Archive pour le Tag 'histoire'

Macron: Histoire d »O » indécente ou gestion de l’eau ?

Macron: Histoire d »O » indécente ou gestion de l’eau ?


La question de l’eau est certes fondamentale comme celle du climat; pour autant, le moment choisi par le président de la république pour en parler correspond à une manipulation évidente de l’agenda politique afin de faire oublier l’opposition massive des Français à la réforme des retraites.

En quelque sorte une sorte de divertissement indécent en forme d’histoires d »O ». Notons d’abord que le plan est particulièrement flou tout simplement parce qu’il est bâti à la hâte sans réflexion scientifique et sans consultation des acteurs. Notons aussi qu’inévitablement le président de la république parle de mettre en place partout une tarification de l’eau comme si la tarification n’existait pas déjà ! Bref une nouvelle régulation par l’argent.

Paradoxalement, le pouvoir continu d’autoriser des bassines artificielles qui vident des nappes phréatiques et qui contrairement aux affirmations du pouvoir sont une véritable catastrophe écologique en cas de période sèche comme en ce moment.

La confirmation sans doute que ce gouvernement est complètement hors sujet aussi bien sur le calendrier que sur l’analyse et les propositions. La question de l’eau mériterait évidemment une réflexion autrement plus approfondie notamment dans son rapport à l’agriculture qui utilise 60 % des ressources.Mais au même moment le ministre de l’agriculture déclare qu’il n’y aura pas d’effort supplémentaire à faire dans l’agriculture !

Or Macon en reste à des considérations d’une banalité déconcertante:

«Est-ce que les filières d’aujourd’hui sont encore adaptées au climat de demain ? Nous devons nous poser cette question», a encore interpellé Emmanuel Macron. Le chef de l’État constate l’évidence de développer pour certains territoires «d’autres schémas de culture». «Il va falloir réinventer des modèles agricoles dans notre République».

Macron Histoire d’O »: la diversion indécente

Macron Histoire d’O »: la diversion indécente


La question de l’eau est certes fondamentale comme celle du climat; pour autant; le moment choisi par le président de la république pour en parler correspond à une manipulation évidente de l’agenda politique afin de faire oublier l’opposition massive des Français à la réforme des retraites.

En quelque sorte une sorte de divertissement indécent en forme d’histoires d »O ». Notons d’abord que le plan est particulièrement flou tout simplement parce qu’il est bâti à la hâte sans réflexion scientifique et sans consultation des acteurs. Notons aussi qu’inévitablement le président de la république parle de mettre en place partout une tarification de l’eau comme si la tarification n’existait pas déjà ! Bref une nouvelle régulation par l’argent.

Paradoxalemen, le pouvoir continu d’autoriser des bassines artificielles qui vident des nappes phréatiques et qui contrairement aux affirmations du pouvoir sont une véritable catastrophe écologique en cas de période sèche commence moment.

La confirmation sans doute que ce gouvernement est complètement hors sujet aussi bien sur le calendrier que sur l’analyse et les propositions. La question de l’eau mériterait évidemment une réflexion autrement plus approfondie notamment dans son rapport à l’agriculture qui utilise 80 90 % des ressources.

Or Macon en reste à des considérations d’une banalité déconcertante:

«Est-ce que les filières d’aujourd’hui sont encore adaptées au climat de demain ? Nous devons nous poser cette question», a encore interpellé Emmanuel Macron. Le chef de l’État constate l’évidence de développer pour certains territoires «d’autres schémas de culture». «Il va falloir réinventer des modèles agricoles dans notre République».

Article 49.3 : une histoire qui se répète

Article 49.3 : une histoire qui se répète

par
Mathias Bernard
Historien, Université Clermont Auvergne (UCA)dans the conversation

Le projet de réforme des retraites, porté par le gouvernement d’Elisabeth Borne, donne lieu à un bras de fer entre le pouvoir et la rue qui, depuis le milieu du mois de janvier 2023, se manifeste par un recours à des formes classiques de mobilisation (grèves, manifestations), canalisées par un front intersyndical unanime. Il s’est doublé d’un affrontement politique entre la majorité et ses oppositions, exacerbé par l’annonce du recours à l’article 49.3 pour faire adopter une loi contestée aussi bien par la rue que par une majorité croissante de Français. Dans l’histoire de la Ve République, ce n’est toutefois pas la première fois qu’un gouvernement, isolé face à la montée de contestations sociales et politiques, doit engager une telle épreuve de force qui, dans un contexte incertain, comporte une réelle prise de risque. De fait, quelle que soit la nature de leur majorité, les gouvernements qui se sont succédé depuis 20 ans ont quasi toujours recouru à l’article 49.3 pour faire passer des projets modifiant en profondeur le système social ou la réglementation du travail – quitte à reculer ensuite sous la pression de la rue.

Référent quasi inévitable de tous les mouvements de contestation sociale depuis cinquante ans, la crise de mai 68 ne s’est pas déroulée simplement dans les amphithéâtres et dans la rue. Elle a aussi réveillé les oppositions politiques à un gaullisme qui, usé par dix années de pouvoir, ne disposait alors que d’une majorité fragile, aussi bien dans l’opinion publique qu’à l’Assemblée nationale : le 24 avril 1968, il a manqué simplement huit voix pour qu’une motion de censure, portant sur la situation de l’audiovisuel public, soit adoptée.

En plein cœur du mouvement, alors même que l’exécutif semble partagé sur la réponse qu’il doit apporter aux revendications des étudiants comme des salariés, l’opposition dépose une nouvelle motion de censure, qui est discutée les 21 et 22 mai, dans un climat d’extrême tension. François Mitterrand, alors leader de la gauche non communiste, évoque alors une crise de régime qui décrédibilise le « système » au pouvoir et rend nécessaire une « alternative » politique, qu’il est prêt à incarner. Grâce à l’appui de Valéry Giscard d’Estaing et de son groupe des Républicains indépendants, pourtant critiques face à la gestion de la crise par le gouvernement, la motion de censure est rejetée – à une nette majorité : seuls 233 députés l’ont votée, alors que la majorité s’élevait à 244.

Cette victoire parlementaire est toutefois insuffisante à restaurer la légitimité du pouvoir, dans un contexte où la mobilisation des étudiants et des salariés ne faiblit pas. C’est pourquoi, sur les conseils de son premier ministre Georges Pompidou, le général de Gaulle, le 30 mai, prononce la dissolution de l’Assemblée nationale, après avoir envisagé de recourir au référendum.

Avant de dissoudre l’Assemblée nationale, de Gaulle a hésité jusqu’à la dernière seconde, comme le prouve le brouillon de son discours retrouvé aux Archives nationales. Public Sénat.
Attisant les craintes de l’opinion publique face à la radicalisation du mouvement social et exploitant la peur du désordre révolutionnaire, les gaullistes obtiennent, à l’occasion des législatives des 23 et 30 juin 1968, une majorité sans précédent mais dépendant très étroitement de ce contexte particulier. En fait, le pouvoir sort affaibli de cette crise, et de Gaulle démissionnera dix mois plus tard, après l’échec du référendum d’avril 1969.

C’est en 1984 que le pouvoir exécutif est à nouveau ébranlé par des manifestations de masse. Le gouvernement à dominante socialiste, dirigé par Pierre Mauroy, fait face à une opposition virulente contre le projet de loi Savary, visant à créer un « grand service public unifié et laïque de l’éducation nationale ».

Portée aussi bien par les partis de droite que par une fraction notable de l’opinion et les réseaux de parents d’élèves de l’enseignement privé, cette opposition culmine lors d’une grande manifestation qui, le 24 juin 1984, rassemble plus d’un million de personnes à Paris.

Le gouvernement bénéficiait d’une majorité pour adopter ce texte, qui était d’ailleurs l’une des 110 propositions formulées par François Mitterrand en 1981 : il avait toutefois eu recours à l’article 46-3 le 23 mai 1984 pour accélérer l’adoption du texte en première lecture à l’Assemblée nationale.

Le président François Mitterrand cède toutefois à la pression de l’opinion et de la rue et, le 12 juillet 1984, annonce le retrait du projet de loi – entraînant de ce fait la démission du ministre Alain Savary et du premier ministre Pierre Mauroy.

Deux ans plus tard, Jacques Chirac prend la même décision après les importantes mobilisations contre le projet de loi Devaquet, avant même d’avoir eu le temps de le présenter en séance plénière à l’Assemblée nationale et de recourir éventuellement au 49.3 !

Entre 1988 et 1993, les gouvernements socialistes n’ont bénéficié que de majorités relatives à l’Assemblée. Mais lorsqu’ils ont recouru à l’article 49.3 ou fait face à des motions de censure qui, parfois, ont failli les renverser, ce n’était jamais dans un contexte de mobilisation de masse ou de contestation radicale d’une réforme.

En revanche, en novembre-décembre 1995, la réforme des retraites et de la sécurité sociale proposée par le gouvernement d’Alain Juppé suscite un mouvement social inédit depuis 1968, alors même que le pouvoir bénéficiait d’une très large majorité dans les deux assemblées. Comme en 1986, le gouvernement retire le 15 décembre 1995 son projet de réforme sans avoir sollicité un vote à l’Assemblée.

Toutefois, le 30 décembre 1995, en plein milieu de la « trève des confiseurs » qui marque habituellement une suspension dans la vie politique, il recourt à l’article 49.3 pour faire adopter une loi l’autorisant à prendre des ordonnances pour réformer la sécurité sociale. Ce double acte d’autorité (le recours aux ordonnances et au 49.3) ne suscite pas de réaction particulière de la part des oppositions qui estimaient sans doute avoir obtenu l’essentiel (le retrait de la réforme des retraites), dans un contexte où le gouvernement avait, au Parlement, la majorité : il s’agissait surtout pour l’exécutif d’aller vite en évitant les pratiques d’obstruction.

Le 9 février 2006, Dominique de Villepin fait ainsi adopter en bloc sa « loi pour l’égalité des chances » instaurant le Contrat première embauche. En dépit d’une contestation massive, notamment de la jeunesse, la loi est promulguée le 31 mars 2006 – avant que Jacques Chirac ne décide finalement, le 16 avril, d’en abroger l’article qui instaurait le CPE : à moins d’un an des présidentielles, il ne souhaitait pas faire courir à sa famille politique un risque électoral majeur.

Sous la présidence de François Hollande, marquée notamment par la « fronde » de députés récusant la politique économique incarnée notamment par Manuel Valls et Emmanuel Macron, l’article 49.3 a été utilisé pour faire adopter les « lois Macron », au grand dam de celui-ci, et surtout la « loi Travail », portée par la ministre Myriam El Khomri aussi bien en première lecture (le 10 mai 2016) que lors de l’adoption définitive (le 21 juillet).

Mardi 10 mai 2016, Manuel Valls a utilisé le 49.3 pour faire adopter le « projet de loi Macron », du nom du ministre de l’Économie de l’époque. France 24.
En dépit de l’opposition d’une majeure partie de l’opinion, de la quasi-totalité des syndicats et d’un mouvement social particulièrement virulent et durable (autour notamment du mouvement « Nuit debout »), les députés frondeurs du PS ne rejoignent pas leurs collègues du Front de gauche et de la droite et, le 12 mai, ne votent pas la motion de censure, qui ne recueille que 246 voix que sur les 288 requises. Mais cette épreuve de force suscite une fracture au sein de la gauche gouvernementale, qui ne s’en est jamais réellement remise.

L’adoption d’une loi ne sonne pas la fin de l’histoire
Le projet de réforme des retraites, portée par Édouard Philippe lors du premier quinquennat d’Emmanuel Macron, a également été adopté en première lecture par le recours à l’article 49.3, le 29 février 2020, qu’ont violemment dénoncé les différentes organisations syndicales.

Le pouvoir avait sans problème la majorité pour faire voter ce texte. Mais il souhaitait clore rapidement une séquence marquée par une forte mobilisation sociale qui, un an après le mouvement des « gilets jaunes », contribuait à affaiblir son assise politique et électorale.

Cette volonté délibérée d’esquiver une longue discussion au Parlement n’a pas eu de suites immédiates : dès le 16 mars 2020, Emmanuel Macron annonce la suspension de cette réforme, en raison de la crise Covid qui frappe alors la France et lui impose le confinement. Son attitude intransigeante face à un mouvement social a sans doute contribué à l’évolution de son électorat d’une élection présidentielle à l’autre, un électorat désormais plus proche de celui que capte traditionnellement la droite modérée.

Le gouvernement d’Elisabeth Borne n’est pas le premier à faire preuve d’autorité au Parlement pour faire passer une réforme contestée et pour tenter de mettre un terme à une agitation qui, si elle perdurait, serait délétère pour l’image du pouvoir. Toutefois, une victoire parlementaire acquise par l’intermédiaire de l’article 49.3 ou par le rejet d’une motion de censure ne suffisent pas à reconquérir une légitimité – le général de Gaulle lui-même l’a expérimenté en mai 68. Plusieurs lois, ainsi adoptées, n’ont d’ailleurs pas été promulguées. À l’évidence, le vote de ce lundi 20 mars ne constitue pas un terme définitif à un épisode particulièrement délicat pour la présidence d’Emmanuel Macron.

Une autre histoire de France

Une autre histoire de France

« La France contre le monarque. De l’an mil à nos jours » : une histoire de France à front renversé

Loin de se résumer à une histoire des révoltes, le stimulant essai d’Alphée Roche-Noël prend le contre-pied du récit national en esquissant une « histoire des expériences politiques communes ».(le Monde)

 

 

Livre. Un vent décapant souffle sur notre historiographie. Après Thierry Dutour et son essai La France hors la France. L’identité avant la nation (Vendémiaire, 372 pages, 24 euros), Alphée Roche-Noël prend le contre-pied d’un récit national largement forgé par les rois, empereurs et présidents, pour établir qu’on a négligé la tension récurrente qui se joue entre le monarque et le « commun », proposant ici « une histoire à front renversé ».

Loin d’esquisser une histoire des révoltes et révolutions, qui réduirait les phases contestatrices à des sursauts face à un modèle inévitable, l’essayiste prône une « histoire des expériences politiques communes », alternative au pouvoir d’un seul.

 

C’est sans doute dans les séquences d’avant l’absolutisme qu’Alphée Roche-Noël dessille le regard avec le plus de justesse. Tandis que le moment seigneurial prône la patrimonialisation de l’autorité – pas encore royale, vu la faiblesse des premiers capétiens –, les bourgs, ruraux ou urbains, inventent le serment communal qui substitue la société réelle à la société d’ordres (la tripartition prônée par les élites), en unissant des égaux. Astucieux, le roi le soutient ou le combat, selon le tort que l’aventure commune peut causer à ses feudataires.

 

Patiemment renforcé, le pouvoir royal tient son « idéal type » avec Louis IX, glorifié par sa rapide canonisation. Mais, si le roi recrée un lien hiérarchique avec ses « bonnes villes », le dialogue est parfois périlleux. Bien avant le conflit qui oppose le dauphin Charles à Etienne Marcel (1357-1358), le souverain prend, dès le XIIe siècle, le conseil des notables en une consultation élargie. Et si les premiers Etats généraux de langue d’oïl (1343) coïncident avec les problèmes liés à la guerre de Cent Ans, le dialogue tourne à un affrontement vif au cadre spécifique, la capitale, et un enjeu clair, la réforme de l’exercice politique. Mais, balayée par le dauphin victorieux, l’ordonnance novatrice de 1355 n’est pas lue pour ce qu’elle fut : une règle capable d’infléchir la montée de l’« Un » contre le « commun ».

 

L’illusion d’une monarchie consultative persiste toutefois sous les Valois et, à la « théologie du sang royal » qu’a établie l’historienne Arlette Jouanna, s’ajoute une héroïsation personnelle du monarque qui recourt à la mythologie. Avec les guerres de religion, la contestation sporadique des Etats généraux se double de celle des Parlements, des confédérations huguenotes par le haut, des croquants et tard-avisés par le bas.

Histoire des fractures françaises

Histoire  des fractures françaises

 

 Une tribune de Mathias Bernard, Historien, Université Clermont Auvergne (UCA) qui rappelle l’histoire des fractures françaises notamment de l’ancien clivage droite gauche. La France en sortirait fracturée ; reste à savoir si l’analyse par le prisme déformant des préférences politiques rend suffisamment compte de l’évolution sociétale de la France.De ce point de vue l’éclatement du pays est sans doute plus complexe et suppose de mieux prendre en compte des facteurs explicatifs sociaux, sociétaux, technologiques, environnementaux et culturels. Bref une approche plus systémique. NDLR

Les élections présidentielles de 2022 ont alimenté les analyses sur une France profondément divisée, voire fracturée – selon des clivages à la fois politiques, sociaux et culturels.

Journalistes, sociologues, hommes politiques s’inquiètent de cette situation et, tel le président du Sénat Gérard Larcher, appellent à « recoudre une France fracturée » alors que les élections législatives se profilent déjà.

Ces antagonismes ne sont pourtant pas nouveaux dans une vie politique française traditionnellement organisée selon un schéma bipolaire.

Pourquoi inquiètent-ils donc tant aujourd’hui ?

Le poids de la Révolution française

Né pendant la Révolution française, le clivage droite-gauche a d’abord reposé sur des facteurs politiques. Dans le grand Ouest, le combat entre les Bleus républicains et les Blancs royalistes a laissé des traces pendant plus d’un siècle.

Les souvenirs des combats de la Révolution ont nourri l’imaginaire des élites politiques, qu’elles soient républicaines ou contre-révolutionnaires, et la mémoire de l’ensemble de la population. Tout au long du XIXe siècle, partout en France, partis et hommes politiques se sont affrontés sur la forme du régime, parfois les armes à la main. Et lorsque la République s’est définitivement enracinée, un siècle après la Révolution, ce sont encore des questions politiques qui ont nourri des divisions politiques apparemment inconciliables.

A la fin des années 1890, l’affaire Dreyfus a fracturé l’opinion entre dreyfusards, attachés aux libertés publiques et à l’état de droit, et antidreyfusards, fidèles à l’Armée et à l’autorité. Cette ligne de faille traverse même les familles : le dessin du caricaturiste Caran d’Ache, publié dans Le Figaro du 14 février 1898, montre l’effet dévastateur de l’affaire Dreyfus sur un repas de famille dégénérant en pugilat généralisé, parce qu’« ils en ont parlé ».

Lorsque l’Affaire Dreyfus s’estompe, la question religieuse prend le relais et nourrit non seulement le clivage entre la gauche anticléricale et une droite attachée aux libertés religieuses, mais aussi l’affrontement entre deux France : la laïcité a d’abord été un combat. Et si la Grande Guerre a été l’occasion d’un apaisement durable des passions religieuses, elle n’a pas mis un terme aux affrontements parfois sanglants qui scandent la vie politique en France comme dans les autres pays européens.

Front contre front

Dans les années 1930, le clivage droite-gauche alimente le combat entre deux « fronts », ce terme emprunté à la guerre étant évocateur. D’un côté, le Front populaire rassemble toute la gauche (y compris les communistes) pour apporter aux ouvriers et paysans le pain, la paix, la liberté, contre la menace fasciste représentée par les ligues d’extrême droite qui, le 6 février 1934, avaient manifesté violemment contre la République parlementaire. D’un autre côté, le Front de la liberté rassemble toutes les droites, y compris les mouvements les plus extrémistes, pour lutter contre la menace que feraient courir à la Nation les communistes et, pour certains, les juifs et les francs-maçons. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le combat entre collaborateurs et résistants prolonge, de façon tragique, cette lutte sans merci entre deux France.

C’est au moment du Front populaire que le clivage droite-gauche fait explicitement référence à une réalité sociologique – qui perdure, sous une forme parfois fantasmée, jusqu’à la fin du XXe siècle. La droite regrouperait les milieux socialement conservateurs, c’est-à-dire les possédants, les classes moyennes indépendantes, une partie des paysans. La gauche, elle, rassemblerait les milieux populaires (ouvriers et paysans) ainsi que la bourgeoisie intellectuelle.

Dans tous les discours qu’il prononce au cours de son long chemin vers l’Élysée, au cours des années 1970, François Mitterrand développe cette vision politique. Il l’exprime encore dans son discours d’investiture, le 21 mai 1981. « En ce jour où je prends possession de la plus haute charge », affirme-t-il, « je pense à ces millions et ces millions de femmes et d’hommes, ferment de notre peuple, qui, deux siècles durant, dans la paix et la guerre, par le travail et par le sang, ont façonné l’histoire de France, sans y avoir accès autrement que par de brèves et glorieuses fractures de notre société. C’est en leur nom que je parle alors que [...] la majorité politique démocratiquement exprimée des Français vient de s’identifier à sa majorité sociale ».

L’exercice durable du pouvoir par la gauche n’a pourtant pas mis fin aux fractures de la société. Celles-ci alimentent une insatisfaction croissante de l’opinion et des électeurs face à une classe politique jugée incapable de résoudre les difficultés économiques et les tensions sociales qui en résultent.

Effets de la mondialisation libérale

À partir des années 1980, l’émergence du Front national, l’érosion des partis de gouvernement, la progression de l’abstention et ce que l’on n’appelait pas encore le « dégagisme » sont autant de facettes d’une crise politique durable et multiforme : depuis 1974 et jusqu’en 2022, aucun président de la République n’a pu être réélu, sauf en situation de cohabitation.

Lorsqu’en 1995, il se présente pour la troisième fois à la présidence de la République, Jacques Chirac exploite délibérément l’insatisfaction qui prévaut dans les milieux populaires. S’inspirant d’une note du sociologue Emmnanuel Todd, plutôt marqué à gauche, il mène campagne sur la « fracture sociale », qu’il définit ainsi dans son livre-programme « La France pour tous » : « La France souffre d’un mal plus profond que ne l’imaginent les acteurs politiques, les responsables économiques, les intellectuels en vogue et les célébrités du système médiatique. Le peuple a perdu confiance. Son désarroi l’incite à la résignation. Il risque de l’inciter à la colère ». Il constate alors « la gravité de la fracture sociale qui menace – je pèse mes mots – l’unité nationale ». Intégrant une vision populiste dans un discours républicain, Chirac constate le fossé croissant entre « le peuple » et les élites.

Ce nouvel antagonisme social ne se superpose plus au clivage droite-gauche. N’est-ce d’ailleurs pas un candidat de droite, Jacques Chirac, qui entend défendre le peuple contre les élites ? Et, quelle que soit leur couleur politique, les gouvernants successifs apparaissent comme les « présidents des riches » – c’est le terme utilisé à l’encontre de Nicolas Sarkozy comme d’Emmanuel Macron - et cristallisent contre eux une colère populaire croissante.

Fragmentée au point d’être comparée à un archipel par certains analystes, la société française du XXIe siècle est traversée par une fracture essentielle, celle qui oppose gagnants et perdants de la mondialisation libérale. Les principaux partis de gouvernement (PS et UMP puis LR), héritiers d’un autre temps – celui des trente glorieuses -, n’ont pas pris en compte ce nouvel antagonisme, qui s’est surtout exprimé sur la question européenne. Les deux référendums sur l’Europe, en 1992 (sur le traité de Maastricht) et en 2005 (sur le traité constitutionnel européen), ont exprimé cette opposition qui traverse aussi bien la gauche que la droite.

Tripartition du champ politique

La première élection d’Emmanuel Macron, en 2017, redéfinit le paysage politique français en fonction d’un clivage qui structurait l’opinion et la société française depuis près de vingt ans.

Le nouveau président rassemble « la France qui va bien », pour reprendre l’analyse développée alors par le candidat socialiste Benoît Hamon. Et s’il prend pour principal adversaire les « nationalistes » rassemblés autour de Marine Le Pen, il s’oppose en fait aux aspirations contestataires, parfois contradictoires, qui traversent cette France qui se sent à l’écart, oubliée, voire stigmatisée.

Le premier tour de l’élection présidentielle de 2022 n’exprime pas seulement l’opposition de trois pôles politiquement et idéologiquement opposés, il dessine la géographie d’une France fracturée. Rarement un scrutin n’aura manifesté un tel enracinement géographique des électorats : Marine Le Pen recueille ses meilleurs résultats dans les campagnes et les villes moyennes, Jean-Luc Mélenchon dans les banlieues et les villes de tradition ouvrière, Emmanuel Macron dans les grandes métropoles et les banlieues résidentielles.

Le clivage droite-gauche, qui a coupé la France en deux pendant près de deux siècles, a cédé la place à une fragmentation géographique et sociale qui n’a pas encore produit tous ses effets sur l’organisation du champ politique.

_________

Par Mathias Bernard, Historien, Université Clermont Auvergne (UCA).

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

Histoire et guerre : le retour de l’impensable ?

Histoire et guerre : le retour de l’impensable ?

 

Passivité, immédiateté, bruit médiatique, « vérités alternatives » … sont quelques-uns des facteurs qui nous empêchent de voir les retours tragiques de l’histoire estime, dans une tribune au « Monde », Alain Chouraqui, président de la Fondation du camp des Milles, pour qui tous les travaux sur la pensée de l’impensable doivent enseigner

 

Tribune.

 

Impensable, la guerre au cœur de l’Europe ! Impensable, l’évocation au plus haut niveau du recours à l’arme nucléaire ! Impensable, la démocratie européenne menacée de l’intérieur et de l’extérieur par l’extrémisme nationaliste, quatre-vingts ans après ses ravages monstrueux ! Impensable l’élection aux Etats-Unis d’un président menaçant l’Etat de droit ! Impensable, au XXIe siècle, des enfants assassinés dans leur école parce que juifs ! Impensable, le monde entier à l’arrêt, confiné par une nouvelle peste ! Impensable, la vie sur Terre menacée par le changement climatique !…

Et pourtant… Ne s’agit-il pas plutôt de faux impensables, de sujets qui auraient pu et dû être pensés, pour lesquels nous disposions d’éléments suffisants pour la réflexion, l’alerte et la prévention. Impensables ? N’est-ce pas une manière un peu facile de nous pardonner nous-mêmes la paresse de notre pensée, la tendance à fuir l’évidence gênante, et souvent l’oubli de notre expérience collective et la sous-estimation de ses fortes leçons ?

Ces faux impensables sont même parfois de faux impensés, car certains ont bien été analysés, mais gommés, niés, enfouis. Nous pourrions même dire que, à l’exception du changement climatique, nouveau à l’échelle humaine mais rapidement et bien documenté, tous les autres « impensables » ont été anticipés, pensés ou auraient pu l’être.

La crise des missiles de Cuba (1962) a été trop vite considérée comme appartenant à un monde disparu avec le rideau de fer. Et les leçons d’Auschwitz, étrangement inhibées par la dénonciation du point Godwin ou par le sentiment ambigu que l’on en parle trop, n’ont pas servi pour éviter le génocide au Rwanda (1994), ou les crimes de masse en Yougoslavie (1991-1995) ou au Cambodge (1975-1979). La guerre en Ukraine aussi était pensable, au nom du constat historique que « le nationalisme, c’est la guerre », et elle a d’ailleurs été pensée dans la logique des actions russes en Géorgie, en Crimée, dans le Donbass.

Quelle étrange attitude que de chaque fois écarter l’idée qu’un passé douloureux alors vraiment impensable puisse se reproduire ! Quel oubli rapide que la « der des ders » n’a attendu que vingt et un ans pour ne plus être la dernière guerre ! Ou que la violence antisémite n’est jamais loin puisqu’elle révèle ou annonce les failles récurrentes d’une société.

La tendance à ne pas voir les retours du tragique de l’histoire nous semble favorisée par le cumul de plusieurs facteurs, parmi lesquels quatre peuvent être soulignés :

Fin de l’histoire et de la période de paix ?

Fin de histoire et de la période de paix ?

 

Selon le philosophe russe Alexandre Kojève dès 1947, la prise de conscience qu’il n’y a plus de raisons de massacrer des populations innocentes marque un achèvement pour l’humanité. Par Laurent Bibard, ESSEC

 

La difficulté majeure de la guerre faite à l’Ukraine ne tient pas à Poutine seul. Les controverses auxquelles donne lieu le conflit signalent la profonde complexité géopolitique de la situation. La difficulté tient à quelque chose dont nous sommes toutes et tous, humains, désormais responsables.

Ce que Poutine semble de toute évidence ne pas savoir, non plus que nous toutes et tous, est que l’histoire est très probablement totalement terminée. Et elle s’est sans nul doute terminée bien avant les thèses de Fukuyama sur la fin de l’histoire parues après la chute du mur de Berlin. Le compatriote de Poutine plus tard naturalisé français, Aleksandr Kojevnikov (Alexandre Kojève), né à Moscou en 1902, l’avait magistralement compris et enseigné dans un livre publié en 1947, Introduction à la lecture de Hegel.

Si ce qui précède est vrai, il faut évidemment se demander ce que cela veut dire. Car ça a l’air à première vue totalement absurde. Les événements de l’actualité mondiale donnent au contraire le sentiment que loin d’être terminée, l’histoire recommence de plus belle.

L’histoire est terminée au sens de Kojève, car nous pouvons comprendre maintenant pourquoi l’humanité se bat depuis son avènement. Ce qui n’a pas toujours été le cas, c’est le moins que l’on puisse dire. L’humanité se bat. Elle est, on le voit de plus en plus clairement, la lutte même pour ce que l’on appelle la justice et le respect des personnes. Nous savons cela depuis l’avènement de l’idée de l’État de droit, qui rend possible l’avènement des droits de l’homme au sens générique du terme. L’humanité est à la fois l’émergence, l’avènement, et autant que possible, la réalisation du respect et de la justice.

L’histoire de l’humanité est l’événement de faire advenir ici-bas le respect, la reconnaissance, de chacune et chacun. Indépendamment de nos sexes, de nos couleurs de peau, de nos âges, etc. Elle a été à la fois le théâtre et l’intrigue de ce combat archaïque constitutif pour la dignité de chacune et chacun. Pour la « reconnaissance universelle de l’irréductible individualité » de chacune et chacun comme le formule Alexandre Kojève.

Pourquoi écrire cela maintenant ? Le pari est le suivant. Si l’on prend toutes et tous clairement conscience que l’avènement de la notion d’État de droit, appuyée sur celle de droits de l’homme, est la conséquence finale de l’aventure humaine, cette prise de conscience collective est susceptible de provoquer un effet de cliquet sur notre compréhension des choses et sur nos vies. On peut parier qu’alors l’ancienne présupposition qu’il n’y a que des guerres à faire, à faire encore, à faire toujours s’oublie progressivement. Encore faut-il y mettre la main à la pâte.

Nous sommes toutes et tous assoiffés de reconnaissance. La différence d’avec le passé, est qu’aujourd’hui, nous le savons. Nous savons que la notion d’État de droit a été élaborée pour assouvir cette soif. Nous avons à notre portée, si nous voulons bien les lire et leur accorder foi, des livres essentiels de la culture universelle qui disent que l’apaisement est possible, et qui donnent quelques grandes lignes de ce qu’il faut tenter pour cela.

 

Nous avons enfin compris – en tout cas on nous a clairement dit – de quoi étaient faits les nerfs de la guerre et de l’aventure humaine jusqu’ici. Nous avons sous la main les guides qui permettent de tracer les grandes lignes d’une vie politique paisible, dotée des gardiens adéquats contribuant à garantir que ceux qui sont censés être nos gardiens, les gouvernants, le soient vraiment : Le Projet de paix perpétuelle de Kant, Les Principes de la philosophie du Droit de Hegel, etc.

Ici aussi, Le travail d’Alexandre Kojève est essentiel : il faut lire ce qu’il écrit dans son Esquisse d’une phénoménologie du Droit, écrite en pleine Seconde guerre mondiale, en 1943.

La thèse est que l’humanité est passée d’une domination de Maîtres à la montée en puissance de l’autonomie des Esclaves. Le résultat de l’histoire est le dépassement de la domination par l’avènement de Citoyens tous égaux entre eux, indépendamment du sexe, de l’origine ethnique, etc. À chaque « catégorie » correspond une forme dominante essentielle droit relative à un idéal de justice : « justice de l’égalité » (Maîtres), « justice de l’équivalence » (Esclaves), et « justice de l’équité (Citoyens).

Ce qui est très important est que la « tension » maître-esclave une fois comprise, elle se révèle en fait « éternelle » – c’est-à-dire jouée dès l’avènement de l’humanité, et donc toujours à reconquérir en direction d’une citoyenneté qui ne peut jamais être tenue pour acquise.

La conséquence majeure de ceci est que, sur le fond de ce qui précède, le geste de Poutine est un « coup » tardif. Intempestif. Dépassé. Comme tous les « coups » auxquels on assiste de nos jours (voir Bernard Bourgeois, Penser l’histoire du présent avec Hegel). Le gouvernement russe a beau revendiquer que l’Ukraine est une partie de la Russie – et tsariste et communiste -, et que son invasion en constitue la libération, le « geste » de la « reconquérir » est diamétralement contradictoire avec ce que nous savons, nonobstant ses convulsions continues, du sens de l’histoire.

On ne peut plus faire semblant de vivre une histoire authentique en reculant. En particulier après les deux Guerres mondiales du XXe siècle, dont la deuxième est due à une régression comparable à celle à laquelle Poutine voudrait que l’on assiste, il est devenu hors de question d’envisager quelque légitimité que ce soit à un geste comme celui de la Russie envers l’Ukraine.

Nous sommes à la fin de ce qu’est notre histoire, et au début d’autre chose. Mais il faut, pour ouvrir vraiment l’avenir, prendre acte du passé, seul sol solide à partir de quoi de nouveaux rêves, mus par autre chose que la soif et le manque, sont possibles.

Insistons bien sur ceci : ce qui est affirmé ici ne parle pas que de la Russie et des « autres ». Cela parle de l’humanité en son entier. Car ce mal dont Poutine et la Russie souffrent, qui provoque tous les excès, est bien universel. C’est une maladie spécifiquement humaine toute simple, qui s’appelle le désir de reconnaissance et dont l’expression se mondialise de plus en plus. Nous sommes bien à la Fin de l’histoire. Fin qui a elle-même son histoire, et dont nous sommes toutes et tous co-responsables.

Plus nous saurons reconnaître les trésors de la pensée qui s’est retournée sur l’histoire et en a extrait l’essentiel, moins nous serons vulnérables à nous abandonner à des colères devenues de pacotille.

Il n’y a décidément plus de « sujet ».

_______

Par Laurent Bibard, Professeur en management, titulaire de la chaire Edgar Morin de la complexité, ESSEC.

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

Histoire et Russie: Le retour du stalinisme

 

 

Histoire et Russie: Le retour du stalinisme

En s’attaquant à la Memorial Society, fondée par l’ancien dissident Andreï Sakharov, le régime de Vladimir Poutine cherche à effacer tout souvenir historique du terrorisme d’Etat stalinien pour en perpétuer lui-même les effets, dénonce l’écrivain russe Boris Akounine dans une tribune au « Monde ».

 

Tribune.

 

L’un des problèmes les plus douloureux de la Russie est celui de la mémoire historique. C’est un pays en état de stress post-traumatique permanent. Son traumatisme psychologique le plus grave est le souvenir de la terreur stalinienne, lorsque, selon les estimations les plus modérées, environ 1 million de personnes ont été exécutées et 5 millions envoyées dans des camps.

L’analyse et la reconnaissance de cette terrible expérience sont une condition préalable au redressement d’une nation, une sorte d’inoculation contre les rechutes dans le totalitarisme.

La Memorial Society, fondée au moment de la démocratisation de Gorbatchev par Andreï Sakharov, s’est précisément fixé cette tâche, d’une ampleur colossale et d’une importance encore plus colossale : garder vivant le souvenir d’une époque de terrorisme d’Etat. Une tâche encore plus importante est tournée vers l’avenir : tant que nous nous souviendrons des noms de toutes les victimes et de tous les bourreaux, une répétition de la tragédie est impossible.

Pour la même raison, mais dans un but exactement opposé, le régime russe actuel n’est plus disposé à tolérer les activités de la Memorial Society.

Le poutinisme est l’omnipotence des services de sécurité, qui ont subjugué toutes les branches du gouvernement. Les héritiers directs et les successeurs d’un système dont le pouvoir s’est construit sur la peur et la fermeture des bouches, intimident à nouveau et ferment les bouches – sans cela, ils ne pourront pas conserver le pouvoir.

La répression s’accélère

Le souvenir des purges staliniennes et des procès sommaires conduit inévitablement la société à faire des parallèles avec les arrestations contemporaines, les affaires montées de toutes pièces et les procès fictifs. L’ampleur de la répression actuelle ne peut toujours pas être comparée à celle de l’époque de Staline, mais elle s’accélère et fait trébucher la Memorial Society, qui mène constamment des actions qui irritent les services de sécurité : elle organise des journées commémoratives, pose sur les maisons des panneaux « Dernière adresse » portant les noms des personnes qui ont été arrêtées ici. La Memorial Society a rassemblé une énorme base de données avec les noms ; elle n’est pas terminée, mais elle contient déjà des informations sur 3 millions de victimes et 40 000 bourreaux. Chacun peut y chercher ses proches ; souvent, il les trouve. C’est un sentiment fort qui nous fait regarder différemment le passé et le présent.

Et maintenant, la patience des pouvoirs en place est à bout. Le bureau du procureur général de la Fédération de Russie exige la liquidation de cette organisation de défense des droits de l’homme. Si la Memorial Society est interdite maintenant, elle deviendra une sorte de ligne de démarcation après laquelle la mémoire sera monopolisée par l’Etat de Poutine. Bientôt, on enseignera aux enfants à l’école que Staline était un grand personnage historique – presque aussi grand que Vladimir Poutine – et que personne n’a jamais été puni sans faute dans la grande Russie.

« Une histoire de la philosophie » de Jürgen Habermas

« Une histoire de la philosophie », de Jürgen Habermas

Dans son nouvel essai, le philosophe allemand montre l’étroite parenté entre religion et pensée rationnelle au cours d’une ample exploration, de l’Antiquité à la Renaissance.(analyse du Monde)

 

« Une histoire de la philosophie. Tome I. La constellation occidentale de la foi et de la raison » (Auch eine Geschichte der Philosophie. Band I. Die okzidentale Konstellation von Glauben und Wissen), de Jürgen Habermas, traduit de l’allemand par Frédéric Joly, Gallimard, « NRF essais », 852 p., 32 €, numérique 23 €.

L’œuvre du philosophe allemand Jürgen Habermas (né en 1929) a toujours été nourrie des débats de son temps. Aujourd’hui, c’est celui de la relation entre la foi et le savoir qu’il redéfinit dans toute sa complexité. En intellectuel résolument agnostique, il s’interroge, en effet, sur l’attitude à observer face aux « contenus de vérité », traductibles en termes rationnels, portés par les religions. Avec les deux gros volumes d’Une histoire de la philosophie, dont le premier paraît en français, Habermas parvient à reformuler les termes d’une discussion – ou d’une absence de discussion – qui, généralement, n’aborde la question du religieux qu’à travers les prismes de la violence ou du caractère inéluctable de la sécularisation.

Interrogations très contemporaines

L’auteur du Discours philosophique de la modernité (Gallimard, 1988) ne nie pas la réalité sociologique de la perte de croyance ; il renvoie d’ailleurs l’irruption de l’intégrisme islamique, dans nos sociétés, non à un « retour du religieux » mais à une simple réaction à la modernisation. Mais cette réalité ne saurait suffire pour lui, comme pour le Marcel Gauchet du Désenchantement du monde (Gallimard, 1985), à établir le diagnostic d’une « sortie de la religion ». Du reste, la discussion publique entre foi et savoir s’est imposée à Jürgen Habermas par la force des interrogations très contemporaines qu’ont suscitées, en Allemagne, les manipulations génétiques, associées aux souvenirs de l’eugénisme et de l’« effondrement moral » nazis.

Ainsi la confrontation entre la Révélation et cette « pensée scientifique sans être une science » que demeure à ses yeux la philosophie hante-t-elle non seulement le passé de la « métaphysique » mais détermine son actualité « postmétaphysique ». Par cet adjectif, qui s’applique à sa propre démarche, Habermas signifie que la philosophie ne saurait avoir de présent et d’avenir qu’en admettant le pluralisme et en abdiquant toute prétention à la totalité.

Le divin tiré hors du monde

Le détour par une ample histoire se donne pour but de déceler et de mettre en évidence la source commune de la « mentalité religieuse » et de la rationalité occidentale. Jürgen Habermas estime pouvoir situer cette source dans l’« âge axial » (environ 800-200 av. J.-C.), nom donné à l’irruption simultanée, et hors de tout échange d’influences connu, de doctrines en rupture avec la pensée mythique et magique propre aux sociétés premières. A cette époque, le divin est tiré hors du monde et s’installe dans une « transcendance » éminente. Au même moment, la constitution du canon biblique dans l’ancien judaïsme, le confucianisme, le bouddhisme, le zoroastrisme mais aussi l’éclosion de la philosophie dans la Grèce antique partagent ainsi les traits communs d’une révolution spirituelle mondiale. Elle bouleverse le « complexe sacral » qui accompagnait l’humanité depuis au moins cinquante mille ans, quand, en Australie, des peintures rupestres attestent pour la première fois la présence de lieux de culte, tandis que les premières sépultures remontent, chez Homo sapiens, à soixante-dix mille ou cent mille ans.

« Les Mondes de l’esclavage » : la longue histoire

« Les Mondes de l’esclavage » : la longue histoire

 

Un volume d’histoire comparée, sous la direction de Paulin Ismard, montre l’étendue des pratiques d’asservissement d’humains par d’autres, du néolithique à nos jours et pratiquement partout. Une somme monumentale – non sans point aveugle ( Le monde, extrait)

 

« Les Mondes de l’esclavage. Une histoire comparée », sous la direction de Paulin Ismard, avec Benedetta Rossi et Cécile Vidal, épilogue de Léonora Miano, Seuil, « L’univers historique », 1 168 p., 29,90 €, numérique 21 €.

La très longue histoire de l’esclavage est aujourd’hui l’un des sujets les plus étudiés d’un bout à l’autre de la planète. Parce que l’ouvrage Les Mondes de l’esclavage représente, avec ses plus de cinquante spécialistes, la première somme collective en français consacrée à ce thème, il symbolise cette montée en puissance dont témoigne aussi, pour l’univers anglophone, le monumental Cambridge World History of Slavery (2011-2017, non traduit).

Enjeu de savoir, de mémoire comme d’engagement, la question de l’esclavage, longtemps rejetée dans les marges géographiques ou temporelles de la discipline historique, s’impose peu à peu comme la clé de périodes et d’espaces bien plus étendus qu’on ne le croyait. Il est présent de la révolution néolithique – l’invention de l’agriculture sédentaire, environ 12 000 ans avant notre ère – à la deuxième moitié du XIXe siècle – dans le sud des Etats-Unis – et survit, sous d’autres formes, dans les usines délocalisées de la mondialisation contemporaine que font tourner des travailleurs aux visas confisqués, souvent privés de tout droit social comme d’alternative.

Les demandes de réparation, le mouvement Black Lives Matter aux Etats-Unis, avec ses déboulonnages de statues de confédérés, ou encore, en France, la loi Taubira (2001) reconnaissant la « traite négrière » comme crime contre l’humanité ont enclenché une dynamique dont se réclame l’ouvrage, alors qu’un « esclavage moderne » se poursuit sous la forme du « travail non libre ». Même s’il s’inscrit délibérément dans cette brûlante actualité, Les Mondes de l’esclavage, dirigé par l’historien de la Grèce antique Paulin Ismard (professeur à l’université d’Aix-Marseille), s’efforce aussi de poser des questions de méthode trop souvent négligées par la passion militante. Ainsi l’un des grands apports du livre consiste-t-il dans la redéfinition des esclavages, qui permet d’en découvrir de tout nouveaux continents.

Cette vaste entreprise s’appuie en effet sur le comparatisme, afin de mieux repousser les frontières de l’esclavage, trop souvent enfermé dans les deux archétypes qui dominent le champ : l’Antiquité gréco-romaine et la traite puis l’exploitation des Noirs, sur fond de racisme moderne, par les planteurs du continent américain. Invisibles parmi les invisibles puisque beaucoup n’ont pas même reçu de sépulture, les esclaves se retrouvent, grâce à ce livre, dans des régions que l’on avait crues épargnées, comme l’Inde, la Russie de Pierre le Grand, la Corée du XVIIIe siècle, etc. De même l’ouvrage repère-t-il des esclaves héréditaires chez les Amérindiens nomades yuqui de Bolivie, étudiés par l’ethnographe français David Jabin, dans cette Amazonie pourtant considérée naguère par quelques ethnologues comme l’utopie rétrospective par excellence, préservée des hiérarchies sociales les plus cruelles.

«Déconstruire notre propre histoire»: quand Emmanuel Macron déraille

«Déconstruire notre propre histoire»: quand Emmanuel Macron déraille

 

 

Le problème avec Macron, c’est qu’il a la prétention de se considérer comme un intellectuel alors qu’il n’est qu’un produit très classique de l’ENA. Faut-il rappeler pour mémoire qu’il  n’a pas réussi son entrée à normale Sup justement pour insuffisance littéraire. La presse très complaisante lui attribue cependant quelques vertus intellectuelles séduites par le bagout classique de l’énarque qui peut tout dire et le contraire de manière tellement alambiquée et confuse qu’on en perd même l’objet du questionnement. Sur le plan de l’histoire, Emmanuel Macron affiche encore une ambition complètement démesurée au regard ses compétences .

 

Il reprend les formules éculées qui se veulent disruptives comme celle de la nécessité de la déconstruction de notre histoire. Précisément pour permettre une meilleure appropriation par  l’ensemble des sensibilités de ce qui constitue le cœur de la mémoire française. Pour parler crûment Macron veut surtout faire plaisir aux couches sociales d’origine étrangère pour en récupérer les voix. Du coup, la justification de cette réécriture de l’histoire paraîtrait approximative et  floue. Elle utilise surtout une sorte de rhétorique de représentant de commerce à la recherche de clientèle.

 

Le fait de débaptiser les rues par exemple avec des noms de personnages célèbres d’origine étrangère participe de cette manipulation des fondements historiques qui menacent les valeurs de la société française. Macron se fait une spécialité de l’ambiguïté conceptuelle permanente en usant du fameux en même temps qui permet toutes les contradictions, toutes les approximations et toutes les simplifications.

Macron veut se faire historien, il ferait mieux de se consacrer aux problèmes très concrets de la crise sanitaire par exemple et des crises plus structurelles concernant ou encore l’écroulement du système scolaire.

Histoire: Mille ans de richesse et de pauvreté

Histoire: Mille ans de richesse et de pauvreté

Par Julien Damon (sociologue, chroniqueur aux « Echos »)

 

Dans un excellent dossier, la revue mensuelle « L’Histoire » traite des appréciations et réalités, sur un millénaire, de la pauvreté et de la richesse. L’exploration passe par l’analyse de la distinction entre pauvreté volontaire (célébrée) et pauvreté ordinaire (dénoncée) au Moyen Age, dualité qui, en réalité, traverse les âges. Un entretien avec Thomas Piketty, à contenu notamment littéraire, porte sur la nature de la propriété et sur les inégalités au XIXe et au XXe siècle. Dans une contribution centrée sur l’actualité, l’historienne Axelle Brodiez-Dolino revient sur les évolutions et débats récents, singulièrement en France et aux Etats-Unis. L’ensemble permet de saisir les permanences de ces sujets, les grandes inflexions, mais aussi la diversité des outils de mesure (les différents indicateurs) et des outils visant à limiter les phénomènes (comme l’impôt progressif ou encore les dispositifs de protection sociale).

La citation« Rolin a fait assez de pauvres pour leur ouvrir un hôpital » (Louis XI au sujet du fondateur des hospices de Beaune, en 1443).

Roselyne Bachelot: «L’Afrique : une histoire antérieure à la colonisation»

Roselyne Bachelot: «L’Afrique : une histoire antérieure à la colonisation»

 

La ministre de la Culture, ex-ministre de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy, estime dans l’opinion qu’« un travail de mémoire collective » est à mener des deux côtés de la Méditerranée

 

 

 

Emmanuel Macron avait annoncé en 2017 les « restitutions temporaires ou définitives du patrimoine africain en Afrique ». Où en est-on ?

Le projet de loi d’exception sur le retour de biens culturels au Sénégal et au Bénin est débattu au Parlement. L’Assemblée nationale comme le Sénat ont voté à l’unanimité pour le retour au Sénégal du sabre attribué au chef de guerre El Hadj Omar Tall et pour celui des 26 œuvres du Trésor de Béhanzin au Bénin. Il y a peu de textes votés à l’unanimité, encore moins sur un sujet aussi délicat ! J’ai aussi entendu les inquiétudes. Il ne s’agira pas d’un retour massif, ce sont des restitutions au cas par cas. Il faudra toujours voter une loi spécifique pour la restitution de chaque œuvre.

La Côte d’Ivoire, le Mali, le Tchad ont aussi demandé des œuvres. Comment éviter la multiplication des restitutions ?

Seule une loi permet de déroger à l’inaliénabilité et à l’incessibilité des collections nationales. Cette inaliénabilité a été réaffirmée. Les retours se font dans le cadre de relations interétatiques, avec un processus diplomatique, des travaux scientifiques, et seulement pour les œuvres qui ont une dimension hautement symbolique dans l’histoire d’un pays. Il n’y aura pas de fait du Prince ! Par exemple, ce que l’on appelle à tort la « couronne » de Madagascar, qui est en réalité un ornement du dais de la reine Ranavalona III, a été prêtée par le président de la République à la demande du président malgache. Ce n’est donc pas une restitution, pour laquelle, j’insiste, il faudrait une loi !

Rendre des biens qui appartiennent à la France, n’est-ce pas un acte de « repentance » ?

Nous sommes dans une démarche de coopération culturelle et historique. A travers ces objets, chacun voit une part de son histoire. Le sabre dit d’El Hadj Omar Tall a été ramené par le général Archinard qui avait participé à la conquête coloniale en Afrique de l’Ouest. Il est français depuis plus d’un siècle et sa lame avait même été forgée dans le Bas-Rhin ! Quant aux pièces du Trésor de Béhanzin, qui proviennent de pillages en 1892, elles ont été sauvées lorsque le roi du Dahomey avait mis le feu à son palais ; elles n’auraient probablement jamais été retrouvées… Voilà pourquoi ces œuvres sont au cœur d’un partenariat, d’une histoire commune entre Etats. Ces restitutions permettent aux populations africaines de revisiter leur propre histoire, qui remonte à bien avant la colonisation. L’Afrique est riche de dynasties et de civilisations anciennes de plusieurs siècles. L’accès à ce patrimoine permet de surmonter toute vision binaire.

A-t-on nous-mêmes dépassé cette vision binaire ?

C’est l’un des objectifs que nous poursuivons. Les Français ne doivent pas avoir dans leurs musées que du Renoir ou du Matisse. La culture a une vocation universaliste. Une œuvre a vocation à circuler, à être exposée au Palais d’Abomey au Bénin ou au Musée des civilisations noires de Dakar, comme au Musée de l’Armée ou au Musée du Quai Branly-Jacques Chirac. Il ne faut surtout pas rétrécir la culture à une identité ethnique.

Vous avez dit vous retrouver dans la phrase d’Emmanuel Macron sur la colonisation. Pourquoi ?

Comme l’a dit Emmanuel Macron, nous devons reconnaître que la colonisation est un crime, une barbarie, et que nous y avons pris notre part. Il y a un travail de mémoire collective que nous devons mener sur notre passé, qui n’est pas propre à la France. La colonisation a été le fait de tous les peuples. Tous les peuples ont colonisé d’autres peuples, hélas, et tous ont pratiqué l’esclavage, dans la Rome antique, dans les royaumes africains ou dans les civilisations d’Amérique centrale. Le travail de mémoire ne signifie pas mémoire sélective.

«Retour de la logique chronologique pour enseignement de l’histoire ( Eric Anceau)

«Retour de la logique  chronologique pour enseignement de l’histoire  (  Eric Anceau)

Retour  la chronologie pour l’enseignement de l’histoire, ce bouleversement permet d’extraire la discipline historique des affrontements idéologiques.


Éric Anceau enseigne l’histoire contemporaine à Paris-Sorbonne et à Sciences-Po Paris, il  justifie le retour à la logique chronologique. Dans le figaro.


« C’est en donnant aux jeunes les moyens de maîtriser tôt les fondamentaux et les grands repères, qu’on libérera leur esprit pour leur permettre de comprendre les phénomènes les plus complexes, et non en leur faisant prioritairement et préalablement construire leurs propres connaissances. Depuis l’arrivée de Jean-Michel Blanquer rue de Grenelle et la nomination de Souâd Ayada à la tête du Conseil supérieur des programmes, cette approche est de nouveau à l’ordre du jour dans toutes les disciplines, et en particulier en histoire. Les orientations définies pour le nouveau lycée et le travail du groupe d’experts mandaté sur les programmes d’histoire-géographie et d’histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques, examinés depuis quelques jours par le CSP en témoignent. On ne peut que s’en réjouir.

Deux éléments doivent être pris en considération: le contenu des programmes et la façon de les mettre en œuvre.

Les nouveaux programmes de Seconde et de Première et ceux des classes de Terminale qui entreront en vigueur respectivement aux rentrées 2019 et 2020 ne bouleverseront pas fondamentalement les précédents qui datent de 2010 et c’est très bien ainsi car ces derniers étaient plutôt satisfaisants – contrairement à ceux du primaire et du collège de 2015. Le curseur se déplace simplement. Les programmes de 2010 tiennent compte des avancées historiographiques – car l’histoire est une science en mouvement – sur les mondialisations, les migrations, l’histoire des femmes et celle de tous les «sans grades». En dépit des âmes chagrines qui prétendent le contraire, ces approches seront toujours bel et bien présentes dans les nouveaux programmes. Parce que la vérité historique est singulièrement plus complexe que l’image que veulent en donner les jusqu’auboutistes d’une chapelle ou d’une autre, il a été décidé de faire davantage comprendre aux jeunes le lien charnel qui les lie au pays et à son histoire.

 

Cela ne signifie évidemment pas revenir à l’histoire telle qu’elle était enseignée sous la Troisième République, mais partir du processus de construction de la France, de son État et de sa nation, pour pouvoir ensuite s’ouvrir à l’Europe et au monde. Ainsi, l’apparition d’un nouveau thème en Seconde sur la construction de l’État moderne en France et en Angleterre, le déplacement au début de la Première de la Révolution française, rejetée jusqu’ici en fin de Seconde et possiblement non traitée par les enseignants qui n’arrivaient pas à terminer le programme, l’introduction de la Révolution en voie technologique et en voie professionnelle pour les élèves qui s’orienteront ensuite vers ces filières, sont autant de bonnes nouvelles. Il en est de même de la réévaluation de la place accordée au décryptage de notre société et aux grands enjeux géopolitiques.

La principale nouveauté, et pour tout dire, le bouleversement par rapport à des années de pédagogisme, réside dans le retour salutaire de la périodisation, des repères chronologiques et géographiques, des portraits vivants des grands acteurs de l’histoire et du récit. Cela permet de sortir de l’enfermement dans des logiques purement inductives, de redonner au récit du professeur une place centrale et de concevoir le travail sur les documents comme des «points de passage et d’ouverture». Les professeurs redeviennent libres pédagogiquement d’associer récit et travail sur documents dans le respect des programmes. Cela revient surtout à redonner de la chair à l’histoire et à permettre à l’esprit critique des lycéens de se développer réellement, en s’exerçant non plus sur des schémas généraux, mais sur une histoire vivante, incarnée et saisissable. On ne peut également que s’en féliciter.

L’École de la République, grande cause nationale par excellence, mérite mieux que les affrontements idéologiques. Elle a pour devoir de donner à la jeunesse des racines et des ailes et, comme l’a rappelé le ministre aux récents rendez-vous de l’histoire de Blois, c’est parce qu’elle lui donne des racines qu’elle peut ensuite lui donner des ailes. Pour y parvenir, l’histoire a un rôle primordial à jouer. »

 

Benalla : histoire d’ « O »

Benalla : histoire d’ « O »

 

Macron a qualifié l’affaire Benalla  de tempête dans un verre d’eau, il s’agirait plutôt d’une histoire d’o. Un courtisan lycée soumis aux caprices du prince se trouve puni par les excès monarchiques. La vérité c’est que ce régime de monarchie républicaine prend des allures de plus en plus autocratique tendance même un peu réac vis-à-vis des plus défavorisés considérés comme des sujets vis-à-vis desquels on dépense un pognon de dingue. Le président de la république lui-même s’autorise quelques dérapages qui témoignent de ce qu’est vraiment le macronie ;  sûrement pas une vision sociale démocrate, ni même libérale mais une sorte de bonapartiste au service des grandes fortunes d’abord et qui cadenasse toute médiation démocratique au Parlement bien sûr mais aussi au gouvernement où tous les ministres sont paralysés par la peur de déplaire.  le concept de macronie  n’existe pas il n’est qu’une sorte de patchwork d’anciennes et de nouvelles politiques qui s’appuient en réalité sur les seuls caprices d’un enfant gâté devenu prince par effraction grâce notamment au soutien du monde financier mais sans aucune expérience politique  ou militante. Bref un monarque qui viendrait de nulle part pas tout à fait de nulle part : de la bourgeoisie classique aux relents réactionnaires

 

 

12



L'actu écologique |
bessay |
Mr. Sandro's Blog |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | astucesquotidiennes
| MIEUX-ETRE
| louis crusol