Henri Guaino pour l’indexation des salaires»
la suggestion ne vient pas d’un syndicat cette fois mais de l’ancien conseiller spécial de Nicolas Sarkozy qui estime que l’augmentation automatique des salaires en proportion de la hausse des prix est nécessaire pour répondre à la hantise du déclassement de la classe moyenne.
L’inflation très forte qui a frappé le continent européen depuis 2022 serait principalement alimentée par la hausse des profits et des marges des entreprises, selon une note rédigée par des économistes de la Banque Centrale Européenne (BCE). Un constat qui interroge la responsabilité des entreprises dans un partage juste et efficace de la valeur.
La BCE a ainsi mesuré les hausses respectives des coûts du travail et des profits, et leur contribution à la production de richesse et à l’inflation durant l’année écoulée. Et on peut en tirer plusieurs constats.
D’abord, sur un an, entre le premier et le dernier trimestre 2022, les profits ont augmenté deux fois plus vite que les coûts du travail, donc les salaires. On observe ainsi une hausse de près de 10% des profits, contre une hausse de moins de 5% du coût du travail. Dans certains secteurs comme l’agriculture, le commerce, le transport, les profits ont parfois augmenté 5 à 10 fois plus vite que les salaires. Et dans le secteur manufacturier, les profits augmentent de plus de 15% alors que les salaires, eux baissent.
Ensuite, on voit que cette hausse des profits a contribué à l’inflation deux fois plus que les années précédentes. Avant crise, environ un tiers de l’inflation était imputable à la hausse des profits, alors qu’en 2022, c’est près des deux tiers de l’inflation qui est liée à la hausse des marges. En gros, les grandes entreprises sont bel et bien des « profiteurs de crise ».
Alors, comment les grandes entreprises ont-elles réussi à profiter autant de la situation de crise qui frappait les économies européennes ? Eh bien d’abord, elles ont profité de la hausse des prix de l’énergie pour augmenter leurs propres prix de vente, bien plus que cela était nécessaire pour compenser leurs propres pertes. Elles n’ont donc pas seulement « répercuté » la hausse, mais surcompensé. Pour les consommateurs, impossible de faire la différence, et le flou engendré par la crise énergétique a rendu des hausses de prix indues acceptables.
Henri Guaino Ne fait donc que proposer un simple alignement des salaires quand le président de la république n’évoque que très discrètement cette question mais sans engager de grande négociation entre partenaires »
Pour Henri Guaino pourtant en période d’inflation, les salaires doivent suivre la hausse des prix. A fortiori quand les minima sociaux sont indexés. Cette évidence s’impose même au président de la République. Mais pourquoi alors ajouter que «la clé est du côté des employeurs et du dialogue social». La loi indexe le smic, les loyers, les retraites, elle peut indexer tous les salaires selon des modalités à discuter avec les partenaires sociaux. L’indexation des salaires, c’est une opération de vérité. Présenter comme un cadeau une augmentation du salaire inférieure à la hausse des prix est au minimum un abus de langage. Quand la hausse moyenne de l’indice du salaire mensuel de base dans le secteur privé est de seulement 3,9 % en 2O22 alors que l’indice des prix a augmenté de 6 %, il n’y a pas de cadeau… »