Macron : « surtout un manque d’humanisme » (Annie Ernaux)
Annie Ernaux, cette écrivaine de gauche admiratrice de Simone de Beauvoir et de Simone Veil. Annie Ernaux a souvent établit dans son œuvre le lien entre littérature et politique. Elle a voté Mélenchon et dans le JDD reproche surtout à Macron son manque d’humanisme et son autoritarisme. Un jugement de femme d’extrême gauche mais qui n’est pas dénué de fondement quant au manque de compassion et d’humanité de Macron.
La lutte a-t-elle toujours fait partie de votre vie?
La lutte, c’est la vie. Je l’ai appris tôt. Tout est question d’éducation. J’ai été choquée du nombre d’enfants présents dans les manifestations contre le mariage pour tous. Il faut se souvenir que c’est une enfant de 12 ans qui a brandi une banane à Christiane Taubira. La lutte contre le racisme et l’antisémitisme passe aussi par l’éducation.
Comment vous sentez-vous dans la France d’Emmanuel Macron?
J’ai voté Jean-Luc Mélenchon et je ne le regrette pas. J’adhère à son programme et notamment à l’instauration d’une VIe République, à laquelle je tiens. Je suis vent debout dans la France macronienne. J’étais dans l’attentisme, mais le tournant néolibéral, très ferme, me révolte. On le voit avec la réforme de la SNCF. Je soutiens les grévistes car, malgré toutes les dénégations, on s’achemine vers une privatisation. La « concurrence » est devenue le mot royal. Tout doit être ouvert à la concurrence mais non, tout ne doit pas être ouvert à la concurrence! La politique macronienne est marquée par un manque d’humanisme doublé de beaucoup d’autoritarisme. On met en avant la culture d’Emmanuel Macron mais, à la lecture de l’entretien donnée à la NRF, j’ai un sérieux doute. N’a-t-il donc rien lu depuis Colette et Giono? N’y a-t-il donc pas d’écrivains à l’étranger? Emmanuel Macron est un habile communicant. François Mitterrand et Jacques Chirac étaient réellement cultivés, sans communiquer dessus. Il y a chez Emmanuel Macron, dans l’homme et la politique, une grande dureté.