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Environnement–Impact écologique des aliments

Environnement–Impact écologique des aliments


Dès le 1er janvier 2024, un score environnemental devrait apparaître sur les produits alimentaires (et textiles), sorte de « Nutriscore » de l’écologie. Or, depuis plusieurs mois, la bataille des méthodologies fait rage. Plusieurs parties prenantes reprochent ainsi à l’Ecoscore, qui devrait inspirer le futur outil gouvernemental, de se borner à procéder à l’analyse du cycle de vie du produit. Ils mettent en avant que l’analyse de cycle de vie rend mal compte de l’impact des produits sur la biodiversité. Les défenseurs du Planet score reprochaient notamment au score environnemental retenu par les autorités, inspiré de l’Ecoscore, de donner de moins bonnes notes aux produits issus de l’agriculture biologique.

par Valentin Bellasen
Directeur de recherche, Inrae
dans The conversation.

Mais les produits issus de l’agriculture biologique impactent-ils moins l’environnement ? J’ai précisément été auditionné sur ce point par le conseil scientifique de l’expérimentation ADEME en 2020, et les conclusions de ma communication sont reprises dans son rapport final. Il s’avère que si l’agriculture biologique mérite d’être subventionnée par les agences de l’eau pour la protection des points de captage, elle ne mérite pas forcément la meilleure note dans le cadre de l’affichage environnemental. Voyons pourquoi.

Le principe de l’évaluation multicritères fait consensus dans le monde scientifique, en particulier dans la démarche de l’analyse de cycle de vie. Il permet de ne pas favoriser un produit qui apporte un bénéfice infime sur un aspect au prix d’une dégradation forte sur un autre aspect. Mais cela ne signifie pas pour autant que tous les critères se valent et qu’un score environnemental puisse se résumer à une moyenne non pondérée des impacts sur différentes composantes.

Le Product Environmental Footprint, la méthode qui fait foi à l’échelle européenne, accorde ainsi le poids le plus fort au changement climatique. C’est à mon avis justifié, pour plusieurs raisons.

D’abord parce que l’enjeu climatique est le plus urgent des enjeux environnementaux. Le temps de retour à l’équilibre de la plupart des composantes de la qualité environnementale (qualité et quantité de l’eau, qualité de l’air, qualité des sols…) est de l’ordre de la décennie ou du siècle. Par comparaison, il est de l’ordre du million d’années pour le climat (irréversibilité).

De plus, le changement climatique est lui-même l’une des causes principales de dégradation de la biodiversité (autre enjeu partiellement irréversible), mais la réciproque est globalement fausse.

Enfin, les impacts d’un changement climatique non contenu seraient encore plus dramatiques que ceux des autres enjeux environnementaux. Pour ne citer qu’un exemple du dernier rapport du GIEC, la bande intertropicale, qui abrite 40 % de la population mondiale, deviendrait largement inhabitable à l’horizon 2080.

Dans le domaine de l’alimentation, l’impact sur le climat est par ailleurs corrélé à la plupart des impacts environnementaux. Notamment pour l’eutrophisation, via l’utilisation d’engrais et les déjections animales, pour les pollutions liées à la production d’énergie, notamment via les combustibles fossiles, ou encore pour les atteintes à la biodiversité via le stockage de carbone des prairies et des forêts. Ainsi, l’amélioration de l’empreinte carbone s’accompagne le plus souvent d’une amélioration de la plupart des autres impacts environnementaux. Concentrons-nous donc pour commencer sur l’empreinte carbone comparée des produits biologiques et conventionnels.

Parmi les différents critères environnementaux à prendre en compte pour la production alimentaire, le critère climatique est celui qui domine.

L’évaluation des impacts environnementaux de l’agriculture est très sensible à l’unité fonctionnelle retenue pour l’analyse. Dans le cas des produits alimentaires certifiés, deux unités fonctionnelles sont souvent discutées : la quantité de produit (par exemple, un litre de lait, une tonne de blé…) ou l’hectare de terre.

Les deux visions ont leurs points forts et leurs limites : d’un point de vue économique, normaliser par la quantité de produit revient à considérer que la demande est totalement inélastique. C’est une bonne approximation pour des produits de base comme le pain ou le riz, mais ça devient discutable pour les consommations « plaisir », notamment la viande. À l’opposé, utiliser l’hectare comme unité fonctionnelle revient à considérer une demande qui diminuera ou augmentera proportionnellement au rendement, ce qui est irréaliste dans la plupart des cas.

Une manière sans doute plus didactique de savoir quelle unité fonctionnelle est pertinente est de s’interroger sur l’objectif de l’utilisateur. Dans le cas de l’affichage environnemental, le consommateur cherche à réduire l’impact de ses achats. Comme il achète des quantités de produits et non des hectares, la quantité de produit est l’unité fonctionnelle la plus pertinente.

La métrique « par hectare » reste toutefois utile dans certains cas et surtout pour certains publics, par exemple pour une collectivité qui chercherait à protéger un captage d’eau potable. Dans ce cas, la collectivité cherche en effet à limiter la pollution par unité de surface qui entoure le captage, et la quantité d’aliments produite par ces surfaces n’est pour elle que très secondaire. Comme l’agriculture biologique pollue moins l’eau par unité de surface (on explique pourquoi un peu plus bas dans ce texte), la collectivité a donc tout intérêt à ce que les exploitations agricoles alentour se convertissent à l’agriculture biologique, et à subventionner une telle transition, comme le font les agences de l’eau.

La recherche sur l’empreinte carbone du bio est foisonnante depuis les années 2010. Plusieurs méta-analyses convergent pour dire qu’il n’y a pas de différence marquée entre bio et conventionnel sur l’empreinte carbone. Si l’absence d’engrais minéraux diminue fortement les émissions des fermes biologiques, cette baisse est compensée par leur moindre productivité, et notamment l’allongement de la durée de vie des animaux pour atteindre un poids donné.

Les productions végétales bio pourraient toutefois tirer leur épingle du jeu avec une empreinte carbone plus faible d’une dizaine de pour cent, mais ces résultats restent à confirmer.

La prise en compte du stockage de carbone en fonction des types d’agriculture reste un front de recherche, mais qui ne semble pas bouleverser ces résultats jusqu’à présent.

En termes de consommation d’eau, principalement pour l’irrigation, les produits certifiés sont plus sobres, d’environ 30 % par hectare et 15 % par tonne. Pour ce qui est de la pollution de l’eau aux nitrates, l’agriculture biologique emploie de 30 % à 60 % de moins d’azote par hectare. Mais ramenée à la tonne de produit, la différence n’est plus significative. En effet, malgré l’absence d’azote minéral, les fermes biologiques restent consommatrices d’azote organique et ont par ailleurs des rendements inférieurs.

Si l’on s’intéresse à l’impact des systèmes alimentaires sur la biodiversité, la situation est plus complexe encore. Grâce à l’interdiction des pesticides, les surfaces cultivées en agriculture biologique présentent des niveaux d’abondance et de richesse spécifique de 20 % à 50 % supérieure à leurs équivalents conventionnels.

Toutefois, leur impact global sur la biodiversité reste une question complexe.

D’abord du fait des moindres rendements, qui peuvent être à l’origine de déforestation sur place ou à l’étranger. En effet, les forêts feuillues sont le type d’habitat avec le plus de biodiversité, quelle que soit la zone géographique considérée.

Ensuite parce qu’à la différence des autres composantes environnementales, il n’y a pas d’indicateur synthétique et consensuel de la biodiversité, ce qui complique les choses. Une expertise scientifique collective Inrae/Ifrener est en cours pour démêler le sujet.

Et si, avec cette comparaison du score environnemental du conventionnel à celle du bio, on se trompait de débat ? La littérature scientifique montre en effet que l’amélioration des pratiques agricoles n’est finalement qu’un levier de second ordre, après la modification du régime alimentaire. À l’échelle mondiale, 61 % des émissions liées à l’alimentation sont dues aux produits animaux – et le chiffre pourrait atteindre 80 % en Europe.

La réduction du cheptel et de la consommation de protéines animales, qui permettrait de réduire les émissions alimentaires de l’ordre de 30 % à 60 %, est donc la condition nécessaire pour atteindre les objectifs d’atténuation climatique européens et français. Ce qui a des conséquences directes en termes d’affichage environnemental sur les produits alimentaires : l’affichage doit avant tout inciter les consommateurs à éviter les produits animaux les plus émetteurs, plutôt que de distinguer bio et conventionnel qui ont un impact par kilo très proche.

Mais il y a d’autres bonnes raisons de manger bio : un principe de précaution sanitaire vis-à-vis des pesticides, et une meilleure performance économique et sociale. En fin de compte, peut-être est-ce la principale contribution du bio à la préservation de l’environnement : aider les producteurs et les consommateurs à réduire la production et consommation de viande en compensant la baisse des quantités par une augmentation de la qualité des produits, qui satisfera les consommateurs, et une augmentation du prix, qui satisfera les producteurs. Plusieurs études montrent d’ailleurs que les consommateurs de produits biologiques vont dans ce sens, compensant le surcoût unitaire du bio par une sobriété sur le poste alimentaire le plus coûteux : la viande.

Impact écologique des aliments ?

Impact écologique des aliments ?


Dès le 1er janvier 2024, un score environnemental devrait apparaître sur les produits alimentaires (et textiles), sorte de « Nutriscore » de l’écologie. Or, depuis plusieurs mois, la bataille des méthodologies fait rage. Plusieurs parties prenantes reprochent ainsi à l’Ecoscore, qui devrait inspirer le futur outil gouvernemental, de se borner à procéder à l’analyse du cycle de vie du produit. Ils mettent en avant que l’analyse de cycle de vie rend mal compte de l’impact des produits sur la biodiversité. Les défenseurs du Planet score reprochaient notamment au score environnemental retenu par les autorités, inspiré de l’Ecoscore, de donner de moins bonnes notes aux produits issus de l’agriculture biologique.

par Valentin Bellasen
Directeur de recherche, Inrae
dans The conversation.

Mais les produits issus de l’agriculture biologique impactent-ils moins l’environnement ? J’ai précisément été auditionné sur ce point par le conseil scientifique de l’expérimentation ADEME en 2020, et les conclusions de ma communication sont reprises dans son rapport final. Il s’avère que si l’agriculture biologique mérite d’être subventionnée par les agences de l’eau pour la protection des points de captage, elle ne mérite pas forcément la meilleure note dans le cadre de l’affichage environnemental. Voyons pourquoi.

Le principe de l’évaluation multicritères fait consensus dans le monde scientifique, en particulier dans la démarche de l’analyse de cycle de vie. Il permet de ne pas favoriser un produit qui apporte un bénéfice infime sur un aspect au prix d’une dégradation forte sur un autre aspect. Mais cela ne signifie pas pour autant que tous les critères se valent et qu’un score environnemental puisse se résumer à une moyenne non pondérée des impacts sur différentes composantes.

Le Product Environmental Footprint, la méthode qui fait foi à l’échelle européenne, accorde ainsi le poids le plus fort au changement climatique. C’est à mon avis justifié, pour plusieurs raisons.

D’abord parce que l’enjeu climatique est le plus urgent des enjeux environnementaux. Le temps de retour à l’équilibre de la plupart des composantes de la qualité environnementale (qualité et quantité de l’eau, qualité de l’air, qualité des sols…) est de l’ordre de la décennie ou du siècle. Par comparaison, il est de l’ordre du million d’années pour le climat (irréversibilité).

De plus, le changement climatique est lui-même l’une des causes principales de dégradation de la biodiversité (autre enjeu partiellement irréversible), mais la réciproque est globalement fausse.

Enfin, les impacts d’un changement climatique non contenu seraient encore plus dramatiques que ceux des autres enjeux environnementaux. Pour ne citer qu’un exemple du dernier rapport du GIEC, la bande intertropicale, qui abrite 40 % de la population mondiale, deviendrait largement inhabitable à l’horizon 2080.

Dans le domaine de l’alimentation, l’impact sur le climat est par ailleurs corrélé à la plupart des impacts environnementaux. Notamment pour l’eutrophisation, via l’utilisation d’engrais et les déjections animales, pour les pollutions liées à la production d’énergie, notamment via les combustibles fossiles, ou encore pour les atteintes à la biodiversité via le stockage de carbone des prairies et des forêts. Ainsi, l’amélioration de l’empreinte carbone s’accompagne le plus souvent d’une amélioration de la plupart des autres impacts environnementaux. Concentrons-nous donc pour commencer sur l’empreinte carbone comparée des produits biologiques et conventionnels.

Parmi les différents critères environnementaux à prendre en compte pour la production alimentaire, le critère climatique est celui qui domine.

L’évaluation des impacts environnementaux de l’agriculture est très sensible à l’unité fonctionnelle retenue pour l’analyse. Dans le cas des produits alimentaires certifiés, deux unités fonctionnelles sont souvent discutées : la quantité de produit (par exemple, un litre de lait, une tonne de blé…) ou l’hectare de terre.

Les deux visions ont leurs points forts et leurs limites : d’un point de vue économique, normaliser par la quantité de produit revient à considérer que la demande est totalement inélastique. C’est une bonne approximation pour des produits de base comme le pain ou le riz, mais ça devient discutable pour les consommations « plaisir », notamment la viande. À l’opposé, utiliser l’hectare comme unité fonctionnelle revient à considérer une demande qui diminuera ou augmentera proportionnellement au rendement, ce qui est irréaliste dans la plupart des cas.

Une manière sans doute plus didactique de savoir quelle unité fonctionnelle est pertinente est de s’interroger sur l’objectif de l’utilisateur. Dans le cas de l’affichage environnemental, le consommateur cherche à réduire l’impact de ses achats. Comme il achète des quantités de produits et non des hectares, la quantité de produit est l’unité fonctionnelle la plus pertinente.

La métrique « par hectare » reste toutefois utile dans certains cas et surtout pour certains publics, par exemple pour une collectivité qui chercherait à protéger un captage d’eau potable. Dans ce cas, la collectivité cherche en effet à limiter la pollution par unité de surface qui entoure le captage, et la quantité d’aliments produite par ces surfaces n’est pour elle que très secondaire. Comme l’agriculture biologique pollue moins l’eau par unité de surface (on explique pourquoi un peu plus bas dans ce texte), la collectivité a donc tout intérêt à ce que les exploitations agricoles alentour se convertissent à l’agriculture biologique, et à subventionner une telle transition, comme le font les agences de l’eau.

La recherche sur l’empreinte carbone du bio est foisonnante depuis les années 2010. Plusieurs méta-analyses convergent pour dire qu’il n’y a pas de différence marquée entre bio et conventionnel sur l’empreinte carbone. Si l’absence d’engrais minéraux diminue fortement les émissions des fermes biologiques, cette baisse est compensée par leur moindre productivité, et notamment l’allongement de la durée de vie des animaux pour atteindre un poids donné.

Les productions végétales bio pourraient toutefois tirer leur épingle du jeu avec une empreinte carbone plus faible d’une dizaine de pour cent, mais ces résultats restent à confirmer.

La prise en compte du stockage de carbone en fonction des types d’agriculture reste un front de recherche, mais qui ne semble pas bouleverser ces résultats jusqu’à présent.

En termes de consommation d’eau, principalement pour l’irrigation, les produits certifiés sont plus sobres, d’environ 30 % par hectare et 15 % par tonne. Pour ce qui est de la pollution de l’eau aux nitrates, l’agriculture biologique emploie de 30 % à 60 % de moins d’azote par hectare. Mais ramenée à la tonne de produit, la différence n’est plus significative. En effet, malgré l’absence d’azote minéral, les fermes biologiques restent consommatrices d’azote organique et ont par ailleurs des rendements inférieurs.

Si l’on s’intéresse à l’impact des systèmes alimentaires sur la biodiversité, la situation est plus complexe encore. Grâce à l’interdiction des pesticides, les surfaces cultivées en agriculture biologique présentent des niveaux d’abondance et de richesse spécifique de 20 % à 50 % supérieure à leurs équivalents conventionnels.

Toutefois, leur impact global sur la biodiversité reste une question complexe.

D’abord du fait des moindres rendements, qui peuvent être à l’origine de déforestation sur place ou à l’étranger. En effet, les forêts feuillues sont le type d’habitat avec le plus de biodiversité, quelle que soit la zone géographique considérée.

Ensuite parce qu’à la différence des autres composantes environnementales, il n’y a pas d’indicateur synthétique et consensuel de la biodiversité, ce qui complique les choses. Une expertise scientifique collective Inrae/Ifrener est en cours pour démêler le sujet.

Et si, avec cette comparaison du score environnemental du conventionnel à celle du bio, on se trompait de débat ? La littérature scientifique montre en effet que l’amélioration des pratiques agricoles n’est finalement qu’un levier de second ordre, après la modification du régime alimentaire. À l’échelle mondiale, 61 % des émissions liées à l’alimentation sont dues aux produits animaux – et le chiffre pourrait atteindre 80 % en Europe.

La réduction du cheptel et de la consommation de protéines animales, qui permettrait de réduire les émissions alimentaires de l’ordre de 30 % à 60 %, est donc la condition nécessaire pour atteindre les objectifs d’atténuation climatique européens et français. Ce qui a des conséquences directes en termes d’affichage environnemental sur les produits alimentaires : l’affichage doit avant tout inciter les consommateurs à éviter les produits animaux les plus émetteurs, plutôt que de distinguer bio et conventionnel qui ont un impact par kilo très proche.

Mais il y a d’autres bonnes raisons de manger bio : un principe de précaution sanitaire vis-à-vis des pesticides, et une meilleure performance économique et sociale. En fin de compte, peut-être est-ce la principale contribution du bio à la préservation de l’environnement : aider les producteurs et les consommateurs à réduire la production et consommation de viande en compensant la baisse des quantités par une augmentation de la qualité des produits, qui satisfera les consommateurs, et une augmentation du prix, qui satisfera les producteurs. Plusieurs études montrent d’ailleurs que les consommateurs de produits biologiques vont dans ce sens, compensant le surcoût unitaire du bio par une sobriété sur le poste alimentaire le plus coûteux : la viande.

Alimentation et environnement- Quel impact écologique des aliments ?

Alimentation et environnement- Quel impact écologique des aliments ?


Dès le 1er janvier 2024, un score environnemental devrait apparaître sur les produits alimentaires (et textiles), sorte de « Nutriscore » de l’écologie. Or, depuis plusieurs mois, la bataille des méthodologies fait rage. Plusieurs parties prenantes reprochent ainsi à l’Ecoscore, qui devrait inspirer le futur outil gouvernemental, de se borner à procéder à l’analyse du cycle de vie du produit. Ils mettent en avant que l’analyse de cycle de vie rend mal compte de l’impact des produits sur la biodiversité. Les défenseurs du Planet score reprochaient notamment au score environnemental retenu par les autorités, inspiré de l’Ecoscore, de donner de moins bonnes notes aux produits issus de l’agriculture biologique.

par Valentin Bellasen
Directeur de recherche, Inrae
dans The conversation.

Mais les produits issus de l’agriculture biologique impactent-ils moins l’environnement ? J’ai précisément été auditionné sur ce point par le conseil scientifique de l’expérimentation ADEME en 2020, et les conclusions de ma communication sont reprises dans son rapport final. Il s’avère que si l’agriculture biologique mérite d’être subventionnée par les agences de l’eau pour la protection des points de captage, elle ne mérite pas forcément la meilleure note dans le cadre de l’affichage environnemental. Voyons pourquoi.

Le principe de l’évaluation multicritères fait consensus dans le monde scientifique, en particulier dans la démarche de l’analyse de cycle de vie. Il permet de ne pas favoriser un produit qui apporte un bénéfice infime sur un aspect au prix d’une dégradation forte sur un autre aspect. Mais cela ne signifie pas pour autant que tous les critères se valent et qu’un score environnemental puisse se résumer à une moyenne non pondérée des impacts sur différentes composantes.

Le Product Environmental Footprint, la méthode qui fait foi à l’échelle européenne, accorde ainsi le poids le plus fort au changement climatique. C’est à mon avis justifié, pour plusieurs raisons.

D’abord parce que l’enjeu climatique est le plus urgent des enjeux environnementaux. Le temps de retour à l’équilibre de la plupart des composantes de la qualité environnementale (qualité et quantité de l’eau, qualité de l’air, qualité des sols…) est de l’ordre de la décennie ou du siècle. Par comparaison, il est de l’ordre du million d’années pour le climat (irréversibilité).

De plus, le changement climatique est lui-même l’une des causes principales de dégradation de la biodiversité (autre enjeu partiellement irréversible), mais la réciproque est globalement fausse.

Enfin, les impacts d’un changement climatique non contenu seraient encore plus dramatiques que ceux des autres enjeux environnementaux. Pour ne citer qu’un exemple du dernier rapport du GIEC, la bande intertropicale, qui abrite 40 % de la population mondiale, deviendrait largement inhabitable à l’horizon 2080.

Dans le domaine de l’alimentation, l’impact sur le climat est par ailleurs corrélé à la plupart des impacts environnementaux. Notamment pour l’eutrophisation, via l’utilisation d’engrais et les déjections animales, pour les pollutions liées à la production d’énergie, notamment via les combustibles fossiles, ou encore pour les atteintes à la biodiversité via le stockage de carbone des prairies et des forêts. Ainsi, l’amélioration de l’empreinte carbone s’accompagne le plus souvent d’une amélioration de la plupart des autres impacts environnementaux. Concentrons-nous donc pour commencer sur l’empreinte carbone comparée des produits biologiques et conventionnels.

Parmi les différents critères environnementaux à prendre en compte pour la production alimentaire, le critère climatique est celui qui domine.

L’évaluation des impacts environnementaux de l’agriculture est très sensible à l’unité fonctionnelle retenue pour l’analyse. Dans le cas des produits alimentaires certifiés, deux unités fonctionnelles sont souvent discutées : la quantité de produit (par exemple, un litre de lait, une tonne de blé…) ou l’hectare de terre.

Les deux visions ont leurs points forts et leurs limites : d’un point de vue économique, normaliser par la quantité de produit revient à considérer que la demande est totalement inélastique. C’est une bonne approximation pour des produits de base comme le pain ou le riz, mais ça devient discutable pour les consommations « plaisir », notamment la viande. À l’opposé, utiliser l’hectare comme unité fonctionnelle revient à considérer une demande qui diminuera ou augmentera proportionnellement au rendement, ce qui est irréaliste dans la plupart des cas.

Une manière sans doute plus didactique de savoir quelle unité fonctionnelle est pertinente est de s’interroger sur l’objectif de l’utilisateur. Dans le cas de l’affichage environnemental, le consommateur cherche à réduire l’impact de ses achats. Comme il achète des quantités de produits et non des hectares, la quantité de produit est l’unité fonctionnelle la plus pertinente.

La métrique « par hectare » reste toutefois utile dans certains cas et surtout pour certains publics, par exemple pour une collectivité qui chercherait à protéger un captage d’eau potable. Dans ce cas, la collectivité cherche en effet à limiter la pollution par unité de surface qui entoure le captage, et la quantité d’aliments produite par ces surfaces n’est pour elle que très secondaire. Comme l’agriculture biologique pollue moins l’eau par unité de surface (on explique pourquoi un peu plus bas dans ce texte), la collectivité a donc tout intérêt à ce que les exploitations agricoles alentour se convertissent à l’agriculture biologique, et à subventionner une telle transition, comme le font les agences de l’eau.

La recherche sur l’empreinte carbone du bio est foisonnante depuis les années 2010. Plusieurs méta-analyses convergent pour dire qu’il n’y a pas de différence marquée entre bio et conventionnel sur l’empreinte carbone. Si l’absence d’engrais minéraux diminue fortement les émissions des fermes biologiques, cette baisse est compensée par leur moindre productivité, et notamment l’allongement de la durée de vie des animaux pour atteindre un poids donné.

Les productions végétales bio pourraient toutefois tirer leur épingle du jeu avec une empreinte carbone plus faible d’une dizaine de pour cent, mais ces résultats restent à confirmer.

La prise en compte du stockage de carbone en fonction des types d’agriculture reste un front de recherche, mais qui ne semble pas bouleverser ces résultats jusqu’à présent.

En termes de consommation d’eau, principalement pour l’irrigation, les produits certifiés sont plus sobres, d’environ 30 % par hectare et 15 % par tonne. Pour ce qui est de la pollution de l’eau aux nitrates, l’agriculture biologique emploie de 30 % à 60 % de moins d’azote par hectare. Mais ramenée à la tonne de produit, la différence n’est plus significative. En effet, malgré l’absence d’azote minéral, les fermes biologiques restent consommatrices d’azote organique et ont par ailleurs des rendements inférieurs.

Si l’on s’intéresse à l’impact des systèmes alimentaires sur la biodiversité, la situation est plus complexe encore. Grâce à l’interdiction des pesticides, les surfaces cultivées en agriculture biologique présentent des niveaux d’abondance et de richesse spécifique de 20 % à 50 % supérieure à leurs équivalents conventionnels.

Toutefois, leur impact global sur la biodiversité reste une question complexe.

D’abord du fait des moindres rendements, qui peuvent être à l’origine de déforestation sur place ou à l’étranger. En effet, les forêts feuillues sont le type d’habitat avec le plus de biodiversité, quelle que soit la zone géographique considérée.

Ensuite parce qu’à la différence des autres composantes environnementales, il n’y a pas d’indicateur synthétique et consensuel de la biodiversité, ce qui complique les choses. Une expertise scientifique collective Inrae/Ifrener est en cours pour démêler le sujet.

Et si, avec cette comparaison du score environnemental du conventionnel à celle du bio, on se trompait de débat ? La littérature scientifique montre en effet que l’amélioration des pratiques agricoles n’est finalement qu’un levier de second ordre, après la modification du régime alimentaire. À l’échelle mondiale, 61 % des émissions liées à l’alimentation sont dues aux produits animaux – et le chiffre pourrait atteindre 80 % en Europe.

La réduction du cheptel et de la consommation de protéines animales, qui permettrait de réduire les émissions alimentaires de l’ordre de 30 % à 60 %, est donc la condition nécessaire pour atteindre les objectifs d’atténuation climatique européens et français. Ce qui a des conséquences directes en termes d’affichage environnemental sur les produits alimentaires : l’affichage doit avant tout inciter les consommateurs à éviter les produits animaux les plus émetteurs, plutôt que de distinguer bio et conventionnel qui ont un impact par kilo très proche.

Mais il y a d’autres bonnes raisons de manger bio : un principe de précaution sanitaire vis-à-vis des pesticides, et une meilleure performance économique et sociale. En fin de compte, peut-être est-ce la principale contribution du bio à la préservation de l’environnement : aider les producteurs et les consommateurs à réduire la production et consommation de viande en compensant la baisse des quantités par une augmentation de la qualité des produits, qui satisfera les consommateurs, et une augmentation du prix, qui satisfera les producteurs. Plusieurs études montrent d’ailleurs que les consommateurs de produits biologiques vont dans ce sens, compensant le surcoût unitaire du bio par une sobriété sur le poste alimentaire le plus coûteux : la viande.

Quel impact écologique des aliments ?

Quel impact écologique des aliments ?


Dès le 1er janvier 2024, un score environnemental devrait apparaître sur les produits alimentaires (et textiles), sorte de « Nutriscore » de l’écologie. Or, depuis plusieurs mois, la bataille des méthodologies fait rage. Plusieurs parties prenantes reprochent ainsi à l’Ecoscore, qui devrait inspirer le futur outil gouvernemental, de se borner à procéder à l’analyse du cycle de vie du produit. Ils mettent en avant que l’analyse de cycle de vie rend mal compte de l’impact des produits sur la biodiversité. Les défenseurs du Planet score reprochaient notamment au score environnemental retenu par les autorités, inspiré de l’Ecoscore, de donner de moins bonnes notes aux produits issus de l’agriculture biologique.

par Valentin Bellasen
Directeur de recherche, Inrae
dans The conversation.

Mais les produits issus de l’agriculture biologique impactent-ils moins l’environnement ? J’ai précisément été auditionné sur ce point par le conseil scientifique de l’expérimentation ADEME en 2020, et les conclusions de ma communication sont reprises dans son rapport final. Il s’avère que si l’agriculture biologique mérite d’être subventionnée par les agences de l’eau pour la protection des points de captage, elle ne mérite pas forcément la meilleure note dans le cadre de l’affichage environnemental. Voyons pourquoi.

Le principe de l’évaluation multicritères fait consensus dans le monde scientifique, en particulier dans la démarche de l’analyse de cycle de vie. Il permet de ne pas favoriser un produit qui apporte un bénéfice infime sur un aspect au prix d’une dégradation forte sur un autre aspect. Mais cela ne signifie pas pour autant que tous les critères se valent et qu’un score environnemental puisse se résumer à une moyenne non pondérée des impacts sur différentes composantes.

Le Product Environmental Footprint, la méthode qui fait foi à l’échelle européenne, accorde ainsi le poids le plus fort au changement climatique. C’est à mon avis justifié, pour plusieurs raisons.

D’abord parce que l’enjeu climatique est le plus urgent des enjeux environnementaux. Le temps de retour à l’équilibre de la plupart des composantes de la qualité environnementale (qualité et quantité de l’eau, qualité de l’air, qualité des sols…) est de l’ordre de la décennie ou du siècle. Par comparaison, il est de l’ordre du million d’années pour le climat (irréversibilité).

De plus, le changement climatique est lui-même l’une des causes principales de dégradation de la biodiversité (autre enjeu partiellement irréversible), mais la réciproque est globalement fausse.

Enfin, les impacts d’un changement climatique non contenu seraient encore plus dramatiques que ceux des autres enjeux environnementaux. Pour ne citer qu’un exemple du dernier rapport du GIEC, la bande intertropicale, qui abrite 40 % de la population mondiale, deviendrait largement inhabitable à l’horizon 2080.

Dans le domaine de l’alimentation, l’impact sur le climat est par ailleurs corrélé à la plupart des impacts environnementaux. Notamment pour l’eutrophisation, via l’utilisation d’engrais et les déjections animales, pour les pollutions liées à la production d’énergie, notamment via les combustibles fossiles, ou encore pour les atteintes à la biodiversité via le stockage de carbone des prairies et des forêts. Ainsi, l’amélioration de l’empreinte carbone s’accompagne le plus souvent d’une amélioration de la plupart des autres impacts environnementaux. Concentrons-nous donc pour commencer sur l’empreinte carbone comparée des produits biologiques et conventionnels.

Parmi les différents critères environnementaux à prendre en compte pour la production alimentaire, le critère climatique est celui qui domine.

L’évaluation des impacts environnementaux de l’agriculture est très sensible à l’unité fonctionnelle retenue pour l’analyse. Dans le cas des produits alimentaires certifiés, deux unités fonctionnelles sont souvent discutées : la quantité de produit (par exemple, un litre de lait, une tonne de blé…) ou l’hectare de terre.

Les deux visions ont leurs points forts et leurs limites : d’un point de vue économique, normaliser par la quantité de produit revient à considérer que la demande est totalement inélastique. C’est une bonne approximation pour des produits de base comme le pain ou le riz, mais ça devient discutable pour les consommations « plaisir », notamment la viande. À l’opposé, utiliser l’hectare comme unité fonctionnelle revient à considérer une demande qui diminuera ou augmentera proportionnellement au rendement, ce qui est irréaliste dans la plupart des cas.

Une manière sans doute plus didactique de savoir quelle unité fonctionnelle est pertinente est de s’interroger sur l’objectif de l’utilisateur. Dans le cas de l’affichage environnemental, le consommateur cherche à réduire l’impact de ses achats. Comme il achète des quantités de produits et non des hectares, la quantité de produit est l’unité fonctionnelle la plus pertinente.

La métrique « par hectare » reste toutefois utile dans certains cas et surtout pour certains publics, par exemple pour une collectivité qui chercherait à protéger un captage d’eau potable. Dans ce cas, la collectivité cherche en effet à limiter la pollution par unité de surface qui entoure le captage, et la quantité d’aliments produite par ces surfaces n’est pour elle que très secondaire. Comme l’agriculture biologique pollue moins l’eau par unité de surface (on explique pourquoi un peu plus bas dans ce texte), la collectivité a donc tout intérêt à ce que les exploitations agricoles alentour se convertissent à l’agriculture biologique, et à subventionner une telle transition, comme le font les agences de l’eau.

La recherche sur l’empreinte carbone du bio est foisonnante depuis les années 2010. Plusieurs méta-analyses convergent pour dire qu’il n’y a pas de différence marquée entre bio et conventionnel sur l’empreinte carbone. Si l’absence d’engrais minéraux diminue fortement les émissions des fermes biologiques, cette baisse est compensée par leur moindre productivité, et notamment l’allongement de la durée de vie des animaux pour atteindre un poids donné.

Les productions végétales bio pourraient toutefois tirer leur épingle du jeu avec une empreinte carbone plus faible d’une dizaine de pour cent, mais ces résultats restent à confirmer.

La prise en compte du stockage de carbone en fonction des types d’agriculture reste un front de recherche, mais qui ne semble pas bouleverser ces résultats jusqu’à présent.

En termes de consommation d’eau, principalement pour l’irrigation, les produits certifiés sont plus sobres, d’environ 30 % par hectare et 15 % par tonne. Pour ce qui est de la pollution de l’eau aux nitrates, l’agriculture biologique emploie de 30 % à 60 % de moins d’azote par hectare. Mais ramenée à la tonne de produit, la différence n’est plus significative. En effet, malgré l’absence d’azote minéral, les fermes biologiques restent consommatrices d’azote organique et ont par ailleurs des rendements inférieurs.

Si l’on s’intéresse à l’impact des systèmes alimentaires sur la biodiversité, la situation est plus complexe encore. Grâce à l’interdiction des pesticides, les surfaces cultivées en agriculture biologique présentent des niveaux d’abondance et de richesse spécifique de 20 % à 50 % supérieure à leurs équivalents conventionnels.

Toutefois, leur impact global sur la biodiversité reste une question complexe.

D’abord du fait des moindres rendements, qui peuvent être à l’origine de déforestation sur place ou à l’étranger. En effet, les forêts feuillues sont le type d’habitat avec le plus de biodiversité, quelle que soit la zone géographique considérée.

Ensuite parce qu’à la différence des autres composantes environnementales, il n’y a pas d’indicateur synthétique et consensuel de la biodiversité, ce qui complique les choses. Une expertise scientifique collective Inrae/Ifrener est en cours pour démêler le sujet.

Et si, avec cette comparaison du score environnemental du conventionnel à celle du bio, on se trompait de débat ? La littérature scientifique montre en effet que l’amélioration des pratiques agricoles n’est finalement qu’un levier de second ordre, après la modification du régime alimentaire. À l’échelle mondiale, 61 % des émissions liées à l’alimentation sont dues aux produits animaux – et le chiffre pourrait atteindre 80 % en Europe.

La réduction du cheptel et de la consommation de protéines animales, qui permettrait de réduire les émissions alimentaires de l’ordre de 30 % à 60 %, est donc la condition nécessaire pour atteindre les objectifs d’atténuation climatique européens et français. Ce qui a des conséquences directes en termes d’affichage environnemental sur les produits alimentaires : l’affichage doit avant tout inciter les consommateurs à éviter les produits animaux les plus émetteurs, plutôt que de distinguer bio et conventionnel qui ont un impact par kilo très proche.

Mais il y a d’autres bonnes raisons de manger bio : un principe de précaution sanitaire vis-à-vis des pesticides, et une meilleure performance économique et sociale. En fin de compte, peut-être est-ce la principale contribution du bio à la préservation de l’environnement : aider les producteurs et les consommateurs à réduire la production et consommation de viande en compensant la baisse des quantités par une augmentation de la qualité des produits, qui satisfera les consommateurs, et une augmentation du prix, qui satisfera les producteurs. Plusieurs études montrent d’ailleurs que les consommateurs de produits biologiques vont dans ce sens, compensant le surcoût unitaire du bio par une sobriété sur le poste alimentaire le plus coûteux : la viande.

Inflation et Finances : quel impact des taux sur les actions

Inflation et Finances : quel impact des taux sur les actions

. Par Karl Eychenne, chercheur chez Oblomov & Bartleby dans la Tribune

Un article intéressant pour expliquer les variations respectives des actions et des obligations. Cependant cette réflexion fait l’impasse sur la dimension structurelle de l’inflation et donc sur l’éventualité d’un haut niveau des taux pendant encore longtemps NDLR


En sport de combat comme en finance, il suffit d’un moment de relâchement, et la contingence des évènements en profite pour vous surprendre. C’est exactement ce qui se produit aujourd’hui sous les yeux de l’investisseur, qui n’ont pas vu venir le repli des actions : -4% pour la zone euro depuis début août. À l’origine de ce trou d’air, des hausses de taux américains rapides et brutales. Cette hausse des taux est-elle justifiée, durable, inquiétante ? Non, non et non.

Mais qu’importe le mal, le stigmate est seul suffisant pour justifier une baisse des actions. Les taux d’intérêt américains montent, et c’est bien le principal motif d’angoisse des marchés d’actions. En effet, ils ne peuvent compter ni sur les bénéfices des entreprises attendus en croissance nulle sur 2023, ni sur la prime de risque exigée par les investisseurs à des niveaux déjà complaisants. Seuls les taux d’intérêt sont susceptibles de faire mal au marché d’actions américain, et c’est ce qu’ils font.

De ce point de vue, le marché euro paraissait moins vulnérable, avec des bénéfices révisés à la hausse pour 2023, et une prime de risque un « chouilla » plus conservatrice. Mais la sympathie inaliénable (sa corrélation historique) du marché euro envers le marché américain a motivé une correction plus importante encore. Le reste des mouvements observés est plutôt cohérent : la hausse des taux américains pèse davantage sur les valeurs de croissance, les valeurs cycliques, le dollar, et donc les marchés émergents.

Y aurait-il donc quelque chose que nous avons raté sur les taux, et donc sur les actions ? Non. Il se trouve juste que cette hausse des taux n’a rien à voir avec les précédentes qui étaient motivées par la perspective de voir la Banque centrale américaine (Fed) monter ses taux encore et encore. Le sens de l’histoire c’est la fin du cycle monétaire restrictif. Mais alors pourquoi les taux américains ont-ils monté, et surtout pourquoi cela ne devrait pas durer ? Trois motifs font consensus.

D’abord, il y a ce chiffre de création d’emploi américain (ADP) pour juillet bien plus fort qu’attendu, et qui présagerait d’un discours de la Fed plus musclé afin de contenir un dérapage des salaires. Bémol : les anticipations des marchés concernant la politique monétaire à venir ont à peine évolué suite à la nouvelle ; en particulier les taux d’intérêt à 2 ans sont restés sages, seuls les taux à 10 ans ont remonté. Autre bémol, ce chiffre d’emploi n’est pas le plus important, celui de vendredi (Payrolls) est beaucoup plus suivi par les marchés, car beaucoup plus fiable. Enfin dernier bémol, ce chiffre d’emploi source ADP est en contradiction avec les indicateurs avancés publiés récemment (ISM, PMI), et dont les composantes emploi témoignent plutôt d’un fléchissement.

Ensuite, il y a la décision de la Banque centrale japonaise (BOJ) d’augmenter sa cible maximale sur les taux d’intérêt à 10 ans de 0,5 à 1%. Elle seule pratique ce genre de politique, mais il faut dire que la BOJ a un rapport très particulier avec son marché obligataire dont l’encours dépasse près de 250% du PIB, la palme de l’endettement parmi les pays développés. À l’origine de cette décision de la BOJ, une accélération suspecte de l’inflation, qui était restée jusqu’alors bien sage durant toute la période d’hystérie connue partout ailleurs (hors Chine). Toutefois, la réaction du marché obligataire japonais ne semble pas à la hauteur de cette nouvelle très symbolique ; les taux à 10 ans japonais ont remonté à « seulement » 0,6%, bien loin de leur nouvelle cible maximale de 1%. Et pour cause, dans le même temps, la BOJ intervenait pour limiter toute exubérance.

Enfin, il y aurait bien cette décision d’une des trois principales agences de notations (Fitch) de dégrader d’un ton la note de la dette publique américaine de « AAA » à « AA+ ». En forçant le trait, cela pourrait être équivalent à baisser la moyenne d’un élève de 20 à 19. Toutefois, on ne plaisante pas avec la Princesse au petit pois de la finance, il se trouve que l’investisseur obligataire manifeste une sensibilité exubérante au moindre changement de température de la dette américaine. On se rappellera de l’épisode de 2011, la notation de la dette américaine fut dégradée pour la première fois de son histoire, également de « AAA » à « AA+ ». Sauf qu’à l’époque une telle nouvelle provoqua non pas une hausse des taux comme aujourd’hui, mais une chute de près de 1% pour cause de fin du monde probable.

Ainsi donc, tout concourt à penser que la hausse des taux d’intérêt en cours n’est qu’un épiphénomène. Et si les taux cessent de monter, les actions cessent de baisser. Tout devrait rentrer dans l’ordre d’ici peu, la semaine prochaine par exemple avec le retour du beau temps… Il n’en faut souvent pas davantage pour que l’investisseur trouve les meilleurs arguments justifiant son opportunisme. Et si l’on cherche davantage de finesse intellectuelle afin de justifier le rebond des actions à venir, alors peut-être se risquera-t-on à invoquer la pensée pascalienne :

Ne pouvant faire que ce qui est rationnel fit monter le marché,
On a fait en sorte que ce qui fait monter le marché fut rationnel.

Impact du changement climatique sur le tourisme de masse

Impact du changement climatique sur le tourisme de masse

par Susanne Becken
Professeur de tourisme durable, Griffith Institute for Tourism, Griffith University

Johanna Loehr
Université Griffith dans The conversation


La météo est un facteur majeur dans le tourisme. En Europe et en Amérique du Nord, les gens ont tendance à aller des pays du nord vers les régions du sud. Les touristes chinois, comme les Australiens, se dirigent souvent vers les plages d’Asie du Sud-Est. Lorsque les Australiens partent à l’étranger, ils choisissent souvent les étés méditerranéens. Au cours de la dernière décennie, les étés plus chauds n’ont pas été un facteur déterminant. Mais cette année devrait entraîner des changements. Vous pouvez déjà le voir dans la popularité croissante des saisons intermédiaires (juin ou septembre) dans les destinations estivales traditionnelles de l’hémisphère Nord.

Beaucoup d’entre nous changent notre façon de penser aux vacances par temps chaud de quelque chose que nous recherchons à quelque chose que nous craignons. Cela s’ajoute aux changements des consommateurs tels que ceux liés à la durabilité et à la honte du vol .

Qu’en est-il du tourisme de catastrophe? Alors que les amateurs de sensations fortes peuvent affluer vers la Vallée de la Mort pour faire l’expérience de températures supérieures à 50℃, il est difficile d’imaginer que ce type de tourisme se généralise.

Ce que nous sommes plus susceptibles de voir, c’est plus de personnes à la recherche d’expériences de « dernière chance », les touristes affluant vers des sites très vulnérables tels que la Grande Barrière de Corail. Bien sûr, ce type de tourisme n’est pas durable à long terme.

Qu’est-ce que cela signifie pour les pays qui dépendent du tourisme ?

La crise à Rhodes nous montre les dangers du modèle de tourisme juste à temps, où vous faites venir les touristes et tout ce dont ils ont besoin – nourriture, eau, vin – au moment où ils en ont besoin.

Le système est axé sur l’efficacité. Mais cela signifie qu’il y a peu de place pour les imprévus. Rhodes n’a pas pu évacuer facilement 19 000 touristes. Cette approche devra évoluer vers une approche juste au cas, comme dans d’autres chaînes d’approvisionnement .

Pour les services d’urgence , les touristes posent un défi particulier. Les habitants ont une meilleure compréhension que les touristes des risques et des voies d’évacuation. De plus, les touristes ne parlent pas la langue. Cela les rend beaucoup plus difficiles à aider par rapport aux locaux.

Le changement climatique pose également d’immenses défis à d’autres égards. Les nations des atolls du Pacifique comme Kiribati ou Tuvalu aimeraient que plus de touristes visitent. Le problème, c’est l’eau. Trouver suffisamment d’eau pour les habitants devient de plus en plus difficile. Et les touristes utilisent beaucoup d’eau – la buvant, s’y douchant, s’y baignant. Une planification minutieuse sera nécessaire pour s’assurer que les capacités de charge locales ne sont pas dépassées par le tourisme.

Cela signifie-t-il la fin du tourisme de masse ? Pas entièrement. Mais cela va certainement accélérer la tendance dans des pays comme l’Espagne à s’éloigner du tourisme de masse, ou « surtourisme ». Dans les destinations touristiques très populaires comme les îles Baléares en Espagne, les habitants s’opposent de plus en plus au surtourisme en faveur d’un tourisme spécialisé avec un plus petit nombre réparti sur l’année.

Cette année est-elle un coup de semonce ? Oui. L’intensification de la crise climatique signifie que beaucoup d’entre nous se concentrent désormais davantage sur ce que nous pouvons faire pour éviter le pire, par exemple en évitant les vols. La pression pour le changement augmente également. Delta Airlines est poursuivi pour son annonce de devenir neutre en carbone en utilisant des compensations , par exemple.

Des montagnes, pas des plages : le futur tourisme pourrait être très différent
Vous pouvez déjà constater des efforts d’adaptation aux changements dans de nombreux pays. En Italie, par exemple, le tourisme intérieur de montagne se développe , attirant les habitants de Milan et de Rome, où l’air est plus frais, même si la neige disparaît.

La Chine, qui ne fait pas les choses à moitié, investit dans les stations de montagne. L’objectif ici est d’offrir des alternatives plus fraîches comme la province de Jilin, dans le nord de la Chine , aux vacances à la plage pour les résidents étouffants des mégalopoles telles que Pékin et Shanghai.

Certains pays montagneux ne saisiront probablement pas l’occasion car ils ne veulent pas attirer plus de touristes. La Norvège envisage une taxe de séjour .

Les pays avant-gardistes seront mieux préparés. Mais il y a des limites à la préparation et à l’adaptation. Les vacances d’été en Méditerranée seront de moins en moins attrayantes, car la région est un hotspot de chauffage , se réchauffant 20% plus vite que la moyenne mondiale. L’Italie et l’Espagne sont toujours en proie à une sécheresse record, menaçant l’approvisionnement en nourriture et en eau. L’avenir du tourisme va être très différent.

Finances : impact des taux sur les actions

Finances : impact des taux sur les actions

. Par Karl Eychenne, chercheur chez Oblomov & Bartleby dans la Tribune


En sport de combat comme en finance, il suffit d’un moment de relâchement, et la contingence des évènements en profite pour vous surprendre. C’est exactement ce qui se produit aujourd’hui sous les yeux de l’investisseur, qui n’ont pas vu venir le repli des actions : -4% pour la zone euro depuis début août. À l’origine de ce trou d’air, des hausses de taux américains rapides et brutales. Cette hausse des taux est-elle justifiée, durable, inquiétante ? Non, non et non.

Mais qu’importe le mal, le stigmate est seul suffisant pour justifier une baisse des actions. Les taux d’intérêt américains montent, et c’est bien le principal motif d’angoisse des marchés d’actions. En effet, ils ne peuvent compter ni sur les bénéfices des entreprises attendus en croissance nulle sur 2023, ni sur la prime de risque exigée par les investisseurs à des niveaux déjà complaisants. Seuls les taux d’intérêt sont susceptibles de faire mal au marché d’actions américain, et c’est ce qu’ils font.

De ce point de vue, le marché euro paraissait moins vulnérable, avec des bénéfices révisés à la hausse pour 2023, et une prime de risque un « chouilla » plus conservatrice. Mais la sympathie inaliénable (sa corrélation historique) du marché euro envers le marché américain a motivé une correction plus importante encore. Le reste des mouvements observés est plutôt cohérent : la hausse des taux américains pèse davantage sur les valeurs de croissance, les valeurs cycliques, le dollar, et donc les marchés émergents.

Y aurait-il donc quelque chose que nous avons raté sur les taux, et donc sur les actions ? Non. Il se trouve juste que cette hausse des taux n’a rien à voir avec les précédentes qui étaient motivées par la perspective de voir la Banque centrale américaine (Fed) monter ses taux encore et encore. Le sens de l’histoire c’est la fin du cycle monétaire restrictif. Mais alors pourquoi les taux américains ont-ils monté, et surtout pourquoi cela ne devrait pas durer ? Trois motifs font consensus.

D’abord, il y a ce chiffre de création d’emploi américain (ADP) pour juillet bien plus fort qu’attendu, et qui présagerait d’un discours de la Fed plus musclé afin de contenir un dérapage des salaires. Bémol : les anticipations des marchés concernant la politique monétaire à venir ont à peine évolué suite à la nouvelle ; en particulier les taux d’intérêt à 2 ans sont restés sages, seuls les taux à 10 ans ont remonté. Autre bémol, ce chiffre d’emploi n’est pas le plus important, celui de vendredi (Payrolls) est beaucoup plus suivi par les marchés, car beaucoup plus fiable. Enfin dernier bémol, ce chiffre d’emploi source ADP est en contradiction avec les indicateurs avancés publiés récemment (ISM, PMI), et dont les composantes emploi témoignent plutôt d’un fléchissement.

Ensuite, il y a la décision de la Banque centrale japonaise (BOJ) d’augmenter sa cible maximale sur les taux d’intérêt à 10 ans de 0,5 à 1%. Elle seule pratique ce genre de politique, mais il faut dire que la BOJ a un rapport très particulier avec son marché obligataire dont l’encours dépasse près de 250% du PIB, la palme de l’endettement parmi les pays développés. À l’origine de cette décision de la BOJ, une accélération suspecte de l’inflation, qui était restée jusqu’alors bien sage durant toute la période d’hystérie connue partout ailleurs (hors Chine). Toutefois, la réaction du marché obligataire japonais ne semble pas à la hauteur de cette nouvelle très symbolique ; les taux à 10 ans japonais ont remonté à « seulement » 0,6%, bien loin de leur nouvelle cible maximale de 1%. Et pour cause, dans le même temps, la BOJ intervenait pour limiter toute exubérance.

Enfin, il y aurait bien cette décision d’une des trois principales agences de notations (Fitch) de dégrader d’un ton la note de la dette publique américaine de « AAA » à « AA+ ». En forçant le trait, cela pourrait être équivalent à baisser la moyenne d’un élève de 20 à 19. Toutefois, on ne plaisante pas avec la Princesse au petit pois de la finance, il se trouve que l’investisseur obligataire manifeste une sensibilité exubérante au moindre changement de température de la dette américaine. On se rappellera de l’épisode de 2011, la notation de la dette américaine fut dégradée pour la première fois de son histoire, également de « AAA » à « AA+ ». Sauf qu’à l’époque une telle nouvelle provoqua non pas une hausse des taux comme aujourd’hui, mais une chute de près de 1% pour cause de fin du monde probable.

Ainsi donc, tout concourt à penser que la hausse des taux d’intérêt en cours n’est qu’un épiphénomène. Et si les taux cessent de monter, les actions cessent de baisser. Tout devrait rentrer dans l’ordre d’ici peu, la semaine prochaine par exemple avec le retour du beau temps… Il n’en faut souvent pas davantage pour que l’investisseur trouve les meilleurs arguments justifiant son opportunisme. Et si l’on cherche davantage de finesse intellectuelle afin de justifier le rebond des actions à venir, alors peut-être se risquera-t-on à invoquer la pensée pascalienne :

Ne pouvant faire que ce qui est rationnel fit monter le marché,
On a fait en sorte que ce qui fait monter le marché fut rationnel.

Voitures électriques: Un impact environnemental non négligeable

Voitures électriques: Un impact environnemental non négligeable

selon l’UFC-Que Choisir, si « la capacité des voitures électriques à réduire ces émissions en comparaison des voitures thermiques est reconnue », l’association rappelle que « l’impact environnemental d’un véhicule électrique est loin d’être négligeable ».

Dans une étude publiée le 14 juin, elle pointe que « sur l’ensemble du cycle de vie » d’un véhicule, « les émissions peuvent être également notablement différentes entre voitures électriques ».

L L’étiquette-énergie repose uniquement sur les émissions à l’usage. Or, tous les véhicules électriques émettent 0 gramme de CO2 au kilomètre, ils reçoivent donc tous le meilleur classement. Mais l’UFC-Que Choisir a calculé les émissions sur l’ensemble du cycle de vie, afin de prendre en compte « la production d’une voiture électrique qui est plus émettrice que celle d’une voiture thermique du fait de la fabrication de la batterie ».

Résultat, certains véhicules sont bien moins verts que d’autres. L’association donne un exemple : « Sur le cycle de vie, une Dacia Spring émet 10 tonnes de CO2eq contre près de 25 tonnes pour une BMW iX xDrive50. » Ainsi, ce dernier modèle est plus proche en termes d’émission de petites voitures à essences.

Au vu de ces constats, l’UFC-Que Choisir formule plusieurs propositions :

- La possibilité d’utiliser la prime à la conversion pour l’achat de billets et d’abonnement de transports collectifs, ainsi que sur les plateformes proposant des services d’autopartage et de covoiturage ;

- Une refonte du système d’aide et de malus, de telle sorte qu’il oriente efficacement les consommateurs vers les véhicules les moins émetteurs de gaz à effet de serre, autant neufs que d’occasion ;

- Une réforme de « l’étiquette-énergie » afin qu’elle permette aux consommateurs d’identifier celles qui sont vraiment les moins émettrices, en tenant compte des émissions à l’étape de fabrication des véhicules ;

- La fourniture obligatoire d’un certificat de l’état de santé de la batterie dans le cadre de la vente d’un véhicule électrique d’occasion ;

- Un soutien public à l’accroissement des connaissances pour réduire les lacunes du véhicule électrique, d’une part le poids des batteries et l’utilisation d’une grande quantité de matériaux importés et dont la ressource est limitée, et d’autre part sa dépendance au mix énergétique.

Impact social et environnemental- le vrai coût de nos achats

Impact social et environnemental- le vrai coût de nos achats

L’impact environnemental et social de notre consommation pose la question du juste prix de nos achats. Qui des externalités négatives, ces coûts non intégrés dans le prix d’un bien ou d’un service et qui pèsent sur la collectivité ? Mise au point avec Saskia Fiszel, autrice de la newsletter Spoune qui décrypte les méandres des finances perso.( dans les Echos)

Lors de l’acte d’achat, la principale référence est le prix affiché. Cependant, ce prix ne tient généralement pas compte des coûts indirects associés à la production et à la consommation. Encore aujourd’hui, de nombreuses entreprises privilégient la délocalisation pour réduire leurs coûts de production et afficher des prix compétitifs. Mais derrière cette apparente économie se cachent des externalités négatives : le chômage ou la pollution pour n’en citer que deux. Les coûts liés à ces externalités finissent par être supportés indirectement et collectivement par les politiques publiques (Sécurité sociale, allocations-chômage, programme de lutte contre la pollution, etc. Ces coûts sont réels et important et pourtant souvent ignorés.

Prenons l’exemple d’un vêtement bon marché. Il peut sembler être une bonne affaire, mais si l’on tient compte des conditions de travail précaires des ouvriers du textile et de l’impact environnemental de la production à grande échelle, le véritable coût de cet achat devient alarmant. Même dans notre consommation quotidienne, de nombreux produits dissimulent des externalités négatives. Par exemple, une simple salade verte (non bio) peut sembler bon marché à environ 70 centimes, mais si l’on prend en compte toutes les externalités négatives associées à l’utilisation de pesticides dans l’agriculture, son coût réel devrait atteindre entre 17 euros et 27 euros, selon les estimations de la Cour des comptes.

Autre exemple : le tabac. Sur ces 11 euros, 1 euro va au buraliste, 1 au fabricant et 9 pour l’Etat, soit 80 % de taxes. 80 %, c’est beaucoup ? Non, ce n’est même rien par rapport au vrai coût du tabac. En 2020, l’Etat a touché 10 milliards d’euros grâce aux ventes de cigarettes, pour un coût social de… 122 milliards ! Soit 73 euros supplémentaires pour chacun du 1,7 milliard de paquets vendus en 2021.

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Et si le prix affichait les conséquences de la production ?
Dans un monde idéal, le prix d’un produit devrait refléter à la fois son coût de production et les conséquences de sa fabrication. Par exemple, une fraise importée d’Espagne au printemps engendre une empreinte carbone plus élevée qu’une fraise cultivée localement. Malheureusement, cette réalité est rarement prise en compte. Ainsi, le véritable coût pour la société dépasse largement le prix affiché. Cette problématique est d’autant plus complexe dans un contexte d’inflation, où il devient difficile pour les consommateurs de s’engager à payer le prix réel des choses.

Car la consommation responsable est souvent perçue comme un luxe réservé à une élite privilégiée. Cependant, si le véritable prix des choses se répercute directement sur le consommateur, il est crucial de mettre en place un système qui intègre les externalités négatives en pénalisant les entreprises polluantes. De plus en plus, les entreprises qui négligent les conséquences de leurs actions au profit de leur seule performance économique se heurtent à des obstacles majeurs, allant de la défiance des consommateurs à des difficultés de financement, en passant par des problèmes d’image de marque et de recrutement.

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Il est temps de revoir notre perception du prix des choses et d’agir activement pour créer un avenir meilleur. Après un siècle de surconsommation, nous entrons dans une ère où la sobriété et la prise de responsabilité sont nécessaires. En sensibilisant les consommateurs et en encourageant les entreprises à assumer leurs responsabilités, nous pouvons participer à la construction d’une économie plus équitable. C’est d’ailleurs tout l’enjeu de la Corporate Sustainable Reporting Directive qui imposera aux entreprises une norme extra-financière harmonisée dans les mois à venir. De quoi faire doucement changer les choses, après un siècle de surconsommation ?

Quel impact des feux de forêt canadiens en Europe ?

Quel impact des feux de forêt canadiens en Europe ?

La fumée de plus d’une centaine de feux de forêt au Canada s’est répandue jusque dans les villes nord-américaines, pourtant situées loin des foyers. Le 7 juin 2023, New York et Detroit ont ainsi été classées parmi les cinq villes les plus polluées du monde à cause de ces lointains incendies. La fumée de ces mégafeux traverse maintenant l’Atlantique vers l’Europe – avec un pic attendu en France mercredi ou jeudi.

Chris Migliaccio, toxicologue à l’université du Montana, étudie l’impact de la fumée des incendies de forêt sur la santé humaine. Quels sont les risques auxquels on peut être confrontés, même à des centaines de kilomètres de distance ? dans The Conversation

Lorsque nous parlons de la qualité de l’air, nous parlons souvent des « PM2,5 ». Il s’agit de particules en suspension dans l’air d’un diamètre de 2,5 microns ou moins, suffisamment petites pour pénétrer profondément dans les poumons.

L’exposition aux PM2,5 provenant de la fumée, ou d’autres pollutions atmosphériques telles que les émissions des véhicules, peut exacerber des problèmes de santé tels que l’asthme et réduire la fonction pulmonaire. Ce qui peut aggraver les problèmes respiratoires existants de même que certaines maladies cardiaques.

Mais le terme PM2,5 ne renseigne que sur la taille : pas sur la composition – ce qui brûle dans l’incendie qui les libère peut faire une différence significative dans la chimie.

Dans le nord des Rocheuses, la plupart des incendies sont alimentés par la végétation, mais toutes les végétations ne sont pas identiques.

De plus, si l’incendie se situe dans les zones périurbaines, à la jonction entre ville et nature, les combustibles manufacturés provenant des habitations et des véhicules peuvent également brûler, ce qui va créer une autre chimie toxique. On peut mentionner les composés organiques volatils (COV), le monoxyde de carbone (CO) et les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) produits lors de la combustion qui sont susceptibles de nuire à la santé humaine.

Si vous avez déjà été près d’un feu de camp et que vous avez reçu un panache de fumée au visage, vous avez probablement ressenti une certaine gêne… L’exposition à la fumée des feux de forêt entraîne en effet une irritation du nez et de la gorge, voire une inflammation locale. Si vous êtes en bonne santé, votre corps sera bien sûr largement capable de le supporter.

Comme pour beaucoup de choses, c’est la dose qui fait le poison – presque tout peut être nocif à une certaine dose…

En général, les cellules immunitaires situées dans nos poumons, les macrophages, y ramassent les particules étrangères et les éliminent – jusqu’à une certaine dose, donc. C’est lorsque le système est débordé qu’il peut y avoir un problème.

Illustration d’une petite section de poumons montrant les alvéoles et, à l’intérieur des alvéoles, des macrophages
C’est au niveau des alvéoles pulmonaires que se font les échanges gazeux de la respiration. S’y trouvent également des cellules du système immunitaire : des macrophages. P. Brieux, Anatomy and Physiology, CC BY-SA
L’une des préoccupations est que la fumée peut neutraliser l’action des macrophages, ou tout du moins la modifier suffisamment pour que vous deveniez plus sensible aux infections respiratoires.

Une étude sur le temps de latence dans l’effet de l’exposition à la fumée des feux de forêt a montré une augmentation des cas de grippe après une mauvaise saison d’incendies. D’autres, menées dans les pays en développement, ont de la même façon révélé une augmentation des infections respiratoires chez les personnes qui cuisinent sur des feux ouverts dans les maisons.

Le stress d’une réaction inflammatoire peut également exacerber des problèmes de santé existants. Le fait d’être exposé à la fumée de bois ne provoquera pas en soi une crise cardiaque… mais si une personne présente des facteurs de prédisposition sous-jacents, tels qu’une accumulation importante de plaques d’athérome en cas de cholestérol, le stress supplémentaire peut augmenter le risque.

Les chercheurs étudient aussi les effets potentiels sur le cerveau et le système nerveux des particules inhalées.

Lorsque la fumée se propage sur de longues distances, sa toxicité change-t-elle ?
Nous savons que la chimie de la fumée des incendies de forêt change. Plus elle reste longtemps dans l’atmosphère, plus elle sera altérée par la lumière ultraviolette. Nous avons encore toutefois beaucoup à apprendre sur le sujet.

Les chercheurs ont tout de même constaté qu’il semble y avoir un niveau d’oxydation plus élevé : plus la fumée reste longtemps dans l’air, plus des oxydants et des radicaux libres sont générés. Si les effets spécifiques sur la santé ne sont pas encore clairs, il semble qu’une plus grande exposition entraîne des effets plus importants.

L’hypothèse est que plus la fumée est exposée aux rayons UV, plus il y a de radicaux libres formés, et plus le risque d’effets nocifs est élevé. Là encore, il s’agit en grande partie d’une question de dose.

Denver a été classée parmi les villes les plus polluées au monde le 19 mai 2023, en grande partie à cause de la fumée des incendies de forêt en provenance de l’Alberta, au Canada. Colorado Air Pollution Control Division
Si vous êtes en bonne santé, il est plus que probable qu’une promenade à vélo ou une randonnée dans une fumée légère ne soit pas un problème pour vous : votre corps sera parfaitement capable de récupérer.

En revanche… si vous faites cela tous les jours pendant un mois dans la fumée d’un incendie, cela soulève d’autres questions.

J’ai ainsi participé à des études avec des habitants de Seeley Lake, dans le Montana, qui ont été exposés à des niveaux dangereux de PM2,5 provenant de la fumée des incendies de forêt pendant 49 jours en 2017. Un an plus tard, nous constations toujours une diminution de leur fonction pulmonaire. Personne n’a dû être placé sous oxygène, mais il y avait une baisse significative.

Il s’agit d’un domaine de recherche relativement nouveau, et nous avons encore beaucoup à apprendre, en particulier avec l’augmentation de l’activité des feux de forêt à mesure que la planète se réchauffe.

S’il y a de la fumée dans l’air, la seule chose à faire est d’essayer de réduire votre exposition.

Peut-on éviter la fumée ? Non, à moins d’être dans une maison hermétiquement fermée ou que vous disposiez d’un très bon système de chauffage, ventilation et climatisation, disposant par exemple de filtres MERV 15 ou supérieurs.

Les niveaux de particules ne sont en effet généralement pas très différents à l’intérieur et à l’extérieur. Mais le fait d’être à l’intérieur diminue votre activité : votre rythme respiratoire est donc plus lent et la quantité de fumée que vous inhalez est probablement plus faible.

Au Canada et au nord des États-Unis, le grand public a ressorti les masques pour se protéger des fumées. lev radin/Shutterstock
Nous avons également tendance à conseiller aux personnes potentiellement plus vulnérables, comme les asthmatiques, de créer un espace sûr à la maison et au bureau avec un système de filtration d’air autonome de haut niveau pour créer un espace où l’air est plus pur.

Certains masques peuvent aider. Un masque FFP2 (bien connu depuis le Covid) ne fait pas de mal par exemple. Par contre, un simple masque en tissu ne sera pas d’une grande utilité.

La plupart des États, dont la France, disposent de moniteurs de qualité de l’air qui peuvent vous donner une idée de la qualité de l’air, alors vérifiez ces sites et agissez en conséquence.

De nouvelles technologies pour suivre l’évolution de la consommation énergétique et son impact

De nouvelles technologies pour suivre l’évolution de la consommation énergétique et son impact

 

L’industrie manufacturière consomme 54% de l’énergie mondiale et contribue à 20% des émissions de CO2 dans le monde*. Dans ce contexte émergent toutefois de nombreuses technologies liées à l’industrie 4.0 permettant des remontées de données précieuses. Objectif ? Aider les industriels à mieux suivre précisément leur consommation d’énergie, alerter des dérives et intervenir immédiatement, mais également améliorer la gestion de leurs déchets et leur consommation d’eau tout en impliquant leurs collaborateurs. Par Gilles Pacaud, Directeur Rockwell Automation France ( dans la Tribune)
Une réflexion sur les nouveaux outils pour mieux suivre l’évolution de la consommation énergétique et son impact dans l’industrie. Mais des outils dont certains pourraient aussi être utilisés par les particuliers NDLR
 
L’impact environnemental de l’industrie est pointé du doigt. En outre, les contraintes réglementaires se renforcent, à l’exemple de la directive Ecodesign de l’Union européenne, ensemble d’exigences obligatoires visant à améliorer l’efficacité énergétique et à réduire les émissions de gaz à effet de serre.Heureusement, les nouvelles technologies permettent aujourd’hui de rendre beaucoup plus efficiente l’usine et réduire l’empreinte énergétique d’un produit, depuis sa fabrication à sa fin de vie en passant par son utilisation. Les entreprises peuvent ainsi devenir plus « compliant » et se conformer aux exigences applicables en matière de santé, de sécurité, de performance et d’environnement. Ces technologies peuvent les aider à prendre en compte, dès leur conception l’ensemble du cycle de vie des produits, y compris l’installation, l’exploitation, la maintenance et la fin de vie.Des applications d’eau intelligentes permettent par exemple d’améliorer la qualité, l’efficacité et la sécurité des entités municipales et des industries à forte consommation d’eau, à la gestion et au recyclage des déchets pour permettre l’économie circulaire, de nombreuses solutions matures sont à la disposition des entreprises. Ces technologies renforcent la supplychain en donnant à l’entreprise une visibilité et un suivi de toutes les opérations nécessaires à la fabrication d’un produit et impliquent un maximum de personnes autour de l’impact environnemental.

Grâce à la technologie de contrôle et d’automatisation, un important Institut américain de recherche sur l’eau espère transformer le drainage minier acide en une ressource capable d’alimenter la plupart des appareils et systèmes modernes actuels. Les chercheurs ont conçu et construisent actuellement une usine chargée de traiter la contamination due au drainage minier acide et de renvoyer de l’eau propre dans les rivières et les ruisseaux tout en extrayant des éléments de terres rares et des minéraux essentiels.

Un fabricant de panneaux solaires possède aujourd’hui une usine contrôlée par une architecture de type Industrie 4.0 facilitant la communication entre machines et opérateurs, l’utilisation de l’intelligence artificielle et la connectivité de l’Internet des objets (IoT) afin de produire un degré supérieur d’automatisation, de précision et d’amélioration continue.

Des applications logicielles existent également afin d’aider les clients à gérer, signaler, contrôler et optimiser la consommation d’énergie dans leurs processus de production. À partir de tableaux de bord, les utilisateurs peuvent visualiser la consommation à tous les niveaux (site, zone, ligne et machine) et identifier les domaines à optimiser. Intelligentes et évolutives, ces plateformes collectent et intègrent de manière transparente les données de gestion de l’énergie aux systèmes de production, de contrôle et d’information.

Aussi, des contrats de services de durabilité reposant sur le numérique aident les usines à réduire les déchets et à surveiller, gérer et recycler leurs actifs de production d’une manière plus responsable. Autre sujet, la remise à neuf et la réparation d’équipements usagés font l’objet de programmes d’accompagnements. L’Association for Sustainable Manufacturing estime que cette remise à neuf (ou retrofit) permet d’économiser en moyenne 85% d’énergie, de l’eau et des matériaux utilisés par rapport à un produit nouvellement fabriqué.

Naturellement, le développement durable n’inclut pas uniquement le climat et la préservation de l’environnement. Il intègre pleinement l’humain, en particulier, dans le milieu professionnel. À ce titre, l’enquête annuelle Global Voices** a récemment démontré que 85% des personnes ont connu des niveaux plus élevés d’épuisement, tandis que 40% ont signalé une baisse de l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Cet équilibre et le bien-être au travail apparaissent désormais comme des priorités et des composantes essentielles du développement durable.

 

* Selon le World Economic Forum (« Net-Zero in Manufacturing Value Chains Initiative »)

** Informations complémentaires dans le Rapport 2021 sur le développement durable de Rockwell Automation

Pour des politiques publiques à plus fort impact social

Pour des politiques publiques à plus fort impact social

L’avènement de la finance à impact pourrait laisser penser que la notion d’impact ne concerne que le secteur privé. Une idée reçue. En effet, les politiques publiques tendent de plus en plus à dépasser leur strict champ d’intervention en se souciant des répercussions de leurs actions, tant en matière sociale qu’environnementale. Si cette tendance est pour l’heure encore en train de se structurer, elle a déjà donné lieu à des initiatives concrètes et prometteuses.( « la Tribune, Mazars »)

« Depuis 2018 nous constatons une montée en puissance significative de la prise en compte de l’impact social et environnemental dans les politiques publiques, observe William Bottaro, Associé Santé et médico-social chez Mazars. Cette approche sociale, que l’on pourrait supposer très française, nous provient en réalité des pays anglo-saxons. Elle a d’abord infusé dans le secteur de l’économie sociale et solidaire, dès les années 2010, avant de s’étendre à d’autres segments du secteur public. » C’est initialement pour se différencier que les acteurs impliqués dans la mise en œuvre des politiques publiques ont souhaité améliorer leur impact social. Ce dernier s’est progressivement imposé comme un argument clé pour renforcer durablement la compétitivité et l’attractivité du secteur public, notamment en matière de recrutement. « Il s’agit d’un enjeu crucial et prioritaire pour l’ensemble des organisations publiques, et tout particulièrement pour les secteurs en forte tension, comme celui de la santé ou du social, qui peinent à recruter », illustre William Bottaro.

A cette quête de regain d’intérêt s’ajoute la pression grandissante de la société civile et des parties prenantes en faveur de comportements plus responsables, qui doivent dépasser le stade de l’engagement, insuffisant, et se traduire par des actes tangibles pour le grand public. « Il est important de garder à l’esprit que les politiques publiques fonctionnent grâce à des mécanismes de redistribution. Or les citoyens ont parfois du mal à voir les effets concrets de cette redistribution dans leur quotidien, à visualiser et matérialiser ce à quoi contribuent leurs impôts. Travailler à l’amélioration de l’impact social des politiques publiques, c’est aussi chercher à montrer comment celles-ci peuvent, par exemple, profiter à l’emploi local ou à la préservation environnementale d’un territoire », explique Jean-François Treille, Associé Secteur public chez Mazars.

Une politique publique à impact, c’est donc une politique publique dépassant son cœur de mission, comme garantir l’accès à des soins ou à une éducation de qualité, dans l’objectif de produire des effets positifs transversaux, au bénéfice de la société dans son ensemble. « Les pouvoirs publics ont donné une profonde impulsion à cette recherche d’impact social et environnemental, encore abstraite il y a quelques années. Aujourd’hui, les différents plans d’action en cours de déploiement à l’échelle nationale démontrent que les acteurs du secteur public ont largement dépassé le stade de l’intention louable et symbolique », analyse William Bottaro.

Parmi ces initiatives responsables figure notamment le Plan national pour des achats durables (Pnad) pour la période 2022-2025. Il stipule entre autres que, d’ici 2025, l’intégralité des contrats de la commande publique notifiés au cours de l’année auront pour obligation de comprendre au moins une considération environnementale, et 30 % des contrats au moins une considération sociale. « Des sujets d’intérêt général de plus en plus variés et complémentaires sont dorénavant intégrés dans la commande publique, comme l’égalité hommes-femmes, la lutte contre les discriminations, la concurrence sociale déloyale, le développement de l’apprentissage, le respect des exigences éthiques… Si nous ne pouvons que nous réjouir de ces évolutions, nécessaires, force est de constater que la marche à franchir pour atteindre l’objectif de 30 % reste particulièrement élevée. En 2019, seuls 12,5 % des contrats comportaient une considération sociale, quand l’objectif était alors de 25 % », souligne Jean-François Treille.

Autre initiative, cette fois collaborative : le contrat à impact social, dont l’ambition est de favoriser l’émergence de projets sociaux et environnementaux innovants. « Il s’agit de mettre en œuvre des projets vertueux financés par des acteurs privés ou publics, projets que l’Etat s’engage à rembourser si les objectifs fixés au démarrage sont atteints », précise William Bottaro. A ce jour, plusieurs appels à manifestation d’intérêt ont été lancés et des lauréats désignés.

Néanmoins, au-delà des actions évoquées, les deux experts s’accordent à dire que le véritable passage à échelle pour les dispositifs à impact nécessitera la mise en place de méthodologies et d’outils de mesure indispensables au suivi de la performance. « La maturité n’est évidemment pas la même pour tous les projets, ni pour tous les champs de l’action publique. Désormais, l’enjeu est d’instaurer un univers structuré, standardisé, comme cela existe déjà dans le secteur privé. Pour que l’essor soit réel et les progrès visibles du plus grand nombre, les impacts sociaux doivent pouvoir être suivis et pilotés, ce qui implique qu’ils puissent être mesurés », insiste Jean-François Treille.

A l’évidence le durcissement de la réglementation pourrait accélérer l’adoption de pratiques plus responsables, comme cela a pu, une fois de plus, s’observer dans le secteur privé. Une contrainte à laquelle les experts ne se déclarent pas forcément favorables, préférant faire valoir auprès des acteurs publics les avantages économiques à tirer des initiatives à impact ou encore les processus de labellisation. « Pour se transformer durablement, le secteur public doit adopter une démarche globale et holistique intégrant toute la valeur des projets, ce qui n’est pas encore le cas. A titre d’illustration, l’implantation d’un centre de santé sur un territoire constitue un atout, certes en termes d’accès aux soins, mais aussi pour l’emploi et les collectivités locales – donc l’école et les transports. Le défi est de parvenir à faire porter un nouveau regard sur ces projets à impact, car comprendre leur portée réelle permettrait d’encourager les investissements dont ils ont plus que jamais besoin », conclut William Bottaro.

 

Quel impact économique de la cinquième vague Covid

Quel impact économique de la cinquième vague Covid

 

Jusqu’à récemment tous les experts se montraient particulièrement optimistes sur l’ampleur de la reprise économique. En réalité, il ne s’agissait que d’un phénomène de rattrapage puisque actuellement l’activité  a tout juste retrouvé son niveau de 2019. En clair ,nous sommes toujours en retard car on pouvait espérer des augmentations annuelles de l’ordre de un et demi à 2 % de toute façon en 2020 et 2021. La hausse de 6 % de 2021 doit donc être relativisée.

Pour 2022 les experts voyaient encore une croissance d’environ 4 % en France . Le tassement a cependant déjà été constaté au quatrième trimestre et il pourrait s’amplifier avec la pandémie. En clair, on pourrait se retrouver avec une croissance de seulement de 2 % au lieu de 4%.

En France, le premier confinement a amputé le PIB de plus de 25 %, le deuxième en novembre 2020 de l’ordre de 7 %. Lors du troisième, en avril dernier, l’économie française tournait 5 % en-dessous de son niveau d’avant-crise.

Le premier secteur concerné par une amplification de la crise endémique serait encore l’hôtellerie et le tourisme. Globalement on assisterait un ralentissement de la mobilité des biens et des personnes.Les récentes études d’opinion montrent un tassement du moral des ménages mais aussi des entreprises

Covid : quel impact des fêtes de fin d’année ?

Covid : quel impact des fêtes de fin d’année ?

 

Les mesures restrictives avaient été juste un peu relâchées au moment de Noël. Le gouvernement craignait en effet un impact négatif des fêtes collectives pendant la période. On peut constater que cette question a disparu de la problématique. Il y a déjà quelques jours qu’on devrait procéder à une évaluation. Or cette évaluation est d’abord méthodologiquement très complexe dans la mesure où en vérité il n’y a pas de période de référence. C’est-à-dire de période à laquelle on pourrait se référer avec un environnement restrictif différent.

 

Restent  les statistiques brutes qui ne sont guère encourageantes puisque en gros par exemple le nombre de contaminés évolue entre 20 et 25 000 chaque jour. Et que Les hospitalisations augmentent . Pourquoi ? La vérité c’est qu’on en sait strictement rien. Du coup on élimine la question. Restent donc les chiffres:

 

Le seuil des 70.000 décès dus au Covid-19 a été franchi ce vendredi, tandis que dans le monde, ce sont plus de 2 millions de personnes qui sont mortes.

Selon le dernier bilan des autorités de santé, 24.985 personnes (-24 par rapport à vendredi) dont 2.731 en réanimation (+1) sont actuellement hospitalisées à cause du coronavirus en France. 

 

Par ailleurs, 196 personnes ont succombé au virus ces dernières en 24h dans l’Hexagone. La France a donc franchi la barre des 70.000 décès (70.142 ndlr) depuis le début de la pandémie.

 

Ce samedi, 21.406 cas ont aussi été détectés en 24 heures. Ils étaient 20.177 samedi 9 janvier.

«Nous avons pu passer des fêtes de fin d’année sans flambée épidémique». Déclare pourtant le gouvernement qui en même temps s’alarme de la hausse de la pandémie !

5G : quel impact environnemental ?

5G : quel impact environnemental ?

Les experts du Haut conseil pour le climat, créé par Emmanuel Macron, rendent samedi leur rapport, attendu lui, sur l’impact environnemental de cette nouvelle technologie. Saisis par le président du Sénat, Gérard Larcher, en mars dernier, ils ont travaillé sur l’empreinte carbone de la 5G. Comprendre : ce que son déploiement et son utilisation représente en termes d’émissions de gaz à effet de serre ; et les pistes pour maîtriser ces nouvelles émissions de CO2 alors que l’Union européenne vient de s’engager à les réduire d’au moins 55% d’ici à 2030 par rapport au niveau de 1990.

Dans sa lettre de saisine, Gérard Larcher écrit : « Il parait utile (…) d’évaluer les impacts de ce déploiement sur les émissions de gaz à effet de serre afin que puissent être menées de concert les transitions écologiques et numériques. » Il rappelait qu’aucune étude d’impact environnemental n’avait été menée alors que le déploiement était alors prévu en juin.

Il en va de même pour l’impact sanitaire, puisque l’étude en cours menée par l’Anses est attendue au printemps 2021.

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