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Consommation sur Internet : pourquoi la valse des prix ?

Consommation sur Internet : pourquoi la valse des prix ?

par Sarah Benmoyal Bouzaglo
Maitre de conférences, Université Paris Cité

Corina Paraschiv
Professeur des Universités en Sciences de Gestion, Université Paris Cité dans The Conversation


La stagnation des salaires, l’inflation record, la chute de la consommation des ménages viennent aujourd’hui considérablement redistribuer les cartes de notre société de consommation. Une stratégie utilisée par les sites de vente peut particulièrement renforcer ces phénomènes. On la nomme la tarification dynamique en ligne. Il s’agit d’une stratégie de variation incessante des prix à la hausse et à la baisse, à laquelle de plus en plus de sites ont recours pour des catégories différentes de produits ou de services.

À titre illustratif, cette méthode a été utilisée par le site Ticketmaster pour distribuer les billets des concerts de Bruce Springsteen dans le cadre de sa tournée 2023, avec des prix qui sont montés jusqu’à 5 000 dollars pour les places les plus prisées, menant les fans à s’insurger.

Nos travaux de recherche invitent particulièrement à envisager les conséquences que la tarification dynamique en ligne peut avoir sur les achats des consommateurs. Comment fonctionne-t-elle ? Quand leur profite-t-elle ou nuit-elle à leurs achats ? Quelles sont les options dont ils disposent pour la limiter ?

La tarification dynamique en ligne repose principalement sur le recours à des algorithmes d’intelligence artificielle utilisés pour orchestrer une fluctuation des prix pour un même produit ou service au cours du temps. Cette stratégie utilise, entre autres, des données relatives aux consommateurs (comme les fameux cookies collectés en ligne ou les informations volontairement données lors d’une inscription en ligne sur un site comme le nom ou l’âge) et les données du marché (comme les prix pratiqués par les concurrents). Cette méthode de fixation des prix permet, par exemple, à des sites de vente de réaliser une variation des prix en temps réel à l’instar d’Amazon, de Cdiscount ou de la Fnac.

L’automatisation algorithmique de la fixation du prix peut même devenir la base du modèle économique de certaines entreprises. Par exemple, pour l’application Uber, le prix est fixé instantanément selon l’offre et la demande, en s’appuyant, entre autres, sur la planification informatisée des courses demandées par les clients et du nombre de chauffeurs disponibles à ce moment-là pour une zone géographique donnée.

L’objectif premier d’une entreprise qui a recours à la tarification dynamique est de maximiser son profit. Ce dernier est encore plus optimisé lorsque cette méthode repose sur une personnalisation du prix pour chaque consommateur. Dans ce cas, l’algorithme utilisé mobilise, entre autres, son « consentement à payer » (correspondant au montant maximal qu’il est prêt à payer pour un produit), critère qui découle d’un calcul algorithmique prenant par exemple en compte son historique d’achats.

Le consommateur, gagnant ou perdant ?

Dans le cadre de la tarification dynamique en ligne, on peut légitimement se demander dans quelle mesure une variation continue des prix pour un produit identique mène le consommateur à se sentir gagnant ou perdant…

Deux formes extrêmes de tarification dynamique peuvent être identifiées. La première est une forme basique où le prix du produit ou du service proposé varie dans le temps de la même façon pour tous les consommateurs. La seconde forme est totalement personnalisée c’est-à-dire qu’un prix différent est appliqué à chaque consommateur en se basant sur l’estimation algorithmique de son « consentement à payer ». Dans ce second cas, les consommateurs se voient proposer au même moment des prix différents pour un article identique. L’évaluation du consentement à payer peut ne pas être le reflet de la réalité économique et sociale des individus. L’algorithme peut donc conduire à une surestimation de ce paramètre qui peut être perçue comme injuste par les individus et donc les mener à se sentir perdants.

De façon générale, quelle que soit l’approche utilisée pour la tarification dynamique en ligne, lorsqu’un prix est perçu comme élevé, le consommateur se voit comme perdant, à l’image des réactions des fans qui ne pouvaient s’offrir les places pour un des concerts de Bruce Springsteen. Tandis que lorsqu’il paie un prix qu’il perçoit comme bas, le consommateur en ressort gagnant.

Que peut faire le consommateur ?

Des outils traqueurs de prix se développent pour aider les consommateurs à retrouver l’historique des prix pratiqués par certaines plates-formes comme Amazon afin de décider si leur achat est à réaliser maintenant ou s’ils prennent le pari d’attendre. Il est également possible de trouver des sites qui aiguillent les consommateurs lors d’achat de produits particuliers quand la tarification dynamique en ligne devient fréquemment utilisée dans certains domaines comme pour les places de concert.

Les consommateurs peuvent aussi essayer autant que possible de limiter les données que les sites peuvent collecter en n’autorisant pas la collecte de cookies lorsqu’ils visitent un site. Ils peuvent aussi éviter de donner toutes les informations demandées lorsqu’ils saisissent un formulaire d’inscription. Il est également envisageable d’effectuer certains achats lorsque ce n’est pas la saison afin de s’assurer que la demande de produits est faible à l’instar de l’achat d’un parasol ou d’un barbecue en hiver.

Évidemment, la tarification dynamique soulève également la question de la responsabilité des entreprises. Ces dernières doivent s’interroger sur les limites des différents algorithmes auxquels elles peuvent avoir recours en intégrant les préoccupations des consommateurs. Par exemple, un enjeu pour les sites est de trouver comment minimiser les biais liés aux algorithmes qui peuvent engendrer des prix amenant à surévaluer le « consentement à payer » des individus. Pour chaque type de produit ou service, il s’agirait donc de s’interroger aussi sur les intervalles de variation de prix et les fréquences de changement du prix perçus comme acceptables par les potentiels acheteurs.

Par ailleurs, certains sites affichent officiellement le recours à cette stratégie à l’image d’Uber tandis que d’autres, tel qu’Amazon, décident de ne pas partager les secrets de fabrication de l’algorithme utilisé. À l’ère où les consommateurs appellent les entreprises à plus de transparence, les préoccupations éthiques des entreprises permettant aux individus de ne pas se sentir lésés en comprenant mieux les prix qui leur sont proposés lors de l’achat d’un produit peuvent finalement apparaître comme essentielles et s’avéraient être un atout stratégique.

Opérateurs télécoms ou plateformes: qui doit payer les infrastructures Internet ?

Opérateurs télécoms ou plateformes: qui doit payer les infrastructures Internet ?

par Pierre Bentata est maître de conférences à Aix Marseille Université (dans l’Opinion) qui estime aux producteurs de contenus de financer les dépenses des fournisseurs d’accès est aussi absurde que d’imposer aux fabricants d’électroménagers de payer EDF chaque fois qu’un ménagutilise un presse-agrume ou un grille-pain

Un point de vue intéressant mais qui se discute car la discussion autour du financement d’Internet est loin d’être close entre contribuable, internaute, opérateur télécom, plate-forme et autres fournisseurs de contenus NDLR

Les opérateurs télécoms français accélèrent leur campagne de lobbying visant à faire financer leurs investissements par les producteurs de contenus numériques– entendez les GAFAM. C’était déjà l’une de leurs 15 propositions pour le quinquennat 2022-2027. A présent, c’est devenu un projet détaillé qui précise les modalités de la contribution de chaque plateforme numérique.
A vrai dire, cette campagne n’est pas récente. Depuis une décennie, les telcos français expliquent que leurs coûts d’infrastructures sont trop élevés et qu’il est aussi nécessaire que légitime que les plateformes numériques mettent la main au pot.

D’un point de vue économique, la durée même de cette campagne pose question. Une industrie qui peut prévoir les défis auxquelles elle fera face dans dix ans se trouve dans une position confortable. Et si, durant ce laps de temps, rien n’a changé, c’est soit que les entreprises se sont montrées incapables de répondre aux besoins pourtant prévisibles, soit que les difficultés n’en sont pas. Passons.

Maintenance. Que proposent les opérateurs ? Observant que le trafic est largement orienté vers les grandes plateformes numériques et estimant que pour satisfaire leurs utilisateurs, ils sont contraints d’investir et d’assurer la maintenance des infrastructures, les fournisseurs d’accès considèrent qu’ils financent en réalité l’activité des producteurs de contenus en ligne. Et cela leur semble illégitime.

Si les consommateurs sont prêts à payer un service autoroutier, ce n’est pas pour la valeur de la route mais parce que celle-ci n’est qu’un moyen pour atteindre une destination qui, elle, a une valeur aux yeux des automobilistes

Est-ce vraiment le cas ? Evidemment que non, sauf à considérer qu’une entreprise fournissant un accès autoroutier devrait être payée par tous les magasins et entreprises que ses autoroutes desservent. Comme si la valeur des biens fournis par ces magasins et entreprises dépendait directement de l’accès. Alors qu’en réalité, c’est l’inverse ! Si les consommateurs sont prêts à payer un service autoroutier, ce n’est pas pour la valeur de la route mais parce que celle-ci n’est qu’un moyen pour atteindre une destination qui, elle, a une valeur aux yeux des automobilistes.
Demander aux producteurs de contenus de financer les dépenses des fournisseurs d’accès est aussi absurde que d’imposer aux fabricants d’électroménagers de payer EDF chaque fois qu’un ménage utilise un presse-agrume ou un grille-pain. Dans les deux cas, on confond les marchés et on oublie que le consommateur a déjà payé pour les deux services : le produit et l’accès au réseau.

D’ailleurs, si l’on considère, comme le font les fournisseurs d’accès internet, que les telcos et les GAFAM sont sur des marchés complémentaires, alors les telcos devraient reverser une partie de leurs profits aux GAFAM sans lesquelles personne n’accepterait de payer un abonnement internet.

Subventions. Mais il y a plus étrange encore dans la démarche des fournisseurs d’accès. Ces derniers prétendent ne pas avoir les moyens de financer leurs investissements. Pourtant, ils sont déjà payés, par leurs abonnés ! Sans compter les subventions massives dont ils ont bénéficié, notamment dans le cadre du programme Recovery and Resilience Facility – 150 milliards d’euros tout de même. Par conséquent, si ces fournisseurs ne sont pas en mesure de financer leurs infrastructures, ils peuvent, comme toute entreprise dans une telle situation, augmenter le prix de leurs abonnements.
Les utilisateurs doivent payer pour accéder aux contenus qu’ils désirent et les fournisseurs de ces contenus doivent payer pour trouver leurs utilisateurs. Position qui offre donc une « rente de situation » aux telcos, par laquelle plus la valeur créée par les producteurs de contenus augmente, plus les fournisseurs peuvent s’enrichir et menaçant de bloquer l’accès
Pourquoi ne le font-ils pas ? La raison est évidente.

Par peur que de nouveaux entrants leur fassent concurrence et prennent leurs parts de marché, révélant ainsi que les fournisseurs actuels sont inefficaces. Dans ces conditions, réclamer une participation des producteurs de contenus leur permet de maintenir des tarifs stables tout en se protégeant d’une éventuelle concurrence. Ils gagnent sur tous les tableaux. Cette stratégie, qui va à l’encontre de tout principe économique, n’est possible qu’en raison de la position particulière qu’occupent les fournisseurs d’accès.

En étant les gardiens de l’accès à Internet, ils bénéficient de ce qu’on appelle en économie « une position de bastion » : de l’endroit où ils se trouvent, ils sont en mesure de faire d’exercer un chantage sur tout l’écosystème. Les utilisateurs doivent payer pour accéder aux contenus qu’ils désirent et les fournisseurs de ces contenus doivent payer pour trouver leurs utilisateurs. Position qui offre donc une « rente de situation » aux telcos, par laquelle plus la valeur créée par les producteurs de contenus augmente, plus les fournisseurs peuvent s’enrichir et menaçant de bloquer l’accès.

Les méthodes des Gafam pour étouffer leurs rivaux

Cette « rente de situation » constitue un danger majeur pour la concurrence et la dynamique des marchés. Voilà pourquoi les économistes cherchent toujours des moyens de réguler les entreprises qui en bénéficient. Avec la récente introduction de la notion de « gatekeeper » dans les réglementations européennes, les autorités ont désormais un moyen de limiter ses comportements. Peut-être serait-il temps de l’utiliser contre les véritables gatekeepers d’internet, c’est-à-dire les fournisseurs d’accès.
Pierre Bentata est maître de conférences à Aix Marseille Université

Internet : Les défis du très haut débit

 Internet : Les défis du très haut débit 

 

Alors qu’une grande majorité des Français a désormais accès à la fibre pour se connecter à Internet, de nombreux défis demeurent pour tirer tous les avantages de ce nouveau réseau. Ceux-ci concernent sa sécurisation, le développement des usages, ou encore la lutte contre l’exclusion numérique.Par Jacques Marceau, le président d’Aromates et cofondateur des Assises du Très haut débit.(la Tribune)

On y est presque ! Encore un effort et dans moins de trois ans, la France aura atteint ses objectifs de couverture en très haut débit, et l’État tenu sa promesse. Et que n’a-t-on pas promis au nom de la transformation numérique de notre pays, de ses territoires, de son économie, de son éducation ou de sa santé ? Grâce au très haut débit partout et pour tous, nous allions pouvoir entrer dans le monde fantasmé de la société numérique.

Sans vouloir gâcher la fête, les interrogations n’ont pas attendu la fin des déploiements pour émerger et chacun a aujourd’hui compris que le monde numérique d’après pourrait être bien pire que le monde « pas numérique » d’avant. C’est pourquoi, et assez tôt, le politique a repris l’affaire en main pour tenter de réguler, sécuriser et assurer la souveraineté de la nation sur des infrastructures qui se sont imposées comme essentielles au fonctionnement de l’ensemble de ses activités, et dont dépendent désormais sa prospérité économique, son indépendance et, nous le savons maintenant, sa cohésion sociale. Cela fait beaucoup et dépasse de loin les critères de performance jusqu’à présent imposés aux réseaux et à leurs opérateurs dont l’unité de mesure de référence était le kbits/s.

Ainsi, les défis qui se font jour sont immenses si l’on ne veut pas avoir enfanté la pieuvre de la mythologie dont les tentacules nous étoufferont. Défi des usages, car, pendant que nous nous appliquions à construire ces infrastructures, d’autres, ni français, ni même européens, ont développé avec le succès que l’on connait des services qui fédèrent aujourd’hui des milliards d’utilisateurs. Défi de l’accès pour tous et de la lutte contre l’exclusion numérique sous toutes ses formes. Car être privé d’accès à l’internet, c’est pour le citoyen l’exclusion de la vie de la Cité et pour la nation, un pas de plus vers l’effondrement de la cohésion sociale.

Défi de la sécurisation et de la résilience de nos réseaux face aux évènements les plus divers et les plus inattendus, qu’ils soient environnementaux, sociaux ou géopolitiques. Et ce ne sont pas les alertes qui ont manqué ces derniers mois ! Défi enfin de la souveraineté car ce qui est devenu le système nerveux de notre société, non seulement ne peut souffrir le moindre défaut ni accepter la moindre faille, mais encore, doit rester à la main de la France et des Français.

Hypnotisés par la puissance transformatrice du numérique et sa promesse d’un monde meilleur, nous avons collectivement et naïvement cédé au chant des sirènes du capitalisme numérique et de la « startupisation » de notre économie en oubliant les conséquences anthropologiques et civilisationnelles de cette transformation.

Au-delà d’une prise de conscience dont les signes sont aujourd’hui patents, relever ces nouveaux défis requiert une volonté politique sans faille, un plan ambitieux et des moyens financiers au moins aussi importants que ceux qui auront été nécessaires au déploiement des infrastructures pour le très haut débit. A l’heure où notre société est fracturée et les sujets de consensus rares, voilà un vrai projet, rassembleur, stimulant et déterminant pour l’avenir de notre nation.

Cryptomonnaie : alerte aux arnaques sur Internet

 

Avec l’écroulement de la valeur des crytommonnaies ,  le montant des arnaques augmente mécaniquement.

Alors que le Bictoin avait été galvanisée en 2021 par les politiques de relance, notamment aux Etats-Unis, il fondait de près de 10% hier  à 24.692 dollars, une baisse de 65% par rapport à son plus haut historique en novembre 2021 et un plus bas depuis décembre 2020.

Les arnaques aux cryptos explosent, avec un préjudice moyen qui a doublé en quelques mois, de 20.000 à 40.000 euros d’après l’autorité des marchés. Autre sujet d’inquiétude, les faux livrets aux promesses alléchantes, avec un préjudice moyen déclaré de 72.000 euros.

Le profil type des victimes est difficile à déterminer tant il touche tout le monde, « des riches comme des pauvres », souligne Benoît de Juvigny, secrétaire général de l’AMF, généralement plus âgé que la moyenne des Français. Quant aux arnaqueurs, ils sont rarement identifiés car localisés dans des pays étrangers, parfois européens comme Chypre, le plus souvent hors d’Europe, comme les pays du Maghreb ou Israël. Les circuits sont complexes et jouent allégrement le saute-pays, ce qui rend les enquêtes difficiles et la coordination judiciaire compliquée.

 

C’est pourquoi le seul levier pour l’heure efficace reste la prévention, insistent les autorités. Cela passe par des campagnes radio et TV de prévention auprès du grand public et la promotion du site Assurance Banque Info Service (Abeis) qui alerte sur les faux sites (liste noire) et informe le public (190.000 appels en 2021 et plus de 1,4 million de visites). Ainsi, l’AMF et l’ACPR ont inscrit plus de 1.300 sites frauduleux sur liste noire en 2021, ce qui porte le total des sites bannis à près de 4.000 aujourd’hui.

Le bon sens est également un remède efficace : ne pas répondre à un appel non sollicité, bien regarder les mentions du site, ne jamais communiquer de données bancaires, se méfier des offres alléchantes, comme ses fameuses « soldes » sur des actions cotées, ce qui est en soi une aberration en Bourse. Autre phénomène inquiétant, les usurpations d’identité de professionnels reconnus ou de marques populaires, comme Amazon.

Le plus dangereux, et le moins visible (donc le moins détectable pour les superviseurs), se trouve indiscutablement sur les réseaux sociaux ou les messageries cryptées. Certains influenceurs y jouent également un rôle prépondérant pour attirer des jeunes vers les griffes des arnaqueurs.

Au-delà de l’arnaque, les régulateurs s’inquiètent même des messages véhiculés sur des réseaux comme Tik Tok auprès des très jeunes, sur la promesse d’un enrichissement futur aussi certain que rapide qui rend finalement les études inutiles… Trop beau pour être vrai est sans doute le meilleur réflexe à avoir face à ces illusions qui peuvent coûter très cher.

 

Démocratie : Internet contribue à la démocratie

Démocratie :  Internet contribue à la démocratie

Les deux sociologues,  Luc Boltanski et Arnaud Esquerre,  livrent, dans un entretien au « Monde », les conclusions de leur enquête sur les commentaires de l’actualité sur le Web, et en particulier ceux publiés sur LeMonde.fr.

Même si l’on peut à juste titre considérer Internet comme une sorte d’auberge espagnole en matière d’information et de débat, il n’en reste pas moins que le Web constitue aussi un support à la démocratie. La régulation, la normalisation et finalement la censure souhaitées par certains pourraient constituer une régression .( Cela n’interdisant pas de clarifier les responsabilités et l’éthique des parutions comme c’est le cas pour l’écrit papier .) NDLR

Le dernier ouvrage des sociologues Luc Boltanski et Arnaud Esquerre, Qu’est-ce que l’actualité politique ? (Gallimard, 352 p., 22 €), s’intéresse à ce qui fait « événements et opinions au XXIe siècle ». Dans le cadre de ce travail, les deux chercheurs ont eu notamment accès aux 120 000 contributions déposées en septembre et octobre 2019 par des abonnés du Monde sur le site du journal, qu’elles aient été publiées ou rejetées – pour environ un sixième d’entre elles – pour non-conformité à la charte de l’espace des contributions.

Luc Boltanski, vous avez travaillé dans les années 1980 sur le courrier des lecteurs du « Monde ». Près de quatre décennies après, quelle comparaison pouvez-vous dresser ?

Luc Boltanski : A l’époque, j’essayais de développer la notion d’« affaire ». J’ai eu accès à un corpus d’environ 300 lettres adressées au courrier des lecteurs du Monde par des gens qui dénonçaient ce qu’ils considéraient comme une injustice et parlaient de leur « affaire ». Le corpus de 120 000 contributions sur lequel nous avons travaillé cette fois-ci est bien différent.

Arnaud Esquerre : La grande différence entre la lettre papier et le commentaire en ligne, c’est que plus de 80 % des commentaires en ligne sont publiés, ce qui n’était pas le cas des lettres. L’autre grande différence, et on ne s’y attendait pas, c’est que ces commentaires en ligne évoquent très rarement des causes personnelles et sont centrés sur l’actualité. Ce qui ne veut pas dire qu’on n’y trouve pas des indices sur la vie privée des contributeurs, mais ces indices sont mis en avant dans le cadre d’une interprétation des faits contenus dans les articles qui est différente de celle donnée par le journaliste.

Qui sont ces contributeurs et contributrices ?

L.B. : Des gens plus tout jeunes, plutôt des hommes, issus des catégories moyennes et supérieures, et politiquement troublés, parce qu’ayant du mal à faire le lien entre leur ressenti, la position politique de leur journal et la position qui était la leur dans le passé et dont ils ne savent plus très bien où elle se situait. On constate chez certains une forme de « désolation », pour reprendre un terme que l’on retrouve chez Hannah Arendt : un décrochage entre ce en quoi l’on croit et le monde de l’action.

 

A.E. : Nous étions partis sur l’idée qu’il y aurait, à la marge, de la remise en cause des faits, du complotisme, et on n’a pas du tout trouvé cela. Les lecteurs et lectrices ne remettent pas en cause les faits présentés par les journalistes, mais en contestent les interprétations. Pour eux, Le Monde est une quasi-institution, un journal qui garantit la vérité des faits, et ils sont très attachés à cet aspect. Autre surprise, on s’attendait à trouver des insultes, des aspects diffamatoires, et c’est l’inverse qui est apparu : une écriture très soignée et le soin porté au choix des arguments.

Internet : Interdiction du trafic de faux avis

Internet : Interdiction du trafic de faux avis

 

  Le trafic de faux avis notamment sur Internet est devenu une sorte d’arme marketing. Des avis qui peuvent évidemment émaner directement de l’entreprise vendeuse, d’intermédiaire qui vendent ces faux avis ou tout simplement du tri qui élimine les vis-à-vis défavorables. Une directive européenne entre en vigueur samedi en France pour mieux réguler certaines pratiques commerciales. Adoptée en novembre 2019 par le Parlement européen et le Conseil européen, la directive dite «Omnibus» est officiellement mise en oeuvre samedi dans tous les États de l’Union européenne. «L’Europe prend la tête d’une réglementation accrue des places de marché et des sites e-commerce. De nombreuses entreprises américaines opérant en Europe devront suivre le mouvement», estime dans une note John Hornell, vice-président de Pasabi, une société qui propose des solutions d’authentification pour les commerces en ligne. En France, la directive a été transposée par une ordonnance en décembre 2021. Parmi les mesures prévues, la réglementation oblige les places de marché dans le commerce en ligne à vérifier que les avis publiés sous les produits proposés à la vente ont bien été émis par des personnes ayant acheté le produit en question. Elles devront aussi donner certaines informations supplémentaires au consommateur, comme l’existence d’un «lien capitalistique» entre le vendeur et la place de marché, ou demander le consentement du consommateur lorsque le droit de rétractation ne s’applique pas.     Par ailleurs, pour lutter contre les annonces de réduction de prix excessives, calculées à partir de prix de référence gonflés, les commerçants devront afficher le prix de référence à partir duquel la réduction est calculée.

Interdiction du trafic de faux avis sur internet

Interdiction du trafic de faux avis sur internet 

Le trafic de faux avis notamment sur Internet est devenu une sorte d’arme marketing. Des avis qui peuvent évidemment émaner directement de l’entreprise vendeuse, d’intermédiaire qui vendent ces faux avis ou tout simplement du tri qui élimine les vis-à-vis défavorables. Une directive européenne entre en vigueur samedi en France pour mieux réguler certaines pratiques commerciales. Adoptée en novembre 2019 par le Parlement européen et le Conseil européen, la directive dite «Omnibus» est officiellement mise en oeuvre samedi dans tous les États de l’Union européenne.

«L’Europe prend la tête d’une réglementation accrue des places de marché et des sites e-commerce. De nombreuses entreprises américaines opérant en Europe devront suivre le mouvement», estime dans une note John Hornell, vice-président de Pasabi, une société qui propose des solutions d’authentification pour les commerces en ligne.

En France, la directive a été transposée par une ordonnance en décembre 2021. Parmi les mesures prévues, la réglementation oblige les places de marché dans le commerce en ligne à vérifier que les avis publiés sous les produits proposés à la vente ont bien été émis par des personnes ayant acheté le produit en question.

Elles devront aussi donner certaines informations supplémentaires au consommateur, comme l’existence d’un «lien capitalistique» entre le vendeur et la place de marché, ou demander le consentement du consommateur lorsque le droit de rétractation ne s’applique pas.

 

 

Par ailleurs, pour lutter contre les annonces de réduction de prix excessives, calculées à partir de prix de référence gonflés, les commerçants devront afficher le prix de référence à partir duquel la réduction est calculée.

Internet : un pas vers la régulation européenne

Internet : un pas vers la régulation européenne

Le rachat de Twitter par Elon Musk, qui défend une conception radicale de la liberté d’expression, rappelle combien il est urgent de baliser le fonctionnement des réseaux sociaux estime papier du « Monde ». À cet égard, avec le Digital Services Act adopté le 23 avril, l’Union européenne pourra imposer aux grandes plates-formes numériques (Facebook, Amazon) de mieux éliminer les contenus illicites en ligne.

Un pas vers la régulation mais encore bien insuffisant NDLR

 

En un mois, l’Union européenne (UE) s’est dotée d’un arsenal législatif pour faire pièce à la puissance des acteurs du numérique. Après le Digital Markets Act, qui vise à encadrer les plates-formes sur le plan concurrentiel, les instances européennes ont adopté, le 23 avril, le Digital Services Act (DSA). Le but est d’instaurer un Internet plus sûr en obligeant les services en ligne, comme les réseaux sociaux et les sites d’e-commerce, à être plus transparents et responsables quant aux contenus et produits qu’ils diffusent.

Le postulat est que tout ce qui est interdit dans la vie réelle doit l’être également sur Internet, qu’il s’agisse d’incitations à la haine, de harcèlement caractérisé, d’apologie du terrorisme, de pédopornographie, d’atteintes aux mineurs, de diffusion de fausses nouvelles ou de vente de produits de contrefaçon, défectueux ou dangereux.

Face à la lenteur et au manque d’ambition des grandes plates-formes dans ces domaines, l’UE a décidé de leur imposer des obligations de moyens. Ce sera désormais aux géants du Web de démontrer qu’ils déploient suffisamment d’efforts pour modérer efficacement les contenus des utilisateurs, tout en rendant plus accessible le fonctionnement de leurs algorithmes. En cas de défaut, Bruxelles pourra leur infliger de très lourdes sanctions. De quoi inverser le rapport de force.

L’intérêt de cette législation réside dans sa dimension européenne. Aucun Etat pris isolément n’a aujourd’hui la puissance des Vingt-Sept pour faire évoluer le comportement des plates-formes. Par cet accord, l’UE apporte la démonstration de son utilité pour défendre les intérêts de ses citoyens face aux grands enjeux du XXIe siècle.

Jusqu’à présent, les velléités du Vieux Continent de réglementer le numérique ont été interprétées comme un aveu d’impuissance. Ne pouvant faire émerger un « Google européen », les Vingt-Sept étaient soupçonnés de prendre leur revanche en faisant preuve d’un juridisme zélé. Mais, face aux dérives répétées des plates-formes, les régulateurs et le législateur américains regardent désormais avec intérêt les initiatives de l’UE.

 

Menaces de guerre sur Internet

Menaces de guerre sur Internet 

 

Le gouvernement a justement demandé aux opérateurx d’Internet de se préparer à une éventuelle guerre et à des sabotages.«Depuis le 23 février, les attaques en déni de service (DDoS) ont été multipliées par dix», esime un opérateur. Pour autant, impossible d’en attribuer directement la responsabilité à Moscou. «L’écosystème des cybercriminels, combiné à d’éventuels effets d’aubaine, incite à la prudence en cas de cyberattaques, qui ne sauraient être interprétées trop rapidement comme une action commanditée dans le cadre du conflit», prévient l’agence nationale de sécurité des systèmes d’information (Anssi).

«Toute cette activité cyberréalisée par des groupes incontrôlés augmente le risque de prolifération. C’est un des sujets des cyberattaques, une entité peut être visée, mais il peut y avoir des victimes collatérales», alerte Laurent Celerier, directeur technologie et marketing, Orange…

L’enjeu des câbles pour Internet

L’enjeu des câbles pour Internet

 

Dans le cadre de la guerre en Ukraine des risques existent concernant les câbles sous-marins. Or « sans les câbles sous-marins, il n’y a plus d’Internet européen » (Jean-Luc Vuillemin, Dirigeant Orange)

 

Orange investit dans de nombreux câbles sous-marins, ces autoroutes de fibre optique qui reposent au fonds des mers, et assurent la quasi-totalité des communications intercontinentales. Vous avez récemment annoncé votre participation au projet SEA-ME-WE 6 qui reliera Marseille à Singapour, et dont le coût avoisine les 800 millions d’euros. À combien s’élève la facture pour Orange ? Pourquoi ce projet est-il si important alors que vous disposez déjà de cinq liaisons vers l’Asie ?

JEAN-LUC VUILLEMIN - Pour Orange, le SEA-ME-WE 6 représente un investissement compris entre 50 et 100 millions d’euros. Ce projet nous importe parce que les câbles vers l’Asie, dans lesquelles nous avons des participations, sont tous saturés. Nous avons besoin d’investir pour préserver nos besoins de capacité. En parallèle, le SEA-ME-WE 6 nous permettra de faire remonter le trafic Internet de La Réunion, dans l’océan indien, en passant par la côte est de l’Afrique. Il constituera aussi une solution de backup en cas de coupure de câble sur la côte ouest du continent, pour acheminer les communications vers l’Europe.

Par ailleurs, le SEA-ME-WE 6 va raccorder l’Inde, qui crie « au secours », aujourd’hui, en matière de câbles sous-marins. Cette destination a longtemps été soigneusement boudée par la filière. La législation indienne a fait fuir tout le monde. Quand vous posez un câble sous-marin en Inde, le navire câblier, qui effectue la pose et l’atterrissement, est considéré comme une importation. Dès son entrée dans les eaux territoriales, il est soumis à une taxe indexée sur la valeur du navire. C’est pourquoi on a évité un atterrissage en Inde lorsque le SEA-ME-WE 5 a été installé il y a quelques années. Mais entre-temps, l’opérateur Reliance Jio a déployé un grand réseau 4G dans le pays. La connectivité a explosé. Et aujourd’hui, l’Inde hurle à la mort parce qu’elle n’a plus assez de capacité vers l’Europe. Le SEA-ME-WE 6 répondra en partie à ce problème.

Ajoutons que ce câble est l’un des rares reliant l’Europe à l’Asie qui passe par Singapour et la Chine. Une très grande partie de l’investissement sera portée par des investisseurs chinois. Plus de la moitié de la capacité du câble devrait, au final, certainement être détenue par le trio d’opérateurs China Mobile International, China Telecom Group et China Unicom.

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Ces applications Internet qui rendent fous les ados

Ces applications Internet qui rendent fous les ados

 

A travers le monde, depuis le début de la pandémie, les médecins voient défiler dans leurs cabinets des adolescentes atteintes de tics, qui se manifestent sous forme de mouvements brusques et d’emportements verbaux.

Le phénomène a d’abord laissé perplexes les spécialistes des troubles du mouvement. Les tics sont rares chez les filles, et les adolescentes en question en présentaient une quantité inhabituelle, apparue soudainement. Après plusieurs mois d’études de cas et de concertations, les experts d’hôpitaux de premier rang aux Etats-Unis, au Canada, en Australie et au Royaume-Uni ont découvert que ces adolescentes avaient un point commun : elles utilisaient TikTok.

Dans une série d’articles récemment publiés dans des revues médicales, les médecins observent que leurs patientes avaient regardé sur le réseau social des vidéos d’influenceurs affirmant être atteints du syndrome de Gilles de la Tourette, un trouble neurologique qui se manifeste par des mouvements ou des sons répétitifs et involontaires.

Si personne n’a retracé l’ensemble des cas à l’échelle nationale, des centres pédiatriques spécialisés dans les troubles du mouvement font état, à travers les Etats-Unis, d’un afflux d’adolescentes atteintes de tics similaires. Donald Gilbert, neurologue au Centre médical de l’hôpital pour enfants de Cincinnati, et spécialiste des troubles du mouvement chez l’enfant et du syndrome de Tourette, voit environ dix nouveaux adolescents atteints de tics chaque mois depuis mars 2020. Avant la pandémie, son service n’en comptait à peine qu’un par mois.

A l’Université Johns Hopkins, le centre dédié au syndrome de la Tourette fait état de 10 à 20 % de patients en pédiatrie décrivant une apparition brutale de troubles s’apparentant à des tics, contre 2 à 3 % un an avant la pandémie

Ses collègues d’autres grandes institutions médicales ont fait le même constat. Depuis mars 2020, l’Hôpital pour enfants du Texas a ainsi recensé environ 60 cas, là où il n’en dénombrait qu’un ou deux par an avant la pandémie. A l’Université Johns Hopkins, le centre dédié au syndrome de la Tourette fait état de 10 à 20 % de patients en pédiatrie décrivant une apparition brutale de troubles s’apparentant à des tics, contre 2 à 3 % un an avant la pandémie, selon Joseph McGuire, professeur associé du département de psychiatrie et sciences comportementale de l’université. Entre mars et juin 2021, le centre médical de l’Université Rush de Chicago a indiqué avoir vu 20 patients atteints de ces tics, contre 10 sur l’ensemble de l’année précédente.

Les médecins notent que dans la plupart des cas, un diagnostic d’anxiété ou de dépression préexistait, occasionné ou exacerbé par la pandémie. La manifestation des symptômes physiques de stress psychologique prend souvent la forme de troubles que les patients ont vus auparavant chez d’autres personnes, explique le docteur Gilbert. Le médecin raconte avoir vu par le passé des malades atteints de crises épileptiques qui, dans la plupart des cas, avaient été témoins du même phénomène chez des proches.

Les tics font l’objet de nombreuses vidéos sur TikTok. Au Royaume-Uni, lorsque les médecins ont commencé à étudier le phénomène en janvier, les vidéos contenant le mot-dièse « #tourettes » affichaient environ 1,25 milliard de vues, selon leur rapport – le chiffre atteint aujourd’hui 4,8 milliards.

« La sécurité et le bien-être de notre communauté est notre priorité, et nous consultons des spécialistes pour mieux comprendre ce phénomène spécifique », a déclaré une porte-parole de TikTok.

Certains médecins se gardent toutefois d’incriminer TikTok, notant que, malgré la forte hausse du nombre de patients en consultation, il ne s’agit pas d’une épidémie.

« Certains jeunes qui utilisent les réseaux sociaux développent des tics, mais d’autres qui n’y ont aucun accès en développent aussi, souligne le Dr McGuire. Je pense qu’il existe un grand nombre de facteurs contributifs tels que l’anxiété, la dépression et le stress. »

De nombreux médecins remettent aussi en question le diagnostic autodéclaré de certains TikTokeurs affirmant être atteint du syndrome de la Tourette et indiquent que les comportements affichés dans ces vidéos publiées pour la plupart par des jeunes femmes – divers tics sonores et moteurs complexes – ne leur semblent pas propres au syndrome de la Tourette. Celui-ci affecte beaucoup plus les garçons que les filles, et tend à se développer progressivement après être apparu dans l’enfance. Il peut être traité à l’aide de médicaments.

Au-delà des affirmations des TikTokeurs, le docteur Gilbert observe que les symptômes des adolescents qui ont regardé les vidéos sont bien réels, et relèvent probablement de troubles neurologiques fonctionnels, une catégorie regroupant certains tics vocaux et mouvements corporels anormaux qui ne sont pas liés à une pathologie sous-jacente. Pour se défaire de ces tics, les médecins recommandent une thérapie comportementale et l’arrêt de l’utilisation de TikTok pendant plusieurs semaines.

En quête de réponses

Kayla Johnsen, une lycéenne de 17 ans habitant à Sugar Land au Texas, a commencé à développer des tics en novembre dernier après que les médecins ont découvert qu’elle souffrait d’une maladie héréditaire affectant les tissus conjonctifs. La sévérité et la fréquence de ses tics se sont aggravées lorsque l’adolescente a commencé à prendre des médicaments pour traiter sa maladie, explique-t-elle, et d’autres tics sont apparus.

Un jour, elle a été prise de spasmes violents dans le dos et ses parents l’ont conduite aux urgences, où un médecin a pensé qu’elle pourrait être atteinte d’un trouble neurologique fonctionnel. A sa sortie de l’hôpital, raconte-t-elle, un médecin des urgences a suggéré qu’elle consulte un thérapeute et un psychiatre.

Kayla – chez qui, quelques années auparavant, avait été diagnostiqués un trouble anxieux et un trouble de déficit de l’attention/hyperactivité (TDAH) – a commencé à voir un thérapeute chaque semaine, jusqu’à suivre à un moment donné cinq semaines de thérapie intensive. Elle a pris des médicaments pour traiter son anxiété et ses tics, mais ceux-ci ont persisté.

« Ces enfants cherchent du soutien face à leur angoisse et à d’autres problèmes, ils vont sur TikTok et d’autres réseaux sociaux pour trouver de l’aide, et cela produit un effet boomerang terrible sur eux »

Finalement, l’adolescente a été envoyée chez un spécialiste des troubles du mouvement à l’Hôpital pour enfants du Texas. Lorsqu’il l’a vue le mois dernier, le médecin lui a posé des questions sur son utilisation des réseaux sociaux. Kayla a répondu que durant la période de fermeture des écoles à l’automne dernier, elle avait eu du mal à s’organiser et avait cherché sur YouTube des vidéos d’autres élèves atteints de TDAH pour savoir comment ils s’en sortaient.

Elle a alors été dirigée vers des vidéos sur TikTok, publiées par des adolescents souffrant de TDAH ou d’anxiété, et qui étaient également atteints de tics. La lycéenne se souvient que dans l’une des vidéos, une femme en train de cuisiner était atteinte de tics si violents qu’elle jetait des œufs contre un mur tandis que dans une autre, une fille semblait incapable de contrôler les mouvements de ses bras et frappait les gens autour d’elle.

Le neurologue consulté a expliqué à la mère de Kayla, Brandi Johnsen, que des médecins étudiaient la relation entre les tics de leurs patients et les réseaux sociaux.

« Ces enfants cherchent du soutien face à leur angoisse et à d’autres problèmes, ils vont sur TikTok et d’autres réseaux sociaux pour trouver de l’aide, et cela produit un effet boomerang terrible sur eux », déplore Mme Johnsen.

« Je pense vraiment que mes tics ont pu être déclenchés par ces vidéos et que les choses se sont emballées ensuite », estime Kayla.

Comprendre l’origine du phénomène

Quelque 30 adolescents envoyés au centre médical de l’Université Rush durant l’année écoulée manifestaient des comportements involontaires – gestes brusques, expression d’insultes, mouvements saccadés de la tête et du cou. Certains médecins évoquent également de fréquentes occurrences d’auto-agressions, de nombreux patients présentant des marques et des bleus résultants de leurs tics. Caroline Olvera, chercheuse en troubles du comportement, a observé que de nombreux adolescents prononçaient le mot « beans » (haricots), souvent avec l’accent britannique. Même des patients ne parlant pas anglais le prononçaient. Certains ont indiqué qu’ils avaient vu des vidéos sur TikTok d’autres personnes atteintes de tics.

Des foyers de troubles du comportement s’apparentant à des tics sont déjà apparus par le passé ; il y a une dizaine d’années notamment, dans le nord de l’Etat de New York, plusieurs adolescents avaient développé des tics qui avaient conduit au diagnostic de « maladie psychogène de masse »

Mme Olvera a créé un compte TikTok et commencé à regarder des vidéos d’adultes et d’adolescents affirmant être atteints du syndrome de la Tourette. Elle a découvert que l’un des plus suivis était un Britannique qui prononçait souvent le mot « beans ».

Après avoir étudié 3 000 vidéos de ce type sur TikTok dans le cadre de ses recherches, Mme Olvera a également établi que 19 des 28 influenceurs les plus suivis se déclarant atteints du syndrome de la Tourette affirmaient développer de nouveaux tics après avoir regardé les vidéos d’autres utilisateurs de TikTok.

Des foyers de troubles du comportement s’apparentant à des tics sont déjà apparus par le passé ; il y a une dizaine d’années notamment, dans le nord de l’Etat de New York, plusieurs adolescents avaient développé des tics qui avaient conduit au diagnostic de « maladie psychogène de masse ».

Si ces phénomènes étaient la plupart du temps circonscrits géographiquement, les réseaux sociaux semblent constituer une nouvelle voie de propagation rapide des troubles psychologiques à travers le monde, selon un récent article de Mariam Hull, neuropédiatre à l’Hôpital pour enfants du Texas et spécialiste des troubles du mouvement chez l’enfant.

Un groupe de chercheurs a fait état d’un phénomène semblable autour d’un célèbre Youtubeur en Allemagne qui avait publié des vidéos dans lesquelles il affirmait être atteint du syndrome de la Tourette. Néanmoins, la communauté médicale s’est pour l’essentiel concentrée sur TikTok, qui s’est fortement développé durant la pandémie. Ce mois-ci, l’entreprise a annoncé que le nombre de ses utilisateurs mensuels avaient dépassé le milliard, et que TikTok avait été l’application la plus téléchargée en août en dehors des jeux vidéo.

TikTok est particulièrement populaire chez les adolescentes, qui selon de nombreuses études la classent comme leur application de réseau social favorite. Nombre de vidéos abordent le problème des tics de manière légère, leurs créateurs montrant combien il est difficile de cuisiner ou réciter l’alphabet lorsque l’on est pris de mouvements ou d’emportements verbaux incontrôlables.

Et les utilisateurs qui cliquent sur les vidéos apparaissant sur l’onglet « Pour toi » peuvent être conduits vers d’autres vidéos du même genre, sélectionnées par un algorithme en fonction du temps passé par l’utilisateur sur tel ou tel contenu.

Le docteur Hull note que le développement de tics ne survient probablement pas après le visionnage d’une seule de ces vidéos. « Certains enfants m’ont montré leur application TikTok sur leur téléphone, et elle était pleine de ces vidéos de gens cuisinant ou récitant l’alphabet avec le syndrome de la Tourette. »

Sur la voie de la guérison

Lorsque le neurologue de l’Hôpital pour enfants du Texas qui a vu Kayla Johnsen a confirmé le diagnostic de trouble neurologique fonctionnel posé par l’équipe des urgences, il a également expliqué à l’adolescente que, bien que ses tics soient involontaires, elle pouvait apprendre à les contrôler.

La confirmation du diagnostic et le fait de savoir qu’elle pouvait les arrêter a permis une certaine amélioration, raconte-t-elle, mais elle doit encore apprendre des techniques pour en venir à bout. La lycéenne effectue des exercices en suivant un manuel recommandé par son neurologue afin d’identifier les pensées et sentiments susceptibles de déclencher des crises de tics, et de mettre en place de meilleures stratégies pour y faire face.

Dernièrement, quelques-unes de ses camarades ont aussi développé des tics. Kayla ne sait pas si elles les tiennent d’elle ou si TikTok en est à l’origine, mais elle s’inquiète pour ses amies.

La famille a souffert des difficultés de Kayla, se sentant seule et désemparée face au problème. L’adolescente déclare qu’elle regarde encore des vidéos sur le TDAH sur TikTok, mais pas celles sur les tics. Elle veut rester optimiste.

« Depuis que cela a commencé, je me répète souvent la même phrase : “Ce n’est qu’une nouvelle épreuve à traverser”, explique-t-elle. Avec tous les problèmes d’angoisse que j’ai depuis des années, et les symptômes liés à ma maladie génétique, j’ai déjà vécu pas mal de choses. Chaque fois que mes tics s’aggravent, je me dis, “ce n’est qu’une nouvelle épreuve à traverser”. C’est ce que je réponds quand on me demande comment je vais, parce que si j’y pensais réellement, je m’effondrerais. »

Conseils aux parents

Les médecins spécialisés dans le traitement des troubles neurologiques fonctionnels ont quelques recommandations pour les parents remarquant que leur enfant est soudain pris de tics.

Interrompre l’utilisation des réseaux sociaux – Les médecins suggèrent de demander aux enfants quels types de vidéos ils ont regardé sur TikTok ou d’autres réseaux sociaux et de leur dire d’arrêter pendant plusieurs semaines de consulter celles où des gens montrent leurs tics. Avec le « Mode Connexion Famille » de TikTok, les parents peuvent lier leur compte à ceux de leurs enfants afin d’activer des restrictions de contenus.

Consulter un spécialiste – Si les tics deviennent sévères au point de perturber la vie quotidienne de l’enfant, il est utile de prendre rendez-vous chez un médecin spécialisé dans les troubles du mouvement. Réagir rapidement et obtenir le bon diagnostic peut contribuer à résoudre plus vite le problème. Aux Etats-Unis, l’Association du syndrome de la Tourette recommande certains hôpitaux et cliniques dans le traitement des tics.

Maintenir la routine familiale – « Le pire que vous puissiez faire est de rester chez vous à ruminer vos symptômes », affirme le docteur Gilbert. Les tics peuvent augmenter durant les périodes de transition, il vaut donc mieux que l’enfant aille voir l’infirmière scolaire lorsqu’un épisode survient, plutôt que rentrer chez lui, explique le médecin.

Ne pas réagir de manière excessive – Face à un enfant pris de mouvements incontrôlables ou proférant des gros mots de manière intempestive, les parents tendent souvent à intervenir pour les empêcher de se blesser ou les interrompre. Mais ce type de réaction valorise en fait le comportement, souligne le docteur Gilbert. « Ne leur prêtez pas attention, recommande-t-il. S’y intéresser ne résout pas le problème, cela l’alimente. » Ce point de vue est partagé par d’autres médecins.

Favoriser l’exercice physique – « J’encourage toujours mes patients à faire du sport ou du yoga – une activité physique qui associe le corps et l’esprit, explique le docteur Gilbert. Ce n’est pas une solution documentée scientifiquement, mais cela leur donne quelque chose à faire. »

(Traduit à partir de la version originale en anglais par Anne Montanaro)

Traduit à partir de la version originale en anglais

 » Influenceurs » sur Internet: Une arnaque

 » Influenceurs » sur Internet: Une arnaque

Un influenceur  français mais résidant à Dubaï a réussi à détourner près de 6 millions d’euros des fonds de solidarité financière. Évidemment c’est un cas extrême. Mais d’une manière générale, le statut d’influenceur constitue une véritable arnaque.

Ils sont des centaines et des centaines à opérer sur la toile, en général des jeunes gens qui façonnent les goûts des adolescents et même des adultes pour leur vendre des marques qui les rétribuent grassement. Bref le mécanisme des représentants de commerce classique mais grâce à Internet qui donnent  l’impression à ceux qui les suivent ces sites d’être vraiment « in ».

Une véritable arnaque commerciale qui joue sur la mode du moment et le look supposé branché des nouveaux marchands du temple.

 

Et les fidèles en redemandent car ils trouvent dans la médiocrité qui caractérise les vidéos des influenceurs  de quoi donner une légitimité à leurs propres insignifiances et à leurs propres ridicules.

 

Le pire dans cette affaire c’est que même le président de la république a cru bon de s’inviter chez deux influenceurs dans les prestations sur Internet sont à pleurer.

 

Internet : l’arnaque des influenceurs

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Ils sont des centaines et des centaines à opérer sur la toile, en général des jeunes gens qui façonnent les goûts des adolescents et même des adultes pour leur vendre des marques qui les rétribuent grassement. Bref le mécanisme des représentants de commerce classique mais grâce à Internet qui donnent  l’impression à ceux qui les suivent ces sites d’être vraiment « in ».

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Pause

2 millions de Chinois payés pour intoxiquer le monde via Internet

2 millions de Chinois payés pour intoxiquer le monde via Internet

 

l’Institut de recherche stratégique de l’École militaire (Irsem) dévoile la stratégie que Pékin met en œuvre pour étendre ses réseaux et pousser ses pions. ( l’Opinion, extrait)

Tous les moyens sont bons pour la Chine pour renforcer son influence. Il y a bien sûr le plus évident : les diasporas, diplomates, universités, la culture (le cinéma notamment), les think tanks.

Mais Pékin a d’autres atouts, comme « l’armée des 50 cents ». Du nom d’individus anonymes payés pour propager des informations. D’après le travail de l’Irsem, deux millions de Chinois seraient payés à temps plein pour effectuer ce travail de propagande insidieuse. Le PCC ne s’arrête pas là, enrôlant à temps partiel, à la demande, près de 20 millions de concitoyens pour ses tactiques sur les réseaux sociaux. Créant ainsi de faux mouvements d’opinion. Des « fermes de contenus » ont même été mises en place en Malaisie.

2 millions de Chinois payés pour intoxiquer- via Internet- le monde

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l’Institut de recherche stratégique de l’École militaire (Irsem) dévoile la stratégie que Pékin met en œuvre pour étendre ses réseaux et pousser ses pions. ( l’Opinion, extrait)

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Mais Pékin a d’autres atouts, comme « l’armée des 50 cents ». Du nom d’individus anonymes payés pour propager des informations. D’après le travail de l’Irsem, deux millions de Chinois seraient payés à temps plein pour effectuer ce travail de propagande insidieuse. Le PCC ne s’arrête pas là, enrôlant à temps partiel, à la demande, près de 20 millions de concitoyens pour ses tactiques sur les réseaux sociaux. Créant ainsi de faux mouvements d’opinion. Des « fermes de contenus » ont même été mises en place en Malaisie.

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