«Titre honorifique» de chef des armées »: Le chaos commence
En déclarant de façon abrupte et sans nuance que le président aurait seulement un rôle honorifique- en quelque sorte comme la reine d’Angleterre- Marine Le Pen finalement a entamé sans doute le processus de chaos qui risque de s’installer en France.
En déclarant que le chef de l’État, chef des armées ne répond qu’un titre honorifique, Marine Le Pen s’assoit sur la constitution. Le débat d’ailleurs entre Bardella et Attal a mis en lumière les contradictions concernant l’interprétation de la constitution. Pour bardella, un peu gêné semble-t-il par la déclaration de Le Pen, il a toutefois justifié la position du RN en indiquant : » la constitution, toute la constitution, rien que la constitution ».
Or précisément cette constitution prévoit par ailleurs que c’est bien le président qui est le chef des armées. Ce qu’a rappelé d’ailleurs Gabriel Attal lors du débat d’hier.
Cette déclaration de Marine Le Pen est assez significative du rapport du RN au droit, aux institutions voire à la démocratie. Il y aura bien d’autres accrocs de ce type. Certes politiquement Macron mérite la terrible défaite qu’il va encore enregistrer aux législatives à la fois pour le contenu d’une grande partie de sa politique mais surtout pour sa personnalité que les Français ne peuvent plus supporter.
Mais à propos de cette affaire de « titre honorifique du chef des armées », c’est la démocratie qui pourrait bien être en question. On aura d’ailleurs l’occasion de le vérifier aux inévitables confrontations entre le premier ministre avec le président mais aussi avec les autres institutions qui font le droit en France.
C’est la phrase qui a défrayé la chronique ce jeudi. À trois jours du premier tour des élections législatives anticipées, l’ancienne candidate à la présidentielle Marine Le Pen a allumé une polémique en affirmant, dans une interview au Télégramme, que le titre de «chef des armées» du président de la République était «honorifique (…) puisque c’est le premier ministre qui tient les cordons de la bourse». Traduction : en cas de cohabitation, «(Emmanuel Macron) ne pourra pas envoyer de troupes» en Ukraine – ce que le locataire de l’Élysée n’a jamais écarté définitivement. De quoi faire bondir les ténors de la majorité… et s’inviter lors du dernier débat d’avant premier tour sur France 2.
Alors Gabriel Attal pourrait quitter ses fonctions dans quelques jours en cas de défaite du camp présidentiel, il a évoqué de lui-même le sujet. D’après lui, c’est un «tournant assez grave dans cette campagne.» Ciblant directement l’ancienne chef de file des députés RN, il a considéré qu’elle ne «respectait pas notre Constitution.» «On peut dire beaucoup de choses sur nos institutions. Mais s’il y a une chose qui fonctionne, c’est la chaîne de commandement, a martelé l’hôte de Matignon. Le message qui est envoyé à tous les pays du monde, c’est que la France n’hésite jamais à défendre ses intérêts. Quand ils sont remis en cause, il n’y a pas de turbulences au sommet de l’État». Si, au contraire, le RN était au pouvoir, il y aurait «une forme de dispute entre le président et le premier ministre pour savoir qui a le rôle de chef des armées», a-t-il persiflé.
Piqué au vif, Jordan Bardella a répliqué en scandant : «La Constitution, toute la Constitution, rien que la Constitution.» Puis de citer les articles 20 et 21 du texte de 1958 qui donnent des prérogatives au chef du gouvernement. Avant de reprendre en détail les arguments de Marine Le Pen : «C’est le premier ministre qui décide du budget de fonctionnement des armées». Une tirade rapidement coupée par son interlocuteur. «Derrière le “titre honorifique”, il y a l’idée que le président de la République ne serait plus en situation de prendre des décisions en tant que chef des armées», a taclé Gabriel Attal.