Accroissement des inégalités
Riches de plus en plus riches ; pauvres de plus en plus pauvres C’est ce que démontre l’enquête annuelle de l’Insee sur les revenus et le patrimoine des ménages, publiée ce mercredi 24 avril. « Le précédent ralentissement économique, au début des années 2000, avait également pesé sur le niveau de vie du plus grand nombre mais la crise actuelle affecte, cette fois, plus spécifiquement les personnes modestes », écrivent ainsi les auteurs de l’étude, dont les chiffres s’arrêtent malheureusement à l’année 2010. Selon l’Insee, les 20% des Français les moins aisés ont vu leurs revenus baisser de plus de 1,2% entre 2009 et 2010, quand les 5% les plus riches ont, au contraire, connu une hausse de leur niveau de vie, sur la même période de 1,3%. Globalement, l’institution indique que le revenu médian des Français a baissé, en 2010, de 0,5%, pour s’établir à 19.270 euros par an, soit 1.610 euros par mois. L’Insee note également que la pauvreté a augmenté en 2009 comme en 2010, pour atteindre 14,1% de la population. Autre intérêt de cette enquête: elle contient des données qui permettent une radiographie de l’endettement dans les finances des ménages. Près d’un ménage français sur deux, en 2010, détenait un crédit. Parmi les prêts contractés, 44% servent à financer l’achat d’une résidence principale. Par ailleurs, les ménages qui possèdent un prêt immobilier bénéficient d’un niveau de vie élevé et sont plutôt « en milieu de cycle de vie », c’est-à-dire âgé de 30 à 59 ans. A l’inverse, ceux qui ont souscrit un crédit à la consommation, sont plutôt jeunes et disposent de revenus plus faibles que le reste de la population. Entre 2006 et 2009, plus d’un ménage sur trois (35%), a envisagé de contracter un crédit. Parmi eux, 16% se sont vus refuser l’octroi d’un prêt, et 24% n’ont même pas osé demander un crédit, en raison, la plupart du temps de leur catégorie socioprofessionnelle, alors que ce critère ne joue qu’à la marge, selon l’Insee, dans le déblocage d’un crédit. L’Insee note que, pour la moitié des ménages endettés, les charges de remboursement dépassent 15% des revenus. Et 18% de ces mêmes ménages ont des mensualités supérieures à 30% de leurs revenus, un seuil considéré comme critique. Ces derniers ménages se sont souvent endettés dans le but d’acheter un bien immobilier. Par ailleurs,la mensualité moyenne payée par les ménages était de 621 euros en 2010. En 2010, pour un peu moins d’un ménage français sur 10, le montant des prêts dus excèdait celui de la valeur du patrimoine. Ce phénomène touche plus particulièrement des ménages jeunes, qui ont souscrit à un crédit à la consommation.