Archive pour le Tag 'Guadeloupe'

Violence extrême aussi en Guadeloupe avec la mort d’un patron par son fils

Violence extrême aussi en Guadeloupe avec la mort d’un patron par son fils

 

La violence n’est pas nouvelle en Guadeloupe comme ailleurs mais le fait divers de cet assassinat d’un chef d’entreprise par son fils témoigne de la sauvagerie des rapports qui s’installent comme le rappelle le Figaro.

Le fils du chef d’entreprise s’étend dénoncé comme le responsable de ce meurtre d’autres criminels impliqués ont été arrêté. De  nouvelles personnes ont été mises en examen dans l’affaire du meurtre en septembre 2023 d’un chef d’entreprise très connu en Guadeloupe, a indiqué jeudi 23 mai Caroline Calbo, procureure de la République de Pointe-à-Pitre. Mickaël Paturot, 39 ans, à la tête d’une entreprise de climatisation, avait été tué par balle à son domicile au Gosier (sud-ouest de la Grande Terre) le 23 septembre, à la suite d’un cambriolage qui aurait mal tourné, selon les enquêteurs.

Le lendemain, son fils de 16 ans s’était dénoncé à la police comme étant le commanditaire du vol, provoquant un gros émoi dans l’archipel. Ce dernier avait été immédiatement placé en détention provisoire, rejoint un mois plus tard par trois autres jeunes hommes. Au total, «quatre mineurs et quatre majeurs», âgés de 15 et 19 ans, sont mis en cause, a précisé Caroline Calbo. Sept sont en détention provisoire et mis en examen «pour des faits d’homicide concomitant avec un autre crime et vol avec arme», selon la même source. Le huitième suspect, un mineur, a été placé sous contrôle judiciaire et a intégré un centre pour mineurs.

Darmanin bousculé en Guadeloupe

Darmanin  bousculé en Guadeloupe

 

Encore un nouvel incident cette fois-ci dirigé vers le ministre de l’intérieur. Sans doute encore un  marginal mais qui témoigne d’une façon générale du climat de violence dans le pays. Gérald Darmanin a été vivement empoigné jeudi 18 avril près de Pointe-à-Pitre dans les locaux de la chaîne Guadeloupe  par un jeune homme qui a aussitôt été interpellé et placé en garde à vue.

 

Le ministre n’a pas été blessé, selon les témoins de la scène. Il a ensuite enregistré comme prévu son interview.

Les faits se sont déroulés alors que le ministre de l’Intérieur venait enregistrer une interview dans les locaux de cette télévision, à Baie-Mahault, au terme de son déplacement en Guadeloupe au cours duquel il a annoncé l’instauration d’un couvre-feu à partir de 20 heures pour les mineurs à Pointe-à-Pitre, ville qualifiée de «coupe-gorge» par son maire.

 

Covid Guadeloupe: le patron de l’hôpital agressé !

Covid Guadeloupe: le patron de l’hôpital agressé !

Pour protester contre le pass vaccinal des anti vaccins ont tenté d’agresser le directeur de l’hôpital du CHU de Guadeloupe. Ce dernier a dû être exfiltré par la police.

«J’ai été extrait avec un coup de poing dans les côtes et un énorme coup sur la tête, j’ai perdu connaissance pendant 10 secondes je pense», a précisé Gérard Cotellon. Son adjoint, Cédric Zolezzi, a également indiqué avoir été molesté. «On m’a déchiré ma chemise, j’ai reçu de l’urine sur moi pendant que je courais vers une voiture de police», a-t-il assuré, se déclarant «choqué». La direction a annoncé son intention de déposer plainte.

 

Les anti vax étaient aussi accompagné par les syndicalistes qui protestaient contre la suspension de salaire des personnels hospitaliers noms vaccinés. Une situation de plus en plus confuse en Guadeloupe où se mêlent des oppositions à la vaccination, des intentions politiques et des revendications syndicales. Bref une sorte de chaos qui ajoute à la situation sanitaire déplorable.(taux de vaccination inférieur à 50% mais plus de 95% dans le personnel hospitalier).

Politique-Guadeloupe : enfer et/ou paradis !

Guadeloupe : enfer et/ou paradis !

 

Selon le géographe Laurent CHALARD, le fort taux de chômage et les limites des services publics de l’archipel figurent parmi les causes de cette crise. La Guadeloupe représente à la fois un enfer et un paradis !

 

- Sur fond de crise sanitaire, la colère des habitants de la Guadeloupe s’exprime. Qu’est-ce qui en est à l’origine ?

Laurent CHALARD. -

 

 L’obligation vaccinale pour les soignants, énième mesure coercitive mise en place par l’État central en Guadeloupe face à la crise sanitaire du Covid-19 constitue la petite goutte qui a fait déborder le vase, à l’origine du mouvement de contestation des derniers jours dans ce territoire de la France périphérique qui connaît une situation socio-économique particulièrement dégradée sur le modèle de ce qui s’est passé en Guyane en 2017, même si les motifs de mécontentement ne sont pas totalement identiques.

En effet, après plusieurs décennies de départementalisation, le niveau de vie de la Guadeloupe demeure sensiblement inférieur à la France métropolitaine et les secteurs d’activité dominants connaissent une crise certaine. D’un côté, l’agriculture et l’agro-alimentaire (cultures de la banane, de la canne à sucre et leurs dérivés) déclinent au fur et à mesure du temps, se maintenant principalement grâce aux subventions de l’État et de l’Union européenne, la production n’étant pas concurrentielle sur le marché mondial. D’un autre côté, le tourisme (et son corollaire le BTP) qui se portait plutôt bien avant la crise sanitaire, la fréquentation étant en hausse, est touché de plein fouet par les mesures internationales de limitation des déplacements, la clientèle étrangère, en particulier nord-américaine, n’étant plus au rendez-vous.

L’emploi public est le principal employeur départemental avec le tourisme.

En conséquence, du fait de l’absence de diversification du tissu économique, l’industrie étant marginale (7 % de la population active travaille dans le secteur en 2018 selon l’Insee, mais essentiellement dans l’agro-alimentaire), l’emploi public est le principal employeur départemental avec le tourisme. Il s’est consécutivement développé un système économique pervers, les revenus issus de l’emploi public ou du tourisme alimentant une consommation de produits importés aux prix élevés, étant donné l’éloignement des grands pôles fournisseurs, sans développement d’une production endogène, l’argent n’étant pas réinvesti localement. D’une certaine manière, la Guadeloupe fait penser aux pays rentiers du Moyen-Orient, à la différence que la rente n’est pas liée aux hydrocarbures mais à l’emploi public.

Cette situation entraîne une interrogation sur la remise en cause du modèle de développement de l’Outre-Mer français, qui n’apparaît pas soutenable à long terme, ce que nos dirigeants se doivent de prendre en compte.

Comment expliquer le fort tôt de chômage sur ce territoire ? Quelles en sont les conséquences ?

Le fort taux de chômage en Guadeloupe, de 21 % au sens du BIT en 2021 mais de 28,8 % selon les chiffres du recensement de l’Insee en 2018, plus fiables car reposant sur le déclaratif, s’explique simplement par le décalage entre le nombre d’emplois et le nombre d’actifs présents sur le territoire. En effet, le département n’offre que 126 201 emplois en 2018 alors que la population active est de 171 980 personnes, d’où un nombre de chômeurs conséquent, de près de 50 000 personnes. Le taux d’actifs occupés n’est d’ailleurs que de 50 % de la population contre près de 65 % en France métropolitaine. C’est essentiellement le produit d’une situation héritée, la légère progression de l’emploi entre 2008 et 2018 ayant été très largement insuffisante pour résorber le chômage de masse, malgré la baisse de la population active.

Il s’ensuit que l’émigration des Guadeloupéens vers la France métropolitaine, qui s’était tassée dans les années 1990, est repartie fortement à la hausse dans les années 2010, avec, par exemple, un déficit migratoire estimé par l’Insee à -1,1 % par an entre 2013 et 2018, retrouvant un taux constaté dans les années 1970. C’est le témoignage de l’ampleur de la dégradation de l’économie locale, les jeunes actifs n’ayant aucune perspective d’avenir. À l’arrivée, la population de la Guadeloupe a diminué depuis 2013 de près de 15 000 habitants, soit un déclin conséquent, mettant fin à des décennies de croissance. Or, rappelons qu’à l’échelle départementale en France, une perte de population est, en règle générale, synonyme d’un déclin économique marqué.

Comment expliquer que dans un territoire français le chômage et l’illettrisme culminent à 20%, quand les hôpitaux sont submergés et que les habitants subissent des coupures d’eau ?

Le faible niveau de qualification et d’instruction d’une partie de la population guadeloupéenne s’explique par deux principales raisons.

La première tient au profil d’émigration de l’archipel. En l’absence de grandes écoles et d’universités réputées, ce sont d’abord les jeunes les plus diplômés qui quittent le territoire, étant condamnés à poursuivre leurs études en France métropolitaine pour y trouver ensuite un emploi correspondant à leur niveau de qualification, comme ce que l’on constate dans la France périphérique. Ce processus sous-entend que les personnes les moins diplômées issues des familles les plus paupérisées, qui maîtrisent le moins bien la langue française, restent plus souvent sur place que les autres catégories de la population.

Si la Guadeloupe apparaît comme pauvre vue de métropole, par contre, pour les populations issues des États les moins argentés des Caraïbes, elle est perçue comme une oasis de richesse, d’où un mouvement d’immigration.

La seconde raison relève aussi de la question migratoire, mais cette fois-ci concerne l’immigration. Si la Guadeloupe apparaît comme pauvre vue de métropole, par contre, pour les populations issues des États les moins argentés des Caraïbes, elle est perçue comme une oasis de richesse, d’où un mouvement d’immigration depuis plusieurs décennies. En conséquence, la Guadeloupe abrite une communauté immigrée haïtienne arrivée récemment, constituée de plusieurs dizaines de milliers de personnes si l’on comprend leurs descendants, qui est mal insérée dans la société guadeloupéenne et dont le niveau éducatif et de maîtrise de la langue française est très bas.

Les services publics font-ils défaut ? Est-ce comparable avec la situation dans les territoires périphériques de la métropole ?

Au niveau des services publics, aussi paradoxal que cela puisse paraître alors que les revenus de l’archipel dépendent en premier lieu de l’emploi public, ils sont loin d’être la hauteur, d’autant que l’État a eu, comme ailleurs en France, tendance à se désengager dans le domaine ces dernières années. Aujourd’hui, il existe deux principales défaillances en Guadeloupe : la santé et l’assainissement des eaux.

Concernant la santé, le département est l’un des principaux déserts médicaux français selon une étude de la Drees parue en 2020, avec la Guyane et la Martinique, ce qui est problématique dans un contexte de vieillissement de la population, qui n’a pas été anticipé par les autorités. Pendant longtemps, l’archipel s’est caractérisé par une structure par âge très jeune, donc il n’y avait pas de réels besoins de s’occuper des plus anciens. Or, aujourd’hui, dans un contexte de réduction de la fécondité, d’augmentation de l’espérance de vie et d’émigration des jeunes, le vieillissement s’accentue fortement. Les plus de 60 ans représentent 25,6 % de la population en 2018, soit une hausse de 40 % de leurs effectifs depuis 2008, alors que la population totale diminuait. Cette population âgée étant la plus susceptible d’avoir recours au système de santé, il apparaît donc logique que les hôpitaux aient du mal à s’adapter à cette nouvelle donne, la crise sanitaire mettant très facilement le système à bout.

Concernant l’assainissement et l’approvisionnement en eau potable, ce sont des services publics qui reposent sur des infrastructures lourdes (châteaux d’eau, stations d’épuration, canalisations…) qui nécessitent d’être entretenues régulièrement. Or, ces dernières n’ont pas toujours suivi la croissance démographique, qui a été intense par le passé, d’autant que certains quartiers d’habitat plus ou moins insalubre subsistent.

La situation des services publics en Guadeloupe est donc partiellement comparable à celle de la France périphérique métropolitaine. Cependant, touchant des territoires à l’histoire différente, la logique n’est pas la même. Dans la France périphérique métropolitaine, les services publics déclinent, tandis qu’en Guadeloupe ils n’ont jamais été à la hauteur des enjeux.

Guadeloupe : enfer et paradis !

Guadeloupe : enfer et paradis !

 

Selon le géographe Laurent CHALARD, le fort taux de chômage et les limites des services publics de l’archipel figurent parmi les causes de cette crise. La Guadeloupe représente à la fois un enfer et un paradis!!

 

- Sur fond de crise sanitaire, la colère des habitants de la Guadeloupe s’exprime. Qu’est-ce qui en est à l’origine ?

Laurent CHALARD. -

 

 L’obligation vaccinale pour les soignants, énième mesure coercitive mise en place par l’État central en Guadeloupe face à la crise sanitaire du Covid-19 constitue la petite goutte qui a fait déborder le vase, à l’origine du mouvement de contestation des derniers jours dans ce territoire de la France périphérique qui connaît une situation socio-économique particulièrement dégradée sur le modèle de ce qui s’est passé en Guyane en 2017, même si les motifs de mécontentement ne sont pas totalement identiques.

En effet, après plusieurs décennies de départementalisation, le niveau de vie de la Guadeloupe demeure sensiblement inférieur à la France métropolitaine et les secteurs d’activité dominants connaissent une crise certaine. D’un côté, l’agriculture et l’agro-alimentaire (cultures de la banane, de la canne à sucre et leurs dérivés) déclinent au fur et à mesure du temps, se maintenant principalement grâce aux subventions de l’État et de l’Union européenne, la production n’étant pas concurrentielle sur le marché mondial. D’un autre côté, le tourisme (et son corollaire le BTP) qui se portait plutôt bien avant la crise sanitaire, la fréquentation étant en hausse, est touché de plein fouet par les mesures internationales de limitation des déplacements, la clientèle étrangère, en particulier nord-américaine, n’étant plus au rendez-vous.

L’emploi public est le principal employeur départemental avec le tourisme.

En conséquence, du fait de l’absence de diversification du tissu économique, l’industrie étant marginale (7 % de la population active travaille dans le secteur en 2018 selon l’Insee, mais essentiellement dans l’agro-alimentaire), l’emploi public est le principal employeur départemental avec le tourisme. Il s’est consécutivement développé un système économique pervers, les revenus issus de l’emploi public ou du tourisme alimentant une consommation de produits importés aux prix élevés, étant donné l’éloignement des grands pôles fournisseurs, sans développement d’une production endogène, l’argent n’étant pas réinvesti localement. D’une certaine manière, la Guadeloupe fait penser aux pays rentiers du Moyen-Orient, à la différence que la rente n’est pas liée aux hydrocarbures mais à l’emploi public.

Cette situation entraîne une interrogation sur la remise en cause du modèle de développement de l’Outre-Mer français, qui n’apparaît pas soutenable à long terme, ce que nos dirigeants se doivent de prendre en compte.

Comment expliquer le fort tôt de chômage sur ce territoire ? Quelles en sont les conséquences ?

Le fort taux de chômage en Guadeloupe, de 21 % au sens du BIT en 2021 mais de 28,8 % selon les chiffres du recensement de l’Insee en 2018, plus fiables car reposant sur le déclaratif, s’explique simplement par le décalage entre le nombre d’emplois et le nombre d’actifs présents sur le territoire. En effet, le département n’offre que 126 201 emplois en 2018 alors que la population active est de 171 980 personnes, d’où un nombre de chômeurs conséquent, de près de 50 000 personnes. Le taux d’actifs occupés n’est d’ailleurs que de 50 % de la population contre près de 65 % en France métropolitaine. C’est essentiellement le produit d’une situation héritée, la légère progression de l’emploi entre 2008 et 2018 ayant été très largement insuffisante pour résorber le chômage de masse, malgré la baisse de la population active.

Il s’ensuit que l’émigration des Guadeloupéens vers la France métropolitaine, qui s’était tassée dans les années 1990, est repartie fortement à la hausse dans les années 2010, avec, par exemple, un déficit migratoire estimé par l’Insee à -1,1 % par an entre 2013 et 2018, retrouvant un taux constaté dans les années 1970. C’est le témoignage de l’ampleur de la dégradation de l’économie locale, les jeunes actifs n’ayant aucune perspective d’avenir. À l’arrivée, la population de la Guadeloupe a diminué depuis 2013 de près de 15 000 habitants, soit un déclin conséquent, mettant fin à des décennies de croissance. Or, rappelons qu’à l’échelle départementale en France, une perte de population est, en règle générale, synonyme d’un déclin économique marqué.

Comment expliquer que dans un territoire français le chômage et l’illettrisme culminent à 20%, quand les hôpitaux sont submergés et que les habitants subissent des coupures d’eau ?

Le faible niveau de qualification et d’instruction d’une partie de la population guadeloupéenne s’explique par deux principales raisons.

La première tient au profil d’émigration de l’archipel. En l’absence de grandes écoles et d’universités réputées, ce sont d’abord les jeunes les plus diplômés qui quittent le territoire, étant condamnés à poursuivre leurs études en France métropolitaine pour y trouver ensuite un emploi correspondant à leur niveau de qualification, comme ce que l’on constate dans la France périphérique. Ce processus sous-entend que les personnes les moins diplômées issues des familles les plus paupérisées, qui maîtrisent le moins bien la langue française, restent plus souvent sur place que les autres catégories de la population.

Si la Guadeloupe apparaît comme pauvre vue de métropole, par contre, pour les populations issues des États les moins argentés des Caraïbes, elle est perçue comme une oasis de richesse, d’où un mouvement d’immigration.

La seconde raison relève aussi de la question migratoire, mais cette fois-ci concerne l’immigration. Si la Guadeloupe apparaît comme pauvre vue de métropole, par contre, pour les populations issues des États les moins argentés des Caraïbes, elle est perçue comme une oasis de richesse, d’où un mouvement d’immigration depuis plusieurs décennies. En conséquence, la Guadeloupe abrite une communauté immigrée haïtienne arrivée récemment, constituée de plusieurs dizaines de milliers de personnes si l’on comprend leurs descendants, qui est mal insérée dans la société guadeloupéenne et dont le niveau éducatif et de maîtrise de la langue française est très bas.

Les services publics font-ils défaut ? Est-ce comparable avec la situation dans les territoires périphériques de la métropole ?

Au niveau des services publics, aussi paradoxal que cela puisse paraître alors que les revenus de l’archipel dépendent en premier lieu de l’emploi public, ils sont loin d’être la hauteur, d’autant que l’État a eu, comme ailleurs en France, tendance à se désengager dans le domaine ces dernières années. Aujourd’hui, il existe deux principales défaillances en Guadeloupe : la santé et l’assainissement des eaux.

Concernant la santé, le département est l’un des principaux déserts médicaux français selon une étude de la Drees parue en 2020, avec la Guyane et la Martinique, ce qui est problématique dans un contexte de vieillissement de la population, qui n’a pas été anticipé par les autorités. Pendant longtemps, l’archipel s’est caractérisé par une structure par âge très jeune, donc il n’y avait pas de réels besoins de s’occuper des plus anciens. Or, aujourd’hui, dans un contexte de réduction de la fécondité, d’augmentation de l’espérance de vie et d’émigration des jeunes, le vieillissement s’accentue fortement. Les plus de 60 ans représentent 25,6 % de la population en 2018, soit une hausse de 40 % de leurs effectifs depuis 2008, alors que la population totale diminuait. Cette population âgée étant la plus susceptible d’avoir recours au système de santé, il apparaît donc logique que les hôpitaux aient du mal à s’adapter à cette nouvelle donne, la crise sanitaire mettant très facilement le système à bout.

Concernant l’assainissement et l’approvisionnement en eau potable, ce sont des services publics qui reposent sur des infrastructures lourdes (châteaux d’eau, stations d’épuration, canalisations…) qui nécessitent d’être entretenues régulièrement. Or, ces dernières n’ont pas toujours suivi la croissance démographique, qui a été intense par le passé, d’autant que certains quartiers d’habitat plus ou moins insalubre subsistent.

La situation des services publics en Guadeloupe est donc partiellement comparable à celle de la France périphérique métropolitaine. Cependant, touchant des territoires à l’histoire différente, la logique n’est pas la même. Dans la France périphérique métropolitaine, les services publics déclinent, tandis qu’en Guadeloupe ils n’ont jamais été à la hauteur des enjeux.

Covid Guadeloupe : une situation socio-économique surtout dégradée

Covid  Guadeloupe : une situation socio-économique surtout dégradée

Selon le géographe Laurent CHALARD, le fort taux de chômage et les limites des services publics de l’archipel figurent parmi les causes de cette crise.

 

- Sur fond de crise sanitaire, la colère des habitants de la Guadeloupe s’exprime. Qu’est-ce qui en est à l’origine ?

Laurent CHALARD. -

 

 L’obligation vaccinale pour les soignants, énième mesure coercitive mise en place par l’État central en Guadeloupe face à la crise sanitaire du Covid-19 constitue la petite goutte qui a fait déborder le vase, à l’origine du mouvement de contestation des derniers jours dans ce territoire de la France périphérique qui connaît une situation socio-économique particulièrement dégradée sur le modèle de ce qui s’est passé en Guyane en 2017, même si les motifs de mécontentement ne sont pas totalement identiques.

En effet, après plusieurs décennies de départementalisation, le niveau de vie de la Guadeloupe demeure sensiblement inférieur à la France métropolitaine et les secteurs d’activité dominants connaissent une crise certaine. D’un côté, l’agriculture et l’agro-alimentaire (cultures de la banane, de la canne à sucre et leurs dérivés) déclinent au fur et à mesure du temps, se maintenant principalement grâce aux subventions de l’État et de l’Union européenne, la production n’étant pas concurrentielle sur le marché mondial. D’un autre côté, le tourisme (et son corollaire le BTP) qui se portait plutôt bien avant la crise sanitaire, la fréquentation étant en hausse, est touché de plein fouet par les mesures internationales de limitation des déplacements, la clientèle étrangère, en particulier nord-américaine, n’étant plus au rendez-vous.

L’emploi public est le principal employeur départemental avec le tourisme.

En conséquence, du fait de l’absence de diversification du tissu économique, l’industrie étant marginale (7 % de la population active travaille dans le secteur en 2018 selon l’Insee, mais essentiellement dans l’agro-alimentaire), l’emploi public est le principal employeur départemental avec le tourisme. Il s’est consécutivement développé un système économique pervers, les revenus issus de l’emploi public ou du tourisme alimentant une consommation de produits importés aux prix élevés, étant donné l’éloignement des grands pôles fournisseurs, sans développement d’une production endogène, l’argent n’étant pas réinvesti localement. D’une certaine manière, la Guadeloupe fait penser aux pays rentiers du Moyen-Orient, à la différence que la rente n’est pas liée aux hydrocarbures mais à l’emploi public.

Cette situation entraîne une interrogation sur la remise en cause du modèle de développement de l’Outre-Mer français, qui n’apparaît pas soutenable à long terme, ce que nos dirigeants se doivent de prendre en compte.

Comment expliquer le fort tôt de chômage sur ce territoire ? Quelles en sont les conséquences ?

Le fort taux de chômage en Guadeloupe, de 21 % au sens du BIT en 2021 mais de 28,8 % selon les chiffres du recensement de l’Insee en 2018, plus fiables car reposant sur le déclaratif, s’explique simplement par le décalage entre le nombre d’emplois et le nombre d’actifs présents sur le territoire. En effet, le département n’offre que 126 201 emplois en 2018 alors que la population active est de 171 980 personnes, d’où un nombre de chômeurs conséquent, de près de 50 000 personnes. Le taux d’actifs occupés n’est d’ailleurs que de 50 % de la population contre près de 65 % en France métropolitaine. C’est essentiellement le produit d’une situation héritée, la légère progression de l’emploi entre 2008 et 2018 ayant été très largement insuffisante pour résorber le chômage de masse, malgré la baisse de la population active.

Il s’ensuit que l’émigration des Guadeloupéens vers la France métropolitaine, qui s’était tassée dans les années 1990, est repartie fortement à la hausse dans les années 2010, avec, par exemple, un déficit migratoire estimé par l’Insee à -1,1 % par an entre 2013 et 2018, retrouvant un taux constaté dans les années 1970. C’est le témoignage de l’ampleur de la dégradation de l’économie locale, les jeunes actifs n’ayant aucune perspective d’avenir. À l’arrivée, la population de la Guadeloupe a diminué depuis 2013 de près de 15 000 habitants, soit un déclin conséquent, mettant fin à des décennies de croissance. Or, rappelons qu’à l’échelle départementale en France, une perte de population est, en règle générale, synonyme d’un déclin économique marqué.

Comment expliquer que dans un territoire français le chômage et l’illettrisme culminent à 20%, quand les hôpitaux sont submergés et que les habitants subissent des coupures d’eau ?

Le faible niveau de qualification et d’instruction d’une partie de la population guadeloupéenne s’explique par deux principales raisons.

La première tient au profil d’émigration de l’archipel. En l’absence de grandes écoles et d’universités réputées, ce sont d’abord les jeunes les plus diplômés qui quittent le territoire, étant condamnés à poursuivre leurs études en France métropolitaine pour y trouver ensuite un emploi correspondant à leur niveau de qualification, comme ce que l’on constate dans la France périphérique. Ce processus sous-entend que les personnes les moins diplômées issues des familles les plus paupérisées, qui maîtrisent le moins bien la langue française, restent plus souvent sur place que les autres catégories de la population.

Si la Guadeloupe apparaît comme pauvre vue de métropole, par contre, pour les populations issues des États les moins argentés des Caraïbes, elle est perçue comme une oasis de richesse, d’où un mouvement d’immigration.

La seconde raison relève aussi de la question migratoire, mais cette fois-ci concerne l’immigration. Si la Guadeloupe apparaît comme pauvre vue de métropole, par contre, pour les populations issues des États les moins argentés des Caraïbes, elle est perçue comme une oasis de richesse, d’où un mouvement d’immigration depuis plusieurs décennies. En conséquence, la Guadeloupe abrite une communauté immigrée haïtienne arrivée récemment, constituée de plusieurs dizaines de milliers de personnes si l’on comprend leurs descendants, qui est mal insérée dans la société guadeloupéenne et dont le niveau éducatif et de maîtrise de la langue française est très bas.

Les services publics font-ils défaut ? Est-ce comparable avec la situation dans les territoires périphériques de la métropole ?

Au niveau des services publics, aussi paradoxal que cela puisse paraître alors que les revenus de l’archipel dépendent en premier lieu de l’emploi public, ils sont loin d’être la hauteur, d’autant que l’État a eu, comme ailleurs en France, tendance à se désengager dans le domaine ces dernières années. Aujourd’hui, il existe deux principales défaillances en Guadeloupe : la santé et l’assainissement des eaux.

Concernant la santé, le département est l’un des principaux déserts médicaux français selon une étude de la Drees parue en 2020, avec la Guyane et la Martinique, ce qui est problématique dans un contexte de vieillissement de la population, qui n’a pas été anticipé par les autorités. Pendant longtemps, l’archipel s’est caractérisé par une structure par âge très jeune, donc il n’y avait pas de réels besoins de s’occuper des plus anciens. Or, aujourd’hui, dans un contexte de réduction de la fécondité, d’augmentation de l’espérance de vie et d’émigration des jeunes, le vieillissement s’accentue fortement. Les plus de 60 ans représentent 25,6 % de la population en 2018, soit une hausse de 40 % de leurs effectifs depuis 2008, alors que la population totale diminuait. Cette population âgée étant la plus susceptible d’avoir recours au système de santé, il apparaît donc logique que les hôpitaux aient du mal à s’adapter à cette nouvelle donne, la crise sanitaire mettant très facilement le système à bout.

Concernant l’assainissement et l’approvisionnement en eau potable, ce sont des services publics qui reposent sur des infrastructures lourdes (châteaux d’eau, stations d’épuration, canalisations…) qui nécessitent d’être entretenues régulièrement. Or, ces dernières n’ont pas toujours suivi la croissance démographique, qui a été intense par le passé, d’autant que certains quartiers d’habitat plus ou moins insalubre subsistent.

La situation des services publics en Guadeloupe est donc partiellement comparable à celle de la France périphérique métropolitaine. Cependant, touchant des territoires à l’histoire différente, la logique n’est pas la même. Dans la France périphérique métropolitaine, les services publics déclinent, tandis qu’en Guadeloupe ils n’ont jamais été à la hauteur des enjeux.

Covid Guadeloupe : une crise sanitaire mais surtout sociale

Covid Guadeloupe : une crise sanitaire mais surtout sociale

 

En Guadeloupe la crise sanitaire a sans doute été le révélateur qui a déclenché une crise sociale plus large estime  sur franceinfo Olivier Sudrie, spécialiste des Outre-Mer et maître de conférences à l’université Paris-Saclay.

fLes actes de délinquance en Guadeloupe sont-ils isolés ou reflètent-ils ce que ressentent tous les Guadeloupéens ?

Olivier Sudrie : Il y a des deux. Certes il y a de la délinquance, mais cette crise sporadique pourrait être le détonateur d’une crise sociale beaucoup plus profonde, et qui a, au moins, deux ferments. Le premier qui pourrait expliquer la révolte, c’est l’augmentation des inégalités liée à la crise sanitaire. En particulier en Guadeloupe et en Martinique, certains font partie d’une économie invisible, mais bien réelle. Eux n’ont pas été sous le robinet des aides sociales. Mécaniquement, les inégalités ont augmenté. Le deuxième ferment, peut-être un peu plus irrationnel, c’est que le mouvement anti-vax va rentrer en résonance avec un autre mouvement, beaucoup plus ancien, qui est le scandale du chlordécone. Pour certains, le vaccin fait peser un risque d’empoisonnement au même titre que le chlordécone, ce qui est évidemment faux. Il y a ce discours qui dit que c’est le même combat, un combat contre un extérieur qui est brutal, et représenté en partie par les grands planteurs, à l’origine du problème du chlordécone. L’autre extérieur brutal est celui qui impose le vaccin. Tout ceci renvoie à un autre imaginaire, encore ancré aux Antilles, c’est la révolte contre le maître.

Les jeunes qui pillent et incendient actuellement se sentent-ils concernés par l’histoire de l’esclavage ?

Je n’en suis pas certain, mais tout rentre en résonnance et fait tache d’huile. Comme dans toute mouvance sociale il y a des dérapages. On a connu la même chose à Saint-Martin suite au passage d’Irma, à Mayotte, ou pendant des manifestations nationales avec les black blocs.

La réponse sécuritaire du gouvernement est-elle la bonne ?

A très court terme, très certainement, mais à moyen et long terme probablement pas. Il faut être plutôt dans l’écoute et dans le dialogue. Le vrai problème, ce sont les inégalités. La campagne présidentielle est peut-être un bon moment pour ouvrir ce sujet. Les inégalités trouvent souvent leur source à l’école. Mal formés, une grande partie des jeunes n’arrivent pas à s’intégrer au marché du travail. Or cette non-intégration est la mère des inégalités.

 

Reconfinement en Guadeloupe

  • Reconfinement en  Guadeloupe

 

Aux Antilles le taux d’incidence atteint selon les cas de 1200  à 1900 alors que le taux d’alerte est à 50 et que le taux moyen France tourne autour de 200. Du coup, la Guadeloupe va se reconfiner complètement. Peut-être un avant-goût de ce qui pourrait se passer en France en septembre après le grand brassage de juillet août entre populations locales des zones touristiques et vacanciers extérieurs. À noter que le taux de vaccination n’atteint que de l’ordre de 20 % aux Antilles.

Guadeloupe : le président de la région en garde à vue pour détournement de fonds publics

Guadeloupe : le président de la région en garde à vue pour détournement de fonds publics

L’enquête porte sur des soupçons de détournement de fonds publics en lien avec l’embauche simultanée de Pascal Averne comme directeur de cabinet à la mairie de Basse-Terre et comme inspecteur général des services au Conseil régional de Guadeloupe. « Deux emplois à temps plein cumulés (…) sauf à établir que l’un des deux était fictif »écrivait Guadeloupe la 1ère en mars.

« C’est le chevauchement de ces recrutements qui interpelle », explique le procureur à l’AFP. L’enquête doit s’attacher à déterminer « les modalités de ces recrutements ». Pascal Averne avait été placé en garde à vue il y a deux semaine, et en était ressorti libre.




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