Le nouveau racisme de la gauche identitaire (Lydia Guirous)
L’essayiste Lydia Guirous critique le racialisme d’une gauche convertie à des valeurs totalement opposées aux principes universels.
La tribune de Lydia Guirous, essayiste* dans le JDD
« Il y a 60 ans, un groupe de jeunes américains, catholiques, juifs, protestants, peut être musulmans également, noirs et blancs, métisses, qu’importe finalement, avaient décidé de partir à bord du « bus de la liberté » sur les routes du sud des Etats-Unis pour dénoncer la ségrégation raciale persistante. Ils étaient jeunes, ils œuvraient pour un monde sans racisme, où l’homme était un homme avant tout… « Qu’il me soit permis de découvrir et de vouloir l’homme, où ils se trouve. Le Nègre n’est pas. Pas plus que le blanc » disait Frantz Fanon (Peau noire, masques blancs. 1952).
Aujourd’hui certains prétendent être les héritiers de ces courageux militants anti-racistes, pourtant ils en sont tellement loin… Ils sont même leur exact opposé. Ils prétendent lutter contre le racisme, mais en fait ils séparent, distinguent, trient les personnes en fonction de leur couleur de peau. Ils remettent la « race » au cœur du débat public, alors que nous la croyions reléguée dans les archives de l’histoire. Certains d’entre eux avaient pourtant milité pour la suppression de la référence à la « race » dans notre Constitution. Voilà qu’aujourd’hui, ils croient lutter contre le racisme en ayant pour obsession la race et la couleur de l’autre.
Le racialisme est un nouveau racisme venu de la « gauche identitaire », cette gauche qui rejette l’universel et vénère la race, la religion, le genre, l’origine
Ils font fausse route car on ne lutte jamais contre le racisme en se vautrant dans la vengeance raciale. Le « blanc » (Qui est blanc? A partir de quand sommes-nous blanc? Le suis-je?) est pour eux un bourreau conscient/inconscient ou un bourreau en devenir. Le blanc est le « dominant » qui jouirait d’un fameux « white privilège ». Les ouvriers « blancs » des usines aux trois-huit, ceux d’hier des mines, les paysans au RSA, apprécient chaque jour ces fameux « privilèges »… Derrière le racialisme se cache une lutte des classes qui rendrait acceptable toutes les manifestations de ségrégation pourvues qu’elles s’exercent sur un « privilégié » donc un « blanc ». En cela le racialisme est un nouveau racisme venu de la « gauche identitaire », cette gauche qui rejette l’universel et vénère la race, la religion, le genre, l’origine.
Le racialisme est une instrumentalisation des populations dites « racisées », pour mettre fin à la République une et indivisible
Le racialisme déshumanise « l’homme blanc » et ouvre aussi la porte à l’intolérable, à la violence, à l’injustice et relativise la souffrance de l’autre car il ne serait pas de la bonne couleur. Il est un racisme qui s’exerce au nom des « dominés », ainsi il serait donc juste de demander aux « blancs » de « se taire », de poser un genou à terre, de s’effacer, et bientôt d’être « cancel »? Prenons garde car le racisme des racialistes est une abomination comme tous les racismes.
Tyrannie des minorités, culpabilisation permanente, invitation à la repentance perpétuelle, menaces de déboulonnage de statues… Le racialisme est une instrumentalisation des populations dites « racisées », pour mettre fin à la République une et indivisible. La lutte contre le racisme est un combat pour la restauration de l’humanité et de la dignité de chacun. Un combat pour unir les hommes, contre l’arbitraire, l’injustice. Le racialisme lui, n’est en rien une lutte contre le racisme, il est l’instauration d’un nouveau racisme. »
* Dernier ouvrage : « Assimilation : en finir avec ce tabou français », éditions de l’Observatoire.