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Crise climatique: une question aussi de comportements individuels

Crise climatique: une question aussi de comportements individuels

L’activiste britannique, Rob Hopkins, auteur de plusieurs livres sur la transition écologique, nous incite à faire preuve de créativité et de détermination pour lutter contre le réchauffement climatique sans quitter son quartier. Invité au sommet ChangeNOW, qui se tient à Paris du 25 au 27 mai et dont franceinfo est partenaire, Rob Hopkins explique ce qui motive ou freine notre capacité à revoir nos façons de vivre ensemble à l’aune du changement climatique.

Aujourd’hui, le réseau que vous avez développé revendique des projets dans plus de 48 pays, dont la France. Comment l’aventure a-t-elle démarré ?

Mon ambition était de trouver un moyen de s’organiser pour vivre mieux à Totnes, la petite ville où j’habite dans le sud-ouest de l’Angleterre. Rien de plus. Très vite, on m’a écrit des villes voisines pour me dire : « C’est génial ! Comment faire chez moi ? » Il n’y a jamais eu de plan machiavélique pour conquérir le monde ! On s’est aperçu qu’un petit groupe d’habitants délesté des lourdeurs administratives – comme une communauté de personnes motivées dans un village, un quartier, etc. – peut lancer des projets très rapidement et faire preuve de beaucoup plus d’imagination que les gouvernements ou les collectivités.

« On croit qu’il faut d’emblée convaincre la majorité et embarquer tout le monde pour réussir à faire changer les choses. Mais dans les faits, il ne suffit souvent que de quelques personnes dans leur coin avec une bonne idée. »

La responsabilité de transformer la société ne doit en aucun cas reposer sur ces petits groupes, mais ils sont une pièce cruciale du puzzle de la transition. L’action doit venir de partout. Des universités aux banques, en passant par les petites villes et les multinationales.

Comment ces initiatives locales peuvent-elles aboutir à de véritables politiques de transition, notamment à l’échelle locale ?

En général, pendant deux ou trois ans, les acteurs institutionnels sont sceptiques. Puis, quand le projet s’avère une réussite, les mairies appellent et demandent : « Comment peut-on vous aider ? » « Quels blocages pouvons-nous lever ? » Quand on me demande ce qu’il faut faire, je réponds qu’il suffit de commencer ! Au pire, ça ne fonctionne pas et ce n’est pas grave. Car quand ça marche, le voisin se sentira encouragé à tenter quelque chose, puis son voisin et ainsi de suite.

En 2014, des habitants de Liège, en Belgique, se sont demandé comment faire pour que la nourriture qu’ils consomment soit en majorité produite localement à l’horizon de quelques années. Ils ont organisé une simple réunion publique. Aujourd’hui, on compte 27 coopératives dans la ville et un réseau composé d’une ferme, de vignes, d’une brasserie, de quatre magasins… Et tout a démarré sans l’aide des banques, ni de la ville, ni rien. Les porteurs du projet discutent avec la municipalité pour livrer les cantines scolaires, les hôpitaux, etc. Le concept a essaimé dans d’autres communes de Belgique, et même en France.

Sécheresse en Espagne et en France, inondations en Italie, incendies et vagues de chaleur précoces dans toute l’Europe… Ces catastrophes récentes sont-elles les meilleures avocates de la transition, ce changement de modèle que vous prônez depuis des années ?

C’est le problème avec le réchauffement climatique. Personne ne peut se réjouir que les catastrophes nous donnent raison. D’autant plus que, quand bien même les effets du réchauffement climatique sont clairs et indéniables, les entreprises du secteur pétrogazier continuent de mener d’énormes campagnes de désinformation, extrêmement bien organisées, pour préserver leurs intérêts et freiner la sortie des énergies fossiles.

J’ai vu de mes propres yeux des embouteillages de vélos aux heures de pointe, des quartiers agréables et dynamiques interdits aux voitures, d’innombrables solutions pour produire de l’énergie renouvelable, des innovations, partout dans le monde, etc. Nous avons la preuve depuis longtemps que des alternatives existent, mais la transition se heurte au pouvoir de ces géants du pétrole, du gaz, etc.

Le mot de « transition » étant employé à tout va, comment éviter le « greenwashing » ?

Il m’arrive de me rendre dans des villes et de m’apercevoir que ce qu’on y appelle « transition » n’est pas toujours très intéressant. Par exemple, je me méfie quand on me parle d’ »atteindre la neutralité carbone d’ici 2050″. Les gouvernements et les pouvoirs publics adorent cette expression, or elle cache souvent l’incapacité à réagir à l’urgence et l’illusion qu’on peut continuer sans rien changer.

« La transition, ce n’est pas faire comme d’habitude et se contenter d’installer des panneaux solaires sur le toit ou de se déplacer en voiture électrique. »

La culture dominante selon laquelle plus l’on consomme et mieux l’on vit est de plus en plus remise en question. Les choses évoluent car il apparaît que ce modèle nous a rendus de moins en moins capables de résister aux crises. A l’inverse, des petites communautés en transition à qui j’ai récemment rendu visite, à Londres, et qui existent depuis parfois quatorze ou quinze ans, se portent mieux que jamais. Que ce soit un « repair café » par-ci, un jardin communautaire par-là… Outre l’aspect économique de ces initiatives, tous les membres de la communauté créée autour de ces projets nous font part de la satisfaction d’avoir retrouvé du contact humain et d’avoir renoué des relations, alors qu’un mode de vie tourné vers la consommation nous isole les uns des autres. Il faut changer d’état d’esprit et réfléchir à ce à quoi nous accordons de la valeur.

Comment voyez-vous l’avenir de ce réseau ?

Tout d’abord, je suis très fier et honoré d’avoir contribué à la naissance d’un réseau qui aide les gens à impulser ce genre de transformations. Mais je suis aussi réaliste : depuis que nous avons mis en place le réseau, l’humanité s’est rendue responsable de 30% du total des émissions de CO2 dans l’atmosphère. C’est donc une très belle histoire, c’est vrai, mais elle se finira mal si nous perdons le combat contre les entreprises du pétrole et du gaz qui, contrairement à nous, sont riches, puissantes et politiquement influentes.

« Quand tout le monde réalisera l’ampleur de la tâche qui nous attend, j’espère que ce réseau jouera le rôle d’une immense bibliothèque d’expériences. »

Ces projets répartis à travers le monde alimentent un catalogue de tous ce que nous avons appris, de tous les outils utilisés, de toutes les idées que des groupes de citoyens ont mises en pratique. Ces connaissances n’ont pas de prix.

D’expérience, constatez-vous davantage de difficultés à imaginer ces nouveaux modèles en ville ou à la campagne ? Entre l’injonction à abandonner la voiture et les appels répétés à la sobriété, urbains, périurbains et ruraux s’accusent parfois mutuellement de ne pas faire leur part de l’effort de transition…

Partout où je vais, j’entends : « Ce que vous racontez est très chouette, mais ce sera plus difficile à faire ici que chez le voisin. » C’est vrai dans un village ou en plein centre de Paris, et même d’un pays à l’autre ! Si je parle à des Allemands d’un projet français ou italien dont ils pourraient s’inspirer, quelqu’un argumentera que « oui, mais en France et en Italie, c’est facile ». La réalité, c’est qu’avec un peu de créativité et de curiosité, on peut tous se lancer et tenter quelque chose de nouveau. Parfois, un même problème se pose en ville et dans un petit village, mais les solutions trouvées pour y remédier sont différentes. Si vous vivez dans un endroit isolé, vous n’aurez jamais le métro et le bus à toute heure devant chez vous. En revanche, j’ai vu des gens se regrouper pour créer leur propre service de transports en commun, adapté à leurs besoins, ou d’autres se concerter pour optimiser les trajets. L’arrivée des vélos électriques offre aussi énormément de possibilités.

Une chose est sûre : si l’on continue à penser que les autres doivent changer mais que nous, juste nous, pouvons continuer comme avant, alors cela nous conduira dans le mur. Car le climat, lui, change déjà.

Société et climat : une question aussi de comportements individuels

Société et climat : une question aussi de comportements individuels

L’activiste britannique, Rob Hopkins, auteur de plusieurs livres sur la transition écologique, nous incite à faire preuve de créativité et de détermination pour lutter contre le réchauffement climatique sans quitter son quartier. Invité au sommet ChangeNOW, qui se tient à Paris du 25 au 27 mai et dont franceinfo est partenaire, Rob Hopkins explique ce qui motive ou freine notre capacité à revoir nos façons de vivre ensemble à l’aune du changement climatique.

Aujourd’hui, le réseau que vous avez développé revendique des projets dans plus de 48 pays, dont la France. Comment l’aventure a-t-elle démarré ?

Mon ambition était de trouver un moyen de s’organiser pour vivre mieux à Totnes, la petite ville où j’habite dans le sud-ouest de l’Angleterre. Rien de plus. Très vite, on m’a écrit des villes voisines pour me dire : « C’est génial ! Comment faire chez moi ? » Il n’y a jamais eu de plan machiavélique pour conquérir le monde ! On s’est aperçu qu’un petit groupe d’habitants délesté des lourdeurs administratives – comme une communauté de personnes motivées dans un village, un quartier, etc. – peut lancer des projets très rapidement et faire preuve de beaucoup plus d’imagination que les gouvernements ou les collectivités.

« On croit qu’il faut d’emblée convaincre la majorité et embarquer tout le monde pour réussir à faire changer les choses. Mais dans les faits, il ne suffit souvent que de quelques personnes dans leur coin avec une bonne idée. »

La responsabilité de transformer la société ne doit en aucun cas reposer sur ces petits groupes, mais ils sont une pièce cruciale du puzzle de la transition. L’action doit venir de partout. Des universités aux banques, en passant par les petites villes et les multinationales.

Comment ces initiatives locales peuvent-elles aboutir à de véritables politiques de transition, notamment à l’échelle locale ?

En général, pendant deux ou trois ans, les acteurs institutionnels sont sceptiques. Puis, quand le projet s’avère une réussite, les mairies appellent et demandent : « Comment peut-on vous aider ? » « Quels blocages pouvons-nous lever ? » Quand on me demande ce qu’il faut faire, je réponds qu’il suffit de commencer ! Au pire, ça ne fonctionne pas et ce n’est pas grave. Car quand ça marche, le voisin se sentira encouragé à tenter quelque chose, puis son voisin et ainsi de suite.

En 2014, des habitants de Liège, en Belgique, se sont demandé comment faire pour que la nourriture qu’ils consomment soit en majorité produite localement à l’horizon de quelques années. Ils ont organisé une simple réunion publique. Aujourd’hui, on compte 27 coopératives dans la ville et un réseau composé d’une ferme, de vignes, d’une brasserie, de quatre magasins… Et tout a démarré sans l’aide des banques, ni de la ville, ni rien. Les porteurs du projet discutent avec la municipalité pour livrer les cantines scolaires, les hôpitaux, etc. Le concept a essaimé dans d’autres communes de Belgique, et même en France.

Sécheresse en Espagne et en France, inondations en Italie, incendies et vagues de chaleur précoces dans toute l’Europe… Ces catastrophes récentes sont-elles les meilleures avocates de la transition, ce changement de modèle que vous prônez depuis des années ?

C’est le problème avec le réchauffement climatique. Personne ne peut se réjouir que les catastrophes nous donnent raison. D’autant plus que, quand bien même les effets du réchauffement climatique sont clairs et indéniables, les entreprises du secteur pétrogazier continuent de mener d’énormes campagnes de désinformation, extrêmement bien organisées, pour préserver leurs intérêts et freiner la sortie des énergies fossiles.

J’ai vu de mes propres yeux des embouteillages de vélos aux heures de pointe, des quartiers agréables et dynamiques interdits aux voitures, d’innombrables solutions pour produire de l’énergie renouvelable, des innovations, partout dans le monde, etc. Nous avons la preuve depuis longtemps que des alternatives existent, mais la transition se heurte au pouvoir de ces géants du pétrole, du gaz, etc.

Le mot de « transition » étant employé à tout va, comment éviter le « greenwashing » ?

Il m’arrive de me rendre dans des villes et de m’apercevoir que ce qu’on y appelle « transition » n’est pas toujours très intéressant. Par exemple, je me méfie quand on me parle d’ »atteindre la neutralité carbone d’ici 2050″. Les gouvernements et les pouvoirs publics adorent cette expression, or elle cache souvent l’incapacité à réagir à l’urgence et l’illusion qu’on peut continuer sans rien changer.

« La transition, ce n’est pas faire comme d’habitude et se contenter d’installer des panneaux solaires sur le toit ou de se déplacer en voiture électrique. »

La culture dominante selon laquelle plus l’on consomme et mieux l’on vit est de plus en plus remise en question. Les choses évoluent car il apparaît que ce modèle nous a rendus de moins en moins capables de résister aux crises. A l’inverse, des petites communautés en transition à qui j’ai récemment rendu visite, à Londres, et qui existent depuis parfois quatorze ou quinze ans, se portent mieux que jamais. Que ce soit un « repair café » par-ci, un jardin communautaire par-là… Outre l’aspect économique de ces initiatives, tous les membres de la communauté créée autour de ces projets nous font part de la satisfaction d’avoir retrouvé du contact humain et d’avoir renoué des relations, alors qu’un mode de vie tourné vers la consommation nous isole les uns des autres. Il faut changer d’état d’esprit et réfléchir à ce à quoi nous accordons de la valeur.

Comment voyez-vous l’avenir de ce réseau ?

Tout d’abord, je suis très fier et honoré d’avoir contribué à la naissance d’un réseau qui aide les gens à impulser ce genre de transformations. Mais je suis aussi réaliste : depuis que nous avons mis en place le réseau, l’humanité s’est rendue responsable de 30% du total des émissions de CO2 dans l’atmosphère. C’est donc une très belle histoire, c’est vrai, mais elle se finira mal si nous perdons le combat contre les entreprises du pétrole et du gaz qui, contrairement à nous, sont riches, puissantes et politiquement influentes.

« Quand tout le monde réalisera l’ampleur de la tâche qui nous attend, j’espère que ce réseau jouera le rôle d’une immense bibliothèque d’expériences. »

Ces projets répartis à travers le monde alimentent un catalogue de tous ce que nous avons appris, de tous les outils utilisés, de toutes les idées que des groupes de citoyens ont mises en pratique. Ces connaissances n’ont pas de prix.

D’expérience, constatez-vous davantage de difficultés à imaginer ces nouveaux modèles en ville ou à la campagne ? Entre l’injonction à abandonner la voiture et les appels répétés à la sobriété, urbains, périurbains et ruraux s’accusent parfois mutuellement de ne pas faire leur part de l’effort de transition…

Partout où je vais, j’entends : « Ce que vous racontez est très chouette, mais ce sera plus difficile à faire ici que chez le voisin. » C’est vrai dans un village ou en plein centre de Paris, et même d’un pays à l’autre ! Si je parle à des Allemands d’un projet français ou italien dont ils pourraient s’inspirer, quelqu’un argumentera que « oui, mais en France et en Italie, c’est facile ». La réalité, c’est qu’avec un peu de créativité et de curiosité, on peut tous se lancer et tenter quelque chose de nouveau. Parfois, un même problème se pose en ville et dans un petit village, mais les solutions trouvées pour y remédier sont différentes. Si vous vivez dans un endroit isolé, vous n’aurez jamais le métro et le bus à toute heure devant chez vous. En revanche, j’ai vu des gens se regrouper pour créer leur propre service de transports en commun, adapté à leurs besoins, ou d’autres se concerter pour optimiser les trajets. L’arrivée des vélos électriques offre aussi énormément de possibilités.

Une chose est sûre : si l’on continue à penser que les autres doivent changer mais que nous, juste nous, pouvons continuer comme avant, alors cela nous conduira dans le mur. Car le climat, lui, change déjà.

Société-Changement climatique : une question aussi de comportements individuels

Société-Changement climatique : une question aussi de comportements individuels

L’activiste britannique, Rob Hopkins, auteur de plusieurs livres sur la transition écologique, nous incite à faire preuve de créativité et de détermination pour lutter contre le réchauffement climatique sans quitter son quartier. Invité au sommet ChangeNOW, qui se tient à Paris du 25 au 27 mai et dont franceinfo est partenaire, Rob Hopkins explique ce qui motive ou freine notre capacité à revoir nos façons de vivre ensemble à l’aune du changement climatique.

Aujourd’hui, le réseau que vous avez développé revendique des projets dans plus de 48 pays, dont la France. Comment l’aventure a-t-elle démarré ?

Mon ambition était de trouver un moyen de s’organiser pour vivre mieux à Totnes, la petite ville où j’habite dans le sud-ouest de l’Angleterre. Rien de plus. Très vite, on m’a écrit des villes voisines pour me dire : « C’est génial ! Comment faire chez moi ? » Il n’y a jamais eu de plan machiavélique pour conquérir le monde ! On s’est aperçu qu’un petit groupe d’habitants délesté des lourdeurs administratives – comme une communauté de personnes motivées dans un village, un quartier, etc. – peut lancer des projets très rapidement et faire preuve de beaucoup plus d’imagination que les gouvernements ou les collectivités.

« On croit qu’il faut d’emblée convaincre la majorité et embarquer tout le monde pour réussir à faire changer les choses. Mais dans les faits, il ne suffit souvent que de quelques personnes dans leur coin avec une bonne idée. »

La responsabilité de transformer la société ne doit en aucun cas reposer sur ces petits groupes, mais ils sont une pièce cruciale du puzzle de la transition. L’action doit venir de partout. Des universités aux banques, en passant par les petites villes et les multinationales.

Comment ces initiatives locales peuvent-elles aboutir à de véritables politiques de transition, notamment à l’échelle locale ?

En général, pendant deux ou trois ans, les acteurs institutionnels sont sceptiques. Puis, quand le projet s’avère une réussite, les mairies appellent et demandent : « Comment peut-on vous aider ? » « Quels blocages pouvons-nous lever ? » Quand on me demande ce qu’il faut faire, je réponds qu’il suffit de commencer ! Au pire, ça ne fonctionne pas et ce n’est pas grave. Car quand ça marche, le voisin se sentira encouragé à tenter quelque chose, puis son voisin et ainsi de suite.

En 2014, des habitants de Liège, en Belgique, se sont demandé comment faire pour que la nourriture qu’ils consomment soit en majorité produite localement à l’horizon de quelques années. Ils ont organisé une simple réunion publique. Aujourd’hui, on compte 27 coopératives dans la ville et un réseau composé d’une ferme, de vignes, d’une brasserie, de quatre magasins… Et tout a démarré sans l’aide des banques, ni de la ville, ni rien. Les porteurs du projet discutent avec la municipalité pour livrer les cantines scolaires, les hôpitaux, etc. Le concept a essaimé dans d’autres communes de Belgique, et même en France.

Sécheresse en Espagne et en France, inondations en Italie, incendies et vagues de chaleur précoces dans toute l’Europe… Ces catastrophes récentes sont-elles les meilleures avocates de la transition, ce changement de modèle que vous prônez depuis des années ?

C’est le problème avec le réchauffement climatique. Personne ne peut se réjouir que les catastrophes nous donnent raison. D’autant plus que, quand bien même les effets du réchauffement climatique sont clairs et indéniables, les entreprises du secteur pétrogazier continuent de mener d’énormes campagnes de désinformation, extrêmement bien organisées, pour préserver leurs intérêts et freiner la sortie des énergies fossiles.

J’ai vu de mes propres yeux des embouteillages de vélos aux heures de pointe, des quartiers agréables et dynamiques interdits aux voitures, d’innombrables solutions pour produire de l’énergie renouvelable, des innovations, partout dans le monde, etc. Nous avons la preuve depuis longtemps que des alternatives existent, mais la transition se heurte au pouvoir de ces géants du pétrole, du gaz, etc.

Le mot de « transition » étant employé à tout va, comment éviter le « greenwashing » ?

Il m’arrive de me rendre dans des villes et de m’apercevoir que ce qu’on y appelle « transition » n’est pas toujours très intéressant. Par exemple, je me méfie quand on me parle d’ »atteindre la neutralité carbone d’ici 2050″. Les gouvernements et les pouvoirs publics adorent cette expression, or elle cache souvent l’incapacité à réagir à l’urgence et l’illusion qu’on peut continuer sans rien changer.

« La transition, ce n’est pas faire comme d’habitude et se contenter d’installer des panneaux solaires sur le toit ou de se déplacer en voiture électrique. »

La culture dominante selon laquelle plus l’on consomme et mieux l’on vit est de plus en plus remise en question. Les choses évoluent car il apparaît que ce modèle nous a rendus de moins en moins capables de résister aux crises. A l’inverse, des petites communautés en transition à qui j’ai récemment rendu visite, à Londres, et qui existent depuis parfois quatorze ou quinze ans, se portent mieux que jamais. Que ce soit un « repair café » par-ci, un jardin communautaire par-là… Outre l’aspect économique de ces initiatives, tous les membres de la communauté créée autour de ces projets nous font part de la satisfaction d’avoir retrouvé du contact humain et d’avoir renoué des relations, alors qu’un mode de vie tourné vers la consommation nous isole les uns des autres. Il faut changer d’état d’esprit et réfléchir à ce à quoi nous accordons de la valeur.

Comment voyez-vous l’avenir de ce réseau ?

Tout d’abord, je suis très fier et honoré d’avoir contribué à la naissance d’un réseau qui aide les gens à impulser ce genre de transformations. Mais je suis aussi réaliste : depuis que nous avons mis en place le réseau, l’humanité s’est rendue responsable de 30% du total des émissions de CO2 dans l’atmosphère. C’est donc une très belle histoire, c’est vrai, mais elle se finira mal si nous perdons le combat contre les entreprises du pétrole et du gaz qui, contrairement à nous, sont riches, puissantes et politiquement influentes.

« Quand tout le monde réalisera l’ampleur de la tâche qui nous attend, j’espère que ce réseau jouera le rôle d’une immense bibliothèque d’expériences. »

Ces projets répartis à travers le monde alimentent un catalogue de tous ce que nous avons appris, de tous les outils utilisés, de toutes les idées que des groupes de citoyens ont mises en pratique. Ces connaissances n’ont pas de prix.

D’expérience, constatez-vous davantage de difficultés à imaginer ces nouveaux modèles en ville ou à la campagne ? Entre l’injonction à abandonner la voiture et les appels répétés à la sobriété, urbains, périurbains et ruraux s’accusent parfois mutuellement de ne pas faire leur part de l’effort de transition…

Partout où je vais, j’entends : « Ce que vous racontez est très chouette, mais ce sera plus difficile à faire ici que chez le voisin. » C’est vrai dans un village ou en plein centre de Paris, et même d’un pays à l’autre ! Si je parle à des Allemands d’un projet français ou italien dont ils pourraient s’inspirer, quelqu’un argumentera que « oui, mais en France et en Italie, c’est facile ». La réalité, c’est qu’avec un peu de créativité et de curiosité, on peut tous se lancer et tenter quelque chose de nouveau. Parfois, un même problème se pose en ville et dans un petit village, mais les solutions trouvées pour y remédier sont différentes. Si vous vivez dans un endroit isolé, vous n’aurez jamais le métro et le bus à toute heure devant chez vous. En revanche, j’ai vu des gens se regrouper pour créer leur propre service de transports en commun, adapté à leurs besoins, ou d’autres se concerter pour optimiser les trajets. L’arrivée des vélos électriques offre aussi énormément de possibilités.

Une chose est sûre : si l’on continue à penser que les autres doivent changer mais que nous, juste nous, pouvons continuer comme avant, alors cela nous conduira dans le mur. Car le climat, lui, change déjà.

Changement climatique : une question aussi de comportements individuels

Changement climatique : une question aussi de comportements individuels

L’activiste britannique, Rob Hopkins, auteur de plusieurs livres sur la transition écologique, nous incite à faire preuve de créativité et de détermination pour lutter contre le réchauffement climatique sans quitter son quartier. Invité au sommet ChangeNOW, qui se tient à Paris du 25 au 27 mai et dont franceinfo est partenaire, Rob Hopkins explique ce qui motive ou freine notre capacité à revoir nos façons de vivre ensemble à l’aune du changement climatique.

Aujourd’hui, le réseau que vous avez développé revendique des projets dans plus de 48 pays, dont la France. Comment l’aventure a-t-elle démarré ?

Mon ambition était de trouver un moyen de s’organiser pour vivre mieux à Totnes, la petite ville où j’habite dans le sud-ouest de l’Angleterre. Rien de plus. Très vite, on m’a écrit des villes voisines pour me dire : « C’est génial ! Comment faire chez moi ? » Il n’y a jamais eu de plan machiavélique pour conquérir le monde ! On s’est aperçu qu’un petit groupe d’habitants délesté des lourdeurs administratives – comme une communauté de personnes motivées dans un village, un quartier, etc. – peut lancer des projets très rapidement et faire preuve de beaucoup plus d’imagination que les gouvernements ou les collectivités.

« On croit qu’il faut d’emblée convaincre la majorité et embarquer tout le monde pour réussir à faire changer les choses. Mais dans les faits, il ne suffit souvent que de quelques personnes dans leur coin avec une bonne idée. »

La responsabilité de transformer la société ne doit en aucun cas reposer sur ces petits groupes, mais ils sont une pièce cruciale du puzzle de la transition. L’action doit venir de partout. Des universités aux banques, en passant par les petites villes et les multinationales.

Comment ces initiatives locales peuvent-elles aboutir à de véritables politiques de transition, notamment à l’échelle locale ?

En général, pendant deux ou trois ans, les acteurs institutionnels sont sceptiques. Puis, quand le projet s’avère une réussite, les mairies appellent et demandent : « Comment peut-on vous aider ? » « Quels blocages pouvons-nous lever ? » Quand on me demande ce qu’il faut faire, je réponds qu’il suffit de commencer ! Au pire, ça ne fonctionne pas et ce n’est pas grave. Car quand ça marche, le voisin se sentira encouragé à tenter quelque chose, puis son voisin et ainsi de suite.

En 2014, des habitants de Liège, en Belgique, se sont demandé comment faire pour que la nourriture qu’ils consomment soit en majorité produite localement à l’horizon de quelques années. Ils ont organisé une simple réunion publique. Aujourd’hui, on compte 27 coopératives dans la ville et un réseau composé d’une ferme, de vignes, d’une brasserie, de quatre magasins… Et tout a démarré sans l’aide des banques, ni de la ville, ni rien. Les porteurs du projet discutent avec la municipalité pour livrer les cantines scolaires, les hôpitaux, etc. Le concept a essaimé dans d’autres communes de Belgique, et même en France.

Sécheresse en Espagne et en France, inondations en Italie, incendies et vagues de chaleur précoces dans toute l’Europe… Ces catastrophes récentes sont-elles les meilleures avocates de la transition, ce changement de modèle que vous prônez depuis des années ?

C’est le problème avec le réchauffement climatique. Personne ne peut se réjouir que les catastrophes nous donnent raison. D’autant plus que, quand bien même les effets du réchauffement climatique sont clairs et indéniables, les entreprises du secteur pétrogazier continuent de mener d’énormes campagnes de désinformation, extrêmement bien organisées, pour préserver leurs intérêts et freiner la sortie des énergies fossiles.

J’ai vu de mes propres yeux des embouteillages de vélos aux heures de pointe, des quartiers agréables et dynamiques interdits aux voitures, d’innombrables solutions pour produire de l’énergie renouvelable, des innovations, partout dans le monde, etc. Nous avons la preuve depuis longtemps que des alternatives existent, mais la transition se heurte au pouvoir de ces géants du pétrole, du gaz, etc.

Le mot de « transition » étant employé à tout va, comment éviter le « greenwashing » ?

Il m’arrive de me rendre dans des villes et de m’apercevoir que ce qu’on y appelle « transition » n’est pas toujours très intéressant. Par exemple, je me méfie quand on me parle d’ »atteindre la neutralité carbone d’ici 2050″. Les gouvernements et les pouvoirs publics adorent cette expression, or elle cache souvent l’incapacité à réagir à l’urgence et l’illusion qu’on peut continuer sans rien changer.

« La transition, ce n’est pas faire comme d’habitude et se contenter d’installer des panneaux solaires sur le toit ou de se déplacer en voiture électrique. »

La culture dominante selon laquelle plus l’on consomme et mieux l’on vit est de plus en plus remise en question. Les choses évoluent car il apparaît que ce modèle nous a rendus de moins en moins capables de résister aux crises. A l’inverse, des petites communautés en transition à qui j’ai récemment rendu visite, à Londres, et qui existent depuis parfois quatorze ou quinze ans, se portent mieux que jamais. Que ce soit un « repair café » par-ci, un jardin communautaire par-là… Outre l’aspect économique de ces initiatives, tous les membres de la communauté créée autour de ces projets nous font part de la satisfaction d’avoir retrouvé du contact humain et d’avoir renoué des relations, alors qu’un mode de vie tourné vers la consommation nous isole les uns des autres. Il faut changer d’état d’esprit et réfléchir à ce à quoi nous accordons de la valeur.

Comment voyez-vous l’avenir de ce réseau ?

Tout d’abord, je suis très fier et honoré d’avoir contribué à la naissance d’un réseau qui aide les gens à impulser ce genre de transformations. Mais je suis aussi réaliste : depuis que nous avons mis en place le réseau, l’humanité s’est rendue responsable de 30% du total des émissions de CO2 dans l’atmosphère. C’est donc une très belle histoire, c’est vrai, mais elle se finira mal si nous perdons le combat contre les entreprises du pétrole et du gaz qui, contrairement à nous, sont riches, puissantes et politiquement influentes.

« Quand tout le monde réalisera l’ampleur de la tâche qui nous attend, j’espère que ce réseau jouera le rôle d’une immense bibliothèque d’expériences. »

Ces projets répartis à travers le monde alimentent un catalogue de tous ce que nous avons appris, de tous les outils utilisés, de toutes les idées que des groupes de citoyens ont mises en pratique. Ces connaissances n’ont pas de prix.

D’expérience, constatez-vous davantage de difficultés à imaginer ces nouveaux modèles en ville ou à la campagne ? Entre l’injonction à abandonner la voiture et les appels répétés à la sobriété, urbains, périurbains et ruraux s’accusent parfois mutuellement de ne pas faire leur part de l’effort de transition…

Partout où je vais, j’entends : « Ce que vous racontez est très chouette, mais ce sera plus difficile à faire ici que chez le voisin. » C’est vrai dans un village ou en plein centre de Paris, et même d’un pays à l’autre ! Si je parle à des Allemands d’un projet français ou italien dont ils pourraient s’inspirer, quelqu’un argumentera que « oui, mais en France et en Italie, c’est facile ». La réalité, c’est qu’avec un peu de créativité et de curiosité, on peut tous se lancer et tenter quelque chose de nouveau. Parfois, un même problème se pose en ville et dans un petit village, mais les solutions trouvées pour y remédier sont différentes. Si vous vivez dans un endroit isolé, vous n’aurez jamais le métro et le bus à toute heure devant chez vous. En revanche, j’ai vu des gens se regrouper pour créer leur propre service de transports en commun, adapté à leurs besoins, ou d’autres se concerter pour optimiser les trajets. L’arrivée des vélos électriques offre aussi énormément de possibilités.

Une chose est sûre : si l’on continue à penser que les autres doivent changer mais que nous, juste nous, pouvons continuer comme avant, alors cela nous conduira dans le mur. Car le climat, lui, change déjà.

Environnement-climat : une question aussi de comportements individuels

Environnement-climat : une question aussi de comportements individuels

L’activiste britannique, Rob Hopkins, auteur de plusieurs livres sur la transition écologique, nous incite à faire preuve de créativité et de détermination pour lutter contre le réchauffement climatique sans quitter son quartier. Invité au sommet ChangeNOW, qui se tient à Paris du 25 au 27 mai et dont franceinfo est partenaire, Rob Hopkins explique ce qui motive ou freine notre capacité à revoir nos façons de vivre ensemble à l’aune du changement climatique.

Aujourd’hui, le réseau que vous avez développé revendique des projets dans plus de 48 pays, dont la France. Comment l’aventure a-t-elle démarré ?

Mon ambition était de trouver un moyen de s’organiser pour vivre mieux à Totnes, la petite ville où j’habite dans le sud-ouest de l’Angleterre. Rien de plus. Très vite, on m’a écrit des villes voisines pour me dire : « C’est génial ! Comment faire chez moi ? » Il n’y a jamais eu de plan machiavélique pour conquérir le monde ! On s’est aperçu qu’un petit groupe d’habitants délesté des lourdeurs administratives – comme une communauté de personnes motivées dans un village, un quartier, etc. – peut lancer des projets très rapidement et faire preuve de beaucoup plus d’imagination que les gouvernements ou les collectivités.

« On croit qu’il faut d’emblée convaincre la majorité et embarquer tout le monde pour réussir à faire changer les choses. Mais dans les faits, il ne suffit souvent que de quelques personnes dans leur coin avec une bonne idée. »

La responsabilité de transformer la société ne doit en aucun cas reposer sur ces petits groupes, mais ils sont une pièce cruciale du puzzle de la transition. L’action doit venir de partout. Des universités aux banques, en passant par les petites villes et les multinationales.

Comment ces initiatives locales peuvent-elles aboutir à de véritables politiques de transition, notamment à l’échelle locale ?

En général, pendant deux ou trois ans, les acteurs institutionnels sont sceptiques. Puis, quand le projet s’avère une réussite, les mairies appellent et demandent : « Comment peut-on vous aider ? » « Quels blocages pouvons-nous lever ? » Quand on me demande ce qu’il faut faire, je réponds qu’il suffit de commencer ! Au pire, ça ne fonctionne pas et ce n’est pas grave. Car quand ça marche, le voisin se sentira encouragé à tenter quelque chose, puis son voisin et ainsi de suite.

En 2014, des habitants de Liège, en Belgique, se sont demandé comment faire pour que la nourriture qu’ils consomment soit en majorité produite localement à l’horizon de quelques années. Ils ont organisé une simple réunion publique. Aujourd’hui, on compte 27 coopératives dans la ville et un réseau composé d’une ferme, de vignes, d’une brasserie, de quatre magasins… Et tout a démarré sans l’aide des banques, ni de la ville, ni rien. Les porteurs du projet discutent avec la municipalité pour livrer les cantines scolaires, les hôpitaux, etc. Le concept a essaimé dans d’autres communes de Belgique, et même en France.

Sécheresse en Espagne et en France, inondations en Italie, incendies et vagues de chaleur précoces dans toute l’Europe… Ces catastrophes récentes sont-elles les meilleures avocates de la transition, ce changement de modèle que vous prônez depuis des années ?

C’est le problème avec le réchauffement climatique. Personne ne peut se réjouir que les catastrophes nous donnent raison. D’autant plus que, quand bien même les effets du réchauffement climatique sont clairs et indéniables, les entreprises du secteur pétrogazier continuent de mener d’énormes campagnes de désinformation, extrêmement bien organisées, pour préserver leurs intérêts et freiner la sortie des énergies fossiles.

J’ai vu de mes propres yeux des embouteillages de vélos aux heures de pointe, des quartiers agréables et dynamiques interdits aux voitures, d’innombrables solutions pour produire de l’énergie renouvelable, des innovations, partout dans le monde, etc. Nous avons la preuve depuis longtemps que des alternatives existent, mais la transition se heurte au pouvoir de ces géants du pétrole, du gaz, etc.

Le mot de « transition » étant employé à tout va, comment éviter le « greenwashing » ?

Il m’arrive de me rendre dans des villes et de m’apercevoir que ce qu’on y appelle « transition » n’est pas toujours très intéressant. Par exemple, je me méfie quand on me parle d’ »atteindre la neutralité carbone d’ici 2050″. Les gouvernements et les pouvoirs publics adorent cette expression, or elle cache souvent l’incapacité à réagir à l’urgence et l’illusion qu’on peut continuer sans rien changer.

« La transition, ce n’est pas faire comme d’habitude et se contenter d’installer des panneaux solaires sur le toit ou de se déplacer en voiture électrique. »

La culture dominante selon laquelle plus l’on consomme et mieux l’on vit est de plus en plus remise en question. Les choses évoluent car il apparaît que ce modèle nous a rendus de moins en moins capables de résister aux crises. A l’inverse, des petites communautés en transition à qui j’ai récemment rendu visite, à Londres, et qui existent depuis parfois quatorze ou quinze ans, se portent mieux que jamais. Que ce soit un « repair café » par-ci, un jardin communautaire par-là… Outre l’aspect économique de ces initiatives, tous les membres de la communauté créée autour de ces projets nous font part de la satisfaction d’avoir retrouvé du contact humain et d’avoir renoué des relations, alors qu’un mode de vie tourné vers la consommation nous isole les uns des autres. Il faut changer d’état d’esprit et réfléchir à ce à quoi nous accordons de la valeur.

Comment voyez-vous l’avenir de ce réseau ?

Tout d’abord, je suis très fier et honoré d’avoir contribué à la naissance d’un réseau qui aide les gens à impulser ce genre de transformations. Mais je suis aussi réaliste : depuis que nous avons mis en place le réseau, l’humanité s’est rendue responsable de 30% du total des émissions de CO2 dans l’atmosphère. C’est donc une très belle histoire, c’est vrai, mais elle se finira mal si nous perdons le combat contre les entreprises du pétrole et du gaz qui, contrairement à nous, sont riches, puissantes et politiquement influentes.

« Quand tout le monde réalisera l’ampleur de la tâche qui nous attend, j’espère que ce réseau jouera le rôle d’une immense bibliothèque d’expériences. »

Ces projets répartis à travers le monde alimentent un catalogue de tous ce que nous avons appris, de tous les outils utilisés, de toutes les idées que des groupes de citoyens ont mises en pratique. Ces connaissances n’ont pas de prix.

D’expérience, constatez-vous davantage de difficultés à imaginer ces nouveaux modèles en ville ou à la campagne ? Entre l’injonction à abandonner la voiture et les appels répétés à la sobriété, urbains, périurbains et ruraux s’accusent parfois mutuellement de ne pas faire leur part de l’effort de transition…

Partout où je vais, j’entends : « Ce que vous racontez est très chouette, mais ce sera plus difficile à faire ici que chez le voisin. » C’est vrai dans un village ou en plein centre de Paris, et même d’un pays à l’autre ! Si je parle à des Allemands d’un projet français ou italien dont ils pourraient s’inspirer, quelqu’un argumentera que « oui, mais en France et en Italie, c’est facile ». La réalité, c’est qu’avec un peu de créativité et de curiosité, on peut tous se lancer et tenter quelque chose de nouveau. Parfois, un même problème se pose en ville et dans un petit village, mais les solutions trouvées pour y remédier sont différentes. Si vous vivez dans un endroit isolé, vous n’aurez jamais le métro et le bus à toute heure devant chez vous. En revanche, j’ai vu des gens se regrouper pour créer leur propre service de transports en commun, adapté à leurs besoins, ou d’autres se concerter pour optimiser les trajets. L’arrivée des vélos électriques offre aussi énormément de possibilités.

Une chose est sûre : si l’on continue à penser que les autres doivent changer mais que nous, juste nous, pouvons continuer comme avant, alors cela nous conduira dans le mur. Car le climat, lui, change déjà.

Climat : une question aussi de comportements individuels

Climat : une question aussi de comportements individuels

L’activiste britannique, Rob Hopkins, auteur de plusieurs livres sur la transition écologique, nous incite à faire preuve de créativité et de détermination pour lutter contre le réchauffement climatique sans quitter son quartier. Invité au sommet ChangeNOW, qui se tient à Paris du 25 au 27 mai et dont franceinfo est partenaire, Rob Hopkins explique ce qui motive ou freine notre capacité à revoir nos façons de vivre ensemble à l’aune du changement climatique.

Aujourd’hui, le réseau que vous avez développé revendique des projets dans plus de 48 pays, dont la France. Comment l’aventure a-t-elle démarré ?

Mon ambition était de trouver un moyen de s’organiser pour vivre mieux à Totnes, la petite ville où j’habite dans le sud-ouest de l’Angleterre. Rien de plus. Très vite, on m’a écrit des villes voisines pour me dire : « C’est génial ! Comment faire chez moi ? » Il n’y a jamais eu de plan machiavélique pour conquérir le monde ! On s’est aperçu qu’un petit groupe d’habitants délesté des lourdeurs administratives – comme une communauté de personnes motivées dans un village, un quartier, etc. – peut lancer des projets très rapidement et faire preuve de beaucoup plus d’imagination que les gouvernements ou les collectivités.

« On croit qu’il faut d’emblée convaincre la majorité et embarquer tout le monde pour réussir à faire changer les choses. Mais dans les faits, il ne suffit souvent que de quelques personnes dans leur coin avec une bonne idée. »

La responsabilité de transformer la société ne doit en aucun cas reposer sur ces petits groupes, mais ils sont une pièce cruciale du puzzle de la transition. L’action doit venir de partout. Des universités aux banques, en passant par les petites villes et les multinationales.

Comment ces initiatives locales peuvent-elles aboutir à de véritables politiques de transition, notamment à l’échelle locale ?

En général, pendant deux ou trois ans, les acteurs institutionnels sont sceptiques. Puis, quand le projet s’avère une réussite, les mairies appellent et demandent : « Comment peut-on vous aider ? » « Quels blocages pouvons-nous lever ? » Quand on me demande ce qu’il faut faire, je réponds qu’il suffit de commencer ! Au pire, ça ne fonctionne pas et ce n’est pas grave. Car quand ça marche, le voisin se sentira encouragé à tenter quelque chose, puis son voisin et ainsi de suite.

En 2014, des habitants de Liège, en Belgique, se sont demandé comment faire pour que la nourriture qu’ils consomment soit en majorité produite localement à l’horizon de quelques années. Ils ont organisé une simple réunion publique. Aujourd’hui, on compte 27 coopératives dans la ville et un réseau composé d’une ferme, de vignes, d’une brasserie, de quatre magasins… Et tout a démarré sans l’aide des banques, ni de la ville, ni rien. Les porteurs du projet discutent avec la municipalité pour livrer les cantines scolaires, les hôpitaux, etc. Le concept a essaimé dans d’autres communes de Belgique, et même en France.

Sécheresse en Espagne et en France, inondations en Italie, incendies et vagues de chaleur précoces dans toute l’Europe… Ces catastrophes récentes sont-elles les meilleures avocates de la transition, ce changement de modèle que vous prônez depuis des années ?

C’est le problème avec le réchauffement climatique. Personne ne peut se réjouir que les catastrophes nous donnent raison. D’autant plus que, quand bien même les effets du réchauffement climatique sont clairs et indéniables, les entreprises du secteur pétrogazier continuent de mener d’énormes campagnes de désinformation, extrêmement bien organisées, pour préserver leurs intérêts et freiner la sortie des énergies fossiles.

J’ai vu de mes propres yeux des embouteillages de vélos aux heures de pointe, des quartiers agréables et dynamiques interdits aux voitures, d’innombrables solutions pour produire de l’énergie renouvelable, des innovations, partout dans le monde, etc. Nous avons la preuve depuis longtemps que des alternatives existent, mais la transition se heurte au pouvoir de ces géants du pétrole, du gaz, etc.

Le mot de « transition » étant employé à tout va, comment éviter le « greenwashing » ?

Il m’arrive de me rendre dans des villes et de m’apercevoir que ce qu’on y appelle « transition » n’est pas toujours très intéressant. Par exemple, je me méfie quand on me parle d’ »atteindre la neutralité carbone d’ici 2050″. Les gouvernements et les pouvoirs publics adorent cette expression, or elle cache souvent l’incapacité à réagir à l’urgence et l’illusion qu’on peut continuer sans rien changer.

« La transition, ce n’est pas faire comme d’habitude et se contenter d’installer des panneaux solaires sur le toit ou de se déplacer en voiture électrique. »

La culture dominante selon laquelle plus l’on consomme et mieux l’on vit est de plus en plus remise en question. Les choses évoluent car il apparaît que ce modèle nous a rendus de moins en moins capables de résister aux crises. A l’inverse, des petites communautés en transition à qui j’ai récemment rendu visite, à Londres, et qui existent depuis parfois quatorze ou quinze ans, se portent mieux que jamais. Que ce soit un « repair café » par-ci, un jardin communautaire par-là… Outre l’aspect économique de ces initiatives, tous les membres de la communauté créée autour de ces projets nous font part de la satisfaction d’avoir retrouvé du contact humain et d’avoir renoué des relations, alors qu’un mode de vie tourné vers la consommation nous isole les uns des autres. Il faut changer d’état d’esprit et réfléchir à ce à quoi nous accordons de la valeur.

Comment voyez-vous l’avenir de ce réseau ?

Tout d’abord, je suis très fier et honoré d’avoir contribué à la naissance d’un réseau qui aide les gens à impulser ce genre de transformations. Mais je suis aussi réaliste : depuis que nous avons mis en place le réseau, l’humanité s’est rendue responsable de 30% du total des émissions de CO2 dans l’atmosphère. C’est donc une très belle histoire, c’est vrai, mais elle se finira mal si nous perdons le combat contre les entreprises du pétrole et du gaz qui, contrairement à nous, sont riches, puissantes et politiquement influentes.

« Quand tout le monde réalisera l’ampleur de la tâche qui nous attend, j’espère que ce réseau jouera le rôle d’une immense bibliothèque d’expériences. »

Ces projets répartis à travers le monde alimentent un catalogue de tous ce que nous avons appris, de tous les outils utilisés, de toutes les idées que des groupes de citoyens ont mises en pratique. Ces connaissances n’ont pas de prix.

D’expérience, constatez-vous davantage de difficultés à imaginer ces nouveaux modèles en ville ou à la campagne ? Entre l’injonction à abandonner la voiture et les appels répétés à la sobriété, urbains, périurbains et ruraux s’accusent parfois mutuellement de ne pas faire leur part de l’effort de transition…

Partout où je vais, j’entends : « Ce que vous racontez est très chouette, mais ce sera plus difficile à faire ici que chez le voisin. » C’est vrai dans un village ou en plein centre de Paris, et même d’un pays à l’autre ! Si je parle à des Allemands d’un projet français ou italien dont ils pourraient s’inspirer, quelqu’un argumentera que « oui, mais en France et en Italie, c’est facile ». La réalité, c’est qu’avec un peu de créativité et de curiosité, on peut tous se lancer et tenter quelque chose de nouveau. Parfois, un même problème se pose en ville et dans un petit village, mais les solutions trouvées pour y remédier sont différentes. Si vous vivez dans un endroit isolé, vous n’aurez jamais le métro et le bus à toute heure devant chez vous. En revanche, j’ai vu des gens se regrouper pour créer leur propre service de transports en commun, adapté à leurs besoins, ou d’autres se concerter pour optimiser les trajets. L’arrivée des vélos électriques offre aussi énormément de possibilités.

Une chose est sûre : si l’on continue à penser que les autres doivent changer mais que nous, juste nous, pouvons continuer comme avant, alors cela nous conduira dans le mur. Car le climat, lui, change déjà.

Retraite à 65 ans : prise en compte de critères individuels

Retraite à 65 ans : prise en compte de critères individuels

 

 

Après avoir abandonné sa fameuse réforme universelle des retraites, Macron précise sa nouvelle ligne politique dans ce domaine. Il semble bien que Macron ait pris en compte notamment la durée de cotisation mais aussi la pénibilité.

 

Des objectifs en particulier soutenu par la CFDT qui ne s’oppose pas à une réforme globale mais qui souhaite qu’elle soit adaptée aux réalités des conditions de travail et des profils des futurs retraités en particulier ceux ayant une carrière longue.

 

Macron déclare donc qu’il entend désormais tenir compte «des carrières longues» ainsi que «des métiers fatigants, physiquement ou nerveusement», citant les travailleurs des abattoirs et les enseignants, pour qui «il est parfois dur dans certaines classes d’aller jusqu’à 65 ans». Pour tous ces cas, «on va adapter les fins de carrière par la négociation», a-t-il assuré sur France 3.

Des kits individuels d’énergie solaire en Afrique

Des kits individuels  d’énergie  solaire en Afrique

 

Ce sera possible avec l’offre qui sera d’abord faite en Côte d’ivoire par EDF et la start-up californienne Off Grid Electric.  Les deux entreprises ont précisé qu’elles comptaient étendre leur partenariat à d’autres pays d’Afrique de l’Ouest, avec pour objectif d’alimenter 3 millions de personnes en électricité à l’horizon 2020, dont 1,5 million en Côte d’Ivoire. Les kits vendus par Zeci, leur coentreprise, comprennent des panneaux solaires couplés à des batteries, mais aussi des appareils basse consommation tels que des téléviseurs, des radios ou des ampoules. Les offres de Zeci, payables par téléphone portable et qui ciblent les foyers ruraux et périurbains, proposent aux clients de payer entre 5.000 et 15.000 francs CFA par mois (entre 7,60 et 22,90 euros environ), selon les options, pour devenir propriétaires des équipements au bout de trois ans. EDF, qui n’a pas communiqué le montant de son investissement dans Zeci, estime avoir déjà alimenté plus de 500.000 personnes en électricité en Afrique depuis 2001 grâce à des systèmes solaires décentralisés. L’électricien public français souhaite désormais « passer d’une dimension artisanale à une dimension industrielle », a indiqué Valérie Levkov, responsable de la zone Afrique et Moyen Orient du groupe, lors d’une rencontre avec la presse. « La Côte d’Ivoire est la première pierre de notre édifice », a-t-elle ajouté, sans préciser quels seraient les prochains pays ciblés. La société Off Grid Electric, dont SolarCity est le premier actionnaire et qui compte aussi des fonds d’investissements d’EDF et de Total à son tour de table, est pour sa part déjà présente en Tanzanie et au Rwanda. Le développement d’EDF sur le continent africain s’inscrit dans le cadre du plan « Cap 2030″ de son PDG, Jean-Bernard Lévy, visant notamment à faire passer de 5% à 15% la part de l’activité du groupe sur des marchés en croissance. « Environ 640 millions d’Africains n’ont pas accès à l’électricité et beaucoup ont accès à une électricité peu fiable, très chère ou intermittente, donc on a globalement un vrai marché de centaines de millions de personnes qui attendent des offres abordables, disponibles et propres », a dit Valérie Levkov. Simone Rossi, directeur exécutif d’EDF en charge de la direction internationale, a en outre indiqué que le groupe était « prêt » à participer à un appel d’offres pour des centrales nucléaires en Afrique du Sud, attendu de longue date, dont il a toutefois admis ne pas pouvoir préciser le calendrier et la taille.(Reuters)

Pas de reprise des mises en chantier des logements individuels

Pas de reprise des mises en chantier des logements individuels

Au cours des trois derniers mois si on a pu constater une amélioration des mises en chantier de logements collectifs par contre on a encore observé  un recul pour le logement individuel ; logements individuels qui connaissent aussi une diminution de près de 3 % pour les permis de construire. Le nombre total de logements commencés a augmenté de 1,9% sur décembre-février, après un recul de 0,2% les trois mois précédents, selon ces données corrigées des variations saisonnières et des jours ouvrables. La hausse a concerné les seuls logements collectifs (+3,7%), alors que les mises en chantier de logements individuels ont poursuivi leur baisse (-1,0%). Les permis de construire ont quant à eux progressé de 5,2% sur décembre-février, après une hausse de 4,0% sur les trois mois précédents, avec là aussi des évolutions opposées pour les logements collectifs (+10,2%) et individuels (-2,8%). En données brutes, 351.200 logements ont été commencés sur les douze mois à fin février, un total en progression de 2,5% par rapport aux douze mois précédents, contre 350.900 (chiffre révisé en hausse de 1.500) sur les douze mois à fin janvier. Les permis de construire ont pour leur part augmenté de 7,7%, à 398.200, un plus haut de deux ans, contre 391.000 (chiffre révisé en hausse de 4.800) sur un an à fin janvier. Sur les trois mois à fin février, le ministère fait état de taux d’annulation de permis de construire toujours supérieurs à leur moyenne de longue période, tant pour les logements individuels (15,0%) que les logements collectifs (23,2%).