Archive pour le Tag 'handicap'

Olympisme et handicap

 

Après le succès des Jeux olympiques de Paris 2024, les Jeux paralympiques ont débuté mercredi 28 août et courront jusqu’au 8 septembre. Depuis les Jeux de Séoul en 1988 les Jeux paralympiques ont lieu dans la même ville que celle des Jeux olympiques « classiques » et à leur suite. Décennie après décennie, on peut se réjouir de la montée en puissance de la visibilité de ces Jeux. Il y a pourtant ici bien des choses paradoxales qui méritent d’être soulignées : paradoxe par rapport à l’Antiquité grecque qui n’aurait pas envisagé de handicap aux Jeux d’Olympie ; paradoxe de l’ultra-visibilité médiatique, là où le handicap pouvait chercher la discrétion pour se normaliser ; paradoxe d’une inclusion jamais totalement inclusive et paradoxe de la performance mais avec équipement…

 

par Bertrand Quentin
Philosophe, Maître de conférences HDR, qualifié CNU aux fonctions de Professeur, Université Gustave Eiffel dans « the conversation » 

 

Les Grecs n’étaient pas prêts à recevoir le handicap. Peuple amoureux d’une certaine beauté des formes et des corps, on voit la statuaire grecque se concentrer sur les Apollon, Zeus et Héraclès aux corps harmonieux, musculeux et compétitifs.

Les Jeux créés à Olympie en -776 av. J.-C. (date un peu sujette à caution) voient les différentes cités grecques rivaliser dans des sports où l’essentiel est la force et la performance. A l’époque, on ne peut pas envisager qu’une personne handicapée puisse y participer en ayant ses chances de remporter la couronne d’olivier sauvage. La gloire que s’attire une cité étant considérable, on ne peut pas risquer à présenter des prétendants qui n’auraient pas les chances maximales de gagner.

À cet égard, c’est Sparte qui est à l’honneur, remportant le plus régulièrement les épreuves. Un halo mythique entoure l’élimination des enfants nés handicapés physiques à Sparte : Plutarque est en effet la seule source mentionnant la pratique de tels infanticides tandis que Théodoros Pitsios, anthropologue grec concluait en 2007, après cinq années de fouille, que le gouffre des Apothètes, le long du mont Taygète, ne contenait pas d’ossements d’enfants, mais essentiellement des adultes entre 18 ans et 35 ans (vraisemblablement prisonniers de guerre, traîtres ou criminels). Quoi qu’il en soit donc de cette pratique si souvent évoquée, on voit bien que les conditions n’étaient pas réunies pour valoriser des corps jugés imparfaits (de la même façon pour Athènes – les textes de Platon en témoignent.

C’est donc un premier paradoxe moderne que de créer des Jeux olympiques qui permettront aux personnes handicapées d’être elles aussi célébrées, sur l’autel de la force et de la performance.

Un second paradoxe apparaît ici. La personne handicapée peut souffrir du regard des autres quand son handicap est visible. L’homme politique anglais William Hay venu au monde en 1695 en Angleterre se développa avec un corps difforme : bossu, de petite taille (un mètre cinquante-deux) et le visage marqué par une petite vérole ayant considérablement affecté sa vue. Il témoigne, tout en appartenant à la petite noblesse terrienne, de la difficulté à supporter le regard des autres.

Il dit ne pas trop craindre le regard de ceux de la haute noblesse, qui sont éduqués à reconnaître les hiérarchies mais à ne jamais se montrer ébaubis devant qui que ce soit. En revanche William Hay craint les rassemblements populaires, les foules, où la difformité produit, selon lui, immanquablement insultes et moqueries.

Ainsi il faut imaginer à quel point certains athlètes paralympiques ont dû lutter contre la tentation humaine naturelle à l’introversion : ne pas être banni et donc apprendre à se cacher des yeux des autres.

Hay écrivait :

« Je suis toujours mal à l’aise lorsque quelqu’un scrute fixement une si misérable image et je ne peux avec la confiance qu’il faut, regarder le visage de celui qui m’observe. Je me suis toujours reproché cette faiblesse, mais je suis incapable de la corriger ».

On comprend donc le caractère paradoxal de ces Jeux paralympiques où s’accentue une passion scopique mondiale : un milliard d’yeux vont se fixer sur vous à travers les caméras, un milliard d’yeux vont pouvoir analyser la nature de votre handicap, avec un classique va-et-vient de séduction et de répulsion.

Les Jeux sont un spectacle. On se montre et il faut oser le faire. Les effets seront différents selon les compétiteurs – l’expérience des Jeux olympiques du mois dernier l’a montré : certains seront submergés par la pression du public et ne produiront qu’une performance décevante, là où d’autres sauront ne prendre que l’énergie positive qu’on leur donne.

Les moments de visibilité du handicap ne sont pas si fréquents dans les médias. Quelques films à très grand succès comme « Intouchables » (2011), « Hors Normes (2019), ou plus récemment « Un p’tit truc en plus » (2024) montrent cependant que la différence physique, psychique ou mentale peut donner lieu à une rencontre riche entre grand public et handicap.

La présence du handicap à la télévision reste néanmoins modeste et on ne se plaindra pas que les Jeux paralympiques ouvrent une fenêtre de visibilité plus étendue que d’habitude. Mais pour que la visibilité ne soit pas que symbolique, il serait bon que certains journalistes couvrant les sujets puissent aussi être handicapés.

Or jusqu’à présent sur les plateaux télévisés traitant des Jeux paralympiques on a vu exclusivement officier des journalistes sportifs dits valides – maintenant ce clivage entre valides et invalides.

Cela manifeste le concept de liminalité qui désigne le fait d’être « maintenu sur le seuil » (« Limen » en latin veut dire le seuil). L’idée d’origine vient de l’ethnologue français Arnold Van Gennep qui en 1909 dans son ouvrage « Les rites de passage » décrit la situation, au cours d’un rite, où la personne est isolée de la vie du groupe sans être rejetée définitivement.

Dans les années 1980, l’anthropologue américain Robert Murphy reprend le concept de « liminalité » par rapport au handicap. Il rend compte du fait que la personne en situation de handicap est maintenue sur le seuil de la société. Ni totalement extérieure (ce qu’on a vu durant la période nazie) ni jamais totalement à l’intérieur (une paroi invisible empêche à chaque fois une vie dite normale).

Bien souvent nos sociétés ne font que semblant d’accueillir les personnes handicapées, pour les laisser en réalité dans une situation de liminalité, transformant les invalides en invalidés comme dans lorsque qu’une affiche indique qu’un endroit est « exceptionnellement » inaccessible pour une personne handicapée parce que l’ascenseur est en panne. On peut espérer que les Jeux paralympiques participent à améliorer l’acceptation des corps différents.

William Hay, que nous citions plus haut, avait en tout cas tiré un trait sur ses performances physiques et feignait d’y trouver des avantages :

« Comme un infirme n’est pas bâti pour les exercices violents, il est donc moins exposé aux désordres qui en sont la conséquence. Il échappera aussi à bien des accidents, auxquels les athlètes qui sont fiers de leur force s’exposent en voulant la tester et l’exhiber ».

Il ne pouvait imaginer pour la personne handicapée qu’un succès comme écrivain. Ce que nos temps ont changé c’est la possibilité technique de remédiations, que l’époque de William Hay et encore moins l’Antiquité, ne laissaient imaginer.

Remédiations physiques : l’individu, même amputé des quatre membres, peut marcher avec des prothèses (voire courir avec des lames en carbone) et conduire un véhicule ; remédiations numériques : il peut accéder au monde avec Internet ou via un smartphone.

Mais il y a différents sports, tout comme il y a différents handicaps. De ce fait le lien à la performance n’est pas lisible identiquement. Pâtir d’une paraplégie, mais avoir sa raquette fixée par un scratch car les muscles des mains sont également atrophiés, ce n’est pas bénéficier d’une technologie démesurée. En revanche, dans la course à pied ou le saut en longueur, des dispositifs techniques ont permis d’améliorer radicalement les performances.

On se souvient des deux lames prothèses en carbone de l’athlète sud-américain Pistorius et des polémiques sur le fait qu’il pouvait dès lors, même contre lesdits valides, bénéficier d’un avantage concurrentiel indu.
Un premier questionnement pourra être celui de la difficulté à établir une compétition équitable si des procédés techniques viennent interférer avec l’usage des seules possibilités d’un corps. Les différents niveaux de handicap compliquent d’ailleurs la donne : peut-on distinguer équitablement entre la performance d’un compétiteur qui n’a que 25 % de force motrice à une cuisse et un autre qui en a 35 % ? Ce sont alors les Fédérations internationales qui peuvent fixer les normes de compétition au sein de leur sport et comme pour toute pratique humaine, c’est dans la durée qu’un consensus apparaît et que certains sports sont exclus des Jeux paralympiques, faute de permettre une homogénéité des performances.

Mais en dehors de ce questionnement, le fait que des dispositifs techniques permettent à des personnes handicapées de se sentir moins entravées, de découvrir une joie du corps et de la compétition plus grande ne pourra que nous réjouir. De même, nous nous réjouissons que chaque nouvelle visibilité des Jeux paralympiques fasse monter le nombre des licenciés des différentes pratiques handisport mais pour les accueillir, il faut aussi plus de structures, plus de créneaux, plus d’encadrants et d’entraineurs.

Mélenchon : handicap pour 80 % des Français

Mélenchon : handicap pour  80 % des Français

D’après un sondage réalisé par Odoxa-Backbone Consulting pour  Le Figaro 79 % des sondés estiment que le chef de file de La France insoumise représente un handicap pour le Nouveau Front Populaire lors des élections législatives du 30 juin et 7 juillet prochains. Un sentiment largement partagé par les électeurs de droite, mais aussi à gauche. Près de 87 % des sympathisants du Parti socialiste et des écologistes sont également de cet avis.

38 % des personnes interrogées ont une bonne opinion du Rassemblement national. Un chiffre plus avantageux que celui de La France insoumise, rejeté par 78 % des Français. Jordan Bardella, le patron du RN, profite, lui, d’une bonne image auprès de 40 % des sondés et 71 % le voient comme un atout pour son camp.

Qui de Jean-Luc Mélenchon ou Jordan Bardella ferait un bon Premier ministre ? 39 % penchent en faveur du président du Rassemblement national, contre 15 % pour Jean-Luc Mélenchon.

Retour de Hollande, atout ou handicap ?

Retour de Hollande, atout ou handicap ?

 

 

 

Le retour de Hollande est évidemment une surprise comme candidat aux législatives. En fait, l’intéressé n’a jamais lâché la politique et l’espérance d’un nouveau mandat y compris aux présidentielles. Il va même bénéficier d’une situation particulière pour sa candidature en Corrèze puisqu’il n’y aura pas de candidats de la majorité macroniste en face de lui.

Hollande peut être un atout à l’Assemblée nationale compte tenu de son expérience politique. Par contre, il n’a pas laissé un grand souvenir comme président et ce retour peut susciter des interrogations voir des critiques y compris au sein du nouveau Front populaire.

Pour faciliter sans doute cette élection, le  parti présidentiel a décidé de ne pas investir de candidat face à lui. L’entourage de l’ancien chef de l’État indique que ce dernier a en effet «constaté» l’absence de concurrent Renaissance, tout en affirmant ne pas avoir été concerté par la majorité pour cette décision.

 

 

SONDAGE – Mélenchon, principal handicap de la gauche

SONDAGE -  Mélenchon, principal handicap de la gauche

Dans un sondage IFOP, Jean-Luc Mélenchon est perçu comme un handicap pour la gauche. Ses positions sur Gaza et ses divisions internes affaiblissent la Nupes. Les Français sont particulièrement sévères avec Jean-Luc Mélenchon. Dans un sondage de l’Ifop, le leader de LFI est perçu comme étant un handicap pour son parti par 76 % des Français, pour la Nupes par 79 % et enfin pour permettre à la gauche de revenir au pouvoir par 80 % des sondés. Les chiffres sont terribles : il est jugé « dépassé » par 66 % des sondés et « inquiétant » pour 61 %. Seuls 31 % le considèrent proche des préoccupations des Français, un chiffre en baisse de 22 points par rapport à mai 2022.

Une chute colossale mais évidente quand son seul sujet est désormais Gaza. Tant pis pour le pouvoir d’achat des classes populaires qui font désormais le choix de Marine Le Pen. Seuls 28 % des sondés jugent qu’il est attaché aux valeurs démocratiques et 22 % qu’il est capable de rassembler les Français. Et seulement un Français sur cinq souhaite sa candidature à la prochaine élection présidentielle.

 

 

Panne de croissance en Allemagne : un handicap pour la France

 

L’absence de croissance en Allemagne handicape toute l’Europe car c’est le moteur de l’union économique qui tourne au ralenti. Les pays européens font du commerce avec l’Allemagne qui est le premier client de la France par exemple. Or l’Allemagne pourrait bien connaître une année nouvelle de récession en 2024

L’Allemagne reste à la fois le premier client et le premier fournisseur de la France. Son poids dans les échanges est en baisse (14% en 2020 contre plus de 17% en 2012), mais il est près de deux fois supérieur à celui des pays qui la suivent dans le classement. Or, après un recul de 0,3 % du PIB alemand l’an dernier, celui-ci ne devrait progresser que de 0,1 % cette année, selon la prévision révisée des cinq grands instituts de conjoncture allemands, publiée mercredi. Une correction drastique par rapport à leur estimation de novembre d’une croissance de 1,3 %, qui se situe juste en dessous de la propre prévision du gouvernement, de 0,2 % pour 2024.

 

L’Allemagne dont le moteur économique repose sur les exportations et surtout victimes du ralentissement chinois. La Chine est le principal partenaire commercial de l’Allemagne depuis 2016. Les importations allemandes en provenance de Chine représentent près de 12 % du commerce total de l’Allemagne et les exportations 8 %. Dans l’ensemble, les échanges commerciaux avec la Chine atteignent désormais près de 20% des échanges commerciaux allemands.

Si, par le passé, le déficit commercial de l’Allemagne vis-à-vis de la Chine a été relativement limité, il se creuse substantiellement depuis le début de l’année 2021. L’Allemagne, dont le niveau de gamme de la production industrielle est particulièrement élevé, est très dépendante de la Chine en matière d’intrants stratégiques, et en particulier dans son approvisionnement en terres rares.

Les fleurons industriels allemands dépendent également de la demande intérieure chinoise puisqu’ils y réalisent, en moyenne, environ 20% de leurs ventes, et cette part ne cesse de croître. Pour l’Allemagne, le chemin vers une moindre dépendance s’annonce long et complexe. La Chine lui fournit des intrants essentiels et elle est une source de débouchés importante pour l’industrie la plus puissante d’Europe.

Les liens commerciaux noués entre l’Allemagne et la Chine n’ont cessé de se renforcer au cours des deux dernières décennies. Alors qu’ils représentaient à peine 5% des échanges totaux de l’Allemagne au début des années 2000 (ventilé avec 3,5% pour les importations et 1,5% pour les exportations), ils pèsent aujourd’hui près de 20% .

L’absence de croissance en Allemagne handicape toute l’Europe

L’absence de croissance allemande handicape toute l’Europe

L’absence de croissance en Allemagne handicape toute l’Europe car c’est le moteur de l’union économique qui tourne au ralenti. Les pays européens font du commerce avec l’Allemagne qui est le premier client de la France par exemple. Or l’Allemagne pourrait bien connaître une année nouvelle de récession en 2024

L’Allemagne reste à la fois le premier client et le premier fournisseur de la France. Son poids dans les échanges est en baisse (14% en 2020 contre plus de 17% en 2012), mais il est près de deux fois supérieur à celui des pays qui la suivent dans le classement. Or, après un recul de 0,3 % du PIB alemand l’an dernier, celui-ci ne devrait progresser que de 0,1 % cette année, selon la prévision révisée des cinq grands instituts de conjoncture allemands, publiée mercredi. Une correction drastique par rapport à leur estimation de novembre d’une croissance de 1,3 %, qui se situe juste en dessous de la propre prévision du gouvernement, de 0,2 % pour 2024.

 

L’Allemagne dont le moteur économique repose sur les exportations et surtout victimes du ralentissement chinois. La Chine est le principal partenaire commercial de l’Allemagne depuis 2016. Les importations allemandes en provenance de Chine représentent près de 12 % du commerce total de l’Allemagne et les exportations 8 %. Dans l’ensemble, les échanges commerciaux avec la Chine atteignent désormais près de 20% des échanges commerciaux allemands.

Si, par le passé, le déficit commercial de l’Allemagne vis-à-vis de la Chine a été relativement limité, il se creuse substantiellement depuis le début de l’année 2021. L’Allemagne, dont le niveau de gamme de la production industrielle est particulièrement élevé, est très dépendante de la Chine en matière d’intrants stratégiques, et en particulier dans son approvisionnement en terres rares.

Les fleurons industriels allemands dépendent également de la demande intérieure chinoise puisqu’ils y réalisent, en moyenne, environ 20% de leurs ventes, et cette part ne cesse de croître. Pour l’Allemagne, le chemin vers une moindre dépendance s’annonce long et complexe. La Chine lui fournit des intrants essentiels et elle est une source de débouchés importante pour l’industrie la plus puissante d’Europe.

Les liens commerciaux noués entre l’Allemagne et la Chine n’ont cessé de se renforcer au cours des deux dernières décennies. Alors qu’ils représentaient à peine 5% des échanges totaux de l’Allemagne au début des années 2000 (ventilé avec 3,5% pour les importations et 1,5% pour les exportations), ils pèsent aujourd’hui près de 20% .

France- Productivité : le handicap français

France- Productivité : le handicap français

Non seulement nombre de Français au travail est insuffisant et plombe la croissance mais en plus la productivité de ceux qui travail plonge de manière dangereuse. De nombreux facteurs explicatifs comme sans doute le rapport au travail mais aussi le manque de formation de base et de compétence. La désindustrialisation aussi au profit de services eux-mêmes insuffisamment productifs.
Dans une note intitulée « Cap sur le capital humain pour renouer avec la croissance de la productivité », le conseil d’analyse économique a tiré la sonnette d’alarme ce jeudi 29 septembre. « Le ralentissement de la productivité est un problème économique important dans notre pays. Par rapport aux Etats-Unis et à l’Allemagne, la productivité en France diminue plus vite », a déclaré Xavier Jaravel, un des co-auteurs de la note et prix du meilleur jeune économiste en 2021 lors d’un point presse. ( papier de la Tribune)

Le premier enseignement frappant de ce travail documenté de plus de 80 pages est que la baisse de productivité tricolore a amputé le produit intérieur brut (PIB) d’environ 5,8 points sur la période 2003-2019. Cela représente environ 140 milliards d’euros en quinze ans. Ce décrochage de la productivité hexagonale par rapport à l’Allemagne ou aux Etats-Unis entraîne également des pertes faramineuses pour les finances publiques de l’ordre de 65 milliards d’euros avec un taux de prélèvements obligatoires de 46%.

Pour se donner un ordre de grandeur, les économistes rappellent que cette somme représente le budget annuel du ministère de l’Education nationale. Le centre de recherches rappelle que la France a perdu 7 points de PIB par habitant par rapport à l’Allemagne en quinze années. Une grande partie de ce décrochage (5 points) s’explique par des pertes de vitesse de la productivité.

Enfin, il faut rappeler que si les chercheurs ont focalisé leurs travaux sur les deux dernières décennies, le ralentissement de la productivité en France est loin d’être un phénomène récent. Depuis la fin des « 30 glorieuses », l’économie hexagonale enregistre de plus faibles gains de productivité. « En France, la croissance de la productivité du travail est divisée par deux au cours des années 70 et passe d’un rythme de 5% l’an à un rythme de 2,6% », expliquent les économistes de l’OFCE (Observatoire français des conjonctures économiques) Éric Heyer et Xavier Timbeau dans un récent (*) ouvrage consacré à l’économie tricolore. Les différentes crises économiques liées aux chocs pétroliers des années 70 et au resserrement drastique des politiques monétaires ont porté un coup dur à la productivité dans les pays riches de la planète durant cette période.

L’autre constat important est que la plupart des secteurs sont concernés par ce coup de frein de la productivité. Sans surprise, la chute de productivité dans l’industrie peut s’expliquer en partie par une transformation du modèle productif français. La désindustrialisation accélérée de l’économie hexagonale depuis les années 70 a provoqué des destructions massives d’emplois dans l’industrie. Résultat, les emplois à forte productivité ont considérablement chuté.

La productivité est en général plus forte dans l’industrie que dans les autres secteurs. Dans la construction et le commerce, les tendances sont très négatives par rapport à l’Allemagne. Enfin, même dans les technologies de l’information et de la communication, les résultats sont « alarmants » jugent les économistes du centre d’analyse.

L’un des principaux facteurs évoqués par les économistes pour expliquer ce ralentissement est le décrochage de la France en matière de compétences, en particulier en mathématiques. « Plusieurs analyses récentes s’accordent sur le constat d’une nette dégradation du niveau moyen mais restent ambiguës concernant l’évolution en haut de la distribution [...] Nous confirmons ici le constat d’une dégradation générale du niveau en France et montrons également que ce constat s’applique également aux meilleurs scores de la distribution en particulier sur la période récente », indiquent les économistes. L’organisme rattaché à la Première ministre pointe du doigt également la dégradation des compétences dans la sphère professionnelle.

« Le décrochage éducatif sur les mathématiques et les compétences socio-comportementales pèse sur la productivité. Les capacités socio-comportementales comprennent les capacités à travailler en équipe, à communiquer par exemple. La France est en mauvaise posture sur les compétences en mathématiques et socio-comportementales. La baisse en mathématiques concerne aussi bien la moyenne générale mais aussi les meilleurs élèves, » résume Xavier Jaravel, professeur à la London School of Economics (LSE).

Face à ce constat accablant, le conseil d’analyse économique fait plusieurs préconisations. « Notre première recommandation est de mettre en place une vraie ambition sur la hausse des performances éducatives. Il y a une série de réformes à mener sur les programmes, la formation des enseignants. Il faut également insister sur le renforcement des compétences socio-comportementales dans le cursus scolaire. il faut mettre l’accent sur les formations ultérieures [au cours de la carrière] », poursuit l’économiste.

Le crédit d’impôt recherche convoité par les grandes entreprises est dans le viseur du conseil d’analyse économique. Plusieurs économistes de tout bord ont étrillé cette niche fiscale réclamée par les grands groupes tricolores. « L’effet incitatif du CIR est faible pour la dépense de R&D des grands groupes, qui bénéficient de 400 millions d’euros de subventions à 5 % », soulignent les auteurs de la note. Les chercheurs recommandent de baisser le plafond de dépenses éligibles à 20 millions d’euros.

« On peut optimiser le Crédit d’impôt recherche en conservant l’enveloppe globale [ de 7 milliards d'euros par an] et le redéployer en diminuant les subventions au profit du capital humain », conclut l’économiste. A quelques jours de l’ouverture de la session parlementaire sur le budget 2023, cette proposition risque de raviver les débats sur cette niche fiscale particulièrement controversée.

(*) L’économie française 2020, Editions La Découverte.

Myopie: handicap mondial en 2050

Myopie: handicap mondial en 2050

« Aujourd’hui, 40% de la population est myope, avec 5 à 10% de myopes forts », a alerté ce jeudi lors d’une conférence de presse Ramin Tadayoni, chef de service d’ophtalmologie à l’Hôpital Fondation Adolphe de Rothschild. En cause surtout une sollicitation excessive de la vision de près notamment à travers les écrans.

« Ces deux proportions sont en augmentation et, surtout, il y a de plus en plus d’enfants myopes », a-t-il relevé. Selon les projections actuelles, en 2050 la moitié de la population mondiale sera myope.

Jusqu’à présent, les cas semblaient exploser surtout en Asie. Une publication dans The Lancet il y a dix ans évaluait la prévalence de ce trouble de la vision chez les jeunes asiatiques à près de 90%. Au Japon, en Chine ou en Corée du Sud, neuf élèves sur dix portent des lunettes.

« Nous avons un décalage de quinze ans avec l’Asie », a souligné Ramin Tadayoni. Après l’Asie, la myopie se développe à bas bruit dans tous les pays développés et pourrait toucher la moitié de la population mondiale dans 30 ans, dont 10% très sévèrement, alertent des experts qui appellent à en faire un enjeu de santé publique.

Perspectives économiques 2022 : Le double handicap d’une forte inflation et d’une faible croissance ?

Perspectives économiques 2022 : Le double handicap d’une forte inflation et d’une faible croissance ?

 

En parfaite conformité avec les théories libérales de Milton Friedman, l’économiste Laurence Daziano analyse, dans une tribune au « Monde », la montée d’un risque inflationniste croissant qui menace les économies occidentales, dont la France.

 

Tribune.

Contre toute attente, la crise sanitaire du Covid a entraîné, après le déploiement de plans de relance massifs, une croissance spectaculaire en l’espace de quelques semaines. Aux Etats-Unis ou en France, la croissance pourrait atteindre plus de 6 % en 2021. Cette forte reprise explique notamment les pénuries multiples et la reprise de l’inflation, qui avait, depuis vingt ans, disparu des pays développés.

L’inflation atteint près de 5 % aux Etats-Unis et près de 3 % en Europe, dont 4 % en Allemagne. Pour l’heure, la Réserve fédérale américaine (Fed), la Banque centrale européenne (BCE) ou la Banque d’Angleterre ont refusé de relever leurs taux, considérant que ce regain d’inflation était temporaire et lié au contexte très particulier de la reprise post-Covid qui est, elle-même, conjoncturelle.

 

La consommation est largement portée par le surcroît d’épargne généré pendant la crise sanitaire ainsi que par les plans de relance. Or, ces deux mécanismes vont progressivement s’effacer durant l’année 2022. Les hausses de prix se concentrent dans certains secteurs particuliers tels que l’énergie, les biens industriels et l’alimentation. Dans ces domaines, les entreprises devraient ajuster dans les prochains mois l’offre à la demande, éteignant les hausses de prix constatées actuellement.

Une inflation sous-jacente dans le monde

Certes, ces mécanismes sont conjoncturels et exceptionnels. Mais ils dévoilent, en réalité, des problèmes structurels qui n’avaient pas été traités jusqu’à présent, notamment le maintien de taux bas en période expansionniste, l’alimentation ininterrompue des marchés financiers en liquidités par les banques centrales ou la hausse des prix immobiliers.

 

Milton Friedman (1912-2006), fondateur de l’école de Chicago, a parfaitement expliqué avec la théorie quantitative de la monnaie qu’un accroissement monétaire se termine, tôt ou tard, par une hausse de l’inflation avec ce résumé limpide : « L’inflation est toujours et partout un phénomène monétaire en ce sens qu’elle est et qu’elle ne peut être générée que par une augmentation de la quantité de monnaie plus rapide que celle de la production », de sorte que l’afflux de liquidités sur les marchés génère mécaniquement des tensions inflationnistes.

Lire aussi  Article réservé à nos abonnés A travers le monde, les banques centrales commencent à resserrer leur politique monétaire

L’inflation sous-jacente augmente partout dans le monde, avec des tensions sur les matières premières, l’énergie et désormais les salaires. Plusieurs enquêtes annoncent que les anticipations inflationnistes des acteurs économiques vont s’ajuster sur le niveau de la hausse des prix.

Perspectives 2022 : Le double handicap d’une forte inflation et d’une faible croissance ?

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En parfaite conformité avec les théories libérales de Milton Friedman, l’économiste Laurence Daziano analyse, dans une tribune au « Monde », la montée d’un risque inflationniste croissant qui menace les économies occidentales, dont la France.

 

Tribune.

Contre toute attente, la crise sanitaire du Covid a entraîné, après le déploiement de plans de relance massifs, une croissance spectaculaire en l’espace de quelques semaines. Aux Etats-Unis ou en France, la croissance pourrait atteindre plus de 6 % en 2021. Cette forte reprise explique notamment les pénuries multiples et la reprise de l’inflation, qui avait, depuis vingt ans, disparu des pays développés.

L’inflation atteint près de 5 % aux Etats-Unis et près de 3 % en Europe, dont 4 % en Allemagne. Pour l’heure, la Réserve fédérale américaine (Fed), la Banque centrale européenne (BCE) ou la Banque d’Angleterre ont refusé de relever leurs taux, considérant que ce regain d’inflation était temporaire et lié au contexte très particulier de la reprise post-Covid qui est, elle-même, conjoncturelle.

 

La consommation est largement portée par le surcroît d’épargne généré pendant la crise sanitaire ainsi que par les plans de relance. Or, ces deux mécanismes vont progressivement s’effacer durant l’année 2022. Les hausses de prix se concentrent dans certains secteurs particuliers tels que l’énergie, les biens industriels et l’alimentation. Dans ces domaines, les entreprises devraient ajuster dans les prochains mois l’offre à la demande, éteignant les hausses de prix constatées actuellement.

Une inflation sous-jacente dans le monde

Certes, ces mécanismes sont conjoncturels et exceptionnels. Mais ils dévoilent, en réalité, des problèmes structurels qui n’avaient pas été traités jusqu’à présent, notamment le maintien de taux bas en période expansionniste, l’alimentation ininterrompue des marchés financiers en liquidités par les banques centrales ou la hausse des prix immobiliers.

 

Milton Friedman (1912-2006), fondateur de l’école de Chicago, a parfaitement expliqué avec la théorie quantitative de la monnaie qu’un accroissement monétaire se termine, tôt ou tard, par une hausse de l’inflation avec ce résumé limpide : « L’inflation est toujours et partout un phénomène monétaire en ce sens qu’elle est et qu’elle ne peut être générée que par une augmentation de la quantité de monnaie plus rapide que celle de la production », de sorte que l’afflux de liquidités sur les marchés génère mécaniquement des tensions inflationnistes.

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Le mythe du handicap de l’ euro fort ( Ken Fisher)

Le mythe du handicap de l’ euro fort  ( Ken Fisher)

Ken Fisher est président et directeur de Fisher Investments Europe, déconstruit dans l’Opinion le mythe du handicap de l’euro fort. Sans doute aussi pour s’opposer aux partisans du bon vieux temps qui permettait des dévaluations régulières du franc suivies  d’une forte inflation qui faisait payer au plus défavorisés la manœuvre monétaire.

 

Tribune

 

Tandis que le dollar baisse, l’euro augmente, et avec lui les craintes que sa vigueur ne pénalise les exportations françaises et européennes, mettant un coup d’arrêt à la reprise économique et faisant plonger les actions. Mais pas de quoi s’alarmer. En réalité, l’appréciation récente de la monnaie unique est modeste. Et, même si elle gagnait en importance, la force d’une devise n’a jamais sonné le glas des exportations et de la croissance. Voici pourquoi.

Les pessimistes soutiennent que la vigueur de l’euro rend les exportations européennes plus onéreuses pour les consommateurs à l’étranger. Si tel était le cas, la France et l’Europe seraient effectivement menacées. Avant la crise de la Covid-19, les exportations représentaient 31,8 % du PIB annuel de la France, devant la moyenne mondiale de 30,6 %. Les exportations occupent une place encore plus importante dans l’économie de la zone euro, avec 45,8 % du PIB.

De plus, ces dernières sont déjà à des niveaux relativement faibles. En dépit d’un rebond en mai, en juin et en juillet, les exportations de la France et de la zone euro ont clôturé le mois d’août en retrait de respectivement 16,6 % et 11 % par rapport aux niveaux de février, avant l’instauration des mesures de confinement. Les plus inquiets s’empresseront d’affirmer que cela accentue d’autant la menace constituée par l’euro fort.

Rattrapage. Mais ne surestimons pas la vigueur de la devise européenne. Elle s’est certes appréciée d’environ 11 % par rapport au dollar depuis le creux du 20 mars, ce qui peut sembler considérable. Mais en réalité, il s’agit essentiellement d’un rattrapage par rapport à la contraction brutale qui s’était opérée entre le 9 et le 20 mars (-6,4 %). Cette chute de l’euro est un épisode classique, mais de courte durée, de « fuite vers la qualité » qui soutient le dollar lors des replis des marchés. Affolés, les investisseurs en actions se ruent alors sur les bons du Trésor américains, réputés plus sûrs, et que certains acquièrent en vendant d’autres devises pour acheter des dollars.

Prenons l’exemple de la crise financière mondiale : entre avril 2008 et le point bas du marché baissier des actions observé en mars 2009, le dollar s’est apprécié de pas moins de 27 % face à la monnaie européenne. Le calme est ensuite revenu et l’euro a bondi de 13,5 % face au billet vert entre mars et fin 2009. Pourtant, la reprise économique avait débuté en juin de cette même année. Les actions françaises et celles de la zone euro ont bondi respectivement de 62,9 % et 66,9 % entre le plancher de mars et la fin de l’année, surpassant la moyenne mondiale qui était alors de 52,3 %.

Les « euro-pessimistes » semblent donc oublier cet épisode de l’histoire. Le taux de change actuel est presque au même niveau qu’en 2017, année au cours de laquelle la monnaie unique a progressé de 13,8 % vis-à-vis du dollar, alors que les exportations depuis la France et la zone euro ont bondi respectivement de 5,0 % et 7,1 %. La croissance du PIB français cette année-là s’est établie à 2,4 %, et celle de la zone euro à 2,6 %. De son côté, le CAC 40 s’est adjugé 12,7 % et les marchés de la zone euro 12,5 %, devançant le reste du monde.

En 2013, l’euro s’est maintenu au-dessus du taux de change actuel pendant toute l’année. Son plancher a été atteint le 27 mars 2013, puis la monnaie unique s’est appréciée de 7,2 % jusqu’à la fin de l’année. Comme aujourd’hui, ce parcours a été précédé d’une récession, le ralentissement causé par la crise de la dette de la zone euro ayant pris fin au 1er trimestre 2013. La vigueur de l’euro n’a alors pas entravé la reprise de l’économie française, ni ses exportations, en hausse de 2,1 % en 2013. Le CAC 40 a bondi de 22,2 % cette même année et les actions de la zone euro de 19,6 %, devant le reste des marchés mondiaux.

Cela ne signifie pas que les marchés français vont forcément surperformer à la faveur d’un euro fort en 2020. Cela montre en revanche que les craintes entourant la vigueur de l’euro sont infondées.

Les investisseurs qui ont raté le rebond entamé en mars se raccrochent désespérément à toute preuve permettant d’étayer leur pessimisme, à l’instar de l’appréciation de l’euro. C’est un cas typique de biais de confirmation

Certains redoutent toutefois une poursuite de la hausse de la monnaie unique, mais ce raisonnement occulte le fait qu’une devise forte ne pénalise pas les économies, et ce pour plusieurs raisons. De nos jours, peu de produits européens proviennent exclusivement du pays qui les produit. Les matières premières, machines et composants sont souvent importés par les fabricants.

Prenons le cas d’Airbus, fleuron de l’aéronautique européenne. Son activité s’appuie sur 26000 fournisseurs basés dans 100 pays différents. Trois de ses six usines d’assemblage sont situées en dehors de la zone euro. Un euro fort réduit le coût des produits importés et des activités basées à l’étranger.

Mourir dans l’euphorie. Nous ne disons pas là qu’un euro fort n’a que des aspects positifs ; plus de 60 % des revenus d’Airbus proviennent d’Asie et du continent américain. Simplement, l’impact de la devise est bien moins préjudiciable que ne l’annoncent les experts, surtout si l’on considère que les équipes dirigeantes n’ont aucun mal à se couvrir contre les fluctuations de change. Les craintes liées aux devises fortes sont des réflexions mercantilistes d’un autre temps.

Les experts affirment presque toujours que les devises sont trop fortes, pénalisant les exportations, ou trop faibles, alimentant l’inflation et d’autres inquiétudes. En ce moment, les observateurs américains ne se réjouissent pas de la faiblesse du dollar ; au contraire, ils la redoutent, estimant que les marchés des changes anticipent les problèmes à venir alors que les marchés actions, tirés par les États-Unis, en font fi. Ce qui est absurde.

Les craintes nourries de part et d’autre reflètent toujours l’humeur des investisseurs et non les réalités économiques ou du marché. Les investisseurs qui ont raté le rebond entamé en mars se raccrochent désespérément à toute preuve permettant d’étayer leur pessimisme, à l’instar de l’appréciation de l’euro. C’est un cas typique de biais de confirmation. Les gens sont à l’affût de toute information allant dans le sens de leurs convictions et ignorent tout ce qui les contredit.

Le scepticisme des « euro-pessimistes » face à la solidité de la monnaie unique est votre allié. Comme l’affirmait jadis le légendaire investisseur Sir John Templeton,« les marchés haussiers naissent dans le pessimisme, grandissent dans le scepticisme, mûrissent dans l’optimisme et meurent dans l’euphorie. » Les craintes actuelles entourant la monnaie unique font partie du pessimisme qui prévaut habituellement au début d’un marché haussier. Ce qui laisse supposer que ce dernier a encore de beaux jours devant lui.

Ken Fisher est président et directeur de Fisher Investments Europe, président exécutif et co-directeur des investissements de Fisher Investments.

Coronavirus et enseignement : le handicap du masque

Coronavirus et enseignement : le handicap du masque

Pour Laura Abou Haidar, maîtresse de conférences en linguistique et didactique, rattachée au laboratoire Lidilem de l’université Grenoble-Alpes, le port du masque n’est pas sans conséquence pédagogique. Les enseignants « vont devoir mettre en scène plus qu’à l’habitude le contenu de leur cours, le jouer par la voix, les gestes, le regard », observe-t-elle.(Interview dans le monde)

A quelles difficultés sont confrontés les enseignants et les élèves avec le port généralisé du masque en classe à partir du collège ?

L’environnement de la classe constitue en temps normal une espèce de cocon vis-à-vis de l’extérieur, c’est aussi ce qui favorise les apprentissages. Les enseignants et élèves qui ne le portaient pas encore vont devoir s’habituer à l’introduction de cet objet encore plus étrange en cours qu’en dehors de l’école. Il va compliquer la mémorisation des visages des uns et des autres, si importante en début d’année scolaire.

Mais surtout il efface certaines informations transmises normalement par le visage et essentielles à la relation d’apprentissage. Cela peut mettre en difficulté les uns et les autres encore plus qu’avec l’enseignement à distance expérimenté pendant le confinement. Les enseignants doivent avoir conscience de ces biais pour mieux les compenser.

Quelles sont ces informations essentielles aux apprentissages qui s’effacent derrière le masque ?

Le visage permet d’abord à l’élève ou à l’enseignant de transmettre, avant même qu’il ne s’exprime, des éléments d’ordre émotionnel et empathique, qui favorisent en temps normal l’apprentissage. Les enseignants expérimentés savent combien les signaux émis par le visage des élèves (leur regard, les va-et-vient de leurs yeux, leur moue, etc.) en disent long sur leur compréhension du cours, leurs interrogations, leurs doutes ou leur envie de prendre la parole. Ces éléments physiques leur donnent en permanence une idée de la réception de leurs cours, pour mieux l’ajuster. De l’autre côté, les élèves « lisent » et interprètent normalement en temps réel sur le visage de leur enseignant les marques d’approbation ou de désapprobation, d’encouragement, de surprise, les sourires, etc.

 

Temps de travail: un handicap économique en plus de la détérioration de la valeur travail

Temps de travail: un handicap économique  en plus de la détérioration de la valeur travail

Le temps de travail en France  en 2018, selon les chiffres de l’OCDE, en moyenne annuelle est de 1520 heures de travail contre 1734 pour l’ensemble des pays de l’Organisation. L’Hexagone apparaît comme un des pays développés où la durée de travail est la plus faible. Selon une note de la Direction générale du Trésor, publiée en juin 2019, la France se distingue par un nombre élevé de jours de congés, mais aussi par des travailleurs qui entrent plus tard et sortent plus tôt du marché de l’emploi. En France, le taux d’emploi des seniors reste faible, à 52%, alors que dans les pays de l’OCDE, 61% des personnes âgées de 55 à 64 ans sont encore en emploi. la rance ne s’est jamais relevé des 35 heure s qui non seulement ont plombé la compétitivité mais surtout ont durablement installée dans le pays la mortifère mode des RTT., c’est à dire l’avilissement de la valeur travail. Presque mécaniquement la France a perdu de l’ordre de 10% de compétitivité avec les 35 heures. On retrouve toujours ce différentiel avec l’Allemagne. Un écart qui s’ajoute notamment à la faiblesse de l’offre  industrielle de la France .

Le passage aux 35 heures a largement plombé la performance économique du pays. La réduction du temps de travail qui a permis de passer brutalement de 39 heures à 35 heures aurait officiellement créé entre 300 et 400 000 emplois. On oublie cependant d’indiquer que la perte de compétitivité elle a largement contribué à supprimer entre 1 et 1.5 million d’emplois. Parallèlement, la RTT aurait entraîné la création de 53.000 emplois entre 2002 et 2005 dans le secteur public, essentiellement à l’hôpital, pour un coût de quelque 2 milliards en 2005; Une situation qui a complètement désorganisé l’ hôpital et dont on subi encore les conséquences aujourd’hui. .

La balance commerciale de la France est déficitaire depuis près de 15 ans. En fait depuis l’application des 35 heures au début des années 2000. En moyenne le déficit commercial tourne autour de 50 à 60 milliards par an.

Evolution et situation globale de la balance commerciale française

Le creusement du déficit extérieur provient notamment de la détérioration du déficit manufacturier et de l’alourdissement de la facture énergétique. De fait, la valeur des exportations françaises augmente moins rapidement que les importations (voir graphique ci-dessus à droite). Alors que le solde commercial (exportations moins importations) de la France était globalement équilibré durant les années 1990, la situation s’est progressivement dégradée pour aboutir à un déficit commercial (importations supérieures aux exportations) supérieur à 80 milliards d’euros en 2012 ou encore d’environ 60 milliards en 2018.

 

Traditionnellement, la stratégie française était d’abandonner les productions à faible valeur ajoutée et intensifs en main d’œuvre peu qualifiée (typiquement le textile-habillement) pour se spécialiser dans les industries du savoir à forte valeur ajoutée. L’un des postulats sous-jacent à cette stratégie était que les pays émergents, auxquels étaient laissées les activités à faible valeur ajoutée, resteraient cantonnés à ce rôle dans un contexte d’entrée dans un monde post-industriel dans lequel la France pourrait faire preuve de son « génie » (au sens propre du terme) national, et ainsi créer de la valeur. Or, et à supposer que cette situation se soit réalisée, force est de constater que l’environnement administratif, légal et fiscal n’a pas réussi à rendre possible cette montée en puissance de la compétitivité française sur laquelle pèse trop de contraintes. Et ce n’est pas la mode des seules startups numériques qui peuvent suppléer à cette situation.

 

Numérique et handicap des personnes , un atout pour l’économie française ?

Numérique et  handicap des personnes , un atout  pour l’économie française ?

Par (Alain Assouline) , président du réseau des écoles WebForce3 (*), fondateur du programme Handi4Change ( point de vue dans  la Tribune)

 

« Un demi-million de personnes en situation de handicap sont sans emploi car, entre autres raisons, les dispositifs de formation ne sont pas adaptés. Pour elles, le taux de chômage est de 19%, soit deux fois plus que la moyenne nationale. Et leur période d’inactivité est plus longue : 824 jours de chômage en moyenne pour les personnes handicapées inactives, soit près de 200 jours de plus que pour l’ensemble de la population sans emploi[1]. Cette situation, chronique et aberrante, ajoute de l’exclusion économique et sociale au handicap. Peu visible, elle donne le sentiment de ne pas être une priorité politique, alors qu’elle relève d’une injustice grave entre actifs. Pourtant, plutôt que de céder au fatalisme, des opportunités existent pour enrayer ce phénomène.

La question de l’accès des personnes en situation de handicap à la formation et à l’emploi pose la question de leur pleine citoyenneté. Et plus largement du rapport au travail, rémunérateur, émancipateur et créateur de lien social. Même lorsqu’elles travaillent, elles occupent plus souvent un emploi d’ouvrier non qualifié et moins souvent de cadre, travaillent plus souvent à temps partiel et sont plus souvent en situation de sous-emploi[2]. En parallèle, le manque d’accès à la formation des personnes handicapées en France est criant dans les formations traditionnelles. Et pas toujours considéré à sa juste importance dans les formations émergentes qui vont façonner le tissu économique des années avenir.

Les personnes en situation de handicap pourraient pour beaucoup d’entre elles accompagner l’économie française dans sa transformation digitale. Car on a beau crier que le numérique détruit des emplois, la réalité est différente.

Le numérique crée des emplois, et pourrait en créer encore beaucoup plus. Loin de l’eldorado du codeur star vendant sa virtuosité au plus offrant, c’est toute l’économie, TPE, ETI, grands groupes et services publics, qui a besoin aujourd’hui de talents formés à des métiers du digital ou à des fonctions transverses dans ces métiers.

Ceux-ci sont bien plus variés et massifs qu’on veut le croire : développeurs bien sûr, mais aussi chefs de projet digital, techniciens cybersécurité, administrateurs de réseau, ou encore dans le marketing digital. Sans parler des experts analystes de données, blockchain ou intelligence artificielle… Ces fonctions seront demain dans toutes les entreprises. Certaines n’existent pas encore, d’autres existent mais ne sont pas formalisées ou n’obéissent pas à une nomenclature traditionnelle, et manquent de visibilité. Mais c’est une certitude : les entreprises du numérique de toutes tailles se plaignent de manque de main d’œuvre, de niveau Bac + 2 à Bac + 5. Sans parler de toutes les entreprises et services publics qui introduisent toujours plus de numérique dans leur fonctionnement.

Alors que Cédric O, secrétaire d’Etat chargé du Numérique, rappelait récemment que 80.000 emplois étaient à pourvoir en France dans les seuls métiers du numérique, on peut se demander comment le numérique n’a pas encore été l’objet de toutes les attentions pour résoudre le sous-emploi des personnes handicapées.

La France dispose de nombreux savoir-faire et parmi eux l’accompagnement des publics éloignés de l’emploi. Les initiatives pour les décrocheurs, chômeurs longue durée, personnes discriminées ou fragiles, se sont développées, ont été évaluées. Nombreuses sont celles qui ont prouvé leur efficacité. Avec un principe clef : l’adaptabilité.

Pour les personnes en situation de handicap, il est quelquefois difficile de se rendre sur le lieu de formation quand on est en fauteuil, difficile de suivre le rythme lorsqu’on a des troubles de l’attention, difficile de s’intégrer à un groupe quand on a des troubles du comportement.

La digitalisation des processus de formation offre de nombreuses opportunités permettant d’aménager les emplois du temps, de proposer des rediffusions, des exercices en ligne, des échanges avec des professeurs de grande qualité, de s’évaluer dans un groupe de niveau en temps réel… Autant d’outils qui peuvent être réinvestis afin de rendre possible la formation des personnes en situation de handicap ayant simplement besoin d’une gestion du temps et de modalités de formation différentes et adaptées.

Il existe enfin un saut intellectuel à franchir par des personnes en situation de handicap sur leur capacité à évoluer vers des emplois innovants, des emplois qui sont au cœur de l’évolution de l’entreprise de demain. Et en cela de lutter contre leurs croyances limitatives, quelles que soient l’origine de ces dernières. Et au reste de la société, d’y voir une opportunité rare de faire entrer dans l’entreprise toujours plus de diversité. Car embaucher ces personnes, c’est pallier le besoin de main d’œuvre, mais c’est aussi bénéficier de leurs compétences, de leur engagement souvent exceptionnel, de leur parcours et de leur regard singulier au sein du groupe. »

 

 

[1] D’après le bilan au 1er semestre 2018 du marché du travail des personnes handicapées par l’Agefiph

[2] Etude de la Dares, Ministère du Travail, 2015

Handicap : une partie du budget utilisé pour les autoroutes en IDF

Handicap : une partie du budget utilisé pour les autoroutes en IDF

C’est sans doute la logique bureaucratique de la gestion des lignes budgétaires qui a conduit l’ile de France à utiliser 730 000 euros du budget handicap pour uen étude sur les autoroutes. C’est pour le moins une maladresse quand on sait le retard pris e France concernant la mobilité des handicapés. Mounir Satouri, élu de la région Île-de-France et président du groupe Alternative écologiste et social, ainsi que plusieurs de ses homologues, dénoncent « ces scandale » : 730 000 euros du budget dédié au transport des personnes en situation de handicap vont être utilisés pour financer une consultation internationale sur le devenir des autoroutes, lancée par le Forum métropolitain du Grand Paris, rapporte France Bleu Paris dimanche 8 juillet.

Deniziot, chargé du handicap, explique avoir « budgété 14 millions d’euros alors que les dépenses prévues cette année seront [de] 12 millions d’euros. » « Il n’y a donc pas de réduction de service, c’est de l’argent qui ne va pas être utilisé », dit-il, en défendant la décision de la présidente de la région, Valérie Pécresse, et de son vice-président chargé des transports, Stéphane Baudet.

 

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