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Retraites et Pénibilité: un projet très insuffisant ?

 Retraites et Pénibilité: un projet très insuffisant ?

Par , maître de conférences en sciences de gestion, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC)et , maîtresse de conférences en sciences de gestion, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC) dans The conversation. 

 

Le  projet pour l’avenir du système des retraites, contre lequel les Français se sont largement mobilisés ce jeudi 19 janvier, comprend notamment des mesures de prévention de l’usure professionnelle ( mais jugées très insuffisantes par les syndicats). C’est notamment l’un des reproches majeurs qu’on peut faire à la réforme envisagée.

Quatre pistes sont aujourd’hui envisagées pour les métiers physiques ou répétitifs : la création d’un fonds d’investissement d’un milliard d’euros pour la prévention de l’usure professionnelle ; la mise en place d’un suivi médical renforcé auprès des salariés ayant un métier pénible ; la possibilité de financer un congé de reconversion ; l’élargissement du compte professionnel de prévention (C2P) à plus de salariés et avec plus de droits.

Ce C2P, né des « ordonnances Macron », avait remplacé en 2017 le terme « pénibilité » en « facteurs de risques professionnels » et avait retiré 4 facteurs (charges lourdes, postures pénibles, vibrations mécaniques et risques chimiques) du dispositif précédent, le compte personnel de prévention de la pénibilité (C3P). En décembre 2022, la Cour des comptes a présenté ce C2P comme « un dispositif sans ambition et non contrôlé » dans son rapport public thématique sur les politiques publiques en santé au travail dans les entreprises.

Comment appréhender les quatre mesures avancées sur ce sujet lors de cette présentation ? Tout d’abord, concernant la création d’un fonds d’investissement d’un milliard d’euros pour financer des actions de prévention, de sensibilisation, et de reconversion, mesure revendiquant explicitement la prévention comme objectif, plusieurs interrogations émergent. Sur quelles analyses repose ce montant d’un milliard d’euros sur cinq ans ? Quels objectifs concrets se donnera ce fonds d’investissement ? S’agit-il d’une extension du Fonds national de prévention de la Caisse des dépôts ou d’un fonds annexe ? Ces questions sont en suspens.

Concernant l’élargissement du C2P, trois seuils permettant de doter le compte en points ont été abaissés : avec la réforme, il suffira de 100 nuits de travail par an, et non plus 120, ou de 30 nuits en travail alternant contre 50 aujourd’hui. Cet élargissement ouvre également droit au cumul de points dans les cas d’expositions à plusieurs formes de pénibilité. Si le gouvernement a refusé de réintégrer les 4 critères exclus en 2017, la réforme des retraites permettrait toutefois, pour les salariés exposés aux charges lourdes, postures pénibles et vibrations, sous réserve de la reconnaissance officielle d’une inaptitude, de bénéficier de nouveaux droits, chaque branche professionnelle devant lister les métiers concernés. Cela crée un risque de décalage entre métiers, certaines branches pouvant reconnaître un métier comme pénible et d’autres non.

Enfin, le financement de congés de reconversion et la mise en place d’un suivi médical renforcé auprès des salariés ayant un métier pénible apparaissent comme des mesures de réparation plutôt que de réelle prévention. Pourtant, comme nous l’avions déjà souligné dans un précédent article, le travail joue un rôle déterminant dans les différences d’espérance de vie et d’état de santé entre les citoyens.

Ce constat est validé par de nombreuses études liant l’exposition aux facteurs de pénibilité avec, notamment, la sortie précoce de l’emploi, ou l’état de santé après 50 ans. L’espérance de vie sans incapacité est également corrélée avec les catégories professionnelles. Ces mesures ne devraient donc n’avoir qu’un effet limité pour éviter ou diminuer les maux du travail.

La prévention de la désinsertion et de l’usure professionnelles figure déjà au cœur de l’axe stratégique 2 du « plan santé au travail 4 » adopté pour la période 2021-2025. Si certains progrès techniques permettent effectivement d’améliorer les conditions de travail (à l’image des exosquelettes pour les charges lourdes), ils restent loin de résoudre le problème. Certes, selon la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) du ministère du Travail, les expositions longues aux contraintes physiques ont diminué dans la majorité des secteurs ces 20 dernières années. Cependant, les expositions de courtes durées ont augmenté sur la même période.

En outre, la Cour des comptes avait souligné fin 2022 l’écart entre le nombre de salariés concernés selon la Dares et les effectifs des salariés déclarés exposés dans le cadre du C2P : tous risques confondus, seul un quart de salariés potentiellement exposés disposent d’un compte professionnel de prévention, cette proportion variant entre 11 % pour le bruit et 53 % pour le travail de nuit. Ce phénomène de non-recours, qui en rappelle d’autres, devrait amener à revoir profondément le dispositif, son périmètre, ses moyens et ses objectifs.

Quant aux risques liés aux facteurs psychosociaux, le ministre du Travail Olivier Dussopt a estimé, le 15 janvier dernier sur France Inter, qu’il s’agissait d’un chantier « immense » et « majeur » souffrant d’un manque d’indicateurs. Ces facteurs sont évalués régulièrement notamment par une des enquêtes de la Dares qui fait état, dans ses dernières estimations, d’un recul des marges de manœuvre favorisant l’autonomie. Pire, les études sur les salariés exposés à plusieurs risques professionnels montrent que cette catégorie majoritaire est systématiquement concernée par des contraintes organisationnelles et relationnelles.

D’ailleurs, les saisines des comités régionaux de reconnaissance des maladies professionnelles (CRRMP) ont plus que doublé en 10 ans. Des milliers de salariés voient ainsi leurs affections psychiques reconnues comme maladies professionnelles. Le burn-out, épuisement professionnel en français, fait partie de ces affections mais ce syndrome est loin d’être le seul trouble pouvant conduire à une prise en charge par la branche Accidents du travail – Maladies professionnelles (AT-MP) de la Sécurité sociale.

Des mesures ambitieuses et incitatives pour protéger les salariés et éviter les atteintes à leur santé dès les prises des postes manquent donc encore dans le projet de réforme des retraites. Et l’absence de représentants du personnel formés et dédiés à ce sujet, depuis la suppression des comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) en 2017, complique encore la prise en compte de ces enjeux.

Réforme des retraites : Un projet du gouvernement très insuffisant

Réforme des retraites : Un projet du gouvernement très insuffisant
La mesure phare concerne l’âge légal de départ qui sera reporté à 65 ou 64 ans.
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Théoriquement tous les salariés devraient être concernés. En clair, Le régime général du privé, les régimes spéciaux comme les régimes des fonctionnaires. En théorie seulement car d’une part il ira des aménagements selon les métiers et surtout la clause du grand-père qui permet de renvoyer l’application totale à une quarantaine d’années (seuls les nouveaux entrants seront concernés) .

Tandis que les travailleurs du privé partiront à 65 ans certains fonctionnaires partiront encore À partir de 55 ans.

Théoriquement un recul de l’âge légal à 65 ans permettrait d’économiser 32 milliards d’euros par an en 2035. Le recul de l’âge à 64 ans avec allongement de la durée de cotisation, ce serait 22 milliards d’euros.

Il s’agit d’une évaluation très théorique car aujourd’hui la moitié des seniors sont déjà sortis du marché du travail avant leur retraite. La charge financière et donc reportée notamment sur l’ASSEDIC ou la sécurité sociale pour les handicapés

Reste les problèmes actuellement dans le concernant les carrières longues et la pénibilité ou différente propositions ne sont pas encore clarifiées. Notamment sur le concept de pénibilité.

Avant 2017, les salariés exposés cumulaient des points qui leur permettaient de partir plus tôt à la retraite. Désormais, ils doivent attendre d’être malades pour bénéficier – éventuellement –d’un départ en retraite pour incapacité ou invalidité, après avis médical. Cette réparation après coup n’est pas suffisante pour les syndicats.

Le gouvernement ne veut pas revenir à l’ancien système. A défaut, il envisage de favoriser le nombre de départs anticipés pour incapacité ou invalidité.

Budget de défense militaire: très insuffisant face aux enjeux

Budget de défense militaire: très insuffisant face aux enjeux


En dépit du discours volontariste de Macron qui veut doter la France d’une politique de défense à la hauteur des nouveaux enjeux, la loi de programmation militaire risque d’être notoirement en dessous des besoins. A la lumière du conflit qui se déroule en Ukraine, Macron pose la question de la stratégie militaire française. Jusque-là en effet, experts et professionnels de l’armée considéraient que la défense du pays devait reposer surtout sur le nucléaire et que les équipements et la défense traditionnelle devaient être en quelque sorte être marginalisés.

Une erreur fondamentale car il n’est pas du tout certain que la guerre conventionnelle constitue une hypothèse du passé. Certes l’armée se professionnalise, elle utilise de plus en plus des équipements sophistiqués fait appel à de nouvelles technologies. Mais elle ne saurait se passer notamment d’une forte armée de terre.Pour preuve, l’armée ne parvient même plus à assurer ses objectifs faute de moyens dans les différentes opérations extérieures comme au Sahel par exemple.

Ce qui se passe en Ukraine le démontre par l’absurde puisque par exemple la Russie qui dispose de l’arme nucléaire démontre chaque jour sa grande insuffisance sur le plan de l’infanterie. Elle tente de compenser cette infériorité qualitative et quantitative par une artillerie qui arrose n’importe comment et n’importe où.

En réalité, le budget de la défense n’a cessé de se réduire en France surtout les moyens conventionnels. On a aussi supprimé le service militaire, une surpression qu’on doit aux mêmes experts et aux militaires eux-mêmes qui ont vu là l’occasion d’améliorer leur rémunération. Une suppression qui découle aussi d’une grande lâcheté politique.

L’Ukraine, petit pays, pour faire face aux conflits avec la Russie a réussi à mobiliser 200 000 hommes, à peu près l’effectif de l’armée française.Il y a 15 ans elle en comptait plus du double et il en faudrait sans doute 500 000. Autant dire que la défense française est complètement sous dimensionnée. Alain Bauer le spécialiste emploie le terme diplomatique d’armée échantillonnaire. Une armée qui par ailleurs manque de tout d’équipement, de pièces de rechange et d’effectifs. Par exemple, la moitié des hélicoptères sont en panne et on prend leurs pièces pour réparer ceux qui fonctionnent.

On a pu le vérifier dans la cruelle débâcle de la force Barkhane au Mali. Comment la France pourrait-elle faire face à une éventuelle attaque d’un pays comme la Russie si elle n’est même pas capable de s’imposer face aux rebelles du Sahel.

Tout est à revoir dans la stratégie de défense : l’objectif, les modalités, les équipements , les effectifs et bien sûr les financements.

Il faudra remettre sur le tapis la question du service militaire obligatoire. Comme on l’a vu en Ukraine, c’est parce que des effectifs mobilisables étaient particulièrement bien formés que les forces de Kiev ont fait reculer les Russes. À l’inverse, les Russes ont mobilisé des jeunes sans formation dans beaucoup ont été massacrés. Or en cas de conflit majeur on procède à une mobilisation générale, ce qui suppose une formation préalable. Ce que n’est pas évidemment cet ersatz de service national universel qui ne ressemble à rien.

Un budget militaire très insuffisant face aux enjeux

Un budget militaire très insuffisant face aux enjeux

En dépit du discours volontariste de Macron qui veut doter la France d’une politique de défense à la hauteur des nouveaux enjeux, la loi de programmation militaire risque d’être notoirement en dessous des besoins. A la lumière du conflit qui se déroule en Ukraine, Macron pose la question de la stratégie militaire française. Jusque-là en effet, experts et professionnels de l’armée considéraient que la défense du pays devait reposer surtout sur le nucléaire et que les équipements et la défense traditionnelle devaient être en quelque sorte être marginalisés.

Une erreur fondamentale car il n’est pas du tout certain que la guerre conventionnelle constitue une hypothèse du passé. Certes l’armée se professionnalise, elle utilise de plus en plus des équipements sophistiqués fait appel à de nouvelles technologies. Mais elle ne saurait se passer notamment d’une forte armée de terre.Pour preuve, l’armée ne parvient même plus à assurer ses objectifs faute de moyens dans les différentes opérations extérieures comme au Sahel par exemple.

Ce qui se passe en Ukraine le démontre par l’absurde puisque par exemple la Russie qui dispose de l’arme nucléaire démontre chaque jour sa grande insuffisance sur le plan de l’infanterie. Elle tente de compenser cette infériorité qualitative et quantitative par une artillerie qui arrose n’importe comment et n’importe où.

En réalité, le budget de la défense n’a cessé de se réduire en France surtout les moyens conventionnels. On a aussi supprimé le service militaire, une surpression qu’on doit aux mêmes experts et aux militaires eux-mêmes qui ont vu là l’occasion d’améliorer leur rémunération. Une suppression qui découle aussi d’une grande lâcheté politique.

L’Ukraine, petit pays, pour faire face aux conflits avec la Russie a réussi à mobiliser 200 000 hommes, à peu près l’effectif de l’armée française.Il y a 15 ans elle en comptait plus du double et il en faudrait sans doute 500 000. Autant dire que la défense française est complètement sous dimensionnée. Alain Bauer le spécialiste emploie le terme diplomatique d’armée échantillonnaire. Une armée qui par ailleurs manque de tout d’équipement, de pièces de rechange et d’effectifs. Par exemple, la moitié des hélicoptères sont en panne et on prend leurs pièces pour réparer ceux qui fonctionnent.

On a pu le vérifier dans la cruelle débâcle de la force Barkhane au Mali. Comment la France pourrait-elle faire face à une éventuelle attaque d’un pays comme la Russie si elle n’est même pas capable de s’imposer face aux rebelles du Sahel.

Tout est à revoir dans la stratégie de défense : l’objectif, les modalités, les équipements , les effectifs et bien sûr les financements.

Il faudra remettre sur le tapis la question du service militaire obligatoire. Comme on l’a vu en Ukraine, c’est parce que des effectifs mobilisables étaient particulièrement bien formés que les forces de Kiev ont fait reculer les Russes. À l’inverse, les Russes ont mobilisé des jeunes sans formation dans beaucoup ont été massacrés. Or en cas de conflit majeur on procède à une mobilisation générale, ce qui suppose une formation préalable. Ce que n’est pas évidemment cet ersatz de service national universel qui ne ressemble à rien.

Crise ukrainienne : Le rôle insuffisant des banques vis-à-vis du blanchiment d’argent

Crise ukrainienne  : Le rôle insuffisant des banques vis-à-vis du blanchiment d’argent  

Les guerres ont toujours eu un impact conséquent sur le blanchiment d’argent et ont souvent facilité le financement du terrorisme et la circulation de l’argent « sale ». Par Marine Chaldebas, Consultante, Groupe Square Management ( dans la Tribune).

 

Les établissements bancaires manquent sans doute d’éléments légaux et techniques pour s’opposer à ce blanchiment mais certains y participent  en évitant de tracasser de juteux clients notamment à Londres qui gère un gros portefeuille d’Oligraques russes ( sans parler évidemment des paradis fiscaux ) NDLR

 

L’agression de la Russie envers l’Ukraine a conduit l’Union européenne et par force des choses la France, à renforcer leur vigilance sur ces sujets de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme (LCB-FT). Dans cette lutte, les établissements financiers ont un rôle à jouer, en particulier par la réalisation de l’évaluation de leurs tiers (Know Your Customer ou KYC) et également par la prise de décisions impactantes les concernant. Mais ces établissements rencontrent certaines difficultés, mises en lumière par la crise, pour appliquer les sanctions européennes de mise sous embargo de certaines personnes et entités.

En raison de la crise, des sanctions ont, été prises à l’encontre de la Russie par l’Union européenne qui viennent s’ajouter aux autres tiers déjà mis sous embargo avant-guerre. Ainsi, le 23 février 2022, dans un communiqué, le Conseil de l’Union européenne, a listé 555 personnes et 52 entités pour lesquelles les avoirs doivent être gelés et les fonds mis à leur disposition, bloqués. Les organismes financiers se doivent de réaliser un contrôle efficace de leurs clients et de s’assurer notamment qu’ils ne font pas parti des personnes sanctionnées. Pour se faire, les établissements évaluent leurs tiers en menant des investigations.

Mais les banques n’ont pas forcément tous les outils ou toutes les informations nécessaires à la bonne réalisation de ces contrôles. Ces difficultés viennent réduire la portée des mesures mises en place par l’Union européenne à l’encontre de la Russie, auxquels les établissements doivent faire face. Si le problème n’est pas nouveau, l’urgence de la crise ukrainienne, et la nécessité de maximiser la portée des sanctions européennes ouvrent une remise en question des dispositifs et réglementations en vigueur, au mieux insuffisant ou au pire déficients.

 

Les établissements bancaires et financiers ont dû agir dans l’urgence, avec pour objectif de limiter les risques liés à leur relation d’affaires. Les établissements doivent ainsi réaliser une analyse et une évaluation de l’actionnariat de leur client, en remontant tous les maillons de la chaine jusqu’aux personnes physiques, actionnaires de l’entité. Ils doivent également réaliser un contrôle des représentants légaux présents dans le registre d’immatriculation des personnes morales. In fine, il devient très complexe de savoir qui détient quelle entité.

L’identification des représentants légaux et les actionnaires peuvent se révéler délicates, car les dispositifs ne sont pas toujours assez efficaces. Un des premiers outils est notamment la mise à disposition aux établissements d’un registre national des bénéficiaires effectifs (RNBE). Ce registre permet de remonter la chaine capitalistique des entités dans leur intégralité et ainsi de déterminer les personnes physiques détenant la société à 25% ou plus.

En revanche, certaines entreprises étrangères ou trusts ne sont pas soumises à cette obligation de publication. Par ailleurs, certaines d’entre elles ne complètent pas ce formulaire de manière véritablement conforme à la réalité. L’une des autres problématiques est la difficulté pour ces organismes de contrôler de façon efficiente tous les tiers notamment indirects.

Les personnes physiques et morales présentes dans la liste des personnes sous sanctions peuvent également passer par l’intermédiaire de sociétés-écrans, des hommes de paille ou encore des paradis fiscaux, afin de contourner les sanctions. Ils se dissimulent ainsi derrière des montages complexes qui rendent très difficile, voire impossible pour les établissements de détecter les individus se trouvant réellement derrière ces sociétés.

L’objectif de ces manœuvres est de cacher l’identité réelle des véritables actionnaires ou représentants légaux de l’entité. Cette opacité est une des plus grandes difficultés que les établissements financiers rencontrent à la bonne connaissance de leurs clients. Il convient alors de se demander si des solutions à ces problématiques sont envisageables.

 

Face à cette volonté politique de changer et améliorer les choses, des solutions peuvent être envisagées, en mettant en place de nouveaux outils pour les établissements tout en les responsabilisant.

L’identification des bénéficiaires effectifs peut, pour les organismes, être facilitée à travers la mise en place de registres plus efficients et une collaboration européenne entre les États. Ces registres permettraient ainsi plus facilement aux établissements financiers d’investiguer. Le registre luxembourgeois en est un exemple, il a été ouvert au public depuis 2019. Il a permis de lister plusieurs biens immobiliers en France détenus par des oligarques russes qui passaient par l’intermédiaire de sociétés-écrans luxembourgeoises.

Dans la même lignée, la France pourrait rendre obligatoire la déclaration au registre des bénéficiaires pour les sociétés étrangères et trusts. Bien qu’elle ait déjà fait des progrès sur le sujet en rendant impérieux, en 2018, la complétude de ce registre pour un nombre important d’entités. Les efforts vont également continuer du côté de l’Union européenne qui aimerait étendre ces exigences en matière de déclaration de bénéficiaires effectifs. Mais ce remède reste assez insuffisant, car la détection des sociétés-écrans et autres stratagèmes restent dans l’ensemble très délicat. Pour répondre à cette problématique, les économistes Thomas Piketty et Joseph Stiglitz proposent, dans une lettre au G20, de créer un registre mondial des actifs afin de pouvoir mieux identifier ces fortunes cachées. Cette proposition pourrait être un axe d’amélioration important et permettrait une meilleure transparence et communication entre les États à plus grande échelle que l’Union européenne.

Une des autres pistes est de renforcer le contrôle des régulateurs au sein des établissements financiers en leur imposant un caractère contraignant. Ainsi les établissements seront conduits à entreprendre de meilleurs contrôles, de crainte d’être sanctionnés non seulement par des sanctions aux conséquences pécuniaires, mais également réputationnelles. Cette crainte contribuerait à l’efficacité de la mise en place des dispositifs d’évaluation des tiers. Les établissements auraient alors tout intérêt à entreprendre un contrôle suffisamment efficient, tout en assurant une amélioration constante de leurs processus d’évaluation de tiers. Pour aller plus loin, il serait pertinent d’interdire de garder un client si l’établissement financier n’est pas capable d’indiquer clairement d’où proviennent ses fonds et qui sont les personnes physiques et morales qui se cachent derrière. Mais cette disposition semble plus facile à appliquer à l’entrée en relation que pour les clients historiques des établissements. En effet, dans ce dernier cas, la relation pourrait être endommagée face à des investigations trop poussées, pouvant être mal perçue pas la clientèle.

Le chemin à parcourir reste encore long pour les établissements financiers, dans leur lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. En l’état actuel, la réglementation n’est pas suffisante pour une bonne optimisation de gestion du risque notamment face à la créativité de certains clients. Toutefois il existe des initiatives internationales et nationales en cours pour armer un peu mieux les établissements et les responsabiliser sur le sujet. De plus, la création future de la nouvelle autorité européenne AMLA (nouvelle autorité européenne de lutte contre le blanchiment d’argent) qui sera effective d’ici 2024, apportera peut-être de nouveaux axes de réflexion sur le sujet et de nouvelles opportunités de renforcer les mécanismes et dispositifs LCB-FT. Néanmoins ces processus restent long et laissent, pendant ce temps-là, tout le loisir aux oligarques russes de profiter des failles pour sécuriser tout ou partie de leur patrimoine, bien caché derrière leurs montages financiers opaques.

Aides et soins à domicile: insuffisant (Cour des comptes)

Aides et soins  à domicile: insuffisant (Cour des comptes)

 

Selon l’état des pathologies, les personnes âgées peuvent avoir le choix entre le maintien à domicile ou les EHPAD. Le coût du maintien à domicile est moitié moins que celui dans un EHPAD. Le problème est que l’offre d’aide et de soins est notoirement insuffisant.

« Le virage domiciliaire » souvent annoncé par les pouvoirs publics reste « peu abouti », a constaté la Cour des comptes dans un rapport sur les soins à domicile publié lundi.

Depuis 2005, de grands plans nationaux ont « sensiblement » augmenté l’offre de soins permettant le maintien à domicile des personnes âgées mais elle reste faible.

Il existe 2125 structures de soins à domicile en France, pouvant s’occuper de 126.600 personnes. Cela représente 20 places pour 1000 personnes âgées de 75 ans et plus, contre 102 places en Ehpad, selon la Cour des comptes.

Cette offre de places devra s’adapter pour « répondre au choc démographique lié au vieillissement de la population », tout en tenant compte des coûts publics respectifs des différentes modalités de soins, a relevé l’institution de la rue Cambon.

En conservant les pratiques actuelles, environ 108.000 places supplémentaires en Ehpad seront nécessaires à horizon 2030, selon une estimation de la Drees (direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques). Il faudrait créer en parallèle environ 25.000 places en services de soins infirmiers à domicile, a estimé la Cour des comptes. Le vieillissement de la population entraînera également un fort accroissement des besoins en personnels pour les services de soins à domicile et les services d’aides à domicile. Il faudrait recruter environ 82.000 équivalents temps plein d’ici à 2030, alors que ces métiers souffrent d’un « manque d’attractivité » lié à la « pénibilité au travail », pointe la Cour des comptes.

Par ailleurs, le choc démographique ne sera « pas homogène » sur l’ensemble du territoire, ce qui plaide pour « une programmation et une régulation fines, au moins au niveau des départements », selon l’institution. Elle recommande de développer des outils pour mieux connaître les besoins et les coûts liés aux soins.

French Tech: « Un écosystème insuffisant « 

French Tech: « Un écosystème insuffisant « 

 

 

INTERVIEW. Directrice de la mission French Tech depuis le 1er novembre, Clara Chappaz, 32 ans, Regrette l’insuffisance de l’écosystème

 

 

 

Les critères du Next 40 et du French Tech 120 sont fondés exclusivement sur la notion de croissance et d’hypercroissance. Faut-il les revoir ?

Non, nous allons conserver des critères purement de croissance économique pour le Next 40 et le French Tech 120 parce qu’il faut réfléchir à une échelle plus macro-économique. On voit que l’écosystème tech en France prend de l’ampleur tant sur les levées de fonds que sur l’emploi, avec 400.000 emplois et 200.000 créations prévues d’ici 2025, mais ce n’est pas suffisant. On reste encore en retrait sur la scène internationale malgré nos vingt licornes puisque sur les dix plus grosses capitalisations boursières mondiales aujourd’hui, huit sont des entreprises technologiques mais aucune n’est française ni même européenne ! Il y a donc encore besoin de soutenir ces entreprises qui ont le potentiel économique de devenir un acteur mondial. On doit, par exemple, viser la place de leader dans le domaine de la Green Tech [technologies liées à l'environnement et l'énergie]. On lance la nouvelle édition de ce programme et le seul ajustement prévu vise à prendre en compte la crise du Covid-19 en prenant un critère de croissance moyenne sur trois ans plutôt qu’un critère de croissance par an.

En revanche, nous allons multiplier des programmes thématiques tels que le Green 20 qui était le premier laboratoire pour aller chercher des technologies innovantes et du potentiel commercial sur des temps plus longs.

Dans cette logique, la French Tech Bordeaux vient de lancer un appel à projets, le NA 20, qui vient lorgner du côté de l’économie sociale et solidaire. Est-ce une piste à suivre au niveau national ?

Oui, je trouve ça génial ! J’ai travaillé dans deux startups du marché de l’occasion. Ce sont donc des sujets qui me sont très chers et qui sont chers à la plupart des entrepreneurs en France puisque c’est dans notre ADN de repenser l’innovation et les modèles de société. Nous avons créé un « board impact » pour le French Tech 120 et le Next 40 pour travailler sur les mesures qu’on peut mettre en place dans les entreprises. On a aussi le programme Tremplin pour aller des profils d’entrepreneurs différents : boursiers, issus des zones rurales ou des quartiers prioritaires de la ville, réfugiés, etc. Donc, oui, le programme NA 20 est un très bon pilote que nous regardons de près.

Votre prédécesseure, Kat Borlongan, avait notamment piloté le déploiement de la mission French Tech hors de l’Ile-de-France. Allez-vous poursuivre cette dynamique ?

Oui, pour la V3 (version3) de la mission French Tech, il y a une vraie ambition d’accompagner les startups de toutes les régions françaises. On voit d’ailleurs que de plus en plus d’entreprises et de startups s’installent ou ouvrent des bureaux dans les grandes métropoles françaises. Ces villes, et notamment Bordeaux qui attire beaucoup d’entreprises, ont une carte à jouer dans un contexte plus global de guerre des talents, notamment sur des profils seniors qui ont déjà vécu les phases d’accélération que connaissent beaucoup de startups aujourd’hui.

Ce réseau de 13 capitales French Tech et 40 communautés, qui vit grâce à l’implication des équipes et des chefs d’entreprise, est une très grande force. Il faut le soutenir parce que c’est un système unique qui est regardé avec attention par nos voisins européens. C’est d’ailleurs un sujet que nous allons porter lors de la présidence française de l’Union européenne en 2022.

Cloud souverain très insuffisant

Cloud souverain très insuffisant

 

De très fortes critiques des professionnels vis-à-vis du caractère souverain du cloud . Le ministre a en effet annoncé à la filière 1,8 milliard d’euros d’investissements publics et privés, dont 667 millions d’euros de fonds piochés dans les enveloppes du Programme d’Investissement Avenir (PIA 4) et du plan France Relance. « Si le gouvernement fait ces investissements, c’est parce que nous croyons que la bataille du cloud n’est pas perdue« , a-t-il déclaré. Pourtant ce n’est pas ce que pense les professionnels.

 

Les petits poucets français du logiciel d’entreprise Atolia, Jalios, Jamespot, Netframe, Talkspirit, Twake, Whaller et Wimi, se regroupent dans un collectif pour affirmer qu’il est possible, notamment pour les administrations, de créer un « cloud de confiance » tout en se passant d’acteurs américains, et notamment de la suite bureautique toute-puissante de Microsoft. L’objectif : casser la perception – largement entretenue par le lobbying des Gafam, mais aussi, indirectement, par le gouvernement – que l’écosystème français du cloud n’est pas à la hauteur des enjeux de numérisation de l’économie.

Concurrentes mais solidaires face à Microsoft, leader du marché des solutions bureautiques, ces huit pépites françaises du SaaS (software as a service, Ndlr) proposent des alternatives françaises dans les domaines de la messagerie, du traitement de texte, du tchat, de la visioconférence ou encore du stockage de documents. « Nous sommes en mesure de proposer dès aujourd’hui une alternative crédible à la suite logicielle Microsoft 365, anciennement Office 365 », revendiquent-elles dans un communiqué commun. De quoi contredire Emmanuel Macron, qui estimait lors de la présentation du plan France 2030, la semaine dernière, qu’il « est faux de se dire que nous aurons un cloud totalement souverain dans cinq ans, parce qu’on a pris beaucoup de retard« .

 

En attendant, 421 millions d’euros financent d’ores et déjà 23 projets de R&D publics et privés sélectionnés par le gouvernement.

Prix de l’énergie: Un bouclier tarifaire insuffisant

 Prix de l’énergie: Un bouclier tarifaire insuffisant

Les aides d’urgence annoncées par le gouvernement ne sont pas à la hauteur des problèmes. Surtout, elles ne doivent pas conduire à retarder la nécessaire accélération des politiques de transition bas-carbone dont la rénovation énergétique des bâtiments, seules à même de réduire la vulnérabilité des ménages les plus fragiles pour les protéger de crises énergétiques appelées à se reproduire. Par un collectif d’associations (1).

 

Avant même l’explosion des prix, 12 millions de Français avaient froid chez eux ou peinaient à payer leurs factures d’énergie. Cette situation préoccupante, qui voit la précarité énergétique se maintenir à un niveau élevé ces dernières années, menace de s’aggraver fortement dès cet hiver et de se prolonger au cours des prochaines années. (Crédits : Reuters)

En l’espace de quelques semaines, la hausse sans précédent des prix du gaz, de l’électricité et des carburants a propulsé de nouveau la question du coût de l’énergie au sommet des préoccupations des Françaises et des Français. Cette nouvelle « crise » de l’énergie, qui vient s’ajouter à la très longue crise sanitaire, économique et sociale que nous venons de traverser, oblige les responsables politiques français à trouver les réactions adaptées… c’est-à-dire celles qui répondent aussi à la crise environnementale et notamment climatique !

Selon le médiateur de l’énergie, 79 % des Français (contre 71 % en 2020) déclarent que les factures d’énergie représentent aujourd’hui une part importante des dépenses de leur foyer, et 20 % des foyers interrogés (contre 14 % en 2020) déclarent même avoir souffert du froid pendant au moins 24h dans leur logement.

Avant même l’explosion des prix, 12 millions de Français avaient froid chez eux ou peinaient à payer leurs factures d’énergie. Cette situation préoccupante, qui voit la précarité énergétique se maintenir à un niveau élevé ces dernières années, menace de s’aggraver fortement dès cet hiver et de se prolonger au cours des prochaines années.

Prix du gaz : +70% depuis le début de l’année

Les tarifs du gaz ont augmenté de 70 % depuis le début de l’année, ceux des carburants de 20 % : comment les ménages aux ressources très modestes, fragilisés encore davantage par la crise sanitaire, pourraient-ils y faire face sans un soutien à la hauteur de l’enjeu ?

Pourtant, le « bouclier tarifaire » annoncé par le gouvernement se borne à faire glisser la charge financière liée à la hausse du prix du gaz jusqu’à la fin 2022, ce qui revient à glisser la poussière sous le tapis. Conduisant, par construction, à maintenir des prix élevés sur le long terme, il ne permettra ni de limiter la croissance rapide du nombre de précaires énergétiques, ni d’aider les ménages fragiles à payer des factures déjà trop élevées aujourd’hui, et qui le seront davantage demain.

De même, l’augmentation de 100 euros du chèque énergie ne permettra même pas d’absorber la hausse des prix sur un an, alors que l’augmentation des factures entre l’hiver 2021 et l’hiver 2022 pourrait atteindre plus de 500 euros par foyer.

Surtout, ces aides d’urgence ne permettront pas aux ménages concernés de procéder à la rénovation thermique de leur habitation, seul moyen de réduire durablement leurs factures de chauffage.

La crise est grave, il ne faut pas la prendre à la légère. Ses conséquences sanitaires, sociales et économiques menacent d’être dramatiques si l’Etat ne prend pas immédiatement des mesures ciblées sur les plus précaires, soit les 3,5 millions de ménages reconnus en précarité énergétique, et à la hauteur des besoins réels.

Un Chèque Energie d’un montant minimum de 700 euros

La première priorité est de revaloriser le Chèque Energie pour le porter à un montant minimum de 700 euros, qui permettra aux familles d’arrêter de se priver fortement d’énergie de chauffage – un réflexe face à la hausse des prix qui s’avère dangereux pour la santé de personnes déjà en situation de sous-chauffe chronique. Une telle mesure serait moins coûteuse que la baisse annoncée de la taxe intérieure sur la consommation finale d’électricité (TICFE) annoncée à 5 milliards d’euros, et bien mieux ciblée sur les ménages réellement dans le besoin.

Ces ménages bénéficiaires d’un chèque énergie renforcé doivent être considérés comme prioritaires pour bénéficier d’accompagnements adaptés à la maîtrise des consommations dans leur logement, bien souvent des passoires thermiques, afin que le confort et l’efficacité énergétique y soient rapidement et durablement améliorés.

Au-delà des perdants, il ne faut pas oublier que cette crise produit également des gagnants, à commencer par les producteurs d’énergies fossiles et d’électricité vendue sur le marché de gros, qui profitent de bénéfices exceptionnels et devraient donc participer au financement des mesures, dans une logique redistributive.

La lutte de la précarité énergétique se joue à l’échelle locale

Mais une grande partie de la lutte contre la précarité énergétique se joue aussi à l’échelle locale, au plus près des ménages, pour identifier ceux qui en ont besoin et apporter une solution adaptée à la spécificité de chaque situation. L’Etat et les fournisseurs d’énergie (qui ne respectent pas toujours leurs obligations légales en la matière) doivent augmenter leur soutien technique et financier aux dispositifs déployés par les collectivités locales, qui sont en première ligne et doivent faire face à un afflux sans précédent de demandes d’aide au paiement des factures d’énergie.

On le voit, si les aides d’urgence récemment annoncées étaient nécessaires, elles sont loin d’être suffisantes. Surtout, elles ne doivent pas conduire à retarder la nécessaire accélération des politiques de transition bas-carbone et notamment de rénovation énergétique des bâtiments, seules à même de réduire la vulnérabilité des ménages et de les protéger réellement des crises énergétiques qui, n’en doutons pas, se reproduiront.

Sortir au plus vite de la « trappe à pétrole »

`De même, face à la hausse récente du prix des carburants, les mesures annoncées la semaine dernière par le Premier ministre ne suffiront pas à protéger durablement les ménages les plus exposés. Il est impossible de faire l’économie d’une réflexion de long terme sur la dépendance à la voiture individuelle et la nécessité de sortir au plus vite de la « trappe à pétrole ». Afin de répondre à la diversité des usages de mobilité, c’est une palette de mesures qu’il convient de mettre en oeuvre dès à présent : création d’une super-prime à la conversion de 7.000 euros pour les ménages les plus modestes avec un objectif de zéro reste à charge pour l’achat d’un véhicule électrique, poursuite de l’ouverture de la prime à la conversion à d’autres modes de transport, augmentation du fonds vélo à hauteur de 500 millions d’euros, renforcement des investissements en faveur du transport ferroviaire et en particulier dans les lignes du quotidien et les services de RER métropolitains, lancement d’un nouveau programme d’investissement pour soutenir le développement de l’offre de transports en commun, baisse la TVA à 5,5 % sur les transports collectifs terrestres, etc.

Au total, le gouvernement a mis sur la table 11 milliards d’euros, sans aucune consultation sur les modalités, pour des mesures palliatives à court terme, et insuffisamment ciblées. Avec une telle somme, il nous semble possible et nécessaire de faire d’une pierre deux coups : à la fois protéger vraiment les ménages vulnérables, et accélérer la transition écologique dans les transports et le bâtiment. Il est encore temps pour le gouvernement de revoir sa copie !

_______

(1) Signataires :

Morgane Creach, directrice du Réseau Action Climat

Manuel Domergue, directeur des études de la Fondation Abbé Pierre

Danyel Dubreuil, coordinateur de l’Initiative Rénovons

Jean-Pierre Goudard et Julien Robillard, co-présidents du Réseau pour la transition énergétique CLER

Véronique Devise, Présidente du Secours Catholique-Caritas France

Jean-François Maruszyczak, Délégué Général d’Emmaüs France

Françoise Thiébault, administratrice des Associations Familiales Laïques de Paris

Olivier Schneider, président de la Fédération française des Usagers de la Bicyclette (FUB)

Arnaud Schwartz, président de France Nature Environnement

Environnement-Biodiversité: Un débat très insuffisant

Environnement-Biodiversité: Un débat très insuffisant

 

Agnès Evren , députée européenne, estime que « Tout le monde connaît aujourd’hui l’objectif de réduction de nos émissions de gaz à effet de serre, mais ceux liés à la biodiversité sont encore totalement absents du débat public. Ils sont pourtant tout aussi déterminants pour le futur de l’homme sur la Terre »(dans l’Opinion)

tribune 

A l’ombre de la très attendue COP26 sur le climat, qui se tiendra à Glasgow début novembre, le premier volet de la moins connue COP15 sur la diversité biologique s’est tenu la semaine dernière en Chine en catimini. Alors qu’elle préfigure l’ambitieux accord international qui sera signé lors du second volet en mai 2022 et qui devrait être l’équivalent pour la biodiversité de l’Accord de Paris pour le climat, cet événement a été bien peu relayé. De même, le Congrès mondial de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), accueilli par Marseille en septembre, a eu peu d’écho.

Le climat tient la vedette, mais la biodiversité reste abonnée aux seconds rôles. Tout le monde connaît aujourd’hui l’objectif de réduction de nos émissions de gaz à effet de serre, mais ceux liés à la biodiversité sont encore totalement absents du débat public. Ils sont pourtant tout aussi déterminants pour le futur de l’homme sur la Terre.

Air, eau potable, nourriture, médicaments, énergie, matières premières, la nature nous est vitale. Sa dégradation menace sévèrement nos conditions de vie. D’autant que la biodiversité détient aussi une partie des réponses pour lutter contre le réchauffement climatique. Protéger les espaces naturels, c’est par exemple protéger nos puits carbones, qui captent et stockent pour nous le CO2.

L’enjeu est donc colossal. Or aujourd’hui, la biodiversité décline à un rythme sans précédent. Selon l’IPBES — le Giec de la biodiversité — un million d’espèces animales et végétales sont menacées de disparition. Cette hécatombe ne se déroule pas qu’à l’autre bout de la planète. On évoque souvent le déclin d’espèces emblématiques comme le panda roux, l’éléphant ou l’ours polaire qui, tous, vivent bien loin de nos contrées. Mais la France n’est pas épargnée, loin de là : 14 % des mammifères, 32 % des oiseaux nicheurs, 19 % des poissons et 15 % des plantes à fleurs, fougères et conifères sont menacés rien qu’en métropole. Nous n’avons plus que 150 lynx boréal et moins de 250 visons d’Europe. Nos milieux ne vont pas mieux : la Méditerranée est asphyxiée, le Var brûle, les algues s’amassent sur nos côtes, l’urbanisation débridée va bon train.

« Le gouvernement s’est contenté d’effets d’annonce quand, en coulisse, aucune mesure concrète n’était prise et qu’il saignait allègrement les troupes engagées sur la biodiversité »

 Ainsi, s’il est primordial d’aller défendre l’adoption d’un cadre international ambitieux pour enrayer la perte de biodiversité au niveau mondial, et notamment l’objectif d’au moins 30% d’espaces naturels protégés d’ici à 2050, il est tout aussi nécessaire de balayer devant notre porte et d’adopter chez nous, en France et en Europe, des mesures très fortes pour mettre un coup d’arrêt franc et massif à l’érosion de nos espèces et de nos écosystèmes. Nous ne pouvons pas constamment nous placer en donneurs de leçon, comme le président de la République ne se prive jamais de le faire, si nous ne sommes pas nous-mêmes exemplaires

A l’échelle de l’Union européenne, la vitesse supérieure a été enclenchée et nous pouvons nous en féliciter. La stratégie de l’Union européenne en faveur de la biodiversité à l’horizon 2030 adoptée en juillet dernier par le Parlement européen, intensifie nos efforts dans de multiples directions : augmentation des zones protégées, restauration des milieux naturels, gestion durables des forêts, réduction raisonnée des pesticides ou encore verdissement urbain.

Mais en France, la biodiversité est la grande oubliée des politiques publiques. Si pendant son quinquennat, le président de la République a profité des événements internationaux pour vanter son action et se présenter comme le champion de la terre, son bilan en matière de biodiversité n’est pas reluisant. Le gouvernement s’est contenté d’effets d’annonce quand, en coulisse, aucune mesure concrète n’était prise et qu’il saignait allègrement les troupes engagées sur la biodiversité : Office français de la biodiversité, Office national des forêts et parcs nationaux ont tous vu fondre leurs effectifs. Et seul 0,14 % du budget de l’Etat était, en 2020, consacré à la biodiversité, selon le Conseil économique, social et environnemental.

Il est grand temps de changer de braquet. L’élection présidentielle qui arrive est l’occasion de placer dans notre débat public la biodiversité au même rang que le climat, c’est-à-dire au tout premier plan.

« Parce qu’on ne protège que ce que l’on connaît, nous accentuerons la sensibilisation à la protection de la biodiversité dans les établissements scolaires et les universités »

Chez Les Républicains, nous ne considérons pas la protection de la biodiversité comme un supplément d’âme. Parce que nous sommes profondément attachés à nos territoires, parce que nous voulons offrir aux Français des environnements sains pour vivre, et parce que la protection du vivant est inscrite dans notre ADN, nous prônons d’abord une relance durable, qui, sans tabou ni idéologie, sait s’appuyer sur la nature sans compromettre notre croissance. Nous voulons aussi accompagner les changements plutôt que de pointer du doigt les pratiques néfastes. Nous aiderons ainsi massivement nos agriculteurs pour leur conversion vers des pratiques plus respectueuses et, au-delà des aides financières, nous intensifierons la recherche sur les engrais et les pesticides naturels pour que des alternatives crédibles aux pesticides soient trouvées. Nous préconisons également de mieux aménager le territoire pour que la lutte contre l’artificialisation des sols ne soit pas synonyme de sanctions pour les territoires ruraux, mais stoppent plutôt la surdensification à outrance des villes.

Parallèlement, nous territorialiserons la protection des espaces naturels sensibles en donnant la capacité aux acteurs de terrain de labelliser ces espaces, et en sanctuarisant la taxe d’aménagement. Nous voulons également faire de la préservation des abeilles une grande cause nationale, en développant par exemple une fiscalité avantageuse pour les apiculteurs amateurs. Enfin, parce qu’on ne protège que ce que l’on connaît, nous accentuerons la sensibilisation à la protection de la biodiversité dans les établissements scolaires et les universités et nous développerons les labels pour encourager la consommation de produits vertueux.

C’est aussi le rôle d’une élection présidentielle que de mettre en lumière les problématiques de notre temps et d’en proposer les solutions. Pour peu que le souci de la biodiversité ne s’arrête pas au soir du second tour et ne rejoigne le rang des promesses électoralistes jamais tenues, la tendance peut encore être inversée.

Agnès Evren est députée européenne, conseillère de Paris, porte-parole des Républicains, et co-rapporteure de la résolution du Parlement européen concernant la COP15 sur la diversité biologique.

Biodiversité: Un débat très insuffisant

Biodiversité: Un débat très insuffisant

 

Agnès Evren , députée européenne, estime que « Tout le monde connaît aujourd’hui l’objectif de réduction de nos émissions de gaz à effet de serre, mais ceux liés à la biodiversité sont encore totalement absents du débat public. Ils sont pourtant tout aussi déterminants pour le futur de l’homme sur la Terre »(dans l’Opinion)

tribune 

A l’ombre de la très attendue COP26 sur le climat, qui se tiendra à Glasgow début novembre, le premier volet de la moins connue COP15 sur la diversité biologique s’est tenu la semaine dernière en Chine en catimini. Alors qu’elle préfigure l’ambitieux accord international qui sera signé lors du second volet en mai 2022 et qui devrait être l’équivalent pour la biodiversité de l’Accord de Paris pour le climat, cet événement a été bien peu relayé. De même, le Congrès mondial de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), accueilli par Marseille en septembre, a eu peu d’écho.

Le climat tient la vedette, mais la biodiversité reste abonnée aux seconds rôles. Tout le monde connaît aujourd’hui l’objectif de réduction de nos émissions de gaz à effet de serre, mais ceux liés à la biodiversité sont encore totalement absents du débat public. Ils sont pourtant tout aussi déterminants pour le futur de l’homme sur la Terre.

Air, eau potable, nourriture, médicaments, énergie, matières premières, la nature nous est vitale. Sa dégradation menace sévèrement nos conditions de vie. D’autant que la biodiversité détient aussi une partie des réponses pour lutter contre le réchauffement climatique. Protéger les espaces naturels, c’est par exemple protéger nos puits carbones, qui captent et stockent pour nous le CO2.

L’enjeu est donc colossal. Or aujourd’hui, la biodiversité décline à un rythme sans précédent. Selon l’IPBES — le Giec de la biodiversité — un million d’espèces animales et végétales sont menacées de disparition. Cette hécatombe ne se déroule pas qu’à l’autre bout de la planète. On évoque souvent le déclin d’espèces emblématiques comme le panda roux, l’éléphant ou l’ours polaire qui, tous, vivent bien loin de nos contrées. Mais la France n’est pas épargnée, loin de là : 14 % des mammifères, 32 % des oiseaux nicheurs, 19 % des poissons et 15 % des plantes à fleurs, fougères et conifères sont menacés rien qu’en métropole. Nous n’avons plus que 150 lynx boréal et moins de 250 visons d’Europe. Nos milieux ne vont pas mieux : la Méditerranée est asphyxiée, le Var brûle, les algues s’amassent sur nos côtes, l’urbanisation débridée va bon train.

« Le gouvernement s’est contenté d’effets d’annonce quand, en coulisse, aucune mesure concrète n’était prise et qu’il saignait allègrement les troupes engagées sur la biodiversité »

 Ainsi, s’il est primordial d’aller défendre l’adoption d’un cadre international ambitieux pour enrayer la perte de biodiversité au niveau mondial, et notamment l’objectif d’au moins 30% d’espaces naturels protégés d’ici à 2050, il est tout aussi nécessaire de balayer devant notre porte et d’adopter chez nous, en France et en Europe, des mesures très fortes pour mettre un coup d’arrêt franc et massif à l’érosion de nos espèces et de nos écosystèmes. Nous ne pouvons pas constamment nous placer en donneurs de leçon, comme le président de la République ne se prive jamais de le faire, si nous ne sommes pas nous-mêmes exemplaires

A l’échelle de l’Union européenne, la vitesse supérieure a été enclenchée et nous pouvons nous en féliciter. La stratégie de l’Union européenne en faveur de la biodiversité à l’horizon 2030 adoptée en juillet dernier par le Parlement européen, intensifie nos efforts dans de multiples directions : augmentation des zones protégées, restauration des milieux naturels, gestion durables des forêts, réduction raisonnée des pesticides ou encore verdissement urbain.

Mais en France, la biodiversité est la grande oubliée des politiques publiques. Si pendant son quinquennat, le président de la République a profité des événements internationaux pour vanter son action et se présenter comme le champion de la terre, son bilan en matière de biodiversité n’est pas reluisant. Le gouvernement s’est contenté d’effets d’annonce quand, en coulisse, aucune mesure concrète n’était prise et qu’il saignait allègrement les troupes engagées sur la biodiversité : Office français de la biodiversité, Office national des forêts et parcs nationaux ont tous vu fondre leurs effectifs. Et seul 0,14 % du budget de l’Etat était, en 2020, consacré à la biodiversité, selon le Conseil économique, social et environnemental.

Il est grand temps de changer de braquet. L’élection présidentielle qui arrive est l’occasion de placer dans notre débat public la biodiversité au même rang que le climat, c’est-à-dire au tout premier plan.

« Parce qu’on ne protège que ce que l’on connaît, nous accentuerons la sensibilisation à la protection de la biodiversité dans les établissements scolaires et les universités »

Chez Les Républicains, nous ne considérons pas la protection de la biodiversité comme un supplément d’âme. Parce que nous sommes profondément attachés à nos territoires, parce que nous voulons offrir aux Français des environnements sains pour vivre, et parce que la protection du vivant est inscrite dans notre ADN, nous prônons d’abord une relance durable, qui, sans tabou ni idéologie, sait s’appuyer sur la nature sans compromettre notre croissance. Nous voulons aussi accompagner les changements plutôt que de pointer du doigt les pratiques néfastes. Nous aiderons ainsi massivement nos agriculteurs pour leur conversion vers des pratiques plus respectueuses et, au-delà des aides financières, nous intensifierons la recherche sur les engrais et les pesticides naturels pour que des alternatives crédibles aux pesticides soient trouvées. Nous préconisons également de mieux aménager le territoire pour que la lutte contre l’artificialisation des sols ne soit pas synonyme de sanctions pour les territoires ruraux, mais stoppent plutôt la surdensification à outrance des villes.

Parallèlement, nous territorialiserons la protection des espaces naturels sensibles en donnant la capacité aux acteurs de terrain de labelliser ces espaces, et en sanctuarisant la taxe d’aménagement. Nous voulons également faire de la préservation des abeilles une grande cause nationale, en développant par exemple une fiscalité avantageuse pour les apiculteurs amateurs. Enfin, parce qu’on ne protège que ce que l’on connaît, nous accentuerons la sensibilisation à la protection de la biodiversité dans les établissements scolaires et les universités et nous développerons les labels pour encourager la consommation de produits vertueux.

C’est aussi le rôle d’une élection présidentielle que de mettre en lumière les problématiques de notre temps et d’en proposer les solutions. Pour peu que le souci de la biodiversité ne s’arrête pas au soir du second tour et ne rejoigne le rang des promesses électoralistes jamais tenues, la tendance peut encore être inversée.

Agnès Evren est députée européenne, conseillère de Paris, porte-parole des Républicains, et co-rapporteure de la résolution du Parlement européen concernant la COP15 sur la diversité biologique.

Entreprises en difficulté: Un soutien insuffisant du gouvernement

Entreprises en difficulté: Un soutien insuffisant du gouvernement

Sébastien Laye, chercheur associé à l’Institut Thomas More, estime que le soutien du gouvernement aux entreprises en difficulté est insuffisant. (Tribune dans l’opinion, extrait)

Alors que les soutiens aux entreprises mis en place pendant la crise vont progressivement s’éteindre, de nombreuses TPE-PME risquent de souffrir pendant de longues années. Au niveau macroéconomique, le danger est de voir notre croissance amputée de quelques dixièmes de points chaque année pendant toute la décennie, faute de dispositifs suffisamment puissants et novateurs pour traiter la situation des entreprises en difficulté.

Il ne s’agit pas simplement de déverser de l’argent sur nos entreprises mais d’avoir des procédures de traitement de leurs difficultés adaptées, alors que la Banque mondiale nous classe au 26e rang mondial en la matière. A rebours de la mission Ricol qui avait plaidé en avril pour une remise à plat de tout le système, le gouvernement a en quelque sorte clos le sujet avec deux mesures modesConsidère que le soutien du gouvernement vis-à-vis des entreprises en difficulté est insuffisant (tribune dans l’opinion) extraittes Considère que le soutien du gouvernement est insuffisant pour les entreprises en difficulté (tribune dans le pignon)en juin : une procédure flash pour les petites entreprises et la mobilisation renforcée des Codefi (Comité départemental d’examen des difficultés des entreprises) sur les territoires.

C’est bien peu, trop peu, au regard du défi à venir. Et c’est d’autant plus dommageable qu’un récent rapport de l’Assemblée nationale et que le travail réalisé par l’Institut Thomas More (qui formule 45 propositions détaillées) montrent la voie d’une profonde refonte du système. Parmi les axes de réforme, signalons-en trois principales.

Il faut inciter les entrepreneurs à traiter leurs premières difficultés le plus tôt possible, non pas en s’adressant à un tribunal comme aujourd’hui ou à l’administration fiscale, mais en parlant à des pairs spécialisés

Indépendants. La première est de mettre le paquet sur les procédures préventives. Il faut en effet inciter les entrepreneurs à traiter leurs premières difficultés le plus tôt possible, non pas en s’adressant à un tribunal comme aujourd’hui ou à l’administration fiscale comme le prévoit le gouvernement, mais en parlant à des pairs spécialisés et non chargés des sanctions.

La deuxième est la révision dans le sens de plus de concurrence et de transparence des rémunérations et des pratiques des administrateurs et des mandataires judiciaires, souvent un frein à ces procédures préventives. Un big bang similaire à celui qu’a connu la profession des notaires est une condition sine qua non à la dynamisation d’un système refondé.

Enfin, il faut consolider les acquis des salariés français lors de ces procédures impliquant les entreprises en difficulté : la loi doit sanctuariser la place de la garantie des salaires (régime AGS) parmi les créanciers. Elle pourrait également l’étendre aux procédures collectives et aux indépendants, qui aujourd’hui, dans la foulée de la crise de la Covid, sont moins bien protégés que les salariés.

Une flexisécurité à la française bien pensée exigerait à la fois plus de concurrence et une consolidation de certains dispositifs dans le domaine des entreprises en difficulté. Ce n’est malheureusement pas la voie prise par le gouvernement, qui semble espérer que le rebond post-Covid produira une croissance suffisante à protéger les petites entreprises et leurs salariés.

Sébastien Laye, chercheur associé à l’Institut Thomas More, est l’auteur du rapport « Entreprises en difficulté : pour une refondation du système français », disponible sur www.institut-thomas-more.org.

Un capital investissement insuffisant en France

Un capital investissement insuffisant en France

Christian Saint-Étienne, économiste regrette l’insuffisance du capital investissement en France dans une tribune à l’Opinion( extrait)

 

L’accélération de la croissance française s’impose si l’on veut éviter d’être enseveli sous les déficits. Le déficit public français était, en moyenne annuelle, de 2,8 % du PIB sur la période 2017-2019 et devrait être de 8 points de PIB sur la période 2020-2022. L’impact de la crise se mesure pour la France par une perte de fonds propres de l’ordre de 110 milliards d’euros pour les entreprises et une augmentation de l’endettement public de 450 milliards d’euros sur cette période.

La France est le seul grand pays de la zone euro qui devrait avoir un déficit extérieur avec une balance courante annuellement déficitaire de 1,6 point de PIB sur la période 2020-2022. L’Allemagne a un excédent annuel de plus de 7 points de PIB, l’Italie un excédent annuel de 3 points de PIB et l’Espagne a un léger excédent.

La question centrale pour l’économie française en 2021-2022 concerne la restructuration de 1/7e de l’économie, d’une part, et la création de nouvelles filières de croissance et d’exportation afin d’éliminer le déficit extérieur et de créer des emplois dans la nouvelle économie au cours des cinq prochaines années, d’autre part

Ces différents éléments montrent que la France a une insuffisance d’offre en lien avec sa désindustrialisation massive sur les vingt dernières années.

La question centrale pour l’économie française en 2021-2022 concerne la restructuration de 1/7e de l’économie, d’une part, et la création de nouvelles filières de croissance et d’exportation afin d’éliminer le déficit extérieur et de créer des emplois dans la nouvelle économie au cours des cinq prochaines années, d’autre part.

La progression récente des investissements des fonds de capital-investissement français au bénéfice de la tech (biotechs et numérique) est significative, mais les montants en jeu sont très faibles si l’on veut favoriser une régénération du secteur productif français. En pourcentage du PIB, la France a investi trois fois moins qu’aux Etats-Unis dans la tech en 2020 (23 fois moins en dollars investis). Pour réindustrialiser le pays, le montant investi en capital-investissement en France par les capitaux-investisseurs (et institutionnels français) devrait passer de 12,5 milliards d’euros en 2020 – tous secteurs confondus mais pour les seules entreprises françaises – à 35 milliards d’euros par an, dont au minimum 15 milliards d’euros dans la tech (contre 6 milliards en 2020).

C’est loin d’être inatteignable (encours d’assurance-vie fin mars 2021 : 1 812 milliards d’euros, en progression de 4 % sur un an ; encours livret A et LDDS à fin avril 2021 : 467 milliards d’euros ; surplus d’épargne des ménages français en lien avec la crise : 140 milliards d’euros), mais cela suppose une stratégie déterminée de numérisation, robotisation et européanisation de l’économie française et de développement massif de la Tech française sur la période 2022-2026.

 

La France dépense chaque année 800 milliards d’euros dans sa protection sociale, moins de 40 milliards d’euros dans sa défense et 12 milliards d’euros dans le capital-investissement

Pour mobiliser l’épargne des Français vers l’investissement en fonds propres, on peut proposer la création d’un nouveau PEA, en plus des PEA et PEA-PME actuels. Il serait fléché sur les investissements en fonds propres des entreprises de moins de 5 000 salariés (au moment de l’investissement), comme le PEA-PME, mais il aurait un plafond propre de 225 000 euros en sus du plafond actuel de 225 000 euros pour la somme du PEA et PEA-PME, sous réserve d’investir dans des entreprises de la tech (notamment biotechs, fintechs, agri-techs, cleantechs, etc.) ayant leur siège dans l’Union européenne, avec une orientation française, et de garder les fonds dans ce PEA-Fonds propres plus de huit ans.

Les fonds seraient investis directement par le détenteur ou par l’intermédiaire de fonds de capital-investissement. Les revenus et plus-values seraient défiscalisés en contrepartie d’une garantie en capital de 80 % du montant initial investi dans les fonds de capital-investissement. En cas de décès du détenteur, le PEA-Fonds propres serait transmis sans fiscalité avec une nouvelle obligation de détention de huit ans.

La France dépense chaque année 800 milliards d’euros dans sa protection sociale, moins de 40 milliards d’euros dans sa défense et 12 milliards d’euros dans le capital-investissement alors que son offre productive est insuffisante et ses finances publiques à la dérive. D’autres arbitrages s’imposent.

Christian Saint-Etienne est professeur au Conservatoire national des arts et métiers et auteur de « Le Libéralisme stratège » (Editions Odile Jacob, septembre 2020).

Plan Climat : un financement mondial insuffisant

Plan Climat : un  financement mondial insuffisant 

Le directeur général de BlackRock, Larry Fink, a appelé dimanche les gouvernements à élaborer un plan de financement climatique à long terme plus solide pour débloquer les capitaux privés nécessaires à la transition vers une économie à faibles émissions de carbone.

 

S’exprimant lors la Conférence internationale sur le climat de Venise à l’occasion d’une réunion des ministres des Finances du G20, il a ajouté que, sans un tel plan, les efforts actuels – y compris en matière de transparence sur l’impact de l’activité des entreprise – risquaient de n’être « rien de plus qu’une façade ».

Larry Fink, qui dirige le plus grand gestionnaire d’actifs au monde, avec environ 9.000 milliards de dollars d’actifs, a également appelé à une réforme du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale pour les rendre plus aptes à relever le défi du changement climatique.

Trois problèmes « critiques »

Le dirigeant a souligné trois problèmes « critiques » à régler afin de favoriser la transition écologique, qui représente selon lui une opportunité de 50.000 milliards de dollars pour les investisseurs, alors que BlackRock est lui-même est un important pourvoyeur de fonds du secteur des énergies fossiles.

Selon lui, il faut premièrement que les entreprises privées soient soumises à la même pression que les entreprises cotées pour partager des informations sur leurs efforts en matière de développement durable.

Les sociétés pétrolières et gazières cotées sont aujourd’hui « massivement incitées » à vendre leurs actifs les plus polluants, souvent à des sociétés privées et publiques qui font l’objet d’un contrôle moins strict et divulguent beaucoup moins d’informations sur leurs opérations.

Deuxièmement, selon Larry Fink, les gouvernements risquent d’alimenter les inégalités à moins de créer davantage de demande pour des produits et services plus écologiques, en abaissant leur coût, ou « prime verte », qui pénalise les plus démunis et risque d’alimenter l’instabilité sociale.

 

Enfin, selon le patron BlackRock, des institutions telles que la Banque mondiale et le FMI doivent être réformées pour encourager davantage les capitaux du secteur privé à financer la transition dans les marchés émergents.

Repenser les rôles du modèle bancaire

Larry Fink a également souligné que les deux organes avaient été créés il y a près de 80 ans sur la base d’un modèle bancaire, jugeant qu’il est désormais nécessaire de « repenser leurs rôles ».

Citant le rôle de BlackRock dans la création d’une stratégie de financement climatique public-privé de 250 millions de dollars destinée aux infrastructures durables, dans laquelle le gouvernement et des philanthropes fournissent des capitaux subordonnés pour protéger les rendements des investisseurs privés, il a ajouté qu’il fallait davantage d’initiatives du même type.

« Si nous n’avons pas d’institutions internationales offrant ce genre de position de première perte à une plus grande échelle qu’aujourd’hui, en supervisant correctement les investissements et en réduisant le coût de financement et le coût des capitaux propres, nous n’allons tout simplement pas pouvoir attirer les capitaux privés nécessaires à la transition énergétique dans les marchés émergents », a-t-il estimé.

Climat : un plan de financement mondial insuffisant

 

Climat : un plan de financement mondial insuffisant 

Le directeur général de BlackRock, Larry Fink, a appelé dimanche les gouvernements à élaborer un plan de financement climatique à long terme plus solide pour débloquer les capitaux privés nécessaires à la transition vers une économie à faibles émissions de carbone.

 

S’exprimant lors la Conférence internationale sur le climat de Venise à l’occasion d’une réunion des ministres des Finances du G20, il a ajouté que, sans un tel plan, les efforts actuels – y compris en matière de transparence sur l’impact de l’activité des entreprise – risquaient de n’être « rien de plus qu’une façade ».

Larry Fink, qui dirige le plus grand gestionnaire d’actifs au monde, avec environ 9.000 milliards de dollars d’actifs, a également appelé à une réforme du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale pour les rendre plus aptes à relever le défi du changement climatique.

Trois problèmes « critiques »

Le dirigeant a souligné trois problèmes « critiques » à régler afin de favoriser la transition écologique, qui représente selon lui une opportunité de 50.000 milliards de dollars pour les investisseurs, alors que BlackRock est lui-même est un important pourvoyeur de fonds du secteur des énergies fossiles.

Selon lui, il faut premièrement que les entreprises privées soient soumises à la même pression que les entreprises cotées pour partager des informations sur leurs efforts en matière de développement durable.

Les sociétés pétrolières et gazières cotées sont aujourd’hui « massivement incitées » à vendre leurs actifs les plus polluants, souvent à des sociétés privées et publiques qui font l’objet d’un contrôle moins strict et divulguent beaucoup moins d’informations sur leurs opérations.

Deuxièmement, selon Larry Fink, les gouvernements risquent d’alimenter les inégalités à moins de créer davantage de demande pour des produits et services plus écologiques, en abaissant leur coût, ou « prime verte », qui pénalise les plus démunis et risque d’alimenter l’instabilité sociale.

 

Enfin, selon le patron BlackRock, des institutions telles que la Banque mondiale et le FMI doivent être réformées pour encourager davantage les capitaux du secteur privé à financer la transition dans les marchés émergents.

Repenser les rôles du modèle bancaire

Larry Fink a également souligné que les deux organes avaient été créés il y a près de 80 ans sur la base d’un modèle bancaire, jugeant qu’il est désormais nécessaire de « repenser leurs rôles ».

Citant le rôle de BlackRock dans la création d’une stratégie de financement climatique public-privé de 250 millions de dollars destinée aux infrastructures durables, dans laquelle le gouvernement et des philanthropes fournissent des capitaux subordonnés pour protéger les rendements des investisseurs privés, il a ajouté qu’il fallait davantage d’initiatives du même type.

« Si nous n’avons pas d’institutions internationales offrant ce genre de position de première perte à une plus grande échelle qu’aujourd’hui, en supervisant correctement les investissements et en réduisant le coût de financement et le coût des capitaux propres, nous n’allons tout simplement pas pouvoir attirer les capitaux privés nécessaires à la transition énergétique dans les marchés émergents », a-t-il estimé.

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