Archive pour le Tag 'italienne'

Crise économique italienne: la faute aussi aux élites

Crise économique italienne: la faute aussi aux élites 

 

Par André Tiran, Professeur émérite de sciences économiques, Université Lumière Lyon 2

 

 

C’est l’une des conséquences du premier relèvement des taux directeurs de la banque centrale européenne (BCE) depuis une décennie, annoncé le 9 juin dernier : le taux obligataire italien à 10 ans a bondi à plus de 4 %, soit environ un point et demi de plus qu’un mois plus tôt. Cette hausse subite a réactivé la peur du « spread », à savoir l’écart des taux auxquels se financent les différents pays de la zone euro qui avait conduit à la crise de 2011. Si bien que la BCE s’est réunie en urgence, le 15 juin, pour annoncer la mise en place d’un « nouvel outil anti-fragmentation », sans donner plus de précision. Cette communication a rassuré les marchés en contribuant à resserrer le « spread », mais le taux obligataire italien restait encore à des niveaux élevés une semaine plus tard (3,70 le lundi 20 juin) illustrant les inquiétudes marchés quant à la solvabilité du pays.

À près de 156 % du PIB, l’endettement public italien est près de deux fois plus lourd que celui de la moyenne des pays de la zone euro. La dette pèse sur l’économie pour trois raisons. La première raison est liée à la politique anticyclique : il devient impossible de recourir à des manœuvres de déficit budgétaire pour stimuler la croissance des revenus. Les deux autres raisons sont structurelles. Un excédent primaire élevé oblige (à dépenses égales) à maintenir un prélèvement fiscal élevé et déprime donc le rendement net du capital investi.

D’autres facteurs entravent la croissance italienne : une économie souterraine qui perdure, de fortes disparités socio-économiques territoriales entre le Nord et le Sud, des mécanismes de décision complexes ou encore l’inefficience de l’État. Comme l’a montré une étude récente comparative de France Stratégie, l’Italie est, avec le Japon, un des pays les moins administrés du monde, autrement dit un des pays où l’emploi public est le plus faible.

Plus largement, une étude de 2014, mise à jour en octobre 2017, signée par deux économistes, Bruno Pellegrino, de l’université de Californie à Los Angeles (UCLA) et Luigi Zingales, de l’université de Chicago, a mis en avant « l’absence de méritocratie comme principale cause du problème de productivité en Italie ». Pour les deux auteurs, la gestion des firmes italiennes repose principalement sur un modèle fondé sur la loyauté plutôt que sur le mérite.

Ici, loyauté signifie clientélisme, copinage et prévalence des arrangements de famille ou de clan (avec une réalité variable du Nord au Sud). Ces 20 dernières années, les entreprises italiennes ont massivement sous-investi : le volume de leur investissement n’a progressé que de 40 % contre 90 % en France et en Allemagne et 150 % en Espagne. La crainte de se développer principalement parce que les actionnaires redoutent de perdre le contrôle de l’entreprise reste très présente dans le pays.

Les grands groupes restent eux protégés par un capital verrouillé, familial et des participations croisées, bénéficiant du soutien direct ou indirect de l’État grâce à la dépense publique et à des dévaluations régulières. En outre, les corporations du pays sont nombreuses, puissantes et courtisées : des chauffeurs de taxi aux contrôleurs aériens, de nombreux secteurs de l’administration publique aux camionneurs, des notaires aux producteurs de lait en passant par les agents immobiliers. Ajoutons-y la recherche de rente dans des secteurs protégés : la construction ou les services publics privatisés (électricité, téléphonie, autoroutes) ; l’évitement de la concurrence globale, sur les marchés internationaux ; le refus de se focaliser sur des secteurs émergents nouveaux et risqués (bio-ingénierie, industrie de l’hydrogène), etc.

La crise de l’économie italienne est donc également une crise des élites italiennes. Autrement dit, la grande difficulté pour sortir l’économie italienne de sa situation réside dans le fait que les cadres organisateurs du pays sont conditionnés par la rente et la loyauté, à l’opposé de l’innovation et du mérite qui favorisent la croissance.

L’économie italienne a d’ailleurs davantage souffert en 2020 que la moyenne des pays de la zone euro (-9 % contre -6 %). Les pertes ont été conséquentes, notamment dans le tourisme (-60 % de touristes étrangers en 2020, revenus passés de 44 à 17 milliards), un secteur qui encore en 2019 représentait le 13 % du PIB italien. La récession a toutefois pu être relativement contenue par la résilience de l’industrie.

L’Italie conserve en effet une base industrielle bien plus importante que celle de la France : la deuxième en Europe après celle de l’Allemagne. La péninsule a ainsi conservé des qualifications et des savoir-faire importants. L’Italie reste un pays d’entreprise, qui peut se targuer de compter de nombreuses sociétés de premier plan dans le monde entier. Mais le système ne fonctionne plus et a un besoin urgent de renouvellement.

Or, l’Italie reste aujourd’hui prisonnière de son déclin démographique. La natalité du pays s’est effondrée avec une population qui est passée sous la barre des 59 millions d’habitants, avec moins de 400 000 naissances par an. Si rien n’est fait, la péninsule perdra entre 5 et 8 millions d’habitants d’ici 2050.

Sur près de 59 millions d’habitants, 10,5 millions ont moins de vingt ans, tandis que près de 20 millions ont 60 ans ou plus. Un peu plus de la moitié de la population seulement (52 %) sera bientôt en âge de travailler, tandis que 32 % aura cessé toute activité. L’âge moyen, en augmentation rapide, est de 45,7 ans (+2,3 ans depuis 2010). L’âge médian – le plus élevé de l’Union européenne – est de 43,1 ans, 23 % des Italiens ayant 65 ans et plus. Ce vieillissement pèsera sur la compétitivité et la soutenabilité des finances publiques.

 

L’un des aspects qui suscitent le plus de préoccupations est le nombre de jeunes de 15 à 29 ans faisant partie de la catégorie NEET (Not in Education, Employment or Training). Ce groupe représente en Italie désormais 2,1 millions de personnes, soit une augmentation de presque 100 000 par rapport à 2019, ce qui équivaut à 23 % de la population de cette tranche d’âge et constitue le pire résultat de tous les pays de l’Union européenne (moyenne UE : 14 %).

Dans ce contexte, l’Italie est la principale bénéficiaire, avec l’Espagne, du plan de relance européen post-Covid Next Generation. Des 807 milliards d’euros mobilisés par l’Union européenne pour les années 2021-2027, plus de 190 sont destinés à l’Italie, dont 65 sous la forme de subventions (le reste sous forme de prêts), soit l’équivalent de près de 11 % du PIB réparti sur sept ans.

Cependant, ces dernières années, les administrations centrales et régionales n’ont pas utilisé tous les fonds européens à disposition pour l’investissement public en raison de la préparation déficiente des projets et de la lenteur de leur exécution. Des centaines de millions d’euros n’ont ainsi pas été mobilisés, en particulier dans le sud de l’Italie, faute de capacité à concevoir et à gérer des projets.

Aujourd’hui encore, l’Italie éprouve des difficultés mêmes à trouver des projets à financer. Le président du Conseil, Mario Draghi, et ses ministres savent que le pays jouera une bonne partie de sa crédibilité en Europe sur la conduite des travaux et le respect des échéances. En outre, ils sont conscients du fait que – à moyen terme – la mise en œuvre rapide et effective des réformes structurelles sera la seule garantie de crédibilité afin d’attirer des investissements étrangers et éviter une envolée des « spread », qui avaient contribué au déclenchement de la crise de la zone euro en 2011.

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Par André Tiran, Professeur émérite de sciences économiques, Université Lumière Lyon 2

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

Crédit Agricole achète la deuxième banque italienne

Crédit Agricole achète la deuxième banque italienne

le Crédit Agricole rachète Creval la deuxième banque italienne et va donc consolider ses positions dans la région industrielle du Nord de l’Italie, son deuxième marché après la France.

L’opération aura été plus longue et plus coûteuse que prévu. Mais Crédit Agricole a annoncé, vendredi soir, le succès de son offre publique d’achat (OPA) sur Credito Valtellinese (Creval), d’un montant de 855 millions d’euros. Selon les résultats provisoires de cette offre en cash, le groupe mutualiste détient désormais, via sa filiale italienne Credit Agricole Italia, 91,17% du capital de la banque lombarde.

La partie n’a pas été facile, malgré le soutien de plusieurs actionnaires, liés à Crédit Agricole Italia. Depuis l’annonce de l’OPA, en novembre 2020, des fonds d’investissement ont mené une véritable guérilla contre la banque française, jugeant l’offre initiale de 737 millions d’euros insuffisante, malgré l’intérêt du projet industriel. Même le conseil d’administration de Creval avait alors écarté fermement la proposition de la banque française, la qualifiant « d’opportuniste et de non sollicitée ».

Du coup, Crédit Agricole a été contraint de relever son offre pour la porter finalement à 12,5 euros l’action (dividende compris) pour l’ensemble des actionnaires, soit une hausse de 19%. Un prix qui reste cependant inférieur aux estimations des banques conseils de Creval. Le franchissement du seuil de 90% de titres apportés à l’offre va permettre à Crédit Agricole Italia de lancer un retrait de la cote de Creval pour faciliter l’intégration du réseau Creval dans Crédit Agricole Italia. Avec cette fusion, cette dernière table sur des synergies de 130 millions d’euros par an. Le retour sur investissement devrait être, selon la banque, de 10 % au bout de la troisième année.

Creval (banque italienne) : rachat par le Crédit Agricole ?

Creval (banque italienne) : rachat par le Crédit Agricole ?

Cette fois il semble bien que le crédit agricole réussira à racheter une banque italienne. L’affaire n’est pas encore réussie mais le principe semble acquis. Reste à se mettre d’accord sur le prix Crédit Agricole Italia, filiale à 75,6% de Crédit Agricole, propose Creval  10,50 euros par action, soit une prime de 21,4% par rapport au dernier cours officiel de Creval.

L’action Creval s’échangeait à 11,40 euros (+0,46%) à 15h35 GMT à la Bourse de Milan, ce qui pourrait donner à penser que le marché mise sur un relèvement de l’offre.

“Il y aura une résistance ferme de Creval jusqu’à ce qu’un meilleur prix soit trouvé”, a déclaré l’une des sources.

Elle a ajouté que le prix était trop bas au regard des incitations fiscales mises en place par le gouvernement pour encourager une fusion des banques.

Le conseil d’administration de Creval s’est réuni mercredi pour discuter de l’OPA de la filiale de la banque verte, considérée comme “inattendue et sans accord préalable”.

L’administrateur délégué de Crédit Agricole Italia, Giampiero Maioli, estime cependant que l’offre de la deuxième banque française est amicale.

Creval est entré dans le viseur de Crédit agricole après l’échec des discussions en vue d’un rapprochement avec Banco BPM, la troisième banque italienne, dont les actifs sont évalués à 187 milliards d’euros contre 24 milliards pour la banque lombarde.

Inquiétudes sur la dette italienne

Inquiétudes sur la dette italienne

 

Rumeurs et démentis à propos d’un projet visant l’annulation de 250 milliards de la dette italienne ; De toute manière, l’Italie aura nécessairement besoin du soutien de la BCE pour gérer son endettement. . La Bourse de Milan a donc reculé de 2,32% après la publication d’un document évoquant la volonté du Mouvement 5 Etoiles (M5S) et de la Ligue, les deux partis qui tentent de former un gouvernement, de demander l’effacement de 250 milliards d’euros de dette et de réclamer des procédures permettant aux Etats membres de sortir de l’union monétaire. L’information a ébranlé les marchés de la péninsule en dépit du démenti du porte-parole de la Ligue chargé des dossiers économiques qui a déclaré à Reuters qu’aucune proposition d’annulation de dette ne figurait dans le projet officiel de contrat de gouvernement. Sur le marché des emprunts d’Etat, le rendement des obligations (BTP) à dix ans est monté jusqu’à 2,11%, et l’écart de rendement avec le Bund allemand s’est élargi à plus de 149 points de base, soit le niveau atteint au lendemain des élections législatives du 4 mars qui avaient abouti à une absence de majorité au Parlement.

Renzi: la Bundesbank n’a pas à s’immiscer dans la politique italienne

Renzi: la Bundesbank n’a pas à s’immiscer dans la politique italienne

Renzi  a renvoyé la Bundesbank dans se baskets en considérant que les banquiers fussent-ils allemands n’avaient pas à diriger l’Europe. Une passe d’armes par médias interposés a lieu entre le président du Conseil italien, Matteo Renzi, et celui de la Bundesbank, Jens Weidmann. Selon le journal Sole 24 Ore, ce dernier aurait affirmé que Matteo Renzi nous dit ce que « nous devons faire, mais creuser la dette n’est pas un préalable à la croissance », en référence à la volonté du dirigeant transalpin d’obtenir des assouplissements sur le calcul du déficit public au niveau européen. Ce vendredi 4 juillet, le chef du gouvernement italien a répliqué. « La mission de la Bundesbank est de garantir le respect de ses objectifs statutaires et pas de participer au débat politique italien », a-t-il affirmé d’une conférence de presse marquant le début de la présidence italienne de l’Union européenne. « Je respecte le travail de la Bundesbank, et si elle a envie de parler avec nous, elle est la bienvenue, mais en partant du principe que l’Europe appartient à ses citoyens, et que ce n’est pas l’Europe des banquiers, ni allemands ni italiens », a-t-il ajouté.  Matteo Renzi a assuré qu’il n’y avait « pas de polémique avec les politiciens allemands », ajoutant que Berlin avait « confirmé qu’il n’y a aucune polémique entre [eux] et le gouvernement allemand sur la gestion de la flexibilité et la stabilité ». Ma conviction est « qu’il faut surtout partager et être d’accord sur les règles que nous nous sommes fixées, qui parlent de stabilité, mais aussi de croissance », a-t-il dit, parce que « sans croissance, on détruit un morceau de notre avenir ». « Il n’y a pas de stabilité sans croissance et pas de croissance sans stabilité », a-t-il insisté. Le Premier ministre a rappelé qu’il avait « gagné les élections en disant que [leur] problème n’est pas l’Allemagne mais de résoudre les problèmes de l’Italie », assurant de nouveau de sa volonté de réformer « en profondeur » son pays.

Privatisation de la Poste italienne ?

Privatisation de la Poste italienne ?

Le gouvernement italien a approuvé vendredi un décret ouvrant la voie à la mise en Bourse de jusqu’à 40% du capital de la Poste, une opération censée permettre de faire refluer l’endettement du pays. La cession d’une partie de Poste Italiane pourrait rapporter entre quatre et 4,8 milliards d’euros à l’Etat, a précisé le ministre de l’Economie Fabrizio Saccomanni. « J’espère que nous pourrons finaliser la cession avant l’été », a-t-il à des journalistes après une réunion du gouvernement, soulignant que la poste valait au total entre 10 et 12 milliards d’euros. S’exprimant jeudi à lors du Forum économique mondial de Davos, Fabrizio Saccomanni avait dit que Rome pourrait dégager entre huit et dix milliards d’euros de la cession de ses participations dans des entreprises publiques au cours des deux prochaines années. Des sources gouvernementales avaient dit au début de l’année que l’Etat italien entendait céder 40% du capital de Poste Italiane. L’endettement italien devrait représenter cette année 132,8% du produit intérieur brut (PIB) du pays – le ratio le plus élevé de la zone euro après la Grèce – restant ainsi inchangé par rapport de 2013. Le gouvernement s’est également engagé à céder 49% de l’opérateur du contrôle aérien Enav, opération qui devrait rapporter un milliard d’euros au Trésor, selon Fabrizio Saccomanni.

Espagne : contrairement à Hollande, on craint la contagion italienne

Espagne : contrairement à Hollande, on craint la contagion italienne

 

Hollande est rassurée, «  la crise est derrière nous, pas l’Espagne qui craint la remontée des taux (en train de s’amorcer). Du coup Le gouvernement espagnol étudie à nouveau  la possibilité d’une aide internationale, a déclaré lundi le ministre de l’Economie, Luis de Guindos, ajoutant que Madrid risquait de souffrir de l’impact des incertitudes politiques en Italie. Cette contagion était déjà à l’oeuvre lundi puisque l’écart de rendement entre les obligations d’Etat espagnoles et allemandes à dix ans remontait de 20 points de base, à 436 points à la mi-journée. Elle reste toutefois loin du record de plus de 650 points inscrit en juillet. Le rendement des emprunts espagnols à dix ans s’affichait à 5,63% vers 13h00 GMT, contre 5,49% vendredi, tandis que la Bourse de Madrid cédait 1,46%. « Chaque fois qu’il y a des doutes (…) par exemple dans le cas de l’Italie aujourd’hui, quand il y a des incertitudes sur la stabilité politique d’un pays voisin comme l’Italie, cela nous affecte immédiatement », a dit Luis de Guindos dans un entretien à une radio publique espagnole. La décision de Mario Monti, le président du conseil italien, de présenter la démission de son gouvernement sitôt le budget 2013 adopté au parlement provoque un regain de tensions sur le marché de la dette italienne et à la Bourse de Milan. Les analystes jugent toutefois faible le risque à court terme encouru par l’Espagne en raison de l’instabilité italienne. « Le risque est très limité à cause du programme d’achats d’obligations (annoncé par) la BCE. On ne va pas assister à une envolée des taux d’intérêt comparable à celle qu’on a connue avant l’été mais il y aura à l’évidence des tensions qui se traduiront peut-être par une demande plus faible lors des prochaines adjudications obligataires », explique Jose Luis Martinez, économiste de Citigroup.




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