Bettencourt : acte III
Il n’ aura sans doute pas d’affaire Prévost Deprez s’il n’y avait pas eu avant une affaire Courroye. Deux juges en complète opposition concernant la gestion du dossier Bettencourt. Le juge Courroye ami de Sarkozy qui avait mis des bâtons dans les roues pour l’affaire Bettencourt. Si la juge Prévost Deprez a donné des informations à la presse ( ce pourquoi elle est accusée) c’est qu’elle craignait que le dossier Bettencourt soit enterré compte tenu des liens entre la justice et le pouvoir. Concernant cette faire Bettencourt le juge a longtemps refusé d’ouvrir d’ouvrir une information judiciaire, malgré les demandes de plusieurs membres de l’opposition et de magistrats. Philippe Courroye répond : « Les critiques m’indiffèrent et j’y suis habitué. Je n’ai pas à me justifier ni à me défendre[». Finalement, le tribunal de Nanterre est dessaisi de tous les volets de l’affaire Bettencourt au profit du tribunal de Bordeaux. Contesté pour sa gestion de l’affaire Bettencourt, mis en cause par des journalistes du Monde pour avoir tenté de découvrir leurs sources et en conflit ouvert avec des magistrats du tribunal de grande instance (TGI) de Nanterre, il est muté « dans l’intérêt du service » le 3 août 2012, avocat général à la cour d’appel de Paris, après l’avis favorable donné par le Conseil supérieur de la magistrature.. Sa situation de premier plan, son passage du siège au parquet directement comme Procureur de Nanterre, malgré l’avis défavorable du Conseil supérieur de la magistrature et le type d’affaires qu’il a eu à traiter l’ont exposé à plusieurs polémiques. Le nombre de polémiques dont il est l’objet depuis sa nomination au parquet de Nanterre, tient peut-être au fait que depuis ce moment, il est en conflit quasi-ouvert avec d’autres magistrats. En 2010, Marianne écrivait, « Courroye est l’incarnation de la porosité entre le parquet et le pouvoir]. » La même année, Libération écrit qu’il est « très compréhensif avec le pouvoir ». Il est reproché à Isabelle Prévost-Desprez d’avoir fourni à des journalistes du journal Le Monde des informations qui n’auraient pas dû sortir de son bureau, à avoir des extraits d’auditions de deux témoins, Claire Thibaut, l’ancienne comptable de la milliardaire et l’ex-femme de chambre Dominique Gaspard. Et surtout d’avoir averti ces mêmes journalistes qu’une perquisition avait lieu au domicile de Liliane Bettencourt. Information relayée le jour même, le 1er septembre 2010, par le quotidien. Georges Kiejman, l’avocat de la milliardaire, dépose plainte dans la foulée pour violation du secret professionnel. Il s’est d’ailleurs fait un malin plaisir de rappeler les liens d’amitié entre la juge et l’un des journalistes du Monde avec qui la magistrate avait écrit un livre intitulé Une juge à abattre, ce qui ne manque de sel compte tenu de la suite des événements. Aujourd’hui, Isabelle Prévost-Desprez, qui devait juger François-Marie Banier à Nanterre, comparaît en effet à Bordeaux devant le même tribunal qui a condamné le photographe à deux ans et demi de prison. Version judiciaire de l’arroseur arrosé. La magistrate risque en principe un an de prison et 15.000 euros d’amende.