Prix de l’électricité es augmentations incontournables
les tarifs réglementés ont déjà enregistré des hausses de 15% et 10% depuis le début de l’année, et les tendances sont toujours à la hausse pour les prix. Pas seulement à cause du ridicule système tarifaire européen qui repose en grande partie sur les prix du gaz mais aussi compte tenu des besoins de financement d’EDF. Des besoins de financement pour continuer la modernisation du parc existant (notamment le grand carénage) aussi pour disposer des moyens financiers nécessaires à la construction des nouveaux EPR. Bref pour faire très simple EDF a rapidement besoin d’une petite centaine de milliards . Sur le plan des tarifs la France est cependant encore privilégiée malgré les hausses.
La Commission de régulation de l’énergie (CRE) table notamment sur une hausse de 10 à 20% au début de l’année prochaine. Un scénario toutefois exclu mi-septembre par Bercy. Dans ce contexte, et alors que la régulation du nucléaire va prendre fin, Matignon a fixé le 23 septembre un ultimatum de deux semaines au patron d’EDF pour définir un nouveau prix moyen de l’électricité le plus bas possible.
La facture annuelle du foyer avec chauffage électrique, avec une tarification en heures creuses et en heures pleines, est passée de 2 179 euros en août 2021 à 2 891 euros deux ans plus tard. Cela représente une hausse de près de 33%.
Dans le cas du logement sans chauffage électrique, avec un tarif de base (c’est-à-dire un prix identique quelle que soit l’heure de la journée), l’addition est passée de 367 euros en août 2021 à 484 euros en août 2023, soit une hausse de 32%.
La hausse aurait pourtant pu être beaucoup plus importante, comme le souligne François Carlier, délégué général de l’association de consommateurs CLCV. « Lorsque l’on regarde les hausses stratosphériques dans les autres pays européens, on ne peut pas dire que nous soyons mal lotis du point de vue strictement tarifaire », tempère-t-il auprès de franceinfo.
Le bouclier tarifaire instauré en février 2022 a effectivement permis de contenir l’envolée des prix sur les marchés de gros, où l’électricité est négociée avant d’être revendue aux clients. Pour mesurer l’effet de ce bouclier, il suffit de rapprocher les hausses effectives avec celles qui auraient théoriquement dû s’appliquer selon la CRE, l’autorité administrative indépendante chargée de calculer les prix.
La hausse moyenne des tarifs réglementés n’a ainsi été que de 4% en 2022, le plafond fixé par l’Etat, alors que la CRE préconisait une augmentation de plus de 35%. Cette très forte hausse était alors justifiée, entre autres, par la forte reprise de l’activité économique après la pandémie de Covid-19 ainsi que par la faible disponibilité du parc nucléaire français, qui mettait à mal la production.
La protection de l’Etat ne devait durer que le temps d’un hiver. Mais c’était compter sans un nouvel affolement des marchés provoqué par la guerre en Ukraine, couplé à l’arrêt de plusieurs réacteurs pour des problèmes de corrosion. Face à la menace d’une nouvelle flambée des prix, le gouvernement a donc décidé de maintenir son bouclier, potentiellement jusqu’en 2025. Ce qui a permis jusqu’ici de contenir la hausse des tarifs réglementés à 15% en février, alors que la CRE avait calculé une augmentation de 99%. Puis en août, la hausse du tarif réglementé a pu être de nouveau amortie à 10%, au lieu des 74,5% préconisés.
Vers de nouvelles hausses en 2024 ?
Mais jusqu’à quel niveau le tarif réglementé, bien que protégé, va-t-il continuer d’augmenter ? La question se pose après les annonces d’Emmanuelle Wargon, présidente de la CRE. « On sera dans une zone de 10, 20% en gros », a-t-elle déclaré le 14 septembre à propos des hausses à prévoir pour février 2024. Une déclaration qui a suscité une réaction quasi immédiate de Bruno Le Maire, qui a immédiatement rejeté l’hypothèse d’une telle augmentation. « Une augmentation des tarifs de l’électricité de 10 à 20%, comme indiqué par la présidente de la CRE, début 2024, est exclue », a coupé court le ministre de l’Economie.