Economie: Croissance insignifiante pour le début de l’année (INSEE)
D’après l’INSEE, la croissance devrait être assez insignifiante pour la première partie de l’année 2024. Finalement la prolongation de la morosité économique des six derniers mois de 2023.
L’économie française peine à sortir la tête de l’eau. Frappée de plein fouet par l’inflation et l’envolée des taux d’intérêt, la France demeure empêtrée dans une activité atone. La croissance du produit intérieur brut (PIB) a, certes, augmenté de 0,9% en 2023. Mais ce chiffre résulte en grande partie d’un rattrapage : l’activité en rythme trimestriel, elle, plafonne à zéro durant trois trimestres sur quatre. Et les six prochains mois ne s’annoncent pas miraculeux non plus. Dans son point de conjoncture dévoilé ce mercredi, l’Insee table sur une croissance du PIB de… 0,2% pour les deux premiers trimestres de 2024.
De son côté, le gouvernement table toujours sur une croissance du PIB de 1,4% en 2024. Mais ce pari est désormais de moins en moins crédible aux yeux de la plupart des économistes.
De son côté, l’OCDE a dégradé sa projection de 0,2 point lundi dernier : à 0,6%, contre 0,8% en novembre. L’exécutif devrait réviser prochainement son chiffre de croissance. Et pour cause, en zone euro, les moteurs de l’activité sont au point mort.
Sur le front des investissements, les mauvaises nouvelles s’accumulent. Après une année 2023 morose, l’Insee ne prévoit pas d’embellie pour les mois à venir. Quelques indicateurs avancés, comme le climat des affaires dans le commerce de gros ou les investissements prévus dans les services, poursuivent leur chute inexorablement depuis deux ans.
Du côté des ménages, le repli de la fin de l’année 2023 (-1,4% au dernier trimestre) se poursuivrait au moins jusqu’au premier semestre 2024. « Le principal canal par lequel passe les effets de la politique monétaire est l’investissement des ménages », explique le conjoncturiste. Résultat, les secteurs de la construction et de l’immobilier risquent de souffrir pendant encore un long moment. « Globalement, les promoteurs immobiliers sont très pessimistes dans les enquêtes ». Compte tenu du temps de propagation des effets de la politique monétaire sur l’économie estimée entre 12 et 18 mois, l’horizon risque de rester sombre pendant encore longtemps pour les acteurs de la construction.
Dans l’industrie, les indicateurs sont également décevants. Le climat des affaires dans les grandes branches de l’industrie manufacturière sont en chute libre depuis le début de l’année 2021.
Sur le front des prix, l’inflation pourrait redescendre à 2,5% d’ici juin prochain. Après avoir atteint 3,7% en décembre, l’indice général des prix est retombé à 3,1% à la fin du mois de janvier. « L’alimentation a été la principale contribution à l’inflation entre septembre 2022 et septembre 2023 », a résumé Clément Bortoli, chef de la division Synthèse conjoncturelle.
« Ce sont désormais les services qui devraient principalement contribuer à l’inflation avec la dynamique des salaires », a-t-il poursuivi.
Dans le secteur privé, « les salaires ralentissent un peu (après environ +4,5% en moyenne annuelle en 2023), mais restent assez dynamiques car les négociations se fondent sur l’inflation passée. L’acquis de croissance du salaire moyen par tête à mi-année serait de +2,6% », détaille à La Tribune, Dorian Roucher.
Du côté du secteur public, « le salaire moyen par tête a évolué à un rythme proche, mais légèrement inférieur à celui du secteur privé (+4,0% en 2023), notamment du fait des mesures catégorielles en faveur des enseignants et de la revalorisation du point d’indice au 1er juillet 2023. Début 2024, de nouvelles mesures ont été mises en œuvre et l’évolution resterait un peu inférieure à celui du secteur privé. L’acquis de croissance du salaire moyen par tête à mi-année serait de +1,9% ».