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La France, un pays trop endetté (Jean-Marc Daniel)

 La France, un pays trop endetté (Jean-Marc Daniel)

 

Dans une tribune au « Monde », l’économiste Jean-Marc Daniel estime que le déficit de notre balance des paiements courants, en 2021, nécessite une mobilisation urgente autour du travail afin de ne pas aggraver la situation financière pour les générations futures.

Tribune.

 Le chiffre spectaculaire de la croissance de 2021 – près de 7 % – a créé une sorte d’euphorie. Certes, les commentateurs ont conscience du caractère exceptionnel, pour ne pas dire artificiel, de ce chiffre. Il traduit le retour, grâce à la vaccination, à la situation d’avant le Covid-19. Le PIB du troisième trimestre 2021 a juste retrouvé le niveau de celui du quatrième trimestre 2019.

Néanmoins, d’autres chiffres permettent d’avoir de 2021 une image positive, comme celui du taux de chômage, descendu au-dessous de 8 % pour la première fois depuis 2008. Cependant, il est un chiffre qui est passé plutôt inaperçu et qui a des raisons de nous inquiéter, à savoir celui du déficit de notre balance des paiements courants.

 

En 2020, ce déficit a été de 44 milliards d’euros, soit 1,9 % du PIB, approchant le ratio de 1982, année où il avait été de 2,1 % du PIB et où le gouvernement avait été obligé d’engager la politique de rigueur pour éviter de faire appel au Fonds monétaire international. Avant 1982, il faut remonter à 1951 pour trouver un chiffre plus élevé (il était de 4 % du PIB).

Or, l’année 2021 n’a pas traduit de changement significatif en la matière. Commentant en juillet 2021 nos comptes extérieurs dégradés, le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, soulignait le caractère spécial de 2020 : « Nous avons souffert de nos deux points d’excellence que sont l’aéronautique et le tourisme. » Mais il rappelait que cette dégradation est ancienne, ajoutant, à propos des débuts de 2021, qui n’ont été marqués par aucune amélioration sensible par rapport à 2020 : « Dès lors que notre compétitivité coût s’est rétablie (sur une longue période), ça peut être jugé comme une performance un peu décevante. »

Pour bien comprendre ce que cet état de fait signifie, il faut à la fois en mesurer les conséquences et en identifier les remèdes. La conséquence immédiate est que la France est obligée de vendre son patrimoine immobilier et financier pour financer ses déficits extérieurs. Cela a conduit à ce résultat que ce que l’on appelle la position extérieure nette de la France – c’est-à-dire la différence entre la valeur de ce que les Français détiennent à l’étranger et celle de ce que les étrangers détiennent en France – est de plus en plus négative.

L’efficacité des chèques ciblés (Jean-Marc Daniel )

  L’efficacité des chèques ciblés (Jean-Marc Daniel )

Jean-Marc Daniel est professeur émérite à l’ESCP Business School explique l’efficacité des chèques ciblés dans le journal l’Opinion.

Chèque alimentaire, chèque psy, chèque énergie, éco-chèque, chèque carburant… Pourquoi le chèque est-il soudainement l’outil économique à la mode ?

Parce qu’on s’est aperçus que lorsqu’on donnait de l’argent aux individus, ils l’épargnaient. Si on relance l’économie par la consommation selon les schémas des années 1960-1970, on se retrouve avec des effets ricardiens, du nom de l’économiste Ricardo qui expliquait que les agents économiques prennent en compte dans leur décision l’évolution des dépenses publiques. La relance par la demande se retourne contre les gouvernants car les personnes prennent peur du creusement des déficits pour financer cette relance, craignent des futures hausses d’impôts et épargnent. Durant cette crise, on a constaté que les riches épargnaient plus mais aussi les revenus intermédiaires, à travers le livret A.

Donc le chèque ciblé permet de s’assurer que les personnes consomment…

Oui, et il a un deuxième avantage dans la crise que nous traversons. Il permet à une politique de relance de cibler ses destinataires et les secteurs où intervenir. Dans une récession traditionnelle, tout le monde est touché. Mais aujourd’hui les secteurs économiques sont différemment atteints. Avec les chèques ciblés sur les secteurs où la demande se contracte, on évite le défaut des relances keynésiennes trop globales et qui n’aidaient pas les secteurs les plus pénalisés par la récession. Par exemple parce que l’Etat, en investissant dans les infrastructures avec une politique de grands travaux, favorise ses fournisseurs traditionnels, mais ce ne sont pas eux qui en ont forcément besoin.

Donc les chèques sont un bon outil ?

Je suis radicalement contre les chèques ! Il y a un débat entre économistes pour savoir si on ne manipule pas les individus avec ce type d’outils d’économie comportementale. On appelle cela le « nudge », le petit coup de pouce. Ses partisans considèrent que l’Etat ne doit pas simplement redistribuer la richesse, mais orienter les comportements pour favoriser telles activités. Avec le nudge, c’est de manière masquée et subtile, mais avec les chèques, c’est plus radical. Le problème, c’est qu’on ne sait pas si une activité est en difficulté pour des raisons conjoncturelles ou parce qu’elle est amenée à disparaître. On en a vu l’illustration avec les contradictions des aides l’année dernière : d’abord, on a donné 50 euros à toute personne souhaitant réparer son vélo, puis on a relancé le secteur automobile avec 8 milliards d’euros. A chaque fois qu’un secteur est en difficulté, sa capacité de lobbying va influencer le gouvernement, mais la capacité de ce secteur à préparer l’avenir est ignorée.

Mais dans le cas des restaurants, on peut penser qu’il y en aura toujours…

Les restaurants vont mal : est-ce que je les aide directement ou en passant par la consommation ? Utiliser des chèques, c’est sous-entendre que le consommateur doit reconnaître la nécessité d’aller au restaurant. Aux Etats-Unis, certains économistes plus ou moins libéraux commencent à dire que c’est liberticide. En outre, si on généralise les chèques ciblés, on risque de voir apparaître un marché noir parallèle des chèques, comme pour les tickets-restaurants : si je reçois 500 euros pour changer ma chaudière par exemple, je propose à quelqu’un qui veut deux chaudières de lui revendre contre 400 euros d’argent liquide. Comme le marché noir en URSS avec les tickets de rationnement. Bien sûr, avec la numérisation des chèques, ce serait plus compliqué.

«On ne peut pas blesser sciemment et gravement des fidèles d’autres confessions » Jean-Marc Sauvé encore un catho qui lâche !

«On ne peut pas blesser sciemment et gravement des fidèles d’autres confessions » Jean-Marc Sauvé  encore un catho qui lâche !

 

 

Encore un intellectuel Catho qui lâche  sur le concept de laïcité et sur la liberté de caricature en France. En effet, l’’ancien vice-président du Conseil d’Etat, qui a été secrétaire général du gouvernement sous Jacques Chirac, président  aujourd’hui la commission d’enquête sur les abus sexuels dans l’Eglise catholique critique la liberté de caricature. .( Interview dans l’Opinion)

La laïcité française est-elle un mystère à l’étranger ?

Elle est mal comprise, c’est un fait. Et pourtant elle est simple : elle implique la neutralité absolue de l’Etat et de toutes les personnes publiques à l’égard des cultes. Rien à voir, par exemple, avec les constitutions irlandaise, polonaise ou hongroise qui se réfèrent à Dieu et au catholicisme, avec la constitution grecque qui reconnaît la primauté de l’Eglise orthodoxe, ni avec le Royaume-Uni où la reine est chef de l’Eglise anglicane, ni même avec l’Allemagne où, par le Kirchensteuer, l’Etat lève l’impôt pour les Eglises. Sans oublier les Etats-Unis où un président, quel qu’il soit, ne peut omettre de parler de Dieu dans ses discours. Jean Lacouture écrivait en 1968 à propos de De Gaulle : « Il est peu question de Dieu dans le discours gaullien. Moins souvent en tout cas que chez Lyndon Johnson, à peine plus souvent que chez Nikita Khrouchtchev ». Et son chapitre « De Dieu » à propos du Général tient en deux pages !

Comment expliquer cette tradition laïque à un public étranger ?

Par la pédagogie. En 2007, nous avons reçu la Cour suprême des Etats-Unis au Conseil d’Etat. Nos collègues américains s’intéressaient à la question de la liberté religieuse en France, car le concept de laïcité (intraduisible en anglais, sauf par secularism) et notre réputation de fermeté dans la lutte contre les sectes nous créaient en Amérique une réputation d’intolérance religieuse, alimentée notamment par l’Eglise de la Scientologie et certains groupes évangéliques. Nous avons expliqué comment la liberté de conscience et de culte était garantie dans notre pays.

Avec nos voisins européens, nos traditions ne sont en réalité pas si éloignées ; leurs systèmes juridiques consacrent aussi la liberté d’opinion et d’expression religieuse. Et le principe de non-discrimination les oblige à respecter l’égalité entre les cultes, même si un seul d’entre eux est inscrit dans leur Constitution. Nous ne sommes pas identiques, mais compatibles. L’universalisme républicain nous distingue, mais il n’est pas en opposition avec le reste du monde.

Avons-nous, depuis 1905, rigidifié la notion de laïcité ?

Le principe de laïcité – c’est-à-dire de liberté de conscience, de religion et de culte – est interprété à tort comme prohibant toute expression publique de sa foi. C’est un contresens que l’on commet en France comme à l’étranger. La laïcité ne conduit pas à interdire l’exercice public des cultes. Dès 1909, par l’arrêt Abbé Olivier, le Conseil d’Etat a annulé un arrêté du maire de Sens qui interdisait les processions sur la voie publique lors des obsèques. Un souvenir personnel, au passage : élève de l’école publique, j’étais aussi enfant de chœur. Quand il avait besoin de mes services pour des enterrements, le curé demandait une autorisation de sortie à l’instituteur qui la lui donnait bien volontiers. Un arrangement typique de la laïcité à la française. Il ne peut être porté atteinte à la liberté de culte que dans les strictes limites de l’ordre public. Il y a eu des controverses sur les processions, les sonneries de cloches des églises et, récemment, les crèches de Noël, mais la jurisprudence reste sur cette ligne.

«Il ne s’agit pas d’en rabattre sur notre liberté d’expression, mais est-il besoin d’afficher les caricatures de Mahomet sur les façades des mairies ?»

N’est-ce pas la confrontation avec l’islam qui renforce les partisans d’une « laïcité de combat » ?

Que l’islam provoque des crispations, et parfois des dérives, est une réalité. Mais qui ne peut conduire à confondre laïcité avec lutte antireligieuse. On ne peut ainsi mettre en cause la présence de rayons halal ou casher dans les supermarchés. Pas plus que la laïcité n’a jamais imposé de manger gras dans les cantines scolaires le vendredi ! Certains ont tendance à rejouer aujourd’hui le combat du début du XXe siècle en pensant que Combes l’avait emporté sur Briand : c’est le contraire qui s’est passé. Briand a très justement insisté sur le fait que le principe de la loi de séparation était la liberté et que les restrictions étaient l’exception. La laïcité, ce n’est pas que le droit de pratiquer sa religion dans la sphère privée. Ce n’est pas non plus l’interdiction par principe des signes religieux extérieurs, comme le voile ou du burkini.

Mais la burqa a été interdite dans l’espace public…

Le législateur a trouvé une position d’équilibre, avec un argument de sécurité publique et l’idée que notre vie sociale implique que l’on soit à visage découvert dans l’espace public. Cette position a été validée par la CEDH.

Comment réagissez-vous aux propos de Mgr Le Gall, archevêque de Toulouse, qui a assuré, après l’assassinat de Samuel Paty : « On ne se moque pas impunément des religions » ?

Je ne partage en aucun cas le terme « impunément ». La liberté d’expression comprend le droit de faire des caricatures. Y a-t-il pour autant un « droit au blasphème » ? Non. Le blasphème n’est pas un délit et il y a un droit à la liberté d’expression qui peut conduire à des paroles ou dessins qui, pour d’autres, sont des blasphèmes. Après Charlie Hebdo et l’assassinat de Samuel Paty, il est extrêmement difficile de tenir un discours « audible », mais je suis convaincu qu’on ne peut pas blesser sciemment et gravement des fidèles d’autres confessions. Il ne s’agit pas d’en rabattre sur notre liberté d’expression, mais est-il besoin d’afficher les caricatures de Mahomet sur les façades des mairies ? Indépendamment de la religion, nous ne cessons pas dans la vie sociale de nous abstenir de comportements licites, mais qui pourraient choquer inutilement des personnes ou des groupes sociaux. Il faut juste faire la même chose en matière religieuse, ni plus, ni moins.

Pour les tenants d’une stricte laïcité, tenir compte des sensibilités des croyants, c’est déjà renoncer à la liberté d’expression…

Dans le contexte actuel, je suis sensible aux arguments du courant laïc mais on ne peut pas vivre ensemble dans un climat de provocations perpétuelles. Ne tombons pas dans ce panneau ! Il nous faut absolument éviter de donner au monde une image d’intolérance religieuse. A vouloir surinterpréter la laïcité, on ne cesse de se fourvoyer. Et, croyez-moi, il ne s’agit nullement de déroger de manière un peu honteuse au principe de laïcité, ni d’ouvrir la voie à des « accommodements raisonnables », ni de soustraire certains de nos compatriotes à l’application de la loi commune. Là-dessus, il faut être très ferme.

Les échecs de l’urbanisme (Jean-Marc Offner)

Les échecs de l’urbanisme (Jean-Marc Offner)

 

Directeur de l’A'urba, l’Agence d’urbanisme Bordeaux Aquitaine, depuis 2009, Jean-Marc Offner publie, à 67 ans, « Anachronismes urbains », un essai critique qui dresse la liste des échecs des politiques publiques en matière d’urbanisme, d’aménagement urbain et de mobilités. Dans un entretien à La Tribune, il tire aussi les enseignements de la crise du Covid-19 sur le fonctionnement de la ville. Entretien.( la Tribune)

 

 

Pourquoi écrire cet essai « Anachronismes urbains » (*) en 2020 ?

Jean-Marc OFFNER - C’est un peu le privilège de l’âge avec près de 40 ans passés dans le monde de l’urbanisme et de la recherche. En quatre décennies le monde a beaucoup changé mais, en revanche, le discours technique et politique sur les questions urbaines est resté très stable. Les mots d’ordre, les injonctions, les slogans de l’urbanisme sont restés les mêmes depuis la fin des années 1960 : la lutte contre l’étalement urbain, le transport collectif comme élément structurant, la volonté d’une France de propriétaires, etc. Pourtant, quand on regarde la réalité aujourd’hui, elle est différente des discours : l’étalement urbain a bien eu lieu et la croissance de la motorisation individuelle aussi pendant qu’on fait circuler des TER vides et que la crise du logement n’est pas résolue. On constate donc un retard permanent de l’action publique à prendre conscience des évolutions du monde. Les doctrines qui avaient un sens à un moment donné deviennent anachroniques.

Au fond, vous dressez un constat d’échec des politiques publiques à agir en matière d’aménagement du territoire…

Oui, il y a un constat d’échec dans plusieurs domaines notamment dans le logement. La crise du logement est toujours là aujourd’hui ce qui signifie que les politiques publiques menées depuis 40 ans n’ont pas eu les effets escomptés. Mais le second constat, qui est le plus important puisqu’on ne peut pas réécrire le passé, c’est celui de l’absence d’une prise de conscience de l’évolution du monde et de l’inadéquation de ces doctrines de politiques publiques au regard des mutations territoriales, sociétales et économiques. Le résultat c’est une action publique qui se trompe doublement puisqu’elle ne révise ni sa représentation du monde, ni ses dogmes d’action.

Face à ce constat, dans quelle direction faut-il aller ?

La première étape est de modifier les outils qui aboutissent à ces représentations du monde. Je pense en particulier aux cartes qui décrivent un monde très particulier, un monde de la parcelle, du cadastre, des stocks et pas des flux. Il faut arriver à se représenter le monde différemment en prenant en compte les flux économiques, les mouvements de population et de marchandises, le fonctionnement des réseaux, etc. Il faut faire évoluer nos méthodes, changer nos lunettes !

Jean-Marc Sauvé: «La décision d’assigner à résidence la plupart des Français n’a pas été prise en solitaire» !

Jean-Marc Sauvé: «La décision d’assigner à résidence la plupart des Français n’a pas été prise  en solitaire» !

Ancien Vice-président du Conseil d’Etat Jean-Marc Sauvé, ancien secrétaire général du gouvernement trouve justifiées les mesures de confinement prises par le gouvernement. Notons cependant que l’intéressé fait l’impasse sur la contradiction qui a consisté à juger ce confinement inutile le 15 mars pour raison  d’élections municipales et indispensables à partir du 17 mars !

Comment jugez-vous les mesures prises depuis une semaine ? Le projet de loi sur l’état d’urgence sanitaire, qui confirme et précise ces restrictions à des droits fondamentaux que sont la liberté d’aller et venir, de se réunir, d’entreprendre, est-il proportionné ?

Le gouvernement a été conduit à prendre des mesures extrêmement fortes et intrusives dans la vie des gens, qui auraient encore été impensables il y a quelques semaines. Elles portent atteinte à une liberté essentielle, celle de se déplacer, et à la liberté du commerce et de l’industrie, ce qui est sans précédent sous la Ve République et, même, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, puisque ces mesures s’appliquent sur tout le territoire et à toute la population (à l’exception, évidemment, des dérogations pour les personnels de santé et les activités essentielles…). Ces mesures ne sont légales que si l’atteinte qu’elles portent aux droits fondamentaux est, comme le dit la jurisprudence, « nécessaire, adaptée et proportionnée ». Il appartiendra, le cas échéant, aux juridictions compétentes de se prononcer.

Avant même la loi sur l’état d’urgence sanitaire, le pouvoir exécutif, allant au-delà de la base que constitue le Code de la santé publique, a appliqué la théorie des circonstances exceptionnelles : le Premier ministre, faisant usage de ses pouvoirs de police au niveau national, a ainsi décrété le 16 mars le confinement que venait d’annoncer le président de la République. Et le président de la République a signé le 17 mars le décret reportant le second tour des élections municipales dans quelque 6 000 communes, alors même que le projet de loi autorisant ce report était tout juste déposé sur le Bureau du Parlement. Ce sont des mesures très lourdes, qui portent atteinte aux libertés et interrompent un processus électoral. Au regard de la légalité formelle, elles sont surprenantes, mais elles sont en réalité autorisées par les circonstances exceptionnelles que nous vivons.

Comment définir ces « circonstances exceptionnelles » ?

Le gouvernement doit faire face à une exigence majeure : la protection de la santé de la population face à une crise sanitaire d’une gravité exceptionnelle. Au-delà même, il est comptable de la continuité de la vie de la nation et de sa capacité à surmonter cette épreuve. Ce qui est en jeu est, en trois mots, la vie de la communauté nationale. L’application normale de la loi et le respect des droits fondamentaux doivent par conséquent être mis en balance avec ces exigences dont chacun mesure qu’elles ne relèvent pas du fantasme. Si les mesures prises sont contestées devant un juge, c’est cette proportionnalité qui sera examinée.

Ces décisions de juges n’interviendront pas avant des mois. En attendant le contrôle juridictionnel n’est-il pas trop « léger » ? Le Conseil constitutionnel doit-il être saisi du texte sur l’état d’urgence sanitaire ?

Le Conseil d’Etat a déjà rendu un avis sur ce projet de loi et a estimé que les mesures proposées répondaient à un motif d’intérêt général impérieux ou suffisant et qu’elles étaient suffisamment encadrées. En aval, des recours pourront être présentés contre les dizaines d’ordonnances qui vont être prises [en matière sociale, civile ou commerciale]. Quant au Conseil constitutionnel, c’est aux autorités politiques compétentes d’apprécier s’il doit être saisi de la loi sur l’urgence sanitaire. Je note que ce texte, quoique très novateur, ne souffre pas de sérieuses contestations constitutionnelles.

Des réticences s’expriment, avançant l’idée que lorsque des mesures répressives sont entrées en vigueur, il est ensuite difficile de « revenir en arrière », à l’état du droit antérieur. Est-ce effectivement un risque ?

Il y a en effet l’idée qu’on ne sort qu’avec peine des « circonstances exceptionnelles ». Elle a été en partie confirmée au vu des difficultés à sortir de l’état d’urgence qui, instauré en 2015 au lendemain des attentats terroristes, s’est prolongé jusqu’en 2017. La question s’est posée de savoir si, en mettant un terme à l’état d’urgence, l’on ne baissait pas la garde face à la menace terroriste, alors que les contraintes étaient minimes pour la quasi-totalité de la population. La sortie de l’état d’urgence n’a ainsi pu être opérée qu’après un long délai et au « prix » d’un durcissement de l’Etat de droit.

N’en sera-t-il pas de même avec l’épidémie de coronavirus ? Compte tenu des incertitudes sur le virus, ne sera-t-il pas difficile de juger la menace sanitaire levée ?

Non, les mesures prises aujourd’hui pèsent si lourdement sur la vie et les libertés de nos compatriotes qu’il n’est pas imaginable que l’état d’urgence sanitaire puisse se prolonger au-delà de ce qui est strictement nécessaire pour assurer la protection de la santé publique. Il y aura sans doute une levée progressive des restrictions sous un double contrôle juridictionnel et démocratique. Je suis confiant dans la capacité des autorités à alléger le système mis en place, lorsque la situation sera redevenue moins critique.

Globalement, les mesures de confinement sont acceptées. Quel enseignement peut-on en tirer sur le rapport des Français à l’autorité ?

Il est impressionnant de voir le degré d’adhésion de la population à des mesures aussi contraignantes, notamment sur la liberté d’aller et venir. C’est un indice parmi d’autres de la nécessité des mesures prises. Tout le monde ou presque se plie à l’obligation de justifier ses déplacements. Bien sûr, comme dans toute crise, il y a des héros, quelques salauds, et l’immense majorité de nos compatriotes qui font ce qu’ils doivent.

Un Conseil scientifique éclaire le président de la République et le gouvernement. Cette parole des scientifiques a-t-elle trop de poids ?

Cette crise montre bien à quel point, dans nos sociétés démocratiques où les exigences et le niveau culturel des citoyens sont beaucoup plus élevés qu’il y a un ou deux siècles, le mécanisme de la prise de décision est de plus en plus complexe. Dans une situation comme celle que nous vivons, les pouvoirs publics ne peuvent pas prendre des décisions aussi lourdes de conséquences sans un minimum de légitimation scientifique. L’expertise est donc indispensable pour éclairer la prise de décision. La loi sur l’état d’urgence sanitaire prévoit ainsi que les mesures prises dans ce cadre sont précédées par l’avis d’un conseil scientifique. S’agit-il d’une défausse sur les experts, voire d’un risque de confiscation par les experts de la décision politique et de la démocratie ? Pas le moins du monde. Ce que l’on a appelé l’administration consultative, c’est-à-dire le fait de s’entourer de conseils et de sachants avant toute prise de décision publique, a commencé dès la fin des années 1960. Ce mouvement a connu un tournant avec l’affaire du sang contaminé.

Plus généralement, presque aucune décision publique n’est prise aujourd’hui de manière totalement discrétionnaire. On consulte non seulement les experts, mais aussi les intérêts concernés. Mais au final, l’autorité politique seule peut opérer ultimement la conciliation de l’ensemble des intérêts contradictoires en présence et endosser la responsabilité de décisions parfois exceptionnellement lourdes et difficiles. Nous sommes bien là au cœur du fonctionnement de l’Etat. On ne prend pas à la légère, en solitaire, et sans motifs très graves, la décision d’assigner à résidence la plupart des Français.

Un jour, ce même Conseil scientifique pourrait recommander ce qui se pratique déjà en Corée du Sud : l’utilisation de données sur les personnes contaminées afin de les « tracer », de remonter toute la liste des personnes qu’elles ont fréquentées…

En pareil cas, hautement improbable, il appartiendrait au politique de juger de la nécessité sanitaire d’une telle recommandation et de déterminer jusqu’où aller dans les atteintes aux libertés. C’est toute la noblesse du politique : concilier des impératifs contradictoires ; faire des choix et en assumer la responsabilité. C’est ce que je n’ai pas cessé de constater au long de ma carrière.

Le droit est une arme majeure pour assurer la protection du bien commun et des intérêts essentiels de la collectivité. Il ne défend pas les principes contre les intérêts. Il est là pour les accorder

Consensus, adhésion aux mesures prises : êtes-vous surpris par cette cohésion de la société française ?

« Les Français n’accepteront jamais d’être confinés », « la mise en cause de telles mesures serait immédiate » : voici ce qu’on pouvait entendre il y a deux ou trois semaines… En réalité, pour le moment, il n’existe pas de critiques substantielles de ce qui a été décidé, aussi lourd cela soit-il. Le consensus de fond est remarquable. Le débat porte plutôt sur l’idée que des mesures auraient dû être prises plus tôt. Autre enseignement : l’extraordinaire plasticité, dans le bon sens du terme, de notre système de droit. On nous parle souvent de la « rigidité du droit ». C’est le contraire : il fait preuve d’une formidable capacité d’adaptation quand les intérêts essentiels de la nation sont en cause. Cette réalité, d’habitude invisible, devient soudain très concrète. Le droit est une arme majeure pour assurer la protection du bien commun et des intérêts essentiels de la collectivité. Il ne défend pas les principes contre les intérêts. Il est là pour les accorder. « La limite du raisonnement juridique, c’est quand il commence à offenser le bon sens », disait un de mes anciens au Conseil d’Etat…

C’est au nom de la santé publique que sont prises les décisions politiques. La santé est aujourd’hui au sommet de l’échelle des valeurs ? Cela n’a pas toujours été le cas…

C’est vrai, c’est une valeur à la hausse dans la hiérarchie du bien commun. Au fond, aujourd’hui, à qui appartient-il de définir les composantes du bien commun qui évoluent au fil du temps ? Aux juristes ? Aux religions ? Aux philosophes ? Tout le monde a son idée sur le sujet, mais à la fin des fins, dans une démocratie, c’est le peuple qui en décide par l’intermédiaire de ses représentants.

 

« Cette réforme des retraites laissera des traces profondes »(Jean-Marc Le Gal )

« Cette réforme des retraites laissera des traces profondes »(Jean-Marc Le Gal )

 

Dans une tribune au « Monde », le consultant en relations sociales Jean-Marc Le Gall, observe qu’un passage en force du gouvernement, malgré l’absence de mobilisation du privé, générerait beaucoup d’amertume (Dans une tribune au « Monde », le consultant en relations sociales) .

Tribune.

 

« Ce qui est a priori très surprenant dans le mouvement social en cours est la non-participation des salariés du privé, alors qu’une majorité d’entre eux s’inquiètent de l’impact futur de la réforme des retraites, comme le révèlent nombre de sondages. Bien qu’aujourd’hui la réforme concerne tous les régimes, les syndicats ne parviennent pas à entraîner le privé dans le conflit – contrairement au mouvement de 1995, alors même que le plan Juppé ne concernait que les retraites des régimes spéciaux et des fonctionnaires. Même les fonctionnaires territoriaux ou les personnels (de droit privé) de la Sécurité sociale, pourtant habituellement prompts à s’engager dans les conflits sociaux, ne suivent pas.

Certes, la grande fermeté du premier ministre (et du président) est nettement perçue par l’opinion publique, qui peut dès lors douter de l’issue positive du rapport de forces frontal que tentent d’imposer certains syndicats. En outre, la division syndicale désoriente les Français. Le fait que la CFDT, le syndicat aujourd’hui le plus écouté dans les entreprises, soit favorable à un régime par points ne manque pas de brouiller le message des contestataires.

Une autre explication avancée de cette désaffection des salariés du privé est leur difficulté, voire leur impossibilité, de faire grève, car le risque personnel y serait trop grand. Il est vrai que dans l’entreprise, faire grève est devenu aujourd’hui une démarche plus individuelle, tant les collectifs se sont affaiblis. Chacun s’observe, craint pour sa réputation, attend des autres qu’ils se mobilisent, et réciproquement.

En revanche, les observateurs soulignent que les non-grévistes n’en soutiennent pas moins le mouvement social, accréditant la thèse d’une grève « par procuration », selon l’expression proposée par Stéphane Rozès et Henri Vacquin en 1995. Cette analyse rejoint à sa manière celle de l’économiste américain Mancur Olson (1932-1998), l’un des concepteurs de la théorie des choix publics : l’acteur rationnel laisse les autres faire grève car, en cas de succès, il en bénéficiera à moindres frais (Logique de l’action collective, PUF, 1978).

Ces analyses ont chacune leur part de vérité, mais l’évolution du conflit suggère une autre raison à l’origine de cette désaffection. Si on analyse plus finement les réactions des salariés du privé, une autre explication apparaît : la mauvaise image du leader de la CGT en dehors de ses bastions publics, et la perception que la CGT et FO défendent avant tout les régimes spéciaux et leurs conditions de départ dérogatoires du droit commun – et, au-delà, la seule fonction publique d’Etat. Les salariés du privé n’ont donc majoritairement pas envie de se joindre aux manifestations. Ce combat n’est pas (complètement) le leur. A cet égard, 2020 n’est pas 1995. »

 

Macron : pas social et pas libéral ! (Jean-Marc Daniel )

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Un des chantres du libéralisme, l’économiste Jean-Marc dresse un drôle de bilan de l’action de Macron qu’il considère comme de moins en moins libéral et de moins en moins social. (Interview la tribune). En réalité  Macron soutient un  libéralisme de type orléaniste voire bonapartiste.

 

LA TRIBUNE - Emmanuel Macron a initié un grand nombre de réformes en seulement un an. Est-ce une rupture par rapport à ses prédécesseurs ?

JEAN-MARC DANIEL - Oui et non. Les ruptures furent bien plus marquantes en 1958 lors de l’arrivée au pouvoir de Charles de Gaulle, qui réforme les institutions, rééquilibre le budget et résout le problème de la guerre d’Algérie, ou encore en 1981 de François Mitterrand, qui assure une politique de relance keynésienne et des réformes du marché du travail qui vont déstabiliser l’économie française.

Emmanuel Macron s’inscrit davantage dans la continuité de François Hollande. En outre, son discours perd progressivement de sa cohérence. Quand il était ministre de l’Économie, il était centré sur l’avenir, défendait les idées libérales et la promotion de l’Europe. Là, il engage des procédures qui ne vont pas jusqu’à leur terme. Par exemple, il prépare l’avenir en réformant le marché du travail par ordonnances mais il ignore ce qu’il va faire sur l’Unedic. Il veut relancer l’activité en baissant la fiscalité sur le capital mais il maintient d’une certaine manière cette fiscalité avec l’IFI (Impôt sur la fortune immobilière). Il veut rééquilibrer les finances publiques mais il reporte la réduction du déficit structurel. En pratique, il reste à mi-chemin.

Sa méthode pour réformer relèverait donc davantage de la communication que d’un projet cohérent ? Que devrait-il faire pour mener à bien ces réformes ?

Il devrait s’inspirer des engagements signés en 2011 par Mario Monti lorsque l’Italie avait dû négocier avec la BCE un calendrier de réformes pour obtenir le rachat d’une partie de sa dette publique. Mario Monti avait choisi trois axes. Le premier était de redynamiser l’économie par la concurrence, notamment le marché du travail. Emmanuel Macron doit donc clarifier ce qu’il compte faire sur l’Unedic.

Le deuxième chantier est celui de la réduction du déficit budgétaire par la baisse des dépenses publiques. En ce moment, le déficit structurel augmente mais on ne le voit pas forcément car le déficit conjoncturel baisse. Et non seulement les dépenses publiques ne baissent pas mais on voit même apparaître des augmentations d’impôt alors qu’on a déjà une fiscalité ubuesque.

Le troisième chantier, c’est d’améliorer l’image du pays à l’international, notamment en précisant son projet européen qui en l’état n’est pas acceptable pour nos principaux partenaires.

Pourquoi ne s’attaque-t-il pas à la baisse des dépenses publiques ?

Parce que les propositions qui émanaient de Bercy ont failli se transformer en « catastrophe politique ». La première mesure, qui était la réduction du budget de la Défense, s’est soldée par la démission du général de Villiers. La seconde mesure, la baisse de cinq euros des APL, qui était une proposition qui ressortait de décisions antérieures et dont Bercy n’avait pas de raison particulière de se méfier, a provoqué un tollé.

Quand on s’attaque à la dépense publique, on remet en cause certains avantages. Si l’on veut réduire le nombre de fonctionnaires, il faut affronter les syndicats de la fonction publique. Pour l’instant, Emmanuel Macron teste à travers sa réforme de la SNCF le degré de réaction dans les secteurs les plus sensibles.

Les pensions de retraite peuvent également être une autre source d’économie. Elles représentent environ 14 % du PIB, soit le taux le plus important comparé à celui des autres pays de l’OCDE. Mais il a déjà sollicité les retraités en augmentant leur CSG. Aussi, on ne voit pas très bien ce qu’il veut faire pour réformer les retraites.

Il a évoqué dans son programme la suppression de 120. 000 postes de fonctionnaires sur le quinquennat. Est-ce réaliste ?

Oui, mais à deux conditions. La première, c’est qu’un effort ait été engagé dans le budget 2018, or cela n’a pas été le cas. On en a supprimé à peine 1 800. Cela pourrait être réaliste si l’on associait les collectivités locales à cette politique de réduction de postes. La deuxième est de réformer en profondeur le secteur de l’éducation, ce qui est une priorité au regard de son manque d’efficacité. On pourrait appliquer à l’université ce que l’on fait à la SNCF, en privatisant certaines universités et certaines fonctions. Les recrutements se font d’ailleurs déjà sur la base de non-fonctionnaires.

Il est reproché à Emmanuel Macron d’avoir favorisé par la fiscalité les ménages les plus aisés.

Cette critique est avant tout politicienne, et émane surtout de la gauche et de l’extrême gauche. Le président s’en est expliqué à plusieurs reprises. Car on ne peut pas dire d’une part que l’ISF pénalise la croissance, nombre de rapports ayant montré qu’il fait fuir les investisseurs et fait perdre plusieurs milliards d’euros de PIB, et d’autre part, lorsqu’il est supprimé, ou du moins réformé, dire : « Vous faites une politique pour les riches ». Si les 5 milliards d’euros de l’ISF avaient été gardés, ils auraient été finalement dépensés par l’État. La dépense publique « ruisselle » comme la dépense privée. Mais la logique de Macron n’est pas celle du ruissellement, il considère que certains entrepreneurs sont « les premiers de cordée ». S’ils partent à l’étranger, la croissance sera pénalisée. Ce n’est pas une politique pour les riches, mais pour ceux qui veulent devenir riches.

Ne sous-estime-t-il pas le poids des inégalités ?

Je ne crois pas. Ce reproche vient là aussi d’une gauche qui a changé de référent. La critique constante du système capitaliste, et de sa supposée inefficacité historique, a longtemps été justifiée par la pauvreté. Mais comme on vit dans une société où elle est moins criante qu’auparavant, même s’il y a des pauvres, la gauche estime que ce qui est grave, ce n’est pas d’être pauvre mais d’être plus pauvre que les autres. Or cette critique est portée par tous les mouvements de gauche à l’échelle mondiale. Sur ce point, Emmanuel Macron n’est pas plus coupable que n’importe quel autre gouvernement en place en ce moment.

Contrairement à François Hollande, Emmanuel Macron ne prend pas d’engagement en matière de baisse du chômage. Pourquoi ?

En raison du cycle économique. François Hollande savait que le retournement de la conjoncture économique allait intervenir durant son mandat, et favoriserait la baisse du chômage. Il avait calculé que le cycle se retournerait en 2015, et c’est pourquoi il disait : « ça va mieux ». La baisse significative n’est intervenue qu’au moment de sa potentielle réélection mais il n’a pas eu la capacité politique de tirer les bénéfices de l’évolution économique du cycle. Emmanuel Macron, lui, sait que cet effet va jouer contre lui. Le cycle devrait en effet se retourner aux alentours de 2019-2020 et le chômage recommence à augmenter à ce moment-là. Il ne peut pas jouer sur le cycle mais sur la croissance potentielle de long terme. Or, il n’est pas sûr que les mesures prises sur le marché du travail aient un impact suffisamment positif. Leur évaluation est complexe. Il vaut mieux ne pas prendre d’engagement.

Emmanuel Macron ne semble pas avoir convaincu Berlin avec ses propositions
sur l’Europe…

Il est confronté à plusieurs difficultés. Outre l’Allemagne, plusieurs dirigeants européens, comme le Premier ministre néerlandais Mark Rutte, lui ont rappelé que la France ne respectait pas les traités. Avant de faire des propositions, Paris devrait commencer par réduire son déficit budgétaire pour être crédible aux yeux d’un certain nombre de voisins européens. Ainsi, les pays baltes, qui ont restructuré leur économie, jugent que la France ne fait aucun effort. Par ailleurs, les Allemands font un blocage définitif sur sa proposition d’un budget européen commun qui assurerait des transferts financiers des pays du Nord vers ceux du Sud. Pour eux, la solidarité européenne, en termes économique et monétaire, ne doit pas aller au-delà de l’acceptation de la politique menée par la BCE. En revanche, ils sont d’accord pour que l’Europe travaille sur des projets comme l’Europe de la défense ou d’autres domaines.

La France doit donc au préalable se mettre en conformité avec les traités européens pour que sa voix soit mieux entendue au niveau européen ?

Oui, ça améliorera sa position sur les plans politique et économique. L’enjeu n’est pas de sommer les Allemands de dépenser davantage mais plutôt de demander aux Français d’économiser plus, pour se conformer aux exigences européennes en matière de déficit. En réalité, le problème n’est pas l’excédent commercial extérieur de l’Allemagne, qui se fait de plus en plus hors de la zone euro, mais plutôt notre déficit commercial extérieur. Il traduit un déficit d’épargne, c’est-à-dire une distribution excessive de revenus, notamment sous la forme de revenus publics.

La réforme de la formation, avec les chantiers de l’apprentissage et de la formation professionnelle, d’une part, et la volonté de faire de la France un acteur important de l’intelligence artificielle, d’autre part, cela va-t-il dans le bon sens?

Oui, notamment la réforme de la formation professionnelle qui prévoit d’octroyer des droits monétaires et non des droits sous forme d’heures de formation. Et la mise en concurrence des organismes de formation permettra d’évaluer leur qualité. Aujourd’hui, on dépense de plus en plus d’argent pour la formation, à la fois continue et initiale, pour des résultats de plus en plus décevants. On répète qu’on résoudra le chômage par la formation, et plus on dépense plus le chômage augmente ! Il faut cesser de raisonner uniquement en termes de dépense. Cette réforme va donc dans le bon sens. Quant à la promotion de l’intelligence artificielle, l’idée d’en faire le vecteur d’une politique industrielle rénovée est fallacieuse. Il y a une nostalgie chez Emmanuel Macron de la politique industrielle. Lorsqu’il était ministre de l’Économie, il s’était montré très interventionniste et plutôt protectionniste sur les difficultés de la sidérurgie. Cela dit, la meilleure chose à faire pour favoriser l’émergence d’un secteur d’intelligence artificielle performant est de baisser l’impôt plutôt que de créer un fonds d’investissement public dédié à ce secteur.

La loi Pacte sur l’entreprise prend du retard. Que pensez-vous de l’approche qu’a Emmanuel Macron de l’entreprise ?

Le grand danger de la loi Pacte est que le président se soumette à une partie de sa majorité qui, au nom de la RSE, du débat environnemental, veut imposer de nouvelles contraintes aux entreprises. Je rappelle quand même que les entreprises ne gâchent pas systématiquement le paysage ni ne détruisent la nature, qu’elles ne pressurent pas leurs employés, ne serait-ce que parce que l’efficacité économique repose aussi sur l’image de marque, sur la façon dont on se comporte, et sur des ouvriers efficaces parce que bien payés. L’idée d’imposer par la loi des comportements qui s’imposent naturellement est dangereuse, parce qu’elle rend possible le contentieux. Cela s’est vérifié avec le Code civil au début du xixe siècle : on avait constaté que plus on légiférait, plus on créait de la chicane. Pour des raisons politiquement correctes, on risque donc au nom de la RSE de créer des difficultés pour les entreprises qui n’en ont pas vraiment besoin en ce moment. Et ce qu’il faut surtout éviter dans la loi Pacte, c’est la modification du Code civil. Sur ce point, le rapport Notat-Senard, même s’il reste prudent, va déjà trop loin.

On reproche à Emmanuel Macron une forme d’autoritarisme. Vous qui connaissez bien l’histoire économique, de quelle figure le rapprocheriez-vous ?

Le personnage qui me paraît le plus proche, c’est le Mendès France de 1954. Ce dernier arrive au pouvoir avec des propositions plutôt libérales, des idées claires, notamment celle consistant à lancer rapidement des réformes sur tous les secteurs. Mitterrand avait adopté cette démarche en 1981, redoutant l’installation dans la routine. Macron me fait également penser à Tony Blair, qui après avoir réformé durant les six premiers mois de son mandat, dit vouloir réfléchir. On a l’impression que Macron se trouve dans la même situation. Mais rappelons que Mendès France n’a pas eu le temps de digérer ses réformes et Mitterrand a été obligé d’en changer parce qu’elles étaient mauvaises.

Finalement, comment définiriez-vous le « macronisme »?

Au début, c’était du social-libéralisme, mais le problème aujourd’hui est qu’il devient de moins en moins social et de moins en moins libéral !

 

« Le transport aérien français pas assez compétitif » (Jean-Marc Janaillac)

« Le transport aérien français  pas assez compétitif » (Jean-Marc Janaillac)

Coïncidence, la grève chez Air France sur les salaires se situe au même moment que s’ouvrent les  Assises du transport aérien qui vont être centrées sur le manque de compétitivité du pavillon français. « Le transport aérien français n’est pas assez compétitif, y compris par rapport aux compagnies européennes ». « Le pavillon français est en recul parce que nos compagnies aériennes ont tardé à se réformer et parce que notre environnement fiscal, social et réglementaire est trop pesant. Le différentiel annuel de charges d’Air France par rapport à ses concurrents européens est de plusieurs centaines de millions d’euros », analyse le patron d’Air France. Un différentiel de l’ordre 500 millions réclamés  à l’Etat tandis que  la somme que représenterait le cout des augmentations salariales à Air France serait d’environ 300 millions. . Où le personnel sera en grève le 23 et sans doute le 30. Les revendications d’augmentation générale des salaires de 6%, sont les causes de ces grèves. . “La situation économique et financière de la compagnie, dans un environnement concurrentiel particulièrement agressif, rendait cette augmentation générale impossible sans compromettre sa stratégie de croissance, d’investissement et de reprise des embauches”, a précisé la compagnie dans un communiqué; Il s’agit de   rattraper la perte de pouvoir d’achat subie depuis la dernière augmentation générale en 2011. Au JDDle président du groupe aérien, Jean-Marc Janaillac, explique avoir encore l’espoir de « trouver une issue ». « Je comprends le sentiment d’injustice des salariés qui ont fait des efforts, alors même que ce qui pèse sur Air France, charges et taxes, n’a pas évolué. Mais je le regrette vis-à-vis de nos passagers et de nos salariés », explique le patron d’Air-France KLM. Qui détaille : « Nous avons proposé une mesure d’augmentation générale, le doublement de l’intéressement et une compensation de perte de pouvoir d’achat pour les salariés concernés. Nous ne pouvons pas aller plus loin. »

 

Jean-Marc Rouillan salue le courage des terroristes !!!

Jean-Marc Rouillan salue  le courage des terroristes  !!!

Provocation, pathologie existentielle, apologie du crime ? En tout avec cette déclaration soulignant le courage du terrorisme mériterait sans doute la déchéance de nationalité, l’internement ou la réclusion à vie. Une telle déclaration constitue à l’évidence un encouragement au terrorisme et au crime. Il faut espérer que cette fois l’intéressé ne bénéficiera pas de la même bienveillance de la part des autorités politiques et judiciaires comme cela avait été le cas précédemment. Le parquet de Paris a en effet ouvert ce lundi une enquête contre Jean-Marc Rouillan pour « apologie du terrorisme » selon les informations recueillies par France Info.  Dans un entretien à Radio Grenouille et au journal satirique Le Ravi, l’ex-militant d’Action directe, connu pour ses actions violentes dans les années 80, a salué le « courage des terroristes du 13 novembre », soulignant qu’ils se sont « battus courageusement dans les rues de Paris en sachant qu’il y avait près de 3.000 flics autour d’eux. » Condamné en 1989 à la réclusion criminelle à perpétuité pour l’assassinat d’un ingénieur de l’armée et du PDG de Renault Georges Besse, Jean-Marc Rouillan avait bénéficié d’un régime de semi-liberté fin 2007, avant de retourner en prison un an plus tard pour avoir parlé de son passé terroriste dans L’Express. Depuis 2011, Jean-Marc Rouillan est assigné à résidence. Il n’a toujours pas le droit de parler des faits qui l’ont fait condamner ni de faire l’apologie de la lutte armée.

Une Europe à plusieurs vitesses (Jean-Marc Ayrault) .

Une Europe à plusieurs vitesses (Jean-Marc Ayrault)

 

Suite aux nouvelles concessions faites au Royaume-Uni pour son maintien dans l’union européenne, Jean-Marc Ayrault, le nouveau ministre des Affaires étrangères reconnaît de fait une Europe à plusieurs vitesses. Il y a bien sûr d’abord la zone euro qui ne concerne pas par exemple le Royaume-Uni mais au-delà de la zone euro des statuts différents selon les pays avec des modes de coopération de plus en plus différenciés. D’une certaine manière c’est  la reconnaissances de la théorie des cercles avec un premier groupe de pays aux coopérations renforcées, un autre groupe de pays moins intégrés et moins contraints enfin un troisième pour les pays plus récemment accueillis au sein de l’union économique et ou qui ne souhaitent comme le Royaume-Uni qu’une intégration légère. Il restera toutefois à clarifier juridiquement cette théorie car les traités actuels ne rendent pas compte de cette évolution. L’ouverture de l’union économique à de nouveaux pays des Balkans devrait de ce point de vue précipiter des réformes nécessaires notamment pour maîtriser les flux d’immigration. (Interview de Jean-Marc Ayrault dans le JDD)

Une semaine après votre arrivée à la tête de la diplomatie, le Conseil européen a fini, au bout de deux jours de négociation, par un accord qui va permettre au Premier ministre David Cameron de faire campagne pour le maintien de la Grande-Bretagne dans l’UE. La France affirme qu’elle n’a rien cédé, mais l’Allemagne parle d’un compromis équitable. Qu’en est-il?

 
David Cameron avait demandé à l’Europe qu’elle l’aide à gagner son référendum sur le maintien du Royaume-Uni dans l’Union européenne. C’est ce que nous avons fait samedi, à Bruxelles, tout en prenant une décision aussi dans l’intérêt de tous les Européens. Il n’y aura pas de révision des traités, pas de veto du Royaume-Uni sur un renforcement de la zone euro, pas de remise en cause du principe de libre-circulation. Le Royaume-Uni a obtenu des réponses à ses préoccupations et j’espère, sur cette base, que les Britanniques choisiront de rester dans l’Union européenne. C’est dans l’intérêt du Royaume-Uni, c’est dans l’intérêt de l’Europe, c’est dans l’intérêt de la France.

Mais est-ce que cela ne revient pas à défaire un peu plus l’Union européenne?
Il ne s’agit pas de défaire ce qui a été fait ni d’empêcher ceux qui veulent aller plus loin. Le socle des principes et des valeurs fondatrices de l’Union demeure. Avant de faire mon discours au moment de la passation de pouvoirs avec Laurent Fabius, je me suis arrêté un instant devant la photo de Robert Schuman* dans le salon de l’Horloge au Quai d’Orsay. C’est ici que le 9 mai 1950, l’année de ma naissance, cet homme a lancé la Communauté Européenne du charbon et de l’acier. C’est de cette histoire dont nous sommes comptables. Chacun doit accepter une Europe différenciée dans laquelle ceux qui veulent plus d’Europe pourront avancer et ceux qui ne veulent pas aller plus loin n’y feront pas obstacle. En outre, l’Europe doit être un espace de projets ambitieux qui soit en mesure de peser davantage dans les réponses aux problèmes du monde. On en a vu un très bon exemple lors de la COP21 sur le climat.

Cette Europe différenciée, c’est donc une Europe à deux vitesses?
Le Royaume-Uni a toujours eu une position particulière au sein de l’Union européenne et certains Etats membres ont déjà décidé d’aller plus loin, dans le cadre de la zone euro ou de l’espace Schengen. L’accord avec les Britanniques ne fait qu’admettre qu’il y a une Europe différenciée. Ce qui compte, c’est que ceux qui veulent aller vers plus d’intégration ne soient pas entravés, car il faut faire mouvement et redonner à l’Union européenne toute son ambition. Si l’Europe ne bouge pas, on verra les nationalismes et les populismes prospérer, ce qui est d’ailleurs le cas. Il faut donc recréer une envie d’Europe et redonner à tout le monde des raisons d’aimer l’Europe, surtout à la jeunesse.

La fin du salariat? (Jean-Marc Daniel)

La fin du salariat? (Jean-Marc Daniel)

Jean-Marc Daniel, économiste et professeur associé à l’école de commerce ESCP Europe pronostique la fin progressive du salariat. Une vision très à la mode en ce moment dans les milieux ultralibéraux qui rêvent d’un monde numérisé ou  le salarié se transformerait en auto entrepreneur. La question étant  de savoir s’il ne s’agit pas d’une confusion entre le concept entrepreneur est celui de journalier. Une interview de la tribune toutefois intéressante à lire car elle rend bien compte de la pensée dominante un peu schématique actuelle.

On annonce la mort du salariat. Est-ce une réalité ou un mirage?

Il est vrai que pour l’instant, plus de 90% des travailleurs français sont des salariés. Mais d’ici à 50 ans, nous allons nous retrouver avec 50% de travailleurs indépendants. Le temps où des armées d’ouvriers se lèvent tôt pour aller pointer dans une usine est révolu. Aujourd’hui, le capitalisme 2, 3 puis n point zéro se caractérise par la multi-activité où la figure de l’autoentrepreneur est centrale. Il faut réfléchir à ce qu’est la relation salariale à l’aune de cette société. Il est devenu nécessaire d’assouplir le contrat de travail né pendant l’ère industrielle.

Quelles sont les caractéristiques de cette société post-salariat?

La France du Bon Coin et de Blablacar annonce à plus long terme une redéfinition profonde des relations sociales autour de la généralisation de la négociation. Par exemple, jadis une personne aidait par simple générosité son voisin à déménager ou à monter un meuble Ikea. Aujourd’hui, avec des plateformes comme Le Bon Coin, il peut monnayer son service. Nous allons vers un renforcement des relations contractuelles au détriment des relations hiérarchiques qui caractérisent la société du salariat. Autrement dit, demain il sera plus facile de trouver un client qu’un emploi.

L’enjeu à venir n’est-il pas l’adaptation du code du travail?

Oui, tout à fait. Le droit social s’est développé sous l’ère de la société industrielle. Mais aujourd’hui avec les bouleversements de l’économie numérique, il apparaît un peu désuet. Surtout, il ne répond plus au besoin des salariés free-lance qui, eux, ne sont pas protégés par les articles du code du travail. Le grand débat est donc d’attacher des droits à la personne et non aux contrats de travail.

Vous annoncez également la mort de la sécurité sociale?

La fin programmée d’une société régie uniquement par le salariat et le contrat de travail va engendrer la mort de la sécurité sociale telle qu’elle est aujourd’hui. En effet, comment financer une protection sociale basée sur les cotisations sociales des salariés? Il va être nécessaire de réorganiser les transferts de solidarité. Le revenu universel peut être une solution. La Finlande est d’ailleurs en train de réfléchir à cela.

Comment expliquer les réticences liées à des plateformes comme Uber?

Il y a cette vision que la nouvelle économie du numérique va engendrer de grandes destructions d’emploi et qu’une partie non négligeable de personne va se retrouver au chômage. Or, je crois au contraire que l’emploi crée de l’emploi. Vous savez en 1812, Lord Byron, dans une déclaration à la Chambre des communes, déclarait que les machines représentaient un danger pour l’humanité parce qu’elles allaient détruire des emplois. C’était le temps des luddites, ces bandes d’ouvriers du textile qui mettaient à sac des usines. On assiste en France à la résurgence de ce phénomène dans certain secteur de l’économie où des acteurs sont menacés par l’arrivée de nouveaux entrants.

En quoi la société numérique est-elle une société de concurrence quasi pure et parfaite?

Il faut se souvenir du commissaire-priseur Walrassien, du nom de l’économiste français du 19ème siècle. Cet être mythique de la pensée économique informe en temps réel le consommateur de la possibilité de trouver mieux et moins cher que dans le magasin où il est. Joseph Schumpeter (père du concept de destruction créatrice de la valeur) l’avait critiqué sévèrement en jugeant l’idée intéressante sur le plan intellectuel mais trop éloignée de la réalité. Or, aujourd’hui le commissaire-priseur Walrassien existe grâce aux smartphones et aux nouvelles technologies de l’information. Nous vivons dans une société de concurrence quasi pure et parfaite qui libère le consommateur et met la pression sur le producteur obligé de se réorganiser.

«Réduire le nombre de fonctionnaires en France» (Jean-Marc Daniel)

 «Réduire le nombre de fonctionnaires en France» (Jean-Marc Daniel)

Pour diminuer la dépense publique ,il faut diminuer le ombre de fonctionnaire ; une recommandation de l’institut de l’entreprise. Pas vraiment un scoop mais on voit mal comment on pourrait voire cette utopie se réaliser puisque la majorité des responsables politiques sosnt eu- mêmes fonctionnaire ! – Interview de Jean marc Daniel , économiste à l’institut de l’entreprise. ( le Figaro)

LE FIGARO.- Comment la France doit-elle agir pour redresser ses finances?

Jean-Marc DANIEL.- La France est en contravention avec ses engagements budgétaires à trois niveaux: son déficit est supérieur à 3%, son déficit structurel est supérieur à 0,5%, sa dette est supérieure à 60%. Le danger est qu’elle considère toute amélioration partielle sur un de ces sujets comme un effort suffisant. Entre 2012 et 2014, le déficit structurel a été ramené de 4,5% du PIB à 2,5%. Elle s’est appuyée sur cette réduction pour refuser de prendre en compte un niveau de déficit total supérieur à 3%. Maintenant que le retournement conjoncturel permet d’espérer une réduction du déficit total par baisse du déficit conjoncturel, elle fait mine d’ignorer le déficit structurel. Il faut donc que la France joue le jeu plein et entier de ses engagements sans finasser et redresse la situation de ses finances publiques. Comme elle a déjà beaucoup mobilisé la fiscalité, la solution passe par une baisse des dépenses. Ce sont les fameux 50 milliards d’euros d’économie confirmés le 14 janvier 2014 par François Hollande, dont néanmoins le contour a du mal à se préciser. A moyen terme, la baisse de la dépense publique passe par une réduction de la masse salariale. Pour cela, il faudra passer soit par un appauvrissement généralisé de la fonction publique, comme on le fait avec le gel du point d’indice servant à calculer les évolutions salariales, soit par une réduction accélérée du nombre de fonctionnaires correspondant à une redéfinition des missions de l’État. Les pays qui ont le mieux réussi en la matière sont ceux qui ont opté pour cette deuxième solution.

Quelles seraient les conséquences pour l’Europe si la France ne prend pas de mesures?

En 2003, la France et l’Allemagne ont été menacées de sanction pour ne pas respecter le pacte de stabilité. L’Allemagne a compris qu’elle faisait fausse route et a corrigé sa politique budgétaire et, simultanément, réorganisé son marché du travail. La France a pris la chose de haut et a affirmé qu’elle n’appliquait pas le pacte parce qu’il était inapplicable. Résultat, l’économie française est aujourd’hui à la peine avec un chômage qui reste élevé, et une certaine difficulté à profiter du retournement conjoncturel et de la baisse du prix du pétrole. Sur le plan politique, la parole de la France est de moins en moins crédible. C’est parce que l’Allemagne n’ose pas trop s’affirmer que la logique du couple franco-allemand continue à fonctionner. Mais les négociations permanentes entre Paris et Bruxelles sur la situation budgétaire décrédibilisent nos propositions.

Jean-Marc Ayrault président du Conseil européen ? Au secours !

Jean-Marc Ayrault président du Conseil européen ? Au secours !

 

Ayrault pourrait se recaser pour présider le conseil, une sorte de lot de consolation ; Il a un atout : il parle : allemand. Pour la France c’est en général suffisant (autre exemple Lagarde au FMI qui ne connait rien à l’économie et aux finances mais qui parle un excellent anglais !!).  Le nom de l’ancien premier ministre circule donc pour siéger à Bruxelles et remplacer Hermann Von Rompuy en tant que président du Conseil européen à partir du 1er décembre. Il se confirme donc que pour la France, il faut envoyer des brèles dans les institutions européennes quitte ensuite à critiquer cette Europe pour son incompétence !!

 

 

Le pape François de Corrèze et l’archevêque Jean-Marc de Nantes

Le pape François de Corrèze et l’archevêque Jean-Marc de Nantes

 

Des députés PS qui pensent que Hollande gère la France comme le conseil général de Corrèze et Montebourg qui dit à Ayrault qu’il gère le pays  comme le conseil municipal de Nantes ; pas de quoi être rassuré sur la gouvernance du pays. Hollande a fait un aveu fondamental lors de son intervention télévisée : il ne savait pas, il y a dix mois, que la crise était aussi grave et allait durer. ! De quoi être inquiet sur les compétences de nos dirigeants. Certes la crise ne date pas d’aujourd’hui notamment l’endettement qui fête ses trente ans ; mais notre épiscopat politique entretient des liens ésotériques avec les réalités économiques et sociales. Pour preuve, un jour on dépense sans compter, on taxe,  on embauche des fonctionnaires, quelques mois après, le contraire,  c’est la détaxe et l’austérité. Du coup on a du mal à comprendre l’évolution du montant du denier du culte et surtout son efficacité. L’homélie télévisée du pape François a été d’une grande indigence et de la plus grande confusion ; exemple quand on confond dématérialisation des procédures et simplification du contenu même de l’arsenal administratif et fiscal. Pas étonnant que 66% des français ait jugé ce sermon négatif. Paradoxe, Hollande et Ayrault ne suscitent  pas de haine ou de mépris ; nos deux ecclésiastiques seraient plutôt sympathiques ; ils sont tout simplement d’une nullité affligeante. Rarement une intervention télévisée d’un président aura été aussi déstructurée et incohérente. La seule ligne reconnaissable – recommandée bien sûr par les éminences du service de  services de com.- : faire le chef et en permanence employer : je, je, je…Un peu court comme contenu. A cet égard (comme on dit chez les pontifes de l’énarchie), le tort des services de com. élyséens, c’est avoir autorisé le pape francois à  prononcer son homélie en français. En latin, il est certain que le discours aurait pris une dimension plus religieuse et plus solennelle, ce qui comptait c’était la tonalité pas vraiment les paroles. Du coup, les fidèles se font de moins en moins nombreux, 30% à peine ;  on glisse doucement vers les 20% (comme Jospin). Même ceux qui ont voté pour Hollande rejoignent les mécréants.  Une perte de foi qui pourrait bien mettre en cause l’existence même du phénomène de professionnalisation de l’épiscopat politique en France, en particulier au PS ( mais pas seulement).




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