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Macron plus affaibli que jamais

Macron plus affaibli que jamais 

Alors que les Français expriment un rejet manifeste de la présidence jupitérienne, un retour aux origines de la Vᵉ République apparaît comme la seule solution, estime l’historien Jean Garrigues, dans une tribune au « Monde ».

Il y a très exactement un demi-siècle, au début de la présidence de Valéry Giscard d’Estaing, le politologue Maurice Duverger publiait un ouvrage intitulé La Monarchie républicaine, ou comment les démocraties se donnent des rois (Robert Laffont, 1974). Il y décrivait déjà, mais sans la décrier, l’évolution de la Ve République vers un régime semi-présidentiel, articulé depuis 1962 sur l’élection du président de la République au suffrage universel et sur le fait majoritaire. Depuis cette époque, la dérive autocratique de la pratique présidentielle a confirmé son diagnostic.

Les fruits empoisonnés de cette dérive se sont multipliés sous la présidence d’Emmanuel Macron. Comme ses prédécesseurs, tous élus dans une forme d’enthousiasme incantatoire pour l’homme providentiel, il n’a pas tardé à connaître la disgrâce qui suit inévitablement l’état de grâce lorsqu’on attend tout du sauveur. Cet état de disgrâce a pris des formes particulièrement violentes à son encontre, du fait des attentes que la promesse du « nouveau monde » avait fait naître chez les Français. Et l’on questionne une pratique présidentielle perçue, à tort ou à raison, comme autoritaire et coupée des attentes des Français.

La crise politique actuelle est l’illustration criante de ce paradoxe. Le président jupitérien est aujourd’hui considéré comme le principal responsable du chaos politique, pour avoir usé abusivement de l’outil constitutionnel de la dissolution…

Poutine ne respectera jamais rien

Poutine ne respectera jamais rien
D’une certaine manière le président de l’Ukraine attire encore l’attention des occidentaux sur l’incapacité à imposer seulement par la diplomatie la paix avec la Russie. La diplomatie sera insuffisante et il faudra mettre en œuvre des moyens de contrainte dans la mesure où Poutine n’a jamais respecté sa parole et même sa signature. Il en sera de même à l’avenir. Ce qui suppose effectivement de revoir la stratégie de défense vis-à-vis de la Russie.

 » Invité à s’exprimer devant le Parlement européen ce mardi 19 novembre, au millième jour de l’invasion russe, Volodymyr Zelensky a exhorté les Européens à poursuivre leur engagement aux côtés de son pays face à un Vladimir Poutine toujours aussi déterminé.

Dans un discours d’une dizaine de minutes, le président ukrainien à « pousser la Russie vers la paix, et seulement la paix ». Selon lui, le président russe ne mettra pas fin à la guerre de lui-même.
D’où la nécessité, selon lui, d’ »engager des négociations sérieuses » avec la Russie, de sanctionner avec fermeté « chaque coup ou menace » de l’armée russe sur la population ukrainienne, ainsi que de continuer à réduire la capacité de Moscou à financer la guerre par la vente de pétrole, qui permet selon lui de maintenir le régime de Vladimir Poutine en vie.

« Poutine reste plus petit que les Etats unis d’Europe. Je vous exhorte à ne pas l’oublier et à ne pas oublier tout ce que l’Europe est capable de faire », a-t-il poursuivi.

Selon lui, la Russie n’aura pas de « réelle motivation pour engager des négociations significatives sans incendie dans ses dépôts de munitions sur le territoire russe (…), sans destruction des bases aériennes russes, sans perte de ses capacités de production de missiles et de drones et sans que ses avoirs ne soient confisqués ».

 

 

Emeutes urbaines : « Ne jamais oublier les banlieues ».

Emeutes urbaines : « Ne jamais oublier les banlieues ».
Par
Erwan Ruty

Entrepreneur social en banlieue

Dans une tribune au « Monde », le spécialiste des banlieues Erwan Ruty estime que les différents gouvernements et présidents ont buté sur les maux qui étaient associés aux quartiers.
En 1983, il y a exactement quarante ans, s’élançait la Marche pour l’égalité. Elle faisait, déjà, suite à une « bavure » policière contre un jeune habitant d’un « quartier » à Vénissieux, Toumi Djaidja, quelque temps après les premières émeutes urbaines apparues sur ce territoire. Cette marche traversant la France parvint à transformer la colère en geste politique, jusqu’à rassembler 100 000 personnes, à son arrivée à Paris, à mener ses organisateurs à l’Elysée, et à obtenir quelques avancées légales. Elle modifia surtout le visage de la société française, pendant au moins dix ans, grâce à un vaste mouvement culturel, caricaturé par le terme « beur », voire politisa une génération entière d’habitants des quartiers, et du reste de la France, grâce à des organisations comme SOS-Racisme.

En quoi cette marche, vaste mouvement d’indignation, pacifique, est-elle différente des révoltes de 2005 et de 2023, alors que les causes sont identiques ? Le contexte a changé : les mouvements d’éducation populaire et syndicaux qui avaient alors pu accompagner et organiser la marche, et pacifier les tensions existantes, sont aujourd’hui exsangues, quasi oubliés des « plans banlieue » et des milliards déversés sur ces quartiers pour rénover le bâti (certes nécessaire). Par ailleurs, les décideurs politiques n’ont plus le pouvoir qu’ils avaient alors, éparpillé en mille et un niveaux de décision, d’institutions dotées chacune de son propre agenda, d’autorités indépendantes. Le pouvoir s’est dilué dans une mégamachine bureaucratique, avec laquelle les faibles corps intermédiaires associatifs ne parviennent plus à construire un projet sur le temps long.

Les lieux de débat, dans les organismes chargés du soutien aux acteurs des quartiers, ont le plus souvent laissé place, comme partout ailleurs, à des échanges sur des plates-formes numériques. Cette déshumanisation des rapports sociaux préside à leur brutalisation. Faute d’interlocuteur visible, fiable, pérenne pour les uns, d’autres laissent exploser leur colère, sans limites. Comme le dit Victor Hugo dans Les Misérables, « il y a des rages folles ». Et de rappeler : « L’émeute frappe au hasard, comme un éléphant aveugle, en écrasant. (…) Quelquefois le peuple se fausse fidélité à lui-même. La foule est traître au peuple. Le bruit du droit en mouvement se reconnaît, il ne sort pas toujours du tremblement des masses bouleversées. »

Facteur aggravant, la police est toujours moins présente sur le terrain, au quotidien, du fait des modes d’intervention qui lui sont imposés depuis la dislocation de la police de proximité.

Avec les Insoumis, la gauche ne reviendra jamais au pouvoir » (Carole Delga)

Avec les Insoumis, la gauche ne reviendra jamais au pouvoir » (Carole Delga)

Laprésidente de la région Occitanie, Carole Delga, se confie à La Tribune sur sa vision politique. Retour à 62 ans pour le départ à la retraite, ISF vert, et accélération de la transition écologique : elle esquisse un programme présidentiel mais rejette l’alliance qu’elle juge impossible avec Jean-Luc Mélenchon.

LA TRIBUNE – Laurent Berger a acté « la fin du match » sur la réforme des retraites en expliquant qu’il « ne faut pas mentir aux gens » et que l’âge de départ à 64 ans sera appliqué. A-t-il raison ?

CAROLE DELGA – Oui, nous sommes arrivés au bout du processus législatif. Pour autant, l’injustice reste, donc le devoir de la gauche est de remettre l’ouvrage sur le métier pour corriger les injustices pour ceux qui ont des métiers pénibles, pour les femmes victimes de carrières fractionnées. Cet exécutif a créé un système profondément injuste. Ce match est peut-être fini mais on doit préparer les victoires de demain tant cette réforme et les années Macron créent un énorme ressentiment. Par conséquent, il ne faut pas relâcher la pression sur le dossier du travail, des salaires et des retraites.

Vous êtes allée manifester à Paris. A quoi cela sert-il quand la loi est déjà promulguée depuis le 14 avril et les premiers décrets d’application publiés ?

Avant d’être une élue, je suis une femme libre et de convictions. Moi, je ne lâche jamais rien. Ma place était donc d’être aux côtés des syndicats, des salariés, des retraités et de tous ces Français qui continuent à dire avec sincérité que cette réforme est juste. Bien sûr que cette loi va hélas s’appliquer. Mais quand on est contre cette réforme, le minimum est d’être avec ceux qui vont devoir donner deux ans de plus de leur de leur vie au travail alors qu’ils exercent des métiers pénibles.

Est-ce bien raisonnable de soutenir la proposition de loi des députés du groupe LIOT alors qu’elle n’a aucune chance d’aboutir à une abrogation de la retraite à 64 ans ? Vous leurrez les Français..
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Je suis pour le maintien de la retraite à 62 ans donc j’ai soutenu toutes les propositions dans ce sens. La bonne réforme aurait consisté à confier aux partenaires sociaux le soin de définir les priorités comme celle des conditions de pénibilité. Aujourd’hui, un ouvrier a une espérance de vie de sept ans inférieure à celle d’un cadre. Ça, c’est une réalité. C’est ça la vraie vie et c’est parfaitement injuste. Je trouve inadmissible que cela ne soit pas traité dans le cadre d’une loi ou d’un accord social. Ensuite, il y a la question des carrières fractionnées des femmes entre les temps partiels, les congés maternité et, trop souvent, des métiers sous qualifiés.

Mais si la gauche revient au pouvoir, elle ne reviendra pas sur cette réforme, comme elle n’a pas abrogé les 62 ans en 2012 ?

Notre promesse de 2012 était de prendre en compte la pénibilité des métiers, de l’aide-soignante au charpentier et aux ouvriers qui travaillent à la chaîne. Nous étions engagés aussi à prendre en compte les carrières longues. Et ça, nous l’avons fait. Mais Emmanuel Macron s’est précipité pour supprimer ces deux avancées sociales à son arrivée à la présidence de la République. C’est ça la méthode Macron, donner aux plus riches et prendre aux plus modestes…. Il y a une exception sociale française que nous devons défendre comme nous défendons notre exception culturelle. Dans le projet de la gauche, je proposerai de revenir à la retraite à 62 ans et de retravailler la question de la pénibilité, celle des carrières des femmes et de ceux qui ont commencé tôt à travailler.

Pourquoi vous opposez-vous systématiquement aux propositions du gouvernement ? Rien ne trouve grâce à vos yeux ?

Je ne m’oppose pas pour le plaisir de m’opposer. Je m’oppose par convictions et par cohérence. Dans les situations de crise, je soutiens toujours l’unité nationale, sur l’Ukraine, comme lors de la crise COVID. Quand il y a une urgence à agir, il faut faire corps et ne pas jeter de l’huile sur le feu. J’ai soutenu le dédoublement des classes même si j’aurais aimé qu’on maintienne la semaine de quatre jours et demi. Après, je suis de gauche et Emmanuel Macron applique une politique de droite, je ne peux donc pas cautionner.

Et rien d’autre ? Sa politique de réindustrialisation est positive, non ?

Il y a beaucoup d’annonces et de faux semblants. Distinguons les discours des actes. Je pourrais citer la SAM à Decazeville, seule fonderie à l’aluminium de tout le sud de la France et que l’Etat a abandonnée. C’est très bien les ouvertures de gigafactories dans les Hauts-de-France mais il faut penser au reste du pays.

La baisse du chômage autour de 7% avec en perspective le plein emploi, c’est une bonne nouvelle ?

Je m’en réjouis évidemment. Je ne sais que trop ce que le chômage charrie en termes de misère et d’isolement. Je suis d’accord qu’il s’agit d’une priorité absolue. Mais si on est objectif, il faut se souvenir que cette baisse s’est amorcée dès la première année du quinquennat d’Emmanuel Macron. Elle est donc liée aux politiques initiées par François Hollande.

Un récent rapport remis à l’exécutif recommande de financer les conséquences économiques et sociales de la crise climatique par un « ISF vert ». Etes-vous favorable à cette idée que le président et son ministre de l’Economie ont enterré ?

J’étais contre la suppression de l’ISF et je n’ai pas changé d’avis. Je soutiens évidemment cette mesure suggérée par des économistes. Les plus riches doivent contribuer de façon plus forte à la cohésion nationale. L’urgence climatique a besoin de gigantesques investissements pour limiter les effets du réchauffement climatique. On le sait très bien qu’en France on manque d’investissements sur le rail et les énergies renouvelables. Chez nous, le rail représente un investissement de 46 euros par an et par habitant quand en Allemagne c’est 124 euros. Ce gouvernement n’a pas pris la bonne mesure de l’urgence climatique et des actions de transition nécessaires

Le gouvernement a pourtant mis 100 milliards d’euros sur la table pour les transports publics..
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Oui c’est son annonce mais à cette heure, on a toujours aucun détail sur cette enveloppe. Qui finance : l’Etat seul, l’Etat et les collectivités ? Est-ce que ce sont des crédits pour la seule SNCF ? Quel est le calendrier ? Le gouvernement vient d’annoncer le démarrage en 2024 uniquement de la part transports des contrats qui lient les Régions à l’Etat… C’est un retard fou. Et quid des concessions autoroutières qui se terminent ? Les présidents de région ont signé une tribune commune pour demander des explications au gouvernement : aucune réponse. Pour moi, la question des transports collectifs est fondamentale. En Occitanie, j’ai pris des initiatives comme la gratuité pour les moins de 26 ans et 13 millions de billets à 1 euro par an, pour les salariés et les occasionnels.

Faut-il une nouvelle réforme de l’immigration ?

L’urgence c’est la révolution éducative. C’est renforcer les moyens pour l’école. Cela ne veut pas dire que l’immigration est un sujet tabou, mais j’en ai assez du discours discriminatoire. Ayons le courage de dire la vérité aux Français : nous avons besoin de l’immigration. Et il faut combattre les préjugés et le discours de l’extrême droite, en rappelant les apports de l’immigration au génie et aux victoires françaises, et aussi à notre quotidien. Nombre d’intellectuels, scientifiques, sportifs, artistes sont issus de l’immigration et ils ont fait grandir la France depuis des siècles.

Comment réagissez-vous à la polémique à la suite de vos propos sur France Info ce matin ?

Ce matin, avant d’être coupée dans mes propos, je ne voulais rien dire d’autre que ce que je viens de vous répondre : je défends l’humanisme des Lumières et suis fière des apports de l’immigration en France. C’était peut-être maladroit, mais les personnalités que j’ai citées, qui sont parmi les préférées des Français, sont le fruit de l’immigration. Ce sont bien des enfants d’immigrés par leurs pères respectifs. C’est leur histoire, c’est mon histoire également, et c’est notre histoire. Je dénonce l’instrumentalisation politicienne qui a été faite de mes propos. Vous ne me ferez pas croire que ces gens qui se sont acharnés sur les réseaux sociaux n’ont pas compris le sens de mes mots… Ils se sont fait plaisir en m’attaquant, en jouant avec cynisme sur un sujet trop grave. C’est dangereux et vraiment regrettable.

Vous approuvez le projet de loi de Gérald Darmanin et Olivier Dussopt dont une des dispositions phares consiste à créer une carte de travail pour les métiers en tension ?

Ah non. Le projet de messieurs Darmanin et Dussopt ne correspond absolument pas à ma vision de l’immigration, de l’accueil des demandeurs d’asile etc.

Que répondez-vous à Edouard Philippe quand il déclare qu’on « crève des non-dits » sur l’immigration ?

Qu’il y a bien une différence entre Edouard Philippe et moi. C’est la preuve que la gauche et la droite ce n’est pas pareil contrairement à ce qu’a voulu faire croire Emmanuel Macron avec son « en même temps ». Enfin, cela prouve qu’Edouard Philippe est en train de se rapprocher de la droite la plus dure par pur cynisme électoral. Sur ce sujet comme d’autres, regardons l’intérêt du pays, par son propre intérêt.

En même temps, 70% des Français selon une étude Ipsos/Cevipof jugent qu’il y a trop d’immigration en France… La gauche n’est pas en phase avec le pays ?

Mais il y a moins de 10% d’étrangers en France. Cessons de faire croire que 10% de la population menace les 90% restants ! C’est le fruit des discours de l’extrême droite qui présentent l’immigré comme le bouc-émissaire des maux du pays. Léopold Senghor disait : « les racistes sont des gens qui se trompent de colère ». J’entends la colère, le désespoir et je dis aux Français : l’étranger n’en est pas la cause.

Entre Elisabeth Borne qui qualifie le RN de parti « héritier de Pétain » et Emmanuel Macron qui juge dépassé de lutter contre le RN avec des arguments moraux, de quel côté êtes-vous ?

Je suis doublement du côté de la Première ministre. Je récuse cette idée trop répandue que dénoncer les valeurs de l’extrême droite, ça ne servirait à rien. Ça, c’est le discours d’Emmanuel Macron depuis maintenant six ans et on en voit les effets : le Front national n’a jamais été aussi haut. Il devait être le rempart contre le lepénisme, elle a réussi à monter à 43% au deuxième tour de la présidentielle.

Comment fait-on pour la faire reculer ?

Il faut mener à la fois le combat des valeurs et amener des solutions aux gens. C’est comme ça que j’ai fait passer le Front national en Occitanie entre deux élections régionales de 34 à 24%. Le travail sur le terrain a payé. J’ai proposé des solutions aux gens qui ont du mal à nourrir leurs gosses, qui ne peuvent pas acheter leurs livres ou encore leurs mallettes pour ceux qui choisissent la formation de boucher-charcutier. Et puis, je n’aime pas cette forme d’inhumanité de la part d’Emmanuel Macron. Comment peut-il oublier qu’Elisabeth Borne est orpheline et fille d’un homme broyé par les camps de concentration et donc par la complaisance du régime de Vichy.

Elisabeth Borne incarne-t-elle une forme de macronisme de gauche ?

Le macronisme de gauche n’existe pas, il est de droite. Tout comme le « en même temps » est une illusion qui s’est fracassée sur le réel. À l’épreuve des faits, la fable est tombée et la réalité est cruelle pour les gens de gauche qui entourent Macron. Quant aux électeurs de gauche qui ont voté pour lui en 2017, ils étaient sincères. En 2022, ils ont revoté pour le président sortant juste pour empêcher Le Pen. Mais aux élections législatives trois mois plus tard, ils lui ont fait payer sa politique de droite. C’est pour ça qu’il n’a pas eu de majorité absolue. C’est bien la preuve qu’il n’a pas réussi à convaincre la gauche et le centre gauche sur son projet.

Dans une récente tribune parue dans l’Obs, vous écrivez que le « macronisme est à bout de souffle ». Est-ce que ça veut dire que le président de la République ne terminera pas son mandat ?

Je pense que le mandat ne va pas pouvoir continuer dans la même configuration. Il y a trop de sentiment d’injustice. Les Français sont à cran et l’exécutif est trop indifférent à ce ras-le-bol. Emmanuel Macron doit retomber sur terre. La colère est là, elle est très très forte. On ne peut pas continuer dans ce déni du réel. Il y a un déni d’attention : les Français ne sentent pas aimés, et ont un président insuffisamment attentif.

Écartelé entre pro-Nupes et anti-Nupes, le parti socialiste n’en finit pas de se disperser en courants et sous-chapelles. La gauche sociale-démocrate est-elle fichue ?

Non. Je pense qu’on peut réunir toutes celles et tous ceux qui veulent travailler sur un projet pour la France et qui veulent accéder au pouvoir. La seule union possible, c’est celle qui rassemble ceux qui veulent gouverner et changer la vie des gens. Il faut donc rassembler.

Et Jean-Luc Mélenchon ne fait pas partie de ceux-là ?

Soyons lucides, une gauche pilotée par Jean-Luc Mélenchon ou un Insoumis sur la même ligne politique et les mêmes méthodes qu’aujourd’hui, ne nous permettra jamais de revenir au pouvoir. On l’a vu en juin 2022 ou le résultat électoral a été le score le plus faible de la gauche dans des élections législatives. C’est ça la réalité. Ça a été une victoire pour LFI, mais ça a été une défaite pour la gauche en nombre de voix. Et si aujourd’hui il y a tant de personnes qui s’interrogent chez les écologistes et au PCF, et jusque dans les rangs de la France Insoumise, ce n’est pas pour rien. C’est parce que la stratégie proposée par Jean-Luc Mélenchon n’est pas la bonne.

Que préconisez-vous ?

Il faut tourner le dos à la stratégie du bruit et de la fureur, celle de l’outrance. L’urgence, c’est répondre aux Français, avec apaisement et volontarisme. Parce qu’à force de n’avoir aucun projet de société, à force d’être condamné à des discussions de tambouille électorale sans proposition claire, à force d’être vraiment sur les histoires d’ego et de ne pas parler des solutions à mettre en œuvre pour le peuple, eh bien on désespère les Français. On renforce inlassablement l’extrême droite et Marine Le Pen qui est la grande gagnante depuis un an. La direction du PS, mon propre parti, n’a pas été capable de présenter son projet de réforme des retraites. Formons une équipe et mettons-nous au travail. Ensuite, viendra la question du leadership.

Laurent Berger affirme dans nos colonnes que la gauche a « lâché le monde du travail ». C’est peut-être ça la grande erreur du PS de Lionel Jospin et de François Hollande ?

Le Parti socialiste n’a pas assez réfléchi sur les nouvelles formes de travail. C’est vrai qu’on a commis l’erreur de s’adresser davantage aux classes bourgeoises au détriment du monde ouvrier. On a suivi sans critique les préconisations contenues dans la fameuse note du think tank « Terra Nova » au début des années 2000. Moi je fais de la politique pour les plus modestes et je ne m’en cache pas. Je me bats pour que ce pays soit plus juste avec les salariés, et je travaille avec les chefs d’entreprise pour améliorer leur vie et accompagner la transition climatique.

Beaucoup se positionnent sur ce créneau de la gauche anti-Mélenchon, Bernard Cazeneuve, Nicolas Mayer-Rossignol. On vous prête une ambition présidentielle ?

Je n’aime pas la gauche anti-tout. J’aime la gauche qui est pour. J’aime la gauche positive, celle qui agit pour le peuple et pour le travail. Moi, je veux rendre l’avenir désirable.

François Hollande redevient populaire. N’est-il pas le mieux placé pour porter l’étendard de la gauche anti-Mélenchon ?

Comme tous les anciens présidents de la République, il conserve l’affection des Français. C’est un peu comme Jacques Chirac sorti impopulaire de l’Elysée et redevenu populaire ensuite quand il n’exerçait plus le pouvoir. Après, François a l’expérience d’un ancien président de la République. Ses analyses des affaires internationales sont utiles à la gauche. Il n’a pas tout réussi. Il n’a pas non plus tout raté. Il faut un peu de sens de la mesure et de la nuance. C’est ça la gauche. La gauche, c’est celle qui sait reconnaître ses erreurs qui ne reste pas la rancœur. Je n’aime pas cette gauche des rancœurs, je préfère celle qui a du cœur et n’a pas peur de l’avenir.

Les sondages montrent que la gauche unie peut jouer la victoire mais divisée en listes séparées elle ferait un plus gros score. Quel est votre choix ?

D’abord je suis très étonnée que des hommes politiques chevronnés travestissent autant la vérité. Aux européennes, il n’y a pas de victoire franco-française. Ca ne veut rien dire. L’objectif est d’envoyer le plus d’eurodéputés de gauche français pour grossir nos rangs au Parlement européen. Donc les chiffres qu’on nous montre, ça s’appelle de la manipulation des sondages. Par ailleurs, il faut être cohérent et ne pas mentir aux gens : comment un socialiste ou un écologiste peut-il soutenir le projet européen de Mélenchon ? On a besoin d’une Europe plus forte : l’actualité nous le démontre depuis plus d’un an.

Le premier secrétaire du PS Olivier Faure est pourtant favorable à une liste commune à la Nupes..
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Je soutiendrai une liste sociale-écologiste qui promeut une Europe du progrès et de la paix. Et on sera de nombreux socialistes à faire ça. Raphaël Glucksmann, tête de liste en 2019, ferait une très bonne tête de liste. Il a fait du très bon travail, avec des valeurs fortes.

Quels seraient vos invités (personnages morts ou vivants) dans un dîner parfait ?

Ma grand-mère Fernande, Jacques Brel pour qu’il chante devant moi « La quête », le poète Paul Eluard, l’artiste-peintre Joan Mitchell. J’aimerais aussi avoir autour de la table Jaurès, De Gaulle et la féministe Simone de Beauvoir.

En quoi souhaiteriez-vous vous réincarner ?

Je crois davantage à l’amour qu’à la réincarnation.

Qu’aimeriez-vous sur votre épitaphe ?

Rien.

Et si c’était à refaire, quel métier aimeriez-vous exercer ?

Médecin car j’ai beaucoup d’admiration pour ces professionnels ou bien fleuriste car j’adore les fleurs.

Où aimeriez-vous être en 2027 ?

A fêter la victoire de la gauche !

Baisse des prix alimentaires reportée à l’automne… plus tard…ou jamais !

Baisse des prix alimentaires reportée à l’automne… Ou plus tard !

Le Gouvernement avait promis une baisse de l’alimentaire dans les prix ont Augmenté jusqu’à 20 %. En fait, l’été approche et les prix continuent de s’envoler. Du coup, le gouvernement prévoit maintenant un report éventuel de cette baisse à la rentrée. Toutefois Édouard Leclerc contredit le gouvernement en indiquant que les prix ne pourront plus baisser; Au mieux dans l’avenir, ils cesseront d’augmenter. «Les fruits de ces négociations vont porter à l’été, et je peux, avec une certaine certitude, vous assurer qu’à la rentrée nous aurons une baisse visible des prix dans les rayons » alimentaires, a pourtant dit Olivia Grégoire dans l’émission « Questions politiques » diffusée sur France Inter, Franceinfo et Le Monde.

La vérité, c’est que le gouvernement n’en sait strictement rien car une partie de l’inflation est de nature structurelle. En outre, le gouvernement ne maîtrise pas évidemment la météo pas davantage que les éléments géostratégiques qui peuvent peser sur les matières premières par exemple .

Un peu naïvement, la ministre du Commerce a déclaré : « Avec Bruno Le Maire, nous avons dit aux industriels agroalimentaires, qui ont reconstitué leurs marges, (…) que c’est à leur tour de faire des efforts », a prévenu la ministre déléguée, faisant la comparaison avec les énergéticiens dont les profits ont été taxés après la flambée des prix du gaz et de l’électricité.
« Si les industriels ne jouent pas le jeu, on (le gouvernement, NDLR) prendra nos responsabilités », assure-t-elle, évoquant l’hypothèse d’une « taxation sur les industriels agroalimentaires » !!!

On voit mal comment le gouvernement pourrait taxer les produits alimentaires et fixer des prix pour les légumes ou la viande.
Les prix au détail de l’alimentation ont augmenté en mars de 15,9% sur un an officiellement mais la hausse réelle est plus proche de 20 du pouls les consommateurs tirent les conclusions de ces hausses en changeant le volume et la nature de la consommation.

FOOT PSG: « ILS NE VONT JAMAIS GAGNER LA LIGUE DES CHAMPIONS »( DANIEL ALVES )

FOOT PSG: « ILS NE VONT JAMAIS GAGNER LA LIGUE DES CHAMPIONS »( DANIEL ALVES )

Comme trop souvent au printemps européen, le Paris Saint-Germain a quitté précocement la Ligue des champions cette saison. Les hommes de Christophe Galtier ont été sortis en 8es de finale par le Bayern Munich. Le PSG a été sorti dès ce stade de la compétition pour la cinquième fois lors des sept dernières éditions.
. Invité ce jeudi de Rothen s’enflamme sur RMC, Patrice Evra a livré une étonnante confidence que lui avait fait Daniel Alves.

« Tu ne vois pas des Bernard Lama, mais des Kardashian »

Joueur du PSG entre 2017 et 2019, le Brésilien avait affiché, auprès de l’ancien Mancunien, sa certitude de voir Paris ne pas remporter la Ligue des champions. « J’ai un seul problème à Paris : on déballe le tapis rouge à tout le monde, explique Evra. T’arrives, certains joueurs n’ont même pas dix matchs de Ligue des champions…

C’est Dani Alves à l’époque qui me disait : ‘Mais Pat, ils ne vont jamais gagner la Ligue des champions. T’arrives, on est des rockstars’. Dans les tribunes, tu ne vois pas des Bernard Lama, mais des Kardashian et compagnie. C’est un club show business. Le football n’est pas la priorité, non. Après Nasser (Al-Khelaïfi) adore le club, ils font un boulot énorme. Mais la communication, quand je vais voir un match de Paris, c’est pour voir un concert. Je suis en VIP, champagne, petits fours… Mais les gars, où sont les anciens? Quand tu vas à United, sur le siège il y a écrit Évra, le nom de légendes… Il n’y a pas Leonardo Di Caprio qui va venir voir le match, on n’est pas à Hollywood. »

Statistiques Covid: Prévoir des niveaux jamais atteints

Statistiques Covid: Prévoir des niveaux jamais atteints

 

C’est le pronostic du professeur de santé publique et d’épidémiologie Mahmoud Zureik  à l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines dans le JDD. 

 

le Royaume -Uni s’attend par exemple  à des chiffres de 200 000 contaminés par jour avec le variant Omicron 

 

 

Avec un variant aussi transmissible qu’Omicron, peut-on imaginer une société paralysée où une grande part de la population, infectée ou cas contact, reste chez elle?
C’est le souci principal actuellement. Nous allons probablement connaître des niveaux de contamination jamais atteints. En Grande-Bretagne, le nombre de cas dus à Omicron double en moins de deux jours. Le système de soins risque donc d’être sous tension extrême, et au-delà de l’hôpital, la demande en tests et en consultations de ville sera très importante. L’impact se fera d’abord sentir sur les professionnels de santé, avec un dilemme : s’ils sont contaminés et s’isolent, il n’y aura plus assez de soignants, mais s’ils restent, ils pourraient contaminer leurs collègues et leurs patients non-Covid. Ensuite, le pays pourrait être paralysé si les métiers en première ligne, comme les caissiers, ne peuvent pas être assurés.

 

Reste-t-il assez de non-vaccinés pour submerger nos hôpitaux?
Assurément, mais même les vaccinés le pourraient, car tous n’ont pas encore reçu leur troisième dose. Il est crucial de la faire le plus rapidement possible, surtout pour les personnes âgées ou immunodéprimées. Même si elles ne sont pas suffisantes, toutes les études montrent jusqu’à présent que deux doses n’offrent qu’une protection de l’ordre de 30% contre les formes symptomatiques liées à Omicron, alors qu’avec une triple dose, on arrive à 70-75%. Après le rappel vaccinal, les anticorps neutralisants sont parfois multipliés par plusieurs dizaines rapidement. Mais il reste une question importante sur laquelle on manque beaucoup d’informations : celle de la gravité. Quand bien même la sévérité d’Omicron serait deux ou trois fois moindre par rapport à Delta – ce qui est très peu probable –, si le nombre de cas double tous les deux jours, on aura beaucoup plus de cas graves qu’actuellement. Même si on est amené à être contaminé, il faut tout faire pour ne pas être infectés tous au même moment, car la prise en charge ne sera pas la même.

A-t-on une idée suffisamment précise de la situation en France?
Ce n’est pas un hasard si l’accélération de l’épidémie s’observe dans les pays qui séquencent le plus, comme le Danemark, le Royaume-Uni ou la Norvège. On ne peut pas exclure qu’il y ait aussi un décalage avec la France comme lors de précédentes vagues, mais l’exemple de ces pays souligne l’importance, pour le pilotage de la gestion de l’épidémie, de disposer de moyens de séquençage et de criblage avec des résultats rapides.

La vaccination des enfants, qui pourrait être lancée mercredi, peut-elle jouer un rôle dans la gestion de l’épidémie?
Actuellement, l’école est le moteur principal de la circulation virale dans les pays d’Europe de l’Ouest. Les enfants développent peu de formes graves, mais on est arrivé à un niveau jamais atteint d’hospitalisations pédiatriques : 210 nouvelles entrées la semaine dernière pour les 0-9 ans. Il y a donc un bénéfice individuel ­direct, en plus de leur permettre de conserver une scolarité et de limiter la transmission dans la société. Par ailleurs, aux États-Unis où des millions d’enfants ont été vaccinés, aucun signal important de sécurité n’est apparu. Il va falloir faire campagne pour cette vaccination, inciter réellement les parents et pas seulement l’ouvrir passivement aux volontaires.

Le conseil scientifique avait ­appelé le gouvernement a instaurer des restrictions significatives pour le Nouvel An. Ce qui a été décidé vendredi en conseil de défense est-il suffisant?
Les mesures annoncées vendredi sont très timides, pas de nature à pouvoir infléchir la courbe. L’exécutif n’a probablement pas voulu entraver les fêtes, car les gens sont de moins en moins enclins à faire des efforts substantiels, ce qui est normal après deux ans de restrictions. Une forme de lassitude voire de fatalité s’est installée. Mais la vague est bien là et Omicron risque de l’aggraver dangereusement. Le virus ne connaît ni le père Noël ni la Saint-Sylvestre. Les restrictions qui n’ont pas été adoptées cette ­semaine, comme le couvre-feu voulu par le conseil scientifique pour le Nouvel An ou le prolongement des vacances scolaires, risquent d’être annoncées prochainement dans l’urgence, avec des conditions sanitaires plus dégradées. Je n’exclus pas la possibilité qu’il y ait des annonces la semaine prochaine.

Comme l’a rappelé le Conseil constitutionnel, les meetings ne peuvent être soumis au passe sanitaire. Est-ce un danger sur le plan épidémiologique?
Le virus aime la foule, le contact physique, les lieux clos mal ventilés, les personnes qui crient et chantent la bouche et le nez découverts. C’est un tableau qui ressemble fortement à un meeting politique. Ce sont donc des lieux à risque – ce qui ne signifie pas qu’ils seront systématiquement des clusters, mais la contamination y est favorisée. Le Sars-CoV-2 se moque de l’agenda politique et des échéances électorales.

Ce risque est-il encore majoré avec le variant Omicron?
À l’évidence. Omicron est ­extrêmement transmissible, avec un taux de reproduction R probablement autour de 10, c’est-à-dire qu’une personne infectée en contamine dix. Mais c’est une moyenne : un super-contaminateur peut infecter 100, 1 000, 2 000 personnes ! Pour pouvoir les infecter, il faudrait être en contact avec elles, et les rassemblements présentent les meilleures occasions. En juillet, les matches de foot de la Coupe d’Europe se sont tenus avec beaucoup de monde et des conditions d’application des gestes barrière compliquées. Des études ont montré que c’était le point de départ d’un plateau haut au Royaume-Uni, qui n’a jamais vraiment baissé depuis.

Est-il plus dangereux de fréquenter un meeting que d’aller au cinéma?
Au cinéma, on parle moins, on ne chante pas : le risque existe, mais il est moindre. De plus, on va souvent à des meetings en transports en commun, où l’on parle fort et où l’on chante déjà, et les images nous montrent que le port du masque n’y est pas toujours respecté.

Avec le taux d’incidence actuel, quelles sont les chances qu’il y ait un porteur du Sars-CoV-2 dans un meeting?
Si on fait l’hypothèse d’un taux d’incidence de 500 pour 100.000 habitants – c’est le taux actuel –, dans une salle de 2.000 personnes, il y a 42% de risque qu’au moins dix d’entre elles soient porteuses du virus. Dans une salle de 5.000 personnes, cette probabilité monte à 99,9%.

Faudrait-il rendre le passe sanitaire obligatoire dans les rassemblements politiques?
La méthode de réduction du risque la plus efficace actuellement, c’est de ne pas faire ces meetings ou de réduire leur fréquence. Et si jamais on les maintient, il faut diminuer le nombre de participants, qu’ils fassent des autotests avant de venir, qu’ils portent un masque et ne crient pas… Ça en ­réduit l’intérêt. De plus, un meeting est une démonstration de force : si une jauge de 1.000 personnes est appliquée dans un endroit qui peut en accueillir 5.000, les organisateurs fermeront l’espace pour faire croire, par les images, qu’il y a beaucoup de monde. La solution pourrait être de basculer vers une autre forme d’animation politique, une campagne 2.0.

Qu’en est-il du porte-à-porte ou de la distribution de tracts sur les marchés, moments importants d’une campagne?
Le porte-à-porte est à éviter ­absolument. Quant aux tracts distribués en plein air, si on respecte les gestes barrière et qu’on porte le masque, le risque est bien moindre.

Les candidats à l’élection présidentielle ont des avis différents sur le port du masque et la vaccination. Avez-vous des médailles d’exemplarité à décerner?
On voit bien que ce n’est pas le souci des candidats. Autant les candidats qui sont contre ces mesures font du bruit, autant les candidats qui sont pro-vaccination ne font pas vraiment campagne pour, de peur de heurter la partie réticente de la population. Depuis dix jours à la radio, qui est souvent filmée, de plus en plus de politiques portent le masque : il y a eu un petit effort, mais pas de message d’exemplarité pour sensibiliser les gens. Vraiment, ça manque. C’est comme s’ils avaient peur que ce message passe pour un soutien au gouvernement, alors que ce sont des considérations de santé publique. Un candidat qui prétend à la plus haute fonction de l’Etat doit pouvoir être au-dessus de ces questions et être capable de dire : l’important, c’est de protéger les citoyens.

La probabilité qu’un(e) des deux finalistes l’attrape entre les deux tours de l’élection est de 4%

Peut-on imaginer une campagne avec des candidats régulièrement positifs et à l’isolement?
Les femmes et les hommes politiques sont au contact direct de beaucoup de gens, et quand on multiplie les contacts, la probabilité de se faire contaminer est importante. On l’a vu avec le président et le Premier ministre français, avec de nombreux dirigeants africains, par exemple, ou avec des candidats aux élections fédérales allemandes récemment. S’il y a 11 candidats déclarés, comme en 2017, avec un taux d’incidence de 500 pour 100.000 habitants et en considérant que leur risque d’exposition est doublé à cause des contacts fréquents, la probabilité qu’un de ces 11 candidats l’attrape lors d’une campagne de cent jours est de 79%. La probabilité qu’un(e) des deux finalistes l’attrape entre les deux tours de l’élection est de 4%. La gestion de ce risque sera essentielle dans la campagne.

Ces questions sont plutôt ­absentes du contenu des débats pour le moment…
Malgré la situation à l’hôpital et en ville, la santé en général et le Covid en particulier ne sont pas dans les thèmes favoris des candidats. A l’heure actuelle, aucun n’a formulé de stratégie à moyen ou long terme pour la santé et ­l’hôpital. Même les partis politiques n’ont jamais vraiment eu de vision ou de stratégie sur la gestion de crise.

Aux dernières municipales, de nombreuses personnes âgées n’avaient pas pris le risque d’aller voter. Que se passera-t-il si les prochaines élections tombent pendant un pic de contaminations?
Si la vague est très importante, le risque existe, mais il peut être relativement maîtrisé dans les bureaux de vote. Par contre, cela pourrait dissuader des électeurs de se déplacer : la vie démocratique s’en trouve affectée. A cet égard, il est dommage que le vote électronique n’ait pas été adopté en France.

Que pensez-vous du remplacement du passe sanitaire par un passe vaccinal?
C’est une bonne mesure, car les lits de réanimation sont majoritairement occupés par des personnes non vaccinées. C’est une forme de confinement des non-vaccinés, mais dont l’effet ne se fera sentir que dans les prochaines semaines. Le moment est venu d’avoir une stratégie à moyen et à long terme, en partant du constat que le virus sera parmi nous pendant des ­années voire des décennies – ce qui ne veut pas dire que la pandémie elle-même durera autant de temps. La réponse doit être mondiale et coordonnée. L’Organisation mondiale de la santé doit prendre un rôle important, pour ne pas devenir comme l’ONU, qui ne sert plus à grand-chose. Deuxièmement, la France doit établir une stratégie proactive, opérationnelle et claire, basée sur le télétravail, la ventilation et le contrôle de la qualité de l’air et une communication grand public sur ces défis. Il faut se donner les moyens de regarder loin. Nous vivons depuis deux ans des moments difficiles et nous allons affronter encore un hiver difficile, mais dans les difficultés la force se forge et l’espoir naît. L’humanité a toujours su se relever des défis majeurs qui lui ont été imposés. Les connaissances scientifiques actuelles et à venir avec l’aide des technologies sont une chance exceptionnelle pour y faire face rapidement.

Covid: Prévoir des niveaux jamais atteints

Covid: Prévoir des niveaux jamais atteints

 

C’est le pronostic du professeur de santé publique et d’épidémiologie Mahmoud Zureik  à l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines dans le JDD. 

 

le Royaume -Uni s’attend par exemple  à des chiffres de 200 000 contaminés par jour avec le variant Omicron 

 

 

Avec un variant aussi transmissible qu’Omicron, peut-on imaginer une société paralysée où une grande part de la population, infectée ou cas contact, reste chez elle?
C’est le souci principal actuellement. Nous allons probablement connaître des niveaux de contamination jamais atteints. En Grande-Bretagne, le nombre de cas dus à Omicron double en moins de deux jours. Le système de soins risque donc d’être sous tension extrême, et au-delà de l’hôpital, la demande en tests et en consultations de ville sera très importante. L’impact se fera d’abord sentir sur les professionnels de santé, avec un dilemme : s’ils sont contaminés et s’isolent, il n’y aura plus assez de soignants, mais s’ils restent, ils pourraient contaminer leurs collègues et leurs patients non-Covid. Ensuite, le pays pourrait être paralysé si les métiers en première ligne, comme les caissiers, ne peuvent pas être assurés.

 

Reste-t-il assez de non-vaccinés pour submerger nos hôpitaux?
Assurément, mais même les vaccinés le pourraient, car tous n’ont pas encore reçu leur troisième dose. Il est crucial de la faire le plus rapidement possible, surtout pour les personnes âgées ou immunodéprimées. Même si elles ne sont pas suffisantes, toutes les études montrent jusqu’à présent que deux doses n’offrent qu’une protection de l’ordre de 30% contre les formes symptomatiques liées à Omicron, alors qu’avec une triple dose, on arrive à 70-75%. Après le rappel vaccinal, les anticorps neutralisants sont parfois multipliés par plusieurs dizaines rapidement. Mais il reste une question importante sur laquelle on manque beaucoup d’informations : celle de la gravité. Quand bien même la sévérité d’Omicron serait deux ou trois fois moindre par rapport à Delta – ce qui est très peu probable –, si le nombre de cas double tous les deux jours, on aura beaucoup plus de cas graves qu’actuellement. Même si on est amené à être contaminé, il faut tout faire pour ne pas être infectés tous au même moment, car la prise en charge ne sera pas la même.

A-t-on une idée suffisamment précise de la situation en France?
Ce n’est pas un hasard si l’accélération de l’épidémie s’observe dans les pays qui séquencent le plus, comme le Danemark, le Royaume-Uni ou la Norvège. On ne peut pas exclure qu’il y ait aussi un décalage avec la France comme lors de précédentes vagues, mais l’exemple de ces pays souligne l’importance, pour le pilotage de la gestion de l’épidémie, de disposer de moyens de séquençage et de criblage avec des résultats rapides.

La vaccination des enfants, qui pourrait être lancée mercredi, peut-elle jouer un rôle dans la gestion de l’épidémie?
Actuellement, l’école est le moteur principal de la circulation virale dans les pays d’Europe de l’Ouest. Les enfants développent peu de formes graves, mais on est arrivé à un niveau jamais atteint d’hospitalisations pédiatriques : 210 nouvelles entrées la semaine dernière pour les 0-9 ans. Il y a donc un bénéfice individuel ­direct, en plus de leur permettre de conserver une scolarité et de limiter la transmission dans la société. Par ailleurs, aux États-Unis où des millions d’enfants ont été vaccinés, aucun signal important de sécurité n’est apparu. Il va falloir faire campagne pour cette vaccination, inciter réellement les parents et pas seulement l’ouvrir passivement aux volontaires.

Le conseil scientifique avait ­appelé le gouvernement a instaurer des restrictions significatives pour le Nouvel An. Ce qui a été décidé vendredi en conseil de défense est-il suffisant?
Les mesures annoncées vendredi sont très timides, pas de nature à pouvoir infléchir la courbe. L’exécutif n’a probablement pas voulu entraver les fêtes, car les gens sont de moins en moins enclins à faire des efforts substantiels, ce qui est normal après deux ans de restrictions. Une forme de lassitude voire de fatalité s’est installée. Mais la vague est bien là et Omicron risque de l’aggraver dangereusement. Le virus ne connaît ni le père Noël ni la Saint-Sylvestre. Les restrictions qui n’ont pas été adoptées cette ­semaine, comme le couvre-feu voulu par le conseil scientifique pour le Nouvel An ou le prolongement des vacances scolaires, risquent d’être annoncées prochainement dans l’urgence, avec des conditions sanitaires plus dégradées. Je n’exclus pas la possibilité qu’il y ait des annonces la semaine prochaine.

Comme l’a rappelé le Conseil constitutionnel, les meetings ne peuvent être soumis au passe sanitaire. Est-ce un danger sur le plan épidémiologique?
Le virus aime la foule, le contact physique, les lieux clos mal ventilés, les personnes qui crient et chantent la bouche et le nez découverts. C’est un tableau qui ressemble fortement à un meeting politique. Ce sont donc des lieux à risque – ce qui ne signifie pas qu’ils seront systématiquement des clusters, mais la contamination y est favorisée. Le Sars-CoV-2 se moque de l’agenda politique et des échéances électorales.

Ce risque est-il encore majoré avec le variant Omicron?
À l’évidence. Omicron est ­extrêmement transmissible, avec un taux de reproduction R probablement autour de 10, c’est-à-dire qu’une personne infectée en contamine dix. Mais c’est une moyenne : un super-contaminateur peut infecter 100, 1 000, 2 000 personnes ! Pour pouvoir les infecter, il faudrait être en contact avec elles, et les rassemblements présentent les meilleures occasions. En juillet, les matches de foot de la Coupe d’Europe se sont tenus avec beaucoup de monde et des conditions d’application des gestes barrière compliquées. Des études ont montré que c’était le point de départ d’un plateau haut au Royaume-Uni, qui n’a jamais vraiment baissé depuis.

Est-il plus dangereux de fréquenter un meeting que d’aller au cinéma?
Au cinéma, on parle moins, on ne chante pas : le risque existe, mais il est moindre. De plus, on va souvent à des meetings en transports en commun, où l’on parle fort et où l’on chante déjà, et les images nous montrent que le port du masque n’y est pas toujours respecté.

Avec le taux d’incidence actuel, quelles sont les chances qu’il y ait un porteur du Sars-CoV-2 dans un meeting?
Si on fait l’hypothèse d’un taux d’incidence de 500 pour 100.000 habitants – c’est le taux actuel –, dans une salle de 2.000 personnes, il y a 42% de risque qu’au moins dix d’entre elles soient porteuses du virus. Dans une salle de 5.000 personnes, cette probabilité monte à 99,9%.

Faudrait-il rendre le passe sanitaire obligatoire dans les rassemblements politiques?
La méthode de réduction du risque la plus efficace actuellement, c’est de ne pas faire ces meetings ou de réduire leur fréquence. Et si jamais on les maintient, il faut diminuer le nombre de participants, qu’ils fassent des autotests avant de venir, qu’ils portent un masque et ne crient pas… Ça en ­réduit l’intérêt. De plus, un meeting est une démonstration de force : si une jauge de 1.000 personnes est appliquée dans un endroit qui peut en accueillir 5.000, les organisateurs fermeront l’espace pour faire croire, par les images, qu’il y a beaucoup de monde. La solution pourrait être de basculer vers une autre forme d’animation politique, une campagne 2.0.

Qu’en est-il du porte-à-porte ou de la distribution de tracts sur les marchés, moments importants d’une campagne?
Le porte-à-porte est à éviter ­absolument. Quant aux tracts distribués en plein air, si on respecte les gestes barrière et qu’on porte le masque, le risque est bien moindre.

Les candidats à l’élection présidentielle ont des avis différents sur le port du masque et la vaccination. Avez-vous des médailles d’exemplarité à décerner?
On voit bien que ce n’est pas le souci des candidats. Autant les candidats qui sont contre ces mesures font du bruit, autant les candidats qui sont pro-vaccination ne font pas vraiment campagne pour, de peur de heurter la partie réticente de la population. Depuis dix jours à la radio, qui est souvent filmée, de plus en plus de politiques portent le masque : il y a eu un petit effort, mais pas de message d’exemplarité pour sensibiliser les gens. Vraiment, ça manque. C’est comme s’ils avaient peur que ce message passe pour un soutien au gouvernement, alors que ce sont des considérations de santé publique. Un candidat qui prétend à la plus haute fonction de l’Etat doit pouvoir être au-dessus de ces questions et être capable de dire : l’important, c’est de protéger les citoyens.

La probabilité qu’un(e) des deux finalistes l’attrape entre les deux tours de l’élection est de 4%

Peut-on imaginer une campagne avec des candidats régulièrement positifs et à l’isolement?
Les femmes et les hommes politiques sont au contact direct de beaucoup de gens, et quand on multiplie les contacts, la probabilité de se faire contaminer est importante. On l’a vu avec le président et le Premier ministre français, avec de nombreux dirigeants africains, par exemple, ou avec des candidats aux élections fédérales allemandes récemment. S’il y a 11 candidats déclarés, comme en 2017, avec un taux d’incidence de 500 pour 100.000 habitants et en considérant que leur risque d’exposition est doublé à cause des contacts fréquents, la probabilité qu’un de ces 11 candidats l’attrape lors d’une campagne de cent jours est de 79%. La probabilité qu’un(e) des deux finalistes l’attrape entre les deux tours de l’élection est de 4%. La gestion de ce risque sera essentielle dans la campagne.

Ces questions sont plutôt ­absentes du contenu des débats pour le moment…
Malgré la situation à l’hôpital et en ville, la santé en général et le Covid en particulier ne sont pas dans les thèmes favoris des candidats. A l’heure actuelle, aucun n’a formulé de stratégie à moyen ou long terme pour la santé et ­l’hôpital. Même les partis politiques n’ont jamais vraiment eu de vision ou de stratégie sur la gestion de crise.

Aux dernières municipales, de nombreuses personnes âgées n’avaient pas pris le risque d’aller voter. Que se passera-t-il si les prochaines élections tombent pendant un pic de contaminations?
Si la vague est très importante, le risque existe, mais il peut être relativement maîtrisé dans les bureaux de vote. Par contre, cela pourrait dissuader des électeurs de se déplacer : la vie démocratique s’en trouve affectée. A cet égard, il est dommage que le vote électronique n’ait pas été adopté en France.

Que pensez-vous du remplacement du passe sanitaire par un passe vaccinal?
C’est une bonne mesure, car les lits de réanimation sont majoritairement occupés par des personnes non vaccinées. C’est une forme de confinement des non-vaccinés, mais dont l’effet ne se fera sentir que dans les prochaines semaines. Le moment est venu d’avoir une stratégie à moyen et à long terme, en partant du constat que le virus sera parmi nous pendant des ­années voire des décennies – ce qui ne veut pas dire que la pandémie elle-même durera autant de temps. La réponse doit être mondiale et coordonnée. L’Organisation mondiale de la santé doit prendre un rôle important, pour ne pas devenir comme l’ONU, qui ne sert plus à grand-chose. Deuxièmement, la France doit établir une stratégie proactive, opérationnelle et claire, basée sur le télétravail, la ventilation et le contrôle de la qualité de l’air et une communication grand public sur ces défis. Il faut se donner les moyens de regarder loin. Nous vivons depuis deux ans des moments difficiles et nous allons affronter encore un hiver difficile, mais dans les difficultés la force se forge et l’espoir naît. L’humanité a toujours su se relever des défis majeurs qui lui ont été imposés. Les connaissances scientifiques actuelles et à venir avec l’aide des technologies sont une chance exceptionnelle pour y faire face rapidement.

Covid: De futurs niveaux jamais atteints

Covid: De futurs niveaux jamais atteints

 

C’est le pronostic du professeur de santé publique et d’épidémiologie Mahmoud Zureik  à l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines dans le JDD. 

 

le Royaume -Uni s’attend par exemple  à des chiffres de 200 000 contaminés par jour avec le variant Omicron 

 

 

Avec un variant aussi transmissible qu’Omicron, peut-on imaginer une société paralysée où une grande part de la population, infectée ou cas contact, reste chez elle?
C’est le souci principal actuellement. Nous allons probablement connaître des niveaux de contamination jamais atteints. En Grande-Bretagne, le nombre de cas dus à Omicron double en moins de deux jours. Le système de soins risque donc d’être sous tension extrême, et au-delà de l’hôpital, la demande en tests et en consultations de ville sera très importante. L’impact se fera d’abord sentir sur les professionnels de santé, avec un dilemme : s’ils sont contaminés et s’isolent, il n’y aura plus assez de soignants, mais s’ils restent, ils pourraient contaminer leurs collègues et leurs patients non-Covid. Ensuite, le pays pourrait être paralysé si les métiers en première ligne, comme les caissiers, ne peuvent pas être assurés.

 

Reste-t-il assez de non-vaccinés pour submerger nos hôpitaux?
Assurément, mais même les vaccinés le pourraient, car tous n’ont pas encore reçu leur troisième dose. Il est crucial de la faire le plus rapidement possible, surtout pour les personnes âgées ou immunodéprimées. Même si elles ne sont pas suffisantes, toutes les études montrent jusqu’à présent que deux doses n’offrent qu’une protection de l’ordre de 30% contre les formes symptomatiques liées à Omicron, alors qu’avec une triple dose, on arrive à 70-75%. Après le rappel vaccinal, les anticorps neutralisants sont parfois multipliés par plusieurs dizaines rapidement. Mais il reste une question importante sur laquelle on manque beaucoup d’informations : celle de la gravité. Quand bien même la sévérité d’Omicron serait deux ou trois fois moindre par rapport à Delta – ce qui est très peu probable –, si le nombre de cas double tous les deux jours, on aura beaucoup plus de cas graves qu’actuellement. Même si on est amené à être contaminé, il faut tout faire pour ne pas être infectés tous au même moment, car la prise en charge ne sera pas la même.

A-t-on une idée suffisamment précise de la situation en France?
Ce n’est pas un hasard si l’accélération de l’épidémie s’observe dans les pays qui séquencent le plus, comme le Danemark, le Royaume-Uni ou la Norvège. On ne peut pas exclure qu’il y ait aussi un décalage avec la France comme lors de précédentes vagues, mais l’exemple de ces pays souligne l’importance, pour le pilotage de la gestion de l’épidémie, de disposer de moyens de séquençage et de criblage avec des résultats rapides.

La vaccination des enfants, qui pourrait être lancée mercredi, peut-elle jouer un rôle dans la gestion de l’épidémie?
Actuellement, l’école est le moteur principal de la circulation virale dans les pays d’Europe de l’Ouest. Les enfants développent peu de formes graves, mais on est arrivé à un niveau jamais atteint d’hospitalisations pédiatriques : 210 nouvelles entrées la semaine dernière pour les 0-9 ans. Il y a donc un bénéfice individuel ­direct, en plus de leur permettre de conserver une scolarité et de limiter la transmission dans la société. Par ailleurs, aux États-Unis où des millions d’enfants ont été vaccinés, aucun signal important de sécurité n’est apparu. Il va falloir faire campagne pour cette vaccination, inciter réellement les parents et pas seulement l’ouvrir passivement aux volontaires.

Le conseil scientifique avait ­appelé le gouvernement a instaurer des restrictions significatives pour le Nouvel An. Ce qui a été décidé vendredi en conseil de défense est-il suffisant?
Les mesures annoncées vendredi sont très timides, pas de nature à pouvoir infléchir la courbe. L’exécutif n’a probablement pas voulu entraver les fêtes, car les gens sont de moins en moins enclins à faire des efforts substantiels, ce qui est normal après deux ans de restrictions. Une forme de lassitude voire de fatalité s’est installée. Mais la vague est bien là et Omicron risque de l’aggraver dangereusement. Le virus ne connaît ni le père Noël ni la Saint-Sylvestre. Les restrictions qui n’ont pas été adoptées cette ­semaine, comme le couvre-feu voulu par le conseil scientifique pour le Nouvel An ou le prolongement des vacances scolaires, risquent d’être annoncées prochainement dans l’urgence, avec des conditions sanitaires plus dégradées. Je n’exclus pas la possibilité qu’il y ait des annonces la semaine prochaine.

Comme l’a rappelé le Conseil constitutionnel, les meetings ne peuvent être soumis au passe sanitaire. Est-ce un danger sur le plan épidémiologique?
Le virus aime la foule, le contact physique, les lieux clos mal ventilés, les personnes qui crient et chantent la bouche et le nez découverts. C’est un tableau qui ressemble fortement à un meeting politique. Ce sont donc des lieux à risque – ce qui ne signifie pas qu’ils seront systématiquement des clusters, mais la contamination y est favorisée. Le Sars-CoV-2 se moque de l’agenda politique et des échéances électorales.

Ce risque est-il encore majoré avec le variant Omicron?
À l’évidence. Omicron est ­extrêmement transmissible, avec un taux de reproduction R probablement autour de 10, c’est-à-dire qu’une personne infectée en contamine dix. Mais c’est une moyenne : un super-contaminateur peut infecter 100, 1 000, 2 000 personnes ! Pour pouvoir les infecter, il faudrait être en contact avec elles, et les rassemblements présentent les meilleures occasions. En juillet, les matches de foot de la Coupe d’Europe se sont tenus avec beaucoup de monde et des conditions d’application des gestes barrière compliquées. Des études ont montré que c’était le point de départ d’un plateau haut au Royaume-Uni, qui n’a jamais vraiment baissé depuis.

Est-il plus dangereux de fréquenter un meeting que d’aller au cinéma?
Au cinéma, on parle moins, on ne chante pas : le risque existe, mais il est moindre. De plus, on va souvent à des meetings en transports en commun, où l’on parle fort et où l’on chante déjà, et les images nous montrent que le port du masque n’y est pas toujours respecté.

Avec le taux d’incidence actuel, quelles sont les chances qu’il y ait un porteur du Sars-CoV-2 dans un meeting?
Si on fait l’hypothèse d’un taux d’incidence de 500 pour 100.000 habitants – c’est le taux actuel –, dans une salle de 2.000 personnes, il y a 42% de risque qu’au moins dix d’entre elles soient porteuses du virus. Dans une salle de 5.000 personnes, cette probabilité monte à 99,9%.

Faudrait-il rendre le passe sanitaire obligatoire dans les rassemblements politiques?
La méthode de réduction du risque la plus efficace actuellement, c’est de ne pas faire ces meetings ou de réduire leur fréquence. Et si jamais on les maintient, il faut diminuer le nombre de participants, qu’ils fassent des autotests avant de venir, qu’ils portent un masque et ne crient pas… Ça en ­réduit l’intérêt. De plus, un meeting est une démonstration de force : si une jauge de 1.000 personnes est appliquée dans un endroit qui peut en accueillir 5.000, les organisateurs fermeront l’espace pour faire croire, par les images, qu’il y a beaucoup de monde. La solution pourrait être de basculer vers une autre forme d’animation politique, une campagne 2.0.

Qu’en est-il du porte-à-porte ou de la distribution de tracts sur les marchés, moments importants d’une campagne?
Le porte-à-porte est à éviter ­absolument. Quant aux tracts distribués en plein air, si on respecte les gestes barrière et qu’on porte le masque, le risque est bien moindre.

Les candidats à l’élection présidentielle ont des avis différents sur le port du masque et la vaccination. Avez-vous des médailles d’exemplarité à décerner?
On voit bien que ce n’est pas le souci des candidats. Autant les candidats qui sont contre ces mesures font du bruit, autant les candidats qui sont pro-vaccination ne font pas vraiment campagne pour, de peur de heurter la partie réticente de la population. Depuis dix jours à la radio, qui est souvent filmée, de plus en plus de politiques portent le masque : il y a eu un petit effort, mais pas de message d’exemplarité pour sensibiliser les gens. Vraiment, ça manque. C’est comme s’ils avaient peur que ce message passe pour un soutien au gouvernement, alors que ce sont des considérations de santé publique. Un candidat qui prétend à la plus haute fonction de l’Etat doit pouvoir être au-dessus de ces questions et être capable de dire : l’important, c’est de protéger les citoyens.

La probabilité qu’un(e) des deux finalistes l’attrape entre les deux tours de l’élection est de 4%

Peut-on imaginer une campagne avec des candidats régulièrement positifs et à l’isolement?
Les femmes et les hommes politiques sont au contact direct de beaucoup de gens, et quand on multiplie les contacts, la probabilité de se faire contaminer est importante. On l’a vu avec le président et le Premier ministre français, avec de nombreux dirigeants africains, par exemple, ou avec des candidats aux élections fédérales allemandes récemment. S’il y a 11 candidats déclarés, comme en 2017, avec un taux d’incidence de 500 pour 100.000 habitants et en considérant que leur risque d’exposition est doublé à cause des contacts fréquents, la probabilité qu’un de ces 11 candidats l’attrape lors d’une campagne de cent jours est de 79%. La probabilité qu’un(e) des deux finalistes l’attrape entre les deux tours de l’élection est de 4%. La gestion de ce risque sera essentielle dans la campagne.

Ces questions sont plutôt ­absentes du contenu des débats pour le moment…
Malgré la situation à l’hôpital et en ville, la santé en général et le Covid en particulier ne sont pas dans les thèmes favoris des candidats. A l’heure actuelle, aucun n’a formulé de stratégie à moyen ou long terme pour la santé et ­l’hôpital. Même les partis politiques n’ont jamais vraiment eu de vision ou de stratégie sur la gestion de crise.

Aux dernières municipales, de nombreuses personnes âgées n’avaient pas pris le risque d’aller voter. Que se passera-t-il si les prochaines élections tombent pendant un pic de contaminations?
Si la vague est très importante, le risque existe, mais il peut être relativement maîtrisé dans les bureaux de vote. Par contre, cela pourrait dissuader des électeurs de se déplacer : la vie démocratique s’en trouve affectée. A cet égard, il est dommage que le vote électronique n’ait pas été adopté en France.

Que pensez-vous du remplacement du passe sanitaire par un passe vaccinal?
C’est une bonne mesure, car les lits de réanimation sont majoritairement occupés par des personnes non vaccinées. C’est une forme de confinement des non-vaccinés, mais dont l’effet ne se fera sentir que dans les prochaines semaines. Le moment est venu d’avoir une stratégie à moyen et à long terme, en partant du constat que le virus sera parmi nous pendant des ­années voire des décennies – ce qui ne veut pas dire que la pandémie elle-même durera autant de temps. La réponse doit être mondiale et coordonnée. L’Organisation mondiale de la santé doit prendre un rôle important, pour ne pas devenir comme l’ONU, qui ne sert plus à grand-chose. Deuxièmement, la France doit établir une stratégie proactive, opérationnelle et claire, basée sur le télétravail, la ventilation et le contrôle de la qualité de l’air et une communication grand public sur ces défis. Il faut se donner les moyens de regarder loin. Nous vivons depuis deux ans des moments difficiles et nous allons affronter encore un hiver difficile, mais dans les difficultés la force se forge et l’espoir naît. L’humanité a toujours su se relever des défis majeurs qui lui ont été imposés. Les connaissances scientifiques actuelles et à venir avec l’aide des technologies sont une chance exceptionnelle pour y faire face rapidement.

 

Covid:  » s’attendre à des niveaux de contamination jamais atteints »

Covid: » s’attendre à des niveaux de contamination jamais atteints »

 

C’est le pronostic Du professeur de santé publique et d’épidémiologie Mahmoud Zureik  à l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines dans le JDD. 

 

 

Avec un variant aussi transmissible qu’Omicron, peut-on imaginer une société paralysée où une grande part de la population, infectée ou cas contact, reste chez elle?
C’est le souci principal actuellement. Nous allons probablement connaître des niveaux de contamination jamais atteints. En Grande-Bretagne, le nombre de cas dus à Omicron double en moins de deux jours. Le système de soins risque donc d’être sous tension extrême, et au-delà de l’hôpital, la demande en tests et en consultations de ville sera très importante. L’impact se fera d’abord sentir sur les professionnels de santé, avec un dilemme : s’ils sont contaminés et s’isolent, il n’y aura plus assez de soignants, mais s’ils restent, ils pourraient contaminer leurs collègues et leurs patients non-Covid. Ensuite, le pays pourrait être paralysé si les métiers en première ligne, comme les caissiers, ne peuvent pas être assurés.

 

Reste-t-il assez de non-vaccinés pour submerger nos hôpitaux?
Assurément, mais même les vaccinés le pourraient, car tous n’ont pas encore reçu leur troisième dose. Il est crucial de la faire le plus rapidement possible, surtout pour les personnes âgées ou immunodéprimées. Même si elles ne sont pas suffisantes, toutes les études montrent jusqu’à présent que deux doses n’offrent qu’une protection de l’ordre de 30% contre les formes symptomatiques liées à Omicron, alors qu’avec une triple dose, on arrive à 70-75%. Après le rappel vaccinal, les anticorps neutralisants sont parfois multipliés par plusieurs dizaines rapidement. Mais il reste une question importante sur laquelle on manque beaucoup d’informations : celle de la gravité. Quand bien même la sévérité d’Omicron serait deux ou trois fois moindre par rapport à Delta – ce qui est très peu probable –, si le nombre de cas double tous les deux jours, on aura beaucoup plus de cas graves qu’actuellement. Même si on est amené à être contaminé, il faut tout faire pour ne pas être infectés tous au même moment, car la prise en charge ne sera pas la même.

A-t-on une idée suffisamment précise de la situation en France?
Ce n’est pas un hasard si l’accélération de l’épidémie s’observe dans les pays qui séquencent le plus, comme le Danemark, le Royaume-Uni ou la Norvège. On ne peut pas exclure qu’il y ait aussi un décalage avec la France comme lors de précédentes vagues, mais l’exemple de ces pays souligne l’importance, pour le pilotage de la gestion de l’épidémie, de disposer de moyens de séquençage et de criblage avec des résultats rapides.

La vaccination des enfants, qui pourrait être lancée mercredi, peut-elle jouer un rôle dans la gestion de l’épidémie?
Actuellement, l’école est le moteur principal de la circulation virale dans les pays d’Europe de l’Ouest. Les enfants développent peu de formes graves, mais on est arrivé à un niveau jamais atteint d’hospitalisations pédiatriques : 210 nouvelles entrées la semaine dernière pour les 0-9 ans. Il y a donc un bénéfice individuel ­direct, en plus de leur permettre de conserver une scolarité et de limiter la transmission dans la société. Par ailleurs, aux États-Unis où des millions d’enfants ont été vaccinés, aucun signal important de sécurité n’est apparu. Il va falloir faire campagne pour cette vaccination, inciter réellement les parents et pas seulement l’ouvrir passivement aux volontaires.

Le conseil scientifique avait ­appelé le gouvernement a instaurer des restrictions significatives pour le Nouvel An. Ce qui a été décidé vendredi en conseil de défense est-il suffisant?
Les mesures annoncées vendredi sont très timides, pas de nature à pouvoir infléchir la courbe. L’exécutif n’a probablement pas voulu entraver les fêtes, car les gens sont de moins en moins enclins à faire des efforts substantiels, ce qui est normal après deux ans de restrictions. Une forme de lassitude voire de fatalité s’est installée. Mais la vague est bien là et Omicron risque de l’aggraver dangereusement. Le virus ne connaît ni le père Noël ni la Saint-Sylvestre. Les restrictions qui n’ont pas été adoptées cette ­semaine, comme le couvre-feu voulu par le conseil scientifique pour le Nouvel An ou le prolongement des vacances scolaires, risquent d’être annoncées prochainement dans l’urgence, avec des conditions sanitaires plus dégradées. Je n’exclus pas la possibilité qu’il y ait des annonces la semaine prochaine.

Comme l’a rappelé le Conseil constitutionnel, les meetings ne peuvent être soumis au passe sanitaire. Est-ce un danger sur le plan épidémiologique?
Le virus aime la foule, le contact physique, les lieux clos mal ventilés, les personnes qui crient et chantent la bouche et le nez découverts. C’est un tableau qui ressemble fortement à un meeting politique. Ce sont donc des lieux à risque – ce qui ne signifie pas qu’ils seront systématiquement des clusters, mais la contamination y est favorisée. Le Sars-CoV-2 se moque de l’agenda politique et des échéances électorales.

Ce risque est-il encore majoré avec le variant Omicron?
À l’évidence. Omicron est ­extrêmement transmissible, avec un taux de reproduction R probablement autour de 10, c’est-à-dire qu’une personne infectée en contamine dix. Mais c’est une moyenne : un super-contaminateur peut infecter 100, 1 000, 2 000 personnes ! Pour pouvoir les infecter, il faudrait être en contact avec elles, et les rassemblements présentent les meilleures occasions. En juillet, les matches de foot de la Coupe d’Europe se sont tenus avec beaucoup de monde et des conditions d’application des gestes barrière compliquées. Des études ont montré que c’était le point de départ d’un plateau haut au Royaume-Uni, qui n’a jamais vraiment baissé depuis.

Est-il plus dangereux de fréquenter un meeting que d’aller au cinéma?
Au cinéma, on parle moins, on ne chante pas : le risque existe, mais il est moindre. De plus, on va souvent à des meetings en transports en commun, où l’on parle fort et où l’on chante déjà, et les images nous montrent que le port du masque n’y est pas toujours respecté.

Avec le taux d’incidence actuel, quelles sont les chances qu’il y ait un porteur du Sars-CoV-2 dans un meeting?
Si on fait l’hypothèse d’un taux d’incidence de 500 pour 100.000 habitants – c’est le taux actuel –, dans une salle de 2.000 personnes, il y a 42% de risque qu’au moins dix d’entre elles soient porteuses du virus. Dans une salle de 5.000 personnes, cette probabilité monte à 99,9%.

Faudrait-il rendre le passe sanitaire obligatoire dans les rassemblements politiques?
La méthode de réduction du risque la plus efficace actuellement, c’est de ne pas faire ces meetings ou de réduire leur fréquence. Et si jamais on les maintient, il faut diminuer le nombre de participants, qu’ils fassent des autotests avant de venir, qu’ils portent un masque et ne crient pas… Ça en ­réduit l’intérêt. De plus, un meeting est une démonstration de force : si une jauge de 1.000 personnes est appliquée dans un endroit qui peut en accueillir 5.000, les organisateurs fermeront l’espace pour faire croire, par les images, qu’il y a beaucoup de monde. La solution pourrait être de basculer vers une autre forme d’animation politique, une campagne 2.0.

Qu’en est-il du porte-à-porte ou de la distribution de tracts sur les marchés, moments importants d’une campagne?
Le porte-à-porte est à éviter ­absolument. Quant aux tracts distribués en plein air, si on respecte les gestes barrière et qu’on porte le masque, le risque est bien moindre.

Les candidats à l’élection présidentielle ont des avis différents sur le port du masque et la vaccination. Avez-vous des médailles d’exemplarité à décerner?
On voit bien que ce n’est pas le souci des candidats. Autant les candidats qui sont contre ces mesures font du bruit, autant les candidats qui sont pro-vaccination ne font pas vraiment campagne pour, de peur de heurter la partie réticente de la population. Depuis dix jours à la radio, qui est souvent filmée, de plus en plus de politiques portent le masque : il y a eu un petit effort, mais pas de message d’exemplarité pour sensibiliser les gens. Vraiment, ça manque. C’est comme s’ils avaient peur que ce message passe pour un soutien au gouvernement, alors que ce sont des considérations de santé publique. Un candidat qui prétend à la plus haute fonction de l’Etat doit pouvoir être au-dessus de ces questions et être capable de dire : l’important, c’est de protéger les citoyens.

La probabilité qu’un(e) des deux finalistes l’attrape entre les deux tours de l’élection est de 4%

Peut-on imaginer une campagne avec des candidats régulièrement positifs et à l’isolement?
Les femmes et les hommes politiques sont au contact direct de beaucoup de gens, et quand on multiplie les contacts, la probabilité de se faire contaminer est importante. On l’a vu avec le président et le Premier ministre français, avec de nombreux dirigeants africains, par exemple, ou avec des candidats aux élections fédérales allemandes récemment. S’il y a 11 candidats déclarés, comme en 2017, avec un taux d’incidence de 500 pour 100.000 habitants et en considérant que leur risque d’exposition est doublé à cause des contacts fréquents, la probabilité qu’un de ces 11 candidats l’attrape lors d’une campagne de cent jours est de 79%. La probabilité qu’un(e) des deux finalistes l’attrape entre les deux tours de l’élection est de 4%. La gestion de ce risque sera essentielle dans la campagne.

Ces questions sont plutôt ­absentes du contenu des débats pour le moment…
Malgré la situation à l’hôpital et en ville, la santé en général et le Covid en particulier ne sont pas dans les thèmes favoris des candidats. A l’heure actuelle, aucun n’a formulé de stratégie à moyen ou long terme pour la santé et ­l’hôpital. Même les partis politiques n’ont jamais vraiment eu de vision ou de stratégie sur la gestion de crise.

Aux dernières municipales, de nombreuses personnes âgées n’avaient pas pris le risque d’aller voter. Que se passera-t-il si les prochaines élections tombent pendant un pic de contaminations?
Si la vague est très importante, le risque existe, mais il peut être relativement maîtrisé dans les bureaux de vote. Par contre, cela pourrait dissuader des électeurs de se déplacer : la vie démocratique s’en trouve affectée. A cet égard, il est dommage que le vote électronique n’ait pas été adopté en France.

Que pensez-vous du remplacement du passe sanitaire par un passe vaccinal?
C’est une bonne mesure, car les lits de réanimation sont majoritairement occupés par des personnes non vaccinées. C’est une forme de confinement des non-vaccinés, mais dont l’effet ne se fera sentir que dans les prochaines semaines. Le moment est venu d’avoir une stratégie à moyen et à long terme, en partant du constat que le virus sera parmi nous pendant des ­années voire des décennies – ce qui ne veut pas dire que la pandémie elle-même durera autant de temps. La réponse doit être mondiale et coordonnée. L’Organisation mondiale de la santé doit prendre un rôle important, pour ne pas devenir comme l’ONU, qui ne sert plus à grand-chose. Deuxièmement, la France doit établir une stratégie proactive, opérationnelle et claire, basée sur le télétravail, la ventilation et le contrôle de la qualité de l’air et une communication grand public sur ces défis. Il faut se donner les moyens de regarder loin. Nous vivons depuis deux ans des moments difficiles et nous allons affronter encore un hiver difficile, mais dans les difficultés la force se forge et l’espoir naît. L’humanité a toujours su se relever des défis majeurs qui lui ont été imposés. Les connaissances scientifiques actuelles et à venir avec l’aide des technologies sont une chance exceptionnelle pour y faire face rapidement.

Coronavirus, ne disparaîtra peut-être jamais? (OMS)

Coronavirus, ne disparaîtra peut-être jamais?  (OMS)

“Il est important de mettre cela sur la table: ce virus pourrait bien s’ajouter à la liste des virus endémiques circulant dans nos communautés, et pourrait bien ne jamais disparaître”, a déclaré Mike Ryan, spécialiste des urgences sanitaires à l’OMS.

“Je pense qu’il importe d’être réaliste, et je pense que nul ne peut prédire quand cette maladie disparaîtra”, a-t-il ajouté, rappelant que la rougeole est toujours présente dans le monde alors qu’un vaccin est disponible.

Il a toutefois ajouté que la communauté mondiale était en mesure de contrôler sa réponse à la situation sanitaire, fût-ce au prix d’un “effort massif” même si un vaccin devait être trouvé contre le SARS-CoV-2.

La pandémie a contaminé quelque 4,3 millions de personnes et causé plus de 291.000 décès à travers le monde, selon le décompte établi par l’agence Reuters.

Service national universel avant 2026, à la St Glinglin ou jamais

Service national universel avant 2026, à la St Glinglin ou jamais 

Il y a de fortes chances pour que le service national et universel ne soit finalement ni vraiment un service national , ni vraiment universel. En plus une durée d’un mois !  Le gouvernement avait prévu sa généralisation ici 2026. Pour l’instant on n’en est à quelques milliers quand une classe d’âge représente 800 000 personnes. Le secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Education nationale fait cependant  un bilan positif.

La promesse de Macron finit pourtant  en eau de boudin d’abord du fait des réticences des pros de l’armée à participer à une résurgence du service militaire obligatoire. Exit ou presque la dimension militaire. Ensuite parce la France n’a pas les moyens de le financer. En juin dernier, près de 2000 jeunes de 13 départements ont expérimenté ce projet cher au chef de l’Etat Emmanuel Macron. Le dispositif devait initialement être étendu à 40.000 jeunes l’an prochain. Finalement, ils seront « autour de 30.000″, affirme Gabriel Attal, soulignant que « c’est une montée en charge très importante ». « Pour la première fois, tous les départements lanceront le SNU. La campagne de recrutement commencera en janvier. Il y aura entre 100 et 500 volontaires, selon les départements », ajoute-t-il.

Après la première phase de juin dernier, durant laquelle les jeunes ont effectué un « séjour de cohésion » en internat, les volontaires doivent désormais accomplir deux semaines de mission d’intérêt général auprès d’une association, d’une collectivité ou d’un corps en uniforme d’ici à juin 2020.

Pendant les vacances de la Toussaint, « ils seront près de la moitié des 1978″ premiers volontaires à effectuer cette mission, notamment dans l’armée, les forces de sécurité ou la solidarité, note Gabriel Attal. Le dispositif est appelé à se généraliser au fil des ans à l’ensemble d’une classe d’âge, soit 800.000 adolescents, et à devenir obligatoire affirme sans rire Gabriel Attal.

 

« On a un premier bilan et un premier retour sur les effets de ce séjour. Il est positif. On a à la fois des jeunes qui ont le sentiment d’avoir grandi, d’avoir gagné en maturité, d’avoir appris des choses », a fait valoir Gabriel Attal. « Et on voit des effets sur des jeunes qui étaient décrocheurs, qui avaient arrêté l’école pour phobie scolaire ou pour délinquance parfois, et qui ont repris le chemin de l’école parce qu’il y a eu un effet d’entraînement, de modèle, avec d’autres jeunes », a poursuivi le secrétaire d’Etat. Le problème est que le contenu même du service dit universel est très confus et qu’il faudra 20 ou 30 ans soit réellement universel et pour  concerner la totalité d’une classe d’âge. A moins de réduire ce service à une journée au lieu  d’un mois !

 

Ministère de l’environnement : un ministère qui n’a jamais existé !

Ministère de l’environnement : un ministère qui n’a jamais existé !

 

 

Après le départ de Hulot,  maintenant , de Rugy, certains s’inquiètent de l’éventuelle disparition du ministère de l’équipement. La vérité,  c’est que ce ministère n’a jamais existé. Certes il a souvent figuré dans l’organigramme des gouvernements le plus souvent à côté, au-dessus ou au-dessous des transports. Le ministère de l’environnement a toujours été virtuel puisqu’en réalité il n’a pratiquement pas de moyens et n’a pas autorité sur les grands choix stratégiques par exemple en matière d’énergie, d’infrastructure, d’industrie ou encore d’agriculture. C’est le ministère de la parole qui a parfois fait la Une avec la parole politique forte de Ségolène Royal ou Jean-Louis Borloo. Jean-Louis Borloo qui a su parfaitement vendre le Grenelle de l’environnement, sorte d’auberge espagnole où tout a été dit et le contraire aussi et qui n’a pas débouché sur des mesures très concrètes et très pérennes. Ce ministère a surtout fait du vent. . Ce ministère n’a d’ailleurs pas lieu d’exister car la problématique environnementale est transversale- elle doit donc être intégrée par la quasi-totalité des autres ministères. , L’environnement, c’est une sorte de ministère de la parole créée surtout pour faire plaisir aux écolos bobos. Or toute action écologique un peu pertinente doit le plus souvent articuler  la prise en compte d’éléments environnementaux mais aussi d’éléments techniques, économiques voire sociaux. Une problématique inter ministérielle qui ne peut être placée que sous l’autorité du Premier ministre. Élisabeth Borne ne sera pas plus ou moins efficace que ses prédécesseurs en matière de transition écologique puisque les orientations principales sont prises à Bercy, chez le premier ministre et à l’Elysée. Élisabeth Borne, comme elle l’a déclaré elle-même, aura seulement à mettre en musique ces orientations. Élisabeth Borne aura pour elle de connaître les dimensions techniques alors que ses prédécesseurs étaient plutôt des poètes. L’ancienne préfète de Poitou-Charentes a défendu une “écologie du réel”, au contact “de ce que vivent nos agriculteurs, des élus, des associations, où la gestion de l’eau, la rénovation thermique, l’éolien ou la méthanisation, la préservation de notre littoral ou de notre biodiversité ne sont pas des dossiers mais des réalités”. L’enjeu est de taille pour Emmanuel Macron qui, malgré son offensive à l’international pour préserver l’accord de Paris sur le climat de 2015 et de nombreuses initiatives, peine depuis le début de son quinquennat à convaincre en France. “Tant que le président et le Premier ministre ne font pas de l’écologie une véritable priorité dans les arbitrages politiques, nous ne rattraperons pas notre retard face à l’enjeu climatique ou la perte de biodiversité”, a dit sur Twitter le directeur général de Greenpeace France, Jean-François Julliard.

Environnement : un ministère qui n’a jamais existé !

Environnement : un ministère qui n’a jamais existé !

 

 

Après le départ de Hulot,  maintenant , de Rugy, certains s’inquiètent de l’éventuelle disparition du ministère de l’équipement. La vérité,  c’est que ce ministère n’a jamais existé. Certes il a souvent figuré dans l’organigramme des gouvernements le plus souvent à côté, au-dessus ou au-dessous des transports. Le ministère de l’environnement a toujours été virtuel puisqu’en réalité il n’a pratiquement pas de moyens et n’a pas autorité sur les grands choix stratégiques par exemple en matière d’énergie, d’infrastructure, d’industrie ou encore d’agriculture. C’est le ministère de la parole qui a parfois fait la Une avec la parole politique forte de Ségolène Royal ou Jean-Louis Borloo. Jean-Louis Borloo qui a su parfaitement vendre le Grenelle de l’environnement, sorte d’auberge espagnole où tout a été dit et le contraire aussi et qui n’a pas débouché sur des mesures très concrètes et très pérennes. Ce ministère a surtout fait du vent. . Ce ministère n’a d’ailleurs pas lieu d’exister car la problématique environnementale est transversale- elle doit donc être intégrée par la quasi-totalité des autres ministères. , L’environnement, c’est une sorte de ministère de la parole créée surtout pour faire plaisir aux écolos bobos. Or toute action écologique un peu pertinente doit le plus souvent articuler  la prise en compte d’éléments environnementaux mais aussi d’éléments techniques, économiques voire sociaux. Une problématique inter ministérielle qui ne peut être placée que sous l’autorité du Premier ministre. Élisabeth Borne ne sera pas plus ou moins efficace que ses prédécesseurs en matière de transition écologique puisque les orientations principales sont prises à Bercy, chez le premier ministre et à l’Elysée. Élisabeth Borne, comme elle l’a déclaré elle-même, aura seulement à mettre en musique ces orientations. Élisabeth Borne aura pour elle de connaître les dimensions techniques alors que ses prédécesseurs étaient plutôt des poètes. L’ancienne préfète de Poitou-Charentes a défendu une “écologie du réel”, au contact “de ce que vivent nos agriculteurs, des élus, des associations, où la gestion de l’eau, la rénovation thermique, l’éolien ou la méthanisation, la préservation de notre littoral ou de notre biodiversité ne sont pas des dossiers mais des réalités”. L’enjeu est de taille pour Emmanuel Macron qui, malgré son offensive à l’international pour préserver l’accord de Paris sur le climat de 2015 et de nombreuses initiatives, peine depuis le début de son quinquennat à convaincre en France. “Tant que le président et le Premier ministre ne font pas de l’écologie une véritable priorité dans les arbitrages politiques, nous ne rattraperons pas notre retard face à l’enjeu climatique ou la perte de biodiversité”, a dit sur Twitter le directeur général de Greenpeace France, Jean-François Julliard.

Brighelli: «le bac n’a jamais été aussi facile «

Brighelli: «le bac n’a jamais été aussi facile « 

 

 Des lycéens se plaignent sur les réseaux sociaux de la difficulté des épreuves du baccalauréat. De quoi faire bondir Jean-Paul Brighelli: l’enseignant, ancien élève de l’École normale supérieure,  juge au contraire que le Bac n’a jamais été si facile… et que les élèves feraient parfois mieux de se taire.


Interview le figaro)

 «Désolé Victor Hugo mais aujourd’hui la jeunesse t’emmerde»: ce tweet, parmi de nombreux autres relevés par Le Figaro Étudiant, témoigne de l’hostilité de nombreux bacheliers à l’égard des auteurs rencontrés au baccalauréat de français. Que répondriez-vous à ces jeunes irrévérencieux?

Jean-Paul BRIGHELLI.- Il y a une irrévérence féconde — lorsque les jeunes romantiques insultent les partisans des «classiques» à la première d’Hernani, ou lorsque les surréalistes vomissent sur les cendres encore chaudes d’Anatole France. Et puis il y a l’irrévérence de la bêtise satisfaite, de l’égo surdimensionné, du «moi-je» du petit qui se croit l’égal des géants qui l’ont précédé. Parce qu’on ne lui a pas appris la relativité de son existence et la nullité de son opinion par rapport aux «phares» (pour reprendre un mot cher à Hugo) qui ont fécondé l’humanité. Avoir fait croire à deux générations déjà (depuis le vote de la loi Jospin en juillet 1989, qui donne la liberté d’expression à tous les élèves et marque le début de l’apocalypse molle qui a englouti l’Éducation en France) que leur avis avait en soi une importance aussi grande que celle des vrais penseurs, des authentiques poètes, des créateurs de génie auxquels on se garde bien désormais de les confronter, voilà qui s’apparente à un crime.

Le talent ne se revendique pas, il se construit.

Comment expliquer que tant de jeunes sortent du lycée sans avoir vécu de réelle émotion littéraire?

Parce qu’on ne les confronte plus aux chefs-d’œuvre. Parce que n’importe quel écrivaillon invité à la télévision se prend pour le nouveau Hugo (ou Balzac, ou qui vous voulez). Parce qu’il ne suffit pas de dire «pipi-caca» pour être Rabelais ou Céline. Et si les jeunes n’ont pas été confrontés à ces géants, et confrontés avec compétence, c’est parce qu’une génération entière d’enseignants n’a plus été formée à cette confrontation. Lorsque l’on cherche à vous faire croire, dans les universités, que Wajdi Mouawad est plus grand que Racine, la messe est dite.

Cela ne signifie pas qu’il faille éternellement en rester aux «classiques». Mais on ne construit une modernité que par référence — et révérence — aux classiques, même s’il s’agit de les renverser de leur socle. Le talent ne se revendique pas, il se construit. L’ère du tweet permet au premier idiot venu de se croire aussi grand que Hugo, qui ne tweetait pas, le malheureux… Comme si les boutons d’acné étaient la garantie du droit inaliénable de dire n’importe quoi. Les réactions des apprentis-futurs-bacheliers (parce qu’ils auront tous le Bac, à terme!) sont un gloubiboulga de poncifs, de prurit qui croit être une pensée, de l’eczéma mental. Andrée Chedid, on leur a caché que c’était une femme, à ces ignares tout fiers d’écrire «auteure» — comme si l’accent marseillais se généralisait. Il y a trois ans, ils se plaignaient de ne pas avoir été informés que le Tigre était une rivière — alors même qu’ils avaient grandi au son des pas des soldats américains investissant l’Irak. Heureusement que quelques-uns gardent un peu de raison, et s’interrogent sur la pertinence de leur avis face à celui de Balzac.

Vous écrivez régulièrement que le niveau du baccalauréat baisse, les lycéens se plaignent que le niveau est trop élevé… Qui croire?

Heureusement que quelques-uns gardent un peu de raison, et s’interrogent sur la pertinence de leur avis face à celui de Balzac.

De la même façon qu’il y a des cercles vertueux, où l’exigence construit chaque jour une plus haute exigence, il existe — et nous sommes en plein dedans — des spirales qui visent les abysses. Et les pédagogues qui ont investi depuis trente ans le champ éducatif creusent encore.

J’ai enseigné 12 ans en ZEP, aux Ulis et à Corbeil-Essonnes. À ces pauvres gosses nés déshérités j’offrais Mallarmé, Hugo, Corneille — et ils étaient bien fiers d’avoir droit aux mêmes exigences que les lycéens qui allaient à Henri-IV ou à Lakanal, et qui passaient à leurs yeux pour des extraterrestres. En préférant presque systématiquement les faire plancher sur des auteurs modernes — et pas les meilleurs —, sur de la «littérature jeunesse» ou sur des articles de journaux politiquement corrects, on leur tient merveilleusement la tête sous l’eau.

La réforme du lycée en cours saura-t-elle redonner davantage d’importance à l’enseignement des lettres?

Il y a deux choses dans la réforme Blanquer. D’un côté une réorganisation des filières, de l’autre de nouveaux programmes. Il est trop tôt pour dire si la conjonction de ces deux éléments — déjà contestés par des enseignants qui pensent que leur liberté pédagogique devrait l’emporter naturellement sur l’intérêt de leurs élèves — remettra un peu de bon sens, un peu de savoir, dans des cervelles ingénieusement évidées.

La décrépitude mentale de la jeunesse arrange tout le monde : les politiques qui pontifient et les marchands d’obsolescence programmée.

J’ai un doute très fort, quand je vois que les nouveaux instituts de formation des maîtres, les INSPE, se substituent aux ESPE, qui avaient eux-mêmes remplacé les IUFM, en gardant les mêmes bras cassés, les mêmes incompétents. Alors qu’il aurait suffi de décréter (je l’ai proposé par ailleurs au ministère sans être entendu) d’imposer une journée d’enseignement dans le Primaire ou le Secondaire à tous ces prétendus spécialistes de la chose éducative, pelotonnés dans leurs Instituts, pour en être débarrassé. Parce que jamais, au grand jamais, ils n’accepteraient d’être confrontés à des élèves réels, dans des coins un peu difficiles où ils continuent à envoyer de jeunes enseignants qu’ils n’ont pas pris la peine de former, ni intellectuellement, ni pratiquement. Et si on ne le fait pas, c’est qu’on ne veut pas le faire, parce qu’au fond, la décrépitude mentale de la jeunesse arrange tout le monde: les politiques qui pontifient et les marchands d’obsolescence programmée. Croyez-vous que la généralisation des tablettes, pour remplacer les anciens manuels, vaille la lecture d’un seul bon livre?

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