SNCF : un lente agonie irréversible
Dans un livre* écrit il y a maintenant une vingtaine d’années nous écrivions sans changement fondamental « on pourrait se retrouver avec une entreprise recentrée essentiellement sur des dessertes voyageur d’intérêt national, c’est à dire un réseau noyau, mono activité, avec un effectif lui aussi très réduit ». Avec la disparation d’un trafic marchandise qui ne cesse de régresser, avec la suppression de dessertes locales voyageurs qui seront transférées à autres opérateurs, avec la disparition des trains intercités. L’enjeu est triple, financier, commercial et social. 45 milliards d’endettement, un poids impossible à supporter que la réforme de la SNCF a complètement occultée ( différence avec l’Allemagne qui a apuré complètement la dette avec la reforme de sa compagnie ferroviaire). Un trafic marchandise qui perd depuis des dizaines d’années des parts de marché et du trafic, qui réduit son offre et perd à nouveau des clients. Un transport voyageurs concurrencé par la voiture, le covoiturage, maintenant par les autocars sur autoroutes. Des trains intercités obsolètes, couteux et peu fréquentés. Enfin sur le plan social aucune réforme d’ampleur par peur de la contamination de la culture de grève sur l’ensemble du corps social Français. Du coup les dettes se sont ajoutées aux dettes. Les investissements n’ont pas été financés ( si mais seulement par l’emprunt) et les pertes d’exploitation ont plombé aussi les résultats. Avant 20 ans la SNCF finira avec seulement des TGV et 20 à 30 000cheminots. Le récent rapport d’un cabinet d’audit de ce point de vue qui prévoit la suppression de 13000 cheminots d’ici 2020 n’est pas à la hauteur des enjeux. Prévoir simplement la stabilisation de la dette à moyen terme relève de la fumisterie. C’est prolonger l’agonie irrésistible de la SNCF et au-delà du rail. Il faudrait évidemment que l’Etat prenne ses responsabilités et notamment développe une politique des transport qui prenne en compte intérêts économiques, sociaux au sens large et environnementaux. Or il n’y a plus de politique des transports autre que celle de Bruxelles qui se limite à la libéralisation sauvage sans harmonisation des condition de concurrence et sans prise en charge des enjeux environnementaux ( voir les effets sur la pollution récente). Mais la SNCF doit de son coté engager les réformes structurelles qui s’imposent. Alors que la plupart des entreprises ont externalisé leur service d’entretien ( y compris chez les routiers) la SNCF conserve des services d’entretien de la voie et du matériel. La SNCF doit évidemment se recentrer sur son cœur de métier : exploitation et traction des trains. Et vite car elle sera bientôt très concurrencée faute de compétitivité . La récente réforme SNCF de ce point de vue relève de l’enfumage . C’est le statu quo pour éviter le conflit social, la remise à plat de la politique des transport les réformes structurelles commerciales, financières et technique. Le nouveau rapport remis mardi au Comité central d’entreprise (CCE) de la SNCF prédit un « probable nouveau repli significatif » des effectifs du groupe public, de l’ordre de 11.000 à 13.000 postes dans les cinq prochaines années. Cette projection réalisée par le cabinet Secafi est encore plus sombre que celle présentée au même CCE fin février par le cabinet Degest, qui prévoyait près de 9.000 emplois nets d’ici à 2020. . Conséquence de la réforme ferroviaire votée l’été dernier, le groupe public a changé de périmètre et d’organisation au 1er janvier et réunit maintenant les 149.000 salariés de la SNCF et 1.500 employés de Réseau ferré de France (RFF). L’objectif de « stabiliser la dette à un horizon de moyen terme » crée une « pression préjudiciable » à l’ »assise industrielle » du groupe et à sa capacité à organiser les mobilités nécessaires, affirme le cabinet. Sur la base d’un scénario de dette à 56,7 milliards d’euros en 2020 contre 45 en 2014, le cabinet chiffre à 4,8 milliards d’euros l’effort de productivité interne: 2,5 milliards d’économies espérées de sa fusion avec RFF et 2,3 milliards des divers plans de réduction des coûts engagés. Au vu des objectifs de productivité et du contexte (libéralisation du marché des autocars, ouverture à la concurrence, restriction des investissements subventionnés), Secafi prévoit la disparition d’ici à 2020 de 11.000 à 13.000 postes au sein du groupe (hors filiales et RFF). Soit un rythme accéléré par rapport aux cinq dernières années (-4.500 suppressions de 2010 à 2015), très proche de la période 2005-2010 (-14.200).