La ville principale source d’émission des GES reste à imaginer
La ville la principale source d’émissions de gaz à effet de serre impactant le climat, rappelle, dans une tribune au « Monde », l’architecte urbaniste Albert Lévy pour qui « l’éco-urbanisme à construire devra faire avec et non contre la nature ».
C ette urbanisation galopante, conséquence et condition de la croissance, renforcée par la mondialisation, est devenue, aujourd’hui, insoutenable. Le seuil des 50 % de la population mondiale urbanisée a été atteint en 2007, 60 % aujourd’hui, de 75 % à 80 % en 2050 : avec huit milliards d’urbains dans trente ans, l’urbanisation devra logiquement doubler pour accueillir cette population nouvelle.
La ville principale source d’émission des GES
En France, l’artificialisation des sols avale, tous les sept ans, la surface d’un département, 60 000 hectares environ disparaissent chaque année. Si rien n’est fait contre cet étalement urbain, favorisé par les énergies fossiles, on prévoit la disparition de 2,5 millions d’hectares de terres agricoles en 2060.
Artificialisation des sols signifie destruction écologique irréversible des terres. Le réchauffement climatique et ses conséquences catastrophiques réclament une action à la hauteur des périls, un big bang urbanistique : refonte totale de l’urbanisme pratiqué, révision du mode d’occupation du territoire, rapports nouveaux avec l’environnement et une véritable politique de transition énergétique et urbaine.
Par sa forme, son organisation, son fonctionnement, la ville actuelle, qui consomme, pour ses besoins, plus de 75 % des énergies fossiles, est la principale source d’émission de gaz à effet de serre (GES) (80 %), impactant le climat. Le dernier rapport 2021 du Haut Conseil pour le climat avait pour titre « Renforcer l’atténuation, engager l’adaptation ».
Atténuation, par une politique à long terme, de réduction des émissions de GES dans tous les secteurs urbains et de transition vers les énergies renouvelables, à développer par des investissements massifs, pour aller vers une décarbonation de l’économie en 2050. Les contours de la future ville postcarbone qui en découlera, sa forme, son fonctionnement (sur les énergies vertes), son organisation territoriale, restent à imaginer (voir les travaux d’Alberto Magnaghi sur la biorégion urbaine, 2014).