Instagram :Une application dangereuse pour la jeunesse
D’après un article du Wall Street Journal (extrait )
Les travaux menés par Facebook ces trois dernières années ont montré que l’application était particulièrement dangereuse pour certaines adolescentes. D’après une diapositive de 2019 que le Wall Street Journal a pu consulter, les chercheurs estimaient en effet que, chez un tiers des adolescentes, Instagram amplifiait les complexes physiques. Les jeunes interrogés estimaient également que l’application provoquait une augmentation des cas d’anxiété et de dépression, selon ces travaux.
En public, en revanche, les dirigeants de Facebook minimisaient régulièrement les effets négatifs d’Instagram et n’ont jamais communiqué les conclusions des recherches. En mars dernier, Mark Zuckerberg a annoncé que son groupe « commençait d’envisager » une version d’Instagram adaptée aux moins de 13 ans.
« L’article paru ce jour dans le WSJ et consacré aux recherches que nous menons pour comprendre l’expérience des jeunes sur [Instagram] donne une image négative de nos conclusions, mais soulève des questions importantes, a tweeté mardi Adam Mosseri, le directeur général d’Instagram. Nous ne renions pas ce travail et pensons que les entreprises devraient être plus nombreuses à le mener. »
Le réseau social a également publié un post expliquant que ses travaux internes étaient cohérents avec des études externes estimant que les réseaux sociaux ont des conséquences « en demi-teinte » sur le bien-être. Facebook n’a pas souhaité réagir aux déclarations des parlementaires.
En avril, des élus démocrates avaient écrit à Mark Zuckerberg, critiquant la volonté du groupe de lancer un Instagram pour enfants. En mai, les procureurs généraux de 44 Etats et territoires lui avaient demandé de renoncer à son projet.
En août, Richard Blumenthal et Marsha Blackburn avaient demandé à Mark Zuckerberg de publier les études internes consacrées à l’impact des applications du groupe sur la santé mentale des jeunes. Tous deux avaient déjà critiqué Facebook par le passé. Le groupe leur avait répondu dans un courrier de six pages… qui ne comportait pas une ligne des conclusions des travaux.
« Une chose est sûre : Facebook est incapable d’être à la hauteur de ses responsabilités, ont déploré l’élu du Connecticut et la sénatrice du Tennessee dans leur communiqué commun. L’enquête du Wall Street Journal montre que la direction de Facebook n’a qu’un seul but, la croissance à tout prix, et fait passer le profit avant la santé et la vie des enfants et des jeunes. »
« Quand on lui a donné l’occasion de dire en toute transparence ce qu’il savait de l’impact d’Instagram sur les jeunes, Facebook a fourni des réponses évasives et trompeuses, dissimulant les preuves de nocivité », ajoutent-ils.
Le sous-comité chargé de la protection des consommateurs est une émanation de la commission du commerce du Sénat.
L’enquête du Wall Street Journal s’appuie sur de nombreux documents internes. Une partie de ces documents a été transmise à la SEC, le gendarme de la bourse américaine, et au Congrès par une personne qui souhaite bénéficier de la protection fédérale accordée aux lanceurs d’alerte, avait déjà relaté le Wall Street Journal.
« Ces documents montrent clairement que Facebook a pris, en toute connaissance de cause, des décisions qui ont permis la diffusion de fausses informations et de contenus nocifs. Les informations anonymes transmises en toute légalité, à l’instar de celles dont nous parlons aujourd’hui, sont indispensables aux autorités et au Congrès », souligne John Tye, avocat de Whistleblower Aid qui a transmis les documents à la SEC.
Facebook n’a pas immédiatement répondu à la demande de commentaire sur le communiqué des sénateurs.
Mardi, après la parution de l’article du Wall Street Journal, les parlementaires des deux côtés de l’Atlantique ont dit leur inquiétude.
« C’est épouvantable, a déploré Ed Markey, sénateur démocrate du Massachusetts, sur Twitter. J’exige des réponses de Mark Zuckerberg. »
Damian Collins, parlementaire britannique qui milite pour une loi sur la sécurité en ligne, a également fustigé le réseau social, soulignant dans un communiqué que l’article du Wall Street Journal « démontrait que l’entreprise, une fois encore, vise le profit, quitte à faire du mal ».
« Les recherches [de Facebook] révèlent qu’une grande partie des jeunes utilisateurs d’Instagram disent que l’application dégrade l’image qu’ils ont d’eux, mais tout ce que veut l’entreprise, c’est qu’ils s’y connectent encore et encore. »
(Traduit à partir de la version originale en anglais par Marion Issard)
Traduit à partir de la version originale en anglais