolérance de nombre de Français vis-à-vis de l’immigration incontrôlée. Pas seulement de l’immigration à venir mais aussi de celle présente sur le territoire

«Quand on parle d’immigration aux Français, beaucoup d’entre eux raisonnent non pas seulement sur les “flux” mais sur le “stock”», décrit Jérôme Fourquet , Patron de l’institut IFOP.

D’après une enquête de l’IFOP, seuls 32% des Français considèrent que les pouvoirs publics luttent efficacement contre l’immigration clandestine. Une large majorité d’entre eux sont favorables à des mesures vigoureuses pour limiter les flux ; 78% pensent qu’il faut une immigration choisie et non pas subie ; 55% sont favorables à la suppression du regroupement familial. Enfin une majorité souhaite un changement de statut juridique pour obtenir la nationalité française ainsi la plupart souhaiterait qu’on se situe le droit du sang au droit du sol. 58% souhaitent l’instauration du droit du sang.

Coronavirus Jérôme Salomon: «une deuxième vague» épidémique

Coronavirus Jérôme Salomon: «une deuxième vague» épidémique

 

Le directeur général de la santé avait déjà prévenu lors de son audition à l’Assemblée nationale : ne pas se préparer à une deuxième vague serait irresponsable. Nous devons anticiper un rebond, voire une deuxième vague épidémique cet automne ou cet hiver. Ne pas se préparer à une deuxième vague serait une faute majeure », a déclaré Jérôme Salomon, directeur général de la Santé, interrogé par les députés membres de la commission d’enquête parlementaire portant sur l’impact et la gestion de la crise du Covid-19.

« La première vague épidémique s’achève en Europe et en métropole, mais l’épidémie est loin d’être terminée et le virus circule toujours de façon hétérogène. Comme depuis le début de l’épidémie, nos équipes sont toujours pleinement mobilisées. Elles surveillent la situation en métropole, avec plus de 230 clusters déclarés [...]« .

« Nous devons impérativement maintenir le respect des gestes barrières et des mesures de distanciation physique [...]« .

« Nous devons anticiper un rebond, voire une deuxième vague épidémique cet automne ou cet hiver. Ne pas se préparer à une deuxième vague serait une faute majeure. »

«Ce sont nos comportements qui conditionnent le risque» de regain du Covid-19, insiste le directeur général de la Santé, qui appelle les Français à «la prudence» face au risque d’une deuxième vague qu’il  rappelle dans une interview du Figaro.

 

 » Appel à se faire « tester au moindre doute » (Jérôme Salomon)

 » Appel à se faire « tester au moindre doute » (Jérôme Salomon)

 

« Nous avons le pouvoir de maîtriser l’épidémie. Dans ce contexte, se faire tester au moindre doute c’est entrer dans un parcours de prise en charge médicale qui permettra au plus grand nombre d’être détecté vite, d’être détecté à temps. (…) Pour notre sécurité à tous, imposons-nous individuellement et collectivement en famille et avec nos amis et nos proches de respecter ces règles », a-t-il exhorté.

Jérôme Salomon a également détaillé la marche à suivre pour une personne qui d’aventure ressentirait des symptômes du Covid-19.

Sur un schéma diffusé au cours de la prise de parole de l’infectiologue, il est conseillé en premier lieu d’appeler un médecin afin de se faire prescrire un test, un masque ainsi qu’un arrêt de travail. Il est ensuite indiqué de s’isoler à son domicile et de porter un masque avant de prendre rendez-vous pour un dépistage.

 

« Là où j’ai besoin d’aide des gouvernements européens – que je n’ai pas encore reçue à ce jour -, c’est de passer des commandes », a fait savoir Stéphane Bancel, le PDG de Moderna, sur notre antenne. « Il faut à peu près six à neuf mois entre le moment où on reçoit une commande et le moment où on est capable de fournir les vaccins; il faut acheter les matières premières, les machines, embaucher des collaborateurs et les former », a-t-il dit. La même problématique se pose pour d’autres très grandes sociétés pharmaceutiques ( cinq ou six sociétés dans le monde et 50 à 60 usines de production) et on comprend que les pouvoirs publics attendent des preuves supplémentaires de la fiabilité des hypothèses de vaccin envisagés. Ceci-ci étant, fonds considérables sont déjà engagés dans la recherche, il conviendra sans doute d’augmenter encore leur ampleur.

«La lutte des classes s’éveille à nouveau»!!! (Jérôme Sainte-Marie )

 «La  lutte des classes s’éveille à nouveau»!!!  (Jérôme Sainte-Marie )

 

 

Encore une analyse assez confuse d’un politiste dont la clarté n’est pas la caractéristique première. Contrairement à ce qu’affirme cet expert, l’ hypothèse la plus probable n’est pas le réveil d’un lutte des classes – même dans son imaginaire- surtout gérée par Marine Le Pen mais davantage un rejet pur et simple d’une grande partie de la population de la chimère du macronisme et pas seulement du « bloc identitaire » lequel n’a d’ailleurs rien de très homogène. 

 

Politologue, Jérôme Sainte-Marie estime qu’à la suite de l’élection d’Emmanuel Macron et de la crise des Gilets jaunes, deux blocs se font face : un bloc élitaire et un bloc populaire. Selon lui, cette crise va « renforcer la potentialité » du second. ( interview dans l’Opinion)

Directeur de PollingVox, Jérôme Sainte-Marie est l’auteur de Bloc contre bloc (Cerf).

Pourquoi, à l’occasion de cette épidémie de Covid-19, l’union nationale n’existe-t-elle pas ?

Tout simplement parce que nous ne sommes pas en guerre. Nous ne sommes pas face à un ennemi humain, stratège, qui pourrait interpréter nos divisions et les exploiter. Nous sommes face à un problème sanitaire qui appelle des réponses administratives, techniques, médicales, qui relèvent pour certaines du champ politique et peuvent donc faire l’objet de débat. Ce n’est pas la même chose. Il faut néanmoins noter que sur la mesure sanitaire la plus spectaculaire et la plus contraignante – le confinement – il n’y a pas de discussion et donc pas de mise en danger de la vie d’autrui. Puisqu’il est légitime de débattre des décisions de l’exécutif, cette crise sanitaire vient réinitialiser des conflits qui existaient préalablement, notamment autour de la dépense publique. Depuis le début du quinquennat Macron, il y avait un projet de transformation de la société française dans un sens plus libéral, qui divisait les Français. La réhabilitation de l’Etat en cette période de crise, et en particulier de l’hôpital public, remet à jour ce clivage.

L’hôpital, profond foyer de colère depuis plus d’un an, se retrouve en première ligne. Cette crise met-elle le doigt là où cela fait mal?

Bien sûr, mais il n’est pas évident d’en percevoir l’issue. Certes, cette crise transforme en héros un personnel médical qui était en grève perlée depuis un an pour protester contre la dégradation de ses conditions de travail et de l’état de l’hôpital. Mais, malgré cette célébration des médecins et infirmières, le débat de fond sur notre système de santé public n’est pas tranché. Certains peuvent en déduire que, décidément, tout ce qui relève du service public fonctionne mal ; d’autres qu’il faut investir davantage dans le système de soins sous sa forme actuelle. Ces lectures diverses relèvent du débat démocratique normal.

Quelles fractures cette pandémie révèle-t-elle ?

Cela creuse un peu plus le clivage entre, d’une part, le bloc élitaire constitué autour du macronisme et, d’autre part, un bloc populaire en gestation. Personnels de soin, caissières, ouvriers agricoles… : il y a une corrélation directe et négative entre leur niveau de revenu et le caractère indispensable de leur fonction. Parallèlement, le fait que beaucoup de cadres peuvent profiter du télétravail et rester à domicile, parfois dans des conditions très agréables, sans qu’on ait l’impression qu’ils participent à l’effort collectif parce qu’ils sont moins visibles, peut accentuer ce sentiment d’inégalité. C’est une nouvelle fois un imaginaire de lutte des classes qui s’éveille.

Cela appuie-t-il sur des ressorts déjà à l’œuvre lors de la crise des Gilets jaunes ?

La crise des Gilets jaunes a d’abord concerné, dans la mobilisation et le soutien le plus actif, les travailleurs pauvres du secteur privé. Aujourd’hui, c’est cette catégorie qui peut avoir le sentiment d’être la plus mobilisée et la plus exposée. Des antagonismes, des tensions sociales qui traversent le pays sont donc réveillés. Cela se voit dans les jugements sur la gestion gouvernementale de la crise, critiquée selon l’institut BVA par 59% des Français. Tout cela peut annoncer une conflictualité sociale forte lors de la sortie de crise. Non seulement on peut anticiper une certaine vindicte de l’opinion publique par rapport au pouvoir, mais il est probable que l’on assiste à des tensions importantes au sein même des entreprises. En effet, celles-ci sont et seront amenées à faire des choix douloureux. Qui mettre au chômage partiel ou non ? Qui licencier ou conserver ? Par définition, ces décisions sont et seront prises par des cadres qui auront traversé cette crise dans des conditions plus convenables. Au niveau micro comme macro-social, si l’on ose dire, la sortie de crise sera très clivante, et potentiellement conflictuelle.

Jusqu’à quel point les réseaux sociaux jouent-ils un rôle dans l’absence d’union nationale ?

En cette période où chacun est confiné, les réseaux sociaux interviennent à un très haut niveau dans l’information et la politisation. Ils permettent de débattre mais aussi de vérifier des informations, y compris « officielles », et d’en chercher, alors que le climat est très anxiogène. Cela confronte sans cesse la parole publique ou les médias dominants à des processus de vérification et de contradiction. Cela accentue l’esprit critique et entretient un climat de surpolitisation, alors que, parallèlement, Emmanuel Macron et le gouvernement donnent le sentiment de tancer les Français en ne cessant de les mettre en garde, comme s’ils étaient des mineurs, contre les « fake news » ou des phénomènes de panique que l’on ne constate pourtant guère.

Marine Le Pen critique durement le gouvernement. Quelles peuvent en être les conséquences politiques de cette crise ?

Elle ne fait que renforcer la potentialité d’un bloc populaire, dans ses trois dimensions. Au niveau sociologique, car elle contribue à mobiliser son noyau dur, les travailleurs pauvres du privé, autour d’une conscience commune, faite de colère et de fierté. Au niveau idéologique, car le souverainisme intégral est renforcé par cette crise, notamment par la mise en exergue des frontières et des productions stratégiques. S’il est trop tôt pour savoir si cette crise renforcera le service public, il est certain que l’échelon national est redevenu la référence. La mondialisation, l’Union européenne (si les divisions l’emportent et que les mesures tardent), seront, elles, sur le banc des accusés. Tout cela va mettre un peu plus en avant la question – c’est la troisième dimension – d’une direction politique unifiée pour le bloc populaire. Marine Le Pen avait pris l’ascendant sur Jean-Luc Mélenchon ; elle renforce aujourd’hui son avantage. Le RN a politisé immédiatement la crise. Il devrait être plus en mesure d’en profiter que La France insoumise qui, dans un premier temps, s’est montré plus hésitante. Si, dans les sondages, Marine Le Pen ne semble pas engranger directement pour le moment, elle aura investi en vue de la sortie de crise qui ne s’annonce pas comme un moment d’apaisement.

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