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«Gilets jaunes» : une rupture politique décisive (Jérôme Sainte-Marie)

«Gilets jaunes» : une rupture politique décisive (Jérôme Sainte-Marie)

 

Jérôme Sainte-Marie , politologue estime que le mouvement des gilets jaunes est une rupture politique décisive (Jérôme Sainte-Marie). Interview le Figaro.

 

Quelle appréciation portez-vous sur la capacité de mobilisation des «gilets jaunes» le 17 novembre?

Jérôme SAINTE-MARIE.- Si l’on considère dans leur originalité radicale l’émergence de ce mouvement d’opinion puis la mise en place de modalités d’action déconcertantes, force est d’admettre la réussite de cette mobilisation. Il y avait un doute énorme avant le 17 novembre sur la concrétisation de ce mécontentement virtuel, il est désormais levé. Rappelons que ceux qui sont allés sur les ronds-points, les péages autoroutiers et autres lieux de rassemblement, ne savaient pas très bien qui ils allaient y trouver et comment les choses se dérouleraient. Ils étaient donc dans un contexte plutôt anxiogène, à l’inverse du confort qu’offrent les manifestations habituelles, depuis longtemps assujetties à un rituel bien connu de tous, organisateurs, participants et forces de l’ordre. Bien entendu, il existe un hiatus gigantesque entre le soutien déclaré au mouvement, de l’ordre de trois Français sur quatre, et la participation effective à celui-ci, mais comment pourrait-il en être autrement? Nous sommes donc confrontés à une mobilisation dont l’importance quantitative constitue un message encourageant pour tous ceux qui s’y sont peu ou prou reconnus.

 

Comment caractériser les manifestants? Quel est leur profil socioprofessionnel ?

Les gilets jaunes sont avant tout des salariés, travailleurs indépendants ou retraités aux revenus situés autour ou en-deçà du revenu mensuel médian.

Partons déjà des soutiens déclarés au mouvement, que l’on connaît bien grâce aux études d’opinion. Je ne vois pas comment décrire cela autrement que comme un puissant révélateur des clivages sociaux. Le soutien au mouvement, avant qu’il ait lieu, était trente points supérieurs chez les employés et ouvriers que chez les cadres. Plus nettement encore, il y avait une corrélation étroite entre la modestie des revenus du foyer et la sympathie pour les «gilets jaunes». L’orientation politique des individus joue beaucoup moins, à l’exception des sympathisants de La République en Marche, désormais isolés dans leur hostilité massive à cette protestation. Quant aux participants eux-mêmes, les témoignages disponibles et les échanges que j’ai pu avoir avec certains d’entre eux attestent du caractère populaire, à tous les sens du terme, de la mobilisation. Rassemblés par des mots d’ordre portant sur des questions d’argent, ils sont avant tout des salariés, travailleurs indépendants ou retraités aux revenus situés autour ou en-deçà du revenu mensuel médian, qui se situe autour de 1700 euros après impôts. Ce n’est pas la France de la misère ou de l’exclusion, sans doute, mais bien celle dont le travail s’accompagne d’une insécurité financière permanente. Ajoutons que dans la circonstance les clivages sociaux supplantent les autres, et que se mobilisent ensemble des personnes aux origines variées.

 

Peut-on dire que c’est la France des villes petites et moyennes ainsi que des zones rurales qui s’est mobilisée?

Cela ferait déjà beaucoup de monde! Visiblement, les habitants des villes-centre, qui concentrent les activités tertiaires les plus prospères et dont les propriétaires bénéficient de la hausse des prix de l’immobilier, sont moins sensibles à la cause des «gilets jaunes», ce qui est bien naturel. On constate par exemple que les habitants de la région parisienne sont plus réservés à son égard, mais il faut rappeler ici que bien des trajets s’y font grâce à une offre abondante en transports en commun. Ceci posé, la dimension géographique doit être maniée avec prudence, comme le fait par exemple mon confrère Jérôme Fourquet, sinon on risque de tomber dans des formules piégeuses. Ainsi lorsque l’on proclame que la «lutte des territoires» a remplacé la «lutte des classes»: que la seconde existe fait débat, mais la réalité de la première me semble brumeuse. Les résultats des élections et des sondages montrent bien des différences géographiques, mais une fois que l’on a pris en compte la dimension sociologique de la répartition de la population selon les territoires, ces contrastes s’estompent. Donc, au sujet du mouvement des «gilets jaunes» aussi, la dimension horizontale, celle du territoire, me paraît fille de la dimension verticale, celle de la situation sociale.

 

Outre la question du prix des carburants, à quoi attribuer la véhémence d’une partie des manifestants?

Nous sommes dans ce type de moments où les données d’opinion deviennent des principes actifs de la vie sociale. Si j’ose dire, le chiffre se fait chair. En effet, non seulement l’exécutif est impopulaire – nous apprenons aujourd’hui par l’IFOP que 73% des Français se disent mécontents d’Emmanuel Macron comme président de la République, dont 39% «très» mécontents -, mais tout le monde le sait, du fait des sondages publiés. Nous sommes donc dans une spirale d’opinion qui favorise l’expression du mécontentement dans des mouvements sociaux tels que les «gilets jaunes». Il y a un autre élément, propre à l’exercice du pouvoir par Emmanuel Macron. À tort ou à raison, les Français l’identifient à une forme d’arrogance sociale, à quelqu’un qui voit le monde comme le combat de la «réussite» et du néant. Si l’univers des cadres supérieurs, le biotope du macronisme, adhère sans mal à cette vision, la plupart des Français recherchent plutôt le bonheur dans la stabilité. Le ressentiment qui s’exprime à l’égard du chef de l’État va donc au-delà de la seule contestation de sa politique.

 

Le mouvement des « gilets jaunes » peut constituer une rupture décisive.

Quelles conséquences politiques et électorales peut entraîner ce mouvement?

Rappelons un instant que l’accession au pouvoir par Emmanuel Macron s’est faite par la réconciliation d’électeurs issus du centre, de la gauche et de droite, mais que cette diversité politique s’est accompagnée d’une certaine homogénéité sociale. Il me semble que ce soit alors créé un «bloc élitaire», rassemblant l’élite proprement dite, ceux qui aspirent à en faire partie, et enfin, ceux qui lui délèguent volontiers la gestion des affaires publiques. Cette polarisation a mis en difficulté et le Parti socialiste et le parti Les Républicains, supplantés dans leur vocation gouvernementale. En face, le «bloc populaire» n’existait que sous une forme négative, partagé de manière irréconciliable entre lepénistes et mélenchonistes. L’existence de ces quatre oppositions sans aucune formule d’alliance concevable est la meilleure garantie de pérennité du macronisme. Cependant, le mouvement des «gilets jaunes» peut constituer une rupture décisive. Mobilisation surgie de la base même du pays, ignorant les identités politiques ou syndicales, elle produit sans même s’en soucier une forme de réunification sociale. De ce fait, la polarisation que tente Emmanuel Macron entre «progressistes» et «populistes» prend une dimension sociologique de plus en plus visible. Avec un bloc élitaire bien en place et représenté prioritairement par LREM et un bloc populaire en gestation, la transformation de l’ordre politique français se poursuit et s’accélère.

Gilets jaunes : des suites inévitables

Gilets jaunes : des suites inévitables

 

Beaucoup s’interrogent évidemment sur les suites de ce mouvement qui a surpris à peu près tous les institutionnels. Certains pensent qu’il ne s’agit que d’un feu de paille, d’autres au contraire  comme Jérôme Sainte-Marie, politologue, estiment que le mouvement des gilets jaunes est une rupture politique décisive. Macron avait réussi à réunir les élites de droite et de gauche contre les caciques des veieux partis tandis que les gilets jaunes, eux,  regroupent,  les couches populaires de droite de gauche et surtout apolitiques. Une sorte d’exploit qu’aucun parti n’a réussi. On ne peut évidemment lire dans le marc de café car la plupart des grands événements politiques ou sociaux ont rarement été prévus. Exemples,  mai 68, la grève de 95, la chute du mur de Berlin où l’arrivée de Macron ou de  Trump au pouvoir. Ce qui paraît certain, c’est que ce mouvement  des gilets jaune n’en est qu’à ses débuts. D’autres manifestations pourraient se reproduire des samedis prochains. De manière assez régulière, les manifestations pourraient ainsi se répéter avec surtout pour objectif d’obtenir l’annulation des hausses de toutes les fiscalités et pas seulement celle concernant le carburant. Une sorte de moratoire jusqu’en 2022 pour permettre au pays de souffler. La fiscalité atteint en effet aujourd’hui un seuil qui étouffe pouvoir d’achat, mais aussi la consommation et la croissance. Bref une mise entre parenthèses d’une politique  économique et sociale qui conduit le pays dans le mur. Pour l’instant la réponse du gouvernement est insignifiante ; en gros, on affirme qu’on a entendu la colère mais qu’on ne changera pas le rythmes des réformes concernant y compris la transition énergétique. Comme l’ont affirmé plusieurs responsables des gilets jaunes, les contestataires ne nient absolument pas la nécessité d’une transition énergétique mais ils estiment que la nature et le rythme des mesures est complètement irresponsable. Exemple de cette irresponsabilité : le remplacement d’une chaudière à fuel d’un montant de l’ordre de 10 000 € et l’achat d’une voiture électrique d’un montant de 30 000 € ! Le gouvernement a dû oublier que le salaire moyen est de l’ordre  1750 €, la pension moyenne de 1100 € et que beaucoup doivent se concentrer contenter de 1000 € voir moins notamment avec les contrats à temps partiel (dans le nettoyage par exemple ou la grande distribution). La transition énergétique n’est donc pas contestée mais elle ne peut être que progressive et accompagnée d’une politique industrielle de l’offre en transport collectif et en transport individuel.(Aussi pour le chauffage) . La taxe carbone de ce point de vue est une hérésie méthodologique. Ce n’est qu’une taxe de plus. Face à la colère s’est exprimée vis-à-vis de cette fiscalité mais d’une manière générale vis-à-vis d’une politique inefficace et injuste, le gouvernement semble tétanisé. Il n’est pas encore prêt à changer de cap mais tout est question de rapport de force. Certains proposent  l’organisation d’un référendum sur la fiscalité la plus critiquée et d’une façon plus générale sur la transition énergétique. D’autres sautent cette étapes et réclame d’ores et déjà pour certains la démission du gouvernement et même celle de Macron  qui incarne tellement ces élites incompétentes, injustes et au surplus méprisantes. Bref, c’est aussi Macron et son entourage de petits marquis qui sont en cause. Des petits marquis sortis pour la plupart de ces instituts d’études politiques qui ont transformé les fonctions électorales en carrière rémunératrice et qui entretiennent des relations douteuses avec les intérêts financiers.  Au-delà des aspects économiques et sociaux,  se se aussi la question d’une démocratie le plus souvent virtuelle tant au niveau national que local. Les petits barons locaux ne faisant souvent que reproduire l’idéologie et les pratiques des marquis nationaux. Il y a certes des exceptions mais qui ne remettent pas en cause la tendance générale de notre monarchie républicaine.

 

Gilets jaunes : « Macron démission »

Gilets jaunes : Macron démission

 

 

Des gilets jaunes ont tente de converger vers l’Elysée, ailleurs nombreux sont ceux qui scandaient  «  Macron, démission ». . Certains verront dans ce slogan «  Macron, démission »,  une certaine  coloration politique de l’opposition en particulier de l’extrême droite. De ce point de vue,  on ne saurait nier qu’il y a tentative de récupération de la part d’une opposition qui ne peut cependant ignorer l’ampleur du mécontentement. Car de toute évidence,  la mobilisation ne se concentre pas uniquement autour de l’augmentation des prix du carburant, elle  enveloppe la fiscalité tout entière et au-delà l’échec de la politique économique et sociale de Macron. Macron  qui a même avoué dans sa dernière expression publique – «Je n’ai pas vraiment réussi à réconcilier le peuple français avec ses dirigeants», Une réconciliation effectivement impossible quand d’une part les résultats de la croissance, de l’emploi, pouvoir d’achat  aussi désespérément lamentables et « en même temps » injustes. La déception se nourrit de l’absence totale de résultat et le pire est à venir comme le prévoit les instituts de prévision. Mais la révolte découle aussi de l’attitude quasi monarchique d’un Macron condescendant et arrogant. Un président complètement hors sol qui veut imposer de dépenser 30 000 € pour une voiture dite écologique et 10 000 € pour le remplacement d’une chaudière à fuel. Des propositions complètement irresponsables et folles. Pas étonnant si Macron s’écroule totalement dans les sondagesIl y a de toute évidence quelque chose de pathétique dans la dégringolade de la popularité de Macron vis-à-vis de l’opinion publique. Depuis maintenant quatre mois le président ne cesse de chuter dans tous les sondages 75% soutiennent le mouvement des gilets jaunes ; Ce qui est pathétique, c’est que désormais quoi qu’il dise quoi qu’il fasse, Macron, n’est plus crédible. Cela d’abord en raison de résultats économiques catastrophiques. En effet alors qu’on espérait une croissance de 2,3 % en 2018 on avait retenu, on atteindra seulement de 1,5 %. Un niveau particulièrement dangereux (on avait retenu 2% dans le budget), celui qui commence à faire augmenter le chômage et qui provoque des déséquilibres financiers. Non seulement rien n’a changé depuis Macron mais la situation s’est détériorée. Comme tous les autres politiques, Macron a cru pouvoir changer la société par des lois et des décrets et en plus en se privant de la médiation des corps intermédiaires. Une erreur stratégique grave. D’abord parce que Macron ne connaît les réalités sociales et économiques qu’à travers les discussions de salon des élites, deuxièmement parce qu’il se prive des relais d’opinion que constituent les organisations politiques, professionnelles, syndicales et même des médias. La posture d’arrogance qu’il a adoptée vis-à-vis de tous ses interlocuteurs y compris vis-à-vis des collaborateurs proches est devenue intolérable. Son message ne passe plus d’autant moins qu’il a choisi de privilégier les plus aisés. Si les résultats économiques étaient au rendez-vous, on lui pardonnerait sans doute un peu cette posture jupitérienne. Malheureusement, les résultats sont absents. En raison bien sûr de la dégradation de la situation internationale mais pas seulement ; il y a des raisons supplémentaires en France liées aux erreurs de gestion du pays par exemple ce manque d’équilibre entre orientation économique et orientation sociale. Au boulet de l’arrogance, Macron ajoute maintenant le boulet de l’incompétence. Une situation qui n’est pas vraiment surprenante car ceux qui connaissent un peu les milieux politiques et économiques et qui savent que Macron  ne dispose que d’une formation littéraire et que ses relations avec les réalités sociales et économiques ne sont qu’approximatives. Et ce n’est pas son passage éclair chez Rothschild qui a pu combler cette lacune. Les mauvaises nouvelles s’accumulent donc pour Emmanuel Macron. Après un été plombé par l’affaire Benalla,  la cote de popularité du président de la République continue de se dégrader pour atteindre son point le plus bas depuis son élection en mai 2017. Juridiquement sa légitimité ne peut être mise en cause, mais politiquement «  le slogan Macron démission » se justifie.

 

« Gilets jaunes » 74% des Français soutiennent

« Gilets jaunes » 74% des Français soutiennent

 

Trois-quarts des Français jugent toujours justifié le mouvement des “Gilets jaunes” et estiment à 68% qu’Emmanuel Macron n’a pas été convaincant lors de son interview sur TF1, selon un sondage Odoxa-Dentsu Consulting pour franceinfo et Le Figaro diffusé vendredi. Au total, 74%, contre 78% le 1er novembre, soutiennent le mouvement du 17 novembre contre la hausse des taxes sur les produits pétroliers, contre 25% (22% le 1er novembre) qui le considèrent injustifié. Un pour cent ne se prononce pas. Elles estiment à 68% que le chef de l’Etat n’a pas été convaincant mercredi soir lors de son interview télévisée sur le Charles-de-Gaulle, au cours de laquelle il a notamment déclaré que “l’addition des colères et l’addition des blocages, ça ne fait pas un projet pour le pays». ILS sont 31% à l’avoir trouvé convaincant. Un pour cent ne se prononce pas.

L’enquête a été réalisée par internet les 15 et 16 novembre auprès de 1.005 Français âgés de 18 ans et plus.

Gilets jaunes : boudés par les medias de gauche

Gilets jaunes : boudés par les medias de gauche

 

ÀGilets jaunes : boudés par les medias de gauche     À la lecture des grands médias de gauche comme par exemple Libération, le Monde ou encore la Tribune, on sent nettement une prise de distance avec le mouvement des gilets jaunes considérés comme un mouvement  flou, contradictoire, non structuré. Finalement la sorte de mépris habituel de l’intelligentsia de gauche vis-à-vis de tout ce qui est un peu trop populaire. « Des gens qui fument des clopes et qui roulent en diesel a dit l’ancien socialiste Castaner » (converti au macronisme et sorte de d’archétype des dirigeants du parti socialiste). Pas étonnant que la perspective de reconquête du pouvoir se soit éloignée de ce parti qui ne représente plus aujourd’hui que de l’ordre de 10 % de l’électorat. Finalement le même mépris que la droite vis-à-vis du peuple, des petits. Les élites de tous bords se retrouvent normalement pour condamner ces ploucs, ces pauvres types qui ne comprennent rien à la nécessité des réformes. Normal quand la plupart ont des revenus de 5000 à 20 000 € par mois, voire davantage. Ils ont un peu de difficulté à comprendre la colère de ceux qui étouffent de la fiscalité : salariés, commerçants, aussi les petits pensionnés. Comment pourrait-il comprendre qu’avec un salaire de l’ordre de 1000 €, un loyer d’un montant de 400 € (HLM bien sûr et avec l’APL), le reste ne permet que de survivre. Ce mépris assez traditionnel des élites de gauche explique en grande partie son discrédit dans les milieux populaires. Le parti socialiste est en voie d’extinction tout simplement parce qu’il a été détourné de son objet par des oligarques, des professionnels de la politique notamment des hordes de diplômés d’instituts politiques, finalement exactement comme chez Macron. Certes la manifestation, même réussie ne constitue pas un brevet de pertinence en matière de revendication mais elle exige surtout de la part de la gauche une autre écoute, une autre attention, une autre compassion. Le problème c’est que la plupart des dirigeants de cette gauche appartienne à  la même sociologie que les dirigeants de droite : des petits bourgeois, des professionnels de la politique, bref des carriéristes qui n’entretiennent avec l’intérêt général que des rapports approximatifs.

 

 

 

 Le pouvoir d’achat

Gilets jaunes : : pourquoi la grande trouille des institutionnels ?

Gilets jaunes : : pourquoi la grande trouille des institutionnels ? 

 

 

D’une manière générale, les médias accordent une certaine place au mouvement des gilets jaunes mais en manifestant parfois une certaine condescendance. Quelque chose « comme on approuve mais ….. ». C’est vrai de la plupart des institutionnels qu’ils soient politiques, syndicaux, élus, experts. La vérité, c’est que ce type de manifestation constitue aussi une remise en cause de l’intermédiation classique d’organisations qui ont tendance à se scléroser. Ce mouvement comprend en effet des aspects sociaux, économiques mais aussi sociétaux en ce sens que c’est une contestation également de la démocratie telle qu’elle est pratiquée. Contestation du pouvoir en place bien entendu qui s’arroge le pouvoir de matraquer fiscalement les moins nantis mais contestation aussi des institutions, des partis, des syndicats. Une contestation des organisations tout autant que de la pensée culturelle dominante. Une pensée par ailleurs, comme la mode, très évolutive, voir à cet égard l’évolution concernant le diesel. Peut-être demain sur la filière bois aujourd’hui encensée, peut-être demain mise au pilori. Et cette fameuse taxe carbone dont les économistes, Bercy et les écolos attendent des merveilles. Comme si soudain tous s’étaient convertis à la monétarisation des nuisances comme mode de régulation. Or l’environnement est une question sociétale qui ne peut être régulée par le seul signal prix et par le seul marché. La vraie régulation de ce type de problématique passe par une politique de normes et par une politique d’offre industrielle. Une politique qui doit être cohérente et qui ne peut être que progressive. Ce mouvement constitue une sorte de coup de pied dans la fourmilière des institutions qui au mieux roupillent au pire participent à la dégradation économique et sociale du pays. La grande trouille des institutions c’est que, quelque soit la hauteur de la mobilisation de ce 17 novembre, le même phénomène ce reproduise. Ce qui est probable à condition évidemment qu’il n’y ait pas de récupération politique par les extrêmes de droite ou de gauche, à condition que ce mouvement conserve son essence originelle et ne se transforme pas en organisation politique. Bref qu’il demeure une forme d’expression de démocratie vivante.  

« Macron, démission »

« Macron, démission » 

 

C’est sans doute le slogan qui sera le plus scandé lors de la manifestation des gilets jaunes. Certains verront dans ce slogan une certaine  coloration politique de l’opposition en particulier de l’extrême droite. De ce point de vue,  on ne saurait nier qu’il y a tentative de récupération de la part d’une opposition qui ne peut cependant ignorer l’ampleur du mécontentement. Car de toute évidence,  la mobilisation ne se concentre pas uniquement autour de l’augmentation des prix du carburant, elle  enveloppe la fiscalité tout entière et au-delà l’échec de la politique économique et sociale de Macron. Macron  qui a même avoué dans sa dernière expression publique – «Je n’ai pas vraiment réussi à réconcilier le peuple français avec ses dirigeants», Une réconciliation effectivement impossible quand d’une part les résultats de la croissance, de l’emploi, pouvoir d’achat  aussi désespérément lamentables et « en même temps » injustes. La déception se nourrit de l’absence totale de résultat et le pire est à venir comme le prévoit les instituts de prévision. Mais la révolte se nourrit aussi de l’attitude quasi monarchique d’un Macron condescendant et arrogant. Un président complètement hors sol qui veut imposer de dépenser 30 000 € pour une voiture dite écologique et 10 000 € pour le remplacement d’une chaudière à fuel. Des propositions complètement irresponsables et folles. Pas étonnant si Macon s’écroule totalement dans les sondages. Il y a de toute évidence quelque chose de pathétique dans la dégringolade de la popularité de Macron vis-à-vis de l’opinion publique. Depuis maintenant quatre mois le président ne cesse de chuter dans tous les sondages 75% soutiennent le mouvement des gilets jaunes ; Ce qui est pathétique, c’est que désormais quoi qu’il dise quoi qu’il fasse Macron, n’est plus crédible. Cela d’abord en raison de résultats économiques catastrophiques. En effet alors qu’on espérait une croissance de 2,3 % en 2018 on avait retenu, on atteindra seulement de 1,5 %. Un niveau particulièrement dangereux (on avait retenu 2% dans le budget), celui qui commence à faire augmenter le chômage et qui provoque des déséquilibres financiers. Non seulement rien n’a changé depuis Macron mais la situation s’est détériorée. Comme tous les autres politiques, Macron a cru pouvoir changer la société par des lois et des décrets et en plus en se privant de la médiation des corps intermédiaires. Une erreur stratégique grave. D’abord parce que Macron ne connaît les réalités sociales et économiques qu’à travers les discussions de salon des élites, deuxièmement parce qu’il se prive des relais d’opinion que constitue les organisations politiques, professionnelles, syndicales et même des médias. La posture d’arrogance qu’il a adoptée vis-à-vis de tous ses interlocuteurs y compris vis-à-vis des collaborateurs proches est devenue intolérable. Son message ne passe plus d’autant que de toute évidence, il a choisi de privilégier les plus aisés. Si les résultats économiques étaient au rendez-vous on lui pardonnerait sans doute un peu cette posture jupitérienne. Malheureusement, les résultats sont absents. En raison bien sûr de la dégradation de la situation internationale mais pas seulement ; il y a des raisons supplémentaires en France liées aux erreurs de gestion du pays par exemple ce manque d’équilibre entre orientation économique et orientation sociale. Au boulet de l’arrogance, Macron ajoute maintenant le boulet de l’incompétence. Une situation qui n’est pas vraiment surprenante car ceux qui connaissent un peu les milieux politiques et économiques et qui savent que Macron  ne dispose que d’une formation littéraire et que ses relations avec les réalités sociales et économiques ne sont qu’approximatives. Et ce n’est pas son passage éclair chez Rothschild qui a pu combler cette lacune. Les mauvaises nouvelles s’accumulent donc pour Emmanuel Macron. Après un été plombé par l’affaire Benalla,  la cote de popularité du président de la République continue de se dégrader pour atteindre son point le plus bas depuis son élection en mai 2017. Juridiquement sa légitimité ne peut être mise en cause, mais politiquement «  le slogan Macron démission » se justifie.

 

Face aux gilets jaunes, Macron met un gilet de sauvetage sur le Charles De Gaulle

Face aux gilets jaunes, Macron met un gilet de sauvetage sur le Charles De Gaulle

Une bien curieuse idée pour Macron d’aller se réfugier quelques heures sur le porte-avions Charles-de-Gaulle, enfin réparé ! Cela pour prononcer  un discours de défense en prévision de l’attaque des gilets jaunes prévus à partir de samedi 17 novembre. Macron qui se voulait le maître des horloges et qui entendait gouverner de manière jupitérienne la start-up nation est en  faite condamné à assurer la défense d’une politique qui est en train de couler sur le plan économique comme sur le terrain social. Et comme d’habitude dans l’argumentaire de Macron,  la responsabilité de ce climat délétère en revient aux opposants qui ne comprennent rien, pire qu’ils sont même incapables de se rendre compte qu’ils sont manipulés. Autrement dit que ce sont des abrutis. “Il y a beaucoup de gens qui sont dans l’addition des colères et l’addition des blocages, ça ne fait pas un projet pour le pays”. Adit Macron. Visant des partis de gauche et de droite dont les demandes sont selon lui incohérentes, il a mis en garde les Français : “Quand vous avez ensemble des gens qui veulent plus d’emplois publics et des gens qui veulent moins d’impôts, je dis juste aux Français : on est en train de vous mentir et de vous manipuler”. Lui, Macron, évidemment ne manipule pas quand il massacre la compétitivité et le pouvoir d’achat avec une fiscalité qui ne vise qu’à combler les cadeaux accordés sans contrepartie et sans discernement aux plus nantis. Macron évidemment ne manipule pas quand il a quand il prévoit la suppression de la taxe d’habitation plus que récupérée par les hausse de fiscalité

Manif 17 novembre gilets jaunes : soutien massif

Manif 17 novembre gilets jaunes : soutien massif

 

Le mécontentement exprimé par les gilets jaunes est très massivement soutenu par une opinion publique qui ne supporte plus ni la politique de Macron ni sa posture professorale arrogante et méprisante. Finalement ce qui est en cause, ce n’est pas seulement la hausse des carburants mais aussi toute la politique économique de Macron notamment dans le domaine fiscal. Une politique fiscale qui par ailleurs est en train de tuer le pouvoir d’achat, la croissance et l’emploi. Ce qui est en cause aussi c’est la personnalité et la posture jupitérienne d’un président élu par effraction et qui confond démocratie et monarchie. Les Français ne tolèrent plus l’attitude de donneur de leçons de Macron qui à un Français gagnant 800 € par mois comment s’en sortir. Ou qui conseille à un chômeur de traverser la rue pour trouver du travail ! Les Français ne tolèrent plus cette attitude condescendante et méprisante. Conséquence, 73% des Français approuvent la mobilisation des « gilets jaunes » Pour l’institut Elabe pour BFMTV 70% des Français estiment également que le gouvernement devrait abandonner la hausse des taxes sur les carburants. L’ensemble des catégories de population voit d’un œil favorable cette mobilisation, d’après les chiffres du sondage, largement supérieurs aux mobilisations sociales des cheminots et contre la réforme du droit du travail, qui n’avaient convaincu que 40% et 53% des Français en septembre 2017.

 

 

 

 

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