Archive pour le Tag 'Innovation'

Sciences-Innovation et intelligence artificielle : vigilance

Sciences-Innovation et intelligence artificielle : vigilance

Avec le développement exponentiel des capacités de l’Intelligence Artificielle, humains et machines sont-ils amenés à s’opposer, voire à se faire la guerre, comme le prédisent depuis longtemps certains auteurs de SF ? S’il est certain que le futur ne ressemblera en rien au présent, personne ne peut aujourd’hui sérieusement prétendre prévoir l’issue des fulgurants progrès de l’IA. Raison de plus pour être vigilants. Au quotidien. Ce devoir de vigilance concerne chaque jour chacun d’entre nous. Par Alain Conrard, CEO de Prodware Group et le Président de la Commission Digitale et Innovation du Mouvement des ETI (METI)​ dans la Tribune

(Crédits : DR)
En général, une chronique est l’expression d’un point de vue qui, lorsqu’il est bien mené, conduit à une conclusion, forte si possible. Autant vous prévenir tout de suite : cette chronique ne débouchera sur aucune conclusion. Tout simplement parce que son sujet est aujourd’hui si complexe et si ouvert – et surtout si indéterminé – qu’il semble impossible d’y apposer sérieusement une conclusion. Même pour un spécialiste et praticien au quotidien de l’innovation comme moi.

Son sujet ? Le développement exponentiel des capacités des IA est-il nécessairement bénéfique pour les humains et/ou, s’il n’est pas canalisé, contient-il un « risque existentiel » (pour reprendre le concept de Nick Bostrom, directeur du Future of Humanity Institute) pour l’humanité.

Soit dit en passant, et sans aucune spoiler alert, il peut d’ailleurs parfaitement être bénéfique un temps pour les humains (individuellement ou culturellement) et constituer à terme un risque existentiel pour l’humanité. Et, pour complexifier le tout, l’optimisme le plus béat et le pessimisme le plus sombre sur ce sujet cohabitent parfois chez les mêmes personnes.

Ce qui est certain, c’est qu’en raison du potentiel de nouveauté et de transformation dont elle est porteuse, à travers les nouvelles frontières qu’elle établit et fait évoluer en permanence, l’innovation génère toujours par définition des possibilités de risque. Le nucléaire, par exemple, a pris le dessus sur son créateur à certaines occasions (catastrophes de Three Mile Island, Tchernobyl ou encore Fukushima).

Plus on donne de place à la technologie, plus on expose l’humanité ou le plus grand nombre à l’éventualité de dérives. Malgré ses vertus, le nucléaire contient plus de risques que le charbon, les possibles dérives de l’IA peuvent-elles être à leur tour encore plus dangereuses ?

On sait que l’Intelligence Artificielle va plus vite, plus loin et plus longtemps. On sait que le machine learning peut, comme son nom l’indique, développer de façon autonome une algorithmique de plus en plus élitiste, de plus en plus fine, de plus en plus juste. En partant de ce constat, que peut-on dire ? Bien que conscients de la situation actuelle et de l’état des forces en présence, est-on pour autant capables d’anticiper avec pertinence leur évolution ? Dans sa totalité, je n’en suis pas sûr. Est-on capables de mesurer tous les impacts ? Je n’en suis pas sûr non plus. Cette incertitude dans la prévisibilité de l’évolution est la partie la plus inquiétante de cette problématique. Pourtant, nombreux sont ceux qui prennent aujourd’hui la parole pour raconter avec assurance de quoi le futur sera fait.

En fait les humains ne sont pas très doués pour prévoir les progressions exponentielles (« L’intuition humaine est mauvaise pour prévoir les courbes exponentielles » constate Sam Altman, le PDG d’OpenAI). Donc, les points de vue sur l’avenir de l’IA, et par conséquent sur le bon usage de l’innovation, restent conjecturaux pour une large part. En fait, ils ne sont généralement que la projection naïve dans le futur de nos aprioris. Selon que l’on est confiant dans la capacité des humains à vouloir le bien (le leur ou celui des autres) ; selon que l’on est optimiste ou pessimiste ; selon que l’on a confiance ou pas dans le politique pour prendre en charge et régler les problèmes de l’humanité ; selon que l’on a une foi sans réserve dans la capacité de la science à faire le bien ; selon que nos récits projectifs sont utopiques ou dystopiques ; etc.

Ainsi, les transhumanistes ou les long-termistes diront que l’hybridation entre les humains et les machines ne peut qu’augmenter positivement l’humanité ; les technophiles inconditionnels, que la technologie ne saurait être mauvaise ; les sceptiques, que rien de bon ne peut sortir d’un progrès aussi rapide ; les industriels de l’IA, que leurs machines sont la clé du bonheur de l’humanité ; les politiques, qu’il suffit de légiférer pour régler le problème ; les apprentis sorciers ou ceux qui aiment le goût du risque, qu’émettre des réserves ne fait que ralentir inutilement le mouvement, et qu’il sera toujours temps de réfléchir plus tard.

Quoi qu’il en soit, ce que l’on en dit (ou ce que l’on en pense) dépend largement des intérêts de pouvoir qui sont engagés.

Si l’IA est nouvelle, l’inquiétude générée par les machines ne l’est pas. Même si elles étaient moins concrètes qu’aujourd’hui, on se posait les mêmes questions dès les débuts de la robotique. On faisait déjà part des mêmes craintes : est-ce qu’en se développant, le robot allait inéluctablement dépasser l’être humain ? Est-ce que, tel un Frankenstein électronique doté de colossaux réseaux de neurones et de capacités de calcul démesurées, l’humanoïde allait détrôner l’humain qui l’a créé ? La philosophie avait aussi posé des ponts théoriques entre le vivant et l’univers machinique, permettant mentalement le passage de l’un à l’autre, notamment avec le concept d’animal-machine formulé par Descartes, puis, au siècle suivant, avec L’Homme-Machine de La Mettrie. Pourtant, l’hypothèse réelle, politique, culturelle, restait à l’époque encore très lointaine. L’IA nous confronte à un risque réel. La nature (ou tout du moins l’intensité) de l’inquiétude a changé.

La zone d’incertitude s’est elle-même modifiée : tout va changer, c’est certain, mais modalités et ampleur du changement restent incertaines. Le futur ne ressemblera en rien au présent, mais ni les zones ni l’ampleur des impacts sont pour l’instant vraiment prévisibles. Le grand changement, la grande bascule, est-ce que c’est maintenant, ou jamais, ou dans 10 ans ? Qui peut le dire avec certitude aujourd’hui ?

De « 1984 » au « Meilleur des mondes » en passant par « Bienvenue à Gattaca », la littérature ou le cinéma nous ont depuis longtemps mis en garde : les techno-utopies sont dangereuses lorsqu’on y adhère sans mesure.

Il ne suffit donc pas de dire « IA qu’à ». Cette question contient une telle épaisseur de complexité et d’indétermination qu’elle défie pour l’instant toute conclusion péremptoire.

« Que faire ? », demandait Lénine pour savoir quelle suite à donner à la révolution, et à quelle condition elle pouvait réussir. La question se pose pour tout mouvement de ce type, et le digital ou l’IA sont autant de révolutions, plus aptes encore à transformer le monde en profondeur que les modalités politiques qui les ont précédées. Il n’y a pas aujourd’hui de réponse générale à cette question.

Pour certains, l’arme de protection absolue contre l’emprise des machines tient en un mot : légiférer. Mais qui peut prétendre qu’une IA devenue hyper-intelligente et parfaitement autonome restreindra docilement son pouvoir parce qu’on lui dira que la loi l’interdit ?

On n’empêchera par ailleurs jamais personne de créer l’invention de trop, celle qu’il n’aurait jamais fallu concevoir, celle qui fait basculer l’ensemble d’une société dans une autre dimension porteuse de dangers. On n’évitera pas que, dotés de moyens importants, certains mettent en place des projets « toxiques ». Aujourd’hui, en effet, les dérives possibles sont alimentées en grande partie par les perspectives de profit. D’énormes masses d’argent sont en effet aimantées par ces secteurs. Une partie de ces gigantesques financements rencontrera nécessairement des projets hasardeux.

La bonté de la plupart des êtres humains ne s’exprime souvent que dans la limite de l’expression de leur intérêt. Un créateur saura-t-il résister à ce qu’il peut inventer, même si cela contrevient au bien commun ou aux exigences du citoyen ? Rien n’est moins sûr. Le plaisir de la création prévaut souvent sur tout. Le remords ne vient éventuellement qu’après, comme pour Oppenheimer, le père de la bombe atomique après l’expérience de Hiroshima, ou pour Alfred Nobel, l’inventeur de la dynamite. Les regrets viennent toujours trop tard. Les inventeurs de l’IA auront-ils les mêmes remords ? Certains d’entre eux émettent déjà de fortes réserves (Yoshua Bengio, l’un des pères de l’IA) ou des inquiétudes majeures (Geoffrey Hinton, pionnier de l’IA). En attendant, rien ne semble pouvoir arrêter son développement. Et il y a sans doute une bonne dose d’hypocrisie ou d’opportunisme pour quelqu’un comme Sam Altman de créer et développer Chat GPT tout en appelant en même temps à la régulation.

Il ne faut donc pas être naïf, et ne pas se laisser endormir par des discours lénifiants ou exagérément rassurants. Il faut accepter le progrès avec enthousiasme, tout en faisant preuve d’une extrême vigilance quant à ses conséquences.

Les artefacts sont toujours le reflet d’une époque, et disent toujours quelque chose sur elle. L’IA dit en même temps notre incroyable degré de sophistication technologique, notre dépendance au numérique et notre capacité à dénier les risques liés à ce que nous inventons.

En fait, les machines, c’est nous. Elles sont à notre image. Mieux : elles sont un miroir. Il peut être neutre ou grossissant ou déformant. Il peut aussi, comme dans certains contes, donner une image de l’avenir. C’est pour cette raison que le développement de l’IA concerne tout le monde.

Personne aujourd’hui ne peut prétendre détenir « la » solution pour la maîtrise de sa progression. Mais l’absence temporaire de solution ne doit pas pour autant conduire à la résignation.

Bien que cela soit difficile, il faut essayer d’éveiller le plus grand nombre à la certitude du risque lié à ces technologies surpuissantes. Certains ont d’autres urgences ou d’autres priorités quand d’autres ne se sentent pas impliqués ou ne voient pas comment ils pourraient agir. Le simple fait de se sentir intimement touché par ces phénomènes (car objectivement nous le sommes absolument tous) est déjà un début de réflexion.

Hormis une prise en compte systématique du risque, voire dans le meilleur des cas un devoir d’alerte, on n’a sans doute pas encore trouvé la solution pour éliminer ou minorer de potentiels dangers liés aux dérives de l’innovation. Pour l’instant, la seule piste est d’attirer l’attention du plus grand nombre sur tous les effets (aussi bien positifs que négatifs) de ces phénomènes. Et de regarder avec vigilance comment bâtir et utiliser des systèmes porteurs de la plus grande valeur ajoutée.

Une prise de conscience individuelle autant que collective est donc essentielle. Chacun d’entre nous est concerné, et devrait se poser cette question chaque jour, à chaque utilisation d’une innovation : est-ce bien ? Est-ce que la machine que j’utilise renforce le bien commun ? Est-ce que l’algorithme ou le dispositif que je suis en train d’inventer présente des risques ? Est-ce que la politique que je mène ou que je propose permet de guider les réflexions et de conscientiser

S’il n’y a aujourd’hui pas de grande réponse sérieuse, rien n’interdit en attendant à chacun d’apporter sa petite réponse.

_____

(*) Par Alain Conrard, auteur de l’ouvrage « Osons ! Un autre regard sur l’innovation », un essai publié aux éditions Cent Mille Milliards, en septembre 2020, CEO de Prodware Group et le Président de la Commission Digitale et Innovation du Mouvement des ETI (METI) (LinkedIn).

Innovation: accepter le temps long

Innovation: accepter le temps long

« L’innovation technique ne se programme pas en fonction de finalités à court terme et rentables »
TRIBUNE
Gilles Garel

Professeur au Conservatoire national des arts et métiers

Muriel Le Roux

Historienne

« L’innovation résoudra tous nos problèmes. » Cette ritournelle messianique proclamée à chaque crise, selon laquelle l’innovation technique et les entrepreneurs innovants nous sauveront de la catastrophe, ne résiste pas à l’analyse des processus d’innovation par les sciences de gestion et par l’histoire, qui, plus que le concept d’innovation lui-même, questionnent celui de « rupture ». Même si cela déplaît aux industriels ou aux politiques, l’histoire rend en effet intelligibles les choix et les actions des acteurs sur un temps plus ou moins long. Or, face aux menaces écologiques, induisant des risques pour les démocraties, nous devons admettre que ce qui nous arrive résulte aussi de la manière dont nous innovons et dont nous considérons l’innovation.

Depuis Fernand Braudel et son ouvrage Civilisation matérielle, économie et capitalisme, réédité en 2022 chez Armand Colin, on sait que la maîtrise des moyens de transport et de l’énergie a toujours été la condition sine qua non des flux et des échanges. Ce sont eux qui ont structuré les mondialisations successives, les croissances économiques reposent sur ces flux physiques. Les entreprises assumant les fonctions de conception, de production et de diffusion, l’innovation joue bien un rôle majeur dans ces processus.

Prenons le cas du vaccin Pfizer-BioNTech, qui a été développé en douze mois, ce qui est effectivement sans précédent. A suivre certaines analyses, il s’agirait d’une « rupture », car, jusque-là, le développement d’un vaccin prenait environ dix ans. Mais il s’agit d’une analyse à courte vue sur la seule année 2020, relayée par les panégyriques nord-américains à des fins de prise de contrôle du marché du médicament. Car, oui, la santé est un marché.

Or, ces analyses n’évoquent que trop rarement l’aspect cumulatif des recherches menées pendant cinq décennies, notamment le rôle de l’Institut Pasteur, à Paris, à l’origine de l’ARN messager grâce aux travaux de François Jacob, d’André Lwoff et de Jacques Monod, qui a reçu le prix Nobel de médecine en 1965. Pfizer a bénéficié (sans payer aucune redevance) de l’effort initial de la recherche publique fondamentale. Sous la surface de l’exploit innovant, l’analyse de l’innovation permet de mettre au jour des couches plus profondes, sur des temps plus longs.

Intelligence artificielle : trouver équilibre entre innovation et éthique

Intelligence artificielle : trouver équilibre entre innovation et éthique

Selon un rapport de Statista, les investissements mondiaux dans l’IA ont atteint environ 40 milliards de dollars en 2020 et devraient atteindre 110 milliards de dollars d’ici 2024. Mais alors que certaines personnalités publiques comme Elon Musk et Steve Wozniak, ainsi que des experts dépassés par les capacités de l’IA générative, ont appelé en mars dernier à une pause de six mois dans la recherche dans ce domaine, les investisseurs dans la technologie de l’IA sont confrontés à un dilemme. Par Maxim Manturov, responsable de la recherche en investissements chez Freedom Finance Europe

L’IA est un marché à croissance rapide avec un énorme potentiel de rentabilité et d’impact, attirant des milliards de dollars en capital-risque, en actions privées et en investissements d’entreprise. Les investissements des géants technologiques dans la recherche et le développement des technologies d’IA contribuent à la croissance du marché. Ces entreprises ne cessent d’innover et de développer de nouvelles applications d’IA, ce qui stimule la demande de ces technologies dans divers secteurs. Les efforts visant à améliorer son accès devraient encore stimuler la croissance du marché dans les années à venir. Le segment des logiciels représente la plus grande part du marché de l’IA en raison des améliorations apportées au stockage, au traitement parallèle et à la puissance de calcul. La demande de technologies logicielles pour le déploiement et le développement d’applications d’IA telles que l’algèbre linéaire, l’analyse vidéo, les capacités de communication matérielle, l’inférence et les matrices éparses alimente la croissance de ce segment. En outre, la nécessité pour les entreprises d’obtenir des données et des informations significatives grâce à l’analyse du contenu visuel devrait accroître la demande de solutions logicielles sur le marché mondial de l’IA.

La taille du marché mondial de l’intelligence artificielle (IA) a été estimée à 119,78 milliards de dollars en 2022 et devrait atteindre 1.591,03 milliards de dollars d’ici 2030 à un taux de croissance annuel composé de 38,1 % entre 2022 et 2030.

Mais les technologies de l’IA sont encore loin d’être parfaites et leurs limites, telles que la partialité des données, le manque de transparence et la nécessité d’un contrôle humain, peuvent constituer des risques pour l’adoption et la valeur.

Bien que les avantages potentiels de l’IA soient considérables, des inquiétudes ont été exprimées quant à ses implications éthiques, notamment en ce qui concerne les préjugés, la protection de la vie privée et les suppressions d’emplois. Des appels ont donc été lancés en faveur d’une réglementation et d’une surveillance plus stricte du développement et du déploiement des technologies d’IA. Certains experts ont appelé à une pause dans la recherche et le développement de l’IA afin de laisser le temps d’aborder ces questions et d’élaborer des réglementations appropriées. Mais d’autres estiment qu’une telle pause pourrait étouffer l’innovation et empêcher les avantages potentiels de l’IA de se concrétiser.

Il est important de noter que les appels à la suspension de la recherche sur l’IA générative se concentrent sur un sous-ensemble particulier de technologies d’IA et ne s’appliquent pas nécessairement à toutes les formes d’IA. Si l’IA générative a démontré des capacités impressionnantes dans certains domaines, elle présente également des risques potentiels en termes d’utilisation abusive ou de conséquences involontaires.

La décision de continuer à investir dans les technologies de l’IA doit donc reposer sur un examen minutieux des avantages et des risques potentiels associés à ces technologies. Il est important que les chercheurs, les entreprises et les gouvernements travaillent ensemble pour s’assurer que le développement et l’application de l’IA sont guidés par des principes éthiques et que des mesures de sécurité appropriées sont en place pour prévenir les conséquences involontaires ou l’utilisation abusive.

En conclusion, les technologies de l’IA offrent un monde d’opportunités, mais elles posent également des défis complexes qui nécessitent des solutions réfléchies et complètes. Ainsi, les investisseurs en IA doivent trouver un équilibre entre leur désir d’innover et de faire des bénéfices et leur responsabilité d’évaluer les implications éthiques, sociales et juridiques des technologies qu’ils soutiennent. Il peut s’agir de s’associer à des experts dans le domaine, de dialoguer avec les parties prenantes et d’accorder la priorité à la transparence, à la responsabilité et à la protection de la vie privée.
Maxim Manturov

IA : quel équilibre entre innovation et éthique

Intelligence artificielle : trouver équilibre entre innovation et éthique

Selon un rapport de Statista, les investissements mondiaux dans l’IA ont atteint environ 40 milliards de dollars en 2020 et devraient atteindre 110 milliards de dollars d’ici 2024. Mais alors que certaines personnalités publiques comme Elon Musk et Steve Wozniak, ainsi que des experts dépassés par les capacités de l’IA générative, ont appelé en mars dernier à une pause de six mois dans la recherche dans ce domaine, les investisseurs dans la technologie de l’IA sont confrontés à un dilemme. Par Maxim Manturov, responsable de la recherche en investissements chez Freedom Finance Europe

L’IA est un marché à croissance rapide avec un énorme potentiel de rentabilité et d’impact, attirant des milliards de dollars en capital-risque, en actions privées et en investissements d’entreprise. Les investissements des géants technologiques dans la recherche et le développement des technologies d’IA contribuent à la croissance du marché. Ces entreprises ne cessent d’innover et de développer de nouvelles applications d’IA, ce qui stimule la demande de ces technologies dans divers secteurs. Les efforts visant à améliorer son accès devraient encore stimuler la croissance du marché dans les années à venir. Le segment des logiciels représente la plus grande part du marché de l’IA en raison des améliorations apportées au stockage, au traitement parallèle et à la puissance de calcul. La demande de technologies logicielles pour le déploiement et le développement d’applications d’IA telles que l’algèbre linéaire, l’analyse vidéo, les capacités de communication matérielle, l’inférence et les matrices éparses alimente la croissance de ce segment. En outre, la nécessité pour les entreprises d’obtenir des données et des informations significatives grâce à l’analyse du contenu visuel devrait accroître la demande de solutions logicielles sur le marché mondial de l’IA.

La taille du marché mondial de l’intelligence artificielle (IA) a été estimée à 119,78 milliards de dollars en 2022 et devrait atteindre 1.591,03 milliards de dollars d’ici 2030 à un taux de croissance annuel composé de 38,1 % entre 2022 et 2030.

Mais les technologies de l’IA sont encore loin d’être parfaites et leurs limites, telles que la partialité des données, le manque de transparence et la nécessité d’un contrôle humain, peuvent constituer des risques pour l’adoption et la valeur.

Bien que les avantages potentiels de l’IA soient considérables, des inquiétudes ont été exprimées quant à ses implications éthiques, notamment en ce qui concerne les préjugés, la protection de la vie privée et les suppressions d’emplois. Des appels ont donc été lancés en faveur d’une réglementation et d’une surveillance plus stricte du développement et du déploiement des technologies d’IA. Certains experts ont appelé à une pause dans la recherche et le développement de l’IA afin de laisser le temps d’aborder ces questions et d’élaborer des réglementations appropriées. Mais d’autres estiment qu’une telle pause pourrait étouffer l’innovation et empêcher les avantages potentiels de l’IA de se concrétiser.

Il est important de noter que les appels à la suspension de la recherche sur l’IA générative se concentrent sur un sous-ensemble particulier de technologies d’IA et ne s’appliquent pas nécessairement à toutes les formes d’IA. Si l’IA générative a démontré des capacités impressionnantes dans certains domaines, elle présente également des risques potentiels en termes d’utilisation abusive ou de conséquences involontaires.

La décision de continuer à investir dans les technologies de l’IA doit donc reposer sur un examen minutieux des avantages et des risques potentiels associés à ces technologies. Il est important que les chercheurs, les entreprises et les gouvernements travaillent ensemble pour s’assurer que le développement et l’application de l’IA sont guidés par des principes éthiques et que des mesures de sécurité appropriées sont en place pour prévenir les conséquences involontaires ou l’utilisation abusive.

En conclusion, les technologies de l’IA offrent un monde d’opportunités, mais elles posent également des défis complexes qui nécessitent des solutions réfléchies et complètes. Ainsi, les investisseurs en IA doivent trouver un équilibre entre leur désir d’innover et de faire des bénéfices et leur responsabilité d’évaluer les implications éthiques, sociales et juridiques des technologies qu’ils soutiennent. Il peut s’agir de s’associer à des experts dans le domaine, de dialoguer avec les parties prenantes et d’accorder la priorité à la transparence, à la responsabilité et à la protection de la vie privée.
Maxim Manturov

FMI : Une innovation pour les pays pauvres qui ne change rien

 FMI : Une innovation pour les pays pauvres qui ne change rien

Le FMI a  approuvé une allocation de droits de tirages spéciaux (DTS) de 650 milliards de dollars. Des droits de tirage qui peuvent se transformer le moment venu en prêt à taux zéro. Bref ,toujours des prêts.Un dispositif normalement destiné à aider les pays pauvres surtout l’occasion de la crise sanitaire

Les pays émergents et les pays en développement, y compris ceux à faible revenu, recevront 275 milliards de dollars de la nouvelle allocation, et les pays les plus pauvres, seulement 4 % du total (26 milliards de dollars), alors que ce sont eux qui en ont le plus besoin.

L’Afrique recevra seulement 33 milliards de dollars de l’allocation de DTS, alors qle FMIE estime que 285 milliards de dollars seront nécessaires d’ici à 2025 pour répondre à la pandémie sur ce continent.

Paradoxalement,, les États-Unis obtiendront 113 milliards de dollars, la France 27 milliards.

Pour surmonter ce paradoxe, il serait envisagé de  de créer un nouveau fonds qui prêterait à taux bas et à très long terme sur des sujets spécifiques comme l’écologie, l’éducation et la santé. La France est pour, les États-Unis sont favorables, mais d’autres pays au G7 et au G20 attendent de voir en détail les propositions du FMI afin notamment de neutraliser le coût pour les prêteurs que sont en fait les pays riches.

De toute manière, tous les dispositifs nouveaux envisagés se limitent à des prêts que nombre de pays pauvres ne pourront rembourser.

 

Innovation: pourquoi le déclassement de la France ?

Innovation: pourquoi le déclassement de la France ?

 

Dans un article de l’Opinion, le journaliste  Raphaël Legendre explique le dramatique déclassement de la France en matière d’innovation

 

Aucune entreprise française ne figure dans le classement des entreprises les plus innovantes dans le monde publié jeudi par le BCG, très largement dominé par les grands groupes américains. En cause, un manque criant de financements publics et privés, mais pas seulement. Le principe de précaution est en train de plomber le pays.

La dernière étude du Boston consulting group (BCG) sur les entreprises les plus innovantes au monde sonne comme une humiliation pour la France et l’Europe. Aux cinq premières places, cinq sociétés américaines : Apple, Alphabet (Google), Amazon, Microsoft et Tesla. Sur les cinq places suivantes, encore deux américains (IBM et Pfizer qui fait son entrée à la 10e place), un chinois (Huawei), un coréen (Samsung) et un japonais (Sony).

Le premier groupe européen, Siemens, n’arrive qu’à la 11e position. Sur les cinquante entreprises les plus innovantes, pas une française et trop peu d’européennes (12, en majorité allemandes). Alors que 2021 a marqué l’arrivée en masse des groupes pharmaceutiques (10 sociétés contre quatre en 2020 et une en 2010), pas de trace de Sanofi ou de l’Institut Pasteur qui ont échoué dans la course aux vaccins anti-Covid.

Cette absence a plusieurs causes. Si le niveau de recherche reste correct – la France est le 5e pays au monde en matière de reprise à l’international de publications nationales – les financements sont trop faibles. A 2,2 points de PIB dans la recherche et développement, l’Hexagone se classe au 13e rang mondial et au 7e de l’Union européenne (2,5 % en moyenne au sein de l’OCDE).

Ecosystème. Ce n’est pas mieux dans le privé où les dépenses de R&D des entreprises ne dépassent pas 1,4 % du PIB, nettement sous la moyenne de l’OCDE (1,7 %), derrière les Etats-Unis (2 %), l’Allemagne (2,1 %) et la Corée du Sud (3,6 %). En 2016, seulement 20 % des entreprises françaises avaient déclaré avoir développé des innovations de produits et 24 % des innovations de procédés, rappelle Mathieu Noguès en préambule du dernier cahier du Cercle des économistes, consacré à la place de la France dans la course technologique.

Que faire pour rattraper ce retard ? « Le problème, c’est que l’écosystème n’a rien à voir des deux côtés de l’Atlantique, rappelle l’économiste Philippe Aghion, titulaire de la chaire institutions, innovation et croissance au Collège de France. Les Etats-Unis disposent de nombreux centres de financement de la recherche publics (Barda, NHI…) et privés, qu’ils viennent du mécénat ou des fonds de capital-investissement.  » La France, elle, ne se positionne qu’au 16e rang mondial pour les investissements en capital-risque rapportés au PIB, et au 5e rang de l’UE. Résultat : « L’Europe compte 29 licornes dont 7 en France, largement derrière la Chine (227) et les Etats-Unis (233) », rappelle Mathieu Noguès. Pourtant proche d’Emmanuel Macron, Aghion regrette que « l’innovation n’ait pas été une priorité du quinquennat. On a fait passer la réforme des retraites avant ».

« Il faut séparer le problème de la recherche, qui est une chose, de celui de son développement industriel, qui en est un autre », ajoute Laurent Lévy, président fondateur de la biotech Nanobiotix, qui a levé 100 millions de dollars au Nasdaq fin 2020. « C’est ce dernier point que met en lumière le classement du BCG. Les géants américains de la tech ne sont pas forcément les plus innovants, mais ce sont ceux qui en créent le plus de richesses », explique-t-il. De fait, on recense trois fois plus de découvertes scientifiques en Europe, par million d’habitants, qu’aux Etats-Unis. Mais moins de financement, donc de brevets et d’innovations.

Au-delà du problème des fonds, Laurent Lévy souligne surtout la différence fondamentale de culture entre les Etats-Unis et la France. « Je ne me rendais pas compte durant mes études que je vivais dans un monde de contraintes. C’est en partant aux Etats-Unis pour mon post-doctorat que je l’ai compris. Le principe de précaution a été dramatique en France », affirme l’entrepreneur.

Exemple concret, Nanobiotix a signé en janvier 2019 un accord de codéveloppement avec le premier centre anti-cancer aux Etats-Unis, le MD Anderson Cancer Center rattaché à l’université du Texas. Le centre hospitalier s’est engagé à cofinancer neuf essais cliniques, avec 340 patients, pour tester le produit de Nanobiotix. Ces essais cliniques auraient coûté 10 fois plus cher si Nanobiotix les avait financés entièrement. Un accélérateur de développement massif. *

« Ce type d’accord, par sa taille financière et sa souplesse, est quasi-impossible à mettre en place en France. Nous travaillons avec les meilleurs centres anti-cancer français (Institut Curie, Institut Gustave-Roussy), mais c’est aux Etats-Unis que la société a pu signer un tel partenariat », regrette Laurent Lévy.

Sans débouchés industriels, la science ne devient pas innovation. A l’heure du grand retour en grâce des politiques industrielles en France comme en Europe, il est temps de lever les obstacles sur cette voie

Innovation de rupture: l’urgence d’une agence ?

Innovation de rupture: l’urgence d’une agence ?

La pandémie et l’absence de vaccin français l’ont rappelé : la recherche et l’innovation sont indispensables à la compétitivité des Etats, à la protection sanitaire, aux transitions énergétiques ou à la conservation des écosystèmes, explique, dans sa chronique, le professeur en sciences de gestion Armand Hatchuel.

 

Le Royaume-Uni a annoncé la création d’une agence nationale pour l’innovation de rupture. Inspirée de l’Agence américaine de recherche pour la défense (DARPA), cette agence devrait se caractériser par une grande liberté d’action au service de projets très risqués et à fort enjeu sociétal.

Un rapport parlementaire (« A New UK Research Funding Agency », HC 778, février 2021) soutient cette initiative mais analyse aussi les questions soulevées par ce projet. Au-delà du contexte britannique, le débat a le mérite d’interroger les différents modèles d’organisation de l’innovation et de la recherche, ainsi que les connaissances disponibles dans ce domaine.

La pandémie actuelle et l’absence de vaccin français l’ont rappelé avec force : la recherche et l’innovation sont également indispensables à la compétitivité des Etats, à la protection sanitaire, aux transitions énergétiques ou à la conservation des écosystèmes. Ruse de la raison ? Plus nous affirmons de nouvelles valeurs ou de nouveaux idéaux – seraient-ils technophobes ou frugaux – et plus nous appelons à la recherche et à l’exploration de concepts novateurs.

Partout les budgets de la recherche sont invités à croître, tandis que des alertes répétées sur la place des pays asiatiques dans la recherche mondiale inquiètent l’Europe et les Etats-Unis. Mais comme en témoigne le débat public anglais, l’effort financier nécessaire s’accompagne aussi de controverses sur la bonne gestion des institutions de recherche et d’innovation.

 

On y retrouve les reproches adressés aux institutions classiques de la recherche : manque d’audace, rejet des projets risqués, faible interdisciplinarité, lourdeurs des procédures d’évaluation. Mais l’enquête anglaise remarque aussi que cet esprit conservateur se retrouve autant dans les organismes traditionnels (de type « science push), fondés sur la seule qualité scientifique et le jugement par les pairs, que dans ceux qui doivent financer des innovations tournées vers le marché. 

Dans le premier cas, la recherche « disruptive » serait freinée par le corporatisme académique et la pression sur les publications ; dans le second cas, elle se heurterait au court-termisme des industriels. D’où l’idée d’un nouveau type d’organisme qui serait autorisé à prendre des risques scientifiques élevés et qui serait doté d’une totale autonomie de gestion et d’orientation.

Ce point de vue est contesté par certains experts qui craignent qu’un tel organisme ne retombe rapidement dans les travers dénoncés et complexifie la politique scientifique. Mais le gouvernement et le Parlement soutiennent qu’une telle structure, hors normes, est vitale pour le pays.

IA: Trouver l’équilibre entre innovation et régulation

IA: Trouver l’équilibre entre innovation et régulation

David Lacombled ,président de la Villa numéris, estime dans l’Opinion que « L’Europe peut encore inventer un modèle alternatif des données basé sur ses valeurs de respect des individus et de leurs droits ​»

 

 

La seule limite de l’intelligence artificielle (IA) sera celle de l’imagination humaine. Faut-il à ce point avoir peur de soi-même pour craindre autant l’IA ? Alors que le mot «robot» fête ses 100 ans, il suffit de regarder les débats sans fins qu’il suscite pour deviner que l’IA, en s’installant dans nos vies et dans notre économie, nourrira durablement les préventions. Si le robot répond aujourd’hui encore à une vision tayloriste défiant la main-d’œuvre, l’IA apparaît trop souvent comme pouvant rivaliser avec le cerveau en le simulant. Cela montre la nécessité de mieux partager et comprendre la technologie, ce qui n’implique pas pour autant de l’encadrer et de la réglementer ex ante.

Les données et leur utilisation sont aujourd’hui avant tout regardées d’un point de vue technologique ou financier, tant leur performance impressionne. Elles le sont moins par les répercussions qu’elles peuvent entraîner d’un point de vue social et humain tant la situation est inédite. A en donner le vertige. Un aperçu sur la valorisation boursière des « Big Tech » qui reposent avant tout sur l’efficience de leur algorithme, telles qu’Apple ou Amazon, rappelle à quel point les données sont génératrices de valeurs.

Eclairer l’avenir. Dans leur récent essai, Le Pouvoir de la Destruction Créatrice (Odile Jacob), Philippe Aghion, Céline Antonin et Simon Bunel rappellent que ce processus est bien une réalité, quelque chose de palpable pointant « un conflit permanent entre l’ancien et le nouveau ​». S’ils soulignent que « ​l’effet de destruction d’emplois se manifeste à court terme, tandis que l’effet de création d’emplois et l’effet de capitalisation sont davantage des effets de long terme ​». Or, « ​c’est bien à court terme que la destruction créatrice est ressentie par les individus dans les différentes enquêtes d’opinion ​».

Dans son essai L’intelligence artificielle n’existe pas, Luc Julia confesse ​: « ​ma grande crainte est que les gens croient tout ce qu’on leur raconte sur l’IA, tout simplement parce qu’ils n’ont pas assez d’informations sur le sujet ​». L’ingénieur, concepteur de l’assistant vocal Siri, préconise que « ​nous devons combattre les délires véhiculés par certains en argumentant avec les simples faits ​».

. De fait, la promesse de l’apocalypse en matière d’emplois pour les individus et de carnage financier pour les entreprises ne constitue pas vraiment un chemin engageant. Rappelons au contraire comment les données se sont transformées en petits cailloux blancs de nos existences permettant certes de les décrire, voire de les prédire, mais avant tout de les simplifier pour accéder aux savoirs et se divertir (cf. Netflix), pour vivre plus confortablement (recherche Web, navigation…), en meilleure santé et plus longtemps (aujourd’hui la modélisation de propagation des virus, demain les jumeaux numériques de nos propres corps), pour travailler plus efficacement pour ne pas dire plus intelligemment. Pour peu de dompter la machine. Ce sont là les valeurs et les promesses que portent avant tout les données et leur calcul par ce qui reste un programme informatique, l’intelligence artificielle.

Il n’en reste pas moins que l’intelligence artificielle, par sa puissance, pose des défis inédits. La docteure en informatique Marie-Aude Aufaure souligne à quel point « ​il faut particulièrement veiller aux biais, à l’explicabilité et l’acceptabilité des algorithmes appliqués sur des ensembles de données ​» pour contribuer à « ​démystifier les capacités de l’intelligence artificielle en rappelant que l’apprentissage au sens de l’IA est éloigné de l’apprentissage humain qui lui est centré sur une combinaison complexe de raisonnement, de mémoire, de connaissances de sens commun, etc. ​». En effet, un biais humain peut se retrouver démultiplié par la force du calcul. Par exemple, si votre entreprise recrute majoritairement des hommes et les paie mieux, le risque est grand que le fossé se creuse et s’amplifie si une IA prend le relais du processus de recrutement.

Dès 2017, la chercheuse Laurence Devillers décrivait Des Robots et des Hommes, mythes, fantasmes et réalité (Plon). Elle s’intéresse « ​à la perception des robots et met en avant qu’il faut créer des machines morales pour encadrer la vie avec ces machines et une réflexion est menée pour savoir s’il est possible à un robot d’avoir une conscience de soi. Elle explique en quoi cela est important, avec l’exemple des robots tueurs, et dans quelle mesure cela est possible d’un point de vue éthique et technique ​».

C’est à l’élaboration d’un nouveau paradigme entre les humains et les objets techniques qu’il faut s’atteler. Le réglementer et le régir aujourd’hui reviendrait à encadrer un phénomène en mouvement au risque de freiner l’innovation

C’est d’ailleurs, la régulation des armes létales autonomes qui constituait un des points majeurs du rapport de Gilles Lebreton, député européen du Rassemblement National, adopté il y a quelques jours par le Parlement européen montrant à quel point les élus seront tentés d’encadrer l’essor de la technologie. Pourtant, si un drone pouvait tuer sans ordre humain, c’est bien que l’humain l’aurait accepté. C’est bien une des limites à fixer.

Mot-valise à double fond. En cela, Laurence Devillers a raison de rappeler une évidence ​: « ​il ne faut pas penser les robots comme de nouveaux humains ​». Et c’est bien à l’élaboration de ce nouveau paradigme entre les humains et les objets techniques qu’il faut s’atteler. Le réglementer et le régir aujourd’hui reviendrait à encadrer un phénomène en mouvement au risque de freiner l’innovation par un excès de régulation.

Dès lors, le mot « éthique ​» apparaît comme un mot-valise, à double-fond, bien pratique pour y mettre tout ce qui relève de nos craintes et de nos peurs. Un mot à géométrie variable dont personne n’a la même définition et pour cause personne n’a le même code de valeurs. Certainement serait-il plus pertinent de revenir à des terminologies éprouvées, reconnues et partagées en entreprise de responsabilité sociale et environnementale, de gouvernance, de codes et de chartes. Cela n’empêche pas le dialogue. Au contraire.

La bataille des données n’est pas perdue car elle ne fait que commencer. Notre continent est particulièrement attaché au respect des droits de l’homme et à l’indépendance des individus. Avec la mise en place du Règlement général sur la protection des données (RGPD) puis l’annonce de celui sur le Digital Services Act, l’Europe montre sa volonté de construire un cadre de référence pour apporter protection aux consommateurs et stabilité aux entreprises. Il s’agit à présent d’inventer un modèle alternatif, respectueux des êtres et de leurs droits, ouvert, permettant de recueillir des données et de ne les utiliser que pour ce pour quoi elles ont été confiées. La primauté de l’humain n’est pas antagoniste avec les avancées technologiques. Pour peu que les individus s’en emparent.

David Lacombled est président de la Villa numéris.

« L’innovation pour mieux rebondir

« L’innovation pour mieux rebondir».

Claude Alber est Vice President Europe Customer & Account Management de Collins Aerospace invite à l’innovation pour mieux rebondir surtout dans un secteur aéronautique particulièrement touché par la crise sanitaire (tribune dans l’Opinion)

 

 

 

Après avoir affronté une crise sociale majeure en 2019, nous voici aujourd’hui confrontés à une crise sanitaire qui surpasse toutes celles vécues précédemment, modifiant complètement le paysage économique, social et sociétal mondial. Aucun pays ni aucune organisation n’ont été épargnés par cette dernière, et si certains en Europe s’en sont mieux sortis, tous ont été impactés.

Dans le secteur aéronautique, la France a été un des premiers pays à prendre des mesures pour soutenir cette industrie primordiale pour l’économie et le transport des biens et des personnes. Nous saluons le plan de relance aéronautique lancé par le gouvernement qui nous permettra collectivement d’affronter la crise et d’en ressortir plus fort, en particulier les mesures prises pour la préservation des compétences et l’accent mis sur l’innovation, et nous travaillons chez Collins Aerospace avec nos partenaires en France, en Europe et dans le monde, à une aviation décarbonée, plus connectée et plus autonome.

Recherche. En matière d’attractivité, on peut dire que la France a fait ce qu’il fallait, mais elle doit continuer à s’inspirer de ce qui se fait de mieux à l’étranger. Pour ne citer que quelques exemples : rapprocher davantage le monde de la recherche académique et le monde de l’entreprise, engager des réflexions sur le travail et le télétravail, faciliter l’innovation dans les petites et moyennes entreprises, développer le capital investissement.

Mais l’un des enseignements principaux de cette crise en termes d’attractivité, est que la réponse des pays aux questions environnementales et d’efficacité digitale sera les éléments déterminants pour les décisions d’investissements, d’implantation et de développement futurs et comptera dans le choix d’un pays plutôt qu’un autre.

Claude Alber est Vice President Europe Customer & Account Management de Collins Aerospace

Innovation sémantique. Hollande propose «Socialistes» à la place de parti socialiste

Innovation sémantique. Hollande propose «Socialistes» à la place de parti socialiste

 

On savait que François Hollande n’avait pas inventé la lune, qu’il ne laissera pas une grande trace dans l’histoire du pays et même du parti socialiste. En effet, il a largement contribué à l’écroulement du parti et à l’image des socialistes pouvoir.

 

On se souvient qu’il a même été empêché de se présenter en 2017 faute de crédibilité. Que son remplaçant comme socialiste, Benoît Hamon,  a seulement reçu 6 % des voix. Les sondages actuels prévoient de l’ordre de 3 % pour un éventuel candidat du parti socialiste.

 

Du coup, le secrétaire actuel de ce parti Olivier Faure  propose de supprimer le nom et de tout remettre en cause. En clair de liquider le parti socialiste.

 

Et pour sauver la boutique, François Hollande fait la proposition sémantique révolutionnaire en remplaçant « parti socialiste » par « socialistes ». François Hollande fait vraiment parti du patrimoine culturel politique français pour oser de telles banalités. Manquerait plus que Ségolène Royal mette son grain de sel et propose par exemple « socialistes d’avenir » !

 

Investissement innovation : annonce de 15 milliards !

 

 

 

Encore une annonce d’un plan accompagné de 15 milliards, cette fois pour l’innovation et les relocalisations. La question se pose de la crédibilité qu’on peut accorder à ce genre de promesse. Il faut observer que dans le plan de relance de 100 milliards souvent les mêmes sommes sont destinées à plusieurs objets objectifs de sorte qu’il est difficile de savoir le montant des enveloppes par orientation précise.

Ainsi l’enveloppe annoncée de 15 milliards concernerait l’innovation à travers les investissements. Mais on sait parfaitement que des investissements ne sont pas toujours dirigés vers l’innovation mais simplement vers le renouvellement des équipements actuels. En outre il sera très difficile d’identifier les actions budgétaires qui permettent la relocalisation. Un concept encore assez flou et de toute façon dont la mise en œuvre opérationnelle demandera des années compte tenu de la complexité des processus de production, de distribution et des modes de consommation.

Le plan de relance de 100 milliards d’euros que le gouvernement doit présenter la semaine prochaine comportera un volet de 15 milliards d’euros dédié à l’investissement et aux relocalisations, a annoncé vendredi Emmanuel Macron.

“Cette stratégie France Relance, ça n’est pas une stratégie pour faire face aux difficultés du moment, ça nous l’avons déjà fait, non, c’est préparer la France de 2030 (…) pour plus d’indépendance et donc les relocalisations, pour bâtir un monde d’avenir, fondé sur le savoir, sur l’écologie (…) et sur les compétences”, a déclaré le chef de l’Etat à l’occasion d’une visite d’un site de l’entreprise pharmaceutique Seqens en banlieue parisienne.

A l’occasion de ce déplacement consacré à la souveraineté sanitaire et industrielle, Emmanuel Macron a annoncé une réforme “historique” des procédures d’autorisation des médicaments qui sera effective le 1er janvier prochain, afin qu’on puisse “innover plus simplement et plus vite en France”.

Objectif affiché: “réduire drastiquement les délais” d’obtention des autorisations temporaires d’utilisation (ATU), qui permettent d’utiliser de façon exceptionnelle des traitements ne bénéficiant pas encore d’une autorisation de mise sur le marché (AMM).

Le chef de l’Etat a par ailleurs évoqué une réduction de 300 millions d’euros de l’effort demandé aux laboratoires pharmaceutiques dans le prochain budget, sans donner davantage de détails sur ce point.

 

Innovation : des pierres tombales à monter soi-même : avant ou après le décès ?

Innovation : des pierres tombales à monter soi-même : avant ou après le décès ?  

Ce n’est pas IKEA qui est à l’origine de l’idée mais la philosophie est la même, faire monter par le client lui-même l’équipement pour en diminuer les prix. Une initiative intéressante en quelque sorte démocratiser les rites funéraires. Une question cependant taraude les esprits, le bénéficiaire devra-t-il monter l’équipement avant ou après le décès ? Précision des promoteurs »Le kit est livré chez le client en pièces détachées, accompagné d’une notice, de chevilles de fixation et d’équerres. ». Toujours pour faire baisser les prix, les promoteurs envisageraient aussi la vente de cercueils à deux places voir davantage. Une incitation évidemment à se grouper pour bénéficier d’installations moins chères !

Un fonds européen pour l’innovation de rupture

 Un fonds européen pour l’innovation de 2,5 milliards d’euros

Il faut un fonds pour l’innovation de rupture afin de garantir sa souveraineté technologique, a estimé lundi le ministre de l’Economie et des Finances Bruno Le Maire. La France dispose depuis le début de l’année d’un fonds pour l’innovation de rupture, doté de dix milliards d’euros. Ce fonds français « doit être la préfiguration d’un fonds pour l’innovation de rupture au niveau européen » représentant un montant d’ »environ deux à 2,5 milliards d’euros », a déclaré Bruno Le Maire lors d’un point presse organisé à l’issue d’une réunion du Conseil national de l’industrie (CNI). Il s’agit selon lui de constituer un fonds européen disposant de « la même puissance que la Darpa (Defense Advanced Research Projects Agency) américaine », l’agence du département de la Défense dédiée à l’innovation de rupture, qui a par exemple été à l’origine d’internet ou du GPS et qui dispose d’environ trois milliards de dollars chaque année pour financer des projets dans ce domaine.  »En matière de transports, d’autonomie, de stockage des énergies renouvelables, de supercalculateurs, d’intelligence artificielle et d’espace, il est temps que l’Europe se dote des moyens de sa puissance et de sa souveraineté technologiques », a plaidé Bruno Le Maire. Jugeant que « la France doit prendre la tête de ce combat pour la mise en place d’une Darpa européenne », il a précisé que ce projet constituerait l’un des trois axes sur lequel reposera la vision « d’une Europe souveraine et indépendante en matière industrielle » que l’exécutif compte défendre. Face aux différences de positions des Etats membres sur le sujet, « il est important, surtout à quelques mois des élections européennes (…) que nous posions notre stratégie nationale sur la table pour pouvoir en discuter avec nos partenaires » afin que la France puisse défendre ses positions. Au-delà de la nécessaire mise en place d’un fonds européen pour l’innovation de rupture, le projet français pour la stratégie industrielle européenne – qui sera formalisé dans un rapport remis lors de la prochaine réunion du CNI, le 28 mai – comportera aussi un volet sur l’engagement en faveur de la constitution de « champions industriels européens ». Le troisième pilier portera sur la nécessaire évaluation de certaines politiques européennes – notamment celle de la concurrence – pour vérifier leur efficacité en termes de développement industriel. Le ministre de l’Economie avait déjà plaidé à l’automne pour une révision de l’approche européenne sur les questions de concurrence, qui selon lui entravent la capacité à faire naître des géants industriels européens capables de faire face à la concurrence des groupes chinois ou américains.

 

Innovation scientifique : un bouton « J’aime pas » sur Facebook

Innovation scientifique : un bouton « J’aime pas » sur Facebook

On n’arrête pas le progrès scientifique puisque la direction de Facebook envisage de créer un bouton nouveau je n’aime pas pour enrichir le contenu littéraire du site avec toutefois une précision du plus grad intérêt  intellectuel, à savoir qu’il ne s’agirait pas vraiment d’un bouton je n’aime pas mais d’un bouton j’aime inversé. certains .penseront à juste titre que ce fameux bouton existant j’aime ou le futur je n’aime pas constitue l’expression culturelle la plus débile. Mais il faut voir que derrière cette incitation à appuyer sur ce bouton, il y a en jeu le nombre de visiteurs du fameux site d’échange de banalités et derrière l’évolution du prix de la publicité qui fait vivre le site.  Le pire c’est que cette innovation scientifique exceptionnelle est justifiée  par un assainissement des contenus. Facebook veut proposer à ses abonnés un nouveau moyen d’exprimer leur désaccord avec des publications: le bouton « downvote » (vote négatif), qui servira d’alerte aux équipes de Facebook en cas de message « inapproprié, incivique, trompeur » et même « hors sujet ». Cette fonction est actuellement en test aux États-Unis. Pour l’incarner, pas de pouce, mais une flèche pointée vers le bas. Car en effet, il ne s’agit pas exactement d’un « Je n’aime pas », mais plutôt d’une sorte de « J’aime » inversé comme l’a indiqué un porte-parole du réseau social au site TechCrunch. La différence est de taille puisque cela aura un impact direct sur l’accès à une information. Plus il y aura de « downvote », moins un post sera visible et à partir d’un certain seuil, il pourrait même ne plus être affiché. En cliquant dessus, un menu déroulant apparaîtra pour préciser les raisons de la sanction.

 

Innovation : la France en quinzième position

Innovation : la France en quinzième position

 

 

Selon, l’INSEAD, l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle et l’Université Cornell  la France  positionne ainsi à la quinzième place du classement, loin derrière la Suisse, première pour la septième année consécutive, mais aussi de la Suède, seconde, des Pays-Bas, troisième, ou de l’Allemagne, qui arrive neuvième. France a gagné trois places par rapport à 2016, et six par rapport à 2015. Les experts saluent ainsi une progression constante du pays et, tout en pointant de réelles faiblesses en matière d’accès au crédit ou de capacité à attirer les investisseurs étrangers, donnent également de bonnes raisons d’espérer grappiller quelques places supplémentaires l’an prochain. Le classement salue cette année la très bonne capacité des jeunes entreprises françaises à attirer les investisseurs en leur attribuant la dixième place en la matière. La France est même première du classement concernant les apports en capital-risque dont bénéficient les jeunes pousses. Une performance qui confirme la très bonne santé des investissements dans les premiers stades de la recherche, c’est-à-dire en amont de la phase de développement du projet. La capacité des entreprises françaises à investir dans la R&D permet également à l’Hexagone de se hisser en huitième place du classement. Le manque d’investissements étrangers dans le tissu économique français continue de plomber notre capacité à innover. La France arrive ainsi à la 108e place du classement des pays les plus attractifs, un résultat catastrophique pesant structurellement sur la compétitivité du marché français.

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