Les velléités hégémoniques de la Chine
Dans son numéro intitulé « Aux couleurs de la Chine », la revue se penche sur le nouveau modèle de gestion d’un pays plus déterminé que jamais à peser sur les affaires du monde.( Analyse du Monde)
La revue des revues.
Confortée dans le choix de son modèle de gouvernance, arc-boutée dans une rivalité technologique et stratégique croissante avec les Etats-Unis, la Chine entame l’ère post-Covid plus puissante, plus sûre d’elle-même et plus déterminée que jamais à peser sur les affaires du monde.
Ce défi chinois est le sujet de ce numéro de la revue Esprit intitulé « Aux couleurs de la Chine », consacré à ce « socialisme aux caractéristiques chinoises », qui « conjugue un capitalisme sauvage avec la centralisation accrue du pouvoir, le contrôle social avec la recherche du bien-être de la population, et la volonté de grandeur avec un certain pragmatisme ».
Cette Chine de la « nouvelle ère », que Xi Jinping a décrétée lors du 19e Contrès du Parti communiste chinois (PCC) en 2017, avec le mot d’ordre « au nord, au sud, à l’est, à l’ouest, au centre, le parti dirige tout », incarne un retour au totalitarisme, décrypte le sinologue Jean-Philippe Béja, qui retrace la consolidation de son pouvoir par le nouveau timonier chinois.
Sebastian Veg affine la réflexion en identifiant les trois arguments des « néosouverainistes » chinois, dont les productions théoriques sous-tendent la pensée de Xi Jinping : « La supériorité de la souveraineté politique par rapport à l’Etat de droit ; une critique de la judiciarisation rampante de la politique qui rendait nécessaire une repolitisation de l’Etat ; enfin, une critique de l’universalisme qui les conduit à affirmer l’exceptionnalisme chinois. »
Parmi eux figure Jiang Shigong, 53 ans. En poste au sein du Bureau de liaison du gouvernement central chinois à Hongkong de 2004 à 2008, il a ensuite joué un rôle-clé dans l’élaboration théorique de la reprise en main de Hongkong à partir de 2014 – qui a abouti, à la suite de l’adoption en 2020 d’une loi de sécurité nationale, à la neutralisation presque totale de l’opposition prodémocratie.