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Politique- En cas de guerre de haute intensité, la France ne tiendrait pas longtemps (Pierre de Villiers)

Politique- En cas de guerre de haute intensité, la France ne tiendrait pas longtemps (Pierre de Villiers)

On se souvient que l’ancien chef des armées a été brutalement et publiquement écarté par Macron pour avoir critiqué l’insuffisance très grave des moyens de la défense du pays. Certes, tout ne peut pas être imputé à la majorité actuelle car la baisse dramatique des moyens a commencé bien avant, il y a au moins 15 ans.L’ancien chef d’état-major des armées analyse dans le Figaro la situation géopolitique de la France et de l’Europe sur fond de fortes tensions internationales.

Vous avez été chef d’état-major des armées. L’armée française de 2022 pourrait-elle faire face à une guerre aussi intense que celle qu’affronte l’Ukraine?
Pierre DE VILLIERS. – La guerre en Ukraine pose cette question de manière quotidienne ces derniers temps, et elle implique de se projeter dans l’avenir. En l’occurrence, si la France se trouvait dans la situation de l’Ukraine, quelle réponse apporterait-elle à une menace ou à une invasion, en fonction des capacités qui sont les siennes? Nous sommes la deuxième armée opérationnelle au monde, et la première en Europe. Et malgré nos qualités, nous serions incapables de tenir sur la durée, et de faire face à la dureté de la guerre telle que nous la voyons en Ukraine. Nous avons perdu cette capacité à cause de choix passés, en l’occurrence la diminution de nos effectifs, en témoigne la baisse de 20 % de 2007 à 2015. Nous avons commencé à remonter le budget de la Défense en 2017 .

A la lumière du conflit qui se déroule en Ukraine, Macron a posé la question de la stratégie militaire française. Jusque-là en effet, experts et professionnels de l’armée considéraient que la défense du pays reposait surtout sur le nucléaire et que les équipements et la défense traditionnelle devaient être en quelque sorte marginalisés.

Une erreur fondamentale car il n’est pas du tout certain que la guerre conventionnelle constitue une hypothèse du passé. Certes l’armée se professionnalise, elle utilise de plus en plus des équipements sophistiqués fait appel à de nouvelles technologies. Mais elle ne saurait se passer notamment d’une forte armée de terre.Pour preuve, l’armée ne parvient même plus à assurer ses objectifs faute de moyens dans les différentes opérations extérieures comme au Sahel par exemple.

Ce qui se passe en Ukraine le démontre par l’absurde puisque par exemple la Russie qui dispose de l’arme nucléaire démontre chaque jour sa grande insuffisance sur le plan de l’infanterie. Elle tente de compenser cette infériorité qualitative et quantitative par une artillerie qui arrose n’importe comment et n’importe où.

En réalité, le budget de la défense n’a cessé de se réduire en France surtout les moyens conventionnels. On a aussi supprimé le service militaire, une surpression qu’on doit aux mêmes experts et aux militaires eux-mêmes qui ont vu là l’occasion d’améliorer leur rémunération. Une suppression qui découle aussi d’une grande lâcheté politique.

L’Ukraine, petit pays, pour faire face aux conflits avec la Russie a réussi à mobiliser 200 000 hommes, à peu près l’effectif de l’armée française.Il y a 15 ans elle en comptait plus du double et il en faudrait sans doute 500 000. Autant dire que la défense française est complètement sous dimensionnée. Alain Bauer le spécialiste emploie le terme diplomatique d’armée échantillonnaire. Une armée qui par ailleurs manque de tout d’équipement, de pièces de rechange et d’effectifs. Par exemple, la moitié des hélicoptères sont en panne et on prend leurs pièces pour réparer ceux qui fonctionnent.

On a pu le vérifier dans la cruelle débâcle de la force Barkhane au Mali. Comment la France pourrait-elle faire face à une éventuelle attaque d’un pays comme la Russie si elle n’est même pas capable de s’imposer face aux rebelles du Sahel.

Tout est à revoir dans la stratégie de défense : l’objectif, les modalités, les équipements , les effectifs et bien sûr les financements.

Il faudra remettre sur le tapis la question du service militaire obligatoire. Comme on l’a vu en Ukraine, c’est parce que des effectifs mobilisables étaient particulièrement bien formés que les forces de Kiev ont fait reculer les Russes. À l’inverse, les Russes ont mobilisé des jeunes sans formation dans beaucoup ont été massacrés. Or en cas de conflit majeur on procède à une mobilisation générale, ce qui suppose une formation préalable. Ce que n’est pas évidemment cet ersatz de service national universel qui ne ressemble à rien.

Défense: L’armée française incapable de résister à une guerre d’ampleur

Défense: L’armée française incapable de résister à une guerre d’amapleur

Depuis l’agression russe contre l’Ukraine le 22 février 2022, les gouvernements européens touchent du doigt la différence entre les postures et la réalité économique et industrielle en matière de défense de l’Europe. Par Marc Guyot et Radu Vranceanu, professeurs à l’Essec dans « La Tribune ».

Le mythe des « dividendes de la paix », véhiculé en son temps par Laurent Fabius comme un coup politique populiste, a résulté trente ans plus tard en un large sous-investissement dans le bien public que constitue la défense nationale. Le sous-investissement en infrastructure routière conduit à des routes surchargées et accidentogène. Le sous-investissement dans la santé publique aboutit à des hôpitaux concentrés et surchargés avec des services d’urgence débordés. Le sous-investissement dans la défense nationale conduit à une incapacité à soutenir l’effort de guerre d’un allié tant en termes de munitions qu’en termes de matériels. Selon de nombreux experts, l’armée française, pourtant la plus capable en Europe occidentale, serait incapable de mener une guerre terrestre à haute intensité comme celle qui ébranle le flanc Est de l’Union européenne (UE). Il y a d’abord un problème de stock de munitions disponibles, de matériels roulants et volants disponibles, d’équipements de dernière génération disponibles, et du nombre de militaires. Il y a également une base industrielle sous-développée, sous capitalisée, fragmentée, et en grande difficulté pour produire et livrer munitions et matériels.

Quelle est la situation presque deux ans après le début du conflit ? Au vu des postures martiales de Emmanuel Macron qui parle d’« économie de guerre », on peut penser que bon an mal an, avec du retard à l’allumage, les chaînes de production ont été réactivées via des commandes publiques suffisantes à la fois pour servir le conflit en cours et remplir les stocks.

Les commandes ont un peu augmenté dans la nouvelle mouture de la loi de programmation militaire mais pas assez pour que les lignes de production tournent à pleine capacité. Cette embellie en termes de commandes reste une embellie de court terme. Plus fondamentalement, il ne s’agit pas d’un plan structuré de financement et de soutien des PME et entreprises de la BITD (base industrielle et technologique de défense) française. La perception européenne et française des industries de défense reste négative dans le contexte actuel d’investissement ESG. Les grandes banques françaises ne veulent pas plus financer de forages pétroliers dans l’Arctique ou dans une réserve africaine que de programme d’armement.

Avant le conflit en Ukraine, un rapport parlementaire du 17 février 2021 a alerté sur les difficultés majeures de financement du secteur industriel de la défense française, et notamment des PMEs. Peu de choses ont changé depuis.

Jamais à court de petites solutions improvisées, le gouvernement propose de consacrer une partie de la collecte du livret A au financement des entreprises de défense, qui pourraient alors obtenir des prêts à un taux bonifié. En fléchant une partie des quelques 200 milliards libres vers les PMEs de la défense, cela permettrait de combler une partie de la pénurie de fonds. La mesure permettrait aux banques de se cacher derrière l’obligation réglementaire en faisant valoir qu’elles n’ont pas le choix et qu’elles ne dépassent pas le quota alloué à cette industrie.

Les cris d’orfraie poussés par un certain nombre de syndicats et de partis de gauche illustrent bien la réalité de la difficulté pour les banques de financer le secteur et l’opportunité de se cacher derrière une obligation légale.

Mais les vraies mesures, que le gouvernement ne semble pas avoir le courage de prendre, sont d’une toute autre nature. Si les banques et les investisseurs privés hésitent encore pour investir dans les entreprises françaises de la défense, c’est en raison du risque important qu’ils perçoivent par rapport au secteur et ils ont sûrement raison. Si le gouvernement français et la société française finissent par réaliser l’importance de la défense nationale et de sa base industrielle lorsqu’une guerre à haute intensité est menée aux portes de l’Europe, il sera beaucoup moins risqué d’investir dans l’industrie de la défense et les solutions administratives seront inutiles voire inefficaces.

En premier lieu, il faut en finir avec l’idéologie qui oppose l’industrie de la défense et les objectifs sociaux et sociétaux. La guerre en Ukraine montre à tous ceux qui veulent regarder que seule la défense nationale peut protéger nos valeurs de liberté et nos concitoyens. La soutenabilité de notre modèle démocratique face aux autocraties repose sur la défense nationale ce qui rend moral et responsable son financement.

En second lieu, si le budget des armés est en augmentation, ces augmentations sont modestes au regard de la redéfinition des menaces, de l’inflation et de la hausse du coûts des équipements de plus en plus complexes (conformément à la « loi d’Augustine »). Comme le secteur de l’énergie, le secteur de la défense doit être en mesure de fournir le service attendu en situation de crise. Des stocks importants et des capacités productives doivent être maintenues en réserve pour une réouverture en cas de crise. Il s’agit d’un changement de philosophie dans la production d’armements que la chute des budgets avait réduit au modèle de réduction des coûts de l’industrie privée marchande. Ces deux aspects plaident pour une plus forte augmentation du budget de la défense en termes réels.

Enfin, il est crucial de mettre en place des contrats d’achat d’armes à long terme. Aucune banque ne pourra financer des projets d’investissement à 15 ans lorsque les commandes passées par le gouvernement couvrent une période plus courte. Les prêts à 15 ans doivent faire face à des projets de développement d’armes, d’achat d’armes et munitions d’au moins une même durée. Un tel alignement ferait baisser de manière substantielle le cout du financement, donc le coût unitaire de l’arme au bénéfice du budget des armées.

Il serait avisé pour le gouvernement de ne pas gaspiller cette période où nos concitoyens sont sensibilisés à la menace extérieure pour lancer une réforme. Il serait dommage pour la sécurité à long terme de notre pays de s’en tenir à une petite extension budgétaire sans réforme en profondeur ni ambition de remise en état de nos capacités à nous protéger et protéger nos alliés menacés.

Défense -L’armée française incapable de résister à une guerre de haute intensité

Défense -L’armée française incapable de résister à une guerre de haute intensité

Depuis l’agression russe contre l’Ukraine le 22 février 2022, les gouvernements européens touchent du doigt la différence entre les postures et la réalité économique et industrielle en matière de défense de l’Europe. Par Marc Guyot et Radu Vranceanu, professeurs à l’Essec dans « La Tribune ».

Le mythe des « dividendes de la paix », véhiculé en son temps par Laurent Fabius comme un coup politique populiste, a résulté trente ans plus tard en un large sous-investissement dans le bien public que constitue la défense nationale. Le sous-investissement en infrastructure routière conduit à des routes surchargées et accidentogène. Le sous-investissement dans la santé publique aboutit à des hôpitaux concentrés et surchargés avec des services d’urgence débordés. Le sous-investissement dans la défense nationale conduit à une incapacité à soutenir l’effort de guerre d’un allié tant en termes de munitions qu’en termes de matériels. Selon de nombreux experts, l’armée française, pourtant la plus capable en Europe occidentale, serait incapable de mener une guerre terrestre à haute intensité comme celle qui ébranle le flanc Est de l’Union européenne (UE). Il y a d’abord un problème de stock de munitions disponibles, de matériels roulants et volants disponibles, d’équipements de dernière génération disponibles, et du nombre de militaires. Il y a également une base industrielle sous-développée, sous capitalisée, fragmentée, et en grande difficulté pour produire et livrer munitions et matériels.

Quelle est la situation presque deux ans après le début du conflit ? Au vu des postures martiales de Emmanuel Macron qui parle d’« économie de guerre », on peut penser que bon an mal an, avec du retard à l’allumage, les chaînes de production ont été réactivées via des commandes publiques suffisantes à la fois pour servir le conflit en cours et remplir les stocks.

Les commandes ont un peu augmenté dans la nouvelle mouture de la loi de programmation militaire mais pas assez pour que les lignes de production tournent à pleine capacité. Cette embellie en termes de commandes reste une embellie de court terme. Plus fondamentalement, il ne s’agit pas d’un plan structuré de financement et de soutien des PME et entreprises de la BITD (base industrielle et technologique de défense) française. La perception européenne et française des industries de défense reste négative dans le contexte actuel d’investissement ESG. Les grandes banques françaises ne veulent pas plus financer de forages pétroliers dans l’Arctique ou dans une réserve africaine que de programme d’armement.

Avant le conflit en Ukraine, un rapport parlementaire du 17 février 2021 a alerté sur les difficultés majeures de financement du secteur industriel de la défense française, et notamment des PMEs. Peu de choses ont changé depuis.

Jamais à court de petites solutions improvisées, le gouvernement propose de consacrer une partie de la collecte du livret A au financement des entreprises de défense, qui pourraient alors obtenir des prêts à un taux bonifié. En fléchant une partie des quelques 200 milliards libres vers les PMEs de la défense, cela permettrait de combler une partie de la pénurie de fonds. La mesure permettrait aux banques de se cacher derrière l’obligation réglementaire en faisant valoir qu’elles n’ont pas le choix et qu’elles ne dépassent pas le quota alloué à cette industrie.

Les cris d’orfraie poussés par un certain nombre de syndicats et de partis de gauche illustrent bien la réalité de la difficulté pour les banques de financer le secteur et l’opportunité de se cacher derrière une obligation légale.

Mais les vraies mesures, que le gouvernement ne semble pas avoir le courage de prendre, sont d’une toute autre nature. Si les banques et les investisseurs privés hésitent encore pour investir dans les entreprises françaises de la défense, c’est en raison du risque important qu’ils perçoivent par rapport au secteur et ils ont sûrement raison. Si le gouvernement français et la société française finissent par réaliser l’importance de la défense nationale et de sa base industrielle lorsqu’une guerre à haute intensité est menée aux portes de l’Europe, il sera beaucoup moins risqué d’investir dans l’industrie de la défense et les solutions administratives seront inutiles voire inefficaces.

En premier lieu, il faut en finir avec l’idéologie qui oppose l’industrie de la défense et les objectifs sociaux et sociétaux. La guerre en Ukraine montre à tous ceux qui veulent regarder que seule la défense nationale peut protéger nos valeurs de liberté et nos concitoyens. La soutenabilité de notre modèle démocratique face aux autocraties repose sur la défense nationale ce qui rend moral et responsable son financement.

En second lieu, si le budget des armés est en augmentation, ces augmentations sont modestes au regard de la redéfinition des menaces, de l’inflation et de la hausse du coûts des équipements de plus en plus complexes (conformément à la « loi d’Augustine »). Comme le secteur de l’énergie, le secteur de la défense doit être en mesure de fournir le service attendu en situation de crise. Des stocks importants et des capacités productives doivent être maintenues en réserve pour une réouverture en cas de crise. Il s’agit d’un changement de philosophie dans la production d’armements que la chute des budgets avait réduit au modèle de réduction des coûts de l’industrie privée marchande. Ces deux aspects plaident pour une plus forte augmentation du budget de la défense en termes réels.

Enfin, il est crucial de mettre en place des contrats d’achat d’armes à long terme. Aucune banque ne pourra financer des projets d’investissement à 15 ans lorsque les commandes passées par le gouvernement couvrent une période plus courte. Les prêts à 15 ans doivent faire face à des projets de développement d’armes, d’achat d’armes et munitions d’au moins une même durée. Un tel alignement ferait baisser de manière substantielle le cout du financement, donc le coût unitaire de l’arme au bénéfice du budget des armées.

Il serait avisé pour le gouvernement de ne pas gaspiller cette période où nos concitoyens sont sensibilisés à la menace extérieure pour lancer une réforme. Il serait dommage pour la sécurité à long terme de notre pays de s’en tenir à une petite extension budgétaire sans réforme en profondeur ni ambition de remise en état de nos capacités à nous protéger et protéger nos alliés menacés.

L’armée française incapable de résister à une guerre de haute intensité

L’armée française incapable de résister à une guerre de haute intensité

Depuis l’agression russe contre l’Ukraine le 22 février 2022, les gouvernements européens touchent du doigt la différence entre les postures et la réalité économique et industrielle en matière de défense de l’Europe. Par Marc Guyot et Radu Vranceanu, professeurs à l’Essec dans « La Tribune ».

Le mythe des « dividendes de la paix », véhiculé en son temps par Laurent Fabius comme un coup politique populiste, a résulté trente ans plus tard en un large sous-investissement dans le bien public que constitue la défense nationale. Le sous-investissement en infrastructure routière conduit à des routes surchargées et accidentogène. Le sous-investissement dans la santé publique aboutit à des hôpitaux concentrés et surchargés avec des services d’urgence débordés. Le sous-investissement dans la défense nationale conduit à une incapacité à soutenir l’effort de guerre d’un allié tant en termes de munitions qu’en termes de matériels. Selon de nombreux experts, l’armée française, pourtant la plus capable en Europe occidentale, serait incapable de mener une guerre terrestre à haute intensité comme celle qui ébranle le flanc Est de l’Union européenne (UE). Il y a d’abord un problème de stock de munitions disponibles, de matériels roulants et volants disponibles, d’équipements de dernière génération disponibles, et du nombre de militaires. Il y a également une base industrielle sous-développée, sous capitalisée, fragmentée, et en grande difficulté pour produire et livrer munitions et matériels.

Quelle est la situation presque deux ans après le début du conflit ? Au vu des postures martiales de Emmanuel Macron qui parle d’« économie de guerre », on peut penser que bon an mal an, avec du retard à l’allumage, les chaînes de production ont été réactivées via des commandes publiques suffisantes à la fois pour servir le conflit en cours et remplir les stocks.

Les commandes ont un peu augmenté dans la nouvelle mouture de la loi de programmation militaire mais pas assez pour que les lignes de production tournent à pleine capacité. Cette embellie en termes de commandes reste une embellie de court terme. Plus fondamentalement, il ne s’agit pas d’un plan structuré de financement et de soutien des PME et entreprises de la BITD (base industrielle et technologique de défense) française. La perception européenne et française des industries de défense reste négative dans le contexte actuel d’investissement ESG. Les grandes banques françaises ne veulent pas plus financer de forages pétroliers dans l’Arctique ou dans une réserve africaine que de programme d’armement.

Avant le conflit en Ukraine, un rapport parlementaire du 17 février 2021 a alerté sur les difficultés majeures de financement du secteur industriel de la défense française, et notamment des PMEs. Peu de choses ont changé depuis.

Jamais à court de petites solutions improvisées, le gouvernement propose de consacrer une partie de la collecte du livret A au financement des entreprises de défense, qui pourraient alors obtenir des prêts à un taux bonifié. En fléchant une partie des quelques 200 milliards libres vers les PMEs de la défense, cela permettrait de combler une partie de la pénurie de fonds. La mesure permettrait aux banques de se cacher derrière l’obligation réglementaire en faisant valoir qu’elles n’ont pas le choix et qu’elles ne dépassent pas le quota alloué à cette industrie.

Les cris d’orfraie poussés par un certain nombre de syndicats et de partis de gauche illustrent bien la réalité de la difficulté pour les banques de financer le secteur et l’opportunité de se cacher derrière une obligation légale.

Mais les vraies mesures, que le gouvernement ne semble pas avoir le courage de prendre, sont d’une toute autre nature. Si les banques et les investisseurs privés hésitent encore pour investir dans les entreprises françaises de la défense, c’est en raison du risque important qu’ils perçoivent par rapport au secteur et ils ont sûrement raison. Si le gouvernement français et la société française finissent par réaliser l’importance de la défense nationale et de sa base industrielle lorsqu’une guerre à haute intensité est menée aux portes de l’Europe, il sera beaucoup moins risqué d’investir dans l’industrie de la défense et les solutions administratives seront inutiles voire inefficaces.

En premier lieu, il faut en finir avec l’idéologie qui oppose l’industrie de la défense et les objectifs sociaux et sociétaux. La guerre en Ukraine montre à tous ceux qui veulent regarder que seule la défense nationale peut protéger nos valeurs de liberté et nos concitoyens. La soutenabilité de notre modèle démocratique face aux autocraties repose sur la défense nationale ce qui rend moral et responsable son financement.

En second lieu, si le budget des armés est en augmentation, ces augmentations sont modestes au regard de la redéfinition des menaces, de l’inflation et de la hausse du coûts des équipements de plus en plus complexes (conformément à la « loi d’Augustine »). Comme le secteur de l’énergie, le secteur de la défense doit être en mesure de fournir le service attendu en situation de crise. Des stocks importants et des capacités productives doivent être maintenues en réserve pour une réouverture en cas de crise. Il s’agit d’un changement de philosophie dans la production d’armements que la chute des budgets avait réduit au modèle de réduction des coûts de l’industrie privée marchande. Ces deux aspects plaident pour une plus forte augmentation du budget de la défense en termes réels.

Enfin, il est crucial de mettre en place des contrats d’achat d’armes à long terme. Aucune banque ne pourra financer des projets d’investissement à 15 ans lorsque les commandes passées par le gouvernement couvrent une période plus courte. Les prêts à 15 ans doivent faire face à des projets de développement d’armes, d’achat d’armes et munitions d’au moins une même durée. Un tel alignement ferait baisser de manière substantielle le cout du financement, donc le coût unitaire de l’arme au bénéfice du budget des armées.

Il serait avisé pour le gouvernement de ne pas gaspiller cette période où nos concitoyens sont sensibilisés à la menace extérieure pour lancer une réforme. Il serait dommage pour la sécurité à long terme de notre pays de s’en tenir à une petite extension budgétaire sans réforme en profondeur ni ambition de remise en état de nos capacités à nous protéger et protéger nos alliés menacés.

Politique de défense: En cas de guerre de haute intensité, la France ne tiendrait pas longtemps (Pierre de Villiers)

Politique de défense: En cas de guerre de haute intensité, la France ne tiendrait pas longtemps (Pierre de Villiers)

On se souvient que l’ancien chef des armées a été brutalement et publiquement écarté par Macron pour avoir critiqué l’insuffisance très grave des moyens de la défense du pays. Certes, tout ne peut pas être imputé à la majorité actuelle car la baisse dramatique des moyens a commencé bien avant, il y a au moins 15 ans.L’ancien chef d’état-major des armées, qui vient de publier un nouvel essai, analyse dans le Figaro la situation géopolitique de la France et de l’Europe sur fond de fortes tensions internationales.

Vous avez été chef d’état-major des armées. L’armée française de 2022 pourrait-elle faire face à une guerre aussi intense que celle qu’affronte l’Ukraine?
Pierre DE VILLIERS. – La guerre en Ukraine pose cette question de manière quotidienne ces derniers temps, et elle implique de se projeter dans l’avenir. En l’occurrence, si la France se trouvait dans la situation de l’Ukraine, quelle réponse apporterait-elle à une menace ou à une invasion, en fonction des capacités qui sont les siennes? Nous sommes la deuxième armée opérationnelle au monde, et la première en Europe. Et malgré nos qualités, nous serions incapables de tenir sur la durée, et de faire face à la dureté de la guerre telle que nous la voyons en Ukraine. Nous avons perdu cette capacité à cause de choix passés, en l’occurrence la diminution de nos effectifs, en témoigne la baisse de 20 % de 2007 à 2015. Nous avons commencé à remonter le budget de la Défense en 2017 .

A la lumière du conflit qui se déroule en Ukraine, Macron a posé la question de la stratégie militaire française. Jusque-là en effet, experts et professionnels de l’armée considéraient que la défense du pays reposait surtout sur le nucléaire et que les équipements et la défense traditionnelle devaient être en quelque sorte marginalisés.

Une erreur fondamentale car il n’est pas du tout certain que la guerre conventionnelle constitue une hypothèse du passé. Certes l’armée se professionnalise, elle utilise de plus en plus des équipements sophistiqués fait appel à de nouvelles technologies. Mais elle ne saurait se passer notamment d’une forte armée de terre.Pour preuve, l’armée ne parvient même plus à assurer ses objectifs faute de moyens dans les différentes opérations extérieures comme au Sahel par exemple.

Ce qui se passe en Ukraine le démontre par l’absurde puisque par exemple la Russie qui dispose de l’arme nucléaire démontre chaque jour sa grande insuffisance sur le plan de l’infanterie. Elle tente de compenser cette infériorité qualitative et quantitative par une artillerie qui arrose n’importe comment et n’importe où.

En réalité, le budget de la défense n’a cessé de se réduire en France surtout les moyens conventionnels. On a aussi supprimé le service militaire, une surpression qu’on doit aux mêmes experts et aux militaires eux-mêmes qui ont vu là l’occasion d’améliorer leur rémunération. Une suppression qui découle aussi d’une grande lâcheté politique.

L’Ukraine, petit pays, pour faire face aux conflits avec la Russie a réussi à mobiliser 200 000 hommes, à peu près l’effectif de l’armée française.Il y a 15 ans elle en comptait plus du double et il en faudrait sans doute 500 000. Autant dire que la défense française est complètement sous dimensionnée. Alain Bauer le spécialiste emploie le terme diplomatique d’armée échantillonnaire. Une armée qui par ailleurs manque de tout d’équipement, de pièces de rechange et d’effectifs. Par exemple, la moitié des hélicoptères sont en panne et on prend leurs pièces pour réparer ceux qui fonctionnent.

On a pu le vérifier dans la cruelle débâcle de la force Barkhane au Mali. Comment la France pourrait-elle faire face à une éventuelle attaque d’un pays comme la Russie si elle n’est même pas capable de s’imposer face aux rebelles du Sahel.

Tout est à revoir dans la stratégie de défense : l’objectif, les modalités, les équipements , les effectifs et bien sûr les financements.

Il faudra remettre sur le tapis la question du service militaire obligatoire. Comme on l’a vu en Ukraine, c’est parce que des effectifs mobilisables étaient particulièrement bien formés que les forces de Kiev ont fait reculer les Russes. À l’inverse, les Russes ont mobilisé des jeunes sans formation dans beaucoup ont été massacrés. Or en cas de conflit majeur on procède à une mobilisation générale, ce qui suppose une formation préalable. Ce que n’est pas évidemment cet ersatz de service national universel qui ne ressemble à rien.

Défense: En cas de guerre de haute intensité, la France ne tiendrait pas longtemps

Défense: En cas de guerre de haute intensité, la France ne tiendrait pas longtemps (Pierre de Villiers)

On se souvient que l’ancien chef des armées a été brutalement et publiquement écarté par Macron pour avoir critiqué l’insuffisance très grave des moyens de la défense du pays. Certes, tout ne peut pas être imputé à la majorité actuelle car la baisse dramatique des moyens a commencé bien avant, il y a au moins 15 ans.L’ancien chef d’état-major des armées, qui vient de publier un nouvel essai, analyse dans le Figaro la situation géopolitique de la France et de l’Europe sur fond de fortes tensions internationales.

Vous avez été chef d’état-major des armées. L’armée française de 2022 pourrait-elle faire face à une guerre aussi intense que celle qu’affronte l’Ukraine?
Pierre DE VILLIERS. – La guerre en Ukraine pose cette question de manière quotidienne ces derniers temps, et elle implique de se projeter dans l’avenir. En l’occurrence, si la France se trouvait dans la situation de l’Ukraine, quelle réponse apporterait-elle à une menace ou à une invasion, en fonction des capacités qui sont les siennes? Nous sommes la deuxième armée opérationnelle au monde, et la première en Europe. Et malgré nos qualités, nous serions incapables de tenir sur la durée, et de faire face à la dureté de la guerre telle que nous la voyons en Ukraine. Nous avons perdu cette capacité à cause de choix passés, en l’occurrence la diminution de nos effectifs, en témoigne la baisse de 20 % de 2007 à 2015. Nous avons commencé à remonter le budget de la Défense en 2017 .

A la lumière du conflit qui se déroule en Ukraine, Macron a posé la question de la stratégie militaire française. Jusque-là en effet, experts et professionnels de l’armée considéraient que la défense du pays reposait surtout sur le nucléaire et que les équipements et la défense traditionnelle devaient être en quelque sorte marginalisés.

Une erreur fondamentale car il n’est pas du tout certain que la guerre conventionnelle constitue une hypothèse du passé. Certes l’armée se professionnalise, elle utilise de plus en plus des équipements sophistiqués fait appel à de nouvelles technologies. Mais elle ne saurait se passer notamment d’une forte armée de terre.Pour preuve, l’armée ne parvient même plus à assurer ses objectifs faute de moyens dans les différentes opérations extérieures comme au Sahel par exemple.

Ce qui se passe en Ukraine le démontre par l’absurde puisque par exemple la Russie qui dispose de l’arme nucléaire démontre chaque jour sa grande insuffisance sur le plan de l’infanterie. Elle tente de compenser cette infériorité qualitative et quantitative par une artillerie qui arrose n’importe comment et n’importe où.

En réalité, le budget de la défense n’a cessé de se réduire en France surtout les moyens conventionnels. On a aussi supprimé le service militaire, une surpression qu’on doit aux mêmes experts et aux militaires eux-mêmes qui ont vu là l’occasion d’améliorer leur rémunération. Une suppression qui découle aussi d’une grande lâcheté politique.

L’Ukraine, petit pays, pour faire face aux conflits avec la Russie a réussi à mobiliser 200 000 hommes, à peu près l’effectif de l’armée française.Il y a 15 ans elle en comptait plus du double et il en faudrait sans doute 500 000. Autant dire que la défense française est complètement sous dimensionnée. Alain Bauer le spécialiste emploie le terme diplomatique d’armée échantillonnaire. Une armée qui par ailleurs manque de tout d’équipement, de pièces de rechange et d’effectifs. Par exemple, la moitié des hélicoptères sont en panne et on prend leurs pièces pour réparer ceux qui fonctionnent.

On a pu le vérifier dans la cruelle débâcle de la force Barkhane au Mali. Comment la France pourrait-elle faire face à une éventuelle attaque d’un pays comme la Russie si elle n’est même pas capable de s’imposer face aux rebelles du Sahel.

Tout est à revoir dans la stratégie de défense : l’objectif, les modalités, les équipements , les effectifs et bien sûr les financements.

Il faudra remettre sur le tapis la question du service militaire obligatoire. Comme on l’a vu en Ukraine, c’est parce que des effectifs mobilisables étaient particulièrement bien formés que les forces de Kiev ont fait reculer les Russes. À l’inverse, les Russes ont mobilisé des jeunes sans formation dans beaucoup ont été massacrés. Or en cas de conflit majeur on procède à une mobilisation générale, ce qui suppose une formation préalable. Ce que n’est pas évidemment cet ersatz de service national universel qui ne ressemble à rien.

Guerre de haute intensité, la France ne tiendrait pas longtemps

Guerre de haute intensité, la France ne tiendrait pas longtemps (Pierre de Villiers)

On se souvient que l’ancien chef des armées a été brutalement et publiquement été écarté par Macron pour avoir critiqué l’insuffisance très grave des moyens de la défense du pays. Certes, tout ne peut pas être imputé à la majorité actuelle car la baisse dramatique des moyens a commencé bien avant, il y a au moins 15 ans.L’ancien chef d’état-major des armées, qui vient de publier un nouvel essai, analyse dans le Figaro la situation géopolitique de la France et de l’Europe sur fond de fortes tensions internationales.

Vous avez été chef d’état-major des armées. L’armée française de 2022 pourrait-elle faire face à une guerre aussi intense que celle qu’affronte l’Ukraine?
Pierre DE VILLIERS. – La guerre en Ukraine pose cette question de manière quotidienne ces derniers temps, et elle implique de se projeter dans l’avenir. En l’occurrence, si la France se trouvait dans la situation de l’Ukraine, quelle réponse apporterait-elle à une menace ou à une invasion, en fonction des capacités qui sont les siennes? Nous sommes la deuxième armée opérationnelle au monde, et la première en Europe. Et malgré nos qualités, nous serions incapables de tenir sur la durée, et de faire face à la dureté de la guerre telle que nous la voyons en Ukraine. Nous avons perdu cette capacité à cause de choix passés, en l’occurrence la diminution de nos effectifs, en témoigne la baisse de 20 % de 2007 à 2015. Nous avons commencé à remonter le budget de la Défense en 2017 .

A la lumière du conflit qui se déroule en Ukraine, Macron a posé la question de la stratégie militaire française. Jusque-là en effet, experts et professionnels de l’armée considéraient que la défense du pays reposait surtout sur le nucléaire et que les équipements et la défense traditionnelle devaient être en quelque sorte marginalisés.

Une erreur fondamentale car il n’est pas du tout certain que la guerre conventionnelle constitue une hypothèse du passé. Certes l’armée se professionnalise, elle utilise de plus en plus des équipements sophistiqués fait appel à de nouvelles technologies. Mais elle ne saurait se passer notamment d’une forte armée de terre.Pour preuve, l’armée ne parvient même plus à assurer ses objectifs faute de moyens dans les différentes opérations extérieures comme au Sahel par exemple.

Ce qui se passe en Ukraine le démontre par l’absurde puisque par exemple la Russie qui dispose de l’arme nucléaire démontre chaque jour sa grande insuffisance sur le plan de l’infanterie. Elle tente de compenser cette infériorité qualitative et quantitative par une artillerie qui arrose n’importe comment et n’importe où.

En réalité, le budget de la défense n’a cessé de se réduire en France surtout les moyens conventionnels. On a aussi supprimé le service militaire, une surpression qu’on doit aux mêmes experts et aux militaires eux-mêmes qui ont vu là l’occasion d’améliorer leur rémunération. Une suppression qui découle aussi d’une grande lâcheté politique.

L’Ukraine, petit pays, pour faire face aux conflits avec la Russie a réussi à mobiliser 200 000 hommes, à peu près l’effectif de l’armée française.Il y a 15 ans elle en comptait plus du double et il en faudrait sans doute 500 000. Autant dire que la défense française est complètement sous dimensionnée. Alain Bauer le spécialiste emploie le terme diplomatique d’armée échantillonnaire. Une armée qui par ailleurs manque de tout d’équipement, de pièces de rechange et d’effectifs. Par exemple, la moitié des hélicoptères sont en panne et on prend leurs pièces pour réparer ceux qui fonctionnent.

On a pu le vérifier dans la cruelle débâcle de la force Barkhane au Mali. Comment la France pourrait-elle faire face à une éventuelle attaque d’un pays comme la Russie si elle n’est même pas capable de s’imposer face aux rebelles du Sahel.

Tout est à revoir dans la stratégie de défense : l’objectif, les modalités, les équipements , les effectifs et bien sûr les financements.

Il faudra remettre sur le tapis la question du service militaire obligatoire. Comme on l’a vu en Ukraine, c’est parce que des effectifs mobilisables étaient particulièrement bien formés que les forces de Kiev ont fait reculer les Russes. À l’inverse, les Russes ont mobilisé des jeunes sans formation dans beaucoup ont été massacrés. Or en cas de conflit majeur on procède à une mobilisation générale, ce qui suppose une formation préalable. Ce que n’est pas évidemment cet ersatz de service national universel qui ne ressemble à rien.




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