Excès des écologistes : le risque d’une hécatombe humanitaire
A l’occasion de la COP26, l’analyste en politique publique Ferghane Azihari déconstruit les raisonnements de certains écologistes qui « crient à la catastrophe climatique mais font la guerre aux solutions les plus crédibles aux défis actuels. » ( dans l’Opinion, Extrait)
Votre premier ouvrage de philosophie politique prend la défense de la modernité, face à ce que vous décrivez comme les assauts de l’écologisme. Comment est-il né ?
Comme tous mes contemporains, je suis sensible à la question environnementale. Et je constate avec consternation que le qualificatif de climatosceptique n’est plus réservé à ceux qui nient le changement climatique, mais s’applique à tous ceux qui ne partagent pas le combat millénariste, anticapitaliste. Ce mouvement anti-progrès condamne une partie de l’Humanité à rester dans la misère. Le fait que l’Homme élève son existence dérange les écologistes. Tout cela tourne aux débats d’enfant gâté : le progrès est conspué par ceux qui en profitent, alors même que la société qu’ils se plaisent à dénigrer contient les solutions à la crise que nous connaissons. Je suis né de parents comoriens installés en France avant ma naissance. Je suis dans une situation familiale où j’ai un pied sur les deux rives du développement. Je suis très conscient des inconvénients d’une société qui n’a pas les moyens de se développer.
Vous vous insurgez contre l’image fantasmée d’un « paradis préindustriel »…
C’est une traduction écologiste du mythe rousseauiste du bon sauvage. Il suffirait de se libérer de la société moderne pour retrouver un air pur. Il faut ne jamais avoir ouvert de livre d’Histoire pour croire une telle chose. La pollution fait bien plus de victimes dans les sociétés sous-développées que dans la nôtre. Et je ne parle pas de nos pollutions exportées : je parle de pollutions pré-modernes, de la pollution de l’air qui vient du fait qu’on brûle n’importe quoi pour cuisiner faute d’électricité, de l’absence d’infrastructures de traitement des eaux usées – on a longtemps considéré en Europe que le vin était plus sain que l’eau pour cette…