Valls : héritier ou bâtard de Mitterrand
En mal de voix, Manuel Valls ne cesse de gauchiser son discours. L’ancien premier ministre est en effet menacé aujourd’hui d’être dépassé par Montebourg et Hamon pour la primaire de la gauche. Du coup, il invoque le souvenir des grands ancêtres et se déclare même héritiers de François Mitterrand lequel effectivement a toujours réussi à maintenir une unité idéologique factice au sein du parti socialiste. Ce qui est loin d’être le cas dans le PS actuellement qui navigue entre cryptocommunisme, social-démocratie et social- libéralisme. Manuel Valls n’a rien fait pour entretenir la confusion, il a même voulu débarrasser le parti socialiste de ses gauchistes. En outre, sa pratique de premier ministre s’est largement éloignée de l’utopie socialiste. Sur le fond, les divergences sont considérables. Sur la forme Valls a joué la carte de l’autoritarisme. Du coup Emmanuel Valls doit ramer pour espérer représenter les vertus socialistes traditionnelles. D’où cette référence surprenante à François Mitterrand dont il ne serait certainement pas l’héritier mais plutôt le bâtard car il lui manque cette habileté machiavélique et sans doute l’intelligence de l’ancien président de la république. Manuel Valls, qui s’emploie à « gauchiser » son discours au nom du rassemblement après avoir ferraillé contre l’aile gauche du Parti socialiste durant le quinquennat, s a déclaré s’inscrire dans un héritage en forme d’auberge espagnole de « François Mitterrand, Pierre Mauroy, Michel Rocard, Lionel Jospin, la gauche qui assume les responsabilités malgré les difficultés, fait changer les choses. ». Le problème c’est que Manuel vache ne parvient pas à se dépêtrer de ses contradictions entre d’une part le bilan de sa gestion comme premier ministre et des promesses nettement gauchisées. Par exemple le candidat souhaite désormais limiter son recours aux seuls textes budgétaires et a affirmé jeudi soir sur France 2 que son utilisation – par six fois alors qu’il était à Matignon – lui avait été « imposée » par les frondeurs socialistes. « On a beaucoup souffert du 49-3. Même en tant que membres du gouvernement, on a beaucoup souffert. Tout le travail positif qu’on faisait à côté était étouffé par les manifestations, par les protestations », a-t-elle lâché. Yannick Jadot, candidat écologiste à la présidentielle, a fustigé à ce propos en Manuel Valls un « Docteur Jekyll et Mister Hyde ». « Je ne suis pas sûr que ça renforce la crédibilité de la parole politique aujourd’hui », a-t-il dit sur France 3. Selon un sondage Ifop pour Le Journal du Dimanche, l’avance de Manuel Valls sur ses concurrents se réduit, notamment sur Arnaud Montebourg qui le battrait dans l’hypothèse d’un duel au second tour. Les sympathisants de gauche sont 36% (-9 par rapport à décembre) à souhaiter l’investiture de Manuel Valls, contre 24% (-1) celle d’Arnaud Montebourg et 21% (+7) celle de Benoît Hamon. La primaire se déroule les 22 et 29 janvier prochains. Le premier des quatre débats est prévu jeudi soir. « Il s’agira de voir si cette primaire est utile au rassemblement de la gauche ou si elle ne change rien à ce qui est le paysage éclaté de la gauche », a déclaré Benoît Hamon dimanche dans « Questions politiques » sur franceinfo-France Inter-Le Monde. « Si on passe le cap des deux millions, on se donne l’assise à partir de laquelle le vainqueur ou la ‘vainqueure’ aura de la force politique », a-t-il ajouté, espérant une participation supérieure à deux millions. Le PS table sur 1,5 à 2 millions de participants. Arnaud Montebourg a présenté samedi ses voeux aux Français, dans son fief de Saône-et-Loire, en se revendiquant de la « France du travail » et « des territoires », critiquant en creux Benoît Hamon et sa proposition de revenu universel.