Taxation des camions français : inopérante et anticoncurrentielle
A Bercy comme chez certains écolos, c’est toujours la même illusion à savoir que la fiscalité constitue l’arme privilégiée pour faciliter la transition énergétique. Cette fois ce sont les professionnels français de la route qui sont visés avec la hausse de la fiscalité sur le gasoil professionnel. Une fiscalité qui ne s’appliquera qu’aux entreprises françaises puisque la plupart de leurs concurrents s’approvisionnent en carburant dans des pays moins taxés. Cette mesure n’aura aucun effet sur la répartition modale. Il y a qu’une offre alternative notamment ferroviaire , compétitive et de qualité qui pourra faire baisser la part modale de la route en marchandise. Également des mesures de régulation relative aux normes et aux conditions d’exploitation pour éviter à la France d’être envahie par les camions étrangers en particulier des ex pays de l’Est.
Les professionnels «dénoncent la hausse de la fiscalité sur le gazole professionnel contenue dans le projet pour faciliter la de loi de finances pour 2020», actuellement étudié par le Parlement. Cette mesure, décidée pour des raisons écologiques et économiques, «serait un mauvais coup porté aux 40.000 entreprises du transport routier de marchandises», qui pourrait conduire certaines au bord du gouffre, dénonce l’organisation sur son site internet. De son côté, l’exécutif estime que cette hausse de deux centimes permettra de rapporter 140 millions d’euros, qui seront utilisés pour financer les infrastructures de transports sur le territoire. Approuvée par l’Assemblée nationale en octobre, elle a été supprimée par le Sénat, mais devrait être réintroduite en seconde lecture par les députés.
L’Otre exige sa «suppression définitive», en expliquant que seuls les entreprises françaises la paieraient, non les camions étrangers, ce qui accentuerait la concurrence des transporteurs de marchandises d’autres nationalités. «Accepter une surcharge supplémentaire des taxes sur le carburant français, c’est remplacer un camion français par un camion étranger, conduit par un étranger», souligne-t-elle, s’inquiétant de la «concurrence déloyale» européenne.
L’Otre a organisé des opérations de filtrage sur des autoroutes, ce samedi, ainsi que des opérations escargots et des blocages sur plusieurs axes routiers majeurs. L’A36, l’A62, l’A65, l’A63, l’A6, l’A7, l’A620, l’A8, l’A75, l’A104, l’A13 et l’A1 étaient notamment concernées. Quinze points de blocage ont été définis dans l’Hexagone, touchant les Hauts-de-France, la Normandie, la Champagne-Ardenne, la Bretagne, l’Occitanie, l’Île-de-France, la Bourgogne-Franche-Comté, la Nouvelle-Aquitaine, l’Auvergne-Rhône-Alpes et la Provence-Alpes-Côte-d’Azur.
«Le gouvernement doit entendre la colère des transporteurs», alerte l’Otre, qui l’appelle à réfléchir à des solutions alternatives, dont une éco-contribution ou la suppression de la taxe à l’essieu pour compenser l’alourdissement de la fiscalité. «Alourdir la fiscalité sur le carburant n’a aucune valeur environnementale», et représenterait un surcoût de «800 euros par véhicule et par an pour les transporteurs», calcule l’organisation.