Des réponses de la gauche inadaptées
La réponse des socialistes ou des « insoumis » peut-elle se limiter à des généralités sur la nécessité d’un « retour au peuple », s’interroge dans sa chronique Philippe Bernard, éditorialiste au « Monde ».
informations économiques politiques société
Des réponses de la gauche inadaptées
La réponse des socialistes ou des « insoumis » peut-elle se limiter à des généralités sur la nécessité d’un « retour au peuple », s’interroge dans sa chronique Philippe Bernard, éditorialiste au « Monde ».
Les programmes des deux blocs arrivés en tête après le premier tour des élections législatives font comme si la France était isolée du reste du monde, libérée de ses engagements européens et sans comptes à rendre à ses bailleurs de fonds, estime, dans sa chronique, Stéphane Lauer, éditorialiste au « Monde ».
par Stéphane Lauer, Editorialiste au « Monde »
Sans préjuger du résultat qui sortira des urnes le 7 juillet, un constat s’impose déjà : les deux blocs en tête à l’issue du premier tour, le Rassemblement national (RN) et le Nouveau Front populaire (NFP), misent, chacun dans un registre différent, sur la démagogie pour séduire une opinion désabusée, en grande défiance à l’égard du politique.
D’un côté, les remèdes de l’extrême droite sur la sécurité et l’immigration : des propositions simplistes, inapplicables sur le plan légal et diplomatique, mais surtout dangereuses pour la cohésion nationale. Le tout est emballé dans un galimatias économique sans cohérence, sans vision, à rebours de l’urgence climatique et qui prône un repli sur soi mortifère. Le but consiste à élargir le socle électoral du RN avec des promesses à géométrie variable au fur et à mesure qu’il se rapproche du pouvoir pour mieux imposer son obsession de la préférence nationale.
De l’autre côté, le programme commun de la gauche, qui peine à dissimuler le manque de cohérence de ses composantes par une relance keynésienne très vintage, à l’efficacité et à la faisabilité douteuses. Sa vocation première et légitime consiste à empêcher la France de basculer à l’extrême droite. Mais ses solutions pour apaiser les colères – tout aussi légitimes – semblent inadaptées aux enjeux auxquels le pays fait face.
C’est ce que constate Nicolas Colin, fondateur de l’accélérateur de start-ups The Family qui considère que la finance traditionnelle est totalement inadaptée aux start-up: « Les banques ne savent financer que les entreprises qui répètent les modèles d’affaires du passé, c’est-à-dire le contraire d’une entreprise innovante. Les marchés financiers exercent sur les entreprises cotées une pression en faveur de la rentabilité à court terme ». D’ailleurs, « la raréfaction des introductions en bourse d’entreprises numériques sur la place de Paris est un sujet de préoccupation ». D’une manière générale, l’obsession de la finance pour la rentabilité à court terme (dividendes…) ne convient pas au numérique: « les entreprises numériques n’interrompent jamais leurs efforts de croissance: elles doivent systématiquement réinvestir leurs bénéfices, voire, comme Amazon, renoncer tout simplement à en faire ». On se souviendra de la fameuse citation de son fondateur Jeff Bezos: « nous espérions fonder une petite entreprise rentable. Nous avons finalement créé un grand groupe déficitaire… » Nicolas Colin recommande donc d’orienter l’épargne vers le capital-risque, mais aussi d’offrir aux start-up une aide immatérielle, notamment en mettant à leur disposition les données détenues par les administrations (open data). Là encore, le modèle français paraît totalement inadapté. Certes, la France produit de bons ingénieurs. Mais ils « sont attirées par les fonctions les plus prestigieuses et les plus rémunératrices. Or ces fonctions ne sont plus des fonctions d’ingénieur », mais plutôt « dans les secteurs du conseil ou de la finance ». Surtout, l’économie numérique a besoin, non d’ingénieurs, mais de « hackers passionnés par un problème à résoudre ». Or « un hacker, dont les principales qualités sont la rébellion et la créativité, ne peut pas être formé par une institution comme l’Education nationale, qui tend à façonner des travailleurs dociles et stéréotypés ».
C’est ce que constate Nicolas Colin, fondateur de l’accélérateur de start-ups The Family qui considère que la finance traditionnelle est totalement inadaptée aux start-up: « Les banques ne savent financer que les entreprises qui répètent les modèles d’affaires du passé, c’est-à-dire le contraire d’une entreprise innovante. Les marchés financiers exercent sur les entreprises cotées une pression en faveur de la rentabilité à court terme ». D’ailleurs, « la raréfaction des introductions en bourse d’entreprises numériques sur la place de Paris est un sujet de préoccupation ». D’une manière générale, l’obsession de la finance pour la rentabilité à court terme (dividendes…) ne convient pas au numérique: « les entreprises numériques n’interrompent jamais leurs efforts de croissance: elles doivent systématiquement réinvestir leurs bénéfices, voire, comme Amazon, renoncer tout simplement à en faire ». On se souviendra de la fameuse citation de son fondateur Jeff Bezos: « nous espérions fonder une petite entreprise rentable. Nous avons finalement créé un grand groupe déficitaire… » Nicolas Colin recommande donc d’orienter l’épargne vers le capital-risque, mais aussi d’offrir aux start-up une aide immatérielle, notamment en mettant à leur disposition les données détenues par les administrations (open data). Là encore, le modèle français paraît totalement inadapté. Certes, la France produit de bons ingénieurs. Mais ils « sont attirées par les fonctions les plus prestigieuses et les plus rémunératrices. Or ces fonctions ne sont plus des fonctions d’ingénieur », mais plutôt « dans les secteurs du conseil ou de la finance ». Surtout, l’économie numérique a besoin, non d’ingénieurs, mais de « hackers passionnés par un problème à résoudre ». Or « un hacker, dont les principales qualités sont la rébellion et la créativité, ne peut pas être formé par une institution comme l’Education nationale, qui tend à façonner des travailleurs dociles et stéréotypés ».