Gilets jaunes européennes : Ingrid Levavasseur abandonne définitivement
La perspective de listes politiques de gilets jaunes aux élections européennes perd chaque jour un peu plus de crédibilité. Lors des premières évaluations on prévoyait un score de l’ordre de près de 15 % pour les gilets jaunes à cette échéance européenne. Aujourd’hui les sondages n’accordent plus que 3 % qui en outre devront être réparti entre plusieurs listes éventuelles. En tout cas, la liste dite RIC qui devait être conduite par l’aide-soignante Ingrid le Vavasseur a éclaté en vol. En cause des divergences internes liées à la trop grande diversité des sensibilités idéologiques : de l’extrême droite à l’extrême gauche en passant par l’apolitisme, le populisme et les radicaux. Mais la question centrale qui se pose est de savoir si un mouvement social qui fondamentalement constitue une sorte de syndicat de citoyens doit ou non entrer en politique. C’est la même problématique qui s’est posée aux syndicats de salariés. Un syndicat de citoyens a pour objet de faire émerger des revendications si possibles cohérentes et de négocier avec le pouvoir. Or certains gilets jaunes voulaient entrer dans un système politique qu’il dénonce par ailleurs. Une double contradiction qui sans doute finira par tuer le mouvement partagé entre la priorité des revendications sociales et la priorité des objectifs politiques type RIC. Beaucoup de bruit pour rien, finalement, autour d’Ingrid Levavasseur. Figure du mouvement des «gilets jaunes», la jeune femme de 31 ans, très médiatisée ces derniers temps, renonce à constituer une liste pour les élections européennes, et acte ainsi sa sortie de la vie politique. Cette aide-soignante de 31 ans, l’une des figures de proue de la contestation populaire, devait d’abord figurer en tête de la liste RIC (ralliement d’initiative citoyenne) le 26 mai prochain.
Après des désaccords et beaucoup de critiques internes, elle avait préféré renoncer, le 13 février, mais restait déterminée à porter les idées des «gilets jaunes» jusqu’à Bruxelles. «Je pourrais tout arrêter et me concentrer sur mes proches et ma petite vie, mais ce serait briser tout l’espoir que vous avez en moi, et que vous me témoignez par des messages d’encouragement à ne pas baisser les bras», déclarait-elle dans une lettre ouverte publiée sur Facebook (la page n’est désormais plus accessible). Mais quelques semaines plus tard, la militante jette finalement l’éponge. D’après RTL, la décision a été prise ce week-end, constatant son incapacité à fédérer les différentes sensibilités qui composent le mouvement des «gilets jaunes». Invitée de BFM TV, le 8 mars dernier, Ingrid Levavasseur regrattait les «égos démesurés qui empêchent le mouvement d’évoluer». Dressant un bilan anticipé de sa courte incursion sur la scène politique, elle reconnaissait avoir voulu aller «trop loin, trop vite, trop tôt», mais s’interrogeait sur ce qu’elle avait pu faire pour susciter une telle hostilité. La jeune femme ne sera donc pas celle qui réussira à unir la contestation populaire des «gilets jaunes». Alors qu’il existe déjà cinq listes issues du mouvement, la seule estampillée «gilets jaunes» n’est créditée que de 3% des intentions de vote, selon un récent sondage Harris.