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Sondage loi Immigration : 84% des Français pour la déchéance de nationalité

Sondage loi Immigration : 84% des Français pour la déchéance de nationalité

Selon un sondage Odoxa-Backbone consulting pour le Figaro, 84% des Français sont favorables à la déchéance de nationalité pour les binationaux auteurs de crimes contre les forces de l’ordre.

La moitié des Français (50%) se déclarent «satisfaits» de la loi. Près d’un quart d’entre eux (24%) se dit à l’inverse «insatisfaits», tandis que 26% affirment ignorer les grandes lignes du texte. Les sondés, qui se déclarent au fait du projet de loi, sont en revanche 68% à en saluer le contenu.

Sept des huit principales mesures testées suscitent l’adhésion d’une écrasante majorité de Français. Plus de huit sur dix sont ainsi favorables à la déchéance de nationalité pour les binationaux auteurs de crimes contre les forces de l’ordre. 76% se déclarent favorables au rétablissement du délit de séjour irrégulier et 75% adhèrent à la mise en place de quotas pour l’immigration.

Seule une mesure est toutefois rejetée par une courte majorité des Français (52%) : «l’interdiction de l’enfermement des mineurs dans les centres de rétention administrative (CRA)».

Depuis l’adoption du projet de loi, Marine Le Pen et ses troupes revendiquent une «victoire idéologique», tandis que le chef de l’État a décrété «une défaite» pour le RN. Dans les faits, la majorité des Français (55% ) voient en Marine Le Pen la grande gagnante de cette séquence législative, loin devant Gérald Darmanin (28%), Emmanuel Macron 25%) et Élisabeth Borne (23%). Éric Ciotti et les siens sortent aussi renforcés de la séquence puisque 41% des sondés estiment que c’est un succès pour les LR. Sans surprise, plus de la moitié des Français (58%) perçoivent une défaite pour Jean-Luc Mélenchon et la Nupes.

Loi immigration- les principales mesures

Loi immigration- les principales mesures

Les principales mesures du texte adopté mardi soir par le Sénat et l’Assemblée nationale, au terme d’un accord entre la droite et la majorité.

Prestations sociales et APL

Les APL ne pourraient être touchées qu’au bout de cinq années sur le territoire français par les immigrés ne travaillant pas. Elles pourraient en revanche être touchées dès trois mois pour ceux ayant un emploi contre six mois actuellement. Enfin, il ne sera possible de toucher les allocations familiales qu’au bout de cinq ans pour ceux qui n’ont pas de travail, contre 30 mois pour ceux qui en ont un.

Régularisation

Pas de régularisation automatique, elle sera de la seule responsabilité des préfets, à condition que les employeurs l’aient demandé par écrit et que le sans-papiers justifie «de l’exercice d’un emploi en tension pendant au moins douze mois» au lieu de huit mois dans le texte initial.

Expulsion

Le séjour illégal en France deviendra un délit puni d’un an de prison et de 3750 euros d’amende.

Délinquants

Le texte valide la facilitation de l’expulsion des délinquants étrangers majeurs ayant été condamnés définitivement pour des crimes ou délits punis de 5 ans ou plus d’emprisonnement. Les immigrés arrivés en France mineurs seront concernés. Par ailleurs, le nouveau texte précise les conditions de déchéance de nationalité pour les binationaux condamnés pour homicide volontaire.

Restriction du droit du sol, quotas et regroupement familial

«l’exonération de l’application du droit du sol pour les mineurs qui ont commis un crime». Par ailleurs, depuis son passage au Sénat, le texte instaure des quotas migratoires

Le titre de séjour étudiant sera conditionné «au caractère sérieux des études» et au versement d’une caution. Enfin, des restrictions au regroupement familial sont instaurées.

AME
Élisabeth Borne une lettre s’engage à y revenir par une réforme spécifique dès le premier trimestre.

Politique: Loi Immigration : le début de la fin du macronisme

Politique: Loi Immigration : le début de la fin du macronisme

Difficile de considérer que c’est la fin d’un courant politique qui en réalité ne s’est jamais installé dans le paysage politique. Le macronisme, c’est en effet une sorte de même temps contradictoire. Mais cette fois, la majorité elle-même éclate sous les contradictions. Bref le début de la fin sans doute pour le macronisme en crise politique. En effet à l’occasion du vote de la loi immigration, les soutiens aux textes sont plus enthousiastes chez les « républicains » et l’extrêmes droite que dans la majorité. Bref un texte obtenu avec un soutien non souhaité mais réel du RN.

Dans cette affaire Macron perd la main sur sa majorité qui progressivement va éclater entre les responsables qui penchent à gauche et les responsables qui pencheraient plutôt à droite. De toute manière, le calendrier va confirmer l’état de crise car de plus en plus de responsables de la majorité vont prendre de la distance par rapport à un président qui ne maîtrise plus grand-chose y compris dans son propre parti.

Le texte immidration a en effet mis le feu aux poudres dans la majorité présidentielle et le gouvernement, avec notamment la démission du ministre de la Santé Et le vote contre de 25 % des députés macronistes.

Aurélien Rousseau, ancien directeur de cabinet d’Elisabeth Borne, n’est pas le seul ministre hostile à la loi votée mardi soir. Figurent également d’autres ministres Sylvie Retailleau (Enseignement supérieur), Patrice Vergriete (Logement) ou encore Clément Beaune (Transports).

Selon un député Renaissance, macroniste de la première heure, le soutien du RN est un « baiser de la mort pour la majorité ». « On est dans la main du RN, on a perdu sur tous les tableaux » et Marine Le Pen « a tout gagné », a de son côté confié à l’AFP une députée du groupe centriste.

Depuis le vote de la CMP, le RN mais aussi LR se gargarisent en effet du contenu du texte – « notre texte », selon le président de LR Éric Ciotti- , qui traduit selon Marine Le Pen une « victoire idéologique du Rassemblement national puisqu’il est inscrit maintenant dans cette loi la priorité nationale ».

Numériquement, les voix du RN ont pourtant pencher la balance. Et pour cause : les divisions sont telles au sein du camp présidentiel que le projet de loi controversé adopté mardi par une commission parlementaire à l’issue d’un accord entre la droite et la majorité risquait de ne passer, à l’Assemblée nationale, que grâce aux voix des députés de Marine Le Pen.

Les opposants à un texte trop dur ont également reçu le soutien du Medef, par la voix de son patron Patrick Martin, qui a souligné que l’économie française aurait « massivement » besoin de « main-d’œuvre immigrée » dans les prochaines décennies. Parallèlement, une cinquantaine d’associations, syndicats et ONG, dont la Ligue des droits de l’Homme, dénoncent le texte « le plus régressif depuis au moins 40 ans » en France.

Loi immigration : De nombreux points contestables juridiquement

Loi immigration : De nombreux points contestables juridiquement

Finalement, le conseil constitutionnel pourrait détricoter ce que la commission paritaire parlementaire à péniblement mis au point; en effet, nombre de dispositions peuvent faire l’objet de contestations pour leur caractère anti constitutionnel anti conventionnel.

Le pouvoir d’ailleurs ne cache pas qu’il compte sur le conseil constitutionnel pour que soit rejetées les mesures les plus radicales qui ont été imposées sous la pression des républicains.

En cause notamment la question des quotas qui crée des situations inégalitaires notamment concernant l’immigration familiale.

D’après la nouvelle loi le délai pour autoriser le regroupement familial serait allongé de 12 à 15 24 mois.

Mais les plus grandes contestations risquent de concerner les conditions d’accès des immigrés en situation régulière aux allocations familiales et à l’aide au logement. Avec la mise en place d’un délai porté à cinq ans pour ceux qui ne travaillent pas et trois mois pour les autres.

Sur les allocations sociale, on va doute discuter longtemps du caractère contributif ou non. En principe le caractère contributif ( les cotisations payées par tous) empêche toute entrave à l’inégalité. Le problème c’est que d’une manière ou d’une autre les prestations sociales ont un caractère contributif soit du fait de versements des cotisations, soit du fait de contributions via les impôts au budget.

Bref la principale disposition du délai de cinq ans comme délai minimum pour recevoir des prestations sociales risque de voler en éclats

Une autre mesure très symbolique concerne l’évolution de l’accès à la nationalité et la fin de l’automaticité du droit du sol dans certaines circonstances. En fait, le conseil constitutionnel pourrait bien précisément considérer que des modifications restrictives ( ou même l’inverse )relève d’une modification institutionnelle et non d’une loi ordinaire.

Si le conseil constitutionnel dispose et impose son avis en dernier ressort, ce pourrait être aussi l’occasion d’une mise en question d’un conseil constitutionnel pas aussi neutre qu’on pourrait le penser puisque pour l’essentiel composé d’anciens politiques et non uniquement de juristes.

Reste enfin à savoir quelle sera la réaction du pouvoir en place si le conseil constitutionnel vide de l’essentiel cette loi difficilement adoptée. Bref le débat est loin d’être terminé.

Immigration : une loi qui sera laminée par le conseil constitutionnel ?

Immigration : une loi qui sera laminée par le conseil constitutionnel ?

Un véritable aveu d’impuissance par le ministre de l’intérieur qui convient que nombre de deux dispositions de la loi immigration seront certainement balayés sur le plan du droit notamment par le conseil constitutionnel ou les conventions internationales. Il se pourrait en effet que le conseil constitutionnel considère que la loi ordinaire votée n’est pas adaptée juridiquement et qu’il renvoie à une réforme des institutions. Une manière pour le conseil constitutionnel de ne pas prendre de face le gouvernement mais de le contourner au motif d’insuffisance juridique.

« Des questions se posent sur un certain nombre de dispositions, qui pourraient être soit non conventionnelles, soient peu constitutionnelles », a reconnu Gérald Darmanin.

« En tant que ministre de l’Intérieur, j’appliquerai la lettre de la loi qui sera promulguée par le président de la République, mais également l’esprit avec lequel nous avons travaillé tous ensemble », a-t-il déclaré. Une déclaration qui ne mange pas de pain mais qui n’apporte strictement rien sinon qu’elle prépare à une éventuelle claque de la part du conseil constitutionnel.

Selon nos informations, Emmanuel Macron a fait savoir qu’il saisirait le Conseil constitutionnel une fois la loi adoptée pour qu’il se prononce sur ses dispositions. Le PS a aussi annoncé immédiatement après le vote à l’Assemblée nationale.

Loi Immigration : le début de la fin du macronisme

Loi Immigration : le début de la fin du macronisme

Difficile de considérer que c’est la fin d’un courant politique qui en réalité ne s’est jamais installé dans le paysage politique. Le macronisme, c’est en effet une sorte de même temps contradictoire. Mais cette fois, la majorité elle-même éclate sous les contradictions. Bref le début de la fin sans doute pour le macronisme en crise politique. En effet à l’occasion du vote de la loi immigration, les soutiens aux textes sont plus enthousiastes chez les « républicains » et l’extrêmes droite que dans la majorité. Bref un texte obtenu avec un soutien non souhaité mais réel du RN.

Dans cette affaire Macron perd la main sur sa majorité qui progressivement va éclater entre les responsables qui penchent à gauche et les responsables qui pencheraient plutôt à droite. De toute manière, le calendrier va confirmer l’état de crise car de plus en plus de responsables de la majorité vont prendre de la distance par rapport à un président qui ne maîtrise plus grand-chose y compris dans son propre parti.

Le texte immidration a en effet mis le feu aux poudres dans la majorité présidentielle et le gouvernement, avec notamment la démission du ministre de la Santé Et le vote contre de 25 % des députés macronistes.

Aurélien Rousseau, ancien directeur de cabinet d’Elisabeth Borne, n’est pas le seul ministre hostile à la loi votée mardi soir. Figurent également d’autres ministres Sylvie Retailleau (Enseignement supérieur), Patrice Vergriete (Logement) ou encore Clément Beaune (Transports).

Selon un député Renaissance, macroniste de la première heure, le soutien du RN est un « baiser de la mort pour la majorité ». « On est dans la main du RN, on a perdu sur tous les tableaux » et Marine Le Pen « a tout gagné », a de son côté confié à l’AFP une députée du groupe centriste.

Depuis le vote de la CMP, le RN mais aussi LR se gargarisent en effet du contenu du texte – « notre texte », selon le président de LR Éric Ciotti- , qui traduit selon Marine Le Pen une « victoire idéologique du Rassemblement national puisqu’il est inscrit maintenant dans cette loi la priorité nationale ».

Numériquement, les voix du RN ont pourtant pencher la balance. Et pour cause : les divisions sont telles au sein du camp présidentiel que le projet de loi controversé adopté mardi par une commission parlementaire à l’issue d’un accord entre la droite et la majorité risquait de ne passer, à l’Assemblée nationale, que grâce aux voix des députés de Marine Le Pen.

Les opposants à un texte trop dur ont également reçu le soutien du Medef, par la voix de son patron Patrick Martin, qui a souligné que l’économie française aurait « massivement » besoin de « main-d’œuvre immigrée » dans les prochaines décennies. Parallèlement, une cinquantaine d’associations, syndicats et ONG, dont la Ligue des droits de l’Homme, dénoncent le texte « le plus régressif depuis au moins 40 ans » en France.

Loi immigration- les mesures

Loi immigration- les orientations

Les principales mesures du texte adopté mardi soir par le Sénat et l’Assemblée nationale, au terme d’un accord entre la droite et la majorité.

Prestations sociales et APL

Les APL ne pourraient être touchées qu’au bout de cinq années sur le territoire français par les immigrés ne travaillant pas. Elles pourraient en revanche être touchées dès trois mois pour ceux ayant un emploi contre six mois actuellement. Enfin, il ne sera possible de toucher les allocations familiales qu’au bout de cinq ans pour ceux qui n’ont pas de travail, contre 30 mois pour ceux qui en ont un.

Régularisation

Pas de régularisation automatique, elle sera de la seule responsabilité des préfets, à condition que les employeurs l’aient demandé par écrit et que le sans-papiers justifie «de l’exercice d’un emploi en tension pendant au moins douze mois» au lieu de huit mois dans le texte initial.

Expulsion

Le séjour illégal en France deviendra un délit puni d’un an de prison et de 3750 euros d’amende.

Délinquants

Le texte valide la facilitation de l’expulsion des délinquants étrangers majeurs ayant été condamnés définitivement pour des crimes ou délits punis de 5 ans ou plus d’emprisonnement. Les immigrés arrivés en France mineurs seront concernés. Par ailleurs, le nouveau texte précise les conditions de déchéance de nationalité pour les binationaux condamnés pour homicide volontaire.

Restriction du droit du sol, quotas et regroupement familial

«l’exonération de l’application du droit du sol pour les mineurs qui ont commis un crime». Par ailleurs, depuis son passage au Sénat, le texte instaure des quotas migratoires

Le titre de séjour étudiant sera conditionné «au caractère sérieux des études» et au versement d’une caution. Enfin, des restrictions au regroupement familial sont instaurées.

AME
Élisabeth Borne une lettre s’engage à y revenir par une réforme spécifique dès le premier trimestre.

Politique- Loi immigration : une crise prévisible

Politique- Loi immigration : une crise prévisible


La motion de rejet adoptée le lundi 11 décembre a – de manière retentissante – mis fin à l’examen de la loi immigration à l’Assemblée nationale avant même l’ouverture des débats. Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, principal défenseur du projet, aurait présenté dans la soirée sa démission au président de la République qui l’aurait refusé. Emmanuel Macron a choisi de recourir à la commission mixte paritaire (CMP), c’est-à-dire la procédure de réconciliation entre les deux chambres. La situation était en effet inextricable. Une dissolution aurait risqué d’affaiblir davantage le groupe des parlementaires soutenant le chef d’État et même de décimer ses alliés potentiels, Les Républicains. Quant au recours au 49.3, il aurait été un exercice extrêmement périlleux, quelques jours après que les oppositions aient réussi pour la première fois à dépasser leurs différences pour mettre en échec le gouvernement. Et rien ne garantit, à ce stade, qu’elles ne réussissent pas à nouveau ou que la CMP aboutisse. Si la crise était prévisible, elle renvoie à un problème plus fondamental.


par Emiliano Grossman
Professeur en Science politique, Sciences Po dans The conversation

Cette crise se profilait à l’horizon. En mars dernier, la motion de censure déposée contre la réforme des retraites par le groupe de députés indépendant LIOT avait fait office de répétition générale. Pour rappel, celle-ci avait échoué à neuf voix près. Le gouvernement ne semble pas en avoir tiré d’enseignement. Depuis, le 49.3 a été réutilisé à l’occasion de la loi de programmation des finances publiques et de la loi des finances pour 2024.

À chaque fois, le gouvernement a pointé du doigt la responsabilité de l’opposition. La Première ministre Élisabeth Borne totalise désormais 20 recours au 49.3 en 18 mois. Une fréquence d’utilisation loin devant celle de Michel Rocard, qui détient pourtant toujours le « record » d’utilisations de 49.3 par un gouvernement (28 sur 34 mois). Et si le gouvernement Rocard avait fait face à 5 motions de censure, le gouvernement Borne, lui, en est déjà à 26 motions déposées contre son administration.

Le graphe montre le nombre de recours au 49.3, le nombre de textes concernés par cette procédure et le nombre de motions de censure déposées à l’encontre de chaque gouvernement.

On a reproché au ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin d’avoir promu des projets de loi différents au Sénat et à l’Assemblée : une version plus dure au Sénat, une version édulcorée à l’Assemblée. Cette technique est bien connue parmi les chercheurs en communication politique : il s’agit d’adapter son discours en réponse à la « fragmentation des publics ». Cette technique consiste à adresser des messages différents, voire contradictoires à des publics différents, afin de répondre à des attentes divergentes.

Si la stratégie peut fonctionner sur les réseaux sociaux, elle a moins de chances de réussir dans les deux chambres du Parlement. Il s’agit d’un écosystème très particulier de gens extrêmement bien informés et connectés. Ils se parlent et échangent. Tenir des discours différents dans ce contexte s’avère politiquement coûteux, comme l’illustre le succès de la motion de rejet.

Une stratégie de gouvernement majoritaire… mais sans majorité
En fin de compte, ce fiasco témoigne du manque de considération continu pour le Parlement. En attestent l’usage régulier du 49.3 et la tendance à communiquer dans les médias avant de consulter les députés, y compris ceux qui soutiennent le gouvernement.

Dans les régimes habitués à l’absence d’une majorité claire, comme l’Allemagne, les Pays-Bas ou le Danemark, les gouvernements ont l’habitude d’établir un dialogue constant entre tous les partis. Ils engagent un effort permanent pour créer du consensus. C’est un travail de tous les jours : il implique des rencontres régulières entre leaders, voire des groupes de travail entre les différentes formations. Cela implique aussi que les « chefs » (ou le chef) se mettent en retrait. Ils évitent de polariser le débat ou de prendre de court leurs partenaires potentiels avec des déclarations aux médias.

À l’inverse, le gouvernement français a dénoncé la stratégie d’obstruction des autres partis, sans faire le moindre effort dans la direction d’une méthode plus coopérative. Pour le dire autrement, le gouvernement continue à fonctionner dans le cadre du logiciel majoritaire, alors qu’il n’a pas de majorité à l’assemblée. Le ministre de l’Intérieur affirme que la « majorité des Français » serait en faveur du projet de loi sur immigration.

Cela revient à exprimer l’incapacité des autres forces politiques à interpréter les préférences de leur(s) électorat(s). L’espoir, on l’imagine, derrière ce type de discours est d’affaiblir la légitimité des opposants aux yeux de l’opinion publique et des médias. Il est peu probable, pourtant, que ce type de discours infléchisse l’attitude des principaux rivaux politiques et rien n’indique qu’elle l’ait fait par le passé. On peut même se demander si ce type de discours ne risque pas de produire l’effet opposé.

L’exécutif communique régulièrement que seuls les partis du gouvernement sont légitimes, tout en accusant les autres formations de “cynisme” et d’ »incohérence » – comme l’aurait fait le chef de l’État mardi matin en Conseil des ministres. Dans les deux chambres, tous les représentants ont pourtant été élus et ont des comptes à rendre à leurs électeurs. Cette stratégie s’avère donc contre-productive et semble même aliéner des alliés potentiels.

Ainsi, l’adoption de la motion de rejet n’augure rien de bon pour le gouvernement Borne. À court terme, il est probable que le gouvernement parvienne à un accord avec Les Républicains, sans doute sur une loi aux mesures durcies. Mais, au-delà de ce texte, une digue est tombée. Si l’opposition à l’exécutif d’Emmanuel Macron a pu s’organiser une fois, elle a des fortes chances d’y arriver à nouveau.

Les Républicains risquent de devenir de plus en plus « pivotaux » dans l’adoption des lois. Cela leur octroierait un rôle disproportionné au vu de leurs poids électoral ou à l’Assemblée.

Emmanuel Macron et le gouvernement sont peu susceptibles de réaliser la mise à jour de logiciel qu’ils ont refusé de faire au cours des 18 derniers mois. Pourtant, la fragmentation partisane ne risque pas de disparaître. La classe politique ferait bien de s’y habituer. C’est le principal héritage de l’éclatement du système partisan en 2017, avec l’échec des deux forces politiques qui avaient jusque-là dominé l’histoire de la Ve République, la droite gaulliste et le Parti socialiste. L’élection de 2027, quel que soit le résultat, a peu de chances de nous ramener au monde plus simple et majoritaire d’avant.

La loi immigration provoque la démission du ministre de la santé

La loi immigration provoque la démission du ministre de la santé

La démission du ministre de la santé a été confirmé par l’intéressé après le vote de la loi immigration. Ce n’est pas le seul responsable qui a mis en balance sa démission en tout cas sa distance avec le gouvernement. En clair, une crise politique s’installe au sein même de la majorité et même du gouvernement. D’une certaine manière, c’est aussi la fin du macronisme, philosophie fumeuse et confuse d’un président immature, contradictoire et surtout inefficace. La crise politique est telle qu’on a maintenant du mal à distinguer ce qui est majorité et opposition. En clair va se poser dans les semaines à venir la question de la dissolution de l’assemblée où le président n’a jamais disposé de majorité et qui est maintenant même contredit dans son propre camp.

Une heure après l’annonce du vote par l’Assemblée nationale du projet de loi immigration ce mardi 19 décembre en fin de soirée, le ministre de la Santé Aurélien Rousseau, a présenté sa démission. Une lettre a été envoyée à la Première ministre Elisabeth Borne, a appris l’AFP, confirmant une information de du Figaro.

Elisabeth Borne n’a pas encore indiqué si elle accepte ou non la démission d’Aurélien Rousseau. Elle doit s’exprimer ce mercredi matin sur France Inter.

Opposé au durcissement du texte
Son ancien directeur de cabinet, en poste depuis l’été dernier au ministère de la Santé, avait fait savoir son opposition à la version du texte considérablement durcie par la droite et finalement adoptée mardi soir au Parlement.

Le projet de loi comporte en effet plusieurs mesures qui vont changer profondément l’accès à la nationalité française ou aux allocations familiales. Certaines d’entre elles sont même « clairement contre la Constitution », a reconnu au Sénat le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.

Par la voix d’Elisabeth Borne, l’exécutif s’est aussi engagé auprès de la droite d’organiser début 2024 un débat sur l’Aide médicale d’État. En novembre, le gouvernement ne s’était pas opposé à la fin de l’AME, au grand agacement d’Aurélien Rousseau. Il avait dénoncé « une faute » et une « profonde erreur » sur TMC.

Loi immigration: La victoire pour qui ?

Loi immigration: La victoire pour qui ?

Dans les jours et les semaines à venir on va longtempss’ interroger pour savoir qui sort vainqueur du vote de la loi immigration. On pourra épiloguer pendant longtemps. En effet, il faut rappeler que les Français à 70 à 80 % souhaitaient un durcissement des conditions de l’immigration sans doute pour favoriser une intégration plus homogène vis-à-vis des valeurs et de la société. Curieusement hormis la gauche de plus en plus hors-sol y compris sur des questions sociétales, tous les partis revendiquent la victoire.

Il y a évidemment d’abord le gouvernement avec Darmanin qui ne cesse de crier d’autant plus fort que les chiffres ne lui donnent pas raison. Contrairement à ce qu’il affirme, la loi n’aurait pas pu être voté sans les voix du « front national ». 25 % des députés de la majorité n’ont pas voté le texte du gouvernement et de la commission mixte paritaire du Parlement. Plusieurs ministres ont d’ailleurs parlé de démissionner. De nombreux responsables ont critiqué cette loi considérant qu’elle était surtout inspirée par la droite. La victoire est aussi revendiquée par les « républicains » qui ont réussi à imposer une grande partie du texte déjà voté par le Sénat.

L’objectif des républicains était de montrer leur différence avec le pouvoir. Il n’est pas certain qu’ils aient vraiment réussi car dans les faits ils se sont alliés avec le parti de Macron et si le texte est effectivement durci on aura du mal à distinguer l’origine du durcissement entre l’influence de la majorité, des « républicains » et du Front National. Le Front National qui lui aussi réclame une victoire idéologique en affirmant que les principes et la démarche s’inspire largement du programme du parti de Marine Le Pen, ce qui fondamentalement n’est pas complètement faux.

Reste que cette loi et ses dispositions sont encore très loin des propositions du front national et que c’est autant par tactique par conviction que le Front National a acceptée de joindre ses voix à celle de la majorité. Finalement on compte donc que trois vainqueurs qui revendiquent le résultat de la loi immigration. Il n’est pas certain que les Français fassent les subtiles distinctions entre le poids des un et des autres.

Il n’est pas certain non plus que les vainqueurs d’aujourd’hui ne soient pas les perdants de demain en effet si ce nouveau texte ( le 20e !) Ne donne pas rapidement des résultats ceux qui ont voté pour auront des comptes à rendre à l’opinion quant à la sincérité et à l’efficacité des orientations qu’ils ont soutenues

Immigration : les voix du Front National en cause

Immigration : les voix du Front National en cause

La loi immigration qui vient d’être votée par l’Assemblée nationale se caractérisera par la confusion de son contenu, de sa démarche y compris jusqu’au vote final finalement le ministre de l’intérieur affirme d’un côté que l’adoption n’avait pas besoin des voix du Front National alors que le Front National déclare l’inverse. Bref de la cuisine interne mais qui démontre à l’évidence un grand chamboulement non seulement du positionnement politique mais aussi idéologique des un et des autres. La vérité sans doute c’est que si le « rassemblement national » avait voté contre, , le texte de l’exécutif n’aurait pas été adopté.

En effet soixantaine de voix macronistes qui ont manqué . Et ce sont bien des voix du Front National qui ont permis aux textes de passer sinon la majorité n’aurait pas été atteinte.

Pour se dédouaner le ministre de l’intérieur s’est noyé dans des comptes d’apothicaire en considérant que la majorité aurait été différente si le Front National s’était abstenu et dans ce cas, la majorité n’avait pas eu besoin des voix du Front National.

Mais sans les 88 voix du Rassemblement national – dont le groupe a entièrement voté pour -, le texte n’aurait obtenu que 261 voix alors qu’il en fallait 268 pour adopter le texte.

Immigration: vote dans la confusion

Immigration: vote dans la confusion

Certes la loi immigration été votée mais dans la confusion la plus totale. Bien sûr la loi a été contestée par les partis de la gauche qui se croient détenteurs des valeurs morales alors que leurs propres soutiens approuvent le durcissement des conditions de l’immigration y compris chez les « insoumis ». Le fait nouveau, c’est que le Front National cette fois approuve un texte relativement modéré par rapport à son propre programme, que les Républicains sont contraints de rejoindre la majorité pour ne pas se contredire et qu’une partie des macronistes de l’ordre de 25 % ont refusé de voter le texte. Bref une sorte de tsunami en politique interne qui renvoie en quelque sorte à une situation proche de celle qu’on a connue sous la IVe République avec des alliances de circonstance y compris contre nature.

Dans le groupe Renaissance, 20 élus ont voté contre (dont Sacha Houlié, l’ex-chef de file des députés Marcheurs Gilles Le Gendre, et les anciens ministres Stéphane Travert et Nadia Hai), 17 se sont abstenus et deux n’ont pas pris part au vote.

Dans les rangs du Mouvement démocrate (MoDem), cinq députés ont voté contre (dont la secrétaire générale du parti, Maud Gatel), 15 se sont abstenus (dont le chef du groupe, Jean-Paul Mattei, et Jean-Louis Bourlanges) et un seul n’a pas pris part au vote.

Chez Horizons, seuls deux élus ont voté contre (Yannick Favennec-Bécot et Jean-Charles Larsonneur).

Loi immigration : une crise prévisible

Loi immigration : une crise prévisible


La motion de rejet adoptée le lundi 11 décembre a – de manière retentissante – mis fin à l’examen de la loi immigration à l’Assemblée nationale avant même l’ouverture des débats. Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, principal défenseur du projet, aurait présenté dans la soirée sa démission au président de la République qui l’aurait refusé. Emmanuel Macron a choisi de recourir à la commission mixte paritaire (CMP), c’est-à-dire la procédure de réconciliation entre les deux chambres. La situation était en effet inextricable. Une dissolution aurait risqué d’affaiblir davantage le groupe des parlementaires soutenant le chef d’État et même de décimer ses alliés potentiels, Les Républicains. Quant au recours au 49.3, il aurait été un exercice extrêmement périlleux, quelques jours après que les oppositions aient réussi pour la première fois à dépasser leurs différences pour mettre en échec le gouvernement. Et rien ne garantit, à ce stade, qu’elles ne réussissent pas à nouveau ou que la CMP aboutisse. Si la crise était prévisible, elle renvoie à un problème plus fondamental.


par Emiliano Grossman
Professeur en Science politique, Sciences Po dans The conversation

Cette crise se profilait à l’horizon. En mars dernier, la motion de censure déposée contre la réforme des retraites par le groupe de députés indépendant LIOT avait fait office de répétition générale. Pour rappel, celle-ci avait échoué à neuf voix près. Le gouvernement ne semble pas en avoir tiré d’enseignement. Depuis, le 49.3 a été réutilisé à l’occasion de la loi de programmation des finances publiques et de la loi des finances pour 2024.

À chaque fois, le gouvernement a pointé du doigt la responsabilité de l’opposition. La Première ministre Élisabeth Borne totalise désormais 20 recours au 49.3 en 18 mois. Une fréquence d’utilisation loin devant celle de Michel Rocard, qui détient pourtant toujours le « record » d’utilisations de 49.3 par un gouvernement (28 sur 34 mois). Et si le gouvernement Rocard avait fait face à 5 motions de censure, le gouvernement Borne, lui, en est déjà à 26 motions déposées contre son administration.

Le graphe montre le nombre de recours au 49.3, le nombre de textes concernés par cette procédure et le nombre de motions de censure déposées à l’encontre de chaque gouvernement.

On a reproché au ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin d’avoir promu des projets de loi différents au Sénat et à l’Assemblée : une version plus dure au Sénat, une version édulcorée à l’Assemblée. Cette technique est bien connue parmi les chercheurs en communication politique : il s’agit d’adapter son discours en réponse à la « fragmentation des publics ». Cette technique consiste à adresser des messages différents, voire contradictoires à des publics différents, afin de répondre à des attentes divergentes.

Si la stratégie peut fonctionner sur les réseaux sociaux, elle a moins de chances de réussir dans les deux chambres du Parlement. Il s’agit d’un écosystème très particulier de gens extrêmement bien informés et connectés. Ils se parlent et échangent. Tenir des discours différents dans ce contexte s’avère politiquement coûteux, comme l’illustre le succès de la motion de rejet.

Une stratégie de gouvernement majoritaire… mais sans majorité
En fin de compte, ce fiasco témoigne du manque de considération continu pour le Parlement. En attestent l’usage régulier du 49.3 et la tendance à communiquer dans les médias avant de consulter les députés, y compris ceux qui soutiennent le gouvernement.

Dans les régimes habitués à l’absence d’une majorité claire, comme l’Allemagne, les Pays-Bas ou le Danemark, les gouvernements ont l’habitude d’établir un dialogue constant entre tous les partis. Ils engagent un effort permanent pour créer du consensus. C’est un travail de tous les jours : il implique des rencontres régulières entre leaders, voire des groupes de travail entre les différentes formations. Cela implique aussi que les « chefs » (ou le chef) se mettent en retrait. Ils évitent de polariser le débat ou de prendre de court leurs partenaires potentiels avec des déclarations aux médias.

À l’inverse, le gouvernement français a dénoncé la stratégie d’obstruction des autres partis, sans faire le moindre effort dans la direction d’une méthode plus coopérative. Pour le dire autrement, le gouvernement continue à fonctionner dans le cadre du logiciel majoritaire, alors qu’il n’a pas de majorité à l’assemblée. Le ministre de l’Intérieur affirme que la « majorité des Français » serait en faveur du projet de loi sur immigration.

Cela revient à exprimer l’incapacité des autres forces politiques à interpréter les préférences de leur(s) électorat(s). L’espoir, on l’imagine, derrière ce type de discours est d’affaiblir la légitimité des opposants aux yeux de l’opinion publique et des médias. Il est peu probable, pourtant, que ce type de discours infléchisse l’attitude des principaux rivaux politiques et rien n’indique qu’elle l’ait fait par le passé. On peut même se demander si ce type de discours ne risque pas de produire l’effet opposé.

L’exécutif communique régulièrement que seuls les partis du gouvernement sont légitimes, tout en accusant les autres formations de “cynisme” et d’ »incohérence » – comme l’aurait fait le chef de l’État mardi matin en Conseil des ministres. Dans les deux chambres, tous les représentants ont pourtant été élus et ont des comptes à rendre à leurs électeurs. Cette stratégie s’avère donc contre-productive et semble même aliéner des alliés potentiels.

Ainsi, l’adoption de la motion de rejet n’augure rien de bon pour le gouvernement Borne. À court terme, il est probable que le gouvernement parvienne à un accord avec Les Républicains, sans doute sur une loi aux mesures durcies. Mais, au-delà de ce texte, une digue est tombée. Si l’opposition à l’exécutif d’Emmanuel Macron a pu s’organiser une fois, elle a des fortes chances d’y arriver à nouveau.

Les Républicains risquent de devenir de plus en plus « pivotaux » dans l’adoption des lois. Cela leur octroierait un rôle disproportionné au vu de leurs poids électoral ou à l’Assemblée.

Emmanuel Macron et le gouvernement sont peu susceptibles de réaliser la mise à jour de logiciel qu’ils ont refusé de faire au cours des 18 derniers mois. Pourtant, la fragmentation partisane ne risque pas de disparaître. La classe politique ferait bien de s’y habituer. C’est le principal héritage de l’éclatement du système partisan en 2017, avec l’échec des deux forces politiques qui avaient jusque-là dominé l’histoire de la Ve République, la droite gaulliste et le Parti socialiste. L’élection de 2027, quel que soit le résultat, a peu de chances de nous ramener au monde plus simple et majoritaire d’avant.

Projet de loi immigration : le bricolage

Projet de loi immigration : le bricolage

Le bricolage du projet de loi devait être bouclé lundi mais faute d’accord il va continuer mardi. De toute manière, un texte largement vidé de son contenu. On ne parle pas de l’immigration régulière. pas davantage de l’immigration d’étudiants pas ee l’immigration pour rapprochement familial et encore moins de l’exemption totale aux immigrés de l’Algérie. Pourtant globalement les Français approuvent une régulation d’un phénomène qui n’est plus maîtrisé. Ils risque d’être déçus quand ils auront prient connaissance de cet ersatz de loi et de ses renoncements.

La Situation est délicate pour Macron après la claque politique reçue suite au rejet de la proposition de loi du gouvernement par l’Assemblée nationale. D’une certaine manière, il s’agit de mettre en contradiction les républicains du Sénat avec les républicains de l’Assemblée nationale. Le chef de l’État et le gouvernement ont donc choisi de prendre le texte adopté par le Sénat comme base de départ puisqu’il avait évidemment le soutien des sénateurs républicains. Dans le cadre d’une commission mixte paritaire qui réunit sénateurs et députés, on va donc partir du texte en position délicate si les députés décident de voter contre le texte de leurs collègues du Sénat.

La manœuvre est délicate mais peut réussir. En effet l’opposition des républicains à l’Assemblée nationale s’explique surtout pour des motifs politiciens. Sur le fond, il n’y a guère de divergences avec le gouvernement. Mais les républicains veulent trouver une occasion d’importance comme celle du débat sur l’immigration pour bien montrer leurs différences avec la majorité de Macron et préserver ainsi leurs chances pour les prochaines élections à commencer par les européennes. Tout cela relève d’un calcul politique subtil que l’opinion n’est pas forcément en mesure d’apprécier.

Pour emporter l’adhésion maintenant de tous les républicains, le gouvernement sera bien contraint de durcir encore son texte d’autant que cela est souhaité par l’opinion.

Le président de la république voudrait que l’affaire soit bouclée pour la fin de l’année mais les délais paraissent assez difficiles à tenir est la question risquent d’enjamber les fêtes de fin d’année. Et de toute manière avec les décrets d’application la loi ne sera pas appliquée avant des années.

Loi immigration : un piège pour Macron

Loi immigration : un piège pour Macron

Quoiqu’il advienne du projet de loi sur l’immigration à l’issue de la CMP qui se réunira ce lundi, restera l’image de cet étrange rigodon dansé par les oppositions réunies à l’Assemblée nationale, ce 11 décembre 2023. Pour la seconde fois de son deuxième mandat, Emmanuel Macron échoue à constituer cette majorité de projets qu’il appelait de ses vœux au soir des élections législatives de 2022. Ce disant, il se limitait alors à traduire en termes opérationnels le vote des Français qui, en ne lui accordant qu’une majorité relative, mandataient sans ambiguïté les différents partis pour travailler ensemble à des compromis dans l’intérêt général.

Claude Patriat
Professeur émérite de Science politique Université de Bourgogne, Université de Bourgogne – UBFC
dans The Conversation

D’où ce résultat en forme de scrutin proportionnel, bien qu’acquis au scrutin majoritaire. Visiblement, seul le camp présidentiel semble avoir entendu le message : les oppositions rejetant systématiquement la main tendue par la majorité présidentielle quand il s’agit d’un texte à forte résonance politique. Ce déni de compromis, à rebours du message électoral, fait que le Parlement marche désormais à l’amble rompu.

Les choses qui se répètent ne plaisent donc pas toujours. La réforme des retraites, portée par Elisabeth Borne s’était échouée contre le récif des boucliers du refus, bien qu’allégée par rapport à la précédente tentative. L’article 49.3 était alors venu pallier l’incapacité d’obtenir une majorité plurielle. Scénario réitéré, mais en plus grave pour le projet de loi immigration, à la suite d’une manière d’opéra-bouffe qui se termine dans un véritable guet-apens par un grave échec du gouvernement.

Pourtant, si une question se prêtait pleinement à un « en même temps », c’était bien celle de l’immigration sur laquelle droite et gauche s’usent les dents depuis plus de trente ans sans parvenir à une solution durable à laquelle pourtant aspirent près de 70 % des Français : la gauche par irréalisme, la droite par obsession sécuritaire. La tentative du gouvernement d’équilibrer humanité et sécurité a fait long feu pour l’heure, étouffée dans une véritable partie de poker menteur.

Voici la droite sénatoriale qui adopte un texte fortement durci, le rendant inacceptable par la gauche, mais aussi par une partie de la majorité présidentielle. Voilà la commission des lois de l’Assemblée nationale qui rééquilibre l’ensemble à une très confortable majorité. Voici le Rassemblement national qui laisse croire à sa volonté de débattre du texte. Voilà LR qui se lance, un peu pour la forme, dans une motion de rejet… quitte à ne pas défendre le texte sénatorial.

Enfin la majorité présidentielle semble sous-estimer le danger et laisse s’absenter certains de ses membres. Et pour la première fois depuis 25 ans (c’était en octobre 1998 à propos du PACS), à la surprise générale après une semaine de dupes, la motion de rejet est adoptée, le RN ayant abattu ses cartes au dernier moment pour profiter de l’occasion de tailler une croupière au président tout en s’abritant sous le parapluie des autres opposants. Pour être hasardeux, le coup n’en est pas moins rude : en fermant la porte préalablement à toute discussion, on franchit un cran dans le refus de communication entre les minorités coalisées et la majorité présidentielle. Pas de débat, mais l’exigence d’un parti, LR, que sa seule position soit reconnue par les autres.

Le vote de lundi ferme donc sans doute définitivement la porte à une culture du compromis avec un Parlement où les vieux appareils politiques sont d’abord préoccupés par la manière de revenir sur le devant de la scène en réduisant le moment Macron à une parenthèse sans lendemain.

Qui perd à ce jeu partisan ? Gérald Darmanin, bien sûr, qui, après avoir goulûment endossé le rôle de Don Quichotte, s’est vu sèchement remis en place par ses anciens amis qu’il s’était pourtant fait fort de convaincre.

Le gouvernement également, qui, une nouvelle fois voit son action réformatrice entravée. Surtout, Emmanuel Macron, dont l’autorité politique ressort affaiblie par cette paralysie réformatrice alors qu’il lui reste trois ans et demi de mandat à accomplir.

Qui gagne, en revanche ? LR et la Nupes, semble-t-il, puisqu’ils ont obtenu le rejet du texte. Victoire à la Pyrrhus cependant : une fois de plus, ces deux forces ont fait la démonstration qu’elles ne constituaient pas une majorité alternative, et qu’elles ne parvenaient à s’imposer qu’avec le puissant renfort du RN.

Et pour LR, le constat d’un comportement étrangement pusillanime qui les amène à renoncer à un texte incorporant pourtant nombre de leurs revendications depuis 15 ans. Seul gagnant sans ombre au tableau : le RN, dont la position sur l’immigration est suffisamment connue pour ne pas être rappelée, et qui, placé en embuscade derrière LR et la Nupes, peut avoir le triomphe modeste. Et plus que jamais constituer selon l’heureuse expression de Luc Rouban, le « trou noir » de notre galaxie politique.

Qu’Emmanuel Macron pense avoir tout intérêt à limiter les choses à un accident de parcours en même temps qu’il affirme vouloir poursuivre la procédure législative, on peut le comprendre. Il a donc écarté tout recours à la dissolution et toute utilisation de 49.3, tout en invitant le gouvernement à mettre en œuvre la commission mixte paritaire : composée de 7 sénateurs et de 7 députés, la CMP est majoritairement du côté des oppositions. On pousse les feux et la CMP se réunira dès lundi prochain. La Première ministre, qui pris la main sur les discussions, a d’ores et déjà réuni les responsables de LR et laissé entendre que la piste d’accord pourrait se dessiner.

Et ensuite ? Soit on parvient à un texte de compromis, qui risquerait dans ce contexte de droitiser encore le projet initial, quitte à heurter une partie de la majorité présidentielle. Ce texte serait ensuite soumis au vote des deux chambres. Soit la CMP ne parvient pas à concilier les points de vue, et les choses en restent là. A charge pour la majorité présidentielle de dénoncer devant l’opinion le blocage entretenu par une opposition autiste.

Quoiqu’il en soit, il s’agira plus d’une sortie de secours que d’une sortie de crise. Si elle répond éventuellement à court terme à la question d’un projet de loi particulier, elle ne saurait suffire à corriger l’onde de choc produite par le 11 décembre.

Au-delà des personnes et des acteurs politiques, ce sont les institutions mêmes qui sortent affaiblies de cette tempête sous le crâne parlementaire.

Ce n’est plus seulement la légitimité présidentielle qui se voit mise en question : n’est-ce pas l’image même du fonctionnement et du rôle du Parlement qui est affectée ? N’est-ce pas l’essence du régime parlementaire reposant sur la collaboration des pouvoirs qui se voit compromise ?

Notre système politique a besoin d’un choc pour sortir de la torpeur entretenue où il baigne. En ce sens, Emmanuel Macron n’aurait-il pas eu tort d’écarter la possibilité d’une dissolution ? De toute manière, il devra y recourir tôt ou tard, la démonstration étant faite qu’il se verra empêché d’avancer sur le terrain des réformes dans les 42 mois qui lui restent à accomplir. Le blocage qu’on lui impose ne serait-il pas le moment opportun, puisqu’il permet d’éclairer le refus systématique des partis de jouer le jeu d’une concertation constructive dans l’intérêt général ?

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