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« Refuser la violence, incompatible avec la démocratie sociale » (Catherine Nave-Bekhti, CFDT)

« Refuser la violence, incompatible avec la démocratie sociale  » (Catherine Nave-Bekhti, CFDT)

 

Catherine Nave-Bekhti, Professeure de sciences économiques et sociales ,secrétaire générale de la fédération SGEN-CFDT dénonce la violence come moyen d’action syndicale. Après la violation des locaux de la CFDT, Catherine Nave-Bekhti analyse, dans une tribune au « Monde », la portée symbolique de cet acte et rappelle que démocratie sociale et violence ne font pas bon ménage.

Tribune.

 

«  Le 17 janvier 2020, une nouvelle fois, les locaux de la confédération CFDT ont été l’objet de violences. Ecrire cette phrase, à froid, prendre la mesure de chacun des mots, réaliser que si la façade n’est pas défigurée comme ce fut le cas nuitamment par le passé, l’action a visé directement des personnes. J’écris d’abord « des personnes » car il y a une gradation dans la violence.

Passer de l’atteinte aux biens à l’atteinte aux personnes n’a rien d’anodin. Pour moi, la violence contre autrui comporte une part de négation, dans l’autre, de ce que nous avons tous et toutes en partage : humanité commune, capacité d’écoute et de débat, non pas d’abord pour s’affronter, mais comprendre.

Donc, oui, je suis choquée que des militants aient choisi de venir pour insulter, bousculer, bref, intimider et agresser des salariés et militants CFDT. Ceux qui pensent qu’on s’habitue à la violence, ceux qui pensent que la violence est une option minimisent les faits, minimisent le vécu de celles et ceux qui ont subi ces agissements. Je pense à ces militants et salariés.

Je sais que cela peut laisser des traces. Solidaire d’elles et eux, fière de partager le même engagement. Ils savent le soutien des militants de toute la CFDT. Notre cohésion interne politique mais aussi tissée de nos débats parfois vifs contribuera à la résilience, je l’espère.

Il y a les faits. Et puis, il y a les mots pour en parler, et ceux-là blessent ou inquiètent aussi. Minimisation ou diversion alimentent l’insupportable justification de la violence. A la CFDT, nous serions une bande de naïfs découvrant que la violence existe. Evidemment non. Militants engagés, nous savons que notre société est abîmée par des violences, et en particulier par l’injustice sociale, les inégalités, le poids de leur reproduction.

Notre tendance, par conviction, par volonté d’incarner les valeurs que nous proclamons, est de refuser la violence, de chercher à la faire reculer. Nous ne considérons pas que la violence physique ou verbale est une modalité légitime de débat et d’action syndicale en démocratie (je reviendrai sur l’ajout de cette précision). Le désaccord, pour nous, ne justifie pas le recours à la violence.

Les insultes homophobes, les slogans ou insultes sexistes, le mot de « collabo » craché à la face de militants qu’on ne peut soupçonner de fascisme ou de racisme, les violences contre des lieux en pleine connaissance qu’ils ne sont pas vides, tout cela est inadmissible. Je l’ai parfois subi, j’en ai des témoignages anciens ou récents. Des militants CFDT les subissent depuis plusieurs semaines, je ne m’y résous pas, je ne banalise pas, je ne m’habitue pas. »

 

« La croissance incompatible avec l’ écologique »

« La  croissance incompatible avec l’ écologique »

 

Dans une tribune au « Monde », trois chercheurs, François Briens, Timothée Parrique et Vincent Liegey, expliquent qu’il faut en finir avec le mythe de la croissance verte, car les études scientifiques montrent que l’on ne peut à la fois faire croître le PIB et baisser l’empreinte écologique.

Tribune. Les manifestations pour le climat, les protestations, voire les poursuites judiciaires, contre l’inaction de l’Etat : face à la dégradation continue de notre milieu de vie, les politiques environnementales ne convainquent pas, et à juste titre. Les partisans de la « croissance verte » nous promettent pourtant que l’innovation technique, le développement et le déploiement massif de technologies « vertes » ou « intelligentes » par des mécanismes de marché, ainsi que la dématérialisation de l’économie ou le recyclage résoudront ces problèmes.

Cette stratégie de croissance verte repose fondamentalement sur le concept de « découplage » entre croissance et impacts environnementaux, c’est-à-dire l’hypothèse selon laquelle il serait possible de faire croître continuellement le produit intérieur brut (PIB) tout en réduisant de manière généralisée l’empreinte écologique liée aux activités économiques. Il s’agit donc d’un pari, dont les enjeux considérables devraient nous inviter à examiner prudemment et rationnellement les possibilités de succès.

L’hypothèse d’un découplage a-t-elle déjà été validée ? C’est précisément ce qu’a fait une équipe pluridisciplinaire d’universitaires dans une étude dont le rapport scientifique (« Decoupling debunked. Evidence and arguments against green growth as a sole strategy for sustainability », voir lien PDF) a été récemment publié par le Bureau environnemental européen.

Les auteurs – dont deux sont signataires de cette tribune – y expliquent d’abord qu’une stratégie de croissance verte ne saurait être en mesure de répondre aux défis environnementaux qu’à la stricte condition de garantir un découplage absolu, global (à l’échelle planétaire), d’ampleur suffisante, mais aussi continuel – c’est-à-dire aussi longtemps que la croissance économique serait poursuivie.

 




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