Archive pour le Tag 'investissement'

Recherche- investissement : l’Europe prend du retard sur les États-Unis

Recherche- investissement : l’Europe prend du retard sur les États-Unis

 

Au début des années 2000, le PIB par habitant en zone euro était de 33.500 euros contre 43.700 euros aux Etats-Unis. Vingt ans plus tard, le revenu par habitant sur le Vieux continent atteint à peine 39.600 euros contre 54.800 euros de l’autre côté de l’Atlantique. En cause,  des retards en recherche en investissement et par conséquent en productivité.

La crise financière de 2008, la crise des dettes souveraines de 2012, la pandémie et le choc énergétique ont laissé de profondes traces sur le tissu productif en zone euro. Aux Etats-Unis, ces différentes crises ont également laissé des stigmates sur l’économie. Mais les politiques budgétaires et monétaires menées outre-Atlantique ont permis aux différents moteurs de l’économie de repartir plus vite.

Les moindres gains de productivité en zone euro pourraient contribuer amplement à creuser l’écart avec les Etats-Unis, selon une note très détaillée de l’OFCE dévoilée ce 16 mai. De l’autre côté de l’Atlantique, la croissance de la productivité a augmenté de 1,5% par an contre 0,8% seulement en zone euro entre 2000 et 2019.

La guerre en Ukraine a ravivé l’alliance transatlantique. Mais la relation entre les États-Unis et leurs alliés européens est de plus en plus déséquilibrée. L’économie américaine est aujourd’hui considérablement plus riche et plus dynamique que celle de l’Union européenne (UE) ou de la Grande-Bretagne, et l’écart ne cesse de se creuser. Le retard européen va bien au-delà de la simple comparaison des niveaux de vie. La dépendance de l’Europe à l’égard des États-Unis en matière de technologie, d’énergie, de capitaux et de protection militaire ne cesse de saper les aspirations de l’UE à atteindre “l’autonomie stratégique”.

En 2008, les économies de l’UE et des États-Unis se valaient à peu près. Mais depuis la crise financière mondiale, leurs trajectoires économiques ont radicalement divergé. Comme le soulignent Jeremy Shapiro et Jana Puglierin, du Conseil européen des relations internationales, “en 2008, l’économie de l’UE était légèrement plus importante que celle des États-Unis : 16 200 milliards de dollars contre 14 700 milliards. En 2022, l’économie américaine a atteint 25 000 milliards de dollars, tandis que l’UE et le Royaume-Uni n’ont atteint ensemble que 19 800 milliards de dollars. L’économie américaine est aujourd’hui supérieure d’un tiers à celle de l’Europe, voire de plus de 50 % si l’on retire des calculs le Royaume-Uni”.

“L’économie américaine est supérieure d’un tiers à celle de l’Europe, voire de 50 % si l’on retire des calculs le Royaume-Uni”

Ces chiffres globaux sont choquants. Ils renvoient l’image d’une Europe qui a pris du retard dans de nombreux secteurs. Le paysage technologique européen est dominé par des entreprises américaines telles qu’Amazon, Microsoft [...]

 

 

Choose France et investissement : Macon va encore annoncer une pluie de milliards

Choose France et investissement : Macon va encore annoncer une pluie de milliards

Alors que la compétitivité de la France ne cesse de s’affaiblir en raison notamment de l’écroulement de l’industrie nationale Macon va annoncer une trentaine de projets pour une quinzaine de milliards d’investissements qui devraient créer 8000 emplois. De quoi faire oublier que la France accuse régulièrement un déficit de la balance commerciale de 10 milliards en moyenne par an ( avec un record de 160 milliards en 2022) alors que l’Allemagne, elle, affiche un gain annuel de l’ordre de 200 milliards. Conclusion la politique industrielle est en pleine déconfiture.

Sur tous les projets Choose France, nous ne précisons pas l’ampleur des soutiens publics [...] Les montants varient en fonction de la taille du projet et de la nature des entreprises », explique-t-on. Par ailleurs on indique pas d’où provient l’argent alors que le budget accuse déjà un déficit de 6 % du PIB et que la dette flambe. Il s’agit surtout d’une opération de communication.

Pourtant, le commissaire au Plan François Bayrou, présent lors de la réception organisée à l’Elysée, a commenté une note particulièrement alarmante sur l’état de la balance commerciale française, la veille lors d’un point presse. « La situation du commerce extérieur français, à la fois symptôme et moteur de la désindustrialisation, continue de se dégrader », ont expliqué les auteurs de la note.

En outre, les chiffres de la statistique publique décrivent une réalité moins favorable. La part de l’industrie dans le produit intérieur brut tricolore n’a cessé de dégringoler passant de 27,7% en 1949 à 13,1% à la fin de l’année 2021, selon l’Insee. Et sous le premier quinquennat Macron, l’industrie a encore perdu du terrain dans le total de la richesse produite par l’économie tricolore (-1 point de PIB entre fin 2016 et fin 2021).

Sur le front de l’emploi, le solde entre les destructions et les créations de postes est largement positif en 2021 à 37.000 mais il est encore loin d’avoir retrouvé son niveau d’avant crise sanitaire. En 2020, plus de 50.000 postes ont été détruits lors du pic de la pandémie. Autrement dit, l’économie française crée d’abord de l’emploi dans les services. Surtout, les récentes créations sont très loin de compenser les 2 millions de postes industriels disparus depuis 40 ans en France.

Projet investissement 2030 : un financement douteux

Projet investissement 2030 : un financement douteux

 

Lors de la présentation très médiatique du projet investissement 2030  (PIA), le gouvernement a évité oublier de parler de la question de financement. Interrogé sur le sujet on indiquait seulement à Bercy que cela se ferait par le biais des économies.

Le projet de loi de finances vient de donner quelques indications en précisant seulement les conditions de dépenses. Ainsi dans le projet de loi de finances de 2022 , 3,5 milliards d’euros de crédits de paiement seront inscrits dans les documents budgétaires pour l’année prochaine.

Encore une fois il s’agit de précisions relatives aux dépenses. Rien sur le plan des recettes supplémentaires qui seraient nécessaires au financement du plan.

. Lors de la présentation du PLF 2022 à Bercy devant la presse, le Haut conseil des finances publiques (HCFP) avait pointé un budget « incomplet » suscitant de vives réactions chez le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire. En plein marathon budgétaire, le gouvernement a voulu clarifier sa feuille de route budgétaire.

« France 2030 vise à rattraper notre retard dans certains secteurs historiques et à donner un temps d’avance à la France en créant de nouvelles filières industrielles et technologiques pour accompagner les transitions écologiques et numériques », a déclaré le locataire de Bercy. La vérité c’est que ces 3,5 milliards viendront sans doute s’ajouter à la quarantaine de milliards d’impasses budgétaires de 2022.

 

Nous estimons que le déficit public de la France en 2022 sera d’environ 40 milliards d’euros de plus que prévu par le gouvernement dans son premier projet, à 6,3% du PIB, versus l’objectif officiel des 4,8% », observe ainsi le cabinet privé Oxford Economics dans une étude publiée le jour du vote du budget à l’Assemblée .

Samsung : un investissement massif 175 milliards d’euros en trois ans

Samsung : un investissement massif 175 milliards d’euros en trois ans

 

Samsung dévoile  son plan d’investissement 2021-2023 d’un tiers, à 205 milliards de dollars -175 milliards d’euros. L’objectif : rester dans la course dans cette industrie stratégique tout investissant massivement dans les technologies, des biotech à la robotique en passant par l’intelligence artificielle, pour tenir la dragée haute aux géants du Net américains et chinois.

Traduction : Samsung veut conforter sa position dans le secteur hautement stratégique des semi-conducteurs, déjà la spécialité de son vaisseau amiral Samsung Electronics, et se positionner sur des marchés stratégiques déjà attaqués par les géants du Net américains et chinois, notamment l’intelligence artificielle et la robotique.

Un capital investissement insuffisant en France

Un capital investissement insuffisant en France

Christian Saint-Étienne, économiste regrette l’insuffisance du capital investissement en France dans une tribune à l’Opinion( extrait)

 

L’accélération de la croissance française s’impose si l’on veut éviter d’être enseveli sous les déficits. Le déficit public français était, en moyenne annuelle, de 2,8 % du PIB sur la période 2017-2019 et devrait être de 8 points de PIB sur la période 2020-2022. L’impact de la crise se mesure pour la France par une perte de fonds propres de l’ordre de 110 milliards d’euros pour les entreprises et une augmentation de l’endettement public de 450 milliards d’euros sur cette période.

La France est le seul grand pays de la zone euro qui devrait avoir un déficit extérieur avec une balance courante annuellement déficitaire de 1,6 point de PIB sur la période 2020-2022. L’Allemagne a un excédent annuel de plus de 7 points de PIB, l’Italie un excédent annuel de 3 points de PIB et l’Espagne a un léger excédent.

La question centrale pour l’économie française en 2021-2022 concerne la restructuration de 1/7e de l’économie, d’une part, et la création de nouvelles filières de croissance et d’exportation afin d’éliminer le déficit extérieur et de créer des emplois dans la nouvelle économie au cours des cinq prochaines années, d’autre part

Ces différents éléments montrent que la France a une insuffisance d’offre en lien avec sa désindustrialisation massive sur les vingt dernières années.

La question centrale pour l’économie française en 2021-2022 concerne la restructuration de 1/7e de l’économie, d’une part, et la création de nouvelles filières de croissance et d’exportation afin d’éliminer le déficit extérieur et de créer des emplois dans la nouvelle économie au cours des cinq prochaines années, d’autre part.

La progression récente des investissements des fonds de capital-investissement français au bénéfice de la tech (biotechs et numérique) est significative, mais les montants en jeu sont très faibles si l’on veut favoriser une régénération du secteur productif français. En pourcentage du PIB, la France a investi trois fois moins qu’aux Etats-Unis dans la tech en 2020 (23 fois moins en dollars investis). Pour réindustrialiser le pays, le montant investi en capital-investissement en France par les capitaux-investisseurs (et institutionnels français) devrait passer de 12,5 milliards d’euros en 2020 – tous secteurs confondus mais pour les seules entreprises françaises – à 35 milliards d’euros par an, dont au minimum 15 milliards d’euros dans la tech (contre 6 milliards en 2020).

C’est loin d’être inatteignable (encours d’assurance-vie fin mars 2021 : 1 812 milliards d’euros, en progression de 4 % sur un an ; encours livret A et LDDS à fin avril 2021 : 467 milliards d’euros ; surplus d’épargne des ménages français en lien avec la crise : 140 milliards d’euros), mais cela suppose une stratégie déterminée de numérisation, robotisation et européanisation de l’économie française et de développement massif de la Tech française sur la période 2022-2026.

 

La France dépense chaque année 800 milliards d’euros dans sa protection sociale, moins de 40 milliards d’euros dans sa défense et 12 milliards d’euros dans le capital-investissement

Pour mobiliser l’épargne des Français vers l’investissement en fonds propres, on peut proposer la création d’un nouveau PEA, en plus des PEA et PEA-PME actuels. Il serait fléché sur les investissements en fonds propres des entreprises de moins de 5 000 salariés (au moment de l’investissement), comme le PEA-PME, mais il aurait un plafond propre de 225 000 euros en sus du plafond actuel de 225 000 euros pour la somme du PEA et PEA-PME, sous réserve d’investir dans des entreprises de la tech (notamment biotechs, fintechs, agri-techs, cleantechs, etc.) ayant leur siège dans l’Union européenne, avec une orientation française, et de garder les fonds dans ce PEA-Fonds propres plus de huit ans.

Les fonds seraient investis directement par le détenteur ou par l’intermédiaire de fonds de capital-investissement. Les revenus et plus-values seraient défiscalisés en contrepartie d’une garantie en capital de 80 % du montant initial investi dans les fonds de capital-investissement. En cas de décès du détenteur, le PEA-Fonds propres serait transmis sans fiscalité avec une nouvelle obligation de détention de huit ans.

La France dépense chaque année 800 milliards d’euros dans sa protection sociale, moins de 40 milliards d’euros dans sa défense et 12 milliards d’euros dans le capital-investissement alors que son offre productive est insuffisante et ses finances publiques à la dérive. D’autres arbitrages s’imposent.

Christian Saint-Etienne est professeur au Conservatoire national des arts et métiers et auteur de « Le Libéralisme stratège » (Editions Odile Jacob, septembre 2020).

Investissement durable : du vert foncé au vert très pâle

Investissement durable : du vert foncé au vert très pâle

 

Un article de Justin Scheck, Eliot Brown et Ben Foldy dans le Wall Street Journal qui met en évidence que derrière l’enflure des mots l’investissement durable est diversement coloré dans le monde en passant du vert foncé au vert très pâle. (Extrait)

L’investissement vert a connu un tel essor qu’aujourd’hui, un déluge d’argent s’abat sur un nombre relativement limité d’entreprises capables de produire énergies renouvelables et autres voitures électriques.

Certains gérants de fonds ont donc opté pour une définition ultra-extensible de l’adjectif « vert ». Spécialiste chinois de l’incinération, transformateur de déchets animaux récemment poursuivi à cause de ses émissions polluantes ou constructeur de poids lourds autonomes : dans les faits, des milliards de dollars destinés à l’investissement durable bénéficient aujourd’hui à des entreprises à la crédibilité écologique douteuse qui, parfois, sont extrêmement risquées.

Depuis début 2019, les fonds communs en actions et les fonds indiciels cotés (ETF) axés sur les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) ont enregistré une collecte nette de 473 milliards de dollars auprès des investisseurs, contre 103 milliards de dollars pour les autres fonds en actions

Pour faire entrer un maximum d’entreprises en portefeuille, certains misent sur les fournisseurs de l’économie verte même s’ils sont nocifs pour l’environnement. L’an passé, une société d’investissement revendiquant un « engagement fort en faveur de la durabilité » a ainsi fusionné avec l’opérateur d’une mine de terres rares à ciel ouvert en Californie pour 1,5 milliard de dollars. Même si le site a connu de nombreux problèmes environnementaux et doit enfouir certains déchets radioactifs, sa maison-mère affirme qu’il est vert parce que les terres rares sont indispensables aux voitures électriques et qu’il est moins dangereux que ses concurrents installés dans des pays où la réglementation est plus laxiste.

Ces petits arrangements avec la sémantique concernent aussi les Spac, des véhicules d’investissement qui ont la cote à Wall Street en ce moment. Une petite cinquantaine de ces « special-purpose acquisition companies » autoproclamées vertes ont levé près de 15 milliards de dollars, selon des données SPAC Track.

En Bourse, les Spac lèvent des fonds auprès d’investisseurs qui leur laissent une grande liberté de choix pour l’entreprise non cotée qu’elles vont acheter. Généralement, elles promettent d’investir dans les deux ans qui suivent leur cotation, mais parce que les cibles manquent cruellement, elles ne peuvent pas se permettre de faire la fine bouche. Parfois, la même société non cotée reçoit plusieurs offres d’achat, un phénomène baptisé « Spac-off » en anglais.

Sustainable Opportunities Acquisition (Soac), la Spac qui doit fusionner avec TMC, est entrée à la Bourse de New York en 2020 et a rencontré plus de 90 entreprises avant de jeter son dévolu sur le spécialiste des fonds marins. « C’est un genre de speed dating », plaisante Gina Stryker, la directrice juridique de Soac.

L’argent afflue aussi des fonds communs de placement et des autres véhicules d’investissement. Depuis début 2019, les fonds communs en actions et les fonds indiciels cotés (ETF) axés sur les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) ont enregistré une collecte nette de 473 milliards de dollars auprès des investisseurs, contre 103 milliards de dollars pour les autres fonds en actions, selon des données du spécialiste de la recherche en investissement Morningstar compilées par Goldman Sachs.

Le problème, c’est qu’il n’y a pas « tout bonnement pas assez » d’entreprises vertes pour répondre à la demande, déplore Laura Nishikawa, directrice générale de MSCI, un promoteur d’indices, dont des ESG, que les gérants suivent pour savoir comment positionner leurs investissements verts.

De toutes les entreprises en quête d’argent vert, les spécialistes de l’exploration en minière en eaux profondes sont celles pour qui les choses sont les plus compliquées.

Biologistes et océanographes, et même le célèbre écologiste britannique David Attenborough, militent pour un moratoire sur les projets miniers en haute mer. Dans un rapport, la Banque mondiale a prévenu du risque de « dégâts irréversibles sur l’environnement » et des « dangers pour les êtres humains » que constituait cette activité, appelant à la prudence.

Ce vendredi, plus de 300 scientifiques spécialistes des fonds marins ont publié un communiqué demandant la suspension des activités minières jusqu’en 2030. Fin mars, Google, le fabricant de batteries Samsung SDI, BMW et le constructeur de poids lourds Volvo ont annoncé qu’ils n’achèteraient pas de métaux extraits des fonds marins.

Pour Gerard Barron, ils font fausse route : certaines sociétés minières exploitent des forêts vierges et font parfois travailler des enfants. Puiser dans la mer est donc une meilleure solution.

L’essentiel des réserves connues de métaux se trouvent dans les eaux internationales, dans lesquelles l’activité minière est régie par l’Autorité internationale des fonds marins, une émanation de l’ONU. En près de trente ans d’existence, cette organisation qui regroupe 168 pays membres n’a jamais donné de permis d’exploration minière ni établi de règles sur le sujet, un obstacle que TMC essaie de surmonter depuis deux décennies.

Entrepreneur chevronné né dans la campagne australienne, Gerard Barron a importé des batteries chinoises, géré un magazine et créé une société informatique, avant de découvrir les métaux marins en 2001, par l’entremise de David Heydon, avec lequel il jouait au tennis. C’est dans la start-up de ce dernier, Nautilus Minerals, qu’il a décidé d’investir.

Des Tonga à Vanuatu en passant par Nauru, en Océanie, Nautilus a tenté d’accéder aux fonds marins des eaux internationales, mais les choses ont traîné.

Les eaux territoriales de Papouasie-Nouvelle-Guinée, où les monts hydrothermaux ont créé au fil des millénaires d’immenses structures minérales, semblaient être une alternative idéale (et hors de portée des régulateurs internationaux). Les autorités locales ont investi 120 millions de dollars dans Nautilus et la start-up a commencé de sonder les fonds pour tester la viabilité de ses ambitions minières.

En 2005, Gerard Barron est monté au capital puis, quelques mois plus tard, la société est entrée en Bourse en utilisant une procédure de fusion inversée proche du fonctionnement des Spac. Gerard Barron a cédé des actions en 2007 puis en 2008, empochant (affirme-t-il) environ 30 millions de dollars au passage. David Heydon a lui aussi quitté le navire à la même époque.

En Papouasie, les choses avaient déjà commencé de se dégrader. Des villageois affirmaient que les travaux de Nautilus faisaient fuir les requins qu’ils consommaient lors des cérémonies rituelles. Les pouvoirs publics et les groupes écologistes ont demandé une suspension des opérations. « Il est très clairement apparu que les dégâts étaient très, très supérieurs aux avantages », résume Jonathan Mesulam, activiste et habitant d’un village voisin.

Nautilus a contesté les faits mais, à court d’argent, elle n’a jamais pu lancer la production. Son navire a été récupéré par ses créanciers et la société a déposé le bilan, selon des documents officiels. La Papouasie-Nouvelle-Guinée a perdu son investissement et deux investisseurs, un Qatari et un Russe, ont repris les actifs de Nautilus.

De leur côté, envisageant de reprendre les actifs de Nautilus dans les eaux internationales, où les nodules métalliques peuvent être ramassés « comme des balles de golf » dans une zone qui ressemble « à un désert », Gerard Barron et David Heydon avaient déjà lancé DeepGreen, depuis rebaptisé The Metals Company. A plus de trois kilomètres de profondeur, des travaux antérieurs et les efforts de TMC ont permis de repérer des nodules en quantité suffisante pour extraire de gros de volumes de métaux utilisés pour les batteries des voitures électriques.

Pour les océanographes, la zone, située à mi-chemin entre le Mexique et Hawaï, n’a rien d’un désert : il s’agit d’un écosystème encore méconnu où de nouvelles espèces sont régulièrement découvertes. Parmi les trouvailles récentes figurent un concombre de mer jaune vif dont la queue rappelle celle d’un écureuil et un « calamar qui marche » et arpente les fonds marins sur de frêles tentacules.

Les nodules que TMC veut extraire sont situés dans des zones peuplées uniquement d’animaux, affirment les scientifiques. Une récente étude publiée dans le Scientific Reports a révélé que, 26 ans après l’envoi un robot dans un habitat similaire dans le cadre d’un projet-pilote, les fonds marins et leurs occupants ne s’étaient pas rétablis.

Espérant apaiser une partie des craintes (et assurer les recherches nécessaires à l’obtention des permis), TMC a versé 2,9 millions de dollars aux chercheurs pour qu’ils étudient la faune et la flore de la zone que la société envisage d’exploiter. Beaucoup de scientifiques ont accepté : il est rarissime de pouvoir étudier l’un des environnements les plus reculés au monde et de recenser des espèces qui pourraient disparaître.

Parmi eux figure Jeff Drazen, professeur de biologie à l’université d’Hawaï qui fait autorité dans la région. Mais après avoir publiquement critiqué les projets miniers de TMC, il a reçu un appel d’un salarié de TMC qui lui a expliqué qu’il risquait de perdre sa bourse s’il continuait, ont rapporté des sources proches du dossier. Jeff Drazen n’a pas souhaité faire de commentaire. De son côté, le porte-parole de TMC a affirmé que les scientifiques avaient le droit de donner leur avis.

C’est en 2017, plus ou moins au moment où sa tentative d’introduction à la Bourse de Toronto a échoué, que TMC a décidé de se présenter comme une société verte.

Gerard Barron en est devenu directeur général et a recruté Erika Ilves, qui travaillait dans l’exploitation des ressources minières spatiales, pour l’aider à gérer la stratégie. Ils élèvent leurs filles ensemble.

Gerard Barron s’est laissé pousser les cheveux et la barbe et arbore toute une collection de bracelets en cuir. Dans la poche de sa veste, il a toujours un morceau de métal de la Lune et, quand le fragment fait sonner les portiques des aéroports, il propose aux agents de sécurité d’investir.

« Je le fais pour la planète et pour les enfants de la planète », disait-il dans un podcast financé par TMC. Il a aussi recruté une agence de communication qui le présente comme une version australienne d’Elon Musk.

Si c’est Gerard Barron qui est désormais le visage de TMC, l’obtention des droits miniers (dans les eaux internationales cette fois-ci) revient au cofondateur David Heydon et à son fils Robert, désormais lui aussi dirigeant de l’entreprise. L’Autorité internationale des fonds marins autorise ses membres à soutenir des projets dans les eaux internationales, avec un traitement de faveur pour les pays en développement. Les Heydon père et fils ont choisi d’établir la société qui demande le permis d’exploration à Nauru, entre autres pour aider la petite île océanienne et ses 10 000 habitants.

« J’ai toujours été très attaché à la justice », affirme Robert Heydon.

La société a d’abord appartenu à Nautilus, puis à un groupe d’investisseurs parmi lesquels figuraient les Heydon, puis à deux fondations publiques de Nauru, créées pour aider les habitants de ce petit Etat de 21 km². En 2012, ses administrateurs l’ont donnée à TMC.

Robert Haydon n’a pas souhaité détailler les conditions de l’opération, qualifiée de « transaction d’ordre privé ». Il explique que le seul argent versé par TMC à Nauru est destiné aux habitants, notamment au paiement des frais de scolarité de deux jeunes, dont la nièce du fonctionnaire qui était chargé de l’exploitation des fonds marins au moment du transfert de propriété, l’ancien ministre du Commerce Mike Aroi.

Toujours membre du gouvernement, Mike Aroi ne pense pas que la bourse de sa nièce soit due à son lien de parenté. Pour lui, cela s’explique par le fait qu’une petite dizaine d’étudiants seulement pouvaient prétendre à des études supérieures. Il ajoute qu’il n’a pas été impliqué dans le transfert de propriété à TMC et que personne, au sein du gouvernement, n’a vu de problème à ce que l’entreprise finance les études de sa nièce. La porte-parole du gouvernement n’a pas répondu aux demandes de commentaire.

TMC a négocié avec « plusieurs » Spac avant d’être approchée par Soac. Gerard Barron raconte qu’il a apprécié la volonté de durabilité de Soac, que son fondateur Scott Leonard a baptisée « première Spac ESG » (même si d’autres l’ont précédée sur ce terrain), et signé un contrat aux termes duquel il ne négocie plus avec personne tant que Soac et TMC discutent de leur mariage.

Gina Stryker raconte qu’au départ, elle n’était pas certaine que TMC soit un bon candidat. Mais après avoir étudié le business plan et les conséquences environnementales de l’exploitation minière sur terre et en mer, elle a changé d’avis. Les partenaires se sont rapidement mis en quête d’autres investisseurs avec une présentation qualifiant les nodules de « batterie pour véhicule électrique cachée dans une pierre ».

L’opération a rapporté 570 millions de dollars de trésorerie à TMC, désormais valorisée à 2,9 milliards de dollars, soit plus que n’importe quelle autre société minière cotée aux Etats-Unis qui ne génère pas un centime de chiffre d’affaires, indique Jay Ritter, professeur à l’université de Floride. Selon les projections de TMC, la société a besoin de plus de 3 milliards de dollars supplémentaires pour être rentable.

Dans un document déposé mercredi auprès des autorités, TMC a ajouté un nouveau facteur de risque relatif à l’impact environnemental de ses techniques d’exploration minière sur les fonds marins, impact qui « pourrait potentiellement être plus important qu’actuellement estimé » et faire l’objet de travaux complémentaires.

La participation de Gerard Barron vaut aujourd’hui autour de 175 millions de dollars.

(Traduit à partir de la version originale en anglais par Marion Issard)

Investissement :Après le SPAC, la démocratisation avec le SPARC ?

Investissement :Après le SPAC, la démocratisation avec le SPARC

Par Virna Rizzo, avocat, Jordan Le Gallo, avocat, cabinet Cohen Amir-Aslani dans la Tribune

Tribune

 

 

Un accord qui en cache d’autres. Le 20 juin courant, Vivendi et Pershing Square Tontine Holdings (PSTH), le SPAC créé en juillet 2020 par Bill Ackman, ont annoncé avoir signé un accord, dont les termes ont été dévoilés le 23 juin, tendant à la cession par Vivendi de 10% du capital social de la maison de disques Universal Music Group (UMG) en faveur de PSTH, sur une valorisation de la société de 40 milliards de dollars.

Cet accord intervient peu de temps après l’annonce par Bill Ackman, le milliardaire CEO du fonds Pershing Square Capital Management, de la création d’un « SPARC », Special purpose acquisition rights company.

Avec ce nouveau véhicule, Bill Ackman remanie les cartes de l’investissement qui tend vers une plus grande démocratisation du processus d’introduction en bourse en palliant les deux contraintes principales liées au SPAC : (i) une levée de fonds ab initio qui reste séquestrée dans le véhicule coté en bourse le temps de procéder au De-SPAC-ing (première acquisition), et (ii) le coût afférent aux commissions de souscription.

Retour sur une structuration complexe

Dès la rédaction du prospectus lors de l’introduction en bourse de son SPAC, Bill Ackman avait anticipé la création de ce nouveau véhicule d’investissement, le SPARC. Or, on peut supposer que (i) l’opportunité liée à UMG et (ii) les conditions de marché tendant à la diminution du cours de bourse de PSTH ont accéléré le processus de création dudit SPARC.

PSTH entend acquérir 10% du capital social d’UMG au plus tard le 15 septembre 2021. Toutefois, cette acquisition est soumise à l’accord des actionnaires de PSTH qui, conformément aux règles du SPAC, ont un droit de retrait qui pourrait entrainer la chute du SPAC. Dès lors, afin de fédérer ses actionnaires, Bill Ackman a prévu plusieurs mécanismes :

-Premièrement, une distribution : le 22 juin courant, Vivendi a sollicité ses actionnaires afin de proposer « la distribution de 60 % d’Universal Music Group aux actionnaires de Vivendi et la cotation de la société sur le marché d’Euronext Amsterdam dans les dix derniers jours de septembre »[1]. Une fois la cotation d’UMG accomplie et PSTH n’ayant pas pour vocation d’être actionnaire minoritaire d’une société cotée, cette dernière va proposer de distribuer les actions d’UMG à ses actionnaires dès lors qu’elle aura obtenu l’accord de la Securities and Exchange Commission, pour un montant d’environ 14,75 dollars par action ;

Deuxièmement, un maintien de leur qualité d’actionnaire dans PSTH : A l’issue de cette distribution, les actionnaires de PSTH vont rester propriétaires des titres qu’ils détiennent dans le SPAC moyennant une valeur nominale unitaire plus faible, à savoir environ 5,25 dollars. Grâce aux disponibilités restantes d’environ 1,5 milliard de dollars combiné à un droit pour Pershing Square (le fondateur) de souscrire pour 1,4 milliard de dollars d’actions de Classe A de PSTH, ce dernier (PSTH Remainco) va, on l’imagine, pouvoir poursuivre son activité de SPAC, à savoir trouver et acquérir une société cible d’ici mi-2022, conformément à la règlementation qui l’oblige. « On l’imagine », car il existe un risque résiduel mais présent que le NYSE retire à PSTH son statut de SPAC. En effet, le principe du SPAC tel que développé par PSTH dans son prospectus voulait qu’elle acquière une société et qu’elle fusionne avec afin de faciliter l’introduction en bourse de la cible. Or, ce n’est pas ce qui se passe avec UMG ; le SPAC n’acquière que 10% du capital social et des droits de vote de cette dernière. Dès lors, le NYSE va-t-il laisser passer ou va-t-il retirer à PSTH son statut ? En cas de perte de statut du SPAC, deux scénarios seraient envisageables : soit le délai de 2 ans accordé aux fondateurs pour réaliser le De-SPAC-ing est écourté et ramené au 15 septembre 2021, jour théorique de l’acquisition des titres d’UMG ce qui obligerait le SPAC à rembourser l’ensemble de ses investisseurs, l’empêchant ainsi de conclure le deal, soit ce délai de protection des investisseurs est supprimé et ces derniers se retrouvent considérés alors comme simples actionnaires d’une société cotée avec la possibilité de revendre leurs titres sur le marché dès cette date.

Troisièmement, la souscription de BSA : Finalisant sa mission de rassurer ses investisseurs, la signature de l’accord avec Vivendi va initier l’émission par Pershing Square SPARC Holdings, nouvelle société de Bill Ackman, de bons de souscription d’actions (BSA) aux actionnaires de PSTH pour un montant de 20 dollars par action. Ces BSA pourront être exercés lorsque le SPARC aura conclu un accord définitif avec les sociétés dans lesquelles il va décider d’investir. Les investisseurs auront donc le choix d’activer ou non leur(s) bon(s) de souscription et d’acquérir des titres de Pershing Square SPARC Holdings. La souscription à l’ensemble des BSA entrainerait, pour le SPARC, une puissance d’investissement d’environ 10,6 milliards de dollars tout en n’étant pas limité à la durée de 2 ans afférente aux SPACs.

Ainsi, les investisseurs du SPAC sont rassurés et vont sûrement poursuivre leur aventure aux côtés de Bill Ackman.

Vers une plus grande démocratisation de l’investissement grâce au SPARC ?

Pour rappel, le SPAC est un pari sur l’avenir. Les investisseurs donnent (presque) un chèque en blanc aux fondateurs qui ont deux ans pour procéder au De-SPAC-ing (première acquisition). Evidemment, en cas de désaccord sur la première acquisition ou en l’absence de société cible identifiée dans le délai sus-évoqué, les investisseurs ont la faculté de demander le rachat de leurs actions au prix de l’introduction en bourse.[2]

 

Ainsi, le SPARC propose une vision différente. Avant même l’introduction en bourse, les fondateurs ont déjà identifié une ou plusieurs société(s) cible(s) dans lesquelles ils souhaitent investir, ceci ayant d’ores et déjà l’intérêt d’éviter le risque d’investisseurs réfractaires lors du De-SPAC-ing puisqu’ils investissent en toute connaissance de cause.

Dans les faits, une fois la structure du SPARC constituée et dès lors qu’une lettre d’intention a été conclue avec la société cible, le SPARC émet gratuitement (ou non) des BSA dans l’espoir d’une négociation sur un marché réglementé. Ces BSA donnent le droit de souscrire à des actions du SPARC une fois que le rapprochement aboutit, c’est-à-dire une fois qu’un accord définitif a été conclu. Autrement dit, le SPARC présente un double avantage : (i) les investisseurs du SPARC n’ont pas à immobiliser leur investissement dès l’introduction en bourse et pendant une durée maximum de deux années, et (ii) les fondateurs ne sont pas soumis à cette pression des deux ans pour trouver une société cible ce qui entraine parfois, lorsque la date limite se rapproche, une réduction du levier de négociation.

Ainsi, à bien des égards, la structure SPARC est plus favorable aux investisseurs que le SPAC.

Dans le monde du SPAC aux Etats-Unis, qui est en plein désordre, la tontine de Pershing Square est une bouffée d’air frais. La structure SPARC a le potentiel de démocratiser véritablement le processus d’introduction en bourse. Bien que le marché ait réagi défavorablement à l’opération « Universal Music Group », ce n’est qu’une question de temps avant que le marché ne réalise les avantages de l’excellente opération, bien que complexe, du SPARC.

Sachant que les SPACs existent depuis vingt ans aux Etats-Unis et qu’ils ne commencent à apparaitre réellement en France que cette année, devra-t-on attendre 2041 pour votre apparaitre des SPARCs sur Euronext Paris ?

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[1] https://www.vivendi.com/communique/vivendi-signe-un-accord-avec-pershing-square-tontine-holdings-ltd-pour-la-cession-de-10-du-capital-dumg/

[2] Pour plus de détails sur le fonctionnement du SPAC : https://www.latribune.fr/opinions/tribunes/il-est-urgent-d-accueillir-des-spac-s-a-la-bourse-de-paris-882311.html

Accord investissement Chine–UE : levier ou assommoir ?

 

 

Mathieu Solal , journaliste de l’Opinion à Bruxelles, tente d’analyser les bénéfices couts de l’accord de principe sur les investissements passés entre la Chine et l’union économique

,De quoi rassurer les firmes du Vieux Continent présentes en Chine, qui déplorent leur marginalisation face aux champions chinois. « Les concessions de la Chine sont alléchantes sur le papier. Il faut toutefois demeurer prudent car cela reste des promesses qui, en outre, portent surtout sur des secteurs où les champions sont déjà en position de force », pose le sinologue Jean-Pierre Cabestan, directeur de recherche au CNRS.

« Vu la manière dont la Chine s’est comportée par le passé, on peut avoir des doutes sur sa sincérité. Elle s’est par exemple engagée de longue date à mettre un terme aux transferts de technologie forcés, mais organise une production forcée sur le territoire chinois pour les obtenir de fait », renchérit Françoise Nicolas, directrice du centre Asie de l’Institut français des relations internationales (Ifri).

Réciprocité. Pour dissiper les craintes, la mise en œuvre de l’accord devrait reposer sur un mécanisme d’arbitrage qui ne sera toutefois ouvert qu’aux Etats et pas aux entreprises s’estimant lésées, ce qui laisse planer le doute sur son efficacité, vu la frilosité des Vingt-Sept à s’engager dans des bras de fer diplomatiques contre Pékin.

« Le point fondamental de l’accord sera sa mise en œuvre, estime le chercheur de la Fondation pour la recherche stratégique Antoine Bondaz. L’efficacité du mécanisme de règlement des différends sera importante et l’existence du traité pourrait permettre d’imposer des sanctions ou des mesures de rétorsions. Si les Chinois ne respectent pas l’accord, il faut qu’il soit clair qu’ils en perdront les bénéfices ainsi que les bénéfices acquis. Qu’ils soient conscients que faute de réciprocité, notre marché peut se fermer à eux ».

Pour en arriver là, les Vingt-Sept devront faire preuve de l’unité et du courage qui leur ont jusqu’ici fait cruellement défaut face à Pékin. De ce point de vue, la concrétisation du livre blanc sur les subventions étrangères, présenté l’été dernier par Bruxelles et qui contient des mesures fortes et inédites pour lutter contre la concurrence déloyale sur le marché européen, représentera un test.

Au-delà des doutes sur la sincérité chinoise, les critiques ont surtout fustigé le défaut d’engagement contraignant de Pékin sur l’abolition du travail forcé, alors que le sort des Ouïghours dans la région du Xinjiang n’en finit pas de défrayer la chronique. La Chine se serait ainsi engagée à « mettre en œuvre efficacement » les conventions de l’Organisation internationale du travail qu’elle a ratifiées, et à œuvrer à « la ratification des conventions fondamentales de l’OIT, y compris sur le travail forcé », selon le résumé de l’accord publié par Bruxelles.

Les Vingt-Sept et Bruxelles se retrouveront dos au mur, paradoxalement contraint de sanctionner Pékin s’ils souhaitent mettre en œuvre l’accord qu’ils ont trouvé avec lui

« Œuvrer à la ratification, ce n’est pas un engagement ferme, estime Françoise Nicolas. Les analystes chinois proches du pouvoir disent d’ailleurs que la Chine ne bougera pas d’un iota sur cette question ». La déclaration de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, selon laquelle l’accord d’investissement fournirait « un levier à l’UE pour combattre le travail forcé », n’est que poudre aux yeux, selon toutes les sources interrogées.

La France, qui avait annoncé une semaine avant la signature par la voix de son ministre délégué au Commerce extérieur, Franck Riester, ne pas soutenir un accord dépourvu d’engagements contraignants en ce sens, a dû manger son chapeau. « On peut regretter cette erreur de communication, lance Antoine Bondaz. Le ministre a tracé une ligne rouge complètement intenable politiquement. Il ne faut pas se voiler la face : ce traité ne pouvait pas régler la question du travail forcé en Chine. Ce qui ne veut pas dire que l’Europe ne dispose pas de leviers sur le sujet. »

Tomates et coton. Si elle en dispose bien, elle ne les active pas. Alors que les Etats-Unis ont multiplié les sanctions à l’égard de la Chine, interdisant la semaine dernière encore les importations de tomates et de coton du Xinjiang, l’Europe reste immobile sur le sujet comme sur les graves atteintes à la démocratie à Hong Kong.

La roue pourrait toutefois tourner : en décembre, les Vingt-Sept ont convenu de créer un régime de sanctions contre les individus accusés de porter atteinte aux droits de l’Homme, sur le modèle du Magnitsky Act américain. Surtout, la perspective de la ratification de l’accord sino-européen par le Parlement européen devrait contraindre la Commission et les Etats membres à prendre des sanctions. Unanimement critiques sur le projet de traité, les eurodéputés ne se laisseront convaincre qu’à ce prix.

Effrayés par les potentielles mesures de rétorsion chinoises, les Vingt-Sept et Bruxelles se retrouveront ainsi dos au mur, paradoxalement contraint de sanctionner Pékin s’ils souhaitent mettre en œuvre l’accord qu’ils ont trouvé avec lui. Désireux de continuer leur expansion sur le marché européen et d’éviter de se retrouver esseulés face à un partenariat transatlantique renouvelé, les Chinois ne devraient néanmoins pas tout faire capoter en cas de sanctions européennes.

« Il faut s’attendre à des contre-mesures, c’est logique. Mais elles seront moindres si les mesures ciblent les individus impliqués au Xinjiang. Le rapport de force marche dans les deux sens, et il n’y aura pas d’Europe puissance sans levier de puissance », conclut Antoine Bondaz.

 

 

Investissement : Pékin et Bruxelles concluent un accord très douteux

Investissement : Pékin et Bruxelles concluent un accord très douteux

A l’initiative surtout de  l’Allemagne,  un accord de principe a été passé sur les investissements réciproques entre la Chine et l’union européenne. Un accord qui a fait l’objet d’une contestation française très molle et qui n’a pas été entendue par Bruxelles. L’union européenne se prépare naïvement à ouvrir encore un peu plus grandes  les portes de l’économie européenne à la Chine.

Les négociations se sont accélérées cette année et l’accord a été formalisé ce mercredi lors d’une visioconférence entre le président chinois Xi Jinping, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le président du Conseil européen Charles Michel.

Il démontre, a dit le dirigeant chinois, la volonté et la confiance de la Chine en matière d’ouverture au monde, va contribuer à la relance de l’économie mondiale bouleversée par la pandémie de coronavirus et accroître la confiance mutuelle.

L’accord UE-Chine, dont la mise en application pourrait prendre plus d’un an, doit permettre aux entreprises européennes d’investir dans de nouveaux secteurs en Chine et d’échapper à certaines exigences en matière de coentreprise.

Parmi les secteurs concernés par cet accord, figurent ceux des véhicules électriques, des hôpitaux privés, de l’immobilier, de la publicité, de la construction navale, des télécoms ou encore des réservations aériennes.

Il ne sera désormais plus forcément obligatoire de créer une coentreprise avec un acteur chinois pour avoir une activité en Chine.

L’accord pourrait bénéficier à des entreprises comme Daimler, BMW, PSA, Allianz ou encore Siemens, qui ont déjà une présence importante en Chine.

Des clauses portent également sur la régulation financière et les questions liées à l’environnement et au droit du travail.

En contre-partie, et même si les marchés européens sont déjà largement ouverts aux investissements, les entreprises chinoises vont recevoir des engagements contraignants d’accès au marché unique européen, a déclaré une responsable chinoise à Pékin.

Captage et le stockage du CO2: un investissement d’1,6 milliards d’euros de la Norvège dans un procédé douteux

Captage et le stockage du CO2: un investissement d’1,6 milliards d’euros de la Norvège dans un procédé douteux

 

La technique du captage et stockage du CO2 est utilisée depuis des décennies, principalement en Amérique du Nord. Lors de la production et du traitement du gaz naturel par exemple, le CO2, gaz associé, est séparé pour obtenir un gaz de plus haut pouvoir calorifique. Cette technique est utile aussi dans l’extraction du pétrole: l’injection sous pression de CO2 dans le gisement permet d’améliorer le taux de récupération du pétrole.

Les procédés de séparation du CO2 dans des centrales électriques sont déjà testés dans des installations pilotes; l’utilisation commerciale d’un système CSC complet est en revanche encore à venir. Car les coûts et la consommation d’énergie sont encore très élevés, et les risques en relation avec l’ensemble du procédé, du captage au transport et au stockage à long terme, doivent encore être éclaircis et minimisés.

Le gouvernement norvégien a indiqué ce lundi vouloir investir 16,8 milliards de couronnes (1,6 milliard d’euros) dans le captage et stockage de carbone (abrégé CSC en français ou CCS en anglais pour « Carbon capture and storage« ), une technologie jugée prometteuse pour le climat mais extrêmement coûteuse.

L’annonce survient le jour même où le groupe Extinction Rebellion menait une action à Oslo pour protester contre la politique pétrolière de la Norvège, plus gros producteur d’hydrocarbures d’Europe de l’Ouest.

Baptisé « Longship » du nom des bateaux vikings, « c’est le plus grand projet climatique jamais réalisé dans l’industrie norvégienne », a déclaré la ministre du Pétrole et de l’Énergie, Tina Bru, en présentant un Livre Blanc sur le CCS.

Le gouvernement dit vouloir financer prioritairement la réalisation d’un projet de captage et stockage de CO2 sur une usine de ciment à Brevik, dans le sud du pays.

Investissement innovation : annonce de 15 milliards !

 

 

 

Encore une annonce d’un plan accompagné de 15 milliards, cette fois pour l’innovation et les relocalisations. La question se pose de la crédibilité qu’on peut accorder à ce genre de promesse. Il faut observer que dans le plan de relance de 100 milliards souvent les mêmes sommes sont destinées à plusieurs objets objectifs de sorte qu’il est difficile de savoir le montant des enveloppes par orientation précise.

Ainsi l’enveloppe annoncée de 15 milliards concernerait l’innovation à travers les investissements. Mais on sait parfaitement que des investissements ne sont pas toujours dirigés vers l’innovation mais simplement vers le renouvellement des équipements actuels. En outre il sera très difficile d’identifier les actions budgétaires qui permettent la relocalisation. Un concept encore assez flou et de toute façon dont la mise en œuvre opérationnelle demandera des années compte tenu de la complexité des processus de production, de distribution et des modes de consommation.

Le plan de relance de 100 milliards d’euros que le gouvernement doit présenter la semaine prochaine comportera un volet de 15 milliards d’euros dédié à l’investissement et aux relocalisations, a annoncé vendredi Emmanuel Macron.

“Cette stratégie France Relance, ça n’est pas une stratégie pour faire face aux difficultés du moment, ça nous l’avons déjà fait, non, c’est préparer la France de 2030 (…) pour plus d’indépendance et donc les relocalisations, pour bâtir un monde d’avenir, fondé sur le savoir, sur l’écologie (…) et sur les compétences”, a déclaré le chef de l’Etat à l’occasion d’une visite d’un site de l’entreprise pharmaceutique Seqens en banlieue parisienne.

A l’occasion de ce déplacement consacré à la souveraineté sanitaire et industrielle, Emmanuel Macron a annoncé une réforme “historique” des procédures d’autorisation des médicaments qui sera effective le 1er janvier prochain, afin qu’on puisse “innover plus simplement et plus vite en France”.

Objectif affiché: “réduire drastiquement les délais” d’obtention des autorisations temporaires d’utilisation (ATU), qui permettent d’utiliser de façon exceptionnelle des traitements ne bénéficiant pas encore d’une autorisation de mise sur le marché (AMM).

Le chef de l’Etat a par ailleurs évoqué une réduction de 300 millions d’euros de l’effort demandé aux laboratoires pharmaceutiques dans le prochain budget, sans donner davantage de détails sur ce point.

 

Investissement-chute probable de 7 % en 2020

Investissement-chute probable de 7 % en 2020

Les industriels français prévoient désormais une chute de leurs investissements de 7% en 2020 par rapport à l’année précédente, selon l’enquête trimestrielle de l’Insee. Un prévision très sous -estimée.

En janvier, avant le développement de la pandémie, ils tablaient sur une hausse de 3% des investissements cette année.

Sous l’effet du coronavirus, le premier trimestre 2020 a vu la destruction de 453.800 emplois dans le secteur privé, soit une baisse de 2,3% par rapport au trimestre précédent, provoquée notamment par un effondrement de l’intérim, selon une estimation provisoire de l’Insee.

Sur un an, le recul est de 1,4% (-274.900 emplois), avec une chute dans les services marchands et un plongeon dans l’intérim. Au total, l’emploi privé est à son  »plus bas niveau depuis le troisième trimestre 2017″, selon l’Insee.

 

 

BCE- la lutte contre l’inflation qui tue l’investissement et l’emploi

BCE- la lutte contre l’inflation qui tue l’investissement et l’emploi

Nicolas Goetzmann, responsable de la recherche et de la stratégie macroéconomique à la Financière de la Cité dénonce cette phobie de l’inflation qui a tué emploi et investissement. ( tribune au « Monde »,)

 

Tribune.

 

« Vingt ans après la naissance de l’euro, la Banque centrale européenne (BCE) s’apprête, en ce mois de janvier et sous l’impulsion de sa présidente, Christine Lagarde, à démarrer le chantier de sa « revue stratégique » de politique monétaire. Un processus inédit depuis 2003, et dont le potentiel est la remise en cause – au moins partielle – du dogme économique le plus puissant de ces quarante dernières années : la stabilité des prix, héritière européenne de la politique, française, du « franc fort ».

Cette politique est née, en effet, du tournant de la rigueur de mars 1983 (et plus exactement de juin 1982), qui correspondait alors à la nécessité de lutter contre une inflation galopante. Fin 1986, le combat est remporté et l’inflation est ramenée sous le seuil de 3 %, soit 10 points de moins que son chiffre de 1980. C’est à ce moment de l’histoire économique française que cette politique s’est faite idéologie. Non pas sous la seule influence d’une Allemagne acquise à ce principe, pas plus que par la seule volonté de créer la monnaie unique, mais d’abord par une ambition toute française de rigueur monétaire.

Le 10 avril 1992, Jean-Claude Trichet – alors directeur du Trésor – écrivait dans une note destinée au ministre des finances : « Notre grand objectif est de poursuivre une politique de maîtrise de l’inflation avec les objectifs – ambitieux mais qui sont les seuls que notre pays puisse se donner aujourd’hui – (…) de maintenir en France une inflation inférieure à l’allemande ». Une phrase que les auteurs de La Guerre de sept ans. Histoire secrète du franc fort, 1989-1996 (Calmann Lévy, 1996), Eric Aeschimann et Pascal Riché analysent en ces termes : « En clair, il n’est plus question d’un franc fort, mais d’un franc plus fort que le mark ». Classe politique et haute administration agissent alors avec la ferveur du converti. De Pierre Bérégovoy à Edouard Balladur en passant par Michel Sapin, leurs successeurs et leurs administrations, l’austérité monétaire devient une marque de fabrique « made in France ».

Ce soutien apporté au franc va voir la croissance nominale (non ajustée de l’inflation) du pays chuter de façon vertigineuse au cours de ces premières années de la décennie 1990. De 8 % en 1989, elle tombe à 1 % en 1993 (sur la même période, les Etats-Unis passent de 8 % à 5 %) dont le seul équivalent est la chute de la croissance nominale observée entre 2007 et 2009, pendant la grande crise mondiale. Du côté du chômage, le choix du « franc fort » va s’avérer dramatique. Si une décrue s’était amorcée au lendemain de la lutte – utile – contre l’inflation pour atteindre 8 % à la fin de l’année 1989, le taux de chômage bat un nouveau record au deuxième trimestre 1994, à 10,8 %. Sur l’ensemble de la décennie, un taux de chômage moyen de 9,7 % est à mettre en face d’une inflation moyenne de 1,45 %, marquant la dérive de ce qui est pourtant considéré comme une politique de  raison ».

 

Industrie: investissement en hausse ?

Industrie:   investissement en  hausse ?

 

Non seulement les industriels prévoient uene hausse de leurs investissements mais pas seulement pour la productivité aussi pour augmenter leur capacité de production ; ce qui révèle un certain optimisme concernant leurs carnets de commandes. Les industriels français ont en effet revu en légère hausse leurs prévisions d’investissement pour cette année, qu’ils attendent désormais en hausse de 5% après une progression de 3% en 2017, selon une enquête trimestrielle de l’Insee publiée vendredi.  L’investissement dans l’industrie représente environ un quart de l’investissement productif en France. Dans la première estimation des comptes nationaux pour le premier trimestre publiée fin avril, l’Insee a fait état d’une hausse de 4,3% de l’investissement des entreprises par rapport aux trois premiers mois de 2017 et d’une progression de 4,4% sur l’ensemble de l’an passé. L’Insee souligne qu’en moyenne à cette époque de l’année, les industriels maintiennent leurs prévisions d’investissement initiales. A l’inverse, la prévision d’avril est plus susceptible d’être révisée ultérieurement à la baisse comme c’est le cas en moyenne depuis 2004, ajoute l’institut. L’enquête publiée vendredi est marquée par une très forte révision à la hausse des prévisions pour le secteur des matériels de transport, où l’investissement progresserait en valeur cette année de 2% alors qu’il était anticipé en recul de 7% en février. Pour la branche automobile, il progresserait de 4% au lieu d’une baisse de 5% prévue dans la précédente enquête. Pour le seul premier semestre, les industriels restent plus nombreux à signaler une hausse de leur investissement plutôt qu’une baisse par rapport au second semestre 2017. Le solde d’opinion sur l’évolution de l’investissement pour la période (+16) est proche de celui d’octobre 2017 et se maintient au-dessus de sa moyenne de long terme (+6). Les industriels sont également plus nombreux à prévoir une hausse plutôt qu’une baisse de leur investissement au deuxième semestre et ce dans une proportion quasi stable par rapport à octobre (+10). Les entreprises prévoient enfin davantage que l’an dernier d’augmenter leur capacité de production au cours de l’année : le solde s’élève à +45, un plus haut depuis 2001.

Capital investissement : record en 2017

Capital investissement : record en 2017

Une nouvelle qui conforme la reprise de l’investissement en France. Y compris des PME. Selon France Invest,  les quelque 300 acteurs français du “private equity” ont ainsi levé 16,5 milliards d’euros l’an passé, contre 14,7 milliards en 2016, dont près des deux tiers (63%) auprès d’investisseurs hexagonaux. Dans le même temps, ils ont investi 14,3 milliards d’euros (+15%) dans 2.142 entreprises (+13%). Les start-up et les PME ont représenté 72% du total et les ETI (entreprises de taille intermédiaire) 26%, mais près de 20% des entreprises ont concentré environ 90% des investissements. De plus, les montants investis dans les seules entreprises françaises ont progressé de +32% entre 2016 et 2017, la France représentant 85% des entreprises investies, une proportion stable. Cité dans un communiqué, Olivier Millet a estimé que l’accélération des investissements “traduit le rôle croissant pris par les 300 investisseurs en capital, membres de France Invest, tiers de confiance entre les investisseurs institutionnels et privés et les start-up, les PME et les ETI qui désirent financer leurs projets de croissance et accélérer leur transformation.” “Nous sommes sur la bonne trajectoire pour, d’ici à 2020, atteindre l’objectif collectif de 20 milliards d’euros de capitaux levés par an”, a-t-il dit. Le capital investissement devrait en outre bénéficier des dispositions de la future loi Pacte en matière de financement des entreprises pour faciliter l’investissement dans les sociétés non cotées via l’assurance vie et le plan d’épargne en actions-PME.

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