Présidentielle 2022 : la France a besoin de quelqu’un qui inspire confiance
L’économiste Nicolas-Jean Brehon dresse, pour « Le Monde , extrait», le portrait d’un candidat idéal de la droite à l’élection présidentielle .
Tribune.
Ils y pensent depuis longtemps et se préparent à la guerre. Xavier Bertrand, Valérie Pécresse et Laurent Wauquiez, par ordre donné par les sondages. Frères ennemis mais au passé bien composé : tous les trois anciens ministres, parfois dans le même gouvernement, tous les trois présidents de région, réélus en juin avec de bons scores. Comment les départager afin qu’un seul représente la droite à la prochaine élection présidentielle ?
L’hypothèse Marine Le Pen s’est éloignée. Le débat calamiteux face à Emmanuel Macron restera son boulet et les échecs des régionales ont cassé la dynamique. .
Déjà, ils ne s’aiment pas, ce qui est fréquent en politique, mais après la primaire, ils vont se détester et rejouer la pièce Chirac-Giscard en 1981 où le premier faisait semblant de soutenir le second mais poussait ses fidèles à l’éliminer. Les petits noms circulent dans les couloirs des assemblées. Même sans légende, on les reconnaîtra. Il y a celui qui a « l’air d’un vendeur de voitures », « faux derche » et « Miaou… » En politique, on se courbe devant le vainqueur, car il y a des postes à pourvoir, mais avant, on brocarde les prétendants. On se souvient du délectable et récréatif « Flanby » [surnom donné à François Hollande]. L’impétrant s’en est bien sorti mais d’autres se(a)igneurs l’auraient certainement pendu au croc de boucher.
La primaire présente de gros risques. Chacun sent bien qu’aucun n’a vraiment la carrure. Un outsider ? Michel Barnier ? Tellement terne ! Bruno Retailleau ? Trop peu visible ! François Baroin ? Trop indécis ! Quant à Nicolas Sarkozy, il teste son audience avec ses séances de dédicaces du Temps des tempêtes [L’Observatoire, 2020] mais il y a un pas entre un succès de librairie et un succès électoral. Personne, au fond, sauf un. Un, peut-être. Un, sans doute. Quelqu’un qui serait en mesure d’éviter cette « guerre des trois », nouvelle preuve de « la droite la plus bête du monde », selon la fameuse expression de Guy Mollet en 1957. Essayons un portrait rapide.
Après Macron l’inédit, il faut un homme d’expérience. Les Français ont eu leur parenthèse de jeunisme avec des députés et des ministres sortis de nulle part et passablement dépassés. Il faut être opérationnel immédiatement, connaître suffisamment de monde pour recruter les meilleurs, sur d’autres critères que l’âge et la bonne volonté. Il y a cent jours pour agir.